protect me from what i want | Leor #7

Il est de certaines sensations délicieuses dont le vague n'exclut pas l'intensité; et il n'est pas de pointe plus acérée que celle de l'Infini.
feat @gregor ferreira
Sur les planches, baignée dans la lumière d’un projecteur, Leonide est là sans vraiment l’être. Elle ne parvient pas à détacher ses pensées de ce regard qui ne la quitte plus depuis plusieurs semaines. Gregor est toujours là dans chacun de ses mots, dans chacun de ses gestes. Elle aimerait pourtant laisser Lady Macbeth prendre le dessus, la laisser effacer tout ce qu’il reste de Leonide Tendler. Être libre, juste le temps d'une réplique. Mais aujourd’hui elle n’y arrive pas. Owen, installé dans l’un des strapontins rouges de la salle, voit bien qu’elle ne brille pas comme à son habitude. Et s’il s’agace, il n’en dit rien, car il sait de quoi elle est capable. Au bout d'une heure de répétition, il finit par lui proposer d’en rester là, sans la moindre remarque.

Assise dans une loge, Leonide dévisage le reflet qui l’affronte dans le miroir. Un regard noir pour tout ce qu’elle y voit, tout ce qu’elle n'y reconnaît pas. Elle sait que Gregor s’attend à ce qu'elle vienne jusqu’à lui ce soir car elle a déjà répondu à son appel par le passé. Elle serre la mâchoire en repensant à la manière qu’elle a eu de rappliquer quand il lui demandé. Elle s’est montrée faible face à ce désir qu’elle ne parvient plus à contrôler mais ce soir, elle ne lui fera pas le plaisir d’abdiquer si facilement. Elle saisit son téléphone et du bout des doigts lui signifie son refus en toutes lettres sur l’écran tactile. Si tu veux me voir Gregor, il va falloir que tu viennes me chercher. À peine son texto est-il envoyé qu’Owen passe la tête derrière la porte. « On dîne toujours ensemble ce soir ? » Il lui pose la question comme s’il avait senti que le vent a tourné. Il faut dire que ce n'est pas la première fois qu’elle lui fait miroiter un rendez-vous qu’elle finit par annuler. Elle affiche un air embêté, et feint d’être déçue de ce qu’elle s’apprête à lui dire. « Je suis désolée, je dois m’occuper de mon frère ce soir. Ce n’était pas prévu. » Elle pourrait décider d’y aller, mais ce n’est pas lui qu’elle veut voir ce soir. Et elle a beau avoir dit non à Gregor, elle le connaît assez maintenant pour savoir que son refus n’empêchera pas son fiancé d'exécuter les plans qu'il souhaite lui imposer. Elle ramasse ses affaires sur la coiffeuse avant de se diriger vers celui qui ne dinera pas avec elle ce soir. Elle lui sourit en passant sa main contre sa joue. « Une autre fois ? » Et le metteur en scène se contente d'un hochement de tête docile en l’observant lui glisser à nouveau entre les doigts.

Avant de partir Leonide passe voir la costumière à qui elle doit rapporter une robe pour des retouches. Perdue au milieu des dorures, des plumes multicolores et des tissus faits pour tromper, la quadragénaire l’accueille avec un grand sourire. Leo sent son téléphone vibrer au travers du cuir de son sac mais décide de se concentrer sur Maria plutôt que sur la présupposée réponse de son fiancé. Ces dernières années elles ont eu l’occasion de travailler ensemble à plusieurs reprises, et si la plupart des mortels ne trouvent pas grace aux yeux de Leonide Maria a rapidement su s’attirer sa sympathie. Elle qui travaille ici depuis vingt ans, qui fait partie des murs, qui en est les oreilles, a toujours des histoires à lui raconter et Leonide prend toujours le temps de les écouter.

Le corps présent et le cœur absent, ses pas résonnent maintenant dans les couloirs vides qui la dirigent vers la sortie. Elle plonge sa main dans son sac et y récupère son portable. Sans grande surprise elle découvre le prénom de Gregor sur l’écran. Elle ne peut pas s’empêcher de sourire quand elle découvre la menace qu’il y a glissée. Je t’attends. Il fait déjà nuit quand elle pousse la porte du théâtre, et à peine a-t-elle le temps de sortir qu’elle sent des mains saisir ses bras avec fermeté. Les lumières de la ville disparaissent soudainement, elle se retrouve plongée dans l’obscurité alors qu’elle se sent projetée sur une banquette. Si elle a d'abord été surprise par ce revirement de situation, la peur se dissipe à mesure qu'elle comprend. Te voilà. L'horreur qui devrait s’emparer d’elle ne se manifeste pas, à la place une étrange excitation se mêle à de la satisfaction. La voiture roule et bien qu’elle ne puisse rien apercevoir à travers le tissu qui lui recouvre le visage elle sait déjà où elle va. Elle sait que les hommes qui sont venus la cueillir devant l’entrée des artistes sont les siens, et qu’ils sont en train de la conduire jusqu’à lui. Du moins, c'est ce qu'elle préfère se dire.

