las vegas - crash test

Jane boucle sa ceinture. Palpitant au bord des lèvres et envie de mourir en filigrane. Pourquoi a-t-elle accepté ce voyage, cet avion, cette phobie, qui la paralyse. Par amitié ? Trop facile. Par fascination ? Trop lâche. Jane n'aurait jamais dû dire oui.
L'hôtesse de l'air est là, souriante et polie, trop polie. Avec ses mots doux et ses attentions payantes. Elle lui propose un verre que la blonde s'empresse d'accepter en sachant pertinemment qu'il ne sera pas le dernier. La crise d'angoisse n'est pas loin et les moteurs vrombissent sous les tremblements de l'appareil.
Est-ce que la destination vaux vraiment le coup ? Est-ce que je vais arriver vivante la-bas ? Ce ne sont plus des pensées mais des battements de cœur désordonnés, qui raisonnent dans le cerveau de la blonde. putain. putain. putain. putain.
Accélération. Bruit assourdissant. Secousse externe ou interne ? Jane ne sait plus se situer et à du mal à respirer. L'envol est si violent qu'elle voudrait mourir pour ne plus rien ressentir. La coupe de mauvais champagne finit dans son gosier en one-shot avant de retourner dans les mains de l'hôtesse. Une autre. Il en faut plus. Beaucoup plus. Pour calmer ses nerfs rompu par la panique.
L'hôtesse fait de son mieux, et Jane se saoule, se saoule, jusqu'à ne plus savoir où elle est, ingurgitant calmant sur alcool et alcool sur calmant. ça suffit presque. Jusqu'à l’atterrissage. Cette fois Jane n'en peut plus, et finit par perdre connaissance de peur. Ce n'est que lorsque tous les passagers sont descendus qu'on la découvre, évanouie sur son siège de première classe.
On lui parle, on la secoue sans effet, c'est dans les bras d'un steward qu'elle quitte l'avion. Et au milieu d'une équipe de secouriste qu'elle reprend ses esprits. La réaction est violente. Repoussant les hommes penchés sur elle, elle se relève Jane. Espoustant sa robe de poussières invisibles. Ne me touchez pas, je vais très bien, je vais TRÈS bien. qu'elle argue en fusillant du regard les pompiers et les passants voyeurs qui l'observent. Les hommes à bande jaune fluo tentent de la retenir, mais rien n'y fait, elle quitte la scène sans remerciement pour se précipiter vers la salle de réception des bagages. Elle a trop honte Jane, de s'être fait terrasser par sa plus vieille phobie, trop honte de tituber sur ses talons aiguilles, et pour la énième fois, elle se jure qu'elle ne mettra plus un pied dans cet engin volant de mort.
Une fois ses bagages réceptionnés elle se dirige vers la station de taxis la plus proche, donne le nom de son hôtel et envoie un sms à Ismaël pour le prévenir de son arrivée imminente. La réponse est aussi décevante que rapide « Je suis à une table de poker, au Miramar », non seulement il n'est pas venu la chercher, mais en plus il ne l'attend pas. « Merveilleux, j'espère que tu gagnes. Je te retrouve au bar de l'hôtel, j'ai besoin d'un remontant. Lève ton cul et vas me commander un mojito, tu seras un amour. » Je peux fumer dans votre voiture si je vous file cent cinquante dollars ? Sa demande est une simple formalité, et elle fait claquer son zippo argenté sans attendre d'autorisation. Jane propose de payer trois fois le prix de la course pour ce petit plaisir et le chauffeur serait fou de refuser, ils le savent tous les deux.
Enfin, le Miramar. Jane paie cash, Jane se hâte, bagage Vuitton dans son sillage. Jane n'a pas le temps, Jane se débarrasse et se dirige vers le bar de l'hôtel. Conduisez moi à la table de monsieur Sartier. qu'elle jette au serveur sans plus de préambule. Ses talons claquent sur le sol derrière l'employer. Finalement le brun est là, de dos à elle. Un sourire espiègle étire les lèvres de Jane tandis qu'elle pose brutalement les deux mains sur les épaules d'Ismaël. Bonjour, monsieur Sartier. son sursaut est un régal qui fait raisonner ses rires sous les plafonds hauts du Miramar. Alors, je t'ai manqué ?

