Follow your fire (Lilian)

traits de caractère / (oiseau de nuit) Lilian se montre fêtard, roi de la nuit et de toutes les folies, prêt à tester n'importe quoi, n'importe quand, pour prouver qu'il n'a peur de rien, que lui ce n'est pas un lâche, que lui c'est un Wedge. (comédien) Employant l'humour et l'autodérision comme il se parfume, Lilian il n'a pas l'habitude qu'on le snobe, qu'on l'écarte, il a toujours été observé. Il n'a jamais eu aucune intimité. Chacune de ses émotions entrainant des réactions disproportionnées il a appris à toujours faire continuer le show, peu importe qu'il se sente brisé ou complètement dépassé. Il simule à présent tout avec une manière déconcertante. Il sourit quand on l'insulte, il sourit quand on le frappe, il sourit. Il ne sait lui-même plus ce qu'il ressent. Il ne sait plus ce qu'il feint et ne feint plus et il s'en moque tant que les gens autour de lui continuent de rire et de sourire grâce à sa seule présence. (grande gueule) S'il est hypocrite, ça ne l'empêche nullement de dire tout ce qui lui passe à travers la tête. Critique, remarque, moquerie, il parle un langage cru et sans filtre. ça lui attire souvent des ennuis, pour le plus grand plaisir de lui et sa cour, qui ra-folle de ses embrouilles dignes de films dramatiques. (croqueur de vie) Lilian il veut tout et maintenant, il a la fureur de vivre. Il s'est promis de ne jamais s'ennuyer, de toujours vivre pleinement alors depuis son plus jeune âge il enchaine les activités comme un hyperactif afin de rien regretter, jamais. (bavard) Il parle tout le temps, beaucoup. Il parle de plusieurs sujets à la fois dans une même phrase, il passe du coq à l'âne, c'est parfois dur de le suivre. Lors des silences gênant il ne peut pas s'empêcher d'en placer une. Le silence l'incommode, le silence ça le ramène à ses pensées, à lui, il aime pas ça. (possessif) Jaloux, surprotecteur, il aimerait que toutes les personnes qu'il aime lui soit exclusif, car tous les autres sont des bâtards, des nuisances tandis que lui, Lilian, est loyal, franc, courageux, parfait. (égocentrique) Lilian ramène tout à lui, car tout gravite autour de lui. Il pense être la seule cause de malheur comme de bonheur de ceux qui l'entourent. Il ne s'aime pas,il s'aime à travers les regards des autres, à travers de l'image qu'il renvoie. (malicieux) Lilian s'occupe l'esprit et le coeur dans l’élaboration de plans tous plus foireux les uns que les autres. Faire des conneries, des farces, c'est sa manière de se réapproprier son corps, son prénom, car devant les flics il n'y a plus de Lili, il n'y a que Lilian Wedge. Il va donc toujours plus loin Lilian, ne connaissant aucune limite. Ainsi bourré il s'élance sur les routes remplis de voiture, pariant sur qui va se faire emporter en premier par un pare-prise. (invincible) Lilian n'a pas peur de la mort il l'a déjà prévu. Elle sera aussi accidentelle et surprenante que lui. En attendant il fume et se drogue en parlant vigoureusement de Nietzsche, le sourire incrusté sur le visage.

Dans la famille Wedge il y avait trop de garçons pour une mère. Lilian l'a tout de suite compris du haut de ses trois ans pendant que ses frères se chamaillaient pour savoir qui aurait le droit de monter sur le dos affaisser par la fatigue de la génitrice. Il n'y avait qu'une place, une place pour cinq. Vingt pourcents de chance que ça tombe sur lui, quatre-vingt sur un autre. Elle ne pouvait pas donner son amour à tout le monde, alors Lilian l'a contrainte à donner tout son amour à lui. Sa technique consistait à être celui qui avait le plus besoin de sa présence. Sans arrêt il tombait, sans arrêt, il allait à l'hôpital pour une fracture, sans arrêt, il était malade. Au bout d'un certain temps ce fut tellement habituel qu'elle ne quitta plus ses côtés. Elle ne prit même plus la peine de s'attarder sur les autres, qui firent leur vie. Lilian était tellement reconnaissant d'avoir eu toute son attention qu'il donna un peu de soi à sa mère. Il lui donna sa masculinité. Lilian jouait aux poupées. Lilian essayait du maquillage. Lilian mettait des robes. Lilian se faisait coiffer. si au départ ça le dérangeait ses regards incommodes qui se demandaient fille ou garçon ? Rapidement il y prit du plaisir, du plaisir à être unique. Naturellement le surnom "Lili" vint aux autres membres de la famille, pour se moquer mais aussi faire comprendre qu'il ne faisait pas partie des leurs. Il le comprit bien trop tard lorsqu'il entendit son père, une nuit d'été.

— Ton fils est une tapette, un pd, t'as vu comment il s'habille ? Et toi tu l'entraine dans ses délires. Il s'est transformé en petite gonzesse par ta faute !

Il aurait voulu oublier, pleurer un bon coup et passer à autre chose, mais l'idée même qu'il n'était pas aimé par les autres membres de sa fratrie lui fit si mal que qu'il se résolu à jouer deux rôles. Ainsi, Lilian pratiqua le foot, la boxe. Il vociféra des insultes, cracha, se bagarra. Ainsi, il devint aussi pourri que les autres Wedge pour quelques sourires du géniteur.



—  Tu m'aimes ?
—  Bien assez.

