weirdness (nika)

dire non à une jeune femme était toujours délicat. surtout pour irwin, âme trop sensible dans ce monde de fou. cette sensation de rejet, de n’être pas suffisamment bien. de les faire douter à se demander si elles ne sont pas suffisamment belles ou intelligentes ou les deux. il ne souhaitait faire vivre ça à aucune demoiselle. c’était pour ça que durant un temps, un faible oui avait toujours franchi ses lèvres. mais ce temps-là était révolu. lui aussi était passé par là. il s’en était pris des râteaux à l’époque de l’université. il s’en prenait encore, mais moins. il faut dire qu’il ne cherchait plus. l’amour était devenu un songe inconnu pour lui. mais en regardant nika se tenir devant lui, dans cet état second il voyait un sentiment d’abandon. un cri du désespoir. une volonté de se faire aimer par tous les moyens. de se sentir exister. de tout oublier. et au fond il n’y avait rien de mal dedans. c’était dans la nature humaine. « nika…. » sa voix était rauque, empli d’une pointe de tristesse. son ton presque suppliant. « est-ce-que tu pourrais y mettre un peu du tien ? s’il te plait ? » se forcer ainsi ne mènerait à rien. malgré ses regards aguicheurs. son corps contre le sien. ses tressautements dans son cœur. ne se rendait-elle pas compte de l’effet qu’elle lui faisait ? de l’effort du garçon à se tenir comme il faut alors que ses plus vils démons intérieurs voulaient tout autre chose ? lui qui n’avait pas gouté au plaisir de la chaire depuis des années ? irwin n’était qu’un homme, un homme qui tentait de se comporter de manière galante et respectueuse. mais tout le monde avait ses limites. et bien que nika était une femme des plus attirantes, il savait conserver ses bijoux de famille dans son caleçon. sa voix douce, presque trompeuse n’avait pas attendri la demoiselle. ni son histoire de fée. bien autre contraire, elle semblait brûler d’un feu nouveau. presque révoltée, à vouloir s’acharner. d’une volonté à montrer qu’elle savait utiliser les charmes de son corps. irwin soupira, tentant d’enlacer son corps pour la calmer. « tu ne me dégoutes pas » qu’il commença à expliquer. ce qu’elle faisait de ses nuits le regardait que très peu. qu’elle boive à s’en détruire le foie, qu’elle danse à s’abîmer les pieds, qu’elle soit volage à en courbaturé son corps. c’était sa vie. son choix. ses répercussions. « si tu aimes coucher avec un mec différent tous les soirs c’est ton problème… » qu’il articula cette fois-ci la voix plus dure. il n’aimait pas son insinuation, le fait que lui dire non était la chose la plus horrible à faire. que sans une bonne dose de jambe en l’air sa nuit rimait à rien. c’était faux tellement faux. « qu’il te faut de l’alcool dans le sang pour t’en motiver et passer à l’acte…. » des rides se formaient sur son front. « mais tu devrais quand même avoir quelques critères. » qu’il souligna cette fois-ci en serrant son poing. enfonçant les ongles dans sa peau. couchait-elle vraiment avec des pervers ? des hommes salaces qui l’utilisent comme des objets ? il n’osait pas lui demander. « car ce n’est pas moi qui me lève le lendemain matin en me disant que j’ai certainement dû coucher avec un homme de quatre-vingt ans. » qu’il finit par dire cette fois-ci tranchant. il fallait qu’elle comprenne. qu’elle voit que toute cette situation était dangereuse. que ce soir elle avait de la chance de tomber sur lui et pas sur quelqu’un d’autre. sur une âme qui lui voulait du bien et non la maltraité. « et si tu as vraiment aucun contrôle sur ta libido tu peux aussi devenir pute, il parait que ça paie bien. » qu’il conclut le regard virulent. il fallait qu’elle sorte de cette phase. qu’elle affronte la réalité. qu’elle voit à quel point tout ça était malsain. que l’alcool et le sexe ne régleraient pas ses problèmes. « bordel je veux juste que tu te reprennes ok ? car te voir comme cela, ça fait juste mal. » il s’était écarté. car si elle voulait voir du dégoût, elle était maintenant en première loge. que lui en avait marre de se montrer doux, qu’elle ne comprenait pas le message. il s’attendait à sentir une claque sur sa joue, que sa peau devienne rouge. mais au fond il savait qu’elle devait entendre ses mots. que la dorloter ne servait à rien. « désolé, je me suis un peu lâché. » qu’il s’excusa le regard légèrement coupable. il était juste fatigué, après cette journée de travail, et voulait rentrer chez lui.

