à bout portant. (gregor)

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{ à bout portant }
crédit/ tumblr ☾ w/@Gregor Ferreira

Elle se fait du mal, Alix.

À pas feutrés, loin du galop tumultueux des mômes qui cavalent à fendre l’air, elle rejoint néanmoins leur trajectoire qu’elle connaît si bien. Des jours, des jours à peine, qu’elle n’a pas repris ce chemin. Mais elle a la sensation lancinante qu’une éternité est passée. Comme si, brutalement, elle était passée d’un univers à un autre ; un monde à un autre.

Du monde où vivait sa fille,
à celui où elle a perdu la vie.

Ce monde où Flora n’existe plus ; n’est plus. Rien, elle n’est plus qu’une poupée inanimée qui trône dans l’étau glacial d’une chambre où ne l’attend plus que sa place sous une pierre tombale. Et elle, comment pourrait-elle, continuer d’exister dans un monde où sa fille n’est plus ? Elle, comment pourrait-elle avancer, dans ce monde où la lumière a disparu ?

Alix, elle a mille raisons d’exister ; tant de personnes à aimer.

Mais elle a perdu l’épicentre de son univers tout entier,
elle a perdu l’astre solaire autour duquel elle gravitait.

Sans elle, son monde ne tourne plus rond. Elle, ne tourne plus rond.

Il n’y a qu’une chose, en vérité, qui lui permet de tenir. Ce n’est pas la présence déchirée de son mari ; ce n’est pas le soutien de sa famille.
C’est elle, la vendetta,
pour Flora,
les envies vengeresses dans les veines, comme un souffle de vie venu directement de la main meurtrière, elles sont là, elles restent. Les jours passent mais le désir mûrit. Il prend place dans son cœur annihilé comme pour combler enfin tout ce vide. Tout ce vide qu’elle a laissé, sa fille. La revanche morbide est, amère ironie, tout ce qui la maintient en vie. Mais elle ne dit rien, Alix, elle ne fait part à personne de ses tentations assassines. Ezio, il ne comprendrait pas. Il n’est pas de ce monde-là. Quant à ses liens du sang, elle le sait au fond, ils décèleraient trop vite le danger d’une vendetta. Ils percevraient les risques pour les Ferreira.

Mais elle, elle a tout risqué,
elle, elle s’est sacrifiée,
c’est sa fille qu’elle a livré,

elle n’a plus rien à perdre, désormais.

Alors, Alix, âme d’ordinaire si raisonnée, princesse des glaces au tempérament de feu bien caché, elle a perdu toute la présence d’esprit qu’elle possédait. Tout lâcher, ne lui a jamais rien apporté. Elle préfère embrasser le destin qu’elle a cherché toutes ces années à fuir par tous les moyens. C’est pour cette raison qu’elle est là, dans ce parc. Elle ne pense ici qu’à Flora, seulement elle refuse de se laisser submerger par la violence d'un chagrin qu'elle n'est pas prête à recevoir. C'est un autre sentiment qu'elle est venue chercher au milieu de tous ces enfants empreints de vie,

tous ces enfants qui ne sont pas sa fille.

L'injustice, la colère, la haine envers cette vie qui lui a pris sa fille. Elle voudrait crier, elle voudrait hurler toute la détresse qui l’anime. Elle voudrait exulter toute son agonie. Seulement elle la garde, sagement, dangereusement, enfouie. Elle s’imprègne, ici dans ces lieux emplis de souvenirs, de toute la rage dont elle aura besoin pour accomplir ses sombres desseins. Elle laisse toutes ces émotions macabres la submerger, lui donner toute l’énergie qui lui sera nécessaire, pour transformer son chagrin en force meurtrière. Le minois sec de tous les torrents diluviens, toute la tristesse qu’elle retient, la fille Ferreira est plongée dans ses songes mais, toujours à l’affût, elle entend un pas dans son dos. Un pas différent de tous les autres, ce pas qu’elle reconnaîtrait entre tous les autres. C’est celui qui venait la rejoindre le soir, quand elle n’était qu’une gosse qui se réveillait d’un cauchemar. C’est celui qui est venu la chercher le jour de son mariage pour lui dire que tout le monde l’attendait. C’est celui qui avançait, juste à ses côtés, pour devenir le parrain de son bébé. - Comment m’as-tu trouvée ? Gregor, le grand frère ; l’âme sœur à la sienne. Gregor, il la connaît trop bien. Gregor qui amène, avec elle et peut-être seulement avec elle, cette douce vague de tendresse, cette chaleur qui l’apaise.
Mais Gregor, oui, la connaît trop bien.

