It's you, it's you, it's all for you. (Warston)

♛ It's you, it's you, it's all for you.

Les derniers jours ont été longs. Pénibles. Après l’opération qu’elle a subie, Isabella se voit contrainte de passer un petit bout de temps à l’hôpital. Ce qui est là un détail loin de l’enchanter. Rester cloîtrée au fond d’un lit toutes ses journées n’est pas facile, cela ne l’est sûrement pour personne. Mais pour une femme qui a du mal à tenir en place plus de quelques heures, c’est plus contraignant encore. Elle sait pourtant qu’elle en a besoin, Isa. L’intervention était vraiment lourde, elle est encore relativement fatiguée. Et, quelques jours plus tard, elle a encore des douleurs qui subsistent. Son médecin l’a prévenue qu’elles dureraient sûrement plusieurs semaines mais il lui a prescrit des calmants pour l’apaiser. Des calmants plus forts que ceux qu’elle prenait avant cet incident mais qui ne sont pas toujours suffisants malheureusement. Elle s’acclimate à cette douleur, elle tente de l’oublier en réfléchissant à ce qu’elle va faire de sa vie. Elle a pour ordre de se reposer, certes, mais il est temps pour elle de retrouver une existence normale. Avec Luke derrière les barreaux, elle peut enfin tourner cette page. Elle doit aussi contacter un avocat pour divorcer enfin de lui et comprendre, surtout, comment elle doit procéder avec son ex en prison. Beaucoup de choses auxquelles elle doit penser, donc, ce qui rend son repos finalement plus que fluctuant. Par chance pour elle, la jeune femme est extrêmement bien entourée. Ses amis sont d’un soutien sans faille pour elle, tout comme sa famille. Les visites de ses proches lui permettent de se changer les idées et tenir le choc. Mais celui dont la présence l’aide le plus, c’est bien Nikolaï. Il ne la quitte presque jamais, Nikolaï. Sauf quand elle parvient à le convaincre de rentrer quelques heures chez lui, pour dormir, se doucher ou même juste se nourrir, il est toujours là. Cette épreuve les a encore plus rapprochés l’un de l’autre. Elle a besoin d’être avec lui pour que son esprit s’apaise, pour que tout aille mieux. Et elle a l’impression que, lui aussi, il a besoin d’elle. Il vient constamment la retrouver, souvent avec des petites choses pour lui faire passer le temps. Il lui fait un bien fou. Aujourd’hui, justement, le jeune homme est censé venir la retrouver après le déjeuner. Si déjeuner, elle a eu. On ne peut pas dire que la nourriture de l’hôpital soit au goût de la belle brune. Rien que pour cette raison, elle rêve de quitter les lieux. En jetant un coup d’œil à l’heure qu’il est sur son téléphone, Isa hésite pendant quelques secondes à lui demander s’il peut lui apporter quelque chose de comestible à manger. Elle ne veut pas qu’il fasse de détour uniquement pour elle, elle a déjà beaucoup trop l’impression d’abuser de sa gentillesse et de son temps. Finalement, elle craque. Elle se décide à lui envoyer un message, au moins pour savoir s’il est déjà parti de chez lui et trancher si, oui ou non, elle lui fera le caprice de lui demander de lui apporter un plat. S’ensuit un échange empli de complicité qui lui fait passer le temps plus vite que tout ce qu’elle a pu faire de sa matinée. Accro, elle est accro à cet homme. Quoi qu’il en soit, la Latina est surtout extrêmement impatiente de le voir arriver. Il est son rayon de soleil dans cet hôpital beaucoup trop gris.

