Trick or treat ?

Trente et un octobre, l’automne était désormais bien avancé et l’hiver approchait à grand pas. Ce soir c’était Halloween et l’ambiance s’était installée depuis quelques jours dans les rues du Queens. Comme à Noël, Ivy appréciait de découvrir les décorations installées par les habitants à l’imagination débordante. Ca et là des citrouilles rieuses, des arrangés et des fantômes aux sourires farceurs avaient fleuris sur le pas des portes, accrochés aux fenêtres et Ivy savourait l’ambiance chaque jour lorsqu’elle parcourait à pied les quelques rues qui séparaient son domicile de son lieu de travail. Chez Jo’ aussi l’ambiance délicieusement terrifiante d’Halloween s’était installé et l’établissement avait revêtu sa décoration à dominante orange. La blonde avait pris plaisir à aider son patron à décorer les lieux et les clients avaient appréciés, chacun y allant de son petit commentaire. Pour l’occasion aussi et pendant quelques jours la pâtisserie proposaient des recettes originales à base de citrouilles, les pumpkin spice latte connaissaient d’ailleurs un succès certain tout comme les cupcakes aux épices qu’Ivy confectionnait chaque jour avec attention. Pour le soit d’Halloween, Joseph avait prévu une ouverture tardive de son établissement pour permettre aux enfants courageux de venir remplir leur sacs de bonbons mais aussi pour accueillir les clients les plus fidèles autour d’une soirée film d’horreur avec des pâtisseries et des boissons en quantité. Pour l’occasion Ivy avait pu proposer une recette qu’elle testait depuis plusieurs semaines en prévision : des cupcakes au potiron et à la vanille, Joseph avait validé la recette qu’il trouvait particulièrement gouteuse et Ivy était ravie bien que très stressée de faire gouter ses pâtisseries aux clients invités pour la soirée. Pour l’occasion, elle avait voulu, sans vraiment savoir pourquoi, quand Jo’ lui avait demandé si elle n’avait pas quelqu’un à inviter, proposer à Thomas de venir passer la soirée chez Joseph. Le jeune homme avait accepté et Ivy avait hâte de le voir. Aux alentours de dix neuf heures, heure de fermeture habituelle du café, Ivy avait quitté son poste quelques secondes pour se changer et revêtir un déguisement de vampire et se maquiller en conséquences ensuite elle avait aidé Joseph a préparer la salle pour la soirée et avait revérifier qu’ils avaient bien tous les ingrédients nécessaire et que tous les gâteaux et bonbons étaient fin prêts. Alors qu’elle était en train de terminer de pocher le glaçage au sommet des cupcakes dont elle avait élaboré la recette, les premiers clients avaient fait leur arrivés, elle les avait salué les uns après les autres avant d’être saisie par la peur que Thomas ne lui fasse faux bond. C’était un sentiment assez étrange à expliquer, il avait dit qu’il viendrait mais il pouvait avoir un empêchement de dernière minute et cette perpective la faisait se sentir mal pourtant le jeune homme ne lui devait rien, ils étaient d’ailleurs à peine amis, il avait même certainement été étonné de se retrouver invité ici par Ivy… Nerveusement elle jetait de temps en temps un oeil à son téléphone, guettant un message du jeune homme qui la prévenait qu’il ne viendrait finalement pas. Cette perspective l’attristait mais elle s’y faisait, c’était peut être mieux comme ça, elle lui avait peut être fait peur lors de leur dernière rencontre en évoquant le fait qu’elle n’était pas quelqu’un de bien et il aurait raison de la fuir après tout. Soudain, la clochette au dessus de la porte fit retentir son tintement caractéristique indiquant l’arrivée d’un nouveau client, faisant relevé les yeux à Ivy. Elle plissa les yeux quelques secondes avant de reconnaitre Thomas qui avait accepté de jouer le jeu et de se déguiser, un large sourire s’afficha sur le visage de la blonde qui s’avança pour accueillir son invité du jour. « Oh Thomas ! J’ai cru que tu n’allais pas venir ! Très réussi ton costume ! » Ivy avait adressé un large sourire au jeune homme. Depuis leur sortie au cinéma, ils étaient restés plutôt en contact par sms, Thomas lui avait même envoyé des photos de l'appartement dans lequel il avait eménagé récemment et il lui parlait régulièrement de son travail. La blonde appréciait cette relation, cette amitié qui s'installait entre eux, voilà bien longtemps qu'elle ne s'était pas fait de nouveaux amis, qu'elle n'avait pas été dans une telle relation et elle devait reconnaitre que la présence du jeune homme et tout ce qu'il amenait avec lui comme ondes positives lui mettait un peu de baume au coeur, lui faisait du bien au moins pendant quelques heures.

Le mois de novembre allait bientôt faire sa place sur New-York et cette perspective ne ravissait pas Ivy. Elle essayait, tant bien que mal, jour après jour, de relever la tête et d’avancer dans cette vie si triste, si morose. Cela ferait bien onze mois qu’elle avait quitté la clinique et chaque jour elle prenait consciencieusement son traitement, ses petites pilules qui la rassurait en lui faisant croire qu’ils lui permettait de maitriser ses nerfs, de dompter ses émotions. Et pourtant, en onze mois elle avait souvent été débordée par ce qu’elle ressentait, par les combats que se livraient les pensées contradictoires dans son crâne, elle avait souvent été au bord des larmes en public et elle s’était souvent écroulée à peine le seuil de son appartement passé. Mais elle avait aussi ri, un peu, elle avait commencé à travailler avec Jo’ et avait entretenue sa nouvelle passion, c’était à peu prêt sa seule fierté depuis sa sortie de la clinique mais, comme n’avait de cesse de lui répéter le psychologue et le psychiatre, c’était déjà un grand pas pour elle et le fait qu’elle fonde encore trop souvent en larmes n’était en rien un signe d’échec. Mais Ivy refusait de voir qu’elle était sur la voie de la guérison, les médecins ne disaient cela que pour la rassurer alors qu’elle était encore au fond du gouffre. Le mois de novembre promettait d’être difficile parce que c’était un mois froid, humide, c’était le mois qui l’avait vu sombrer au plus profond des abysses deux ans plus tôt. Deux ans qu’elle vivait comme une veuve éplorée suite à une ridicule rupture qu’elle n’avait toujours pas digéré. Deux ans qu’elle était tombé au plus bas, qu’elle s’était noyée sous un trop plein d’émotions qu’elle ne pouvait plus supporter, deux ans qu’elle avait du mal à se regarder dans un miroir sans verser des flots de larmes et la première année où elle devrait passer ce moment dehors, dans la vie réelle, loin du milieu aseptisé mais si rassurant que lui offrait le clinique l’année passée. Cette soirée d’halloween ne serait pas facile non plus, elle avait tant de souvenirs de cette fête passée avec son grand frère lorsqu’elle était enfant puis avec ses amis, avec sa meilleure amie, celle dont elle n’avait pas suffisamment su évaluer la souffrance et qu’elle n’avait pas pu empêcher de mettre un terme à sa vie bien trop tôt. Ivy portait chaque jour la culpabilité de toutes les pertes qu’elle avait subie depuis des années et chaque fête, chaque moment de réunion, de communion avec les autres était une épreuve pour elle car ce genre de moment amplifiait la douleur qu’elle pouvait ressentir chaque jour. Elle n’avait pas refuser la soirée chez Joseph, c’était son travail, elle ne pouvait pas dire non. Elle devait voir ça comme une façon de travailler un peu sur elle mais ça ne serait pas si simple de voir des gens s’amuser comme elle avait pu le faire il y a quelques années de cela. Elle ne savait pas si elle serait capable de supporter cette soirée sans fondre en larmes avant la fin. Mais peut être que la présence de Thomas l’aiderait à surpasser tout cela comme