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 a little unsteady. (ares)

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Message Sujet: a little unsteady. (ares)   a little unsteady. (ares) Empty Mar 26 Juin - 20:40


il t’a vu.
ça tourne dans ta tête, sans cesse.
t'es foutu.
quelques jours auparavant, tu as cédé. t’as laissé les lippes d’un autre accrocher les tiennes. un laissé aller, à tes envies trop souvent étouffées; et tu l’as vite regretté. parce que t’es pas ce fils idéalisé, parce que t’es pas ce qu’il faudrait, et que tu ne le seras probablement jamais, même si t’essaies de nourrir les derniers espoirs qui s’évanouissent. parce qu’à ton écart, ton erreur, il y a eu un spectateur. ares. quand tu l’as vu, ton palpitant, tu l’as senti s’décrocher, ton souffle s’bloquer au fond de ta gorge.
ares, c’est pas un ami. fils d’un rival de ton père, le genre de môme que t’es censé être : impliqué, solide, aux airs impitoyables. de ceux qui la veulent, leur place. et toi, t’es le fils wilson. rien que pour ça, vos rapports étaient déjà annoncés comme conflictuels. pourtant, jusqu’alors, tu ne t’étais jamais senti très concerné par les rivalités, les concurrents. tu te disais que new york était bien assez grand pour accueillir plusieurs hôtels, un peu naïvement. ça se saurait, si le monde était si simple, comme tu le voudrais -et tu serais l’premier au courant. alors il te l’a bien fait comprendre : si les pères étaient rivaux, il faut croire que vous deviez l’être aussi.

les paumes agrippées aux rebords du lavabo, l’eau qui perle encore sur ta peau. tu fixes ton reflet; avec une certaine difficulté. t’étais persuadé qu’il le dirait. qu’il t’achèverait, et t’enterrerait sans un regret. tu te disais que ce n’était qu’une question de temps, avant que le visage si dur de ton père ne se fissure, avant que ta mère ne te dévisage d'un autre regard. alors ça t’angoissait, chaque jour un peu plus, ça t’prenait à la gorge de te dire que tout ça, ares, il pouvait en faire ce qu’il voulait. comme si c’était rien. pour lui, sans doute que ça le serait. rien. mais toi t’en crèverais de culpabilité s’ils l’apprenaient. surtout de cette façon. surtout de la bouche d’un homme qui s’en délecterait, d'annoncer au paternel que son fils est un pédé. et pour ça, des jours entiers, tu t’en es bouffé les doigts de regrets.
seulement, il ne s’est rien passé.
à la place, t’as reçu une invitation de sa part, pour une soirée. ça t'a laissé bouche bée. c'est pas ce à quoi tu t'attendais -vraiment pas. alors t’as demandé à tes parents ce qu’ils avaient de prévu à ce moment-là, par sécurité. rien qui puisse avoir un quelconque rapport avec cette fameuse soirée. t'es resté sceptique, mais t'y as réfléchi. longuement; jusqu'au dernier moment. et t’as fini par te décider.

un souffle. l’air serein qu’tu tentes de te donner, alors que ton palpitant cogne à éclater. t’y es. juste à l’entrée d’une villa dans un quartier uppé -sans surprise. et tu sais toujours pas si t’as bien fait, t’en as aucune foutue idée. mais t’es là -et tu finis par entrer. à l’intérieur, tu retrouves une foule désarticulée, à laquelle tu viens te fondre après avoir un court instant hésité. à ta mine fermée, on se doute aisément que tu n’es pas venu t’amuser, bercé d’une insouciance insolente, comme si de rien n’était. tu ne penses qu’à trouver ares. rien d’autre. alors ta silhouette elle glisse parmi les autres, sans s’attarder. la nervosité qui crispe tes traits, ton pouce qui vient frotter instinctivement contre la bague trônant sur ton majeur. tu marches, sans t’arrêter, jusqu’à ce qu’enfin, tu finisses par le trouver. il discute avec d’autres invités, et il a plutôt l’air de bien aller. pas comme toi, qui semble en pleine apnée. pourtant, tu ne te démontes pas. tu t'avances, malgré ta raison qui te hurle de faire demi-tour et de faire le mort pour encore quelques jours. et bien plus vite que tu ne l'aurais pensé, tu t'retrouves planté face à lui. « j'peux te parler ? » t'en perds tes bonnes manières. mais sur l'instant, t'en as pas grand chose à faire. tu veux juste être fixé sur ses intentions, parce que t'es fatigué. t'es fatigué de seulement les imaginer.
