(tw /sexe) broken heart.

il sait qu'elle lui ment. il n'est pas idiot. il ne sait pas pourquoi il a reçu ce mail, mais il est là, dans sa boite. alors que c'est pas adressé un seul moment à ezio. que c'est bien le prénom de sa femme, même si son nom de famille a été remplacer par celui qu'elle portait avant qu'ils soient mariés.
elle lui ment. et il n'aime pas ça. pourtant, il éteint l'ordinateur du bureau. il se dépêche de ranger ses affaires dans ce gros sac qu'il se trimballe partout, ayant glissé le mail qu'il a reçu pour lui montrer en face à face directement.
dans la voiture, ezio retire sa cravate. la cigarette est allumée, les nerfs à vif. flora est morte. il se réveille tous les matins dans l'espoir que ce ne soit qu'un cauchemar mais ce n'est toujours pas le cas. sa petite princesse est morte et il ne s'en remet pas. plus les jours avancent, plus il s'enfonce dans la douleur. c'est surtout pour ça qu'il reste plus longtemps. jusqu'à aujourd'hui, il ne se doutait pas de ce qu'il pouvait se passer.
alors non. ce mail n'est pas tombé sans aucune raison, et la colère n'est que trop grande face à un mensonge qu'elle joue encore et encore. il connaît trop bien alix. et il sait qu'elle ne pourra pas lui mentir face-à-face.
il fini par se garer devant leur maison. les lumières sont allumés, il récupère ses affaires et il passe la clé dans la serrure. il inspire un bon coup, alix est là, dans ce grand salon. il regarde cette photo d'eux, tous les trois, qui est sur le meuble, à côté de là où ils posent les clés. t'as vu, j'ai pas attendu que le cadran de ma montre face le tour avant de rentrer. il provoque presque. quoi ? une dispute ? il n'en sait rien. il ne la laisse pas le temps de s'approcher, qu'il sort de son sac le mail qu'il a imprimé et qu'il pose sur la table. il la laisse la lire, pour voir qu'il ne mentait pas. il n'aurait jamais pu imaginer ce genre de choses. il pensait que c'était terminé, cette histoire, mais... mais il s'est visiblement trompé. tu vas me mentir ouvertement ou tu vas assumer ce que tu me caches ? il ne laisse place à aucun doute. au contraire. il lui en veut beaucoup de tout ça. comme il s'en veut beaucoup d'avoir tout perdu. sa fille. surtout.
c'est à cause de lui.
même si... maintenant, il aurait le droit de rejeter la faute sur elle. pourtant, pour le moment, il n'a rien. aucune idée.

◐ ◐ ◐  
{ broken heart }
crédit/ tumblr ☾ w/@Ezio Romani

Dans son esprit,
un chaos sans nom,
dans son âme vide,
toute sa perdition.
Cinq, dix, quinze fois, elle relit ses messages. Et le myocarde inquiet, ne cesse d’accélérer ses battements irréfrénés. Elle ne comprend clairement pas comment Esteban a pu faire une chose aussi idiote que lui envoyer un mail… et sur une mauvaise adresse. Elle ne comprend pas comment il a pu la mettre dans un bordel pareil.
Ezio, il ne la croit pas,
Ezio, il la connaît trop bien pour ça.
L’esprit paniqué, elle ne peut pourtant pas lui dire la vérité. Elle ne pourra jamais l’admettre, la réalité est bien trop cruelle. Toute leur vie ne tient plus qu’à un équilibre. Elle est, comme, un château de cartes beaucoup trop fragile. Le moindre mensonge avoué, serait comme une carte retirée. Le moindre mensonge avoué, et toute leur existence pourrait s’effondrer.
Il n’acceptera jamais tout ce qu’elle a fait. Il n’acceptera jamais qu’elle ait pu reprendre les affaires familiales alors qu’elle avait arrêté. Il n’acceptera jamais, qu’elle ait recommencé. Alix, comme une camée, elle a craqué. Alix, comme une junkie, elle a encore pris le parti de sa famille.
Jusqu’à y perdre sa fille.
Plus que tout le reste, c’est bien cette vérité qui lui fait le plus peur,
celle qui briserait leurs deux cœurs.
Ezio, il ne doit jamais connaître la vérité. Il lui en voudrait. Il l’abandonnerait. Il la quitterait. Il la détesterait, à tout jamais. Et ça, elle ne peut pas l’envisager.
Elle est sans doute égoïste, Alix, sans doute cruelle aussi. Elle garde pour elle des choses qu’il est en droit de savoir ; des vérités qui l’empêcheraient de culpabiliser pour le décès de Flora. Mais elle reste persuadée que c’est la seule chose à faire. Pour lui, pour elle ; pour leur couple car, malgré tout, ils s’aiment.
Ils s’aiment, même dans la dérive,
ils s’aiment, même dans l’abîme,
ils s’aiment, même avec ce putain de vide.
Alors elle ne peut pas laisser leur amour s’effondrer. Elle refuse de le perdre, pas lui, jamais. Et elle sait, Alix, qu’elle fait le bon choix en ne lui laissant pas le sien. Elle sait que, elle est en train de décider pour lui, quelque chose qu’il a le droit de choisir. Mais Alix, elle a toujours cru qu’elle pouvait choisir pour les autres ; ça a toujours été son rôle. Femme de pouvoir, elle se l’accapare, et ne lui laisse aucun droit. Même pas celui de la quitter.
Enfin, il arrive, la voiture de luxe s’arrête dans l’allée. Elle entend ses pas de plus en plus près. Autant que les battements de son cœur continuent de s’accélérer. Elle est déjà debout quand elle entend le cliquetis de sa clé. Et les voilà, bien vite, face à face.
Silencieuse est la louve alors qu’il s’approche, les prunelles sombres qui le dévorent. Imperturbable et assurée, elle se saisit du mail imprimé. Les quelques mots dont il lui a parlés, elle les survole, puis reporte sur lui toute son attention. Lui, son mari à bout de nerfs. Lui, son mari en colère mais encore calme devant elle. Alix, elle sait qu’il peut éclater à tout moment. C’est à elle de désamorcer la bombe. « Je ne te cache rien du tout. » elle n’admettra pas. Jamais. Autant se tirer une balle tout de suite dans le pied. Et Alix, elle n’a jamais été suicidaire. Même en pleine détresse, même agonisante depuis que sa fille a trépassé, elle continue de se battre pour exister. Et se battre, aussi, pour leur couple ébranlé. « Je suis désolée, sincèrement. Je suppose que mon frère a utilisé mon nom pour se crédibiliser. » Le pauvre Milo, il a bon dos. Elle lui rejette ses erreurs dessus mais elle ne peut pas, elle ne doit pas, avouer quoi que ce soit. « Ezio, il faut que tu me crois. Tu sais que j’ai arrêté tout ça. » Mais le mal, il coule dans ses veines. Il sort impudiquement de ses lèvres à chaque mensonge qu’elle lui sert.
Pourtant, tout ça, c’est parce qu’elle l’aime.

