perdu d'avance

01/ jaz est né et a grandi en angleterre. avec sa soeur, arthur. jaz & arthur, arthur & jaz, deux noms bizarres, surtout quand on sait qui est la fille et qui est le garçon. il est né dans une famille normale, complètement banale, peut-être trop. 02/ jaz, il s'est demandé quelques fois s'il n'avait pas été adopté,
ou si ses parents l'avaient vraiment désiré. des sourires de façade, mais pas réellement d'affection. ils sont pas méchants pourtant, les vieux. ils lui ont jamais rien dit de mal, jamais de reproche, mais jamais rien de bien non plus. il avait la sensation d'être leur colocataire, de déranger même.  03/ à ses yeux, la famille c'est surtout arthur, sa soeur. alors quand elle s'est tirée, du jour au lendemain, jaz il a vrillé. il se voyait pas rester sagement à la maison familiale. il avait l'impression de faire de la figuration dans un mauvais film d'auteur. le genre de film nul et chiant, auquel personne ne comprend rien. il savait même pas vraiment où elle était, arthur, mais il voulait la rejoindre. et new-york, ça lui est venu comme une évidence. elle en rêvait, depuis toujours. jasper s'est renseigné, s'est impliqué pour la première fois de sa vie dans quelque chose, dans des démarches pour atterrir à son tour dans cette ville mythique des usa. et il y est parvenu. il s'y est pris un peu tard, mais grâce à un désistement, il a pu partir. d'abord pour un échange scolaire, d'une durée d'un an. ses vieux, ils ont pas essayé de le retenir. ils savaient que ça ne servirait à rien. et puis, est-ce qu'ils en avaient réellement quelque chose à foutre, de son départ?  04/ nouveau système scolaire, dépaysement total, plus attiré par le monde de la nuit que par ses études, jaz a redoublé sa dernière année. nouvelles démarches, et nouvelle obtention d'un visa. jaz a pu rester. 05/ maintenant trois ans qu'il s'est installé à new-york.  depuis l'obtention de son deuxième visa, qui l'autorisait à rester à new-york pour la durée de ses études, jaz vit dans l'illégalité. sans papier. il est payé en cash, par un patron pas trop à cheval sur les bonnes mœurs. il loue un appart', grâce à un proprio pas très regardant non plus, et qui se satisfait de recevoir son loyer chaque mois. 06/ tout peut s'arrêter, du jour au lendemain. chaque jour est peut-être son dernier jour sur le sol américain, jaz il est pas totalement con, il le sait. alors il profite. la majorité atteinte, il ne se gêne pas pour boire à outrance. il sort, beaucoup, et passe ses journées affalé sur son canapé devant des émissions de télé-réalité ou sa playstation. c'est ça, sa vie. 07/ mais ça lui suffit pas, de vivre. il a besoin de se sentir vivant, que ça le prenne aux tripes, de ressentir l'adrénaline. il a besoin de jouer avec le feu, de jouer au funambule. alors il a les mains un peu trop baladeuses, en ville, en soirée, quand ses yeux se posent sur des sacs bien garnis, des portefeuilles qui débordent, des portables hors de prix. il garde le liquide, et jette ou revend le reste. guichetier au cinéma, ça lui offre pas un salaire de rêve, il veut plus. alors il prend, sans scrupule, ce qu'il pense avoir le droit de détenir.