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{ à bout portant }
crédit/ tumblr ☾ w/@Alix Romani

Les ombres du passés dominent la lumière du présent.

Vous connaissez le son d'une pièce qui tombe? Celui d'un objet métallique qui heurte le sol et qui brise un silence lourd? Cette sensation lorsque le son attaque votre tympan mais que votre corps est suspendu et que votre corps ne détecte plus rien. Gregor avait ressenti cette paralysie de l'être lorsqu'un coup de fil l'avait informé de la mort de sa nièce. Le smartphone avait glissé de sa main tout comme le combiné serait tombé de celle du parrain. Mais aucun fil ne rattrapait l'objet tout comme rien ne retenait le gouffre dans lequel le parrain de Flora s'engouffrait. Mais alors qu'une peine immense l'avait submergé, une pensée plus forte l'avait foudroyé. Alix. Elle était toute sa vie, tout son univers. Et pour elle, Flora était le battement de coeur de la terre. Alors, là, il savait qu'il n'avait pas le droit d'accuser le coup, pas le droit de souffrir car son rôle était celui d'un frère. Il avait pris sur lui, pour elle.

Pour elle, celle que tu as toujours aimée
Celle qui sur ton coeur a divinement régner
La soeur de coeur, la dame de pique
Quand le roi se meurt, quand tu abdiques.

Des journées les séparaient du triste moment macabre. Cette mort avait tout d'un règlement de comptes. Et tous les Ferreira savaient que la meilleure des ripostes était de ne pas répliquer. Jouer à ce jeu créerait des morts, des répercussions impensables pour le clan. C'était horrible mais la petite était morte et la venger ne la ramènerait pas. Mais si la famille semblait comprendre le concept d'un point de vue rationnel, Greg connaissait Alix mieux que personne. Il sentait poindre une noirceur dans son âme, une noirceur qui pouvait soulever des mers et continents.

Le téléphone de la désormais Romani était éteint. Evidemment. Le boss du cabaret fila un billet de vingt dollars au barman pour qu'il garde un oeil sur le nouveau serveur puis il partit. Son pas était décidé. Il n'avait pas besoin de réfléchir, il se laissait guider par son instinct. Alix et lui étaient reliés par une sorte d'osmose étrange. Il laissa ses pas le guider jusqu'au jardin d'enfants et la vit qui les contemplait depuis son coin. Le tableau était déchirant. Cette mère qui n'en était plus une se torturait devant le spectacle de la vie... des autres.

"Je ne sais pas. Je t'ai trouvée." Aussi simple que ça. Son ton est grave et contraste avec la banalité des mots prononcés. Car derrière toute parole qu'ils prononcent, il y a désormais la fillette morte qui les hante. Et Greg sait que cette enfant arrachée trop tôt à la vie n'a pas cessé de faire pulser le coeur de sa mère. Il n'a pas besoin de l'entendre le dire : Gregor sait ce qu'Alix a en tête. "Tu es sûre de toi?" La question pourrait paraître superflue. Mais elle ne l'est pas. La vendetta est une chose. Mais se mettre toute la famille à dos en travaillant à une vengeance qui a explicitement été écartée des possibilités envisagées par leur mafia... c'en est une autre. "Alix, je peux te procurer des somnifères si tu le souhaites." Toujours aussi impossible à saisir, à comprendre, Greg passe d'un sujet à un autre. Il semble être le seul à connaître les liens étranges entre ces idées. Il tend une main vers elle pour attraper les doigts d'Alix entre les siens.

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{ à bout portant }
crédit/ tumblr ☾ w/@Gregor Ferreira

Elle se ressent. Partout, au milieu des chahuts enfantins, des mises en garde des parents et des rires des bambins, son absence se ressent. Comme si, soudain, Alix était devenue témoin maudite d’un spectacle dont elle ne peut plus prétendre au rôle de premier plan. Comme si, soudain, elle n’était plus que cette âme vagabonde qui les observe, là où, quelques jours plus tôt à peine, elle était un parent comme un autre,
une mère comme une autre,
mais Alix, elle n’a jamais été une mère comme les autres.
Désormais, elle ne l’est plus, elle n’est plus une maman,
plus rien du tout, sans Flora.