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C’est avec une impatience grandissante qu’elle attend l’arrivée de Nikolaï. Il faut bien admettre une chose, c’est que le temps passe infiniment plus vite dans cet hôpital lorsqu’il est à ses côtés. Alors, elle s’en veut un peu, parfois. Pour toutes les heures qu’il passe avec elle, au lieu de se reposer, ou simplement au lieu de les passer à l’extérieur de ces quatre murs déprimants. Mais il ne semble nullement s’en préoccuper. Il est d’un soutien incroyable pour elle. Il répond tous les jours présent. En vérité, ils ne se sont jamais vus autant que ces derniers jours. Et, aujourd’hui encore, le jeune homme arrive comme il l’a promis. En entendant qu’on toque à la porte, Isabella ferme tout de suite le livre qu’elle était en train de lire pour l’accueillir comme il se doit. Un beau sourire naît instantanément sur ses lèvres quand son regard croise le sien. - Tu n’imagines pas à quel point. confie-t-elle alors qu’elle attend sagement qu’il se rapproche d’elle pour lui offrir un baiser. Elle le prolonge quelques secondes avec un peu trop d’envie. Il n’imagine pas non plus à quel point il lui manque... Mais elle n’est pas sûre d’avoir la même chose à l’esprit que lui. Un petit sourire en coin aux lèvres, la Latina lui répond avec tendresse. - Toi aussi, tu sais. Elle se pousse un peu sur le lit pour qu’il puisse s’asseoir à ses côtés. Une habitude qu’ils ont pris dès le début. Puis, elle relève la tête vers lui quand elle entend sa question. Un petit soupir tout juste perceptible s’échappe de ses lèvres. - Je me demande quand est-ce que je vais enfin sortir. Elle va bien, vraiment. Elle ne pourrait peut-être pas courir un marathon mais elle ne le ferait jamais, ça, de toute façon. Elle a juste l’impression de prendre la place de quelqu’un qui en a plus besoin. Mais, saisissant la main de son petit-ami dans la sienne, elle reprend à son intention. - Et toi, comment vas-tu ? Tu as un peu moins mal aujourd’hui ? Quel couple de bras cassés ils forment tous les deux.

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C’est adorable, la façon dont il répond présent chaque jour. Peu importe si c’est le matin, l’après-midi, le soir, ou toute la journée. Elle sait qu’il va venir à un moment ou un autre chaque jour qu’elle passera dans cet hôpital. Elle le sait, et elle s’y accroche, car ils sont incontestablement les instants qu’elle préfère depuis qu’elle est au fond de ce lit. Tout sourire aux lèvres, Nikolaï vient l’embrasser d’un long baiser qu’elle prolonge autant qu’elle le peut. Elle l’a vu la veille seulement mais cela fait déjà trop longtemps. Elle devient encore plus accro à lui qu’elle ne l’était avant, Isa. Si c’est possible. A ses paroles, la jeune femme laisse échapper un sourire amusé. Pour être parfait, il l’est. Elle se demande encore comment il peut être aussi prévenant, aussi attentionné… Aussi merveilleux avec elle. – C’est certain. confirme-t-elle d’une voix douce alors qu’il retire sa veste pour venir s’installer auprès d’elle. Un tendre sourire s’affiche sur les lèvres d’Isabella quand elle sent son bras venir se passer autour de ses épaules. Mais très vite, elle se met à rire quand il lui rappelle qu’elle voulait le dispenser de sa visite. Elle secoue la tête innocemment. – C’était uniquement pour toi, ça. Car, sans aucun doute, si cela ne tenait qu’à elle, Nikolaï passerait tout son temps avec elle, dans cette chambre. Ou, dans l’idéal, ils quitteraient tous les deux cet endroit beaucoup trop déprimant pour la belle. Elle ne rêve que de s’en aller mais le jeune homme tente de la rassurer. Elle hoche négativement la tête à sa question avant de lui répondre. – Je n’en sais rien mais j’en ai assez... D’autant plus que j’ai l’impression d’occuper inutilement une place que quelqu’un d’autre pourrait prendre. Elle va parfaitement bien. Les médecins viennent la voir de temps en temps pour s’assurer que tout va bien mais elle pourrait tout à fait s’en passer et rentrer chez elle. C’est ce qu’elle voudrait en tout cas. Mais, portant plutôt son attention sur son petit-ami, Isa l’écoute pour savoir comment lui se trouve. – Je suis contente alors. Et tu sais quand est-ce que tu reprends le travail ? l’interroge-t-elle, plus qu’intéressée par la réponse. Pas trop tôt, elle l’espère. Elle veut qu’il soit totalement guéri avant de retourner… Sur le terrain. Elle lui sourit légèrement à son baiser, puis acquiesce à sa question. – Un peu, oui. Peyton surtout. Mais je n’aime pas trop qu’elle me voit comme ça. avoue-t-elle avec une petite moue sur le visage. Elle n’aime pas se montrer faible, Isa. Ce n’est pas nouveau. Mais elle aime encore moins le faire devant son petit frère ou sa petite sœur.

