this story ain't for the faint of heart ((inessa))

This story ain't for the faint of heart

early winter 2011

ft. @Inessa Chernenko

Les âmes vont et viennent, se croisent sans jamais se considérer dans les halls gigantesques du JFK Airpor, toutes trop affairées à partir ou revenir, à quitter ou accueillir celles et ceux qui foulent chaque jour le sol des arrivées et des départs. Le brouhaha des voix se mêle à celui des valises que l’on tire derrière soi, et aux annonces résonnant contre les parois des terminaux, l’une d’elles annonçant l’arrivée d’un vol en provenance de Sankt-Peterbourg. Un homme se lève, rajuste sa casquette de chauffeur et prend la direction du hall indiqué, suivi de deux de ses pairs, avant de se positionner face au couloir par lequel arriveront les voyageurs. Nul besoin d’écriteau pour être reconnu, celle qu’il est venu chercher n’en est pas à son premier séjour en terre New-Yorkaise, et ce ne sera pas la première fois qu’il en subira la froideur dédaigneuse de l’héritière face à son humble statut d’homme de main.

La voilà enfin qui apparaît, reconnaissable entre tous par cette aura et ce luxe qui en émanent et qui tranchent avec la population de la classe économique. Le sbire lui fait signe, la rejoint et s’empresse de la délivrer de ses valises, aidé des deux autres hommes qui escortent la jeune femme jusqu’à une limousine stationnée à la sortie de l’aéroport.


Les vitres teintées du véhicule gardent secrète l’identité de son occupant, non pas qu’il soit une personnalité particulièrement en vogue où que ce soit, mais l’influence de son empire et la fortune qu’il a amassée rendant son visage aussi familier que celui de ses confrères hommes et femmes d’affaire à qui la presse aime prêter des aventures, fondées ou non, avec le gratin du divertissement. C’est qu’avoir été marié plusieurs années avec une actrice a valu au bulgare de se retrouver sous les mêmes projecteurs qu’elle tout autant de temps, véritable coup de com pour son entreprise dont la popularité explosa, renforcée par le fils qui naquit de cette union profitable à l’image de chacun des géniteurs.

« Tu rappelleras au Doyen qui a allongé la monnaie pour leur nouveau bâtiment des Sciences. » Une voix métallique répond par le combiné du téléphone que Zdravko tient contre son oreille. Outre-Atlantique, l’héritier Mandadzhiev hoche la tête, buvant les paroles de son paternel et bien décidé à se montrer digne de l’empire qu’il dirigera un jour. Ses notes insuffisantes ne freineront en aucun cas ses ambitions, le jeune Mandadzhiev l’a bien compris, seul le pognon lui ouvrira les plus prestigieuses des portes, à commencer par celles d’Oxford qu’il fréquente grâce à l’influence de son père.

« Ah, la voilà. » Interrompt soudain l’homme d’affaires, voyant apparaître l’élégante silhouette du trésor russe qu’il s’est vu confier par l’un de ses plus vieux amis. Inessa approche, ses jambes interminables la menant droit vers un avenir que ni elle, ni Zdravko ne soupçonnent encore, mais qui aura tôt fait d’avoir raison de leurs âmes et de ce qu’il reste de sain dans leurs esprits déjà corrompus. « Je lui transmettrai tes amitiés. » Informe-t-il son héritier avant de raccrocher à l’instant où la portière s’ouvre, permettant au bulgare de sortir accueillir comme il se doit la tsarine qu’il découvre plus femme que jamais après plusieurs années sans l’avoir accueillie. « Inessa, zolatka* ! As-tu fait bon voyage ? » Sourire chaleureux, embrassade sincère, il pose ensuite ses mains sur les épaules de celle qu’il a vue devenir femme mais qu’il n’a jamais vu comme toutes les autres. « Toujours plus belle à chaque fois que tu viens à moi. » Elle est la fille de son ami, l’amie de ses enfants, l’héritière de son meilleur partenaire d’affaires. Bien qu’il ne la considère pas pour autant comme sa fille, il a endossé plusieurs fois un rôle paternel auprès de celle qui lui a été confiée plus d’une fois, par amitié et par respect pour son géniteur. Mais, alors qu’il s’agissait davantage d’actes de protection jusqu’alors, c’est aujourd’hui dans l’optique de lui apprendre à montrer les crocs que le patriarche Chernenko la pousse de nouveau vers lui. Il n’a plus à la protéger de quiconque. Il la rendra plus dangereuse encore que ses ennemis. Zdravko lâche prise, tapote une dernière fois l’épaule de l’héritière avant de s’écarter, l’invitant silencieusement à entrer dans la limousine qui n’attend plus qu’eux pour partir. « J’espère que le décalage horaire ne t'incommodera pas outre-mesure, mais ils sont des affaires urgentes que je voudrais te voir traiter. »

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