l'gamin pourri gâté jette des bout de plastique colorés sur le tapis, sans même prendre soin de regarder son jeu. la chance est avec lui, il l'a attrapé au vol quelques heures plus tôt. les gains sont pourtant dérisoire en comparaison à tout l'argent qu'il flambe, mais la joie se dessine sur son visage à chaque maigre victoire. autant que la frustration, quand, comme maintenant, seul le croupier vole sa mise. alors il délaisse la table de black jack, se faufile entre les machines à sous, s'attarde devant la roulette, mais termine sa course sur le siège en cuir d'une table de poker. le texas hold'em aura l'fond de ses poches. il ne voit pas le temps passer entre les cocktails et l'argent qui s'échappe. il ne prend aucun plaisir, mais insiste jusqu'à se faire réveiller de son addiction par les vibrations de son téléphone. Jane. Un sourire victorieux nait aux coins de ses lèvres. Elle est à Vegas sans qu'il n'ait eu besoin d'insister outre mesure. figure toi que non, je ne gagne plus. qu'il tapote avant de faire tapis.

au bar principal de l'hôtel, il réclame une table, un whisky et un mojito. assis face à une scène où une chanteuse présente ses talents, ismaël sirote l'alcool, patient. les mois ont défilé, mettant une certaine distance entre foster et lui. leurs conversations s'étaient faites des plus banales, des invitations à des événements publics, des refus par dizaine jusqu'à ce qu'ils s'essoufflent l'un et l'autre. ce soir, ce week-end, ils chercheront leur amitié au fond d'une dizaine de bouteilles. il sursaute quand les mains manucurés s'écrasent sur ses épaules. putain. les dents grinces alors qu'il tourne légèrement la tête en sa direction, mais il ne peut réprimer un sourire en observant le siens, non. bien sûr que non, tu ne m'as pas manqué, Jane. qu'il siffle, vil menteur. d'un geste de la main il l'invite à prendre place face à lui. chose faite, il pousse d'un air écœuré le rhum rempli de glaçons jusqu'à elle. faudra que tu m'expliques comment tu fais pour encore boire ces trucs. j'vais finir par croire que t'as encore quatorze ans. le timbre moqueur, ses yeux suivent ses gestes quelques secondes, puis il dépose son menton au creux de sa paume, son coude appuyé contre la table. j'ai perdu tout mon héritage, du coup c'est toi qui invite. pour tout le séjour, évidemment. il papillonnerait presque des cils. sauf si tu veux bien devenir mon porte bonheur et que je m'essaye au craps..

Non. Bien sûr que non, tu ne m'as pas manqué, Jane. Elle lève les yeux au ciel Jane, elle n'en croit pas un mot. Pourtant elle n'est pas surprise Jane, elle sait par avance le comportement capricieux d'Ismaël, elle connait ses mensonges, ses manies, et son manque de savoir vivre. Papa l'a prévenu voilà des années, cet homme là est une sorte de bête par nature. Ses connaissances de la bienséance sont à revoir, ses intentions toujours à ré-estimer. Ses belles paroles à corriger intérieurement. Il n'est pas fiable, il faut le savoir.
Pourtant, cet être là compte pour Jane. Il est devenu son "ami". Drôle de lien, drôles d'attentes. Jane l'apprécie, c'est tout. Elle aime ses façons, et cette drôle d'impression qu'il laisse aux autres. Son acidité est devenu un baume sur sa peau. Ses mimiques son petit théâtre personnel. Ismaël est une distraction nécessaire, dont il faut se méfier. Elle aime ça Jane. Ne pas savoir par avance. Elle aime ses mauvaises surprises et ses faces cachées. Ses dossiers sont refermés, son interlocuteur efface tout, c'est comma ça. Il est devenu essentiel à un point qu'elle ne pourrait exprimer. Alors elle se tait Jane, elle prend l'appéritif avec un tigre, et elle savoure l'instant.
Elle récupère son sésame, ce verre plein de glaçon et d'extase. Le premier d'une longue série, à n'en pas douter. Jane porte le verre à ses lèvres sans trinquer et en avale une longue gorgée rassénérante. La brûlure du rhum est exquise, le cocktail de qualité, Jane revit. J'vais finir par croire que t'as encore quatorze ans. le ton moqueur fait relever un sourcil à l'avocate. J'ai perdu tout mon héritage, du coup c'est toi qui invite. Pour tout le séjour, évidemment. cette fois Jane sourit à pleine dents, un grand sourire colgate qui exprime tout l'amusement que lui inspire la situation. Je ne sais pas si je bois une cocktail d'adolescente, mais moi je suis capable de payer ma chambre d'hôtel et mes consommations au moins. susurre-t-elle en appuyant à son tours son menton sur la paume de sa main.
Papa l'avait prévenu. Cet homme là n'est pas un preux chevalier en armure, celui là est un bandit, trop riche pour son bien. Mais Jane a fait la sourde oreille. Un type trop pieux l'aurait ennuyée. Trop bon trop con, ne dit-on pas ?
Sauf si tu veux bien devenir mon porte bonheur et que je m'essaye au craps.. Je croyais que tu étais à sec pour ce soir ? sourit-elle avec un air mauvais. Et puis, je suis déjà ton porte-bonheur. Si tu n'es pas mort d'une overdose c'est en grande partie grâce à mon intervention je te rappelle. Emmènes moi dans une boite. Là on s'amusera vraiment. exige-t-elle en regardant autour d'elle, feignant l'ennui. Si je paie, je décide non ? ajoute-t-elle avant de terminer son mojito d'une longue lampée.
Son verre vide, la demoiselle se lève pour attirer plus facilement l'attention du serveur. Mettez l'addition de cette table sur la note de ma chambre, vous serez gentil. Son regard se repose sur Ismaël et son cocktail toujours pas terminé. T'en met du temps, finalement c'est toi l'adolescente prépubère. Finit ton verre, je t'attends.

