(wp #6) / deceptacon.

tw relation toxique, mentions de drogue, de pensées noires.

ça fait un bail.
l'intonation te fait sursauter, tu n'oses même plus chercher son regard, tu ne cherches qu'à le fuir, qu'à t'enfoncer dans les limbes de ton esprit, à t'en aller tant tes poumons se compressent, tant l'acide explosion s'impose dans ton crâne. le monde tourne trop vite autour de tes prunelles paniquées, t'as l'impression d'étouffer, de crever sur place, mais t'as pas le choix, tu dois taire tout ces sentiments qui se pressent contre ton abdomen. t'en aurais même la gerbe. c'est moche. y'a plus que son parfum qui s'infiltre dans la pièce, encore le même, toujours le même, one million de paco rabanne, qui t'entourait autrefois d'une aura protectrice, tu t'sentais invincible à ses côtés. intouchable. mais ce n'était qu'une déchéance bien ficelée. est-ce que c'était calculé? est-ce que t'es seulement une victime collatérale de ses accès de folie?
il n'est plus qu'une ancienne partie de toi, un fantôme d'une ancienne vie, là où les joints dominaient les crânes de nos pauvres adolescences, là où tout n'était plus qu'un chaos qui nous enterrait vers les tréfonds de notre propre perte. on le savait pourtant. on le savait qu'il nous mènerai à notre perte. à la mienne plus qu'à celle des autres. parce que la naïveté d'une gamine sans espoir le tentait plus sûrement.
tu le suivais aveuglément, sans doute parce qu'il était tout ce que tu n'étais pas, puisqu'il avait ce pouvoir de faire en sorte qu'on se livre à lui, qu'on ait besoin de lui. la stratégie était rodée, te faire sentir comme si tu étais sa personne, celle sans qui il ne survivrait pas. pour ensuite, te laisser, avec ce manque. ce manque de ses mots, de ses appels, de sa considération pour ton être.
lui: t'as ma vie entre tes mains. sinon, je me tuerais. TU ENTENDS?
moi: qu'est-ce que tu racontes?? arrête, tu me fais peur. arrête, je t'en supplie...
t'étais trop jeune.
les menaces de mort souvent, les allusions au suicide, toi qui avait déjà tant baigné dedans. les blessures se rouvraient, et il s'amusait à appuyer dessus. les appels inquiétants, les mensonges violents pour que ton cœur s’effondre. les photos dans les hangars désinfectés, les semaines sans réponses. tu croyais qu'il était mort, toi à qui il avait confié sa vie. alors qu'au fond, vous saviez que c'était foutu.
pourtant, c'est toi qui est tombée, qui a flanché en première, qui s'est enfoncée dans les délires mélancoliques au début, pour finir à ne plus pouvoir te lever de ton lit. à attendre la mort. parce qu'il t'a bousillé le cerveau, il a salit ton âme, t'as abîmé, sans aucune excuse. c'est mieux de croire qu'au final, il détruit inconsciemment les autres. ça fait moins mal. t'es juste un dommage collatéral.
alors, tu tentes de te reconstruire. tant bien que mal. t'essayes, t'es plus la même personne, du moins, tu joues un autre rôle, avec les sourires qui se forcent sur tes joues. parce que tu ne ressens plus rien. t'es vide. tu t'sens seule dans une pièce entourée de cinquante personnes. tu sais plus qui t'es. est-ce que tu l'as déjà su? non. tu erres comme un fantôme, tu ne vis plus qu'au jour le jour, tu refuses de penser au lendemain, à croire qu'il sonnera ta perte. pour de vrai cette fois.
tu l'as revu. un vendredi soir. dix-huit heures. il n'a pas changé. pour une fois, tu ne t'es pas laissée faire. il te dégoûte tant rien n'a changé. il sent encore le cannabis, et l'odeur te monte à la tête.
tu n'veux plus revivre ça. pile à l'instant où le calme s'installait.
pile au moment où tu commençais à guérir. l'écriture fait office de liberté, et tu ne peux que en profiter. puisqu'elle t'apaise.
un jour tu guériras, le jour où pour de bon, tu l'enverras valser, loin, loin.
tu oublieras les sorties de vous à paris, tu oublieras les discussions nocturnes dans le froid.
il ne fait plus partie de ta personne. cette personne que tu as reconstruite, à la force de tes larmes.