Spéciales, c’est le mot que tu dirais pour définir tes retrouvailles avec Camilla. Tu aurais aimé la revoir autrement que bourré mais bon, c’est elle qui t’a retrouvé allongé sur le banc complètement imbibé d’alcool. D’ailleurs, tu la remercies de t’avoir embarqué avec elle. Tu aurais très bien pu te faire détrousser si tu étais resté dans ce fameux parc à comater. Tu lui lances un petit sourire alors que tu la regardes préparer le petit déjeuner. Tu la trouves belle dans cette tenue qui te rappelle tous les moments où elle s’est réveillée nue dans tes bras. Ne divagues pas Gherman, il y a d’autres choses auxquelles tu dois penser, comme par exemple lui expliquer pourquoi tu as bu autant. Tu préfères rester évasif à ce sujet. Ne souhaitant pas la gêner. C’est un peu de sa faute à elle mais surtout aux souvenirs incessants qui t’ont rendu meilleur pote avec une bouteille. "Ouais… Merci encore d’ailleurs…" Tu pourras lui offrir un verre pour ce dépannage mais surtout pour la remercier. Et peut-être repartir sur de nouvelles bases ?
Toutefois ce début de matinée est plus compliqué que tu ne le pensais. Peut-être que tu aurais du fermer ta gueule au lieu de demander ce qu’elle devenait. Tout bonnement parce que les nouvelles ne sont pas bonnes ni à entendre, ni à savoir. Tu n’étais pas prêt à connaitre les derniers mois de Camilla. Clairement pas. La jeune femme s’effondre en larmes, triste et honteuse de t’apprendre ce qu’elle fait comme taf maintenant. Ca te déplait, ça t’énerve qu’elle fasse ce taf. Impossible pour toi de l’imaginer avec des vieux qui paient ses services juste pour passer une soirée mondaine en bonne compagnie. Ca te crispe en l’entendant te raconter tout cela. Bordel, elle ne pouvait pas faire caissière au lieu de faire ça ? La seule chose qui te rassure, qui te permet de souffler un peu, c’est d’apprendre qu’aucun de ces pourris ne l’a touché. Tu ne l’aurais pas supporté sinon et tu aurais demandé leurs noms pour les retrouver. "Ok… C’est déjà ça… Mais faut que tu arrêtes ce genre de taf, parce que pour l’instant, tu as eu de la chance mais on sait jamais…" marmonnes-tu. Tu pensais que ça s’arrêterait là, qu’elle devait juste t’annoncer le taf qu’elle fait mais non. Il te faut les raisons de son départ précipité, de cette ignorance abusée. Toi qui pensais que tu avais merdé, qui avais fait quelque chose pour la faire partir. Apparemment non, c’est autre chose qui l’a fait disparaitre de la circulation. Et cette chose n’est autre qu’un bébé. Ton bébé, le sien, le votre. Sauf que tu as bien remarqué qu’il n’y avait rien dans cet appartement qui annonçait un bébé. Rien. Ce lieu ressemble plus un appart d’étudiante qu’un appart de jeune maman. Elle s’effondre davantage, elle se laisse tomber sur le canapé, le visage ruiné par les larmes. Gorge serrée, ventre qui se noue. L’impression d’avoir envie de vomir. Tu comprends tout. Elle n’a pas besoin de dire la suite. "J’ai compris… Pas besoin de me raconter la suite…" Elle a avorté. Elle est partie, enceinte de toi et elle a avorté. Tu ne sais pas si tu pourras lui pardonner. Tu la regardes, le sourire complètement disparu, le regard qui s’est assombri et tu lui lances, peut-être plus froid que tu ne l’aurais voulu. "Tu pouvais pas m’en parler ? Venir me dire Drill, j’suis enceinte ?" Le ton monte, les mots sortent et vont faire plus mal qu’elle ne le pense. "Non, t’as préféré faire ton égoïste. Parce que j’appelle ça de l’égoïsme !" Et c’est maintenant à ton tour de pleurer, incapable de te retenir. "Je pense que je suis assez intelligent pour comprendre qu’à ton âge, on a pas forcément envie d’être mère ! J’aurais accepté ta décision. Mais il a fallu que tu gardes tout pour toi ? Tu me dégoutes !" Tu passes tes mains sur ton visage pour tenter de sécher tes larmes. "T’sais quoi ? Je me casse. J’ai plus rien à faire ici." Tu ne penses plus qu’à une chose : récupérer tes fringues et déguerpir.
CODAGE PAR AMIANTE AVATAR PAR tearsflight