après avoir prononcer ses mots, ismaël s’interroge, combien d’années lui faudrait-il pour dilapider son héritage ? serait-ce seulement possible ? il arque un sourcil à l’intervention de Jane, sourit en coin, tu n’as pas à t’en faire pour moi, tu sais que je trouve toujours une solution… qu’il avance en zieutant la salle du bar, si tel était le cas, s’il avait flambé l’intégralité de son compte en banque, il s’immiscerai dans la vie d’une jeune femme présente à Vegas, le temps d’un week-end. mais la question ne se pose pas, d’autant plus maintenant que la blonde se tient en face lui. c’est elle qui essuiera ses frasques pour les jours à venir, c’est elle qu’il poussera à bout, juste par plaisir. et il commence déjà mais elle lui rend bien la pareille. ses sourcils se froncent instantanément quand elle évoque ses mésaventures, il marmonne des mots incompréhensibles pour lui même avant de prendre la parole. c’est le moment où je dois te remercier d’être encore en vie ? qu’il grince, et où étais-tu le jour où l’on m’a abattu à même mon appartement ? la rancoeur est imperceptible, cachée entre l’amusement feint et la colère latente. la simple idée d’un boîte de nuit lui file la nausée, il soupire le gosse, ici les clubs ne sont fait que pour profiter des talents des stripteaseuses, s’enivrer jusqu’à en demander une en mariage et se réveiller le lendemain avec une citation à comparaitre pour non-paiement de pension alimentaire. j’suis pas du genre à danser, plutôt à regarder et c’est la meilleure solution pour qu’on termine au poste, toi comme moi. l’héritier se veut prévenant, connait les aléas de la ville qui ne dort jamais. le ricanement est mauvais quand elle le compare à un adolescent à peine pubère, la fierté se fait écorcher trop facilement alors il termine d’une traite son whisky. ne me cherche pas, foster. qu’il crache en posant à plat ses mains sur la table quand il se redresse. ses iris clairs confrontant les siens.

boîte de nuit si tu veux, mais d’abord, craps. qu’il ordonne, sa main saisissant le bras de jane pour la trainer à sa suite. tu comprends bien, je ne peux pas rester sur un échec. ils zigzaguent entre les corps peuplant le casino, la table de craps très vite en visuel, ismaël leur trouve une place et il sort de sa poche les derniers jetons en sa possession. la mise faite, les dès récupéré, il les tend sous le nez de jane à l’image des gros joueurs des films américains. allez, souffle, il paraît que c’est comme ça qu’on gagne, je connais pas les règles. l’regard amusé, il attend, ne se formalise pas davantage et jette les dés au même temps que tout les autres joueurs. le résultat n’est pas convaincant, l’argent de plastique se fait de nouveau rafler par le croupier et il peste ismaël. se détourne du jeu mécontent sans prendre la peine d’attendre l’avocate. le regard déjà rivé sur son téléphone, à la recherche du meilleur club de la ville.