Car elle n’est plus là,
elle ne sera plus jamais là à présent,
tu l’as perdue, Alix, dans les larmes et le sang,
tu l’as perdue, fatalement.

La voix rauque, mais douce, de son frère aîné la ramène à la réalité. Une réalité dans laquelle elle peut encore trouver une place à défaut de ne plus avoir celle qu’elle préférait. Les iris sombres toujours posés sur tous ces gosses qui s’animent, plutôt que sur lui, elle n’en est pas moins attentive à ses dires, louve constamment sur le qui-vive. Non vraiment surprise au fond qu’il ait pu la retrouver, Gregor a toujours su lire à travers ses lignes, même celles qui ne sont pas écrites, même ses foutues cicatrices. Comme une sorte de corde invisible qui relie le frère et la sœur,  il y a cette osmose des battements de leurs deux cœurs. Harmonie qu’elle aurait voulu voir brisée, une seule fois, pour éviter qu’il ne décèle toutes les ombres qui peuvent planer au-dessus de sa tête ; celles qui s’immiscent insidieusement et durablement dans le myocarde bousillé de sa cadette. C’est peine perdue, elle le saisit ; il a déjà compris.

Gregor, frère du sang qui coule dans tes veines,
l’âme siamoise à la tienne,
souverain de ton univers,
t’aurais préféré pourtant, que cette fois il s’abstienne.

Elle ne répond pas, Alix ; elle reste mutique, désespérément dans son silence. Elle aurait voulu l’épargner de sa vengeance. Elle connaît les répercussions, elle sait déjà leur avis à tous sur la question. C’est trop risqué, ils ont dit. Vaut mieux s’abstenir, ils ont dit. Comme s’ils avaient encore trop à perdre, comme s’ils ne réalisaient pas qu’elle, avait déjà tout perdu en cessant d’être une mère. Alix, elle n’est sûrement pas dans son état normal, bien moins stable, bien moins raisonnée. Une bombe prête à exploser, voilà ce qu’elle est. Et elle tente encore d’en garder le secret. – Ce n’est pas censé être Trejan, notre pharmacien ? elle rétorque, la voix amère quand il évoque les somnifères ; quand elle songe à tous ces rôles qu’ils incarnent.
Elle, était sortie de tout ça,
elle le croyait en tout cas.
Quand la main de son frère s’entremêle à la sienne, enfin, elle pose sur lui ses prunelles. Elle le contemple, lui, ce frère auquel elle ne sait pas mentir ; ce frère qui devine même ce qu’elle ne veut pas dire. – Tu sais que je me suis disputée avec lui ? elle lance, soudain, peut-être parce qu’il est plus aisé de parler de leur petit frangin, plutôt que de son chagrin. Ou, pire encore, de ses désirs assassins. – Je ne peux pas me permettre de m’engueuler avec mes frères en ce moment, Greg. Là, tout de suite, elle ne sait plus si elle parle seulement de Trejan ; ou bien de lui également,
lui, assurément.

N’essaie pas de me dissuader,
n’essaie pas de m’en empêcher,
j’ai besoin de savoir que toi,
je ne te perdrais pas,
quoi que je fasse,
j’ai besoin de savoir que toi,
je t’aurais toujours avec moi.

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{ à bout portant }
crédit/ tumblr ☾ w/@Alix Romani

Je t'aime comme on aime le soleil
Et comme on aime la lune
Parce que tu es ma lumière
Tu es une amie, une soeur, une mère.

Cela fait terriblement mal de la voir dans cet état. Car Alix, elle est sa faiblesse. Pour Alix, Gregor serait prêt à tout défaire, à tout abandonner. Si elle le lui avait demandé, quand ils étaient jeunes, il aurait tout plaqué pour aller vivre au Costa Rica. Ils en avaient parlé parfois. Et alors qu'ils étaient couché dans l'herbe en plein été, à regarder les étoiles et à attendre les filantes passer, il lui avait confesser que pour elle, il irait au bout du monde.

Les soirées d'été à rêvasser devant le ciel étoilé étaient révolues. Aujourd'hui, Alix vivait un cauchemar. Et ce cauchemar, qu'elle veuille le partager avec lui ou non, cela avait très peu d'importance car... il était de toute façon là. Toujours présent. Dans le bon comme dans le mauvais.

Je t'aime parce que je t'aime
Pas parce que je dois.

