(satan was a lady), niamh.

(teaghlach) ça a commencé avec une adoption. avec un couple qui savait pas comment s'occuper d'une gamine, et qui ont préféré la donner à un autre. et c'est riadh o'leary qui a pris la petite niamh, alors qu'elle avait juste quelques semaines. un homme qui avait tourné le dos à l'IRA, un homme qui autre chose de sa vie que la violence et les cris, qui avait envie de se poser quelque part et de faire quelque chose de bien. alors il a pris niamh et il l'a élevée, comme sa fille, et elle l'est devenue. niamh et son da, y'a que lui qu'elle a, y'a que lui qui compte vraiment. sa famille biologique, elle en a franchement rien à foutre. c'est son da qui compte, son da qui importe. lui qui a fait du mieux qu'il a pu, qui a souvent du la laisser seule à peine adolescente pour se cacher de l'IRA, et qui a du quitter l'irlande pour de bon quand elle avait dix-sept ans, niamh qui a vécu avec son da en fuite dans le reste du monde, mais qui l'a toujours accepté. son da qui lui a tout montré mais qui lui a rien imposé. un homme qui semble toujours tout savoir, qui sait tout faire, partout et nulle part à la fois. nuage de fumée au sourire éclatant, riadh qui a toujours été là en restant invisible. rien qu'elle fera pas pour son da, et rien que son da ne ferait pas pour elle. la famille c'est sacré, même quand le sang y est pas. (óige) niamh elle a toujours su se débrouiller seule. elle a pas eu le choix, et elle l'a voulu. pas question qu'on mène sa vie, c'est la sienne et c'est tout. elle était encore sur les bancs d'école quand elle et ses amis se sont impliqués dans des braquages, et bien sûr elle a été la première à accepter de le faire. après tout c'était l'euphorie de l'adrénaline, niamh qui a jamais eu peur de rien, et même pas par arrogance. juste le feu dans les veines, le rire au bord des lèvres. imprudente, inconsciente, la vie d'illégalité inévitable. et ça a pas arrêté, jusqu'à tout récemment, qu'elle trempe dans des trucs pas nets, elle a jamais su rester en dehors, ça lui colle à la peau et elle s'en fout. la vie sans risque vaut pas la peine d'être vécue. alors elle a traîné avec les mêmes casse-cou, quelques temps, avant de prendre des contrats plus gros, avant d'éviter la prison de justesse. avant que son visage soit placardé partout en irlande, et que ça a été le temps de foutre le camp. et encore aujourd'hui elle a ça dans le regard, la frivolité de la jeunesse, gamine qui ne grandira jamais vraiment. (mótair) son boulot à niamh, ça a toujours été d'être derrière le volant. neuf ans et elle s'est retrouvée sur le siège conducteur, les longues jambes capables d'atteindre l'accélérateur. après on a jamais pu lui faire décoller le cul du siège. elle a toujours conduit, niamh, et elle sait tout conduire. voiture, moto, camion, bus, peu importe, tant que ça a des roues et un moteur, et même parfois les roues sont facultatives. elle conduit vite, elle conduit dangereusement, mais elle conduit bien. elle se faufile partout, échappe à tout le monde, écrase ceux qui se croient meilleurs. et elle insiste ; c'est elle qui conduit, sinon elle embarque pas, et c'est tout. toujours en train de voler des bagnoles, aussi, juste pour le plaisir de les essayer, et pour ne pas s'ennuyer. y'a que sa moto qu'elle garde, qui est précieuse à ses yeux, et que personne ne peut toucher avec un bâton. longtemps elle a été la getaway driver des braquages, et aujourd'hui c'est à elle qu'on demande si on a besoin d'aller quelque part rapidement. puis y'a pas que derrière le volant qu'elle est rapide, avec les jambes interminables qu'elle a, elle court comme une gazelle, impossible à saisir, impossible à rattraper. (buidéal) irlandaise, ça vient avec certains intérêts et caractéristiques, et niamh y échappe pas. la bouteille de whisky toujours à portée de main, elle boit le liquide ambrée comme du petit lait. peu importe l'heure et le jour, elle ne jure que par le whisky. pour lui faire plaisir, c'est le whisky, pour