C’est le moment où je dois te remercier d’être encore en vie ? la remercier non. Prier devant un autel érigé en son nom ? Oui. La remarque est piquante, venimeuse même, mais Jane n’en ressent pas l’acidité même si elle la perçoit. Elle se contente d’envoyer un baiser imaginaire à l’adresse d’Ismaël. Tu feras tout ce que tu voudras du moment que tu restes vivant. J’suis pas du genre à danser, plutôt à regarder et c’est la meilleure solution pour qu’on termine au poste toi et moi. elle papillonne des yeux la fausse-française, sait qu’elle n’aura pas à faire aux officiers de police ce soir. Et que même si son chemin devait croiser le-leur, rien ne lui serait reproché. Jane fait partie de la clique des éduqués, ceux qui ne commettent rien d'illégale. Alors Jane s’en moque, Jane se moque, de lui. De celui qui n’a pas de contrôle sur ses pulsions, de celui qu’elle devra défendre parce qu’il aura péché, celui qu’elle défendra quoi qu’il en soit contre vent et marées, contre lui-même s’il le faut. Jane le sait, Jane l’a déjà fait, et l’alcool qui circule à grande vitesse dans ses veines la tranquillise. Tu n’auras qu’à me regarder danser, alors. Ainsi, tu n’auras plus la tête à rien d’autre. Et si les méchants policiers viennent te chercher des noises, tu sais que je serai la pour défendre tes intérêts, non ? ricane Jane alors qu’une grande quantité d’alcool vient s’échouer dans l’estomac d’Ismaël. T'en met du temps, finalement c'est toi l'adolescente prépubère. Finit ton verre, je t'attends.

Ne me cherche pas Foster Jane croise le regard du fauve, et une fois de plus, sa bouche se tord en un rictus moqueur. Les grognements d’Isma ne savent qu’attiser ses rires. Ses palabres ne l’impressionnent pas, seule la lame d’un couteau sur sa gorge saurait la faire reculer. Jane aime le feu et se réchauffe à sa flamme sans jamais s’y brûler.

Boîte de nuit si tu veux, mais d’abord, craps. Tu comprends bien, je ne peux pas rester sur un échec. La blonde soupire avec exagération en lui emboîtant le pas, sa main vissée à la sienne. Ses doigts se cramponnant aux siens avec un naturel inquiétant. Te comprendre ne fais pas parti de mes nombreuses qualitées très cher, mais on ne va pas se formaliser pour si peu. Isma les conduit jusqu’à une table où ils prennent place. Le tours commence et le jeune homme tend son poing plein de dès en direction de Jane. Allez, souffle, il paraît que c’est comme ça qu’on gagne, je connais pas les règles. Les remarques acerbes que Jane aimerait lui asséner fusent dans son esprit. Mais sa bouche énamourée les retient, presque. Je soufflerai bien, si je croyais une seconde que ta chance pourrait tourner. Or... Jane n’a pas besoin d’ajouter quoi que ce soit, le croupier se charge de métamorphoser sa malédiction en fait, et les derniers jetons de l’héritier disparaissent de leur vue. Tu vois, il ne faut jamais tenir tête ni à la chance, ni à ton avocate, et ceci pour ton bien. ricane Jane marchant sur les traces du perdant qui se hâte de quitter la table sans ajouter un mot. Elle sourit Jane, et cette simple mimique pourrait causer sa perte. Son assurance, et ses mots en trop pourraient réveiller une colère meurtrière, mais Jane n’en a cure. Jane ne provoque pas la chance, elle la créée. Son bras passe sous le coude de l’héritier sans prêter attention à ses envies puisque seules les siennes sont reines. J’ose espérer que tu cherches où tu vas m’emmener. J’espère également que tu vas trouver, sinon ce n’est pas demain la veille que je remonterai dans un avion pour tes beaux yeux. arque-t-elle avant d’envoyer un doigt dans ses côtés pour ponctuer sa phrase. Et moi qui croyais que la ville sans lumière n’avait aucun secret pour toi... ajoute-t-elle avec suffisance avant de se défaire du brun pour avancer d’un pas conquérant vers la station de taxi qui borde leur hôtel. Bonsoir monsieur, je veux me rendre dans la meilleure boîte de nuit de la ville, des suggestions ?