il l’avait aidé à dépasser sa peur de sortir le soir au moins pour une soirée, quand il l’avait invité au cinéma. Les premiers convives avaient déjà franchi la porte du café de Joseph depuis une bonne demie heure quand le doute commença à s’inviter dans l’esprit de la blonde. Thomas allait il venir ? Il avait dit que oui lorsqu’elle lui avait proposé mais peut être qu’il était finalement trop occupé, qu’il avait eu une meilleure proposition pour cette soirée festive, peut être qu’il lui était arrivé quelque chose ou alors il ne voulait pas la voir et c’était une façon de le lui faire comprendre sans avoir à le dire. Pour occuper son esprit tourmenté la jeune femme avait vérifié que tous les petits pots disposés dans la salle étaient bien remplis de bonbons. Joseph avait dû remarquer son petit manège et son agitation incessante à en juger par le regard qu’il posait sur elle de temps à autre. Enfin, elle s’était atteler à faire le rochage du glaçage sur les cupcakes. Rester occuper c’était sa seule façon de surmonter les émotions qu’elle sentait affluer en elle. Pourquoi la présence ou l’absence Thomas la mettait dans cet état ? Ou alors c’était simplement le fait de se trouver là pour Halloween, comment savoir ? Alors qu’elle observait les cupcakes qu’elle venait de décorer d’un regard vide et sans lumière, Thomas fit son entrée dans le magasin faisant réapparaître un sourire sincère sur le visage de la jeune femme, comme par magie. Il était venu, il n’avait pas décidé de la fuir ou de l’ignorer, il n’avait pas trouver meilleure occupation pour cette soirée. Ivy était heureuse d’être là mais elle était rassurée par la présence de Thomas. Depuis qu’elle l’avait rencontré, elle avait fait des choses, pas exceptionnelles certes, mais qu’elle n’aurait jamais imaginé pouvoir refaire un jour. Malgré ce qu’elle arrivait parfois à percevoir chez lui en le regardant, sans même avoir besoin de mot, elle sentait qu’il y avait quelque chose derrière la façade qu’il voulait bien lui laisser voir et elle était attirée par cette face cachée sans pouvoir l’expliquer, sans vraiment s’en rendre compte en fait. Malgré ça, malgré ce secret encore bien gardé, il semblait agir sur elle comme un calmant puissant, comme un espèce d’anxiolytique d’un genre nouveau et c’était étrange parce qu’à l’heure actuelle elle ne savait même pas si elle pouvait réellement dire que Thomas et elle étaient véritablement des amis. Ils n’étaient peut être encore que deux personnes en train de faire connaissance, de commencer à tisser des liens. C’était étrange pour Ivy de se sentir si proche de quelqu’un qu’elle ne connaissait pas, et qui, extérieurement avait l’air si différent d’elle. Peut être que c’était les failles qu’elle pouvait ressentir chez lui, même s’il les cachait avec une certaine aisance, qui l’attirait comme ça vers lui. Elle avait laissé en plan les cupcakes qui étaient désormais prêt à être dévorés par les convives pour aller au devant de Thomas et l’accueillir. « T'es magnifique habillée comme ça   !». Thomas était vraiment un garçon charmant. Il n’était jamais avare de compliment et pour autant Ivy n’avait pas l’impression qu’il porte sur elle un regard déplacé ou qu’il attende quelque chose en retour. Malgré tout, comme d’habitude, la jeune femme avait du mal à accepter les mots gentils à son égard et elle avait baissé les yeux, excessivement gênée. Elle inspira profondément tandis que des voix alarmées retentissaient dans sa tête pour lui crier de se méfier. Elle ne devait pas se laisser berner, elle ne devait pas baisser ses armes et elle devait continuer à se méfier de tout ce qui pourrait arriver. Mais au fond d’elle, elle avait envie de se laisser bercer par les douces attentions du jeune homme sans penser à ce qu’il pouvait advenir. Prise entre deux feux, elle restait là, sans même savoir quoi répondre face à un simplement compliment qui n’avait que pour unique but d’être gentil. « Je… merci, c’est pas grand chose… Tu veux un cupcake ? » Devant le malaise que ce simple compliment avait faire naitre chez elle, elle n’avait pas trouvé d’autre moyen de détourner l’attention de Thomas. En aucun cas elle ne voulait le blesser et encore moins passer pour une folle. Etrangement, Thomas faisait partie de ses personnes devant lesquelles Ivy ressentait ce besoin presque viscéral qu’il la voit comme une fille normale alors qu’elle savait pertinemment qu’elle ne l’était plus depuis longtemps, trop abimée par la vie et ses embuches. « C'est gentil de m'avoir invité. J'ai jamais fêté Halloween, je me suis déguisé. J'espère que je ne te déçois pas trop ! ». Thomas affichait un large sourire qui réchauffait Ivy, il dégageait des ondes qui ne laissait pas la jeune femme insensible. Elle se sentait bien près de lui mais dès qu’il se rapprochait, dès qu’elle avait l’impression qu’il pouvait entrer dans un cercle plus proche d’elle, le malaise la gagnait et elle perdait le peu des moyens qu’elle avait. Ivy passait son temps à essayer de recoller les âmes qui croisaient sa route mais elle avait encore besoin de soigner elle avant de pouvoir se reconstruire dans les relations avec les autres. C’était une évidence lorsqu’elle était face à Thomas mais elle préférait l’ignorer parce qu’elle était persuadée d’être incapable de guérir un jour. Un sourire s’était affiché sur les lèvres de la serveuse, dissipant le malaise passé. « Merci à toi d’être venu surtout ! J’espère que tu ne vas pas t’ennuyer ! Ton costume est parfait, ça te va très bien ce style ! » Elle avait légèrement rit. Evidement ce n’était un style vestimentaire portable au quotidien, à mon de faire partie d’une étrange catégorie de personnes pas forcément très recommandable. Ceci étant dit, pour un soir comme celui ci le costume du brun était plus que parfait et Ivy était très heureuse de voir qu’il avait vraiment joué le jeu « Tu vas bien ? ». La jeune femme était restée interdite une seconde, réfléchissant à la réponse à cette question. Machinalement elle allait répondre que oui, comme elle le faisait depuis longtemps mais elle sentait un pincement au coeur en pensant à l’idée de mentir à Thomas. Pourtant elle ne pouvait pas tout lui dire, c’était trop dur pour elle de mettre des mots sur la sensation qui la traversait, il y avait des choses qu’elle ne pouvait pas encore avouer, même pas à elle même, alors le dire à quelqu’un d’autre était impensable encore aujourd’hui. Elle finit par répondre, la voix un peu hésitante.« Oui… enfin j’ai un peu de mal avec les jours de fêtes c’est… ça fait longtemps que je n’ai pas fêté Halloween mais Jo avait besoin de moi ce soir, je ne pouvais pas le laisser. » C’était la réalité, Ivy affrontait l’une de ses peurs : les fêtes quelle qu’elles soient, depuis qu’elle était sortie de la clinique au mois de janvier, elle les redoutaient, elle redoutaient ces jours où beaucoup de souvenirs de moments qu’elle ne pourrait plus jamais revivre, lui revenaient en pleine face. Mais Joseph avait besoin d’elle et elle ne pouvait pas le planter comme ça pour un prétexte aussi bidon que le fait d’avoir peur d’être débordée par trop de souvenirs qu’elle n’arrivait plus à trouver agréable. En réalité, elle aurait préféré pouvoir effacer toute la mémoire de sa vie passée, c’était la seule solution qu’elle voyait pour pouvoir vivre à nouveau sans cette souffrance qui lui collait à la peau en permanence. « Et puis si j’avais pris ma soirée, on ne se serait pas vu non plus. Et toi ça va ? » Elle avait sourit avec douceur, baissant légèrement les yeux en se rendant compte de ce qu’elle venait de dire. Pour éviter un nouveau moment d’un gênant silence elle avait repris la parole, pour détourner un peu l’attention d’elle.