certain qu'elle lui ment, il ne vit pas bien ce qui est en train de se passer. elle pourrait faire ça, alix. elle pourrait recommencer pour aider sa famille. elle pourrait recommencer pour trouver un sens à sa vie, maintenant que flora est morte et qu'ils sont tous les deux dans un point d'encrage sans réussir à s'en sortir. à se relever. ça pourrait si mal se terminer que ça lui fait mal. et là, l'homme blessé cherche des réponses. il la connaît par coeur. il sent. il sait. on ne peut pas se tromper à ce point là ; ce mail n'est pas arrivé par là comme ça, dans sa propre boite.
les pas se pressent, la feuille déjà manipulée est posé sur la table, sans quitter son regard, dans l'espoir qu'elle se décide à craquer. la vérité fera forcément moins mal. mais non.
elle ne le lâche pas du regard dès qu'elle assure qu'elle ne lui cache rien. et lui ? lui, il ne la lâche pas non plus du regard. il fronce les sourcils, sans savoir quoi dire. elle ne lui mentirait pas en le regardant droit dans les yeux, n'est-ce pas ?
car, si elle fait ça, elle le sait. elle le sait qu'il ne lui pardonnera jamais. pas parce qu'elle a finalement, peut-être, sa part de responsabilité dans le destin d'une fille qui n'a rien demandé et qui s'est retrouvé dans un état lamentable, six pieds sous terre, une pierre tombale et une phrase à la con gravée sur ça. pourquoi milo aurait fait ça ? pris ton nom ? ce n'est pas logique. ils ne fonctionnent pas comme ça, normalement. ils assument, prêts à toutes les erreurs probables. mais ils assument.
pourquoi pas là ? pas maintenant ? ça n'a aucun sens. il ne la comprend pas.
et il n'aime toujours pas ce qu'il voit.
et quand bien même c'est milo. ma boite mail ? celle du boulot ? non alix. quelque chose n'est pas logique dans ton histoire. et il le sait. il le sait qu'elle lui cache quelque chose, ça se voit. il la connaît par coeur. et ça le tue. pourquoi il fait ça finalement ? pourquoi il n'abandonne déjà pas, tourne le dos, et s'en va dans son lit pour dormir et oublier quelques heures la douleur qu'il ressent au fond de lui sans être capable de le montrer ? il n'a pas craqué. il n'a pas fait son deuil. il a l'impression de suffoquer à chaque fois qu'elle s'éloigne ou qu'il se retrouve seul. n'étant pas retourné dans ce cimetière, n'en ayant plus le courage. il se sent mourir, pourtant il s'accroche.
appelle ton frère. maintenant. il ordonne. il doit être fixé. et il s'excusera par la suite si vraiment, elle ne lui a pas menti. mais... mais tant pis. il a besoin d'une vraie source pour confirmer ses propres. allez, appelle-le. et mets le haut parleur. car il sait milo maladroit, mais milo pris au dépourvu, il ne pourra pas mentir. peut-être qu'ezio ne comprend pas son monde, car il n'y est pas tellement plongé. mais le prendre pour un con ? il refuse.