Au bout de longues minutes à rouler, elle est à nouveau tirée hors du véhicule. Ses pieds ne touchent que rarement le sol tandis qu’elle sent l’air passer du froid au chaud, jusqu'à ce que son ravisseur finisse par l’assoir sur une chaise et retirer ce qui jusqu’à présent la rendait aveugle. Et tandis que ses yeux s’habituent à nouveau à la caresse de la lumière, elle commence à le distinguer face à elle. Leonide est étrangement calme alors qu’elle enlève les cheveux qui balayent son visage. « Bonsoir Gregor. » souffle-t-elle capable à présent de le voir dans toute sa splendeur. « Je sais que tu ne peux plus te passer de moi, mais tu ne sauras pas toujours où me trouver. » Loin de l'attitude d'une femme qui vient à peine d'être kidnappée, elle retire son manteau avec sérénité, un léger sourire accroché aux lèvres.

Tu m’as fait venir jusqu’ici car tu ne pouvais pas supporter que je puisse être avec un autre que toi. Tu as beau me rejeter, me chasser après m’avoir follement désirée, tu as toujours besoin que je revienne. Et tu viens une nouvelle fois de me le prouver. Je t’ai déjà prévenu Gregor, il n’y aura pas de rémission possible.

Images by Tumblr | Code by EXORDIUM.

Il est de certaines sensations délicieuses dont le vague n'exclut pas l'intensité; et il n'est pas de pointe plus acérée que celle de l'Infini.
feat @gregor ferreiraLe regard trouble, tu te demandes...
Si elle en vaut la peine, si tu comprends encore.
Pourquoi autant vouloir l'emprisonner?
Pourquoi tant la désirer?

La nuit a été courte. Animée par des nuages de fumée et des ronds autour d'une table mal fréquentée, Gregor a préféré observer les joueurs qui se retrouvaient dans le salon clandestin plutôt que de partir se coucher. Il a gagné des points en étant un hôte aussi présent. Mais il n'était pas là pour eux. Gregor cherchait juste à éviter la solitude de sa couche et les doutes qui l'enivrent. Des noms de femmes qui se succèdent dans son esprit. Des silhouettes fragiles, des corps qu'il a retenus contre le sien, des personnalités qui lui ont tenu tête. Noe, Joyss, Moira... Leonide. Et la dernière n'est pas des moindres.

Lorsqu'il quitte le rez-de-chaussée pour rejoindre ses appartements, un sourire fatigué étire son visage. Ils se verront ce soir. Si elle daigne venir. Mais il chasse rapidement la possibilité qu'elle ne vienne pas. Si elle ne vient pas, il la fera venir, c'est aussi simple que ça. Nulle femme n'a le droit de s'implanter ainsi dans son esprit et d'ensuite se laisser désirer.

Soupir.
Le message qu'elle t'a envoyé t'agace.
Grimace.
Tu réponds sans sourire.

Une voiture démarre sans un regard vers leur patron. Les ordres sont clairs. Ils doivent retrouver la brune et la ramener ici au plus vite. Aucune tendresse de mise, qu'ils la capturent comme n'importe quelle personne qui n'aurait pas réglé ses dettes. Car elle n'est rien de plus pour toi, rien de plus qu'une endettée auprès de son créancier. Et tandis que le van noir s'éloigne, Gregor s'en retourne s'asseoir dans la loge privée, tirant un cigare mexicain de sa poche et le fumant lentement en attendant que la princesse mal aimée arrive enfin.

Lorsqu'on dépose la femme sur la chaise en face de lui, Gregor en est déjà à son quatrième cigare. La loge est embuée de l'odeur et des effluves du tabac raffiné. Leonide n'est pas effrayée et cela l'énerve encore plus. Mais si cette scène n'a pas suffi à lui faire peur, il sait qu'il a encore bien des coups dans sa manche, des coups qui risquent de tuer toute la romance entre eux. Il ne répond pas à ses piques, ne la salue même pas. Son regard est froid et il la balaie sans s'arrêter, invitant le serveur qui se trouve dans le coin de la pièce à venir noter « Le Château Giscours 1975 ainsi que le plat de fromages. » Il ne respecte rien. Si les fromages apparaissent en fin de repas habituellement, Gregor n'est pas d'humeur à se coltiner entrée plat dessert avec sa fiancée. Voyant que le serveur la regarde pour prendre un éventuel complément de commande, Gregor aboie « Ce sera tout, vous pouvez disposer. » Le jeune homme quitte la pièce, les laissant soudain seuls. Le boss de la mafia n'a pas envie de parler à celle qu'il vient de faire enlever. Il ne la regarde même pas, préférant s'attarder sur son téléphone plutôt que de lui accorder de l'importance.

Images by Tumblr | Code by EXORDIUM.

Il est de certaines sensations délicieuses dont le vague n'exclut pas l'intensité; et il n'est pas de pointe plus acérée que celle de l'Infini.
feat @gregor ferreira
Le coeur de Leonide s’agite mais elle ne montre rien. Elle se laisse porter par les gros bras qui l’entraînent vers un destin qui devrait l’effrayer mais qu’elle ne parvient pas à redouter, ou alors pour des raisons qui ne sont pas les bonnes. Si elle n’a pas hurlé, si elle ne s’est pas débattue pour fuir hors du véhicule, c’est parce qu’elle sait où ils sont en train de l’emmener. Elle l’a provoqué avec un non, car elle ne pouvait lui donner ce qu’il voulait. Elle n’était pas capable de venir une nouvelle fois jusqu’à lui à sa demande, trop fière pour s’avouer qu’elle n’avait qu’une envie en réalité, celle de le retrouver. Alors, elle a appuyé consciemment sur la détente avec lui signifiant son refus. Elle ne comprend pas ce besoin qui la consume, qui l’empêche de dormir la nuit, et qu’elle ne parvient plus à distancer. Pourtant elle court Leonide, elle ne s’arrête pas, elle sprinte, mais le problème c’est qu’elle ne sait plus où elle va. Et elle se demande si elle sera capable de faire demi-tour le moment venu. Au fond, c’est peut-être pour ça qu’elle lui a dit non, qu’elle le pousse à lui montrer jusqu’où il est prêt à aller. Elle espère peut-être trouver dans ses menaces une bonne raison de ne plus le désirer. Pourtant, cagoulée dans cette voiture, elle le veut encore.

L’obscurité se dissipe et laisse apparaître un décor digne d’un film. Ils sont seuls dans ce qui s’apparente être un salon privé et elle suppose qu’ils sont au Baudelaire. Gregor est assis de l’autre côté de la table, des volutes de fumées dansent autour de lui, valsent avec son aura menaçante. Elle aperçoit dans un cendrier qui trône sur la table des cadavres de cigares, et elle se demande s’ils sont les victimes collatérales du non qu’elle lui a répondu. Elle le salue calmement, lui lance un pique auquel il ne répond pas. Il est prêt d’elle pourtant il semble ailleurs, loin. Trop loin. Son regard passe sur elle sans même s’y accrocher, comme si elle n’était pas assise en face de lui. Un serveur arrive, prend la commande de son patron et se fait remettre à sa place dès qu’il pose ses yeux sur elle. Une fois le jeune homme parti, ils sont à nouveau seuls et le silence s’installe entre eux. Gregor a les yeux rivés sur l’écran de son téléphone, il ne lui prête aucune attention. Leonide est surprise, elle ne s’attendait pas à ce comportement venant de lui. Elle imaginait la colère et la menace, et ce désintérêt inattendu lui ronge les tripes. Elle le fixe sans rien dire de longues minutes, et plus le temps passe, plus elle s’agace. Si son indifférence ne lui plaît pas, elle supporte encore moins l’envie qu’elle a qu’il pose les yeux sur elle.

Baptise-moi avec ta passion,
Etouffe-moi avec ta rage,
Teinte tes mots avec la menace,
Donne-moi ta plus belle colère,
Je veux tout,
Tout, sauf ton indifférence.

Le sang de Leonide commence à bouillir dans ses veines, il diffuse un poison brûlant dans chacun de ses vaisseaux. Elle relâche un soupire avant de se lever et contourner la table pour rejoindre Gregor. Elle glisse ses doigts sous le menton de son fiancé, l’invite à relever son visage vers elle et se penche pour se mettre à son niveau, plantant ses iris dans les siennes. Elle ne lui sourit pas, elle le sonde du regard alors que leurs pupilles s’accrochent. « Tu m’as vraiment fait traverser la ville cagoulée pour ça ? » Leonide retire ses doigts de contre sa peau alors qu’elle entend le serveur arriver. Elle se redresse quand il rentre dans la pièce, l’observe silencieusement déposer ce que Gregor a commandé plus tôt sur la table, et s’empare d’un des deux verres qu’il vient de remplir alors qu’il les laisse à nouveau seuls. Elle boit une gorgée de vin puis affronte à nouveau son fiancé du regard. « Je ne pense pas être ici pour te tenir la main pendant que tu envoies des textos. Alors, je t'écoute. » Maintenant que je suis là, tu n'as pas le droit de faire comme si je n’existais pas.

Images by Tumblr | Code by EXORDIUM.

Il est de certaines sensations délicieuses dont le vague n'exclut pas l'intensité; et il n'est pas de pointe plus acérée que celle de l'Infini.
feat @gregor ferreiraLes âmes s'emprisonnent et s'empoisonnent. Je t'ai désirée mais je te déteste pour cette envie de toi qui naît aux moments les plus inopportuns et qui ne disparaît pas. Je te déteste pour ce silence qui envahit la pièce alors que nos corps crient ensemble leur envie de se battre, de s'éreinter, de se tuer. Lionne sans coeur, tu n'as même pas eu peur. Tu devrais trembler, là, seule avec le roi. Mais je ne t'effraie pas. Et cette absence de contrôle sur toi me rend fou.

Il l'ignore, attendant que le serveur revienne. Ses sbires lui confirment par message qu'elle n'a opposé aucune résistance. Ceci explique donc qu'elle n'ait aucun bleu ou plaie. Elle n'a pas été brutalisée vu qu'elle a coopéré. Comme une femme qui voulait se retrouver ici... Mais il ne peut s'imaginer qu'elle rêve de cette violence, qu'elle a l'envie lancinante d'être sienne. Pourtant, la proie se lève et vient se poser devant lui. Pas un geste, pas une tentative de fuir. Bien que le salon privé ne se ferme pas à clé, elle n'aurait aucune chance une fois qu'elle aurait dépassé le rideau.

Sa peau s'électrise sous le touché radical de la dame. Elle lui impose ce regard noire qu'elle dépose dans ses pupilles. Il ne bouge pas, la laisse faire dans un soupir tacite. Au bout d'un moment, il daigne enfin répondre « Pourquoi? Tu t'attendais à quoi? » Il la défie. Qu'elle ose parler et délivrer les rêves érotiques qui l'ont animée. Qu'elle explique pourquoi elle n'a pas cherché à s'en aller. Le serveur revient et dépose le plateau de fromages sur la table avant de s'éclipser. Leonide s'empare d'un des verres de vin rouge et le porte à ses lèvres avant de le confronter, de lui dire qu'il doit lui parler. Il relève ses yeux et l'analyse un moment avant de baisser son regard à nouveau sur son écran. « Tu es ici pour ne pas être ailleurs. » Fin de la discussion. Il ne lui accorde aucune importance et tend sa main vers un morceau de fromage sans regarder ce qu'il attrape, préférant continuer sa lecture. Quand il finit son bout de fromage, il prend une gorgée de son verre et lâche sans décrocher son téléphone « Pourquoi tu croyais être ici Leonide? Tu espérais quelque chose en particulier? » Le mépris n'est pas voilé, il s'amuse terriblement de la dominer ainsi. « Mange, tu vas en avoir besoin. » Un nouvel ordre qu'il ne prend pas la peine de justifier.

Images by Tumblr | Code by EXORDIUM.

Il est de certaines sensations délicieuses dont le vague n'exclut pas l'intensité; et il n'est pas de pointe plus acérée que celle de l'Infini.
feat @gregor ferreiraL’emprise que tu as sur moi me rend malade. Elle déchire les rares choses auxquelles je crois, et réveille des envies que je ne choisis pas. Tu tires des ficelles que je pensais être capable de couper, et je te déteste d’ainsi pouvoir m’articuler. Je n’ai pas peur de toi, en revanche, je commence vraiment à avoir peur de moi.

Le silence est pesant, l’électricité toujours présente. C’est comme si le monde était sur le point de prendre feu à chaque fois qu’ils se retrouvent dans la même pièce. Les atomes s’agitent, s’entrechoquent, annoncent la menace d’une grande explosion. Elle se débat contre cette colère qui monte en elle alors qu’il ne la regarde pas, mais se laisse finalement guidée par elle en allant jusqu’à lui. Elle refuse d’être invisible. Elle relève le visage de son fiancé pour qu’elle puisse planter ses yeux dans les siens, et elle se perd une seconde dans le noir qu’elle y trouve. Elle commence à connaître les reflets de cette obscurité qui appelle la sienne de plus en plus fort. Elle lui demande ce qu’elle fait là, et il ne répond pas tout de suite. Il lui soupire sous les doigts, il attise sa colère en lui demandant ce qu’elle attendait de lui.

Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Que je n’attendais qu’une chose en te disant non ? Que ce que je voulais vraiment c'était que tu viennes me chercher ? Que je n’ai pas peur de la violence que tu me promets, tant qu’au milieu des flammes et du sang c’est toi que je viens retrouver ? Que je suis en revanche terrorisée par ce qui est en train de se passer ? Que je te hais pour ce que je commence à ressentir ?