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Message Sujet: Re: a little unsteady. (ares)   a little unsteady. (ares) Empty Mar 26 Juin - 22:16

Sourire. Ne rien montrer de ses faiblesses. Serrer des mains jusqu'à avoir des ampoules aux doigts. Mais ne pas grimacer de douleur. Et continuer ce rituel jusqu'à la fin. La fin de quoi ? De la vie. De cette comédie qui avait commencé à ma naissance et qui se terminerait sûrement dans les rires. Ceux de mes adversaires heureux de me voir tomber, couteau en pleine poitrine. Traîtres. Tous autant qu'ils sont. Même moi. Parce que je ne dis rien de ce que je pense vraiment. Non. Je souris de manière froide, je les jauge d'un regard glacial, hautain, comme si je les dominais. Il fallait savoir intimider dans le monde des affaires, il fallait connaître les faiblesses des autres pour frapper en plein dessus. Et surtout ne jamais se laisser intimider. Si jamais je relâchais ma vigilance, j'étais foutu. Comme un poisson qui se retrouvait devant un requin. Sauf que là ils étaient plusieurs. Mais ils n'étaient pas moi. Ils ne pouvaient pas prévoir mon prochain coup. Ils ne le pourraient jamais. Alors je continuais à les mettre sous pression sur ordre de mon père. Ce génie. Le mec qui m'avait élevé et que j'admirais comme un gosse qui rencontrait le Père Noël. Ce dernier offrait des cadeaux, mon père m'offrait le confort. Mais ça avait un prix : ma liberté. Fallait que je sois vu avec les bonnes personnes, que j'ai une bonne image dans la presse. Excepté que je respectais pas les clauses. Alors, souvent, je le retrouvais à soupirer au dessus de son bureau, les doigts massant ses tempes, l'air fatigué. Qu'est-ce que t'as encore foutu? qu'il me demandait encore et toujours, ne se lassant jamais de cette question. Et, comme un enfant pris sur le fait je m'excusais en le regardant dans les yeux. Ne jamais baisser la tête. Voilà un autre truc que le paternel m'avait appris. Un jour c'est toi qui dirigera l'entreprise, tâche de contrôler ta réputation. Il finissait toujours par me dire ça. Gosse incontrôlable. Gosse immature. Gosse aux mains meurtrières et aux joues trempées de larmes. Je pouvais pas ramener ma mère parmi nous alors parfois je me calmais et je donnais une fête où j'invitais les plus grands. Même ceux à qui je faisais habituellement la guerre. Je les recevais avec un sourire amical, un verre de champagne et un vous allez bien? qui paraissait presque sincère. Tout le monde connaissait ces festivités. Enfin, quasiment. Parce qu'apparemment Tadeo n'avait pas l'air de comprendre. Ce gamin de la haute un peu perdu dans son rôle d'héritier. Celui que je m'amusais à martyriser, à descendre plus bas que terre. Juste pour lui faire comprendre que dans la vie il y avait les gagnants et ceux qui les servaient. Et qu'il faisait partie de la deuxième catégorie. « Excusez moi deux secondes ». Puis je faisais signe à Tadeo de me suivre sur le balcon, histoire que personne ne nous écoute. Parce qu'il avait l'air nerveux le petit à tripoter sa bague sans s'arrêter. « Il y a un problème ? Si c'est pour me dire que j'ai oublié les strip teaseurs t'en fais pas c'est normal, c'est supposé être une soirée classe » que je lâchais sans aucun tact en m'appuyant contre la baie vitrée. Une légère référence à son homosexualité, à ce soir où je l'avais vu embrasser un autre. Et à cette tête qu'il avait fait, comme si son monde s'était arrêté.