Pendant de brefs instants Ivy arrivait à oublier ses problèmes, à oublier son mal être et même la peine qui l’habitait, qui la hantait si profondément  et qui suintait par chacune des plaies trop mal cicatrisées de son coeur. Cela n’arrivait que très rarement et c’était toujours dans des circonstances semblables, lorsqu’elle arrivait à entièrement occuper son esprit à quelque chose. Les jours de fêtes comme aujourd’hui c’était le cas, elle était si prise par ce qu’elle faisait, elle avait tellement à coeur de faire en sorte que les choses se passent bien, que tout le monde se sente à l’aise qu’elle arrivait à ne plus penser aux idées noires qu’elle pouvait avoir à l’esprit. Plus dure ensuite était la chute, le retour à la si sombre réalité. Ce n’était pas pour rien qu’Ivy oeuvrait avec tant d’ardeur pour être toujours occupée, même seule chez elle. Elle savait qu’à l’instant où elle s’arrêtait, à l’instant où elle se retrouvait à ne plus rien faire, toutes ses douleurs lui revenaient en pleine face puissance mille. Alors chaque  jours elle tentait de les mettre un peu de côté et parfois, lorsque l’enjeu était plus important comme c’était le cas, à ses yeux, de cette soirée chez Jo’ pour célébrer la fête des morts vivants. Alors que les premiers convives avaient fait leur entrée dans le café, Ivy ne savait toujours pas si elle avait bien fait d’accepter de travailler ce soir. Dans un sens elle ne pouvait pas laisser tomber son patron pour une soirée comme celle ci d’autant qu’elle connaissait bien maintenant tout les clients qui étaient invités, chacun savait qu’elle pouvait parfois être fragile, sensible et ils faisaient attention à elle tout comme elle veillait à ce qu’ils repartent toujours satisfait de la boutique. Et puis si elle avait demandé à avoir sa soirée quelle aurait été son excuse et qu’aurait elle fait enfermée seule chez elle ? Au moins être ici, même si si c’était prendre le risque de se retrouver débordée par ses émotions d’une seconde à l’autre et de fondre en larmes pour une image, une odeur, quoi que ce soit qui aurait ravivé le feu de sa peine, lui permettrait de rester suffisamment occupée pour ne pas se laisser aller à des pensées qui n’avaient rien de festives. Et puis elle avait invité Thomas à cette soirée films d’horreur et cupcakes à la citrouille, sans savoir pourquoi, si ce n’est qu’elle l’appréciait et qu’elle voulait le remercier comme elle le pouvait de lui avoir permis, l’autre soir, de retourner au cinéma, endroit où elle n’avait plus osé remettre les pieds depuis plus de 2 ans à cause de sa peur panique de se retrouvé débordée en public. « ça n'enlève rien à ta beauté ! ». Comme d’habitude Thomas fait preuve d’une gentillesse sans pareille, il a toujours un compliment pour faire plaisir et Ivy apprécierait certainement si elle n’était pas aussi gênée. Les mots et le geste de Thomas et la voilà incapable de parler ou de soutenir son regard plus de quelques secondes. Les yeux rivés au sol elle sent rapidement le rouge lui monter aux joues. Heureusement le jeune homme reprend la parole pour accepter le cupcake qu’elle lui avait proposé cela permet à la blonde de faire diversion et de tenter de retrouver ses esprit alors qu’elle ramène un plateau garnis de petits gâteaux joliment décorés dans le thème d’halloween « C’est moi qui les aient fait et qui les aient décorés aussi d’ailleurs… » Avant que Thomas n’ait gouté elle n’était pas certaine que ce soit la meilleure des choses à faire que de se vanter d’avoir réalisé les petites douceurs qu’elle lui présentait mais elle n’avait pas su quoi dire d’autre pour reprendre la parole après le malaise qu’elle venait de traversé et qui avait déjà mis ses nerfs à rude épreuve alors que la soirée venait de commencer. « Merci. Je ne connaissais pas vraiment les codes pour ce genre de soirée, j'ai fais au mieux. C'est Ella qui m'a aidé pour le maquillage ! ». Ella, ce prénom l’avait fait tiquer, elle avait connu une Ella par le passé et le moins qu’elle puisse en dire c’était qu’elle n’en gardait pas le meilleur des souvenirs, elle avait toujours eu peur de cette fameuse Ella quand bien même elle n’avait jamais souhaité quoi que ce soit de négatif à cette jeune femme qui n’avait pourtant, à cette époque, pas été tendre avec elle mais Ivy n’avait jamais pu souhaiter du mal à qui que ce soit, même à ceux qui lui en avait pourtant fait tellement. Après quelques secondes le regard un peu dans la vague, perdue dans ses pensées, un léger sourire s’afficha sur le visage de la blonde qui repris la parole d’un ton plus léger. « Elle est très douée en tout cas! C’est juste parfait ! » Elle avait sourit en faisant un signe de la main, le pouce en l’air pour manifester son approbation face au costume de Thomas, si elle n’avait pas su qu’il était si gentil et bienveillant elle aurait pu avoir peur en le voyant dans cette tenue. « N'aie crainte ! Je ne te mangerais pas ! ». A nouveau Ivy avait sourit et laissé échapper un rire léger avant d’ajouter sur un ton rieur. « Je crois que je ne suis pas très comestible de toute façon ! ». Malgré le stress, l’angoisse et tous les sentiments négatifs et confus que la perspective de cette soirée chez Jo avait fait naitre chez elle, à cet instant Ivy se sentait légère. Peut être parce qu’elle se rendait compte qu’il n’y avait aucune raison de se faire du mauvais sang, qu’elle connaissait plus ou moins chaque personne invitée par son patron à cette soirée puisqu’il s’agissait de clients fidèles de la boutique, qu’elle avait l’occasion de servir régulièrement et bien souvent de discuter quelques minutes avec eux. Ou alors peut être que c’était la présence de Thomas qui lui faisait cet effet. Avec Thomas elle passait souvent d’un extrême à l’autre, elle se sentait bien et la seconde d’après elle pouvait être profondément gênée face à la gentillesse, la bienveillance du jeune homme, parfois même c’était la culpabilité qui la gagnait quand elle se surprenait à se sentir bien, presque un peu apaisée aux côtés du jeune homme, une culpabilité qu’elle ne pouvait pas expliquer de manière rationnelle mais qui, en elle était bien réel et la rongeait à chaque seconde. Voir Thomas sourire lui réchauffait le coeur et elle se perdait dans son regard lorsqu’il le posait sur elle avec toute la gentillesse, la douceur qui en émanait. « Vous avez besoin d'aide ? Si je peux me rendre utile, ça sera avec plaisir! ». Ivy avait sourit avant de regarder autour d’elle et de scruter la salle et les convives présents un peu plus loins. Les petits plateaux avaient été disposés et chacun pouvait se servir si le coeur lui en disait, il ne restait qu’à remplir les verres de différentes boissons fraiches. Ivy pourrait préparer des boissons chaudes en cours de la soirée en fonction des demandes des clients mais ceux ci le lui dirait le moment venu. « On peut remplir les gobelets avec les jus de fruit ça sera fait comme ça… Je préparerais des boissons chaudes plus tard en fonction de ce que veulent les invités. D’ailleurs si tu en veux une, n’hésites pas à me le dire. » La blonde avait sourit à Thomas pour le remercier de sa proposition, elle aurait pu se