◐ ◐ ◐  
{ broken heart }
crédit/ tumblr ☾ w/@Ezio Romani

C’est compliqué,
c’est compliqué de te fixer,
soutenir tes pupilles assombries,
et de continuer de mentir.

C’est compliqué,
de retenir la vérité,
quand je voudrais te la confier,
t’exprimer, combien je suis désolée,

C’est compliqué,
mais je peux y arriver.

Pour une autre, ce serait difficile. Peut-être impossible. Aimer une personne d’un amour aussi puissant que celui qu’elle voue à son mari, mais lui mentir. Lui mentir en pleine face, le visage implacable, la voix beaucoup trop calme. Les autres, elles n’y arriveraient peut-être pas. Les femmes qu’elle croisait en allant à l’école chercher Flora. Elle ne les imagine pas mentir, elles, comme elle le fait effrontément.
Mais Alix, elle n’est pas comme les autres,
elle a essayé, elle essaie encore,
elle essaie chaque jour d’être une femme normale,
mais elle ne peut pas. n’y arrive pas.
Alix, elle n’est pas comme les autres, elle est bien pire que toutes les épouses du monde. Mentir, ça, elle y arrive. Elle sait mentir.
Même à lui.
Même à la personne qui est devenue le centre de sa vie.
Même à celui qu’elle a épousé pour le meilleur et pour le pire.
C’est tout ce qu’elle veut lui éviter, endurer le pire.
Ils ont déjà perdu leur fille. Leur trésor. Leur bébé n’est plus là. Ne reste plus qu’elle et lui, que tous les deux pour se soutenir. Elle refuse de les laisser se déchirer. Elle refuse, même, la possibilité, qu’il puisse  songer à s’en aller.

Si seulement tu savais,
si seulement tu pouvais deviner,
combien j’ai raison de tout te cacher,
combien je nous évite seulement de succomber,

parce que si tu savais, Elio, tu la quitterais.

Elle veut seulement les empêcher de sombrer. Les empêcher de définitivement couler. Ils doivent se raccrocher l’un à l’autre, pas partir à contresens. Ils doivent faire front, ensemble. Mais Ezio a choisi de l’affronter. L’affronter, elle, plutôt que tout le reste. Comme s’il préférait se focaliser sur un maudit mail plutôt que sur leur couple à la dérive. Comme s’il ne décelait pas, qu’ils se trouvaient en ce moment au bord d’un précipice.

Ou c’est peut-être toi,
qui ne le vois pas,
toi, qui continues de t’enfoncer,
toi, qui vas réellement tout briser.


Les questions s’enchaînent sans qu’il ne lui laisse la possibilité d’y apporter des réponses. Des réponses qu’elle n’a pas, des paroles qui seraient de toute manière beaucoup trop bancales. Ezio, il la connaît trop bien pour la croire. La princesse des ténèbres le fixe toujours, les iris qui ne cillent pas. Lui aussi, la dévisage. Sûrement en attente d’une vérité qu’il ne supportera pas. « Milo sait pertinemment que Gregor attend le moindre faux pas de sa part. Il sait aussi le poids que je peux avoir. » presque gênée, Alix, d’insinuer le pouvoir qu’elle n’a jamais perdu au sein de la mafia. Elle, la fille unique des Ferreira. Elle, redoutée et redoutable.

Elle ne s’est pourtant jamais sentie aussi petite,
qu’à cet instant face à son mari.

Disparue, l’impériale. La beauté froide et royale. Plus rien de tout ça. Plus rien de tout ça, face à Ezio. Elle garde le port altier, la tête relevée. Elle se confronte à la tempête qu’il est en train de déclencher, sans  broncher, sans tenter de s’échapper.
Elle encaisse, Alix.
Mais non, elle ne s’est jamais sentie aussi petite.
Le soupir au bord des lippes, elle contient toutes les angoisses qui menacent de l’engloutir. Elle secoue la tête face à ses dires. « Je ne dis pas que c’est logique, mais je t’ai promis d’éclaircir tout ça quand je le verrai. » Du temps. Elle a besoin de temps. Parler à Milo, d’abord. Trouver une réponse correcte pour Ezio, ensuite. Mais il la prend de vitesse. Avec cette demande qu’il lui adresse. Un ordre, en vérité. Le seul homme au monde qui pourrait oser. C’est parce qu’il est si loin de son monde qu’elle l’a autant aimé. C’est parce qu’il se fiche de son nom qu’elle lui est aussi vouée. Mais, tout de suite, elle aurait voulu qu’il n’ose pas. Les rétines plongées dans le noir, elle ne bouge pas. Elle se contente de le regarder, comme si elle croyait rêver. « Ezio, je suis ta femme. Si je te dis quelque chose, tu me crois. Tu ne demandes pas à mon frère de le confirmer. » impitoyable, elle affirme. Sans le lâcher de ses iris.
Prête à se disputer avec lui mille fois,
plutôt que lui céder ce combat.