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Message Sujet: Re: a little unsteady. (ares)   a little unsteady. (ares) Empty Mer 4 Juil - 1:12


tu vas le regretter.
une part de toi s’époumone à s’en damner, alors que c’est trop tard. t’es devant lui. les lippes parfaitement closes, mais les prunelles accrochées aux siennes pour le sonder. le bordel en toi que tu fais au mieux pour taire, de ta mine qui paraîtrait presque décontractée -quoiqu’un peu durcie par la nervosité que tu laisses inconsciemment transparaître dans ton pouce un peu trop agité. un détail qui doit très probablement échapper aux invités. à lui, non; certainement que non. parce qu’ares, il ne fait pas ce genre de bêtises, quand toi, ta vie prend des airs d’erreurs entassées. aussi minimes soient elles : c’est déjà trop. et ton attente, t’as l’impression qu’elle se mesure en éternité, quand seulement une petite paire de secondes n’ont dues s’écouler. « excusez moi deux secondes. » tu sens tes épaules doucement s’affaisser -imperceptibles. une poignée de mots qui te donnent l’infime espoir que ça puisse bien se passer. après tout, t’en sais rien; peut-être que ce matin, il s’est levé avec une nouvelle façon de penser, une qui ferait pas de lui l’enfoiré qu’il se targue d’incarner comme s’il s’agissait de sa plus belle qualité. t’y crois peu, très peu. mais t’essaies, en le suivant dehors. le regard qui s’perd furtivement sur la foule délaissée à l’intérieur, sur le balcon jusqu’alors inoccupé sur lequel il a décidé de vous isoler. t’as pas réfléchi à ce moment où tu devrais probablement lancer le sujet; et c’est bien plus difficile que tu le pensais. « il y a un problème ? » t’as à peine le temps de reporter tes prunelles sur lui. juste ça, avant qu’ça tombe. « si c'est pour me dire que j'ai oublié les strip teaseurs t'en fais pas c'est normal, c'est supposé être une soirée classe. » tu te figes. le myocarde qui fait un loupé, et l’pouce qui glisse de ta bague sur ta peau pour laisser ton ongle s’y planter. et tu l’regardes. la mine bien trop expressive, t’es pris d’court, les sourcils froncés, la mâchoire serrée. et surtout, t’es touché -bien plus que tu ne le voudrais. pourtant tu peux en supporter, des remarques. mais pas de ce genre là; pas celles qui concernent cette partie de toi que t’assumes clairement pas. et de l’entendre en parler avec autant de facilité, alors que t’as jamais choisi qu’il le sache, que tu ne l’aurais jamais fait, ça suffit à te bousiller. « parce que tu t'trouves classe, là ? » les mots qui filent de tes lippes, instinctivement, à presque te le faire regretter instantanément. tu devrais la fermer, tadeo. il a le dessus, et tu l’sais très bien. tu sais très bien qu’à la moindre envie, il pourrait faire éclater ta vie. qu’il pourrait la regarder s’effondrer sans même sourciller; pire, qu’il en sourirait. t’aurais juste pas dû venir. t’aurais dû t’écouter et partir. t’es con. vraiment trop con. « pourquoi tu m'as invité ? » tu souffles à peine. c’est pas comme si vous faisiez semblant de vous apprécier. puis au fond, s'il voulait tenter de t'amener pour définitivement t'achever, y a rien de logique à ce qu'il ait attendu que vous soyez juste deux pour lancer les hostilités.
t'es juste largué.
paumé par sa façon de s'comporter que t'as jamais su saisir, parce que vous ne réfléchissez pas de la même manière. et que toi, peut-être que tu réfléchis juste trop.