la rassurer, c'est le whisky, pour la réconforter, c'est le whisky. elle boit de qualité ou pas, à la bouteille ou pas, en autant qu'y'en ait pas loin, elle est heureuse. pas alcolo, pas vraiment, elle a le foie solide après tout ce temps, même si bien sûr, ça lui arrive un peu trop souvent de prendre un verre de trop. irlandaise, elle défendra sa patrie jusqu'à la mort, qu'on vienne pas insulter son nom ou son accent, elle vous en foutra une sans grande hésitation. toujours prête à rigoler mais aussi toujours prête à vous faire chier. et la cerise sur le gâteau, c'est la vulgarité, les fuck omniprésents, les jurons c'est sa ponctuation. c'est à en donner la migraine, mais ça fait juste partie d'elle, on l'entend plus au bout d'un moment. le gaélique jamais bien loin non plus, surtout pour vous insulter, mais pas pour se cacher, ça a juste un peu plus de punch. (scáth) l'arrivée aux usa, un peu forcée, mais elle était curieuse de vivre son rêve américain. ça a pas été bien traditionnel, rapidement mêlée à un gang serbe de trafic humain, on fait pas pire dans le genre. mais c'est novak qui a tout changé, novak contre lequel sa voiture s'est fracassée, novak qui s'est relevé comme si elle l'avait juste bousculé. le grand méchant loup, qui est devenu son big guy, les baises fréquentes qui ont suivies, puis le coeur et l'âme qui s'y sont mêlés. novak qui s'est installé sous sa peau, qui n'est plus jamais reparti. ça aurait pu être facile mais en même temps c'était inévitable, que le gang a explosé, qu'elle a du partir pour pas se faire tuer. l'accident, l'exportation, novak qu'elle a eu peur de ne jamais revoir, son enfant qu'elle a porté, leur enfant qu'elle n'a pas eu le choix de laisser. mais ils se sont retrouvés, parce qu'elle l'a voulu, parce qu'elle a besoin de son ombre, besoin de son grand serbe. niamh qui a jamais cru vraiment aimer, et pourtant elle sera avec lui jusqu'à en crever. (mhéara) avant novak c'était le sexe sans histoire, c'était les corps qui se fracassent pour se quitter sans regrets. et pourtant elle aurait pu en être dégoûtée, après ce salopard à dublin qui a profité d'elle. qui lui a dit, j'te dénonce pas à la police si tu te déshabille sans histoire, et niamh qui l'a fait et qui se déteste encore à ce jour. tous les dégueulasses qui ont voulu profiter de sa fausse gueule d'ange, qui ont pris son audace pour de la facilité. celui à dublin, puis celui à el paso, qui en a eu marre de ses petits jeux, sans comprendre que c'est juste ça que niamh fait. elle agace, elle fait les clins d'oeil et elle parle, mais c'est toujours juste du jeu. à jouer avec le feu on se brûle, et des brûlures elle en a, trop, beaucoup trop. novak qui accepte les cicatrices et qui la touche comme elle a besoin. niamh et son corps qui porte le passé, mais qui refuse de se laisser écraser. (leanbh) quelque part, y'a cet enfant. ce petit garçon, leur petit garçon. débarqué de nulle part et né dans l'urgence. petit iwan, qu'ils n'ont pas eu le choix de laisser dans les bras de son père. le da de niamh, qui a confié l'enfant à des amis, qui continue de s'occuper de lui. les parents de l'autre côté de l'océan, trop noirs et dangereux pour s'occuper d'un gamin. ça a déchiré le coeur de niamh de le faire, d'embrasser la petite tête, de lui dire, we love you, et de le regarder partir. mais elle sait qu'il grandit en sécurité, loin de la noirceur que niamh et novak traînent. elle pense à lui, tous les jours, toutes les nuits, mais elle accepte, elle avance. c'est mieux comme ça, elle le sait, mais elle porte le poids. petit iwan, qui grandit quelque part, niamh qui a insisté pour qu'il sache qui sont vraiment ses parents, we love you. depuis, niamh qui se traîne un nuage noir, niamh qui a une mélancolie nouvelle dans le regard. niamh qui a retrouvé novak à new york, mais qui ne reverra jamais son fils. petit iwan qui va avoir trois ans, petit iwan qu'elle a pu embrasser, mais que novak ne pourra jamais toucher.

chronologie rapide: