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 hurlements d'outre-tombe — James

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Message Sujet: hurlements d'outre-tombe — James    hurlements d'outre-tombe — James  Empty Ven 26 Fév - 18:22


hurlements d'outre-tombe


Je rêve d’un long hiver,
D’une herbe blanche,
D’un tas de poudre qui craquerait sous mes pas.
Je rêve de rire et de pleurer sans que rien n’est plus d’importance,
Je rêve d’un long repos où je ne supporterai plus la potence de l’addiction.
Je rêve d’un été saharien où je n’aurais plus peur de demeurer nue,
De ne plus jalouser les femmes qui osent se débarrasser des futilités
Quand je me retrouve prisonnière de mes murs, craintive face au regard de l’autre.

Comme tous, je suis un insecte sous le regard de l’autre,
Il me façonne sans me fasciner, il me sculpte, me découpe,
Et m’achève et me hante et me tue.
Je hais les flammes, je hais la fumée noire,
Je hais les cris de ma mère dans la grande bâtisse,
Je hais le silence de mon père qui était si bruyant,
Je hais le souvenir de ma chute en pleine pelouse sous les éclats des yeux curieux
Qui n’ont rien fait pour m’aider.

Je conspue la trahison,
Je me conspue et je te méprise,
Je vomis sur la nuit passée
Tout en voulant la chérir,
Tu me déchires et je ne te connais pas,
Tu m’as délivrée pour mieux m’enchaîner.
Je demeure chienne aux pieds des grands maîtres,
Un retour à ma terre, à mes racines de fille de pleutres.
Je ne suis rien quand vous êtes tout.
Je ne suis rien depuis le début.


Papelard jaunâtre froissé entre ses doigts consumés, elle en fixe les mots écrits des jours auparavant. L’errance s’est allongée, la guerre sans fin entamée par ses erreurs de jeune échevelée. Un énième soupire l’agacée, assise sur le canapé où ils se sont endormis, où il a fuit en ne lui donnant que ça, telle Médée s’en est allée sans rien laisser derrière elle que le vide qui semble être un bien beau compagnon. A croire qu’ils veulent la maudire davantage, faire croire qu’i’ls seront la compagnie tant voulu pour mieux partir. Les doigts tremblent, sous la rage et le trouble, l’esprit mortifié de questions, fermant les yeux pour oublier la nuit qui la guida vers une Médée qui ne put que lui faire mal à sa manière. Elle observe les lieux qui demeurent inchangés, n’ayant touché à rien depuis, ayant ignoré la jeune femme venant nettoyer les vitres contre lesquelles il l’a plaqué, prise et émue. Le sol d’’une pièce qu’elle a foulée pieds nus, riant comme une enfant transie par le premier amour, suivi par le fantôme d’une déesse qui a croqué le fruit interdit de son âme solitaire. Et tout enfle. Pauvre malheureuse, héroïne d’une piètre tragédie, elle fixe encore l’écriture élégante, n’osant croire à ce tournant pris dans cette vie qui empestait déjà le souffre, le chaos. Voilà qu’il fallait qu’elle retombe dans les affres des coucheries. Un rire manque de lui échapper, se moquant d’elle-même, de cette vie qui lui sourit cyniquement. Il ne s’agit pas que de corps à corps, que de jouissance, il s’agit d’un plus qui l’effraie, d’un stop à mettre sans plus attendre. Passant une main dans ses cheveux dont la coupe carré s’allonge de plus en plus, bouclant à certains endroits, elle a le visage de ces femmes effrayées et fatiguées, de celles qui savent avoir commis un crime, de ces humaines qui se poignardent toute la journée, toute la nuit et n’en dorment plus. Elle est l’épuisement dans toute sa splendeur sous une nuit qui tombe. Aucun numéro laissé, juste cette adresse, aucun moyen de l’envoyer se faire foutre par des mots écrit derrière un écran.

Mais elle n’’est pas lâche. Elle s’est élevée en soldat pour tenir une arme, pour s’infiltrer dans les camps ennemis, jouer la putain, jouer l’idiote, rire quand il le fallait, séduire des hommes qui lui aurait tranché la gorge depuis longtemps s’ils savaient ce qu’elle était, démantelant des groupes entiers qui faisaient tourner l’un des poison qu’elle s’injecte désormais. Les phalanges se crispent dans la chevelure où elle se rappelle le passage des siennes, la détenant des hanches à ses mèches brunes froissées sous sa poigne masculin, habitué à régner sur le corps de ses amantes. Mais elle ne s’est pas sentir prise comme la dernière des catins qu’il aurait pu s’offrir, elle s’est sentie aimée, pour de faux. L’inspiration qu’elle prend tremble tout autant que les doigts et se répercutent dans ce grande silence, ce silence dans lequel il l’a laissé pour l’abandonner aux mains de celle qui lui manquait tant. Un mouvement la voit cacher une partie de son faciès épuisé, creusé par les nuits blanches, par l’héroïne prise en forte dose qui l’abrutie, par ce qu’elle ne conçoit pas encore et n’ose s’avouer. L’histoire est digne des romans d’antan, de ceux qu’elle dévorait dans la haute bibliothèque de ses parents adoptifs, découvrant la passion entre frère et sœur, l’amour dangereux entre jumeaux quelques fois, la tendance à frôler l’interdit malgré les liens du sang. Secouant la tête, elle s’élève, enfile les bottes de cuir qui lui servent depuis trop longtemps, celle qu’elle mettait lorsqu’elle se parait de ses fringues de flic, le cuir habillant le pull beige et fin qui recouvre jusqu’au cou où il déposa son souffle, où eux deux déposèrent leurs lèvres.

Tu comprends, Cosima,
Tu n’es que chienne bien dressée dans leur histoire.


Le collier se resserre d’ailleurs alors claque la porte de ce qui n’est même pas chez elle. Plus rien ne lui appartient vraiment. Glissant dans un taxi, elle s’engouffre dans les rues d’un Queens agité malgré la nuit qui tombe, observant les lueurs des lampadaires qui peu à peu s’illuminent au fil de la course, ses yeux noirs cernés découvrant la ville sans y prendre goût, obsédée à l’idée de le confronter. Elle fait une erreur en revenant à lui. Elle devrait promettre à Médée de ne plus jamais le revoir mais que lui doit-elle ? Que lui doit-elle de plus qu’un pardon qui ne peut être accepté ? Plus qu’une trahison, c’est un labyrinthe dans lequel ils sont tombés dont la sortie semble bien loin. Un voile de désespoir se dépose sur les prunelles et si le chauffeur tente de lui faire un instant la conversation, il abandonne bien vite, insultant dans une autre langue la portoricaine qu’elle est et restera. Son cœur se tord, se meurt, voudrait s’échapper loin de sa cage pour prendre son envol alors qu’elle élève ses yeux vers le penthouse dans lequel le roi règne. Rage et indécision s’emmêlent. Elle ne fait pas partie de son monde et il le sait. Ils le savent tous les trois. Elle est une pierre boueuse quand eux sont un marbre cachant bien ses failles. Elle fusille la tour dans laquelle il séjourne, est-ce au moins une vraie adresse ? Bercée par le choc, toujours, elle délaisse ses billets au conducteur qui ne lui offre pas même un au revoir sans qu’elle ne s’en rende compte, traversant la rue, le pas déterminé quand elle aimerait courir dans l’autre sens. Sauf qu’elle ne le peut pas, elle le refuse. Elle se voit surprise de pouvoir s’engouffrer d’emblée dans le grand hall et la voilà coincé dans l’ascenseur d’or, d’argent, une musique la singeant même alors qu’elle s’observe. Elle n’a pas pris le temps de se maquiller et elle cille, se fusille du regard en se rendant compte que cette pensée n’a aucun sens. Qu’a-t-elle faire de paraître belle aux yeux de celui qui a omis la vérité ? Aux yeux d’un homme qui n’a fait, finalement, que la baiser du début jusqu’à la fin ?

Elle se souvient. Elle se souvient alors de cette supplique. Faire semblant de l’aimer. Quelque chose manque de se craqueler et les larmes de revenir mais le gong délicat annonçant l’ouverture des portes la pousse à se détourner vivement pour observer le couloir qui mène rapidement à l’entrée, mordant ses lèvres sèches, l’envie subite de s’enivrer ou d’une dose de plus la poignardant. Tentant d’apaiser son souffle, elle sonne plusieurs fois, commence alors la danse de l’angoisse, allant et venant de la porte, haïssant la lumière qui éclaire son visage blême, sa mise trop banale, son visage de camée, envahit par les souvenirs, envahit par la nuit, par la sensation de lui en elle, de ce premier baiser donné, aussi symbolique que celui repris auprès de Médée. Et elle se découvre muette, page blanche à l’intérieur, sans savoir ce qu’elle voudra lui dire quand la porte s’ouvrira. Elle sursaute quand celle-ci se débloque enfin, manque de reculer, se découvre acculé comme un animal pris dans les phares d’une bagnole fonçant sur elle. Et alors, alors elle ne contrôle rien, alors les mots ne lui viennent plus; Un bruit blanc, un sifflement dans les oreilles et elle ne voit pas son corps foncer vers le coupable, son poing se refermer pour l’abattre sur le faciès qu’elle avait caressé, sur cette mâchoire embrassée, son souffle aride et saccadé prônant les sanglots qu’elle ne lui offrira plus. Incapable de paroles, elle revient à l’adolescente pleine de violence qui trônait dans les foyers, dans les familles d’accueils où il fallait bien se défendre d’autrui pour ne pas crever. Elle vacille, elle vacille les phalanges douloureuses, tenant sa main blessée de l’autre « Qui est-ce que tu es ? » crache-t-elle enfin d’une voix de gorge, cassée, douce malgré tout, se noyant dans les flots des réminiscences de leur nuit, de son entrevue avec Médée dont elle ne dira rien. Rien. Il lui faudrait partir, se taire, ne pas attendre de réponse mais la voilà enracinée au sol, les yeux brillants, incapable de se détourner, vomissant sur la richesse qui pullule de partout, sur le parfum qui l’atteint, sur ce corps qui fut si proche du sien. Trop.

A toi j’ai donné un bout de moi,
Alors qu’il n’en reste que peu de choses,
A toi comme à elle, j’ai donné ce qu’il restait de celle que je fus.
A toi comme à elle, je ne peux plus le reprendre.
Mais je rêve de sang, du tien, du mien et du sien,
Emmêlés à trois dans un bain sanglant que nous méritons bien.
 


(c) corvidae
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Message Sujet: Re: hurlements d'outre-tombe — James    hurlements d'outre-tombe — James  Empty Mar 2 Mar - 23:57


hurlements d’outre-tombe
@cosima black

murmures de la ville tout en bas de la tour, le penthouse s’est habillé de lustre pour oublier un temps les ombres qui guettent chaque pas de son propriétaire. james apparaît ce soir, dans la vacuité si parfaite de tous ses faux-semblants, il reçoit, il parade, il a même commandé à dîner pour la jolie blonde attablée devant lui, plutôt que de sortir à son bras, d’exhiber un objet pour paraître cet homme qu’il fut il n’y a pas très longtemps de cela. elle a un sourire éclatant, carnassier même, tout droit sorti d’un magazine en page deux, mannequin à plein temps, elle pose face à lui, rien que pour cette convoitise qu’il ne parvient pas vraiment à surjouer. il n’a pas envie d’elle, il tue le temps et il comble le vide, il cherche à se prouver une éternité mensongère qui renierait le fruit de ses amours passées, et le trouble de ses amours empoisonnées. viciées, le sang dans les veines amantes est de la même couleur que le sien, et il se demande si la poupée blonde a sous sa peau blanche des tons carmins identiques. de ces nuances ce soir, il fait fi, il joue ce rôle que son physique lui octroie, cette façon qu’il a de lui parler, de lui assurer et son emprise sur le monde, et sa très grande ambition pour tout ce qu’il a encore à bâtir ou à brûler, voilà l'idole qu’elle se met à adorer. marlowe, juste un nom à accrocher à son tableau de chasse, car la jeune femme est un autre animal, pas véritablement à la mesure de sa propre bestialité, mais à la hauteur de l’image qu’elle s’en fait. louisa, car c’est là son nom, cherche à assortir sa fortune au profil rayonnant de celui qui semble partir à la conquête de new-york. pluie d’or et rayons d’argent, un mariage qui n’a rien de morganatique et qui pourtant porte l’ennui dans le creux de l’estomac du roi. l’agneau était tendre à souhait, mais cela n’aura pas suffi pour oublier la saveur d’une autre chair à dévorer, où courent les stigmates d’un mal qui ressemble si fort au sien. blondie a peut-être du sang dans les veines, et cette assurance charmante qu’elle ébauche peu à peu que le dîner avance, mais elle n’a pas cette frénésie entièrement dévolue à la perdition. blondie n’est pas perdue, elle n’est pas comme lui, paumée, percluse de cette maladie qui peint tous les avenirs dans des habits de deuil bien trop grands pour des égarés qui feulèrent un plaisir défendu. james continue de feindre un désir d’automate qui ne le portera pas plus loin que quelques heures entichées de la nuit. nuit trop jeune pour que lorsque la porte ne se referme, il ne conserve l’envie de savoir en découdre, et de partir à la recherche d’une âme à la lisière du trouble, histoire de la perdre plus loin, avec lui jusqu’à l’aube. louisa n’a pas voulu écarter ses cuisses trop maigres, on lui a bien répété que pour ferrer un homme plein aux as, il fallait se faire désirer. mais james ne la désire pas, et son image, élancée, fierté d’une putain sous les atours de marque, s’affadit dans le calme revenu du penthouse immense.

dans la fêlure du vide, tu apparais parfois, mirage évanescent. tes cheveux noirs qui s’étalent sur le sofa, ta peau offerte et les outrages que le temps a abandonnés sur toi, je les reconnais sous la pulpe de mes doigts, quand je t’imagine encore. tout contre moi. et ce mensonge susurré, qui fut si proche de la seule vérité que je t’ai confiée avant de partir. c’est cette solitude qui fut juste l’espace d’une nuit un peu moins éternelle parce que tu la partageais aussi. parce que tu la connais, tu l’as apprise jusqu’à te noyer dedans. dans les abysses qui sont ton digne tombeau, j’aimerais te rejoindre.

james l’imagine, il la substitue à sa partenaire du jour, robe rouge sur épiderme blême, et ses yeux noirs qui le dévisageaient, rien qui n’ait depuis lors su atteindre ce niveau de félicité. il le sait, pour les mauvaises raisons, pour avoir su étreindre l’interdit, pour avoir su imaginer une seule seconde posséder son autre, la passion se fait fureur tout contre son corps abandonné, sur le canapé de cuir noir. parure blanche pour un monstre déchaîné, qui ne peut se repaître de la violence d’une trop récente conversation qu’il a aussitôt plongée dans un déni opaque, il rêve à ces ailleurs bleutés qui lui offrirent un plaisir qu’il ne sait retrouver. il aurait dû forcer la blonde, insister pour qu’elle se soumette à ce désir qu’il n’avait pas, pour que la colère vienne s'éprendre de sa chair encore une fois. une fois de plus pour oublier le désarroi. c’est un champ de bataille déserté par ses troupes, la table du repas n’est même pas débarrassée, et les lueurs des bougies y vacillent comme trop vite soufflées par le froid qui prolonge chacune de ses pensées. il attend. il attend, mais il ne sait plus qui ou quoi. alors quand le carillon retentit, il se demande vraiment ce que ses rêveries les yeux grands ouverts auront su convoquer jusqu’au seuil de son désespoir. il croit que louisa a rebroussé chemin, a préféré devenir catin et oublier sa haute estime d’elle-même, ployer un peu l’échine pour qu’il n’ait pas entièrement paumé sa soirée. et puis il veut faire affaire avec son père, quoi de mieux que de continuer à séduire la fille, n’est-ce pas ? ça a bien marché jusque là. alors il revêt ce fin sourire éminemment satisfait et débute une phrase qui tombera à plat : j’imagine que bouffer à l’oeil ne te suffit pas finalem… mais c’est elle qu’il a invoquée. elle sur le champ de bataille où tout le monde s’est carapaté, forcément. elle, l’amazone démise par sa seule loi assassine. il met trop longtemps à réaliser, tandis que les sensations réapprennent son corps entier, échafaudent des impressions arrachées à une nuit dissolue, il entend ses gémissements brisés, il ressent la fièvre de sa chair enchaînée à la sienne. et la douleur. la douleur d’avoir seulement osé. la stupeur le laisse coit, il avait bien songé à ce qu’elle le rejoigne en lui abandonnant son adresse alors que l’aube abattait son couperet sur les corps amants, mais il avait imaginé qu’elle n’oserait jamais venir le retrouver. que pervertie par ses affects, humiliée par ses actes, elle préférerait oublier ce qu’elle érigerait bientôt en erreur. il n’a fait que la baiser après tout, qu’est-ce que cela représente ? la baiser pour la balancer en pâture à sa soeur aussitôt, histoire de voir la douleur rejoindre sa froideur, et la briser enfin. insinuer le mal qui perle sur ses nerfs, et qui fait de ses désirs un crime qu’il ébauche à chaque fois qu’elle reparaît. alors qui est-elle, qui est-elle désormais ? rien que la preuve de son forfait, les parfums enivrant de sa déchéance qui le saisissent alors qu’il tentait tant et plus de s’en débarrasser.

james est encore trop abîmé dans la dualité de son ressenti pour seulement parer le coup qu’elle porte, qui gracie sa mâchoire d’une douleur et vient rencontrer les échos de ses songes. tout éclate, tout explose. la rage éclot dans ses yeux qui n’ont plus rien de mornes et sa pupille se dilate, animale, tandis qu’il l’a toise de ses airs courroucés. le roi n’a pas l’habitude qu’on ose le châtier, certainement pas ces garces qu’il traîne dans son lit. mais cosima n’est pas de celles-ci, elle n’a ni le visage de louisa, ni ses allures inatteignables qui finissent toujours pourtant par se vautrer dans le stupre dès lors qu’on les courtise à coup de billets. cosima n’a pas à surjouer, ni le détachement, ni le charme qu’elle exhale dans son corps blessé. il n’est pas long à comprendre ce que recouvre sa question, et il saisit son poignet avec virulence pour l’attirer à l’intérieur de l’antre. la porte claque bruyamment alors qu’il la lâche aussitôt, comme pour la balancer loin de lui, se débarrasser d’elle et l’enfermer aussi. la contradiction se poursuit. elle a donc fini par te le dire… il hausse un sourcil, méprisant, avant de lui tourner autour, comme l’on inspecterait une marchandise. il note les cernes sous ses orbes sombres, qui trahissent ses nuits sans sommeil, et sa nervosité qui lui indique que plutôt que le plaisir du corps elle a choisi celui plus artificiel qu’elle s’injecte dans les veines. son frère. c’est qui je suis. james, je te l’ai dit. pour ce que ça change dis-moi. je me demande surtout ce que ça fait de toi… il insinue son venin jusqu’à elle, et lui faisant de nouveau face la regarde de la tête aux pieds. dis-moi, donc cosima ce que ça fait de toi ? une pute on la paye, mais toi tu t’es humiliée gratos. alors quoi ? une paumée ? la fureur est entière et il ne sait trop qui il est en train de faire payer, lui ou elle. elle et lui sans doute, pour s’être égarés sur des cheminements outranciers, qui rendent désormais toute sa laideur à une envie qui avant cosima demeurait dans la pâleur du non-dit. et c’est toi qui sais le mieux ce qui me détruit, qui a vu tout le vide et tout le vice réunis, enchaînés à ta peau et apposés sur ton front. pour te maudire de seulement vouloir les subir. de seulement croire que tu peux t’amener jusqu’ici et m’arracher la culpabilité que je peine tant à ressentir. james apparaît soudain dans toute l’hérésie de son rang, les hauteurs qu’il s’octroie et qui n’admettent guère la venue de celle qui lui rappelle combien la chute fut longue. et violente. et puis il y a l’orgueil blessé qui se déguise en hargne. si tu crois que je vais te présenter mes excuses, je crains que tu n’aies fait tout ce chemin pour rien. car je te l’ai dit, je ne regrette pas. je ne regrette rien de ce que tu m’as abandonné et de ce que je t’ai pris. si tu savais combien depuis, j’ai souhaité recommencer, venir ramper jusqu’à ta porte close pour la défoncer, et trouver dans ta présence la délivrance qui continue de me manquer. car je n’ai fait que pousser médée à me détester, et tu n’imagines même pas à quel point désormais elle souhaite m’être à jamais étrangère. alors tu restes la seule union à notre dualité.
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Message Sujet: Re: hurlements d'outre-tombe — James    hurlements d'outre-tombe — James  Empty Mer 3 Mar - 12:10


hurlements d'outre-tombe


Elle y voit la violence dans les yeux qui viennent la mirer moins pour l’admirer que tisser un mauvais sort qui la condamnera à nouveau. Le regard est d’encre, elle y voit l’animosité certaine mais ne la craint pas, l’affrontant, la rage au ventre, au cœur, aux poings, le souffle court, prête à chavirer sur le seuil du royaume sombre sur lequel il règne. Elle le hait, le méprise et voudrait s’en aller sans rien demander de plus. Le coup est donné et elle attend presque à ce qu’il riposte car combien d’hommes de sa trempe n’hésiteraient pas à lever le poing à leur tour, qu’elle soit femme ou non, pour se venger d’un tel affront. Elle se fiche de la haine qu’elle voit se diluer dans les pupilles dans lesquelles elle a plongé dans que le désir les ensevelissaient dans une erreur fatale et l’échange dure un long instant ou n’est-ce qu’une impression. Les phalanges sont meurtries et il fallait qu’elle lui offre ses doigts abîmés, comme pour lui offrir une double peine, l’horreur qui persiste sur sa peau. Pas le temps d’esquisser une insulte, un cri, de se faire remarquer que le loup noir l’attrape, l’articulation douloureuse dans la poigne masculine, forcée d’entrer dans le sillon où elle ne voulait pas aller. Ou peut-être que si. Est-ce cela qu’elle cherche ? Après tout, Médée lui a donné son accord, après tout, elle n’a pas à rougir d’être ici mais la nausée la trompe, les larmes brûlent ses yeux et elle souhaiterait s’enivrer, se couvrir de vin, de n’importe quel sévisse pour oublier ce qui les relient, pour oublier qu’elle ne fut qu’un pion sur l’échiquier d’un frère et d’une sœur reliés par elle ne sait quel lien tordu. Elle manque de l’injurier dans un cri de banshee avant qu’il ne la relâche brutalement, quelques pas la forçant à se stopper un instant au beau milieu du salon, découvrant le décor au travers de ses mèches emmêlées lui tombant sur les yeux, la fille de la terre salie découvrant le luxe, la table où deux assiettes et deux verres sont encore présents, sourcillant sans comprendre, cherchant une autre présence mais le parfum de Médée n’apparait pas réellement dans l’atmosphère qui les étrangle, puante, purulente de leurs bassesses humaines, de leur haine commune se mêlant à l’envie mal refoulée. Elle ne se laissera plus prendre par les yeux verts et pourtant noir qui la scrutent.

Le souffle court, l’esprit vacillant, elle finit par faire fondre son regard sombre sur le sien, froid, aussi givré que celui de Médée pour ce soir et pourtant, le feu d’un Enfer sans nom pourrait s’y lire et il pourrait bien y plonger. Elle n’est faite que de flammes, de brûlures, de cendres. Elle est rouillée jusqu’à l’âme et il le sait. Sa voix l’agresse, l’oppresse lui rappelant les moindres plaintes qu’elle lui arracha, le feu vicieux descendant dans les interstices secrètes de ses cuisses, diluant la haine et le désir en un cataclysme qui la ronge, prête à lui faire cracher du sang comme un cancer le ferait, dévorant son ventre au point de la faire grimacer. Dans une inspiration sifflante, elle détourne le regard, fixant la table qui l’obsède, refusant de croire qu’une autre se cache dans un recoin, qu’il l’humiliera face à une autre amante, une putain, une fiancée, peut-être. Pour ce qu’elle sait de lui … Rien. Finalement si peu de choses et tant à la fois. Élevant le menton elle tremble et se pare d’acier pour que le ton fielleux qu’il lui recrache ne l’atteigne pas. Mais le venin vient mordre son cœur bien fragile, se rappelant du choc, de cette phrase qui résonne en elle depuis des jours. « James est mon frère. » La commissure des lèvres tiquent, la moue attristée manquant de révéler les sentiments qui se cramponnent à sa gorge. Deux animaux qui se toisent, elle se fait l’agneau scruté par le prédateur mais ne se laissera pas mordre aussi facilement que la première nuit. Un rire lui échappe, sec, jaunâtre, le méprisant à son tour sans dire un mot. Au fil des mots, il l’écharpe et le sait, sort sa langue bien limée, un poignard qui plonge dans les moindres failles qui suintent de ce sang pourpre que l’on ne voit pas mais à ses pieds, elle saigne, elle saigne de sa détresse, de trahison et lorsqu’il lui fait face, lorsqu’il ose la regarder à nouveau, cessant le manège du grand roi tournant autour de son bouffon qui ne le divertit peut-être plus assez, elle perçoit son visage, se souvient de chaque lignes caressées, du doux sourire offert, de ce corps donné, des cicatrices qu’il a vu et caresser. Elle pourrait vomir de honte et ne peut pas laisser autre chose que l’acide de ses larmes border les rivages de ses yeux pleins de colère et de peine. Il lui fait mal, les châtient pour ce qui est impardonnable. Leurs yeux ne se quittent pas et mue par une autre envie brutale, elle s’avance, les crocs serrés, le poing s’élevant sèchement mais arrêtant sa course alors qu’elle se voit tout près de lui, stoppée par la barrière de ses mots, par son parfum qu’elle ne supporte pas, par tous les chemins sinueux vers lesquels il la ramène. Dans cette nuit bleue où il fit semblant de l’aimer, où il fit semblant d’être là pour elle. Le poing si serré que les phalanges blanchissent, que le bras entier en tremble, son visage épuisé s’élevant vers le sien, prête au combat, elle expire entre ses dents « Je me fous de tes putains d’excuses. »

Tu sais ce que je voulais,
Tu sais ce que je suis,
Tu sais mes faiblesses que tu as appris du bout des doigts,
Tu t’es enfoui en moi en sachant ce que tu cherchais,
Tu t’es épris de moi dans une comédie de mauvais goût,
Tu ne m’as jamais voulu,
Je le savais,
Je le savais et je m’étiole tout de même.


« Et toi ? Qu’est-ce que ça fait de toi, hm ? Un frère cherchant à baiser l’amante de sa propre sœur … pour ne pas la baiser, elle, directement. » Elle se fiche des mots crus, de ce murmure vicieux dévoilant le vice de l’inceste qu’elle ne peut que percevoir. Elle ignore si elle méprise, si le dégoût la brise et pourquoi. Abaissant lentement son bras, elle s’avance et c’est à son tour de souffler le chaud contre l’infernal fournaise qui habite l’homme en face d’elle, soupir contre la mâchoire qu’elle n’embrassera plus « Dis moi, James, frère de Médée, c’est elle que tu cherchais en moi. J’me demande qui est le plus à mépriser entre toi et moi. Tu arrives encore à t’mater dans un miroir ? » Elle ne peut que riposter par des balles d’argent pour le brûler, se hait de le piquer ainsi car elle le comprend peut-être trop, car elle se sait aussi tordue qu’eux, paumée, oui, perdue dans un labyrinthe où Médée fut la première à l’entraîner, où James vint la chercher pour la prendre et la délaisser dans un coin pour mieux aller trouver sa tendre sœur. Fermant un instant les yeux, elle le contourne vivement, le bousculant de son épaule, pour qu’il ne voit pas les larmes qui finissent par s’écouler, les essuyant vivement de ses paumes, avançant lentement vers la table. Le vice d’un sourire s’esquisse tandis qu’elle se saisit du verre qui doit lui appartenir, l’emplissant du vin rouge qui fera l’affaire pour un soir où il n’y a à fêter que la défaite. Se détournant vers lui, appuyant sa croupe contre la table, le grand New-York pour observatoire, elle esquisse un sourire, élève son verre vers lui « Félicitation, Connard. Tu m’as bien baisé, dans tous les sens du terme. » Et elle dépose ses lèvres là où les siennes s’y sont posées avalant bien rapidement un vin bien cher mais dont elle se fiche du prix avant d’observer le joli verre, un doux cristal, une belle vaisselle, un luxe qu’elle put s’offrir un jour. « Où elle est ? » Pointant l’autre couvert d’un mouvement de tête, la langue pleine d’amertume et du millésime purpurin, elle reprend d’une voix douce et brisée à la fois, un écho à la cave qu’elle est devenue depuis longtemps, là où tout résonne et où l’on peut aussi se cacher. « Elle est au courant au moins ? Qu’tu baises puis que tu mens ? Elle lui ressemble, j'en suis sûre. Blonde aux yeux bien clairs et à la peau bien pâle, comme tu les aimes hein ? »

Car tu y penses, pas vrai ?
A la belle Médée,
A ta magnifique sœur,
A mon amante qui n’est plus,
A la louve blanche dont le pelage doit se mêler si bien aux tiens.


La violence l’abrite alors qu’elle se souvient de ses doigts sur elle, que tout lui revient comme un ouragan de souvenirs, que les moindres baisers s’emmêlent aux caresses qui disparaissaient sur sa peau détruite qu’elle n’ose jamais montrer. Trahie. Trahie par deux fois. Par l’une et l’autre. Un sanglot lui échappe, mêlé à un rire avant qu’elle ne passe sa rage sur le verre, qu’elle ne le lance vers lui pour qu’il se brise, le ratant. Elle ne fait pas gaffe au bordel qu’elle emmène avec elle. La voix traine alors qu’elle se détourne « Tu savais … Tu savais que j’avais honte de mon corps. Tu savais que je ne me serai jamais montrée si tu … » Ses deux paumes rejoignent le plat de la table en un bruit sourd et tonitruant, laissant exploser un sanglot d’enfant, haïssant sa laideur et ce qu’il vit d’elle.

Tu as les armes pour me tuer,
Tu as toutes les armes pour m’achever,
Utilise-les,
Utilises-les maintenant qu’on en finisse.


Malgré sa détresse, la voilà qui se saisit de la bouteille de rouge pour mieux se détourner, faussement heureuse, son sourire empestant le désespoir, mouillé par les larmes qui ne font plus que s’écouler désormais. « J’espère que t’as pas trop gerbé après m’avoir vu à poil, que t’as bien ri d’avoir baisé une brûlée hein ? Un bel acte de charité pour une lépreuse. » Le goulot est prêt à s’élever à ses lèvres humides alors qu’elle le fixe, qu’elle le maudit, qu’elle est la rage pure, qu’elle espère une riposte, une guerre, une guerre où il ne restera rien d’elle, qu’il la tue ici et maintenant. « Tu avais raison, James. Tu n’as rien à voir avec ceux que j’ai fréquenté. Tu es pire. » L’ode finale à son désespoir de fille entichée pour un soir, son cœur tordu, déclamant sa détresse, abandonnant enfin sa bouche au vin pour boire, boire, boire jusqu’à tout régurgiter peut-être, se fichant bien que quelques larmes vermeilles s’écoulent hors de sa bouche enfin guérit du point qu’on lui a mis lorsqu’on l’a mené jusqu’à la reine Marlowe avant de se laisser aller contre la table, les chandelles pour lueurs révélatrices cette fois, oscillant sur leurs visages d’âmes perdues, donnant à leurs faciès l’aura du désespoir, de la crainte, de l’amertume, de la folie, de la tendresse, des supplications qui ne se diront pas, pleurant d’avoir espéré pour eux, pour elle, pour lui, pour ces âmes liées par le sang qui se jetteront sur elle pour qu’il ne reste que sa carcasse, condamnée depuis longtemps.  


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Message Sujet: Re: hurlements d'outre-tombe — James    hurlements d'outre-tombe — James  Empty Dim 7 Mar - 0:40


hurlements d’outre-tombe
@cosima black

et dans l’enfer qu’elle offre, il est prêt à plonger. revenu devant elle, il ne fait que la regarder, la toiser, se hisser de nouveau sur les ergots tranchants d’une fierté qui lui est douloureuse tant il sait ne plus pouvoir l’arborer. le coup qu’elle a osé porter fait écho aux gifles de médée, la haine se conjugue à une brûlure innommable. depuis les heures de la nuit qui filent ce désaveu, il oublie tous les serments pour les déformer au fer rougeoyant de sa rage. il les déchire c’est vrai, puis les reforme aussitôt, avec une précipitation malsaine et des tremblements angoissés. la nuit s’éventre sur des insomnies qui l’enchaîne à des sensations passées ou bien futures, impossible de le dire, c’est comme une prophétie qui s’écrirait directement sur sa peau excédée. et quand cosima le regarde ainsi, le rejette et appelle également toute la fêlure de leurs tourments réunis, il a l’impression de ressentir de nouveau cette hérésie s’enfoncer dans sa chair. une violence qui soulève la bile dans son estomac, lui rappelle ce dîner aussi placide qu’inintéressant, qu’il renvoie à des limbes grises et froides. ce quotidien ne lui ressemble pas, mais la joute qui s’amorce entre eux permet enfin aux fers hérissés de fléchir leur poids, il pourrait presque s’en débarrasser, briser enfin les chaînes et se jeter dans les abîmes avec elle. l’entraîner plus loin encore que les mots ne le font déjà. quelque chose en lui jubile de ces regards qui parfois dévient en direction de la table où s’écrit la fable d’un repas amoureux. la disposition est trop proche pour qu’il s’agisse là d’un repas d’affaire, et le penthouse jette des feux tamisés sur la scène désertée par le couple anonyme. james peine à se dire qu’il s’agissait de lui, assis là bas en face de la blonde sculpturale, et pourtant, il pourrait se moquer des airs doux et presque affables qui firent la beauté de son masque. airs tous dissouts depuis qu’elle est ici, depuis que la ferveur d’un geste s’est refermé sur la fragilité de son poignet. depuis qu’il s’est rappelé que bien que morcelé, il pourrait encore la briser. et la proie excave un rire disgracieux qui lui plaît, il s’en délecte presque, il y voit une disharmonie peu commune, comme si l’indécence de son jeu venait porter des ombres iniques sur ce qu’ils furent l’un pour l’autre dans le secret trouble d’un autre domicile, naïade à la nudité dévorée par des flots bleus, azurs sur le fiel de leurs désirs, qui s’étaient imaginés éternels. ce soir, ce soir il ne la désire pas. il pourrait le clamer, il pourrait le lui dire, le lui hurler bien sûr. il pourrait lui mentir. car en moi s’opère déjà les sortilèges que tu sais tendre, rien que par ta présence, rien que parce qu’elle t’a vue, t’a parlé, t’a conté l’histoire de notre mort, et que te voilà passagère, charron de deux corps qui crèvent de s’enfiévrer et qui ne peuvent pourtant pas le faire. alors le styx est devenu un fleuve noirâtre, sans fond et sans horizon, uniquement ce gouffre que tu offres en te présentant devant moi. uniquement un autre trépas. pour que de deux corps, la métamorphose hideuse en fasse trois. alors qu’il joute, et qu’il frappe d’estoc, directement dans la chair tendre de cosima, là où se planquent les rêves verdâtres de l’héroïne, il se baigne dans les enfers qu’elle déploie, il y convole, il y conçoit leur compromission et l’adule entièrement. quand les larmes viennent approfondir son regard noir, il inspire brusquement pour contenir la laideur de son excitation, malsaine et fourbe, qu’elle parvient à achopper sur sa silhouette froide. la réplique offerte est contenue par la rage qu’elle invoque, et il sourit méchamment de ce qu’il croit être une effroyable supériorité sur son corps décharné, fille perdue jusque dans l’antre de la bête qui s’apprête à la déliter. mais il devrait savoir, il devrait le savoir mieux que quiconque… la proie acculée finira toujours par mordre, par chercher à s’abreuver du sang du prédateur pour que sa mort ne soit guère que les prémices d’une blessure purulente, qui finira par emporter l’outrage dans les veines ensanglantées de leur conte morbide. ça sourde, ça sourde là, sous la peau qui perle d’envie et d’effroi. il entend, la fresque qu’il a toujours peinte et perdue à l’orée de sa perdition se voit défigurée par les mots crus, ignobles qu’elle balance et james se fige, les poings serrés, l’envie de tuer ancrée profondément dans ses prunelles sévères. l’aigreur de son rire est éclatante, et pourtant la morsure de ses mots est cinglantes. le roi est ébranlé et pourtant il demeure droit, déploie ses ailes d’ange déchu devant celle qui a l’outrecuidance de le juger. puis il se fige devant la violence qu’elle élève de nouveau, son poing armé pour rencontrer la hargne qui dégueule de son visage, et il ne dessine ni un souffle, ni un geste pour l’arrêter, comme s’il appelait une toute autre étreinte, et qu’il reverrait ce qui s’est élevé dans la chambre d’une morte à long island, en rejouant ici chaque sursaut infâme. j’imagine qu’une petite camée ne peut que me cracher sa piètre morale à la gueule. je t’en prie, ferme-la, tu ne nous connais pas. ni elle, ni moi. et tu en crèves d’envie pourtant, voilà pourquoi tu cherches à nous enchaîner dans tes concepts ridicules. son souffle, encercle le sien, elle est si proche, tandis qu’il sourde, vipérin bah quoi, tu ne frappes pas, c’est pas le seul langage que tu connais, petite fille perdue au milieu des concepts de deux adultes qui te dépassent. il la respire, il ne s’en cache pas, joue même sur ses lèvres une expression moribonde et malsaine. et alors, si c’est le cas, tu vas prétendre que tu me voulais en toi ? que tu étais une prise innocente, éperdue de mon corps quand tu souhaitais tant le sien… les cuisses écartées, pour elle, pour moi, faut-il vraiment un sens à tout ça ? je t’en prie, ne t’humilie pas encore plus que tu ne l’es déjà.

mais dans ses yeux, dans leur clarté amère, il y a les mânes de l’héritage empoisonné, la déviance qu’il croit porter, et qu’il élève pour qu’elle se mire dedans, qu’elle détourne les yeux ou qu’elle s’y aveugle, peu lui importe en vérité. il ne pourrait prétendre devant elle être animé de cette sainteté qu’il balance en première page des journaux. devant elle il est ce dégénéré qu’elle conspue et qu’elle juge, les mots vicieux sur ses lèvres ourlées, qu’il s’est pris à embrasser avec voracité quand encore il l’étreignait dans le noir. lorsqu’elle le bouscule, il est un bloc de marbre dont les veines noires montrent toute l’étendue du mal qui le ronge, il ne bouge pas, de peur de vouloir la retenir, de vouloir bien plus que cela, l’étreindre, l’étrangler, jusqu’à ce qu’elle ravale les mots portés qui désormais ne quittent plus son esprit. sa respiration saccadée n’a d’égale que le martellement qui bat dans ses tempes, il se retourne pour suivre sa trace, avalant l’air tel un fauve qui s’apprêterait à bondir. les atours qu’il porte, angéliques et blafards lui donnent l’air d’une âme perdue dans des firmaments bien trop obscurs, il se baigne dans la clarté de la fin de l’hiver nocturne, et des chatoiements de la cité tentaculaire sur laquelle il voudrait tant régner. le verre, ses lèvres, là où il a posé les siennes, il déglutit lentement, et reçoit ses compliments empesés par leurs mensonges, sans détourner les yeux, préférant la déshabiller de sa très factice assurance avec une cruauté notable enfoncée sur son visage. elle cherche l’ombre d’une compagne illusoire, il suit bien malgré lui le colimaçon qui mène à l’étage, à la chambre, au lit qui accueillit tant de corps qu’il consomma sans aucun sentiment, sans véritablement passion, en se racontant les fables mécaniques qui soulèvent la chair des hommes pour pervertir les entrailles des femmes. il joue, il s’amuse, il appuie sur cette jalousie manifeste qui l’indispose et qui le flatte. pourquoi ? si elle était dans mon plumard, tu irais l’avertir ? il roule des yeux et avance, lentement, patiemment, féline démarche qui la rejoint sans tout à fait l’aborder, de peur sans aucun doute de ne plus savoir contrôler ni ses pensées, ni ses mots, ni ses méfaits. il secoue la tête, comme rompu par un énervement et une fatigue qu’il ne parvient plus à chasser, avant que la mélancolie ne s’invite dans ses iris qui continuent de la confronter. il élève un geste fébrile, avant de laisser retomber sa main tout contre lui. ça t’arrangerait hein ? la petite histoire que tu viens vomir jusqu’ici… que je ne baise que des filles qui lui ressemblent, oh cosima, chérie. il appuie, la moquerie vient dessiner un fin sourire sur ses lèvres. je baise souvent des brunes comme toi si tu veux tout savoir. peut-être moins maigres, peut-être moins bousillées. mais ta démonstration n’en est pas moins… pathétique. un pas, un autre, plus précipité alors que le sanglot qu’elle ravale l’appelle et le fascine. sans doute est-il trop proche d’ailleurs pour qu’elle ne le tolère et qu’elle ne se venge pas sur le cristal qui explose à ses pieds. il marche sur le verre brisé, sur les sursauts de leurs deux corps enlacés, sur les images qui se rappellent à lui, dans toute leur sensualité. intimité piétinée, sur le parquet ouvragé. et cette fois-ci il ne recule plus, il la rejoint au moment où les mots murmurent la douleur de cette trahison qu’elle ressent dans son corps, et qui le rend pour lui d’autant plus attirant. elle a raison, il se demande alors comment il lui est encore possible de croiser son reflet, aussi brisé que tout ce qui gît déjà à ses pieds. le silence ponctue son aveu, avant que la table ne tremble, que les signes de ce repas avorté ne saccadent toute leur indigne réalité, et il demande, éventrant le silence comme il l’a éventrée elle, en se servant de son désir, en se nourrissant de son plaisir, encore et encore. si quoi ? il appelle la sentence, le châtiment, se faisant juge à son tour, et puis bourreau, la regardant avec une émotion qui envahit son souffle et son ventre. il attrape son bras, dans un mouvement similaire à celui qu’il traça quand elle apparut sur son seuil, l’envie d’en découdre aussi prégnante que celle de se défaire de ce qu’elle déclenche chez lui. ta gueule, putain… ta gueule. et arrête avec ça. c’est un cri rentré, rauque, alors qu’il trace ce geste qui pourrait la frapper, balayer son visage assassin pour qu’il puisse s’en délivrer, arracher sur ses traits cette vérité insupportable que désormais il ne pourra que lire. c’est la bouteille cependant qu’il lui oblige à lâcher, et qui roule sur le parquet, se vidant d’un liquide pourpre, stigmate de leurs crimes, et de ce qui tend irrémédiablement leurs corps dès qu’ils sont confrontés l’un à l’autre. et il serre son bras, et il serre plus fort, la regardant, ne faisant plus que cela, invoquant des souvenirs qui la rendent imparfaite. dans la somptueuse imperfection qui continue de l’attirer, sans relâche, depuis qu’il l’a rencontrée. et il la maudit pour cela, il aimerait savoir porter de nouveau ce geste pour en finir avec les blessures qu’elle a abandonnées dans sa mémoire. ses doigts tremblent quand ils se saisissent de son visage, le malmenant en l’obligeant à le regarder, à regarder celui qu’elle insulte, qu’elle arrose de sa haine. son pouce essuie les larmes de sang qui se mêlent aux perles nacrées, durement, et il siffle : qu’est-ce que tu es venue chercher, hein ? l’aveu de ton ce dégoût que tu portes dans tes tripes, tu veux que je le ressentes aussi ? tu veux que cette nuit ne se résume qu’à ça ? tu veux que j’te dise que j’ai joui parce que je l’ai imaginée elle, là, enfoncé dans ton corps et tes cicatrices ? c’est ça que tu veux entendre ?! et le cri sort enfin, sur elle, il crache les mots, et la douleur, et l’impiété qui le transperce et ne saurait toutefois jamais le navrer, car il est corrompu, entièrement corrompu par cette obsession qui le meurtrit depuis l’aube de ses enfers. et il caresse son visage, sa joue, et la fureur qu’elle arbore, splendide fureur, si identique à la sienne. qu’est-ce que tu cherches à prouver ? parce que je te crois pas. j’te crois pas, tu mens depuis que t’es ici, tu mens. je fais que ça, baiser des corps qui mentent. le tien il mentait pas. il répète, murmure injure qu’il appose pourtant tel une caresse, la seule qu’il puisse lui offrir. le tien mentait pas. le mien non plus.
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Message Sujet: Re: hurlements d'outre-tombe — James    hurlements d'outre-tombe — James  Empty Dim 7 Mar - 12:24


hurlements d'outre-tombe


Tes mots écorchent ma peau morte et meurtrie,
Tes mots me tordent jusqu’à l’agonie,
Je pourrais supplier pour que tu taises,
Je pourrais oublier les miettes de ma piètre dignité
Pour qu’à jamais, tu ne m’offres plus aucun mot.

Ton regard suffit,
Ton regard frémit et dans les eaux sombres qui rencontrent les miennes,
Nous nous sommes déjà compris.

Bien sûr.
Bien sûr que suis-je entre vous que je connais à peine ?
Que suis-je si ce n’est que le linceul qui couvrira vos deux corps trop aimés ?
Je suis peut-être un peu la Mort comme le Néant,
Je suis le Rien de votre Tout, témoin de vos infâmes turpitudes.


Elle pourrait en pleurer encore, de comprendre, de savoir que jusqu’alors, elle qui se pensait tant désirée, n’était qu’un objet de distraction, un objet de torture pour l’Autre, un moyen de poinçonner la sœur ou le frère. Ce soir-là, Médée ne lui tint pas la main pour elle mais pour lui, pour lui faire mal et elle ne s’apaisa sur son corps lorsqu’il fut partie que pour oublier les maux d’un mal qui devait la ronger. Ce soir-là, encore, James ne vint pas pour elle comme il s’en vanta. Il vint pour oublier la femme interdite, ce fruit défendu qu’il ne pourrait jamais mordre à moins de se délester à jamais d’une part de lui-même tout en se conjuguant, elle le devine, à la perfection totale d’une fusion inégalable. Ainsi, elle ignore ce qu’elle est venue chercher ici. Ils sont un tout et la voilà vide et seule, comme au commencement, comme à sa naissance, où personne ne voulut vraiment d’elle et de sa carcasse chétive. Elle était la rage, la peau sur les os, refusant de manger la crasse qu’on lui donnait, une sale gosse de la terre cuite qui ne pleurait jamais que lorsque la colère la submergeait et cette nuit, rien ne change. La voilà qui sanglote car elle se voit étranglée par la meurtrissure de la haine, de la peine immense qu’il ose lui faire. Elle ne fut rien et le comprend, se maudit d’avoir cru à de beaux mensonges, se maudit d’avoir pensé qu’être à ses côtés, à leurs côtés, pourrait suffire à être aimée d’eux. Ni Médée, ni James ne pourront lui donner ce qu’elle attend tellement, funambule en déséquilibre sur sa longue corde qui n’en finit plus. Et j’aimerais te confier que me voilà épuiser de me battre contre le vide, de le fuir par le poison, par la défonce, que je me gerbe moi-même lorsque j’ose croiser mon reflet, que je ne fais que parler de moi lorsque je te crache mon fiel, que je souffre de savoir n’avoir été qu’une camée, qu’une brûlée, qu’une amante de passage qui ne servit à rien d’autre qu’à faire un pont entre vos deux corps enchaînés à la condamnation de ne pas se toucher. Et les larmes noient bien les joues de la damnée qui tourne encore le dos à l’ange sombre qui piétine le verre, quelques larmes salées mouillant la table où le cimetière d’un dîner romanesque ne fait que trembler sous l’impact de ses mains, où elle explose lentement, napalm décadent de son immense désespoir d’être un jour prise à sa juste valeur.

Mais que mérite-t-on lorsqu’on ne vaut pas grand chose ?
Que mérite-t-on à part les illusions, un peu de pitié, un peu de miettes d’amour,
Et ensuite ? On la laissera dans le cercueil où sa mère l’enterra dès le premier souffle échoué.


La peur de l’abandon et du désamour lui ronge l’estomac et manquerait de la faire vomir ici alors même qu’elle préfère s’enivrer, les mains nerveuses se détournant pour mieux voir l’homme déchu et fichu s’avancer elle, le crissement du verre sous sa semelle faisant écho à ce qu’il a pu faire des sentiments qui ont naquit, pour elle qui ne croit à aucun coup de foudre, à aucun coup de cœur, blasée d’avance par l’existence, elle croit à ce qui prend du temps jusqu’à ce que Médée lui revienne, jusqu’à ce qu’elle ose ouvrir cette porte dans cette suite tamisée où elle découvrit un roi au visage qui ne lui prédit qu’un avenir terrible. Sa beauté l’agresse et chaque recoin du corps observé malgré elle lui rappelle ce qu’elle toucha et pris pour elle mais qui ne lui appartiendra jamais. Comme Médée ne le sera pas. « Toi et moi nous ne sommes rien. » Et la voilà qui ne peut que pleurer davantage en se souvenant de ces quelques mots terribles qui firent frémir de dégoût son corps entier. Elle qui pensait … mais qui pensait trop, en réalité. Trop penser amène avec lui le terrible espoir et la voilà honnie par le regard qui vient sur elle. A travers le brouillard de ses sanglots muets, elle ne peut que percevoir ce qu’il combat en lui et manquerait de sourire à la haine qui prend forme dans les prunelles dans lesquelles elle plongea. « Je partirai, surtout. J'me fiche de qui tu baises. » Elle n’ira rien dire si une putain blonde ou brune se loge sous les draps à l’étage, elle ne fera rien de plus que fuir pour ne pas sentir le poison bien plus destructeur et ravageur de la jalousie que n’importe quelle drogue qui circule dans ses veines. Elle chutera loin de son regard, elle hurlera sa peine sans qu’il ne soit là, d’avoir, par deux fois, été rejetée. Sa propre voix étranglée lui parait venir de loin, le poing serré autour du goulot, ivrogne morcelée par la vie, faiblarde étant prise par les serres du vautour venant se poser près d’elle et dont le parfum la ramène à la nuit conspuée. Son ventre expire l’arsenic du vice pour trouver ses cuisses aux souvenirs des sursauts, des lèvres couvrant les siennes, des soupirs avalés, de l’âme qu’elle effleura, de ce sentiment de ne pas vivre une nuit parmi une autre, une nuit qu’on pourrait garder en soi comme un cadeau pour ne pas oublier, qu’un soir, une pauvre fille fut désirée par un homme qui aurait pu en avoir bien d’autres. Elle aurait pu en chérir tous les détails s’il ne venait pas d’en décimer la carcasse. Elle pourrait rougir de l’avoir souvent voulu auprès d’elle par la suite, d’avoir fait de ses nuits solitaires des moments d’hérésies erotiques, mélangeant en son esprit dégradé les lubies de deux corps épanchés sur elle, sa main non-blessée plongeant dans la rosée d’un désir trivial s’emmêlant à la tendresse, à l’envie, au frénétique besoin de leurs corps contre le sien, schéma de l’impossible, des fantasmes que l’esprit humain ne saurait avoué à celui qui lui fait face. Il insiste, il demande, il exige de ce timbre profond, loin des râles qu’il poussait grâce à elle, loin de l’orgue rauque qui soufflait sa vicieuse mélodie dans le secret de son cou. Elle le fixe, la pointe de son nez rougit par les larmes, ses yeux cernés du même rose de la douleur, ses prunelles le haïssant pour ce qu’il fait éclore en elle, serrant férocement les dents pour ne lui offrir que l’insulte d’un profond silence et d’une gorgée de plus. Rien dans l’estomac, rien d’autre que ce vin parfait qui parvient à la faire expirer un rire presque enfantin qui le méprise.

Non.
Non, tu ne sauras rien de plus, James.
Tu n’auras rien d’autre que ce rire qui te dédaigne,
Peu importe que ma langue soit de plomb et en ait beaucoup à tirer.


Mais le rire s’efface, comme le sourire lorsqu’il repousse les limites, lorsqu’elle se voit de nouveau attrapée par la poigne qui plisse les cicatrices, qui fait ployer les muscles et les os. Elle siffle entre ses dents, le souffle éreinté son visage s’élevant vers lui, effrontée, quelques mèches brunes s’enroulant en serpents noirs sur ses joues humides, l’apparence d’une fille médiocre dont quelques gouttes de sang s’écoule le long des lèvres quand le reste s’étale à leurs pieds. Ils sont un crime à eux seuls, un meurtre qu’elle aimerait répéter mais qui ne mérite pas de l’être, mourant de l’envie de crever entre ses bras et qu’il lui offre à nouveau la belle chimère d’être aimée. Inspirant profondément, elle entraine dans son sillage son parfum qui l’enivre aussi sûrement que le vin qui glisse de la bouteille sur le sol propre et blanc, comme le vice s’écoulerait d’un cadavre qu’ils viendraient de poignarder à maintes reprises. L’injonction la fait sourire, la menace d’une attaque laisse naître l’écho brûlant d’un désir immonde sous les seins qui épousent son corps, fondent contre lui, laissant bien sentir qu’elle ne porte rien sous son pull de laine, qu’elle s’est habillée dans la ferveur, sans chercher à être plus belle que ce soir-là. Elle lui apparait comme elle n’oserait apparaître à personne : humaine, laide dans sa douleur car il sait déjà tout sans qu’elle n’ait rien eu à dire. « Que j'arrête avec quoi ? Avec quoi, James ? » Morne question, timbre brisé comme le cristal pilé sous sa semelle, son souffle aviné venant embrasser son visage, rendant le tableau entre eux bien sordide, le blanc rencontrant la sombre entité qu’elle est, pourtant bien fragile et ne faisant peut-être pas le poids sous sa carcasse. Elle résiste à s’avancer, pour le plaisir de retrouver le refuge des lèvres, pour sentir l’odeur d’une peau qu’elle ne connait encore qu’à peine mais dont le souvenir l’a marqué, tout son corps se sculptant sous la haine de l’envie qui la détruit, de son ventre s’agitant trop fort, sa poitrine s’élevant, sa tête oscillant comme si l’ivresse la possédait déjà et elle ne cherche pas à se libérer de la poigne qui l’étreint plus fort comme il pourrait étrangler son cou, la faire ployer sous sa hargne meurtrière et ne laissait d’elle qu’un corps vide tombant près du vin rouge qui danse et serpente encore le long du marbre veiné de noir, macabre tableau qu’il pourrait peindre sans qu’elle ne lui en veuille. Elle ne respire qu’à peine lorsqu’il se saisit de son visage, expirant difficilement, sa main libre venant agripper le vêtement immaculé pour le froisser entre ses doigts, comme une riposte ou une supplique silencieuse. Achève moi. Achève moi.

Ses questions la trouble et elle secoue la tête, cillant face à au cri qui la maudit et qui sort enfin de la cave de sa poitrine, les lèvres tremblantes qui viennent se laisser embrasser par le pouce qui essuie les ravages purpurins dans la brutalité, dans la violence mal retenue et elle attend qu’il en ait finit pour reprendre, brisée entre ses mains « Quoi d’autre ? Quoi d’autre putain ? Tu veux m’faire croire que tu m’as baisé pour ce que je suis ? Moi ?! » Qu’importe qu’une amante soit à l’étage, qu’importe qu’elle entend sa douleur, qu’importe ceux qui pourraient se faire témoin de l’ignoble perdition offerte aux yeux de l’homme fou. Elle n’est pas mieux, aliénée par maelström de sentiments qui ne sauraient être nommés. Y’a-t-il seulement un nom à donner à la douleur, à l’avilissement qui veut voir son corps en mouvement contre le sien ? Un rire léger mais frisant l’hystérie vient la secouer, écho à celui lâché face à Médée, les larmes continuant leurs courses mais elle se fiche bien du visage qu’elle lui donne, de l’image qu’elle laissera d’elle à présent « Tu étais venue pour elle. Pas pour moi. Arrête. De. Mentir. » Entre ses dents serrées, chaque mot sort avec la hargne mal retenue d’une hyène prête à la riposte, peu apeuré par ce qu’elle pourrait déclencher en lui. Dans ses yeux qui embrassent les siens, elle voit tout, elle voudrait croire à ce qu’elle croit y lire, toutes les lignes des aveux que les lèvres ne diront pas. Sa main crispée sur lui voudrait s’élever et elle refuse alors de faire face à qu’il avoue, fermant les yeux aussi fort qu’elle peut, cherchant à se libérer après de longues secondes pour fuir l’espoir qu’il nourrit. « Stop. La ferme… » un premier murmure, un sanglot qui sonne comme le son d’une bombe prête à éclater et elle secoue vivement la tête malgré sa poigne « Stop ! » hurle-t-elle enfin en rouvrant ses yeux en tentant de le repousser mais ne faisant que ricocher contre lui pour que son corps bouscule la table derrière eux, les bougies oscillantes, l’argenterie chantant. Lentement, très lentement, phalange après phalange, elle libère le tissus froissé pour laisser sa paume glisser sur l’abdomen pour rejoindre le plexus solaire où plus rien ne brille pourtant, pour trouver là où le cœur se débat, sentir la vie faire rage et combattre. « T’as raison, j’ai pas menti. Je t’ai donné ce que j’avais de plus cher. Je t’ai abandonné ce que je ne montre à personne. Toute ma putain de laideur, toutes mes putains d’failles et j’ai osé penser que … » Elle suffoque, mouillant les doigts qui endolorissent sa mâchoire et qui la détiennent de sa douleur humide. Alors vient un sourire mélancolique tandis qu’elle s’avance, qu’elle se fond contre le corps qui lui a manqué et le sien le lui avoue sans qu’elle n’ait besoin de rien dire, glissant sa main plus haut encore trouvant son cou et son visage, son pouce venant contre la pommette que son nez embrassa dans une nuit clairsemée de bleu. Couleur de leur solitude commune. « Dis moi. Dis moi que t'as joui pour moi, que tu m’as voulu, moi, pour ce que je suis. Que même si elle était dans nos putain d’esprits, c’était moi que tu voyais. Que tu n’as pas été dégoûté par ce que tu as vu. Que rien qu’un peu, tu m’as aimé le temps de ce soir-là. » Et elle ne peut plus rien arrêté, prise dans le sillon de sa folie, fermant les yeux pour laissant aller toutes les larmes retenues depuis des jours, pour que son souffle vienne tout contre le sien, quémandant l’ignoble baiser qu’il pourrait lui donner avant de reprendre dans un murmure « Sinon tue moi. Tue moi, James car j’ai déjà tout perdu. En toi et en elle. J’ai tout perdu. »

Pour rien.
Pour tout.
Pour quelques temps d’éphémères,
Pour l’impression d’être en vie et d’être un morceau de ce monde.
Pour l’idiotie de sentiments qui sont une énigme sans solution,
Pour elle,
Pour toi,
Pour nous.