Mais tout ça, elle ne lui dit pas. Le serveur arrive et elle se contente de le regarder s’affairer en silence. Elle s’empare d’un verre, boit une gorgée de vin avant de finir par répondre Gregor. Elle veut qu’il lui dise la raison de sa présence, elle le défie de lui avouer ce qu’elle est incapable de prononcer. Il la regarde, sans pour autant avoir l’impression de chercher une réponse à sa question. Et tout ce qu’il trouve à lui dire est ce qu’elle sait déjà. « Épargne-moi tes aphorismes douteux, tu veux bien ? » . À nouveau, il ne la regarde plus et lui préfère l’écran entre ses doigts. Il ne la considère pas, s’applique dans chacun de ses gestes à lui démontrer qu’elle ne l’intéresse pas. Et ça la rend folle. Elle peut sentir la colère se diffuser dans tout son être. Elle enrage face à son indifférence. Elle l’observe silencieusement prendre de quoi manger tout en lisant des mots qui ne la concernent pas. Il finit par lui reposer la même question formulée cette fois-ci d'une manière différente. Et si plus tôt elle était synonyme de défi, à présent c’est le mépris qui la ponctue. Un léger rire s’échappe d’entre les lèvres de Leonide avant qu’elle lui réponde : « Pourquoi ? Tu aimerais que j’espère quelque chose en particulier ? » Au jeu du mépris elle est aussi très douée, et son acidité ne lui fait pas peur, elle a assez de venin pour lui répondre. Il lui ordonne de manger, ce qui lui fait le lever les yeux aux ciel. Son corps se crispe, elle bouillonne. « La dernière chose dont j’ai envie c’est de manger. » Si son estomac est noué par la colère, la vérité est qu’elle boude la nourriture ces derniers jours, comme ça lui arrive par intermittence depuis plusieurs années. Une façon de reprendre le contrôle sur sa vie quand elle a l’impression de le perdre. Elle boit une gorgée de vin avant de déposer son verre sur la table d’un geste qui laisse transparaître son exaspération. Elle saisit le téléphone que Gregor a entre les doigts, l’en extrait et le jette sur le canapé qui se trouve non loin. Elle appuie ses mains sur ses cuisses et approche son visage du sien. « Pourquoi je devrais manger Gregor ? Tu veux que j’ai quelque chose dans le ventre quand tu pointeras un revolver sur ma tempe et me feras promettre de ne plus jamais dire non ? » Elle le fusille du regard en même temps qu’elle se débat contre l’appel de son corps. « Rends-nous service, appuie sur la détente le moment venu. Car cette promesse tu ne l’entendras jamais. ». Elle colle son front contre le sien sans même se rendre compte de ce qu’elle est en train de faire. Attirée comme un aiment. Mais rapidement, dans un mouvement de tête soudain, elle recule pour mieux pouvoir se redresser, décidée à imposer à nouveau une distance raisonnable entre eux.

Images by Tumblr | Code by EXORDIUM.

Il est de certaines sensations délicieuses dont le vague n'exclut pas l'intensité; et il n'est pas de pointe plus acérée que celle de l'Infini.
feat @gregor ferreiraTu ne vois pas ce qu'il se trame ici. Aveugle aux dangers, tu préfères te voiler dans l'insouciance, tu préfères penser que ce n'est pas ainsi que tu passeras ton existence. Mais je me moque de t'épargner, je me moque de te voir sourire quand tu devrais pleurer. Parce que contrairement à toi, j'ai grandi ici, je sais ce qui attend les gens qui sont trop naïfs pour y voir clair.

Des aphorismes douteux. Gregor ne sourit même pas. A un autre moment, cela l'aurait probablement fait rire mais là, il préfère continuer sa lecture et lui répondre monocorde « Ce n'était rien de ça. Tu cherches une métaphore ou un sens là où j'étais littéral. Tu es ici pour ne pas être ailleurs. » Cela l'exaspère de devoir se répéter. C'est pourtant très clair. Il l'a emmenée dans son antre afin qu'elle ne passe pas sa soirée à dîner avec le prénommé Owen. Et désormais, il compte bien l'empêcher d'avoir une vie sociale digne de ce nom. La fiancée est trop instable pour lui être fidèle. Si Gregor estime avoir le droit de forniquer ailleurs, il considère que son image en pâtirait si son épouse se donnait ce même droit. Non. C'est fini pour Leonide.

« Pas du tout. Mais tes questions laissent entendre que tu penses qu'il y a des sous-entendus à ta venue ici. » Il la chasse avec ses réponses expéditives et son besoin de fuir son regard. Gregor est de mauvais poil. On ne le refuse pas. Mais il n'a pas besoin de l'énoncer, tout le monde sait ça. « Je me moque de ce dont tu as envie. Mange. » Impétueux, il continue à donner des ordres, conscient qu'elle va probablement s'obstiner davantage dans ces circonstances. Mais que la Tendler se nourrisse ou pas, au final, cela lui importe peu. « Je n'y avais pas songé mais c'est une bonne idée. » Il daigne enfin la regarder. Contraint par l'attitude de la jeune femme qui est venue se poster au niveau de ses yeux, il la contemple avec agacement mais il coopère enfin. Il sourit quand elle manifeste qu'elle ne se pliera jamais à ses ordres. « Tu ne sais pas de quoi tu parles. Et tu sais pourquoi tu prends ce genre de libertés? » Gregor attrape son poignet et la fait vaciller, l'attirant sur ses genoux pour l'asseoir sur lui et la maintenant dans ses bras pour qu'elle ne puisse se dérober. « Tu penses pouvoir te permettre de me défier parce que tu crois avoir du pouvoir sur moi. Tu crois que je tiens assez à toi pour t'épargner et te traiter différemment. » Et elle n'a pas entièrement tort. Mais elle se trompe quand même un peu. « Tu aurais eu raison de penser ainsi pendant que tu étais Miss Caroline Thompson, une inconnue intéressante qui rendait les choses piquantes. Mais maintenant que tu es ma fiancée et que tu joues avec mon statut et ma réputation en batifolant partout comme une dévergondée, les choses sont différentes. » Sa voix est menaçante mais il parle ouvertement, sans se cacher sur ses intentions. Désormais, il ne compte plus la protéger. Elle en sait trop et aussi... pas assez. Il est temps qu'elle comprenne que c'est lui le chef de ce mariage.

Images by Tumblr | Code by EXORDIUM.