Elle ne lui répondait pas. Elle se détournait du vrai problème, du vrai centre de cette discussion en ramenant leurs préoccupations sur le petit frère. Trejan. Greg sourit faiblement devant cette tentative de le repousser. "Ouais, c'est lui le pharmacien. Mais c'est moi le docteur. " Le docteur du coeur. Celui qui en écoutait les battements et qui comprenait les défaillances sans avoir besoin d'une deuxième consultation. Greg secoue la tête, il ne savait pas. "Tu sais très bien que tu ne me perdras jamais Alix. " Lisant dans ses pensées, il devine la crainte de la brune sulfureuse. Une dispute entre eux est inenvisageable. Comme des amoureux transits, ils ne se sont jamais réellement pris le bec. Leurs colères étaient fortes mais toujours brèves car ils s'aiment trop pour se bouder. Les éclats de voix ont déjà résonnés entre eux. Violents, ils peuvent se dire leurs vérités en face sans aucune réticence. Mais Gregor et Alix, c'est Gregor et Alix. " Alix, si tu es sûre de toi, je suis à tes côtés. Quoiqu'il en coûte..." Les derniers mots tombent comme une sentence fatale. Parce que cette vendetta qu'il sent couler dans les veines d'Alix, elle signifie tout un tas de tracas à venir. Greg a déjà beaucoup à gérer et la soutenir dans cette affaire ne sera pas de tout repos. Mais pour elle... tout est permis, pour elle.

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{ à bout portant }
crédit/ tumblr ☾ w/@Gregor Ferreira

Je voudrais que tu me répares,
que tu ôtes en moi tout ce mal,
que tu guérisses mon cœur annihilé,
que tu combles tout ce vide qui l’a submergé.

Souffrance mutique,
sans un bruit, elle se développe, son agonie. Elle est silencieuse ; encore plus dangereuse. Car les murs s’érigent autour de sa tristesse ; comme autant de frontières qui la protègent. Les murs se construisent mais lui… lui, il les détruit. Elle n’a jamais su lui être hermétique. Comme un amour qui la rendrait trop faible, Gregor a le don de briser toutes ses barrières. Avec lui, elle ne parvient pas à rester de marbre. Avec lui, elle fond, la glace,
et ne reste que le mal,
tout ce mal.
Elle essaie de masquer sa détresse derrière les artifices ; derrière le dernier conflit en date au sein de sa fratrie. Elle parle de Trejan pour garder un semblant de contrôle sur la situation. Puis, surtout, sur ses émotions. Mais il a raison, Gregor. Médecin de son âme, il la connaît comme personne. Ils sont beaucoup trop en osmose pour qu’elle soit capable de lui cacher des choses ; même les pires d’entre elles. Même celles qui pourraient s’avérer fatales pour tous ceux qui partagent son sang dans les veines. Détourner le sujet d’elle ne suffit pas, la louve le décèle rien qu’à son regard. À l’ombre de ce sourire, qui lui dit, « moi, tu ne m’auras pas. » Elle le contemple avec une intensité énigmatique, une de celles que personne ne doit saisir, personne sauf lui.

« Tu sais très bien que tu ne me perdras jamais Alix. »

Tu le sais, c’est vrai,
autant que le soleil continuera toujours de se lever,
autant que la vie continuera impunément d’être ôtée,
toujours, vous vous aimerez.

Les âmes fusionnées, depuis trop d’années pour se séparer. Elle ne supporterait pas, Alix, de le perdre, lui aussi. Elle ignore en réalité encore comment elle parvient à survivre dans ce monde privé de sa fille. Il y a ce trou béant qui anime son cœur. Mais sans Gregor, c’est son âme qui se retrouverait en cendres. Alors, il y a le soulagement qui la submerge, instantanément ; seulement il ne dure qu’un temps. Car elle sait tout ce qu’implique le soutien de son frère aîné. Il attiserait la colère du reste de sa famille ; peut-être même qu’il y risquerait d’y perdre l’autorité au sein de la fratrie. Elle ne veut pas qu’il soit remis en cause, Gregor.

Trop convaincue que tu es,
trop solidaire que tu es,
trop amourachée que tu es,

il est la meilleure chose qui soit arrivée à cette mafia, Gregor.

