war zone (blue)

il fait tellement chaud qu'vivre dans une caisse sous cette chaleur, ça devient impossible. il y a la chambre d'hôtel, celle que tad lui laisse juste parce qu'il avait foncé dans sa voiture et qu'il avait pas d'lieu pour dormir, hormis les ponts. mais d'puis qu'il l'a retrouvé, il a dû mal à la laisser. c'est son repère, ça en est ridicule. comme tad, lui aussi, il d'vient son repère, et ça par contre, c'est beau. mais c'est pas non plus étonnant, vivre dans sa voiture, ça l'aide pas pour les études. il s'est foiré. littéralement. et c'est un échec, parce qu'il doit s'retaper une année alors qu'il doit vraiment privilégier un boulot. pour s'faire de l'argent, pour retrouver un putain d'équilibre. il a jamais demandé à être mis dehors. il a jamais d'mandé à c'qu'on lui coupe tout. il est gentil blue. alors il mérite tout, mais pas ça. et il sort d'ce bahut, avec des papiers d'inscriptions. faut qu'il réfléchisse. est-ce qu'il se sent capable d'recommencer à zéro ? non. faut qu'il rentre à l'hôtel, faut qu'il s'douche, qu'il s'change. il sent pas bon, lui-même le sait. ça lui fout la honte. y'a un bruit qu'il entend. l'problème c'est qu'il connait cette voix. et y'a son coeur qui s'comprime. il a pas b'soin de ça blue. j'suis même pas aux rattrapages. sa voix est basse, faible. elle tremble, même. ça fait longtemps qu'il n'a pas vu son petit frère. l'pire, c'est que jarod tape tellement bien sans l'savoir que ça en est douloureux. il comprend pas cette haine, n'a jamais demandé tout ça. fous moi la paix, jarod. parce qu'il est épuisé de devoir réfléchir, d'devoir savoir comment s'nourrir, comment réussir à chopper un peu d'eau pour pas crever. il a pas b'soin d'une pression supplémentaire. avoir peur de son frère jumeau, ça en est complètement ridicule. une main sur son épaule. blue l'enlève, en faisant un geste brusque. il peut pas supporter le moindre contact, pas quand son myocarde bat si fort. j'suis pas tout seul, moi, au moins. c'est son seul argument, et il est à la fois si vrai, et si faux, que ça en est déchiré. ouais, il a tad, mais alors ? ça fait pas tout. parce qu'il a pas l'amour d'une famille. parce qu'il a été jeter dehors comme une merde, et qu'il doit être capable d'se gérer. mais putain, il en est pas capable.

j'suis pas tout seul, moi, au moins. Le sourcil qui se lève, le regard qui se détache pas de lui. Il a l'air brisé, Blue. Et quelque part je sens une partie de moi qui se brise aussi. Parce que ça c'est en partie de ma faute, si je m'étais battu pour que tu restes, tu serais pas comme ça. Mais pourquoi je me démènerais pour un meurtrier ? Donne moi une raison Blue, une seule et je prends la bagnole pour aller voir notre père. Enfin, mon père maintenant. Putain, Blue, c'est tellement plus facile de te haïr, si tu savais. Au moins je souffre pas, j'ai un but dans la vie. « Parce qu'il y a quelqu'un qui t'a accepté ? » Question idiote. Forcément. Tout le monde trouve chaussure à son pied, même les plus idiots. Même les démons comme toi. « Alors dis moi grand frère comment tu vas faire pour t'occuper d'cette personne ? J'veux dire, faut s'offrir des cadeaux pour la saint valentin, pour Noël, pour les anniversaires, faut donner des choses autre que l'amour, des choses que t'as pas ». Le sourire arrogant, maîtrisé depuis l'enfance, qui s'affiche sur mon visage. Ma main qui lui donne une petite claque, histoire de l'énerver un peu. Sors de tes gonds, Blue. « D'ailleurs cette personne te laisse pas prendre une douche chez elle ? Sérieusement, tu pues. L'amour est aveugle, heureusement pour toi, mais pas sans odorat. Au fait, juste pour info, t'as eu combien de relation ? J'parie que je peux les compter sur une seule main. C'quoi ça d'ailleurs ? ». Puis, sans lui laisser le temps de réagir, je lui prends les papiers. Mon rire fuse sans vraiment que je réfléchisse dès que je vois le mot inscription. « Eh bah putain, attends que je le dise à papa. Son fils déchu qui rate son année. T'sais, quand tu m'as dit que t'étais pas aux rattrapages je pensais que t'avais passé l'année mais non. En fait tes notes étaient tellement mauvaises que t'as même pas eu besoin d'les passer. Tu m'fais un peu pitié Blue, j'dois l'avouer. » Les sourcils levés, le regard moqueur, les papiers que j'agitais sous son nez. Tout ça pour le narguer. Parce que t'étais un connard Blue. Tu me duperais pas. Jamais. « On dirait que papa a misé sur le bon cheval » que je lâchais finalement en envoyant voler les papier sur sa figure d'enfant brisé.