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Message Sujet: Re: hurlements d'outre-tombe — James    hurlements d'outre-tombe — James  Empty Lun 15 Mar - 22:00


hurlements d’outre-tombe
@cosima black

elle ne répondra pas, elle ne répondra rien. rien qui ne puisse faire sens en cette nuit révolue, cortège de celle qui fut l’unique mensonge, s’improvisant vérité. chaque mot prononcé, il l’a pensé, il l’aurait bien gravé contre la nacre de l’épiderme pour y abandonner les maux qu’il était alors incapable d’avouer. tous les maux, médée les a réveillés, en le touchant, en lui arrachant les serments de jadis pour qu’il les renouvelle dans les vestiges horribles du mausolée. le voilà parcouru d’une fièvre qui porte bien haut le visage de toutes ses indécences, et devant celle qui recueillit l’opprobre, il tremble, de haine et de désir, tour à tour pour ce qu'elle est, et pour ce qu'elle songea devenir, dans le creux de ses bras, et sous l’assaut de son plaisir. la vérité, c’est que quelques minutes seulement, elle fut pour lui et l’écueil et le refuge, la vindicte et le baume sur les blessures. quelques minutes, elle a représenté ce tout qu’elle semble incapable de saisir, incapable de dire. il attend, les mots tus, les mots meurtriers, qui pourraient achever au fil de la lame la fresque hideuse de leurs deux corps emmêlés, mais il n’obtient que le silence pour embrasser sa fièvre, et sa fausse froideur pour héritage honni. alors le geste avoue ce que les mots retiennent, à l’orée des lèvres et dans la folie des regards. un héritage du vide pour ne rien concevoir. avant qu’un pas ne dessine l’ignoble, les corps haïs qui s’émeuvent un instant de se retrouver enchaînés par la colère et par l’effroi d’encore se vouloir. au moment où elle se presse contre lui, c’est la même urgence, la même hérésie, qui fit de deux solitudes un indigne mariage. épousailles morganatiques, couronnées par les astres et leurs sourires menteurs. il fallait la prendre, la dérober à celle qui avait porté ses hommages sur son corps, préférant dédaigner le sien, oublier dans d’autres étreintes celle qui révéla ce qu’ils seraient l’un pour l’autre. aujourd’hui et à jamais, médée et james, êtres déchus d’une même entité, ancestrale et changeante. son visage arraché aux siècles infernaux, regarde l’égarée, affronte la frénésie pour se l’approprier, la lui arracher encore un peu, jusqu’à ce qu’il ne reste rien de la sacrifiée. offrande dévorée par les loups, sous les lueurs irisées d’une lune trompeuse. l’astre blanchira bientôt les os, où les serments fourvoyés seront pourtant gravés, aussi profondément que la moelle que l’on aura extrait. d’elle, plus rien, de cosima des cendres, qu’ils auront avalées, l’un et l’autre, pour mieux se retrouver. consommation ensorcelée, qui chante ses exigences, sur les lèvres de l’aîné, en un sourire tranchant, qui planque les crocs mais pas les mots qui s’ébauchent contre eux. les mots silence, qui se taisent à leur tour, pour avoir trop saigné la pâleur de l’amante. je ne te dirai pas, que tu fais d’un vertige un très atone vestige, que bientôt de toutes tes certitudes, tu pourras arracher, chaque mot, chaque vérité qui savait se planquer, dans mes regards brûlants, et dans l’exquise apathie qui nous conjugua juste après, pour mieux te dire, les peurs que je gardais. routes méandres, où tu précipitas ton pas, pour rejoindre la haine, plutôt que de l’oublier. l’adresse tu l’as et tu l’as retenue, tu aurais pu déchirer, et l’offrande et l’invitation empoisonnée. mais ce poison tu l’invoques, tu fais mine de conspuer, ce que tu boiras bientôt, jusqu’à l’agonie.

sous ses doigts, il appose la vie, et toute la tourmente. en retraçant ses traits, il la modèle autant qu’il la dédaigne, et pourtant, à trop la regarder, il se souvient de chaque mouvement, de son corps sous lui, de sa langoureuse litanie. l’envie d’elle est poignante, elle s’épanouit depuis les secrets de sa mémoire, emprunte des chemins, qui furent à eux seuls, mais qu’il parcourut également, il y a deux nuits seulement aux côtés de son double. tout ce désir qui brûlait dans ses iris et qu’il interdisait dans sa chair, fleurit en une douleur impérieuse qu’il imprime sur sa joue et sur les lèvres charnues qui pourraient silencer, et l’envie de trop, et celle qui n’est jamais assez. les cris entravent les corps, loin de les désunir, les voilà opposés pour mieux trahir ce qu’ils aimerait creuser. épancher les humeurs maladives, dans la brûlure du sang et du stupre mêlés, cabale impie pour mieux se préserver de la chute qui s’amorce. j’ai eu envie de toi dès que tu es apparue, dans cette putain de chambre. et déjà, tes cicatrices couraient sur la chair que tu ne voulais pas dissimuler. tu veux que je te dise que c’est pas vrai, tu veux me faire croire que j’invente, quand déjà tu m’appelais, à me menacer comme la chienne que tu es ? les mots serpentent, de l’agonie troublante dont ils sont issus, la parabole tisse son visage duel, le désir s’instille dans ce qui est défendu, inaccessible vice que l’on placarde sur qui pourra nous délivrer. et elle, elle, il a immédiatement su qu’elle le pourrait. parce qu’elle appartenait à médée bien sûr, parce qu’elle était le rempart à la ferveur malsaine qui s’était élevée, quelques semaines auparavant. et pourtant, c’est l’image de cosima, qui revint le hanter, des nuits et des nuits, quand il imaginait, la dérober, la forcer, l’abuser, jusqu’à ce qu’elle demande grâce. pour une seule raison, parce qu’elle a choisi d’être la proie décharnée, entre leurs mains avides. tu l’as voulu dès que tu m’as vu toi aussi. alors si moi je ne mens pas… qu’est-ce que ça fait de toi, dis-le moi, encore une fois. une putain qui voulait tant que deux astres apposent leur brûlure et leur hargne sur la chair offerte, en partage de l’éclipse, à contre jour des sentiments les plus nobles, les indignités que l’on vend, pour savoir exister. james et elle, en cela, ne sont pas différents, car il pourrait s’avilir, et s’avilir encore, pour posséder un peu de ce qui lui échappera toujours. et elle froisse, l’étoffe et les mots qu’il feule, injures pires que les précédentes sans doute, car elles se nomment sentiments. de ces sentiments vils et inavouables, que les humains désavouent pour pouvoir tolérer leur infime existence. mais james existe sur un tout autre plan, et il n’a aucune crainte lorsqu’il élève ses certitudes infamantes, contre celle qui lui revient pour mieux les pervertir. et elle crie à son tour, il boit son malheur, ses larmes et toute son agonie, il y revêt d’étranges lueurs qui semblent se déployer, en son âme et en son esprit, myriade d’images qui viennent se plaquer sur sa belle éplorée. et il a une sorte de sourire, amer et satisfait, quand elle demande grâce et qu’il ne lui accorde pas, ni l’apaisement ni le trépas. ses phalanges serrent, le visage ami qu’il emmène en enfer, pour mieux régner sur les landes désertes de sa rage inassouvie, alors qu’elle frôle, le corps conspué, en une caresse qui lui est aussi désagréable que proscrite. le murmure est brisé, quand il lui arrache cette fierté qu’il a déjà largement éventrée. et il pourrait le faire, inlassablement. penser que… c’est un souffle, souffle empire, souffle emprise, sur son corps, sa chair, qui se presse contre elle, contre le tissu duveteux qui ne dissimule rien, d’un temple désavoué, qu’il pourrait ravager. et qu’il ravagera. la certitude l’aveugle presque, et lui fait horreur. pourtant la fébrilité des mots qu’elle exhale le font entièrement trembler. et ses mains sur sa peau, et son corps, et sa bouche. l’étreinte furieuse desserre ses serres, et les doigts viennent s’attacher à la nuque, pour faire ployer tous les mensonges, et boire la vérité sur les larmes, comme des perles, qui sont la seule richesse, de celle qui peut le regarder, et voir toute la monstruosité, et la vouloir encore, contre elle, enfoncée dans son intimité, à exulter d’une souffrance qui se fait alors commune. et il n’a plus besoin de lui mentir, les mots saccadent la vérité qui tonne tel un parjure, à peine murmuré, à l’orée de ses lèvres. c’est toi que j’ai voulu, c’est toi que j’ai regardée. c’est toi que j’ai vue. pantelante, dans toute sa difformité, et j’ai aimé cela, car tu t’es offerte comme jamais personne ne l’a fait avec moi, personne ne se donne ainsi, tu as raison sur ce point, et je t’en veux de douter seulement que j’ai pu ignorer, et le prix du plaisir, et le prix de ton sang, que tu laissais perler, dans tes râles d’agonie, et dans la splendeur de ce que tu ressentais. il serre sa nuque, la ploie plus durement et il répète. je t’ai vue, cosima. et il l’embrasse, avec cette voracité qu’il renferme encore, pour une nuit arrachée, dans la chambre mausolée, pour le désir d’elle qui seule peut percevoir, ce qu’il perd chaque fois que son double le quitte. et la table tremble, sous le sursaut des corps, qui se cherchent, se rencontrent, alors que le cristal rejoint les firmaments les plus bas, éclate sur le parquet, éclats des larmes qu’il goute contre sa bouche, qu’il silence ainsi, dans la brutalité de son envie.
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Message Sujet: Re: hurlements d'outre-tombe — James    hurlements d'outre-tombe — James  Empty Dim 21 Mar - 15:11