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Message Sujet: Re: a little unsteady. (ares)   a little unsteady. (ares) Empty Ven 6 Juil - 14:28

Il répliquait, m'arrachant un sourire. Il avait du caractère finalement le petit. Tout ce temps je n'avais vu en lui qu'un gamin paumé qui savait pas ce qu'il voulait. Mais, peut être qu'au final je m'étais trompé. Peut être qu'il savait ce dont il avait besoin mais qu'on lui avait imposé autre chose. Peu importait. Il avait pas à se plaindre de sa situation. Il avait tout ce dont un gamin de son âge pouvait rêver : de l'argent, les gens à ses pieds, le monde à sa merci. Et il n'en profitait pas. C'était ça ce qui m'énervait. Tadeo donnait toujours l'impression de subir la vie au lieu de la vivre. Mais, putain, fallait assumer à un moment ou un autre. « Déjà plus classe qu'un mec qui ne s'aime pas » que je rétorquais avant de boire une gorgée de vin. Puis il me demandait pourquoi je l'avais invité. Ah. C'était déjà plus compliqué. Parce que moi même je n'en connaissais pas la raison. Son nom était juste apparu dans mon esprit au moment où je faisais la liste des invités. Comme si j'avais eu besoin qu'il vienne. Mine de rien, il était celui que je connaissais le mieux, même si je passais mon temps à le provoquer, à tenter de le mettre plus bas que terre. « C'est un gala, tous les gens importants sont invités » que je finissais par répondre avec un fin sourire. « Regarde il y a quasiment tous les fils et filles de riche tu vois ? » Ecartant les bras, je me décalais pour qu'il puisse observer par la baie vitrée toutes les personnes qui étaient dans mon salon. Je tentais d'être honnête avec lui mais, même moi j'étais pas convaincu par ce que je disais. Alors je scrutais son regard mais j'arrivais pas à voir s'il me croyait ou pas. Soupirant, je me rapprochais de lui, l'air fatigué, laissant tomber pour la première fois ce masque d'arrogance. « Ecoute, je suis pas là pour te faire la guerre, je sais que tu te méfies à cause de ce que j'ai vu mais, tant que tu me fais pas de crasses, je le dirais à personne ok ? J'ai pas que ça à foutre d'aller voir tes parents pour leur dire que leur fils est gay et pas heureux. C'est ta vie tu en fais ce que tu veux. On se fait la guerre que lorsqu'il s'agit d'affaires. » Je tentais de lui expliquer qu'au fond j'avais rien contre lui. Mais, en tant que businessman, je me devais de faire des trucs sales. Tant qu'il se mettrait pas en travers de mon chemin, tout irait bien pour lui.
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Message Sujet: Re: a little unsteady. (ares)   a little unsteady. (ares) Empty Sam 14 Juil - 20:54


il sourit -tend chacun de tes muscles, par un simple rictus. tu n’vois en lui qu’un mauvais présage, qu’une tache noire dans le paysage, parce que c’est d’ces sourires satisfaits. satisfait de ce qu’il provoque, de ce qu’il fait. « déjà plus classe qu'un mec qui ne s'aime pas. » touché. môme un peu plus fissuré à chaque seconde d’écoulée, taillé dans une pierre de bien piètre qualité -et lui, il boit. tranquillement, sereinement. te décroche un peu plus le palpitant. « qu’est-ce que t’en sais, que je m’aime ou pas ? » tu siffles ces mots, doucement. tremblement léger d’la voix que tu peines à contrôler, parce que c’est vrai. tu ne t’aimes pas. et ça te tue, qu’il le voit, alors que putain il te connaît pas -il peut pas te connaître. ou alors, il devrait pas. parce que c’est pas ce genre de personne qui devrait pouvoir te cerner, quand c’est aussi ce genre de personne qui te rappelle à quel point t’es pas assez bien. « c’est un gala, tous les gens importants sont invités. » les gens importants. ça résonne à t’faire arquer un sourcil. aux yeux d’autres, peut-être que tu l’es. comme le fils wilson, comme l’héritier. t’en étais déjà pas convaincu, quand ton père te le disait, quand il te demandait de te comporter comme tel. comme quelqu’un d’important. alors ces mots dans la bouche du fils blackwood s’étant jusque là toujours appliqué à