il ne comprendra jamais c'qu'il a fait. c'qu'il a pu faire. blue a rien demandé. il voulait juste être un adolescent comme les autres. il cherchait juste ce lien que les frères jumeaux sont censés avoir entre eux. il voulait juste rendre son père fier, juste faire ce qu'il aime. au final, il a dû tout reprendre à zéro comme un abruti. les études, le mode de vie. les relations, même. et à quoi ont servi ses efforts ? pour qu'il n'arrive même pas à atteindre le seuil des rattrapages. il doit tout refaire, encore. et au fond, blue, il est certain de ne pas avoir la force, ni même l'envie. et là, son frère en face de lui, qui n'sait rien faire d'autre que de lui faire du mal. parce que ça marche. parce que blue il arrive pas à détester jarod. parce qu'il n'demande que de l'attention, un peu d'amour, il d'mande pas grand chose putain. et il se sent simplement trop minable, désormais. parce que le seul petit bonheur qu'il arrive à avoir, y'a jarod qui brise tout par derrière. parce que blue, il sait à quel point son frère a raison. j'sais que j'ai plus rien. t'es pas obligé d'me le rappeler, t'sais. j'étais là, quand t'étais trop content d'me voir partir de la maison. j'te revois encore me dire au revoir d'la main. sa voix se brise presque. ça lui a déchiré le coeur à ce moment précis. est-ce qu'il le savait, jarod, que son frère allait vivre la misère ? y'a l'sourire de jarod, y'a cette claque qu'il reçoit sur la joue. bordel. il se sent tellement honteux. c'est lui l'grand frère, et pourtant, jarod arrive à le jeter de l'escalier quoi qu'il s'passe. il est plus grand, il est plus intelligent, il a l'amour de leur père. il a tout. j'peux pas m'doucher... il marmonne dans sa barbe, ne répondra jamais à toutes les questions qu'lui pose l'type en face de lui. au fond, peut-être qu'il ne dira jamais qu'c'est son frère. jarod a bien trop honte de lui, et blue n'a vraiment pas envie de tâcher c'qu'il est en train d'se construire. mais encore une fois, ça dérape. il a pas l'temps de protéger les papiers qu'ils sont déjà dans les mains du diable. c'est trop, juste trop pour blue. il a pas b'soin qu'on vienne le faire chier, il sait déjà à quel point il fait d'la merde. il sait tout ça. il a presque envie d'chialer, est pas prêt pour les provocations insistantes d'son frère. mais putain jarod fous moi la paix ! il pousse son frère. pour la première fois. et il a autant peur, autant l'adrénaline. oui putain j'sais que toi tu t'réveilles tous les matins dans un putain d'lit, tu peux même prendre ta douche et t'foutre des conneries d'savons pour sentir bon. t'as pas b'soin toi, d'faire les poubelles pour remplir ton estomac, t'sais pas c'que c'est toi qu'de te faire rejeter dans tous les entretiens d'embauches à cause d'une situation d'merde comme la mienne. mais y'a un truc que j'ai, et qu't'auras jamais. moi, j'ai quelqu'un. et tant pis si j'peux pas lui faire des cadeaux, des conneries du genre, parce que se sentir aimer c'est bien plus beau qu'ton confort de merde. que d'l'amour d'un père qui en a rien à foutre de ta gueule. et au fond, blue, il s'enfonce lui-même. parce que lui-même sait pas quoi penser d'sa relation avec tad. qu'c'est bien plus compliqué qu'ça. mais il veut juste qu'on lui fout la paix. il galère déjà bien assez.

