(las vegas) / huggin & kissin

La reine est épuisée.
Ses cheveux en bataille, au même titre que son déshabillé malmené par les mains de James. Son corps entier ne parvient pas à relâcher la pression qui n'a cessé de grimper depuis cette nuit tragique. Début du déclin d'un règne qu'elle pense ne plus mériter. L'escort prend la fuite, chassé par une énergie qui les dépasse tous et Médée ne parvient toujours pas à se détendre. Sa main contre l'épaule de son frère elle le sonde, il desserre son étreinte, le froid la gagne lui faisant froncer les sourcils plus que de raison. Elle aimerait le garder contre elle à jamais, s'approprier son être pour ne plus avoir à souffrir de cette distance qui la pèse depuis l'enfance. Comme si leurs deux âmes ne devaient formés qu'une, s'étant scindée depuis sa venue au monde. Elle s'accroche à ses iris, les contemple, accepte le silence qu'il impose. Quand il répond enfin, les mots ne lui conviennent pas, ne font qu'accentuer les craintes grandissantes. L'aîné détourne le regard, elle devrait quant à elle changer de posture. Retrouver son allure princière, cette bienséance qui l'habite à l'accoutumée. Elle n'en fait rien, au contraire, sa paume trouve sa joue, ses doigts caressent la barbe naissante. Il est le seul sur lequel elle s'attarde ainsi, avec une délicatesse qu'elle ne sait offrir qu'à lui.

regarde moi. regarde moi. regarde les émotions que tu me forces à traverses, toutes ces incertitudes, toute cette honte qui me colle à la peau. qu'ici, face à toi j'ai l'impression de perdre pieds, de m'engouffrer dans des sentiments qui ne seront jamais consommés. regarde moi et tu verras, que je ne suis pas aussi forte que tu le pensais.

si je dois mourir un jour, il faudra que ce soit de ta main. qu'elle exprime, sans sourciller. elle stoppe les arabesques qu'elle dessinait contre sa peau. elle ne peut se satisfaire d'une vie monotone, sa mort elle aussi sera des plus grandioses. ils ne la mettront pas à terre, ces autres, ceux qui veulent les voir périr et en un regard elle lui fait la promesse silencieuse qu'elle reprendra sa place auprès de lui. quoi qu'il lui en coûte. elle enverra au diable les derniers jours, brulera tout ceux ayant osé s'opposer à cette vie écrite depuis la nuit des temps. crois moi, je n'oublie pas, je n'oublierai pas. il est bel et bien là, le problème. rien de tout ça n'aurait du arriver, je n'ai pas été à la hauteur. sur aucun point. et en s'enfuyant à des milliers de kilomètres, Médée n'a fait qu'accentuer le manquement à son devoir. En fréquentant un homme, à peine quelques heures, elle s'est reléguée elle même au rang de tout ceux qu'elle exècre. Ses muscles se tendent à cette seule pensée. Le dégout glisse sur sa peau, le long de son échine jusqu'à la faire grimacer. cela n'arrivera plus. qu'elle siffle, ses cuisses abandonnant l'être aimé pour se remettre sur ses deux pieds. De nouveau elle s'enferme à l'intérieur de son peignoir, noue les liens vigoureusement tout en évitant les débris de verre sur le sol pour se servir un verre qu'elle avale d'une seule traite. mais laisse moi deux jours de plus. c'est tout ce que je te demande. deux jours.