débrouiller seule, c’était son travail après tout et elle connaissait bien la maison maintenant mais s’il se proposait pour aider, elle ne pouvait pas lui dire non et c’était aussi une occasion de passer encore quelques minutes à l’écart des autres convives en discutant avec le jeune homme parce qu’elle ressentait au fond d’elle que malgré sa nervosité palpable par moment, elle n’avait pas envie que cette parenthèse prenne fin tout de suite. Le fait d’avoir une dizaine de personnes à proximité aurait pu la gêner, l’intimider, la bloquer dans ses échanges avec Thomas mais paradoxalement pas du tout, elle était peut être un peu plus sereine, sachant qu’avec d’autres personnes à proximité, sans vraiment être assez proches pour interférer dans ses échanges avec le brun, il ne pourrait rien lui arriver de mal. Ivy faisait confiance à Thomas, peut être un peu trop même alors qu’ils ne s’étaient vu que trois fois jusque là mais, vieille habitude, elle avait toujours peur de tout et de n’importe quoi. « Oh je suis certain que l'on aurait trouvé un moyen de se voir ce soir ! J'aurais pu t'inviter chez moi et on se serait fait un marathon de thriller en se gavant de pop corn, chips et soda ! ». Un large sourire était venu éclairer le visage de la jeune femme. Depuis peu Thomas avait un nouvel appartement, elle n’y avait jamais mis les pieds mais à distance, par les photos que le brun lui envoyait, elle avait suivi l’avancé du déménagement et des travaux de celui-ci. Un jour il faudrait qu’elle aille visiter en vrai l’appartement de son ami mais pour le moment elle apprenait encore à avoir confiance et elle essayait d’apprivoiser les sentiments divergents qui s’emparaient d’elle lorsqu’elle était avec Thomas et qu’elle ne pouvait pas identifier, qui la faisait se sentir si bien et si mal à la fois et qui lui faisait du bien, la réchauffait doucement autant qu’ils lui faisaient peur et la faisaient même souffrir parfois. Une nouvelle fois la main du brun était venue effleurer la sienne et instantanément Ivy avait baissé les yeux, les rivant sur les verres qu’elle essayait de remplir sans trembler, le rouge lui était monté aux joues et elle se mordait l’intérieur de la joue pour essayer de ne pas paraitre trop destabilisée. Elle avait peur, si peur de se rapprocher de Thomas parce qu’elle n’en avait pas le droit, elle ne s’en donnait pas le droit. Elle voulait faire de lui un ami, quelqu’un de proche d’elle mais ce que cette proximité pourrait amener en elle l’effrayait, lui tordait l’estomac rien qu’à cette simple idée.  Elle ne pouvait pas se l’autoriser, elle ne pouvait pas risqué de faire du mal à qui que ce soit parce qu’elle n’était bonne qu’à faire souffrir les autres, elle, l’oiseau de mauvaise augure. Mais en même temps ce qui la traversait quand le jeune homme l’effleurait, la complimentait était si doux, si agréable qu’elle avait envie de se laisser aller et de céder à la tentation. « Tu m'as manqué tu sais.. » Le malaise d’Ivy était déjà plus que perceptible et Thomas venait d’en remettre une couche, elle n’avait pas la moindre idée de ce qu’il cherchait, était il conscient de ce qu’il était en train de faire ? De ce que ses mots, ses gestes provoquaient en elle ? Certainement pas, il était trop bienveillant pour lui faire subir cela de manière volontaire. Ivy avala s salive difficilement mais le plus discrètement possible, elle posa d’un geste brusque la bouteille en verre qu’elle tenait dans sa main avant d’en renverser le contenue. Est ce qui lui lui avait manqué ? Voilà une question à laquelle Ivy ne voulait pas répondre parce qu’elle ne voulait pas s’avouer la vérité. Evidement que Thomas lui avait manqué à elle aussi depuis la soirée qu’ils avaient passés ensemble. Mais elle ne pouvait pas le lui dire, pas comme ça, pas maintenant. Elle ne pouvait pas lui avouer qu’à chaque fois qu’elle voyait son nom s’afficher sur son téléphone pour lui signaler un nouveau message elle s’était sentie envahie d’une étrange sensation. Non c’était beaucoup trop dangereux pour elle mais aussi pour lui. Ivy n’était pas prête encore, elle voulait renouer avec sa vie d’avant, une vie normale dans laquelle elle n’avait pas sans cesse l’impression d’être folle et elle devait se reconstruire, seule d’abord. Elle voulait se faire des amies, retrouver des contacts sociaux et c’était ce que Thomas lui offrait, en douceur, à son rythme à elle et pourtant, elle avait peur de se retrouver sur une pente glissante en se laissant aller à la suivre. La petite voix dans sa tête lui criait de faire attention, son coeur n’avait pas encore cicatrisé de ce qu’elle avait traversé et elle n’était pas prête pour se laisser aller à l’opportunité d’une nouvelle histoire. Et puis peut être qu’elle se faisait des films, si Thomas était gentil c’était simplement parce qu’il voulait l’aider, que c’était quelqu’un de bien. Il méritait tellement mieux que de perdre son temps avec elle. Dans l’immédiat elle devait se sortir de cette situation dans laquelle elle s’était mise toute seule, débordée par ses émotions trop fortes pour elle. « Je… excuse moi, je ne me sent pas bien… Tu peux aller donner les gobelets aux invités s’il te plait… » Elle n’était pas parvenu à regarder son visage, elle ne voulait pas voir son regard interrogateur, ce genre d’expression qui le ferait culpabiliser à n’en pas douter de se comporter de la sorte. Lorsqu’il s’était éloigné avec le plateau, elle avait relevé les yeux dans sa direction, l’observant sans vraiment le voir, perdue dans ses pensées. A quoi jouait elle avec lui ? Qu’attendait t’elle vraiment ? Pourquoi ressentait elle le besoin de le voir, l’envie d’être plus proche de lui alors qu’elle savait que s’était une mauvaise chose ? Thomas avait certainement vécu des choses difficiles dans son passé et elle ne pouvait pas l’entrainer dans les boulevards sombres de sa vie, elle devait le protéger mais comment réussir à être son amie alors que des pensées coupables l’envahissaient en sa présence ? Etait elle capable de ça ? Elle souffrait encore trop de ce qu’elle avait vécu et de ce qu’elle était pour pouvoir vraiment s’ouvrir mais c’était plus fort qu’elle, Ivy elle avait besoin d’aider les autres, de panser les plaies profondes des êtres qui croisaient sa route pour se sentir un peu plus elle. Avec Thomas, elle avait peur de ne pas être capable de l’aider tant en sa présence elle pouvait être débordée par ses émotions qu’elle tenait de refouler et par des sentiments qu’elle avait fait en sorte d’oublier depuis des mois. Bien vite le jeune homme était revenu vers elle, Jo’ avait lancé le film d’horreur prévu au programme de cette soirée. Ivy préférait rester en retrait. Elle resta silencieuse quelques instants avant de reprendre la parole, gagnée par la culpabilité. « Merci. Excuse moi… Je suis contente de te voir moi aussi.». Quelques mots difficiles à dire, en forme de demi aveu. Il lui avait manqué aussi mais elle ne pouvait pas le dire comme cela, elle espérait que Thomas ne s’en vexerait pas, ne se sentirait pas rejeté, c’était la dernière chose qu’elle voulait même si ça aurait peut être été la solution à ses problèmes.