j'te revois encore me dire au revoir d'la main. Le putain de cœur qui s'brise. En mille morceaux. J'pouvais presque l'entendre avant qu'il ne fasse plus aucun bruit. Parce qu'il battait plus, ce cœur. Plus depuis que t'étais parti de la maison Blue. Tu l'sais peut-être pas, mais ce jour là j'étais aussi soulagé que peiné. Parce que, d'un côté, papa me préférait mais, de l'autre, j'avais besoin de toi Blue. Il me fallait quelqu'un pour me canaliser, pour me comprendre. T'étais pas supposé abandonner, pourtant tu l'as fait. Et pour ça, je t'en voudrais toute ma vie. J'te pourrirais ton quotidien même après notre mort. J'demanderai au diable de te faire venir près de lui pour que je puisse te voir, petit ange déchu. Ouais, toi tu venais du paradis. T'étais l'enfant dont papa n'avait pas voulu mais t'étais aussi celui qui lui avait causé le moins de soucis. A part à moi. Et j'voulais te le dire tout ça, Blue. Mais les mots sortaient pas de ma bouche. Alors à la place je continuais à te narguer. Puis tu finissais par exploser, fini le Blue tout doux. « Ta gueule, Blue » que je lâchais, la voix tremblante. Pourquoi t'avais autant raison ? Tu tapais sur mon point faible et putain ça faisait mal. J'avais personne, j'voyais bien que papa m'avait choisi juste parce que j'avais l'air plus fort. J'savais bien qu'il m'aimait pas vraiment, qu'à la moindre déception il me jetterait dehors aussi, me couperait les vivres. « Tu sais pas de quoi tu parles, tu l'sauras jamais. Reste dans ta crasse, reste dans ton taudis parce que, tu vois, c'est tout ce que tu possèdes. J'ai peut-être pas de copines mais, contrairement à toi j'en ai pas b'soin. C'est pour ça que papa m'a choisi, parce que j'ai besoin d'personne. J'suis indépendant. Fort. Tout le contraire de toi. Regarde toi un peu. Tu dépends des autres, t'es pas capable de t'en sortir seul. T'as pas d'boulots, tu loupes ton année sans même passer aux rattrapages alors qu'apparemment t'as quelqu'un qui pourrait t'aider. A moins que t'ai menti pour pas perdre la face ». J'sentais la colère monter en moi, comme de la lave en fusion. Mes poings brûlaient de lui foutre un coup en pleine face. Pourquoi j'me retenais d'ailleurs ? J'aurais foutu un coup à n'importe qui. Mais, avec toi, j'y arrivais pas. « Tu sais quoi Blue, j'vais trouver cette personne et j'vais lui montrer à quel point t'es minable. Et elle te quittera. A ce moment là on verra lequel de nous deux a le plus de chance. » Mon visage qui vient se mettre à quelques centimètres du tiens, ma mâchoire qui se contracte. « J'te dis pas bonne chance pour t'en sortir Blue. T'en a jamais eu et t'en auras jamais, pas tant que je serais là pour te la prendre. »

le ton monte, des deux côtés. parce que blue, il craque. il ne supporte plus d'voir à quel point son frère peut être méchant, face à lui. alors que, bordel, il lui a jamais rien fait. il a jamais demandé à c'que son frère le déteste, à c'qu'il soit mis dehors. il voulait juste qu'on l'aime, qu'on l'accepte. et peut-être que blue y arrive, à r'prendre de la force, à s'défendre. parce qu'il supporte plus d'être autant rabaissé comme ça. et pour une fois, les mots de jarod, il arrive à ne pas se sentir blesser. il arrive à prendre sur lui. et même, il devient presque insolent, il lui rigole au nez. au fond, blue, il a b'soin que jarod se réveille. tu veux savoir la différence entre toi et moi ? il se rapproche de lui. il est furieux. alors qu'au fond d'lui, quand jarod va partir, il va s'enfermer dans sa voiture et sûrement s'mettre à chialer. parce que c'est beau de vouloir être fort, mais blue l'est pas. il l'a jamais été. c'est qu'moi jarod, j'en ai rien à foutre d'pas avoir l'amour de papa. alors que toi, c'est la seule et unique chose qui compte. et pourtant, jarod arrive à lui couper le souffle. il a la sensation d'avoir des coups de pied dans le dos, d'avoir envie d'vomir tellement la haine de son frère, il n'arrive pas à la supporter. mais putain, je t'ai fais quoi pour que tu me traites comme ça ? la voix qui s'brise. sans qu'il ne peut vraiment se contrôler. t'es tellement tout seul dans ta pauvre vie qu't'es obligé d'bousiller celle de ton frère ? t'as rien d'autre à foutre ? il est épuisé. de cette guerre qui ne s'arrête pas. et tu veux savoir l'pire ? c'est qu'malgré toute la merde que tu m'fais, j'arrive pas à te détester. et j'suis encore en train d'croire qu't'accepteras d'm'aimer un jour. parce qu'il est fatigué.