Il est de certaines sensations délicieuses dont le vague n'exclut pas l'intensité; et il n'est pas de pointe plus acérée que celle de l'Infini.
feat @gregor ferreiraIl impose des distances quand c’est pourtant lui qu’il la fait venir jusqu’ici. Il ne daigne pas la regarder et Leonide ne le supporte pas. Son indifférence bien plus que ses menaces lui donnent envie de tout balancer à travers la pièce. Alors, elle le pique, encore. Elle veut son exaspération, elle recherche sa colère. Et plus il ignore, plus il la chasse, plus elle s’agace et s’évertue à provoquer l’orage. Tu es ici pour ne pas être ailleurs. Elle a bien compris ce qu’il essayait d’empêcher à la traînant de force jusqu’à lui. Elle comprend qu’il veut lui montrer ce qu’il est capable de faire pour arriver à ses fins, et réalise l’ampleur du filet dans lequel s’est laissée prendre. Pourtant au lieu de fuir, de se débattre pour en couper les liens, elle s’enroule un peu plus dans la corde, la passe consciemment autour de son cou.

Gregor évite de répondre à ses questions, il lui dit maintenant qu’il n’y a pas de sous-entendu à sa venue ici mais Leonide n’accepte pas la fuite en guise de réponse. Elle s’oppose à ses ordres, sachant très bien ce que ce comportement provoquera chez son fiancé. Elle se laisse guider par ce qu’elle interprète comme de la colère jusqu’à lui. Elle lui arrache son téléphone des mains, lui retire ce qu’il brandit comme un bouclier entre eux depuis qu’elle a été traînée dans cette pièce. Elle s’approche, le confronte, lui tend la corde qu’elle a passé autour de son cou et lui propose de tirer dessus d’un coup sec. Prête à se briser sous ses doigts plutôt que d’accepter de lui donner ce qu’il attend d’elle.

Et alors qu’elle se redresse pour s’éloigner, il saisit son poignet et l’attire contre lui. Il passe ses bras autour d’elle pour la maintenir tandis qu’elle se débat pour s’échapper avant de finir par se résigner sous son emprise. « J’imagine que tu vas me le dire. » Elle plante ses yeux dans les siens, les pupilles noires de colère et la mâchoire crispée. Elle l’écoute lui dépeindre un tableau qu’il pense avoir analysé mais qu’il dont il n’a pas compris la véritable architecture. Elle peut lire dans son regard à mesure que les mots sortent de sa bouche sa volonté de lui faire mal, de lui faire peur. Il invoque ce qu’ils ont un jour été, apporte son jugement acerbe sur la manière qu’elle a de vivre. Elle le sonde quelques secondes une fois qu’il a terminé sa tirade, elle observe les flammes s’agiter dans l’obscurité. Puis le venin finit par monter. « Et toi tu fais l'erreur de penser me connaître. » Elle montre les crocs au prédateur qui plante ses griffes dans sa chair. « Tu veux me briser ? C’est pour ça que tu es là Gregor ? Car on sait très bien tous les deux que quelqu’un d’autre aurait pu s’assurer à ta place que "je ne sois pas ailleurs". » Elle penche légèrement la tête pour éloigner son visage du sien, comme pour échapper à une envie qu’elle n’accepte pas de ressentir. « Si tu penses en être capable, vas-y, je t’en prie. »

Je n'ai jamais été en un seul morceau de toute manière.

Images by Tumblr | Code by EXORDIUM.

Il est de certaines sensations délicieuses dont le vague n'exclut pas l'intensité; et il n'est pas de pointe plus acérée que celle de l'Infini.
feat @gregor ferreira Leurs échanges sont de plus en plus coupants, tranchants. Gregor ne supporte pas l'insolence de sa fiancée. Et il ne supporte pas qu'elle soit sa fiancée alors qu'il l'avait envisagée comme étant sa bouée pendant le naufrage. Tu n'imagines même pas tout ce que je pourrais te dire et tout ce qui pourrait te faire frémir. Tu n'imagines pas tout ce que je retiens, pour le bon plaisir de nos entretiens. Tu es presque mignonne à t'acharner contre moi, tel un chaton contre un panda. Tu me crois tout doux, inoffensif, mais tu ne vois pas que tu ne fais pas le poids. Et si je ne me nourris pas de ce style de viande-là, cela ne diminue pas la force et la férocité de mes crocs.

Il ne pense pas la connaître, au contraire. Elle le défie constamment, rebat les cartes et perturbe tout. Une femme normale n'agirait pas comme elle le fait. Mais elle ne l'est pas, ça il le savait déjà. Sauf que Leonide joue sale aussi, à sa manière. Gregor ne répond pas, la laisse encore s'enfoncer dans sa rage intérieure quelques instants. Et cela marche, Leonide continue ses tourments, brave l'interdit du silence et lui enjoint de la briser. Il sourit, peu inquiet de son téléphone qui a valsé au travers de la pièce. « Tu ne le vois pas? » Ses lèvres s'arquent dans une esquisse de sourire malsain. « Je n'ai besoin de rien faire. Tu vas te détruire toute seule. » Mais il ment, car il y contribuera. Il a tout ce qu'il faut pour ça. Une famille tordue qui vit dans la mafia, un enfant illégitime, un club d'escorting et même des rivaux qui sont en vérité des amis d'enfance. Dans ce tourbillon de folie, elle trouvera sa part de gâteries juste pour elle.