Trop souvent, les réactions de la blonde était imprévisibles et incontrôlées. C’est-à-dire que, même si maintenant, ayant acquis un peu d’expérience en la matière, elle sentait les crises de panique arriver, elle n’était pas parfaitement capable de maîtriser ses montées d’angoisse. Parfois, lorsque l’attaque n’était pas trop importante elle arrivait à la calmer, la retarder un peu en respirant profondément mais bien souvent c’était bien trop fulgurant pour qu’elle puisse faire quoi que ce soit avant et elle se retrouvait prête à pleurer pour rien face à une personne qui ne comprenait pas ce qui venait de se passer. Elle savait ce que s’était que d’avoir l’air d’une folle, elle connaissait les regards de pitié de toutes ces personnes qui ignoraient tout des émotions contradictoires qui la traversaient à chaque seconde, de la souffrance qui l’habitait, de sa culpabilité de respirer même certains jours. Elle faisait face du mieux qu’elle pouvait mais elle avait encore bien trop peur, lorsqu’elle était entourée, en société, de fondre en larmes d’un moment à l’autre, de se laisser déborder par une émotion négative sans que rien ne l’ai laissé présager. Elle voulait avoir l’air d’une fille normale, lambda, qu’on arrête de la prendre pour une aliénée, une hystérique mais, plus elle essayait de se contenir, de maîtriser tout ce qui bouillonnait en elle, plus la situation empirait et lui échappait. Ce soir elle ne voulait pas craquer, elle ne voulait pas céder aux assauts de l’angoisse qui feraient certainement leur apparition à un moment ou à un autre. Elle ne pouvait pas céder, elle devait bien cela à Jo’. Il lui avait fait confiance depuis le premier jour, il connaissait ses fragilités et il avait toujours été bienveillant avec elle, d’ailleurs il ne l’avait pas forcé à être là ce soir mais Ivy avait voulu faire ce pas, elle même, sans se sentir contrainte. Elle ne voulait pas céder à la crise qui guetterait certainement toute la soirée devant les clients du café qui, à l’image du patron, faisaient tous preuve d’une bienveillance extrême avec elle, d’indulgence même lors de ses débuts hésitants comme serveuse. Et puis elle avait demandé à Thomas de venir et étrangement, devant lui plus encore que devant les autres elle ne voulait pas passé pour une folle tout juste bonne à enfermer. Elle avait à coeur de passer une bonne soirée en sa compagnie et elle voulait se sentir normale dans les yeux du jeune homme. Pourquoi lui plus que les autres ? Ca elle était incapable de l’expliquer mais c’était une conviction, une certitude qu’elle ressentait au fond d’elle, elle avait besoin de se sentir acceptée par lui et qu’il porte sur elle un regard qui ne comportait aucune once de pitié ou quoi que ce soit de ce genre parce qu’elle avait trop connu la pitié. Il ne fallu pas longtemps après l’arrivée de Thomas pour que le malaise prenne déjà place entre lui et Ivy. La jeune femme avait un mal fou à accepter les compliments, d’ailleurs elle ne les acceptaient jamais vraiment, persuadée de ne jamais les mériter, quels qu’ils soient. Jolie, douée, intelligente ? Voilà des adjectifs qu’elle avait bien du mal à entendre quand il s’agissait de la définir et elle n’arrivait jamais à rester impassible lorsque quelqu’un les employaient à son égard et Thomas ne faisait pas exception, surtout pas avec la façon qu’il avait de lui dire, un léger sourire au coin des lèvres et un regard si doux contre lequel elle devait lutter d’arrache pieds pour ne pas s’y perdre le temps de quelques secondes. Pour détourner l’attention, elle proposa un cupcake au jeune homme. Personne à part Jo’ qui avait évidement validé la recette, ne les avaient encore gouté ici, Thomas avait donc la primauté et son avis était très important. « Ah bah dans ce cas, je suis certain qu'ils seront excellent ! » Elle avait sourit gênée dans l’attente du verdict. Là où elle pouvait être rassurée c’était que le grand patron les avaient trouvé délicieux. Elle attendait maintenant l’avis de Thomas non sans une pointe d’angoisse. « Tu devrais vraiment essayer de les commercialiser. Ce sont les meilleurs cupcakes que j'ai jamais goûté. ». Le petit sourire crispé d’Ivy tandis qu’elle ne quittait pas des yeux le jeune homme en train de gouter sa création, essayant d’interpréter la moindre de ses expressions pour se préparer à ce qu’il allait dire, s’agrandit en entendant ses mots, devenant plus naturel. Elle ne savait pas s’il disait cela pour la flatter mais il avait l’air sincère et Ivy avait envie d’y croire. Un peu plus enjouée, elle repris la parole pour rebondir sur les propos de Thomas. « C’est vrai tu aimes ? En réalité Jo’ m’a proposé de continuer à en faire après cette soirée pour les vendre jusqu’à la période de Noël. Et après il me laisse la possibilité de réaliser une recette pour la carte de Noel en plus ce que l’on va préparer tous les deux. » Ivy était un peu gênée de parler de ça et en même temps tellement fière. La proposition de Jo’ quelques jours plus tôt, lorsque’l avait gouté les fameux cupcakes lui avait fait chaud au coeur, l’avait ému presque aux larmes. Entendre Thomas confirmer l’avis de son patron lui faisait du bien et elle se sentait soudain capable de voir sa recette mise à la carte provisoire du magasin et elle se sentait l’envie de se lancer dans la confection d’une recette de pâtisserie pour la période des fêtes de fin d’année qui approchait à grands pas. Près du comptoir, Ivy ne se sent pas vraiment mal à l’aise face au petit attroupement, elle connait chaque personne présente, Jo est là pour la rassurer et Thomas aussi, elle ne le connaissait pas depuis si longtemps mais il avait déjà prouvé qu’il était capable de l’aider, il lui avait déjà tendu la main une fois, sans qu’elle n’ai rien à demander alors elle savait qu’elle pouvait compter sur lui même si parfois elle se sentait un peu perturbée en sa présence. Soudain, alors qu’ils sont en train de remplir les verres pour les invités avant que Jo’ ne lance le film, l’atmosphère se tend d’un seul coup et Ivy sent des tremblement la parcourir lorsque Thomas était venu lui dire, sur le ton de la confidence, qu’elle lui avait manqué. Pourquoi réagir si excessivement ? Pourquoi n’était elle pas capable de lui dire que lui aussi il lui avait manqué, qu’elle avait réellement apprécié