il le sait. il la connaît, par coeur. capable d'y déceler le mensonge malgré ses pupilles qui ne scient pas. malgré son air calme, même si ses traits sont froids. non. il la connaît. et il ne pensait pas qu'un jour elle fera ça. elle lui ferait ça.
leur.
eux deux.
les mensonges, c'est tout ce qu'ezio déteste. libre à lui d'en avoir le droit. c'est bien pour ça qu'il est tombé amoureux d'alix. elle a toujours été honnête sur son passé familial, il sait des choses qu'il n'a pas voulu savoir sans que ce soit trop marquant. il sait aussi qu'elle a dû pouvoir mais qu'elle était censée avoir arrêté, bien qu'il ne lui ai même pas demandé de faire un choix ; elle l'a fait. elle. elle l'a choisi lui, puis leur famille quand ils ont commencé à en devenir une. pourtant, son passé n'a jamais, jamais été un problème. connaissant sa famille, s'entendant avec perfection avec eux, même s'il suffit d'un simple grognement pour les faire arrêter si, par par hasard, ils finissaient par parler de quelque chose qu'il n'avait pas envie ; pas chez eux. c'était un havre de paix, un havre qui s'est brisé à la minute où flora est porté disparue ; à la minute où son enfant est morte et qu'ils se sont retrouvés que tous les deux, une chambre d'enfant trop vide, le mal en lui, le mal en eux.
ah. oui. le poids qu'elle peut avoir. pouvais. c'est ce que tu aurais dit. pouvais avoir, car tu n'es plus censée faire affaire dans tout ça. il rectifie. analyse chacun de ses mots, ne bougeant pas d'un seul millimètre. l'envie de se griller une clope est présente, mais pas à l'intérieur. pas même que flora est morte. et il est certain qu'il ferait plus chaud dehors qu'à l'intérieur de cette grande maison. il va vriller. si elle continue.
il va vriller, si elle le pousse un peu trop à bout.
t'as pas besoin d'attendre de le voir. appelle-le. il répète, ordonne. si elle ne le fait pas, c'est qu'il y a forcément quelque chose qu'elle ne lui dit pas hein ? et alix l'achève.
elle le prend de haut.
mais elle le prend comme eux, surtout.
son regard devient noir, son poing s'abat sur le marbre. ne fais pas ça alix. ne me traites pas de ceux que je ne suis pas. t’es pas là cheffe ici. t’es ma femme oui, mais je suis pas eux. je suis pas ton gang. il hurle presque. en colère, qu'elle ose lui faire ça. et comme tu le dis si bien, t'es ma femme. ouais. t'es la mère de flora, si tu veux que je pousse loin l'étiquette que tu désires sur le front. mais j'suis ton mari. alors t'arrêtes ça. de suite alix. parce que j'vais m'énerver très fort. il se rapproche d'elle. le regard noir. il sait qu'il a touché un point sensible autant qu'elle ; assez pour qu'elle lui parle de cette manière. dis moi la vérité. où j'te jure que j'me barre moi-même voir ton frère, et je réponds à ce certain esteban pour en avoir le coeur net. il oserait. il oserait si elle lui fait ça. il ne voit pas sa sécurité. mais... putain. mais si tu me lances un ordre, je vais regretter ce que je ne pourrais pas contrôler. c'est même pas une menace. c'est une peur qu'il ressent d'un coup, qu'il a besoin d'exprimer. sa main lui fait mal tant elle le démange, et c'est hors de question qu'il soit cet être abominable qu'il ne reconnaîtrait pas.

◐ ◐ ◐  
{ broken heart }
crédit/ tumblr ☾ w/@Ezio Romani

Il y a des vérités trop cruelles,
de celles qui sont mortelles,
de celles qui mettraient leur amour plus bas que terre,
de celle qui les séparaient,
et ça, elle ne peut pas l’accepter,
Alix, elle ne pourra jamais.