tu n’auras qu’à me regarder danser, alors. et à cette suggestion, ismaël reste pensif, une sourire énigmatique au coin des lèvres, il imagine pendant dix secondes jane comme une autre. durant une dizaine de seconde, elle n’est plus l’une des proches amies de sa soeur et se transformerai presque en potentielle victime. mais c’est elle qui chasse la première ses idées, d’une pique que l’ego a du mal à surmonter. le verre est avalé d’une traite, le corps frêle de la blonde trainé derrière lui pour rejoindre une table de jeu qui le verra perdre, encore une fois. les dès en main, il réclame un peu de chance du côté de sa partenaire et bientôt il l’accusera d’être à l’origine de sa perte, qu’elle souffle ou ne le fasse pas. les probabilités ne sont pas de son côté, la perte est fracassante et l’animal blessé s’enfuit sans demander son reste. les mots de l’avocate gravitent pourtant jusqu’à ses tympans et l’héritier lève les yeux au ciel. ne pas tenir tête est chose impossible pour lui, qui a toujours tout eu. le monde devrai se plier selon son bon vouloir, rien ne devrai encombrer sa route, c’est pourtant ce qui était convenu depuis sa naissance.

jane le rattrape au vol, ses yeux sont toujours rivés sur l’écran de son téléphone, il fait défilé les adresses sous son pouce, lit vaguement les notes attribuées aux établissements. t’ai-je déjà déçu Jane ? qu’il demande par principe, bien sur qu’il trouvera, il trouve toujours les meilleurs lieux de débauche. ils ont à peine passer la porte du casino qu’elle lui échappe et il regarde d’un air hébété la demoiselle prendre son élan vers une compagnie de taxis. mais, qu’est-ce que tu fous ? j’ai un putain de chauffeur je te signale ! qu’il crade en s’approchant pour l’arracher à sa tâche, sa main accroché à son ventre il la soulève sans grand mal, et tu crois qu’il va t’amener où ce mec, si ce n’est dans un fast food miteux. qu’il marmonne dans sa barbe avant de la déposer quelques mètres plus loin. ses yeux clairs se font sérieux quand il les pose dans les siens, donc, tu payes, tu as le choix, c’est ça ? plutôt club de striptease ou rooftop rempli de connards ? avec une certitude qu’ils ne seront pas pire que lui.

il n’attend pas sa réponse et ouvre la portière de la berline venant de s’arrêter juste devant eux. s’engouffre à l’intérieur et indique déjà une destination à oscar. le mini bar de la voiture regorge de minuscule bouteille de champagne et entre eux deux il vient déposer des papiers qu’il préférerait brûler. le contrat de mariage. il semblerait que ton cher père a trouvé bon de faire quelques changements dans les lignes que tu avais déjà rédigé, ma mère me l’a fait parvenir la semaine dernière. je n’ai encore rien signé, je voulais que tu y jette un coup d’oeil avant que je ne me jette dans la gueule du loup. là sont les véritables raisons de sa présence, il désirait la voir pour quelques heures de travail puis un week-end sans la moindre bienséance. Ismaël espérait secrètement qu’elle trouve dans ces pages toutes les raisons du monde pour qu’il n’y appose pas sa signature.  