la dernière soirée passé en sa compagnie et qu’elle n’était pas contre le fait de recommencer, dans quelques temps, quand elle se serait réellement remise de ses émotions ? Ou même pourquoi n’avait elle pas été capable de changer de sujet pour s’éviter une réponse qu’elle n’avait pas envie, réellement, de formuler à voix haute car elle ne se sentait pas capable. La seule chose qu’elle avait trouvé à faire sur le moment avait été de s’asseoir lourdement sur le tabouret de bar qui se trouvait non loin et d’envoyer Thomas faire son travail, servir les clients, en prétextant qu’elle se sentait mal. Le regard interrogateur de Joseph ne lui échappa pas lorsque celui-ci constata que Thomas avait pris la place d’Ivy pour donner boissons et pâtisseries aux invités. Elle lui avait fait un léger signe de tête pour lui indiquer que ça allait aller, qu’elle avait simplement besoin de se poser quelques instants et Jo’ avait poursuivi la cours des évènements, elle savait malgré tout qu’une discussion suivrait certainement dans les prochains jours, surtout si elle ne se ressaisissait pas avant la fin de la soirée. La blonde avait profité de l’absence de Thomas pour se concentrer sur sa respiration, inspirant et expirant profondément comme elle avait appris à le faire dans les moments critiques pour chasser les larmes qu’elle sentait venir sans raison valable et pour tenter de dégager son esprits de toutes les pensées contraires qui s’entrechoquaient. Elle avait du mal à laisser les choses se faire et à accepter de ne pas pouvoir tout contrôler alors même qu’elle ne contrôlait rien du tout et ce depuis des années. Depuis qu’elle avait perdu pieds elle avait besoin de se donner l’illusion que tout était toujours sous contrôle et c’était pour cette raison que les imprévus étaient si désagréables pour elle et qu’elle gérait si mal les sentiments trop extrêmes pour elle. Thomas était revenu à ses côtés, toujours souriant, comme si rien ne s’était passé. Elle était persuadée qu’il se posait des milliers de questions sur le comportement qu’elle pouvait adopter mais il avait la politesse, la courtoisie de ne rien laisser paraitre. Elle ne pouvait que lui en être reconnaissante, les choses étant déjà bien assez difficile pour elle. « ça va .. ? ». Malgré son sourire, elle pouvait sentir l’hésitation dans sa voix mais elle ne pouvait pas lui en vouloir, son comportement avait de quoi interroger. Elle était bien consciente qu’elle lui devait une explication mais elle était incapable de la lui donner parce qu’elle n’arrivait pas à mettre de l’ordre dans son esprit piur formuler une phrase compréhensible alors tant pis, elle allait faire comme elle pouvait pour avoir l’air le plus normale possible. « Oui oui ça va… je ne sais pas ce que j’ai eu mais ça va mieux. Merci. » Elle avait quitté l’écran où le film commençait à l’autre bout de la salle pour jeter un regard vers le jeune homme. Elle lui adressa un fin sourire comme pour confirmer ses propos alors qu’elle semblait avoir repris un peu de contenance. « Je n'aurais voulu rater cette soirée pour rien au monde !». A nouveau Ivy s’était cripsé lorsqu’elle sentait le contact des doigts du jeune homme sur sa main. Les yeux rivés sur l’écran elle fit de son mieux pour ne pas perdre à nouveau la face, elle ne pouvait pas manquer de défaillir deux fois si rapprochées. Elle inspira profondément avant de tourner légèrement le regard vers Thomas. « Vraiment ? Ca me fait plaisir que tu sois venu. ». A la base s’était une soirée réservée aux clients les plus fidèles du café, Jo en organisait plusieurs tous les ans pour remercier ses clients, devenus amis, les plus fidèles, la plupart étaient là tous les jours. Ivy avait voulu inviter Thomas parce qu’il était, en peu de temps, devenu son ami, l’un de ses rares amis d’ailleurs du moins c’est ce qu’elle pensait sans réellement savoir l’avis que l’homme, lui, avait sur leur relation actuelle. Et puis c’était aussi pour elle une façon de le remercier de la dernière soirée qu’ils avaient passés ensemble et peut être aussi que c’était une excuse pour le voir sans toutefois prendre le risque de se retrouver seule à seule avec lui car oui, pour la blonde s’était encore un risque de se retrouver seule avec une personne. Elle était si incapable de contrôler ses émotions qu’elle devait à tout pris toujours prévoir une façon de faire diversion. « T'as passé une bonne journée ? ». La jeune femme avait sourit, la question lui semblait plus qu’à sa portée, pas trop intime, elle ne risquait pas grand chose à y répondre et c’était une pensée qui, à elle seule, lui faisait du bien. Certes, elle avait comme d’autres jours d’ailleurs beaucoup échangé par texto avec lui mais c’était toujours mieux d’en parler de vive voix. « Oui. C’était une journée chargée pour préparer la soirée en plus de la journée de travail habituel mais j’aime bien les journées comme ça. » Oui, c’était le genre de journée qu’Ivy préférait, tout allait vite et elle n’avait pas le temps de s’arrêter, à peine le temps de souffler. Elle aimait mieux cela car pour elle s’arrêter était synonyme de soufrance, à chaque fois qu’elle prenait un temps de pause elle voyait instantanément les mauvais souvenirs lui revenir en tête, les pensées sombres et envahissantes reprendre leur place. Ivy avait besoin d’être toujours occupée et garder ses mains en activités étaient une manière de ne pas laisser son esprit divagué et s’était pour cette raison que même chez elle, le soir, après une longue journée de travail, elle trouvait toujours quelques jours à faire, jusqu’à l’épuisement, jusqu’au moment où elle n’avait plus le choix que de dormir quelques heures, quelques heures souvent agités de cauchemars étranges d’ailleurs. « Et toi ? Ton travail te plait toujours autant ? Raconte moi comment se passe tes journées ! » La blonde avait sourit et parlé avec entrain. Elle était réellement intéressé par le travail que Thomas avait trouvé. Il lui en avait déjà parlé par sms mais elle voulait plus de détail, savoir comment il se sentait. Elle connaissait le musée où il avait été embauché, Ivy avait toujours été fan de musées et de culture en règle générale. Elle pouvait passer des heures à regarder des sculptures, des tableaux ou à observer des squelettes de dinosaures en imaginant la vie d’avant.