Mais il ne comprend pas.
Il ne comprend pas qu’elle tente seulement de sauver leur mariage. Leur couple. Leur amour. Tout ce qu’ils ont construit et tout ce qui pourrait s’effondrer maintenant qu’ils ont perdu leur fille. Ezio, il n’imagine pas tous les combats qu’elle mène de front. Il ne peut pas déceler le besoin irrésistible qu’elle éprouve d’obtenir sa vengeance. Tuer ceux qui leur ont pris Flora. Les tuer, sans jugement, sans emprisonnement. Juste, les tuer de ses propres mains. Ça non plus, il ne comprendrait pas. Il n’est pas de ce milieu, il vient d’un univers tellement différent. Il vient du monde d’en-haut quand tout la prédestinait aux ténèbres. Ceux dans lesquels elle continue de s’enfoncer, sans se rendre compte, sans réaliser qu’elle approche de plus en plus des flammes de l’enfer. Il ne réalise pas tout ça, mais il fait comme s’il savait ; comme s’il comprenait. Jusqu’à analyser le moindre de ses mots comme si elle pouvait se tromper. Elle, Alix, il la croit si stupide. Ses paroles l’agacent, lui donnent la sensation de subir un procès sans avocat. Mais elle n’a pas besoin d’avocat. « Oh je t’en prie, ne sois pas naïf. Ce n’est pas parce que j’ai arrêté que mon nom est oublié. » et elle le fait encore. Sans s’en rendre compte. Elle retrouve l’arrogance qu’elle n’a pas, d’habitude, pas quand elle porte le nom de Romani. Ce n’est peut-être pas elle qu’il a en face de lui, là, tout de suite. Peut-être que c’est Alix Ferreira qui se dresse en ce moment devant son mari. Si la princesse des ténèbres n’était pas occupée à remettre sa couronne, peut-être qu’elle réfléchirait. Peut-être qu’elle remettrait en cause les choix qu’elle a décidés. Peut-être qu’elle tenterait, enfin, de retrouver une certaine clarté dans ses nébuleuses pensées.
Mais ce n’est pas ce qu’elle fait.

Parce que je le sais,
je le sens au fond de moi,
je n’en doute même pas,
tu ne voudras plus de moi,
si j’étais Alix Ferreira,

car comment m’aimerais-tu,
si je hais moi-même tous les jours le reflet que je vois dans le miroir ?

Comment pourras-tu m’aimer,
alors que moi-même, je me hais ?

Il suffit de voir l’obscurité qui étreint ses prunelles, quand elle refuse l’ordre qu’il lui donne. Elle connaît Ezio, autant qu’il la connaît, par cœur et par corps. Elle sait deviner dans les traits endurcis de son visage, toute cette rage. Toute cette colère dont elle est responsable. Elle le connaît, elle voit trop bien qu’elle vient de le toucher, avant même qu’il ne se mette à crier. Prêt à vriller, Ezio, prêt à craquer. Le poing qui s’abat, le regard qui ne la quitte pas. Comme si c’était elle qu’il voudrait atteindre, elle dont il voudrait prendre possession de ses mains. « Bordel, mais je ne fais rien ! C’est toi qui m’accuses alors que tu devrais avoir confiance en moi, c’est toi qui me donnes des ordres pour un putain de mail, et c’est moi, en plus, qui devrais m’inquiéter de t’énerver ? » elle commence à sentir l’énervement l’envahir, elle aussi. Le timbre de sa voix s’est légèrement relevé mais toujours moins que celle de son mari. La vérité, c’est que ses mots viennent la toucher. Ils la percutent de plein fouet. Il n’y a que ça, sans doute, pour la faire elle aussi craquer. Parler de Flora. Parler de son rôle de mère alors qu’elle a perdu Flora. Il n’y a que ça, que ça, pour qu’elle commence à vriller à son tour, autant que son amour. Il se rapproche d’elle, elle le fait aussi. Elle l’imite, nullement effrayée ni par sa stature, ni par ce qu’il peut dire. Les opales qui le fixent, noires, noires d’une rage qui illumine. Pupilles dilatées comme un désir qui ressurgit. Il n’y a pourtant que de la colère dans ses iris. Elle sait qu’il oserait… elle le voit dans ses yeux mais surtout elle le devine avec trop de facilité. Il est capable de tout, Ezio, s’il veut obtenir la vérité. Mais elle, n’aurait qu’un appel à passer, pour faire taire ce demeuré d’Esteban. Dans son esprit, tout tourne à vive allure, si bien qu’elle n’a pas le temps de réagir. Il continue sur sa lancée, toujours fou de rage de cette hargne qu’il a du mal à assumer. Elle, elle approche, un peu plus près. « Et qu’est-ce que tu vas faire, hein ? Tu crois que tu peux faire quelque chose qui me détruit plus que je le suis déjà ? » Un autre pas. Quelques millimètres désormais les séparent. « Tu veux faire quoi, Ezio, hein, tu veux me quitter ? Tu veux… me frapper ? Tu crois que ça te fera du bien, c’est ça, tu crois que ça te soulagera qu’on se déchire ? Tu crois que c’est de ça qu’on a besoin là, tout de suite ? » Alors qu’ils viennent de perdre leur fille. Alors qu’ils vivent avec, en eux, tout ce vide. Vraiment, c’est ça qu’il veut, qu’ils se brisent, eux aussi ? Qu’ils se perdent, eux aussi ?