t’faire penser le contraire, ça te semble dénué de sens. « regarde il y a quasiment tous les fils et filles de riche tu vois ? » tu te pinces les lèvres, d’une mine hésitante. comme si le quitter du regard était synonyme de baisser la garde; et que baisser la garde, c’était lui offrir une occasion supplémentaire de t’planter une balle en plein myocarde. pourtant, sans trop savoir pourquoi, tu finis par regarder. tu finis par constater le défilé des personnalités aux poches remplies de blé. parmi elles, certaines que tu reconnais. et finalement, t’es pas bien surpris. l’argent des parents comme un ticket d’entrée, comme une belle fierté à rassembler pour redorer l’égo jamais suffisamment lustré. puis tout-à-coup, tu l’entends soupirer. comme un brusque rappel à la réalité, tu reportes tes opales sur lui, qui se décolle de la baie-vitrée. quand il se rapproche, tu n’peux empêcher tes muscles de se crisper. instinctivement. parce qu’il ne t’inspire aucune confiance, ares. pourtant, il y a quelque chose de différent. quelque chose de moins hautain, de moins arrogant -à t’faire froncer les sourcils, d’une mine intriguée. « écoute, je suis pas là pour te faire la guerre, je sais que tu te méfies à cause de ce que j'ai vu mais, tant que tu me fais pas de crasses, je le dirais à personne ok ? » le palpitant que tu sentirais presque pulser contre tes tempes, les sourcils qui s’froncent un peu plus, et tu ne sais plus. « tant que j’te fais pas de crasses. » tu répètes, tu soulignes -et sans doute qu’il ne l’entend même pas. que tu t’méfies, c’est peu de le dire. très peu. à percevoir ses mots comme une douce menace déguisée, qu’on aurait innocemment glissé. « j’ai pas que ça à foutre d'aller voir tes parents pour leur dire que leur fils est gay et pas heureux. c’est ta vie tu en fais ce que tu veux. on se fait la guerre que lorsqu'il s'agit d'affaires. » heurté par une réalité inavouée qu’il te balance à la gueule comme une piètre banalité, à t’mordre l’intérieur de la joue pour t’empêcher de lâcher des propos qu’tu pourrais regretter. tu voudrais nier. nier en bloc, t'voiler la face comme tu sais si bien le faire. mais tu t'retiens -au fond, tu sais très bien qu'lui affirmer que t'es pas gay, ça servirait à rien. y a qu'toi que tu peux encore bercer d'illusions, après ça. douces illusions auxquelles tu n'crois qu'à moitié -et chaque jour un peu moins. « j'suis étonné que t'aies pas ajouté suicidaire. » tu ris un peu, faiblement -si peu joyeusement. comme un pauvre éclat qui se noie aussitôt dans la gorge repliée, la tête légèrement baissée pour contempler tes pieds. la vie qu'il te peint, elle est affreusement triste, et t'as bien du mal à t'dire que c'est celle que tu as. que t'es réduit à ça -un type qui ne s'aime pas, qui n'est pas heureux, et qui est gay. pourtant tu t'efforces d'pas trop y penser, redresses la tête non sans difficulté. tu sais pas si tu peux lui laisser l'bénéfice du doute. t'en sais rien. ares que t'as toujours vu prêt à tout, même au pire, pour servir ses intérêts; la limite que tu n'voyais plus entre les affaires et le privé, et qu'il retrace à la craie. pas d'la plus belle des façons, c'est vrai, mais il le fait -et quelques secondes seulement auparavant, c'est à peine si tu osais l'espérer. « j'ai pas d'autre choix que de t'croire sur parole de toute façon. pas vrai ? » comment il pourrait te le prouver, qu'un jour, il ne changera pas d'idée ? surtout, pourquoi il le ferait ? tu peux rien faire, tad. juste espérer qu'il s'en tienne à ça. sans doute que ce sera toujours plus facile que lorsque tu n'savais pas. « j'ferais rien, de mon côté. mais je suis pas sûr que t'aies besoin d'être rassuré. » t'aurais bien plus à perdre que lui, si tu t'y risquais. et au-delà de ça, t'es pas l'genre à faire des crasses. t'en as jamais fait jusque là, et ce n'est certainement pas maintenant que ça changera. et au fond, tu t'demandes s'il le sait, pour avoir ressenti le besoin de le préciser. peut-être qu'il ne t'a pas si bien cerné que ça.