Ivy ne s’en rendait pas compte, pas encore en tout cas, mais depuis son retour à New York, en janvier dernier, il y a déjà onze mois de cela, elle avait progressé, beaucoup progressé. Elle était loin d’être toujours heureuse, elle était souvent débordée par ses émotions, elle finissait souvent ses journées chez elle, en pleurs d’avoir trop intériorisé tout ce qu’elle pouvait pendant la journée entière. Elle n’était pas bien dans sa peau c’était une évidence, elle n’était pas bien dans sa tête, elle était encore trop perdue dans ses pensées sombres qu’elle ne parvenait pas toujours à refouler. Et pourtant. Elle n’avançait pas vite certes mais ça n’était pas une course après tout. Elle aurait eu de quoi être fière d’elle, au moins un peu, si elle avait voulu ouvrir les yeux, si elle avait accepté d’être un peu moins dure avec elle. C’était étrange d’ailleurs de pouvoir être aussi critique envers soi même, impitoyable presque lorsque l’on était si tolérant avec autrui. Ivy pouvait tout supporter venant des autres, elle acceptait chacun comme il était, elle comprenait, elle essayait de rassurer mais la concernant, elle était incapable de la même bienveillance. Elle avait encore beaucoup de chemin à faire, seule, travailler sur elle-même, mais aussi accompagnée, par les bonnes personnes. Toute personne qui croisait la route d’Ivy lui inspirait de la bienveillance, qu’elle soit une bonne ou une mauvaise personne. De toute façon Ivy ne croyait pas qu’il existait réellement des bonnes ou de mauvaises personnes, pour elle il n’y avait que des personnes qui à un moment devait fait un choix, dans un sens ou dans un autre et un acte ne pouvait pas définir une personne toute entière. Simplement, elle avait encore du mal à comprendre à accepter, que tout le monde ne méritait pas sa bienveillance et s’était pour elle un non-sens que d’imaginer que l’on puisse se servir d’elle et de son bonté dans un but foncièrement mauvais. Concernant Thomas, même si elle avait parfois peur lorsqu’il se montrait trop tactile, trop proche d’elle, elle était persuadée qu’il ne pouvait pas lui vouloir le moindre mal. Il lui inspirait une certaine confiance depuis leur première rencontre d’ailleurs, peut être qu’elle avait tord mais sans preuve du contraire elle avait décidé de lui laissé sa chance et elle avait aussi décidé à elle de se laisser une chance d’avoir un nouvel ami ainsi elle faisait de son mieux pour paraitre normale aux yeux du jeune homme, c’était important pour elle. Elle faisait de son mieux mais ça n’était pas parfait, certainement pas suffisant pour faire illusion aux yeux du brun. Quoi qu’il en soit lors de leurs précédentes rencontres, il avait toujours eu la courtoisie de ne faire aucune remarque à ce sujet. Elle ne savait pas pourquoi, ni comment parce que finalement elle ne connaissait rien de lui, ils n’en étaient pas encore à cette étape de leur relation, celle de se faire des confidences sur leurs vécus respectifs. De toute façon la jeune femme n’était pas capable de se confier sur son passé alors il était bien entendu hors de question pour elle de s’engager sur ce chemin avec Thomas, mais elle se sentait proche de lui, d’une manière étrange comme cela ne lui était pas arrivé si souvent, peut être une ou deux fois mais pas plus. Etait ce une bonne ou une mauvaise chose ? Elle ne savait pas le dire s’était encore prématuré à ses yeux. Mais se sentir proche du jeune homme, même sans savoir pourquoi ce qui était perturbant, permettait à la blondinette d’être plus en confiance ou du moins elle en avait l’impression. C’était en tout cas grâce à leurs échanges de sms réguliers et les quelques appels de Thomas qu’elle avait trouvé le courage de l’inviter à la soirée d’halloween de Jo’, elle n’aurait certainement pas pu sinon. Thomas avait pointé le bout de son nez à la boutique, dans le sillage des autres invités. Contrairement aux autres, lui, était resté vers elle après l’avoir saluée, les autres avaient rejoint Jo’ et les sièges installés pour le visionnaire du film. En même temps il ne devait connaître qu’elle. Ivy était souriante, pas complètement détendue mais elle n’était pas dans un état de panique particulier, elle se sentait plutôt bien ce soir et la compagnie de Thomas, voir qu’il avait répondu favorablement à son invitation, lui mettait un peu de baume au coeur. L’inviter était déjà une réelle épreuve pour elle. L’idée lui était venue quand Joseph lui avait proposé d’invité un ami à elle pour cette soirée réservée aux plus fidèles clients du café. Elle avait tout de suite pensé à Thomas même si elle ne l’avait vu réellement que deux fois, c’était étrange. Et puis, dès qu’elle avait envoyé le sms pour l’inviter, elle avait regretté, de peur qu’il dise non, qu’il la prenne pour une folle, de peur ensuite de ne pas savoir se comporter en sa présence lors de cette soirée et puis finalement, ils étaient là tous les deux. L’épreuve suivante, hormis le fait d’essayer de rester la plus ‘normale’ possible tout au long de la soirée, était de lui faire gouter les pâtisseries qu’elle avait faite. Ivy avait du mal à se soumettre à l’avis des autres, elle était souvent très critique avec elle même et elle avait toujours peur des avis extérieurs. Et elle redoutait plus que tout que quelqu’un puisse critiquer son travail alors même qu’une critique constructive n’avait rien de méchant. Mais elle était encore si fragile qu’un rien pouvait la faire s’effondrer. La pâtisserie était une vraie passion pour la demoiselle et une échappatoire qui lui permettait d’occuper son esprit et ses mains et de laisser parler sa créativité. Elle prenait plaisir à s’adonner à cette activité et elle craignait qu’une critique mal venue ne lui en fasse perdre le gout ou l’effraie. Pendant que Thomas goutait une bouchée du cupcake qu’elle lui avait donné, elle avait sentit son estomac se serré sous l’effet du stress. Elle se décrispa un peu lorsqu’il la complimenta sur sa recette, l’air sincèrement enthousiaste.« Bien sûr ! Ils sont délicieux !  » Une sourire plus large avait éclairé le visage de la jeune femme, ravie que sa recette ait pu plaire à Thomas. C’était pour ça aussi qu’elle faisait de la pâtisserie, pour faire sourire les gens, ravir leurs papilles, persuadée que manger quelque chose de vraiment bon pouvait soulager, au moins un peu, les maux de l’âme et de l’esprit.
« Je pense que je vais souvent venir en chercher alors. À moins que je ne puisse avoir en d'autres circonstances.  ». Ivy avait laissé échappé un rire léger et cristallin. Elle était ravie de constater que Thomas semblait réellement avait aimé ce qu’il avait pu gouté et elle aurait grand plaisir à lui en mettre de côté à chaque fois qu’il lui en demanderait, voir même à lui en préparer une fournée juste pour lui si besoin. « Tu peux venir quand tu veux, tous les jours même si tu veux ça sera avec plaisir que je te servirais. Si tu me fait faire des visites gratuites du musée je pourrais te faire une livraison ! » Ivy avait dit ses mots sur un ton enjoué avant de rire à nouveau à l’évocation de cette idée. Elle adorait les musées et avoir un ami ou une connaissance qui y travaillait lui donnerait une très bonne raison de retourner au musée. Si elle devait prendre des pâtisseries avec elle pour bénéficier d’une visite guidée privée alors elle pourrait le faire sans problème, elle qui était avide d’en apprendre toujours plus sur ce qu’elle voyait, les tableaux, les peintres, les sculptures, tout l’intéressait et elle était toujours impressionnée par les passionnés qui pouvaient réciter par coeur chaque détail de la vie d’une personne célèbre. « Tu vas y arriver et si tu as besoin d'un goûteur, je répond présent !». Thomas se montrait réellement encourageant avec elle et la blonde appréciait vraiment, elle lui sourit reconnaissante et aussi flattée de recevoir ce genre de compliment sur ses pâtisseries, elle se donnait tellement de mal pour que tout soit parfait et comme elle l’imaginait dans son esprit. Elle était aussi reconnaissante envers Jo’ qui acceptait de lui laisser sa chance et de la laisser réaliser ses propres recettes pour ajouter à la carte du café. « Promis j’y penserait la prochaine fois que je me lance dans l’élaboration d’une nouvelle recette ! Mais il faut que tu me promette d’être totalement objectif alors ! » Malgré la main de Thomas sur la sienne, elle ne s’était pas crispée, absorbée par la conversation qui tournait