Parce qu’autant mourir tout de suite.

elle le traite mal. vraiment. suffit d'le voir avec ses mots qui sont en train de le faire bouillir. elle le prend de haut. mais putain, elle se prend pour qui ? parce que son gang de merde, son rôle de merde, c'est dehors. elle n'est pas une ferreira ici. pas celle de l'ombre en tout cas. elle n'est ni la maîtresse, ni celle qui a le droit de lui parler comme une sombre merde. peut-être qu'il est énervé, mais il ne lui manque pas de respect. pas à ce point putain. naïf ? ça va tes chevilles ? il balance. parce que si...
le point éclate sur le marbre. oubliant la propre douleur qu'il ressent à ce moment précis. ses traits sont tirés, les yeux rouges par la colère, ou
son nom est censé être oublié, après des années sans pratique. pas tant oublié, mais... elle ne devrait plus avoir autant de force dans ce putain de monde. et vraiment, il lui en veut d'oser le prendre de cette façon, et de le prendre pour un con par dessus tout.
elle lui rejette tout. tout par dessus.
peut-être qu'il hallucine, c'est vrai. c'est pas qu'il cherche à se lâcher un peu de cette immense culpabilité qui le ronge sur ses épaules. mais... putain. juste il sent le mensonge, il sent qu'elle le prend pour un débile, et ça le tue. vraiment. il sent qu'elle a dû faire des magouilles. ça ne peut pas être qu'une coïncidence, si ?
si. c'est possible.
il se rapproche. elle en fait de même.
est-ce qu'il pourrait lui faire du mal ? même si son poing le démange, en dehors de l'immense douleur, non. non, il ne peut pas toucher alix, il ne peut pas lui faire du mal comme ça. jamais, jamais il ne se le pardonnerait. tu veux, tu veux, tu veux. il répète ses mots. et quoi ? elle le pense ? il en serait capable ? il n'en sait rien. non. bien sur qu'il ne va pas la frapper. encore moins divorcer.
il sent qu'il va craquer. il lâche une seconde fois son poing sur le marbre, sans retenir le gémissement de douleur qu'il ressent d'un coup. c'est ce que tu veux hein ? qu'on divorce ? il balance. de but en blanc. tu m'en veux tellement de la mort de flora que tu m'crois capable de ça. de te frapper. de te faire du mal ! il gueule si fort que cette grande maison pourrait potentiellement trembler. il délire, il craque, mais pas de la bonne façon.
et en même temps, il sent l'émotion qui le transperce quand le flot de larmes lâche sans qu'il ne soit capable de se retenir. j'sais que tu me mens. il balance. mais j'te ferai pas ce plaisir là. de te quitter. de te faire du mal. tu m'prends de haut. tu m'prends comme toutes ses merdes que tu côtoies. mais t'oublies que j'le suis pas. t'oublies que je suis ton mari, pas comme eux. il est touché en plein coeur. il a mal. partout. va t'faire foutre. il lâche, sans être capable de retenir, avant de faire demi tour et d'aller dehors, son paquet de cigarettes. il claque fort la porte de la baie vitré. il allume sa cigarette.
il a mal. il a mal partout.
et son poing, celui qu'il vient de se blesser, vient s'écraser à nouveau contre le mur, à plusieurs reprises. sentant le sang qui coule, il s'en fiche. il veut se faire mal. pour ne pas faire du mal à quelqu'un d'autre.
il veut se faire mal.
pour oublier à quel point il déteste ce qui est en train de se passer, là.

◐ ◐ ◐  
{ broken heart }
crédit/ tumblr ☾ w/@Ezio Romani

Le coeur en vrac,
le noeud à l’estomac,
mal, elle se sent tellement mal,
mais elle continue de se battre,
contre lui,
pour lui.
Peut-être qu’elle a perdu toute morale. Peut-être qu’il y a longtemps qu’elle a égaré les notions de bien et de mal. Alix, elle a cessé d’y croire. Cessé d’avoir de l’espoir. Elle n’est pas quelqu’un de bon, ni de juste, sans doute. Injuste, elle est terriblement injuste envers lui. Ezio, si loin de son monde, il l’a pourtant acceptée malgré les vices dans lesquels elle est née. Ezio, il ne l’a jamais jugée. Ezio, il l’a toujours aimée. Mais, depuis le décès de leur fille, il y a ces ombres tortueuses qui flottent au-dessus d’elle, l’enveloppent pour mieux l’atteindre. Pour mieux l’enfoncer dans les ténèbres. Elle laisse l’obscurité l’engloutir, Alix, comme un trou noir qu’elle n’essaie pas de fuir. Elle ne résiste pas, pire. Elle s’engouffre avec un malsain plaisir, comme si la souffrance et la noirceur pouvaient combler ce vide. Comme si les envies assassines pouvaient lui ramener sa fille. Elle s’enfonce, Alix, mais elle ne veut pas le faire plonger avec elle. Refuse de l’entraîner dans son enfer. Dans toutes ses contradictions, l’éclipse cherche à la fois la lumière et les ténèbres. L’amour et la haine. Le pardon et la vengeance. Ezio et Flora.

Alix, elle n’a jamais su choisir.
Mais cette fois, c’est pire.
Ce serait comme si,
elle devait choisir entre son mari et sa fille.

Et, perpétuellement, les âmes maudites continuent de se damner.