Irwin & Nika.

weirdness.
Beaucoup trop de chose se mélangeant depuis trop de temps dans ton esprit. Tu essayes de t’accrocher, de ne pas craquer, mais ce n’est pas simple. Tout au contraire. Pinçant tes lippes, tu laissais le vent frais te caresser, alors que tu es là à implorer cet homme, cet inconnu, du moins c’est ce que tu penses. T’aimerais qu’il te touche, qu’il te prouve que tu es vivante. Mais tout ça n’est pas toi, ce n’est pas toi à courir, parcourir les hommes d’un regard, à choisir une proie. Il te faut plus qu’un physique, beaucoup plus, mais tu es une cause désespérée, ta vie est comme morte et complétement différente. Mais tout ce que tu tentes de faire ici, c’est retrouvée ta putain de voix qu’on t’a volé en te laissant abandonné. En te mentant. T’es dans un abîme que personne ne voit, coincée dans une bulle transparente. Une telle impression de voir les autres heureux, alors que toi, tout te glisse entre les doigts. « Je peux faire beaucoup … » Mais tu ne finis pas ta phrase, t’as un haut le cœur, alors ça te stoppe, mais c’est peut être mieux ainsi. Mieux de ne pas creuser un peu plus cette tombe si lugubre que tu te fabriques à chaque sortie. Elle te manque ta vie d’avant, la Nika d’avant aussi. T’aurais presque envie d’aller trouver l’épaule de ta chica, de te poser, de tout lâcher et ne plus jamais bouger. Ne plus jamais affronter ce monde trop cruel, trop fou. Plus rien ne te donne envie d’avancer. Tu n’es qu’une fugitive, une hors la loi et c’est beaucoup trop pour toi. Tu n’es pas sereine à te promener dans la rue. Tu as peur, mais c’est con. Tu es mariée, tu es sauvée princesse, mais tu refuses tout autant cette imposture que le gouvernement. Tu le regardes celui à qui tu t’es accroché telle une moule, tu ne comptes pas le lâcher de sitôt, pauvre de lui sans doute. « Si … » Tu n’as pas envie de le laisser parler, de lui laisser avoir raison, car tu te sens sale, et qu’il est normal à cet instant que n’importe qui te trouve repoussante, dégoutante. C’est ce que tu ressens, mais tu pensais pouvoir tout cacher derrière un sourire sur tes lèvres, un peu de courage et donc d’alcool dans les veines. Mais le mot un peu t’a sans doute échappé dans la manœuvre. Ces mots sont des lames à présent. Ton cœur qui était déjà partie ailleurs, te délaissant, t’abandonnant, tu commences à avoir l’habitude après tout. T’es mal au point et pourtant tu l’écoutes encore, t’aurais sans doute dû prendre la fuite, mais tu n’es même pas sûre de savoir marcher aisément sans tomber dans le caniveau, comme un vulgaire déchet. Il a raison, t’es assommée un peu plus par ses mots. Tout se mélange, se multiplie dans ton esprit, tu perds beaucoup trop pied. Mal au cœur, l’estomac qui t’assomme d’une douleur. T’es mal, trop mal. Inerte, comme morte, tu ne sens même plus les larmes qui ruissèlent le long de tes joues. T’es juste telle une statue, sans aucune sensation en apparence, tu es obnubilés par tout ce qui ne va pas et t’en oublie le reste. Ton cerveau nage dans une douleur encombrante, ton cœur ne peut oublier la douleur, le mal qui te ronge depuis quelques semaines. Tu t’accroches, de tes opales aux siennes, tu es en apnée et tu entends sa phrase, sa dernière arme contre toi. Pour te montrer que tu n’es rien ? Pourtant, tu ne sais pas, tu sens dans son regard qu’il tente de te raisonner, de te démontrer tout le contraire de ses mots. Tu piges rien, t’es incapable de piger quoi que ce soit. Ça lui fait mal ? Pourquoi, mais pourquoi. La question ronge ton cerveau, tes yeux crient la douleur que tu as au fin fond de ton être, qui te dévore petit à petit. Un rictus dégouttée qui s’exquise, tu hausses les épaules. Il est temps de fuir peut être ? Tu y songes. Tu songes à délaisser cet homme qui n’est pas un inconnu, et pourtant tu le vois de la sorte de suite, tellement ton esprit est rongé avec ce mélange de peine et d’alcool. Plus de contrôle, t’es plus rien, qu’une enveloppe corporelle souiller par tes propres soins. « Tu as dit ce que tu pensais … » Ta voix est minime, on pourrait ne pas l’entendre dans le ballet incessant des cris et des rires des autres personnes présentes sur l’asphalte. La lèvre tremblante, les larmes qui roulent encore, mais t’es silencieuse dans cette peine. « Au revoir. » Tu fixes son regard et tu es confuses, complétement mal à l’aise. Sans un mot tu tournes les talons sans même savoir ce que tu fais, où tu iras, mais à ce moment-là précis plus rien ne compte, t’as juste plus l’envie de quelques choses. Tu marches avec difficulté, mais tu luttes, tu te bats pour être forte, encore un peu. Tu ne demandes pas la lune.