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Message Sujet: Re: a little unsteady. (ares)   a little unsteady. (ares) Empty Mar 17 Juil - 17:14

Suicidaire. C'était le mot de trop. Celui qui m'ôta mon sourire et qui me fit le voir sous un nouveau jour. Le Tad que je considérais comme faible semblait s'effacer quelques secondes pour me montrer un gosse perdu. Un gosse qui essayait de ne pas décevoir ses parents en reniant sa véritable nature, qui n'était pas heureux et qui ne le serait pas tant qu'il ne s'émanciperait pas. Qu'il ne réaliserait pas que c'était pas de sa faute, qu'il n'y avait rien de honteux. Pendant un instant, rien qu'une seconde, j'avais l'impression de me revoir. Puis la magie s'en allait et je revoyais le gosse malheureux. Mais ça m'avait suffit à le comprendre et, quelque part, à le haïr un peu moins. Doucement, je me rapprochais de lui pour me poster à ses côtés, buvant une gorgée de champagne. « Tes parents ont tort tu sais » que je commençais à dire, la gorge nouée. Parler des parents des autres me faisait toujours mal. Parce que j'imaginais leur mère, cette mère que je n'avais pas eu, par ma propre faute. Et mon père qui m'avait accepté quand même. « S'ils sont pas capable de voir les efforts que tu fais pour eux alors envoie les chier. C'est aussi simple que ça. » que je rajoutais avant de reprendre une gorgée et de l'entendre me dire qu'il avait pas le choix que de me croire sur parole. Je soupirais à nouveau. Ce mec ne retiendra donc jamais rien de mes leçons ? « Au contraire. Ne me crois pas sur parole. S'il y a un truc que tu dois savoir sur ce monde, une règle d'or à encadrer au dessus de ton bureau, c'est que tu ne peux croire personne. Même pas ta famille ». Dans le cas de mon père c'était différent, il m'avait élevé, j'étais son seul héritier. En gros, il avait pas le choix. Mais, s'il avait des frères et sœurs, il avait intérêt à se méfier. Ils ne seraient pas aussi cléments que moi peut être. « J'me fiche de ce que tu fais de ton côté. Que tu pécho des mecs, que tu prévois un plan machiavélique pour faire chuter ma société, peu importe et tu sais pourquoi ? Parce que j'ai confiance. Je sais que j'arriverais toujours à rebondir. Tu devrais apprendre à penser comme ça au lieu de te blâmer pour tout et n'importe quoi ». Lui donnant une tape sur l'épaule, je repartais vers la baie vitrée. « Je vais me resservir un verre, libre à toi de me suivre si t'as peur de te faire bouffer par ces requins ».
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Message Sujet: Re: a little unsteady. (ares)   a little unsteady. (ares) Empty Ven 3 Aoû - 17:38


le sourire fané sur les lippes du carnassier. et tu l’regardes, d’une mine que t’empêches d’paraître trop intriguée. l’intérêt porté sur chacun d’ses traits, tu déglutis. lentement, laisses glisser la pomme d’adam.