Elle s’en veut. Elle s’en veut de lui infliger toutes ces horreurs. Toutes ses horreurs. Ezio, il aurait mérité une femme à la hauteur, une femme qui lui offre le bonheur. Mais, avec elle, il n’y a plus que terreur. Plus que douleurs. Elle souffre de le voir dans cet état mais la colère a pris le pas. Sur elle, sur lui, sur tout cet amour vacillant. Alors qu’elle devrait le calmer, elle ne fait que le provoquer. Alors qu’elle devrait l’apaiser, elle ne cherche qu’à le faire craquer. Alors qu’elle devrait lui dire la vérité, elle continue de le briser. Et c’est la cassure de trop. Elle le sent, pour Ezio. Il commence à tout mélanger, la rancœur de son épouse qui n’a jamais existé, et sa propre culpabilité. « Mais non, bordel, c’est pas ce que je veux ! » elle s’insurge, elle s’offusque. Elle le déteste d’interpréter sa peur avec autant de travers.

Mais elle se déteste plus encore de ne pas savoir lui dire combien elle l’aime, combien elle a besoin de son soutien,
de cette présence dont il la prive depuis des jours,
de son amour,
encore, toujours.

Le silence, devant sa souffrance. Le silence, devant sa transe. Elle soutient ses iris perlés des larmes qu’il n’a jamais voulu verser, elle les soutient avec bien de difficulté, que lorsqu’ils la fusillaient. Elle secoue la tête, négativement, à ses mots si loin de la vérité. L’instinct qui revient, de le rassurer. « Je sais que t’es pas comme eux..! » et c’est pour ça, précisément, que je t’aime. Pour ta lumière, pour ton âme pure et sincère, pour ta bonté naturelle. Pour tout ce que tu es. Pour tout ce qu’ils ne sont pas, pour tout ce que je ne serais jamais. Ses prunelles se retrouvent aussi brillantes sans qu’elle ne cherche à le contrôler. Avec Ezio, elle a moins peur de céder. C’est trop authentique, ce qu’ils vivent. Cet amour même quand il la tue, même quand il la brûle. Même quand il l’insulte, de ces derniers mots qu’il hurle. L’âme ténébreuse le suit des yeux sans bouger. Elle entend la porte claquer. Quelques secondes qu’elle attend, quelques secondes pour retrouver calme et contenance. À pas feutrés, elle finit par le retrouver. C’est là qu’elle le découvre en train de se blesser, en train de s’abîmer, un peu plus encore qu’il ne l’est.  « Ezio ! » elle l’appelle mais ne patiente guère jusqu’à sa réponse pour le rejoindre. Avec précipitation, elle arrive à sa hauteur et l’arrête. Sa main agrippe le bras de son mari, elle le force à se retourner pour se retrouver face à lui. « T’es dingue ou quoi ! » elle aurait préféré qu’il casse tout. Qu’il balance tout. Plutôt qu’il se fasse du mal à lui-même. Ses phalanges dont elle se saisit délicatement, en douceur, pour éviter de le blesser davantage, elle le regarde. Et parce que mille mots ne suffiront pas, elle l’embrasse. Elle l’embrasse pour qu’il sache. Qu’il sache tout ce qu’elle ne dira pas. Tout ce qu’elle taira.

J’ai besoin de toi,
alors ne me laisse pas,
j’ai besoin de toi,
je n’ai plus que toi.

et sous la colère, il n'entend pas. des derniers mots, d'un dernier souffle, avant que la porte se claque et qu'il décide de prendre ses distances avec sa propre femme. pour elle, plus que pour lui. à dire vrai, il est terrifié de lui faire du mal, sans pouvoir se contrôler. le coup pourrait si facilement partir sans qu'il ne le veuille, si elle continue à le pousser trop à bout. préférant la nicotine et préférant ses phalanges qui explosent contre cette façade si dure qui est en train de se tâcher de rouge par son sang.
en un instant, il se demande ce que fait cette alliance à son doigt. amoureux fou de cette femme, il a pourtant la sensation de ne pas l'avoir reconnu quand elle a décidé de le mettre à ce même pied d'égalité. en un instant, il n'a eu la sensation qu'être fou alors qu'il sait. il sent. qu'il se passe quelque chose qui le dépasse.
et les larmes. celles qui coulent sans qu'il ne soit capable de quoi que ce soit. il ne voulait pas pleurer, car il n'en a pas le droit. elle est morte à cause de lui. à cause de son boulot qui pendant une minute trente quatre secondes était plus important que la surveillance, la vigilance. le fruit d'un amour qui n'est plus qu'en train de sécher, pourrir à six pieds sous terre sans qu'il ne soit capable de remédier à ce putain de sort qu'ils auraient pu éviter. qu'il, aurait pu éviter. et elle l'appelle.
l'amour d'une femme. ce timbre différent, celui qu'il connaît car c'est celui qu'elle emploie, tout le temps, quand ils sont censés s'aimer et pas se détester. mais même là. même ce soir ; la situation est par sa faute. uniquement sienne. ezio est mal, pour eux, néfaste, pour son couple. elle lui prend le bras pour empêcher à un homme en détresse de se mettre des coups bien plus douloureux qu'il n'en a déjà.
dingue, oui. sans doute qu'il l'est. il ne répond pas, comme si sa voix venait de se bloquer. il n'a plus la force de rien.
si ce n'est qu'une seule chose.
lui rendre ce baiser.
il aurait aimé que ce soit agressif. il aurait aimé lui faire mal autant qu'il a mal. mais il n'arrive pas. car, sous ses lèvres, il sent qu'il explose en sanglots sans se retenir. et pourtant, il se refuse quand elle commence à s'éloigner. il vient passer sa main non blessée dans ses cheveux, et puis sur sa nuque pour accentuer le baiser. jusqu'à ce que son corps lâche. d'un coup.
ses jambes flageolent. il se laisse tomber sur le sol, passant ses mains sur son visage. séchant des larmes qui ne s'arrêtent pas. il s'en fiche de ne pas ressentir son index qu'il a probablement cassé dans la foulée. il s'en fiche de ce sang qui coule à flot. viens. un supplice, au beau milieu des températures hivernales. sa cigarette est lâchée depuis bien longtemps sans qu'il ne s'en soit rendu compte. il la tire, ce bras qu'elle cède en venant se mettre à son égal. et ses lèvres qui viennent à nouveau chercher les siennes, l'empêchant un énième sanglot. pardon, je t'aime. il murmure,
entre deux baisers,
la peur que ce soit elle,
qui finisse par l'abandonner.