J’t’ai dit de te taire Blue. J’veux pas entendre. Si j’le pouvais, je me boucherais les oreilles et irait m’enfermer dans ma chambre, comme quand on avait cinq ans. Tu te souviens ? Quand on se racontait des histoires d’horreurs et qu’après on flippait tellement qu’on dormait dans le même lit, serrés l’un contre l’autre. Puis papa qui me prenait en cachette le matin, après que je t’ai murmuré à l’oreille que je te protégerai, pour me dire qu’il fallait pas que je sois gentil avec toi. Je me souviens encore de la comparaison. Il avait dit que t’étais comme une mouche, et que les insectes devaient être écrasés. Et quand tu m’parlais, Blue, j’avais l’impression que c’était moi l’insecte. Si j’avais pas l’amour de papa, j’aurai rien. Parce que je suis pas gentil. Je m’en sors que grâce à ce qu’il m’a appris. Alors, blâme le autant que tu veux, il m’a été plus utile que toi dans cette putain de vie. « Ouais j’suis tout seul. Tu sais c’que ça fait de rentrer le soir dans son appart et de se dire qu’on a un frère tellement égoïste qu’il a refusé de se battre contre son propre père pour rester à la maison ? Qu’il a préféré s’barrer en laissant son jumeau aux bras du diable ? Alors ouais la solitude je la connais trop bien mais demande toi par la faute de qui, grand frère ». J’parle vite, trop vite, j’sais même pas s’il va comprendre ce que je dis. Mais je suis tout aussi perdu que lui. Puis le regard qui se tourne, et la salive qui s’avale difficilement lorsqu’il se remet à parler. « Il y a un truc que tu comprends pas Blue » que je lâche en reposant mes yeux sur toi. « C’est que j’veux t’aimer, vraiment. T’es mon jumeau mais on m’a appris à te haïr. Et j’ai lutté, j’te jure, j’ai tenté de ne pas le laisser entrer dans ma tête. Puis t’es parti. Tu m’as laissé. Et il m’a écrasé. »

il ouvre la bouche, sans être capable de répondre. un peu sous le choc. un peu trop, p't'être. alors c'est pour ça qu'il le déteste autant ? parce qu'il ne s'est pas battu pour trouver sa place ? mais il était là, jarod, quand blue a essayé d'ouvrir la bouche, qu'il a essayé de se défendre ? il était là, jarod, quand son père l'humiliait devant ses amis ? quand il mettant à l'honneur son frère plutôt que lui, et qu's'il ouvrait la bouche, le malheureux blue, il s'prenait des coups ? pourquoi est-ce qu'il est autant aveugle ? pourquoi est-ce qu'il joue au con ? et l'pire, c'est qu'il arrive plus à se retenir, à se contenir. cette boule dans sa gorge devient trop forte, trop douloureux. les yeux qui s'humidifient, y'a les larmes qui s'échappent sans qu'il ne se contrôle. l'plus triste aussi, dans tout ça, c'est qu'ça doit être la première fois depuis une éternité qu'ils parlent autant de temps. même si les mots font mal. même si la situation est blessante. tu crois que j'ai préféré me barrer ? il est abasourdi par la situation. est choqué d'ce que pense son frère. tu crois que j'me suis pas battu ? tu crois que j'en ai voulu, de cette situation ? il s’essuie les yeux, son corps tremble de colère. tremble d'envie. tremble de manque. a envie d'prendre un cachet. juste pour se calmer. juste pour arrêter de délirer. juste pour trop de choses. mais tu m'as déjà défendu quand il parlait mal de moi ? tu as déjà essayé d'm'épauler quand j'étais en larme parce qu'il me frappait ? son corps tremble. putain jarod, t'étais devant la fenêtre sans me retenir ! au fond, c'est peut-être l'image qui a le plus marqué le môme. c'trop tard pour retenir les larmes. l'corps tremblant qu'il peut pas contrôler. il regarde sa voiture, sait d'avance qu'il n'a plus rien. putain. tu l'as laissé entré dans ta tête depuis qu'on est des enfants jarod. et t'as pas l'droit, t'as vraiment pas l'droit de toute remettre sur mon dos. la voix brisé, l'coeur brisé.