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Un sourire attendri naît instantanément sur les lèvres de la Latina quand elle entend les mots de Nikolaï. Ils sonnent comme une déclaration d’amour. Elle a conscience, pourtant, qu’il a autant besoin de la voir que le contraire. Seulement, elle ne sait pas, c’est sans doute difficile pour lui également. Même s’il lui assure qu’il va bien, elle devine qu’il est loin d’être totalement remis des violences qu’il a subies, lui aussi. Mais elle garde ses pensées pour elle, préférant plutôt se pencher jusqu’à lui pour lui voler un tendre baiser. – Dans ce cas, je suis ravie que l’on soit sur la même longueur d’ondes. Elle aussi, elle rêverait de passer toutes ses nuits à ses côtés. Cela lui manque d’ailleurs. Elle se rend compte que, même s’ils forment officiellement un couple depuis très peu de temps finalement, elle s’est très rapidement acclimatée à le retrouver chaque fois qu’elle en a l’envie. C’est difficile, désormais, de devoir s’adapter aux horaires de l’hôpital. Pire encore de dormir loin de lui. Cela fait partie des nombreuses raisons pour lesquelles elle voudrait quitter les lieux au plus vite. Elle est convaincue de n’avoir plus sa place dans cet endroit, bien moins que d’autres personnes en tout cas. Mais Nikolaï ne semble pas du même avis. – Mais tout va bien… C’est juste que tout irait bien mieux encore si je pouvais m’en aller. Difficile, très difficile de la maintenir en place. Elle a de plus en plus de mal, Isa. Heureusement pour elle, les visites sont fréquentes. Particulièrement celles de l’homme qu’elle aime. Et quand il lui assure qu’il continuera à venir la voir tous les jours, elle ne peut s’empêcher de sourire. – C’est bien la seule chose positive, ça. Reposant sa tête contre son oreiller, la jeune femme l’écoute avec une certaine attention alors qu’il lui explique sa dernière conversation avec son médecin… Mais également avec son employeur. – Il n’a pas tort… dit-elle doucement alors qu’elle caresse son bras du bout des doigts, naturellement, sans s’en rendre compte. Wonder Woman. Elle sait bien qu’elle ne l’est pas, pas plus qu’aucune autre héroïne. Mais elle a toujours tenté de se montrer forte face aux autres, Isa. Elle a dû l’être si souvent. C’est pire encore avec sa famille. Et si, aujourd’hui, elle sait mieux montrer ses failles à sa petite sœur, elle n’a aucune envie qu’elle imagine le pire en la voyant. Elles l’ont déjà trop vécu avec leur frère. – Je le sais… Mais c’est ma petite sœur. déclare-t-elle simplement, comme si cela expliquait tout. Puis, sans qu’elle s’y attende, il prononce le nom de Toby. Elle retient un petit sourire en l’entendant. Elle décèle sa curiosité sans même avoir à plonger son regard dans le sien. – Oui, il est venu. Elle se rend compte à cet instant seulement que Nikolaï ne sait pas qu’ils se sont revus tous les deux. Il ne sait même pas qu’ils se sont parlés. Peut-être qu’elle aurait mieux fait de le tenir au courant mais… Non, elle ne l’a pas fait. – Je l’ai prévenu pour ne pas qu’il… L’apprenne par la presse.

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Il y a beaucoup de risques après une intervention aussi importante que celle qu’elle a subie, elle le sait. C’est pour cette raison qu’elle reste sagement à sa place, docile, alors qu’elle voudrait prendre ses affaires et s’en aller. Mais elle est plus raisonnable que cela, Isa. Et puis, de toute manière, ses proches ne la laisseraient pas faire. En particulier Nikolaï qui tient à tout prix à ce qu’elle suive scrupuleusement les indications de son médecin. Et qui, visiblement, est aussi prêt à la surveiller lui-même après sa sortie de l’hôpital. Ces paroles-là, elles font sourire la jeune femme. C’est tellement peu habituel, pour elle, d’avoir quelqu’un qui veille autant à sa santé. A elle. C’est quelque chose qu’elle ne connaît pas très bien. Ce n’est pas uniquement à cause de son vécu, c’est sans doute aussi un peu sa faute. Elle a beaucoup de mal à laisser les autres s’occuper d’elle. Mais, avec lui, elle y arrive avec tellement plus de facilité. Peut-être parce que, dès le départ, il ne lui a pas laissé le choix, Nikolaï. Comme il ne lui laisse pas le choix cette fois aussi. A sa sortie, il compte bien continuer de veiller sur elle. Pourquoi n’est-elle pas surprise ? – J’espère que tu feras un peu plus que cela, une fois que je serai sortie. avoue-t-elle avec un petit sourire malicieux qui en dit long. C’est qu’il lui manque, vraiment. Leurs étreintes lui manquent, le simple fait de le toucher lui manque. Elle a l’impression que leur couple est légèrement sur pause en ce moment, un peu comme sa vie, car elle ne peut pas profiter de lui comme elle l’entend. Tout comme lui, en vérité, n’est pas davantage en état. Ce qu’il avoue lui-même en lui expliquant qu’il n’est pas prêt de retourner au travail… Une perspective qui ne l’enchante pas, mais qui rassure sa petite-amie. – Je sais parfaitement ce que c’est. rappelle-t-elle dans un souffle avant de relever les yeux vers lui. Plus tendrement, elle ajoute alors. – Ne t’en fais pas, ce n’est qu’une question de temps pour toi aussi. Mais elle sait à quel point c’est difficile de rester sans rien faire. A ce niveau, ils sont exactement pareils tous les deux. Incapables de tenir en place. Elle y arrive mieux en sa présence, et elle sait qu’il en est de même pour lui. Heureusement pour eux. Reprenant la parole, le jeune homme tente de lui rappeler qu’elle n’est pas invulnérable. Un discours qu’il ne fait pas pour la première fois. Il a semble-t-il compris à quel point elle a du mal à se laisser aller à montrer ses failles aux autres… Et pourtant, il est celui avec lequel elle y arrive le mieux, Isa. Elle garde le silence quelques secondes, comme pour s’imprégner de ses mots. Peut-être qu’il a raison, peut-être qu’elle a le droit de se reposer un peu sur les autres, elle aussi. – C’est ce qu’elle me dit aussi. Elle a grandi, Peyton. Elle est devenue une jeune femme forte, indépendante. Mais sa grande sœur la voit toujours comme son bébé. – Tu sais, je n’ai pas peur de paraître vulnérable avec toi. Enfin… Beaucoup moins qu’avec les autres. Mais il sait des choses sur elle, Nikolaï, des choses qu’elle n’a jamais dites à personne. Et, paradoxalement, elle ne lui dit pas tout non plus, apparemment. Elle se rend compte qu’elle s’est tue au sujet de sa réconciliation avec Toby. Il n’a pas l’air surpris toutefois. – Il s’est excusé il y a quelques temps… Pardonne-moi, avec tout ce qui s’est passé avec… Luke… Je n’ai pas pensé à te le dire. Il est son ami aussi, enfin, il l’était en tout cas. Elle aurait dû lui en parler. – J’ai l’impression que cela va mieux entre nous, c’est vrai. Il paraît plus apaisé, plus Toby en fait. Il a été adorable avec moi.