Gregor la repousse et se lève, faisant aller ses doigts sur le plateau de fromages auquel elle n'a pas touché. Il réfléchit un moment avant de se retourner vers elle. « Je crois que tu as besoin d'un petit bol d'air frais. » Et il sort sans l'inviter à le rejoindre. Il laisse les instructions à ses gardes. Qu'ils amènent la demoiselle dans la cour du Baudelaire et qu'ils ferment la grille à clé. Je perd tout avec toi, je perds mes repères. Pourquoi j'agis comme je le fais? Je n'en sais rien. Il voit ses hommes pousser Leonide dans les couloirs et interrompt la marche « Attendez. Je vais m'en occuper. » Il arrive près de la porte qui donne sur l'extérieur et d'un index incisif pousse la fiancée avant de la suivre et de refermer les portes derrière eux. Encore une fois, il n'a pas l'intention de parler. Il ne sait même pas pourquoi il l'a foutue dehors. Puis il la regarde et il se souvient de la pulsion qui l'a animé en décidant de cette commande. Elle n'est que peu vêtue et il fait mordant. Il sourit, attendant que le froid fasse son oeuvre. Car la météo aura peut-être raison d'elle plus vite que lui n'y parviendra. Après tout, elle semble déprécier les silences. Qu'en est-il des silences dans cette atmosphère?

Images by Tumblr | Code by EXORDIUM.

Il est de certaines sensations délicieuses dont le vague n'exclut pas l'intensité; et il n'est pas de pointe plus acérée que celle de l'Infini.
feat @gregor ferreiraLa communication entre eux se résume au conflit. Un duel permanent qui ne laisse pas de place à de réelles discussions, où leurs égos se confrontent et leurs venins se mélangent. Les coups sont échangés sans être toujours calculés, l’un répondant à la hauteur de l’autre. Elle lui en veut d’être celui qu’elle n’a pas choisi alors qu’il semblait être celui qu’il lui fallait. Elle s’en veut de ne pas réussir à faire disparaître ce désir dévorant qui est né en elle à peine ses yeux s’étaient-ils posés sur lui dans ce café. Lui, Gregor, froid et distant, autoritaire et menaçant, mais dont la voix résonne dans les couloirs branlants de son esprit sans jamais s’éteindre. Et elle est en colère car elle s’était imaginée pouvoir garder le contrôle sur ce futur mariage, mais elle sait très bien maintenant que ce ne sera pas le cas. Alors, elle sort les armes, car ne pas se défendre signifierait accepter une défaite qu’elle n’est pas capable d’envisager.

Là, emprisonnée entre ses bras Leonide ne fuit pas son regard, elle ne baisse pas les yeux face à la menace. Inconsciente ou suicidaire, elle le provoque, l’invite à la détruire s’il s’en pense capable. Elle ne dévie pas ses pupilles de celles de son fiancé alors qu’un sourire tordu se dessine sur ses lèvres. Il joue, se délecte de la position de soumission dans laquelle elle se trouve et cette attitude ne fait que noircir l’expression sur le visage de Leonide. Il finit par lui répondre qu’il n’aura pas besoin de faire quoi que ce soit, qu’elle sera capable de se détruire toute seule. Et elle se demande alors s’il ne la connaît pas plus qu’elle ne se l’imaginait. « Si tu veux me voir tomber, il va falloir te salir les mains. Je ne te donnerai pas le plaisir de faire tout le boulot à ta place. » Pourquoi continuer à le pousser dans cette direction ? Pourquoi ne pas agir de manière sensée et tenter d’arrêter l’hémorragie ? Pourquoi glisser les mains encore plus profondément dans la plaie ? Pourquoi agiter les doigts dans la chair ?

J’ai toujours pris un malin plaisir à détruire tout ce qu’on m’avait dit de préserver. Je me suis appliquée à visiter tous les chemins interdits, à danser les yeux bandés sur le rebord des précipices qui ont croisé ma route, provoquant avec insolence le risque d’un jour y tomber. Mais je me suis toujours arrêter au dernier moment, j’ai toujours été retenue avant de poussoir sauter. Mais personne ne m’a prévenue que tu finirais pas arriver, personne ne m’a dit que tu ferais un jour partie de ma vie. Tu sembles m’indiquer le chemin vers un abysse que je n’aurais jamais été capable d’imaginer. Une obscurité qui m’appelle bien plus fort que toutes les autres ne l’ont jamais fait.