plus autour de ses pâtisseries qu’autour d’elle elle arrivait à ne pas se laisser envahir, à faire taire les cris alarme qui résonnait entre elle d’accepter quelqu’un si près d’elle. Le malaise n’avait pas tardé à les rattraper. Thomas n’avait rien fait de mal, au contraire. Il était honnête et surtout il arrivait à exprimer ses ressentis. Ivy était bien placé pour savoir que c’était une chose à faire, qu’il était inutile de tout garder à l’intérieur, que cela pouvait même être néfaste. Elle n’en voulait pas le moins du monde à Thomas, c’était à elle qu’elle en voulait, elle s’en voulait d’être incapable de réagir normalement, de contrôler ses émotions, elle s’en voulait de ne pas pouvoir tenir une conversation sans rapidement devenir gênante, créé un malaise dont il était ensuite difficile de se sortir. Elle ne pouvait que comprendre les gens qui le fuyait en le prenant pour une folle. « Pardon. J'aurais pas dû dire ça.. ». Elle avait baissé les yeux, gênée et confuse que Thomas s’excuse alors qu’il n’avait rien à se reprocher, tout était sa faute. Elle réfléchissait à ce qu’elle pouvait bien répondre pour dédramatiser la situation en essayant de retenir les larmes qu’elle sentait lui monter aux yeux, dépassées par ses émotions contraires mais Thomas la devança en reprenant la parole en douceur. « Tu sais que si je suis maladroit dans mes gestes, dans mes paroles, tu peux me le dire hein ?! Je ne suis pas très doué en relation sociale, j'apprends à l'être jour après jour.». Ivy avait doucement relevé les yeux, les joues légèrement rosies. C’était une situation étrange et difficile à gérer pour elle mais Thomas était touchant, il était capable de reconnaitre ses défauts, il acceptait de ne pas pouvoir tout faire parfaitement. Ivy était impressionnée et admirative parce qu’elle était incapable de tout ça, tout comme elle ne serait certainement pas capable de dire à haute voix s’il faisait quelque chose qui ne lui plaisait pas, s’il était trop proche d’elle, trop pressant ou quoi que ce soit. A nouveau il posa la main sur elle, elle se crispa mais tenta de prendre sur elle pour faire abstraction, il était tactile, il était comme ça et elle ne pouvait pas lui demander de changer. Il n’y avait rien de méchant, pas de mauvaises pensées, elle le sentait alors elle devait prendre sur elle, faire des efforts même si elle était loin d’être à l’aise. « Non… non ne dit pas ça. C’est moi qui réagit parfois bizarrement je… je… enfin c’est pas facile pour moi d’être avec les autres, de discuter, tout ça, j’ai du mal parfois, ça peut avoir l’air fou mais c’est comme ça et je suis vraiment désolée si je parait désagréable ou gênée parfois, ce n’est pas ta faute, c’est la mienne… Toi, tu n’as rien à te reprocher. ». La blonde se voulait rassurante. Tout en se lançant dans une explication douteuse sur le pourquoi du comment elle pouvait se comporter de manière si étrange, elle avait failli en dire plus que ce dont elle était capable, elle avait buté sur les mots, incapable d’en dire plus, d’expliquer vraiment et Thomas, malheureusement, devrait se contenter de cette justification douteuse et stupide. Ivy avait à nouveau baissé les yeux, honteuse de ce qu’elle était. Elle espérait que Thomas ne se remettrait pas trop en question sur sa façon d’agir alors que c’était elle qui avait des réactions disproportionnées et inadaptées. « Et je suis content que tu m’aie proposé de venir. La dernière fois que j'ai fêté Halloween, je devais avoir huit ans. ». Après cette brève explication, la conversation tentait de reprendre le plus normalement possible. « Et je suis content que tu m’aie proposé de venir. La dernière fois que j'ai fêté Halloween, je devais avoir huit ans.» La blonde avait sourit avec douceur, elle était heureuse si elle pouvait donner cette opportunité à Thomas. Elle avait saisi cette opportunité pour lui rendre son invitation de la fois précédente mais aussi pour essayer de lui montrer qu’elle progressait, même si c’était lentement, c’était à son rythme. « si tu t'es amusé, c'est le plus important non ?! ». Ivy avait quitté l’écran des yeux quelques secondes pour jeté un oeil en direction de Thomas. Il avait tout compris, la journée avait été chargée, elle avait ressentit du stress à l’approche de la soirée mais c’était une sensation qui faisait partie de son quotidien de toute façon mais elle s’était amusé, elle avait pris plaisir à faire ce qu’elle faisait et c’était important. « Exactement. C’est important d’aimer ce que l’on fait au quotidien et je sais que j’ai de la chance que ça soit mon cas, ce n’est pas le cas de tout le monde ! » Ivy avait changé de vie, son ancien travail était si différent de celui-ci, beaucoup moins humain, beaucoup plus éloigné de la réalité de la vie. Elle l’avait aimé, beaucoup, passionnément, elle avait donné jusqu’à sa santé pour lui d’ailleurs, elle l’avait aimé mais différemment et mal certainement mais finalement c’était aussi ça, sa chute, qui l’avait amené ici, chez Jo’, après un long chemin pour entamer sa reconstruction. Finalement l’histoire était peut être belle. Curieuse, la blonde n’avait pas pu s’empêcher d’interroger Thomas sur son nouveau travail, c’était quand même plus facile d’en parler que par sms. « ça ne fait qu'une semaine que j'ai commencé mais j'adore déjà ce que je fais au musée. J'ai toujours été passionné par l'art et, travailler dans un musée me rend si heureux. Depuis le début de la semaine, on m'a demandé de restaurer un très vieux tableau. Ça demande beaucoup de délicatesse, de minutie. Je suis très loin d'avoir terminé mais j'adore ça. » Ivy était très intéressée par ce qu’il lui racontait et elle l’observait avec attention, imaginant ce qu’il pouvait lui expliquer. C’était un travail qui avait l’air passionnant et qui, mine de rien, donnait de grandes responsabilité, ça n’était pas donné à tout le monde de restaurer des oeuvres d’art qui, pour certaines avaient plus d’une centaines d’années. « Wow. Ca a l’air vraiment passionnant et ça doit demander une patience ! Tu crois que tu pourras me montrer le résultat de ton travail quand tu auras fini ? J’aimerai beaucoup voir ça ! » C’était réel, la blonde était vraiment curieuse et intéressée de voir le travail de Thomas quand celui ci serait terminé. Elle était persuadé qu’il était très doué, sinon il n’aurait jamais été recruté dans un musée aussi prestigieux que le musée d’art modern. « Au fait, ça me ferait plaisir que tu vienne visiter mon appartement un jour. Il me reste un ou deux meubles à acheter encore, mais dans l'ensemble le plus gros est fait. Tous les cartons sont enfin déballés.  » Ivy jeta un regard interrogateur à Thomas. Ainsi il voulait réellement qu’elle vienne visiter son appartement ? Elle resta interdite quelques secondes mais le ton plus serein qu’avait pris le conversation lorsqu’ils échangeaient autour de leur journée de travail respective aidait beaucoup la jeune femme à ne pas paniquer. Cependant, même si elle arrivait à le cacher, une drôle de sensation s’était emparée d’elle et elle tiraillée. D’un côté elle avait envie d’accepter sans réfléchir la proposition du jeune homme, curieuse de découvrir l’appartement qu’elle avait vu en photos jusqu’à maintenant mais, d’un autre côté inquiète, ne sachant pas vraiment ce qu’elle devait faire. Mais elle savait qu’elle pouvait avoir confiance en Thomas, s’il avait dû lui faire du mal, il aurait pu le faire lors de leur sortie au cinéma. En plus, il savait dans quel immeuble il habitait et il n’avait rien fait, il n’était pas non plus venu la harceler ou quoi que ce soit de ce genre. Timidement elle répondit alors. « Oui. Oui ça me ferait plaisir aussi de pouvoir le voir en vrai. Je pourrais t’acheter une plante, j’ai l’impression que ça manque de vert sur les photos ! ». Elle avait terminé sa phrase sur une légère note d’humour pour essayer de masquer un peu sa gêne, légère mais qui existait quand même. Elle savait que Thomas ne pensait pas à mal, qu’il n’avait pas l’intention de la kidnapper ou quoi que ce soit, qu’il ne se montrerait pas pressant non plus pour qu’elle vienne mais elle avait peur. C’était surtout d’elle qu’elle avait peur peut être car, si elle voulait réellement qu’il soit son ami, si elle sentait l’envie de devenir plus proche de lui, elle avait peur de s’investir dans une relation même purement amicale parce qu’elle savait les dégats qu’elle pouvait causer autour d’elle.