◐ ◐ ◐  
{ broken heart }
crédit/ tumblr ☾ w/@Ezio Romani

Il y a ce truc qui se déchire en elle, ce soulèvement du cœur en berne. La douleur incommensurable vient la percuter de plein fouet. Et lui rappelle, brutalement, qu’elle continue d’exister. Que derrière les envies vengeresses et ce couple qui bat de l’aile, elle est là. Ils sont là. Ils sont encore ensemble, tous les deux, dans le tsunami qui s’est abattu. À ce raz de marée venu les submerger, ils ont survécu. Ils ont franchi cette première vague qui aurait pu les engloutir. Il y en aura d’autres. Il y en aura toujours d’autres. Mais, à cet instant, seulement, elle se focalise sur lui. Son mari. Les phalanges ensanglantées, mêlées à ces perles salées, et c’est son palpitant qui semble s’arrêter.
Et d’un baiser,
elle est prête à tout oublier.
Et d’un baiser,
elle est prête à tout lui faire oublier.
Les doutes qui l’ont assailli, les interrogations qui subsistent. Cette méfiance à son égard, qui ne s’en ira pas. Pas comme ça. La suspicion est entrée dans son esprit désormais. Comme un venin, elle s’est infiltrée insidieusement dans ses veines. Dans ses pensées. Dans son âme et lui tout entier. Il y a juste son cœur qu’elle peut retenir,
mais son cœur, il ne peut pas suffire.
Pas éternellement.
Mais pour un instant, elle veut qu’ils oublient. De ce baiser, qui les ravive. De ce baiser, qui leur redonne vie. Alix, elle a la sensation de retrouver un fragment d’elle qu’elle avait égaré. La sensation de retrouver une partie d’elle d’un seul baiser. Elle l’embrasse tendrement, langoureusement. Jusqu’à sentir le goût salé de sa douleur contre ses lippes. La féline s’apprête à reculer son visage à la recherche de ses prunelles. Mais il l’en empêche. De ses doigts qui glissent contre sa crinière, contre sa nuque qu’il presse. Il s’empare de ses lèvres. Mais pas comme elle. Avec ardeur, avec fièvre. Avec ce besoin qui le submerge. Celui qu’elle sent venir, elle aussi, alors qu’il se laisse tomber au sol. C’est sans mal qu’elle se laisse attirer, Alix, les genoux qui se posent, ses iris noyés dans ses orbes. Mais quand elle voit les larmes qui continuent de s’échouer sur son visage éreinté, elle commence à protester. « Tu t’es fait mal, je… » il l’arrête, en capturant à nouveau ses lèvres. Plongée dans l’ivresse. Dans la douleur et la fièvre. Elle entend ses mots comme une supplique. Un besoin, une pulsion, une envie. C’est elle qui glisse la première ses mains frêles, sous les bouts de tissu qui recouvrent son derme. Les mains parfois si dures quand elle enfile ses gants, quand elle empoigne un flingue. Si douces à cet instant. Elle interrompt leur baiser mais c’est uniquement pour glisser ses lèvres contre sa peau dorée. Les fragrances enivrantes de son cou, ces effluves qu’elle redécouvre. « J’ai tellement besoin de toi… Ezio. » le souffle chaud, elle vient murmurer contre sa peau. Elle resserre son corps contre le sien. Ce corps qui pourrait la briser. Pourtant, elle a la sensation tortueuse que c’est elle qui est en train de le bousiller. Et chaque fois que ça revient plus fort, elle serre son corps, un peu plus encore. Plus violemment, plus fort. Incapable de se détacher de lui, Ezio.