tu t’étonnes qu’il ne fasse aucune remarque, tout d’abord. qu’il n’accueille cette réflexion qu’avec un silence des plus religieux. de sa part, tu n’sais pas ce que ça signifie. en vérité, tu ne sais pas grand chose de lui. sans doute une des raisons qui fait qu’tu te méfies; une parmi tant d’autres. mais ares, plutôt qu’un mot, il préfère le geste. il s’approche. encore. et toujours ce même réflexe dans les muscles qui se tendent, plus fort. tu l’veux pas proche. tu veux l’éloigner, l’pousser loin de toi pour retrouver le souffle qu’il t’a arraché. mais tu fais rien. figé, quand sa silhouette se glisse finalement à tes côtés, sans que tes prunelles ne le suivent. tu les laisses suspendues dans le vide, perdues sur la masse des invités bourdonnant à l’intérieur -le minois défait et la poitrine qui peine à s’relever. « tes parents ont tort tu sais. » ta gorge se noue, aussitôt. violemment. la chaîne des tabous entre ses doigts, et les mots qui semblent s’arrêter à chaque maillon. il les parcourt, ares, sans mal. énonce les sujets que t’as toujours préféré ne jamais aborder. et tu pries de n’pas l’entendre continuer. « s’ils sont pas capable de voir les efforts que tu fais pour eux alors envoie les chier. c’est aussi simple que ça. » les sourcils qui s’froncent, cette fois. et tu te demandes si lui-même, il y croit. qu’il suffit d’envoyer chier quand ça ne va pas. que c’est facile. si facile que tu serais là, où tu n’aurais jamais été si ça l’était. « au contraire. ne me crois pas sur parole. s’il y a un truc que tu dois savoir sur ce monde, une règle d'or à encadrer au dessus de ton bureau, c'est que tu ne peux croire personne. même pas ta famille. » tu laisses échapper un rire, amer. « super. » l’ironie qui roule sur la langue, s’échoue aux creux des lippes. t’es un gosse un peu naïf, sans doute, si peu enclin à jouer d’la prudence auprès d’une famille à laquelle tu es incapable de tourner l’dos. cette règle, tu ne la connais pas, ne l’appliques pas. et tant pis, si tu t’trompes. tant pis, si un jour, tu repenses à cette conversation en te disant que putain, il avait raison. y a que lui, dont tu t’méfies; pas ceux avec lesquels tu as grandi. « j’me fiche de ce que tu fais de ton côté. que tu pécho des mecs, que tu prévois un plan machiavélique pour faire chuter ma société, peu importe et tu sais pourquoi ? parce que j'ai confiance. je sais que j'arriverais toujours à rebondir. tu devrais apprendre à penser comme ça au lieu de te blâmer pour tout et n'importe quoi. » bercé d’ta respiration sifflante, tu ne dis rien. la langue roulée au creux de ta joue, que tu mords doucement, la baie vitrée qu’tu fixes, inlassablement.
puis, sans qu’tu la voies venir, sa paume vient s’écraser sur ton épaule. « je vais me resservir un verre, libre à toi de me suivre si t'as peur de te faire bouffer par ces requins. » tu grimaces, lèves les yeux au ciel. d’un air d’enfant. et, étrangement, t’hésites. les opales dans son dos, les lippes pincées. tu le regardes partir vers la baie vitrée. « pourquoi tu m’donnes des genres de conseils ? » tu lâches, au dernier instant, sans pouvoir t’en empêcher. la mine marquée de perplexité, tu l'guettes dans un court silence. t’arrives pas à l’cerner, ares. aujourd’hui encore moins que les autres jours. « pourquoi je devrais penser ou faire comme toi ? » t'en serais incapable, au-delà même de ne pas le vouloir. tu ne lui envies rien. « j'vois pas en quoi ce serait mieux comme ça. j'vois pas comment tu peux être heureux en ne croyant même pas tes parents. » tu achèves, un peu plus bas. ça t'semble si étrange, de pouvoir se réjouir d'une vie comme celle-ci. ça t'semble même impossible. pourtant, ares, tu le sais bien qu'il n'est pas comme toi. alors qui sait; peut-être que contrairement à toi, il parvient à s'en contenter. « j’vais y aller. » tu souffles, finalement. tu peux pas rester, comme si de rien n'était. boire en faisant mine d'être ravi d'être ici. t'en as pas envie. alors tu t'approches à ton tour de la baie vitrée, les doigts dans ta tignasse. attends qu'il entre pour pouvoir partir.
et tant pis s'il pense que t'as peur.

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