Je t'aime, sept lettres insurmontables. Sept lettres infranchissables. Lilian n'a jamais dit je t'aime à qui que ce soit excepté à celle qui l'a mis au monde. Peut-être car elle voyait plus de Lili, que de Lilian en lui. Peut-être car entre toutes ces années son innocence s'était brisé, son coeur avait été martelé. "On est le prédateur soit la proie", Lilian avait été la proie. Il avait été en bas de l'échelle alimentaire et s'était fait pratiquement ronger la totalité du corps par plus fort, plus grand, plus beau, plus masculin. Jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien de lui. Alors, pour renaitre il n’eut pas d'autre choix que de devenir le vautour, le rapace qui se nourrit des autres. L'ortie qui pique, le poison dans la sève. Le Mancenillier.

Il lyncha avant de se faire lyncher. Il se moqua du petit gros de la classe, du moche, du lâche. Il affubla de surnoms horribles, la fille timide, la fille qui pue, la fille qui se scarifie. Il s'amusa de tous ces adolescents en mal pour l'hilarité de son public. Plus ils avaient mal, plus il regagnait sa confiance détruite. Plus, ils l'imploraient, plus il reprenait contrôle sur sa vie. La vengeance le plaça au bout de deux années du collège, au top de la chaine alimentaire. Il devint si populaire qu'il fut intouchable. Il n'y a que de Kurtis et les gens que celui-ci aimé dont il ne se moqua jamais. Car il y a des enfants qui vous touchent plus que d'autres et lui, en faisaient partie. Sa bienveillance contrastait avec son envie de vengeance. Il le rendit meilleur. plus gentil, plus docile. Plus clown que comédien. Il lui a appris à sourire sincèrement, à pleurer plutôt que de prétendre. Le seul. L'exception. Le meilleur ami.



— Moi ce qu'j'veux c'est une nana, belle, classe, pure, innocente, pas timide mais pas extravertie. Une femme qui sait quand faut parler et quand faut la fermer. Une femme comme la princesse de clèves, qui préfère aller au couvent qu'tromper son mari.

Des filles il y en a eu. Des petites copines, des présentations chez les parents. Des jaloux, aussi. Malgré lui, Lilian a toujours intéressé les nanas. Pas parce qu'il était séducteur mais parce qu'il était marrant. Pas parce qu'il avait un charme exceptionnel, mais parce qu'il s'était rendu populaire. Elles voulaient toutes leur petite histoire avec le Wedge. L'espace d'un instant il leur faisait vivre une aventure, l'adrénaline, les conversations jusqu'à quatre heures du matin, les danses passionnés et les jeux de séduction. Il cassait toujours avant que ça devienne sérieux, alors il se disait dans les couloirs qu'aucune fille n'avait vécue une seule peine avec lui. L'homme qui n'avait jamais brisé de coeur.

Un jour il l'a vu. Il l'a vu son âme soeur. Elle s'appelait pas Lili, mais Lilas. Leurs regards se sont croisés avant qu'elle se fasse fauchée.  Il s'est mis à la rechercher comme un fou, à éplucher les journaux, les sites, les hôpitaux, puis il s'est mis à se perdre dans d'autres. Plus accessibles, plus présentes. Il s'est même mis à douter de ce qu'il a vu, de cette soirée. À cause de la drogue. À cause de ses mains et ses jambes qui tremblaient. Noa, elle a été là pour lui dans cette période un peu noire où on ne savait plus ce qu'il racontait, où on a dû le sevrer.

Noa.

Noa, sa soeur.

Qu'est-ce qu'il serait sans elle ? Il s'en souvient comme si c'était hier la première fois qu'il l'a vu. Elle l'a tout de suite intéressée. Il voulait lui accorder une aventure d'une nuit, seulement, ses manières de garçons l'ont refroidis. Après tout, elle était l'exact opposé de ce qui l'attirait. Elle était bruyante, elle avait les ongles rongés, elle ne se maquillait pas, elle jouait au basket. Il l'a vu transpirer et en avoir rien à foutre de ses regards dégoutés. Elle ressemblait à ses grands frères, elle est devenue sa soeur. La petite soeur qu'il n'a jamais eue et n'aura jamais. Celle qu'il veut protéger peu importe que ça lui en coute la vie.



On a diagnostiqué Lilian surdoué. Un QI se rapprochant de celui d'Einstein mais il en a toujours rien eu à foutre de l'école, du lycée, de l'université. Il s'est toujours ennuyé dans ces institutions. Toujours ennuyé des moutons qu'il manipulait avec aisance. Quand il s'est mis à chercher une université, elles lui tendaient toutes le bras avec ses résultats excellents. Il ne voulait pas ça, lui. Il n'avait pas envie d'avoir une petite vie rangée. Heureusement grand frère était addict aux jeux. Il s'est ruiné. Sa maison, il a dû l'hypothéquer. Lilian s'est débarrassé du fric de son université, qui lui garantissait un avenir heureux pour le lui donner. Acte d'une extrême bienveillance, d'une bonté sans pareil ? Que nenni. Opportunisme simple et pur.

Maintenant, ses parents, ses frères sont si reconnaissants qu'ils font tout ce qu'il demande. S'il veut manger à trois heures du mat' la mère se lèvera, s'il a besoin d'argent, son père lui en donnera. S'il veut ramener des filles, ses frères lui laisseront la plus grande chambre avec le lit double. On met les programmes qu'il désire à la télé, on le masse même. Lilian est devenu le roi de sa propre maison, Lilian a toujours eu ce qu'il veut.