Il la repousse, se redresse et s’éloigne. Libérée de son emprise Leonide l’observe silencieusement jusqu’à ce qu’il finisse par briser à nouveau ce silence qu’il chérit. Il prétend savoir ce qu’il lui faut, avant de quitter la pièce sans lui jeter un coup d’œil. Bien qu’interloquée elle ne le suit pas, mais comprend rapidement qu’elle ne va pas avoir le choix quand deux des hommes de Gregor passent la porte et se dirigent vers elle. Elle se retrouvent à nouveau ballotter entre leurs gros bras, sans leur rendre la tâche aussi facile que la première fois pour autant. Propulsée contre le mur du couloir, elle est poussée vers un destin encore inconnu. Les deux gorilles la tirent pour l’amener elle ne sait où quand Gregor leur ordonne d’attendre, qu’il leur indique vouloir lui-même s’en charger. Elle le fusille du regard alors qu’il s’approche, qu’il la pousse à l’extérieur dans ce qui semble être une cour. Son manteau étant resté dans le salon privé sa peau est instantanément mordue par le froid de cette nuit de février. Gregor referme la porte derrière lui, puis se poste face à elle, un sourire aux lèvres. Leonide ne comprend pas ce qu’il cherche à faire. Tel un chat il joue avec sa proie, et elle ne supporte pas d’être la souris entre ses pattes. Elle lui tourne le dos, et balaye la cour du regard à la recherche d’une issue qui n’existe pas. Elle reste là, dos à lui de longues secondes sans rien dire. Mais plus le temps passe et plus le froid se glisse en elle, crispe chacun de ses muscles. Sans même qu’elle ne s’en rende compte son corps commence à trembler, sa mâchoire à claquer. Elle ramène ses mains contre ses bras en se retournant à nouveau vers Gregor. « C’est quoi le plan maintenant ? » Bien que son corps s’agite sous l’emprise du froid, son regard luit toujours à la lumière de sa colère. « Me regarder succomber à une hypothermie ? » Le vent est tellement froid qu’il brûle sa peau dénudée. Ses lèvres commencent à perdre leur teinte rosée et à virer au bleu mais elle reste fière, trop fière pour lui dire qu’elle a besoin regagner l’intérieur. « Tu devrais rentrer, tu vas attraper froid. » Son corps se recroqueville sur lui-même sans qu’elle ne puisse rien y faire, animé par un instinct de survie primaire qu’elle ne peut contrôler.

Images by Tumblr | Code by EXORDIUM.

Il est de certaines sensations délicieuses dont le vague n'exclut pas l'intensité; et il n'est pas de pointe plus acérée que celle de l'Infini.
feat @gregor ferreiraMe salir les mains. Tu n'as pas idée à quel point elles sont sales déjà. Tu n'as pas idée comme je suis capable de te pousser dans les pires vices du monde. Il ne répond pas. La belle a le don de le provoquer mais il a le don de rester froid et stoïque, pertinemment au courant du fait que c'est ce qui le rend le plus fort des deux : son jeu caché.

Ils se retrouvent enfermés dehors sans qu'il ne l'ait prémédité. Qu'est-ce qu'on fiche ici? Pourquoi t'ai-je emmené dans cet antre froid si ce n'est pour t'y réchauffer? Il y a deux semaines à peine, je te voyais encore comme une dame digne de ce nom. Et aujourd'hui, je me demande quoi faire de toi. « C'est une idée. » dit-il en souriant avec une méchanceté qui ne le caractérise pourtant pas. Mais qu'elle s'imagine qu'il est bon ne la servira pas. Autant lui faire voir un visage plus dur, plus dangereux que l'inverse. Il fixe un point du jardin, une tâche que les lampes d'extérieur éclairent à peine. « Tu vois cette trace là-bas? » Il désigne l'endroit vaguement de la main avant de finir son idée « Ca pourrait être toi ou les gens qui te sont chers. » Gregor est glaçant. Cette tâche, c'est les restes d'une vie. C'est tout ce qu'il reste d'un ennemi Ferreira. Ce n'est pas lui qui l'a achevé. Gregor n'a encore jamais tué. Mais elle n'a pas besoin de savoir que l'homme rechigne à ôter la vie. Elle n'a pas besoin de savoir qu'il y a un coeur tendre qui bat sous les traits de ce chef de clan.

Tu devrais rentrer, tu vas attraper froid. Gregor sourit en répétant cette phrase dans sa tête. Il la regarde, la foudroie d'un regard qui ne manque pas de voir qu'elle bleuit à mesure que la nuit tombe. « T'as raison. » Il ouvre la grille et une fois de l'autre côté, referme à clé avant de s'arrêter et de regarder sa montre. Minuit et quatre minutes. Il pivote un peu et murmure de manière audible « Ah, au fait, bonne Saint-Valentin mon coeur. » Ironique, il la quitte là, sans un regard en arrière.

Une fois dans le couloir, il somme à son homme de main Grotchev de venir et lui ordonne de veiller sur elle. « Dans trente minutes et j'insiste, tu attends la demi-heure, après quoi tu feindras d'avoir pitié. Avant ça, ne lui adresse pas la parole, pas un mot, ignore-là. Quand tu lui auras fait promettre de ne pas te trahir, tu lui jetteras de quoi se réchauffer et lui apportera une boisson chaude. Appelle-moi à deux heures trente, je viendrai prendre la relève. » L'homme opine du chef et Gregor part se reposer, laissant sa triste fiancée geler encore un peu.
Images by Tumblr | Code by EXORDIUM.