Tu t’énerves et j’sais pas quoi dire. Parce que j’suis autant perdu que toi et qu’au fond t’as pas tort. T’as pas pu vouloir de cette situation. Et pourtant t’as rien fait pour l’éviter. Tu m’as laissé avec lui. Lui qui passait ses journées à me comparer à toi, lui qui me traitait de minable, qui me rabaissait dès que je loupais un truc depuis que t’étais parti. Alors ouais, peut-être que niveau physique j’ai rien eu. Mais, crois moi Blue, niveau mental j’ai souffert. Un peu trop. « Et qu’est ce que tu voulais que je fasse ? Putain Blue on était des gosses ! Tu crois que j’étais pas effrayé ? Que j’le haïssais pas quand il te frappait et que j’étais pas perdu quand il me disait de te haïr à mon tour ? Qu’est ce que t’aurais fait à ma place ? Tu l’aurais écouté. T’aurais cru ce que ton putain de père te disait parce que c’est supposé être l’homme qu’on admire, l’homme qui a toujours raison ! » Et les larmes qui me montent aux yeux lorsqu’il parle de la fenêtre, du sourire que j’avais affiché. Mais t’avais pas vu Blue que papa était derrière moi à ce moment là. Non, tu choisis de voir que ce qui t’arranges. Parce que t’es égoïste. Comme moi, comme papa. « Alors quoi ? C’est de ma faute ? » La voix qui tremble, l’air vulnérable, comme si j’étais celui qui avait reçu les coups à ta place. « T’aurais dû te battre Blue. T’aurais dû t’allier à moi au lieu de laisser papa tout contrôler. Parce que j’étais qu’un gosse et je savais pas quoi penser, qui choisir. Et t’as fait le choix pour moi en abandonnant » que je murmurais, pointant mon doigt sur son torse. « Je choisirais pas le camp des perdants tu m’entends Blue ? J’finirais pas à la rue. T’as fait le choix de me tourner le dos, tu l’assumes. Mais t’as pas le droit de faire comme si t’étais le seul à souffrir ».

est-ce que parler, ça rime à quelque chose ? ils ont tous les deux des arguments, ont tous les deux des blessures qui sont trop ouvertes, trop douloureuses pour être fermer. est-ce qu'ils vont réussir, tous les deux, à surmonter tout ça ? il en est pas persuadé. ça lui semble même impossible. qu'est-ce qu'il voulait qu'il fasse ? les larmes sont déjà coulés, le corps tremble, les douleurs fantômes. je voulais que tu m'aides ! il hurle, blue. hurle à s'en briser les cordes vocales. hurle au point d'plus rien sentir tellement il souffre. il n'en peut plus, n'accepte plus cette situation. peut-être que tu ressentais tout ça, mais tu m'as jamais montré, jarod, qu'tu le détestais pour c'qu'il me faisait vivre. il demandait que ça. c'était horrible pour lui de les voir tous les deux contre lui. d'se sentir de trop. d'avoir l'impression d'faire tâche. c'est horrible pour lui, putain. ça l'a traumatisé, ça l'a forcé à être autonome trop rapidement. alors oui, c'est de ta faute. il a b'soin d'sa drogue. j'me suis battu. t'étais juste trop aveugle pour t'en rendre compte. pour me voir à moi. il a mal. il est blessé, blue. j'ai pas fait ce choix. c'est ça qu'tu comprends pas. y'a plus rien dans sa voix, il a l'impression d'être mort que ça en fait presque peur. et tu veux savoir un truc jarod ? si maman était vivante, il n'y aurait jamais eu tout ça. il se sent mort. brisé. vide.