T’ai-je déjà déçu Jane ? un léger sifflement s'échappe des lèvres de la blonde. tu me déçois tous les jours, à m'en glacer le cœur. tu me déçois à chaque minutes, parce que tu restes cet étranger intouchable, myocarde en pierre. tu me déçois à chaque seconde, parce que ta main reste loin de ma peau. parce que ta peau reste loin de mes dents. j'aimerai te dévorer ou être mangée par tes sombres démons. je ne sais pas décider, alors  je ne dis rien. je siffle avec dépit et suffisance, puis je tourne les talons vers le taxi le plus proche. Mais, qu’est-ce que tu fous ? Jane n'est qu'une provocation en talons gucci, Jane feint d'ignorer le principe le plus élémentaire du fils-de le plus riche de ses contacts : le chauffeur. Biensur qu'elle sait les privilèges de son client, Jane. Mais c'est jouissif de le faire courir derrière elle, risible de l'entendre s'étrangler dans son sillage. J’ai un putain de chauffeur je te signale ! Jane esquisse un sourire carnassier à l'égard du conducteur de taxi auquel elle n'a pas le temps de répondre. étonnant que tu es encore droit à ce privilège après tous ces revers de chance. Jane se laisse emporter par Ismaël "contre son grès", ou pas. La belle sourit et ses talons qui ne touchent plus le sol sont aux anges. Un chauffeur ? J'avais complétement oublié ! Jane minaude dans ses  bras. La vipère est un poid plume qui ne se laisserait pas porter par n'importe qui. Son poison elle l'a choisit, le plus imbuvable de tous. Je sais marcher ! Repose moi par-terre ! Jane exige, Jane pousse de ses mains fragiles sur les bras qui l’enserre, Jane sort les crocs, sans y croire un instant.  Garde moi dans tes bras, si tu me reposes je meurs presque. Et tu crois qu’il va t’amener où ce mec, si ce n’est dans un fast food miteux. Le colosse exauce un peu trop vite ses faux vœux. La prise se relâche, et ses talons de Cendrillon retrouve la boue du sol cimentée de Vegas. Jane fait mine d'apprécier cette liberté de mouvement retrouvée, même si son corps se fige. Au moins m'aurait-il emmené quelque part, ce taxi. marmonne-t-elle, un presque air revêche de gamine boudeuse sur ses traits angéliques. donc, tu payes, tu as le choix, c’est ça ? plutôt club de striptease ou rooftop rempli de connards ? Jane hausse les épaules, un air presque affable sur son visage poupin. J'aime avoir les étoiles à porter de main, et les connards dans ma ligne de mire. Débrouilles toi avec ça. léger sourire sur ses lèvres rouges, Jane s'amuse bien ce soir, qui pourra, comprendra. Jane n'est pas poète, et Ismaël aussi pénétrable que la chambre forte d'un château. La portière rutilante d'une berline allemande s'ouvre devant le jeune homme, il s'y engouffre et la demoiselle ne tarde pas à l'y rejoindre, de presque bonne grâce.

Jane n'a pas le temps de s'installer qu'une liasse de papier vient heurter ses cuisses. Il semblerait que ton cher père a trouvé bon de faire quelques changements dans les lignes que tu avais déjà rédigé, ma mère me l’a fait parvenir la semaine dernière. Je n’ai encore rien signé, je voulais que tu y jette un coup d’œil avant que je ne me jette dans la gueule du loup. Jane n'est pas de celle qui s'insurge à la première provocation, Jane a le sang calme, et la sérénité des grands maitres, pourtant ce soir, le regard qu'elle lance au Sartier est sans équivoque. Je suis ravie de constater qu'après m'avoir harcelée des semaines, pour que je rédige ton contrat de mariage, tu t'es empressé d'aller le faire relire à mon père dès que j'y ai apposée ma signature. susurre-t-elle en plongeant ses prunelles acides dans l’œil du Sartier. âcre est le ton, âpre le regard, mais Jane se reprend. Si c'est en avocate incapable qu'il souhaite de la traiter, il va être servit... Jane s'empare des pages, les arrose de ses yeux incendiaires, les retournes sans le moindre respect, chiffonnant, déchirant le contrat à mesure qu'évolue sa lecture. Finalement elle trouve la différence, qui n'est pas des moindres. J'avais écris un contrat sous le régime de la séparation des biens, mais je vois que le nouveau contrat validé par mon père prévoit l'établissement d'une communauté universelle, tu es d'accord ? demande Jane en arquant un sourcil à l'adresse du brun. ça veut dire que tu vas tout partager avec ta femme. Et, si par malheur elle s'avise de t'assassiner parce que tu es insuportable; elle ne devrait pas avoir de mal à hériter de toute ta fortune. Si tu as toute confiance en l'être aimé, aucun soucis à te faire biensur... sourit-elle en tapotant l'épaule de l'hériter. Inutile de te préciser qu'à mon humble avis tu ne devrais pas signer. ajoute-elle avant de jeter le contrat par la fenêtrer. Je fais presque de l'humaniste là, mon but est simplement de t'éviter la ruine, tu comprends bien.
Nous sommes arrivés Mr Sartier. annonce le chauffeur en stationnant devant l'enseigne lumineuse d'une boîte que tu ne connais pas. Merci Bernard, de remarquer ma présence et de nous avoir amenée à bon port. crache Jane, s'extirpant du véhicule avant de claquer la portière avec plus de force que nécessaire. Ses talons claquent sur l'asphalte en se dirigeant vers le videur de la boite. Ces hommes qui se complaisent dans l'ignorance de son existence ont légèrement tendance à la porter sur les nerfs.