il avait merdé. il avait dit des mots inconsidérés, des mots irréfléchis. juste pour blesser la jeune femme, presque dans l’idée de lui faire enfin ouvrir les yeux. de voir dans quel état dégradant elle se trouvait, que cela devait changer. pour elle. pour qu’elle se sent enfin mieux dans sa peau. mais au fond, il savait que ce n’était pas à lui de dire ça. qu’il avait outrepassé ses limites. qu’il ne la connaissait pas. qu’il n’avait pas le droit de la juger aussi durement. que c’était sa vie, qu’elle était adulte, qu’elle pouvait faire ce qu’elle souhaitait. qui était vraiment irwin pour se permettre de dire de telles choses ? ce n’est pas comme s’il valait mieux qu’elle. lui aussi pouvait se reprocher des choses, des comportements. le fait de pas avoir pu sauver sa petite sœur par exemple. de l’avoir abandonné dans une famille d’accueil. d’avoir commencé à travailler au black, d’être allé de l’autre coté de la loi.il était loin d’être irréprochable. oh ça non. mais lui au moins avait le mérité d’essayer de se battre, de ne pas se laisser couler, de ne pas aller à la facilité. de ne pas se perdre dans l’alcool et d’autres vices de la vie. c’était surement la différence entre elle et lui. parce que lui avait des personnes pour qui se battre, à qui il donnerait sa vie. et il commençait à se dire que peut-être, juste peut-être, ce n’était pas le cas de nika. que c’était cette forme de solitude qui la bouffait de l’intérieure. mais en voyant les larmes coulées le long des joues de la jeune femme, il regrettait maintenant ses paroles. il pouvait y lire toute sa tristesse. son désarroi. le vide dans son âme. tout le mal qu’elle s’était affligée. irwin avait presque envie de se rapprocher, de la prendre dans les bras, de lui murmurer que tout irait bien. qu’il suffisait qu’elle s’accroche. mais il ne fit rien de tout ça, le cœur impassible. parce que maintenant c’était elle qui avait toutes les cartes en main. ses opales plongées dans celle du gamin. il la voit se renfermer sur elle-même. reconstruire des murs invisibles autour d’elle, comme pour se protéger de toute cette méchanceté, le venin procuré par les mots. la jeune nika aguicheuse semblait s’être volatilisée, laissant place à une personne bien plus froide. il ne lui en voulait pas, c’était dans la nature humaine de mettre son cœur en sécurité. instinct de survie. et même si une petite part de lui-même souhaitait la suivre, la raccompagner jusqu’à chez elle. simplement pour être certain que rien ne lui arriverait sur le chemin du retour. mais en même temps, il savait qu’il ne serait plus le bienvenue. surtout après l’avoir insulté aussi ouvertement. et peut-être que même si elle ne s’en rendait pas encore compte, elle avait besoin de temps pour réfléchir. pour comprendre. pour se retrouver. alors il la regardait s’en aller sans lui dire un mot de plus, car au fond il n’y avait plus grand-chose à dire.