hurlements d'outre-tombe


Malingre sous la colère qui les enlace, sous l’envie dévorante et méphistophélique qui enragent sous les peaux alliées, elle se voit pleine d’audace sur lui, se rappelle la nuit dotée d’un bleu serpentant sur leurs corps reliés par le désespoir, à la recherche de l’absence, dans l’attente de l’absolution sous la pluie des baisers nécrosant la peau déjà attaquée autrefois par l’incendie qui a irradiée sur les murs d’une vie décimée par le crime. Elle, qui n’est devenue une ombre lorsqu’elle fut un jour lumière, de rire et de sourires, la voilà pleine de larmes qui débordent, vase dont s’écoule le trop plein entre les doigts d’un prince noir qui ne demande qu’à lécher le sel de sa détresse. Elle s’accrocheur à la blancheur qui l’habille quand elle n’est que sombre, que couleurs ternes, un ciel gris tentant d’embrasser un nuage passant au-dessus de son esprit et s’y accrochant pour y laisser s’écouler un orage qui hurle entre ses cuisses qu’elle pourrait encore lui ouvrir dans le vain espoir de se croire vivante. Essoufflée sous l’angoisse, sous la lassitude de vivre et d’être obsédée par l’idée de n’être rien, de n’avoir été qu’un jouet dans lequel il a recraché sa passion pour une autre, elle sanglote pour ses espoirs piétinés, qu’elle croit mensonges et la voix vibrante près d’elle la pousse à secouer la tête, fermant les yeux pour se dérober à son regard ombragé par un désir qu’elle ne veut pas croire né pour elle. Ils n’auraient jamais dû se croiser. Ils auraient dû rester loin du monde de l’autre. « J’aurais dû tirer. J’aurais dû tirer. » psalmodie-t-elle de cette voix entrecoupées de tremblements, détruite sous les doigts qui enlacent son visage tendu vers lui comme pour y trouver l’air qu’elle ne peut plus se donner seule,  se retrouvant bien seule face à sa propre détresse qu’il ne pourra soigner ce soir. Il ne fera qu’y plonger pour la faire saigner davantage comme le fit sa sœur. L’aura mortuaire qui les enrobe n’efface en aucun cas la chaleur qui brûle dans son ventre creux, rouvrant à peine les yeux pour croiser le regard qui s’offre à elle sans aucune honte, sur ses lèvres qu’elle aimerait museler des siennes pour qu’il cesse de nourrir les ruisseaux pourpres de ses croyances purement humaine faisant d’elle un être cassable sous ses doigts. Il ne lui offrira pas la mort ce soir. Elle le perçoit dans cette manière qu’il a d’enrober son visage, soupirant sa fièvre alors qu’il avale sa tristesse comme s’il pouvait en gommer les dégâts qui rougissent sa peau, la rendre plus belle alors et désirable. Qu’y a-t-il à trouver en elle dans cette carcasse qu’elle représente et qui vacille tant qu’elle s’accroche à lui, une paume glissant pour trouver la chaleur irradiante de sa propre nuque, s’y attaquant de ses ongles, les hanches démangées par le même poison, un fiel qui ne demanderait qu’à être récolté par la langue qui la boit, se délectant malgré elle, malgré son immonde colère de ce qu’il lui offre, cette manière unique de la toucher et de la dessiner comme une muse de ce qui l’emmène vers une folie douce qui finira par éclater.

Et les lèvres qui dérivent jusqu’aux siennes, cette bouche qui avoue et ses cils humides se délient pour le regarder, pour le maudire de son innommable maladie qui s’appelle peur de ne pas exister, d’être celle que l’on délaisse derrière, dans sa morne solitude. Elle se souvient du matin où il ne fut plus auprès d’elle, sa chaleur envolée, n’ayant laissé que l’odeur des clopes qu’il a enchaîné avant son arrivée, celle de sa peau contre la sienne, de sa saveur sur sa langue. Et elle n’a plus été qu’une ombre pourpre dans le matin gris craignant cet affreux silence, ce même silence qu’il comble de ses mots et elle se fige presque à l’entente du dernier aveu, de l’ultime déclaration qui enrobe son cœur battant sous les dunes timides de ses seins qui le frôlent, son visage semblant un instant se décrisper pour offrir une surprise enfantine. Elle fronce un instant les sourcils. Personne. Personne ne l’a jamais vraiment vue. Personne n’a osé lui dire en face que c’est elle que l’on voulait, personne n’a osé cette franchise qui la transperce de part en part, qui la fait saigner et la larme solitaire qui s’étend sur sa joue se voit prise entre leurs deux visages qui s’éprennent enfin. Elle soupire sous l’assaut d’un baiser destructeur, sous la rage qui laisse leurs langues se retrouver et elle l’étreint, se fichant du cristal qui sombre comme leurs promesses de ne plus recommencer. Pour quelques secondes d’un plaisir interdit. Dans la presque pénombre, elle s’accroche à lui, ses hanches venant contre les siennes pour y pressentir les ondes malignes qui hantent ses reins, souffrant de la même famine que la sienne, trouvant en ces embrassades désespérées un moyen de se faire souffrir davantage, ses doigts raclants ses cheveux pour s’y perdre, s’y fondre, s’y accrocher maladivement, pour qu’il ne fuit jamais le coeur de son corps percutant la table, une plainte étouffée, une main jouant de son cœur jusqu’au ventre, descendant dans les abysses où leurs hanches se relient, retenant alors les reliefs du désir qu’il a pour elle. Et la sirène aux écailles arrachées sourit presque, caressant comme une tentatrice faite pour le mener à la dérive, rêvant de ses moindres grondements, se souvenant de la litanie qui le plongea dans l’acmé entre ses cuisses ouvertes, digne d’une chienne n’ayant rien à perdre. Elle s’arrache au baiser, continuant ses malicieuses esquisses entre eux, pour l’entendre dériver, sa bouche embrassant la mâchoire, la mordant férocement, se faisant pardonner de la pointe de sa langue, à l’agonie et si ce soir il ne lui offre pas sa fin alors elle lui offrira la frustration ignoble de n’avoir pu revenir dans la tombe de son corps, s’y perdre pour la détenir une ultime fois. Elle se vengera pour qu’il ait osé la prendre comme arme contre Médée, ne vengeant qu’elle, égoïste et lassée de croire aux belles paroles des Hommes, de se croire assez importante pour être plus que l’amante, plus que le poignard, plus que celle que l’on finit par repousser. Son souffle s’apaise contre son cou dont elle finit par aspirer la peau, gémissant de la provocante des manières, s’abandonnant à une dernière folie, un présent empoisonné, le marquant méchamment de son passage en lui car il ne fut pas le seul à la baiser ce soir-là. Elle l’accepta car elle le vit elle aussi. Car il fut bien le seul dans cette étreinte, car il n’y eut qu’eux et qu’il la mènera certainement à sa perte si elle demeure ici. L’être entier pris au piège des flammes qui lèche ses seins et leurs baies, la péninsule de son ventre creusé comme pour retenir davantage la moiteur de l’aphrodisiaque d’une érotique envie de lui, elle dévore et délaisse la trace pourpre sur la peau offerte. Élevant son visage pour lui faire face, elle est l’image même de la détresse, de la femme désarmée, de celle qui attend sagement qu’on l’achève de quelques coups de reins qui la laisseront épuisée sur le coin de cette table où une autre femme se délectait de sa présence bien avant elle. « Moi aussi je t’ai vue. Moi aussi, James. » Promesse sibylline, elle esquisse un morne sourire, une tristesse affolante, une envie d’abdiquer à genoux mais alors elle fait mine de vouloir l’embrasser à nouveau, de plonger en lui, saisissant son poignet pour que sa paume sente la nudité sous le pull enfilé à la va vite, qu’il referme sa poigne sur un sein torturé. « Tu sens ? Tu sens comme tu l’as senti ce soir-là hein ? » Ce cœur qui bat, se tord, t'appelle et te chante bien des louanges pour que tu fasses mine, encore, de m'aimer un peu. A l’orée de sa bouche dont elle aimerait explorer les moindres axes, elle le nargue, surjouant un gémissement qui s’étend de ce néant qui les entoure avant qu’elle ne déchire la toile de débauche qu’ils offrent en le repoussant vivement, sa hargne de chienne sauvage revenant mordre la distance qu’elle impose entre eux, le souffle coupé. « Tu n’auras rien. Tu n’auras rien d’moi. Rappelle la pétasse que tu comptais baiser ce soir, elle te satisfera mieux qu’moi. Je ne serai plus ta pute, connard. » L’insulte singe le baiser qu’ils viennent d’échanger alors qu’elle aimerait l’aimer, pour de bon ou pour de faux, se laisser aller à la tendre folie d’une nuit fauve de plus mais elle fuit. Elle fuit en des pas rapides, marchant comme une damnée poursuivie par le Diable lui-même jusqu’à la porte qu’elle finit par claquer dans un grand fracas, comme un hurlement qui ne sortira de sa gorge que longtemps, trop longtemps après, couvert par l’eau qui coulera sur elle, sur son corps enflammée et esquisse même de la solitude dans la pénombre, ivre d’héroïne, camée, damnée, abandonnée, promise à ne rien être d’autre qu’un garde-fou qui finira par se fissurer sous les à-coups de deux amants maudits.

Rien.
Rappelle toi que je ne suis rien.
Rappelle toi que même entre tes doigts, je n’étais rien.
Rappelle toi que tous tes mots ne pourront soigner mes plaies purulentes.
Rappelle toi que ce n’est pas moi que tu venais chercher.
Rappelle toi que me mentir et te jouer de moi est le pire châtiment que tu puisses m’offrir.
Rappelle toi que moi, je t’ai promis l’amour et que je t’ai tout donné,
Et que dans ton départ tu as tout repris.
Rappelle toi, James, que tu as transpercé ma peau morte,
Que l’hiver est nait en moi désormais et que le soleil tardera à y revenir,
Que la fin de cette histoire ne pourra mener qu’un de nous trois vers la tombe.

J'ai cru, en vain, pouvoir être celle qui sauverait ton naufrage,
J'ai cru, naïve, que je pourrais nous offrir un autre temps de paix.
J'ai cru et là est toute mon erreur d'être humain.
Croire me tuera,
Croire en toi m'achèvera.


Alors ainsi, des heures plus tard, la femme que l'on abandonne sans remords, rejoindra ses draps de silence, son linceul, son lit de morte pour espérer ne jamais s'éveiller car le mal brûle, car elle s'interdira les caresses solitaires pour apaiser ses élans malsains et fermera vivement les yeux pour ne plus voir un bout du jour qui, malgré tout, malgré toutes ses prières, s'élèvera encore pour la pousser à vivre. Et elle vivra car il faut bien vivre malgré la douleur qui lamine, car il faut bien voir jusqu'où nos limites parviennent à nous pousser, jusqu'où nous irons pour frôler le vide et peut-être y tomber.


(c) corvidae
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