Elle a conscience qu’il pourrait tout faire pour elle. Ce n’est pas le genre de déclarations qu’elle a besoin d’entendre pour savoir qu’elle est vraie. Gregor et Alix, ils se complètent, ils se rejoignent ; mais surtout, ils s’aiment. Ils s’aiment d’un amour sans limite qui dépasse la raison ou toute forme d’entendement. Il l’aime trop pour ne pas lui offrir son soutien ; mais elle l’aime trop, elle, pour ne pas penser à son bien. – Je ne peux pas te demander une chose pareille. et pour la première fois, elle admet à demi-mots. Elle laisse entrevoir la vengeresse qu’elle garde secrète ; enfouie en elle depuis des jours. Mais un secret partagé avec son frère aîné est comme un secret qu’elle n’aurait dévoilé à personne. Gregor, il est son autre. – Tu as plus à perdre que moi. son trône, en premier lieu. Mais aussi le respect et l’autorité qui lui sont vouées. Tout ce qui fait que cette famille fonctionne, plus ou moins correctement, tout ce qui fait qu’ils tiennent encore debout. Alix, elle, a déjà tout perdu,
hors de question qu’elle le perde, lui.

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{ à bout portant }
crédit/ tumblr ☾ w/@Alix Romani

Certaines flammes sont immortelles.
Elles demandent l'amour mortel
Car leurs ondes sensuelles
Sont la vengeance éternelle.

Le tumulte des sentiments n'était pas maigre chose entre eux. Les souvenirs de leur enfance n'étaient pas tous heureux. Mais lorsqu'Alix tombait du vélo que Greg n'avait de cesse de réparer, il était le premier à venir désinfecter ses plaies. Les égratignures ensanglantées avaient fini plus d'une fois sous ses lèvres. De doux baisers que certains auraient considéré déplacés mais qui étaient la preuve la plus évidente de cet amour sans faille entre le frère et sa soeur.

Aujourd'hui, un simple baiser sur la joue d'Alix ne suffirait pas à apaiser la douleur qu'elle ressentait. Mais Gregor était prêt à tout faire pour que cette peine soit absorbée. Etait-il prêt à tout perdre pour elle? Il avait déjà répondu à cette question. Perdre même la considération de Javier, son père adoré? Cela le stressait. Mais Alix était première dans le coeur de Greg. Tellement prioritaire qu'elle transformait celui qui agissait raisonnablement. Lui, le maître du sang-froid, celui qui refusait de régler les problèmes par la violence, se voyait maintenant prêt à l'accompagner au bout du tunnel pour tuer s'il le fallait.

"Tu ne m'as rien demandé. " C'était la vérité. Il savait très bien que jamais elle n'aurait fait appel à lui. Alix l'aimait autant que lui l'aimait. Elle n'aurait jamais pris le risque de le mettre en danger pour sa vendetta personnelle. Mais Gregor savait au plus profond de lui que seul son grand frère pourrait lui apporter le réconfort nécessaire dans cette entreprise périlleuse.  "Evidemment, toi tu as déjà tout perdu. " Il ne prenait pas de pincettes. Il ne pouvait pas faire semblant avec elle. Mais Greg voulait lui faire comprendre qu'il savait à quoi il s'engageait. Une brise de vent martela leurs visages, amenant à eux le rire de certains enfants qui couraient auprès d'eux.  "Mais tu m'as encore moi." Cette phrase n'était pas un serment de fidélité solennelle, c'était une évidence dite à haute voix. Il devait se douter qu'elle le savait mais parfois, les mots avaient le pouvoir d'apaiser les maux. Parfois, ils ne suffisaient pas. Et cette fois, il savait qu'il faudrait plus qu'un bisous sur la plaie saignante de sa jeune soeur. "Je suppose que tu as déjà commencé ton enquête. Tu as des pistes, des noms?" Gregor avait entendu des bribes lors d'une conversation de son père avec un informateur. Mais il savait à quel point c'était risqué d'émettre des soupçons ou des suppositions aussi tôt. Cela pouvait créer des tensions inutiles d'accuser sans être sûr. Cependant, il était certain qu'Alix en savait déjà bien plus que d'autres. Ou non? Avait-elle juste mûri sa haine sans chercher ?

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{ à bout portant }
crédit/ tumblr ☾ w/@Gregor Ferreira

Yin et yang,
de la lumière jusqu’aux ténèbres,
ils se rejoignent,
ils s’emmêlent,
ils ne sont qu’un.
Gregor, il est si différent d’elle mais, à la fois, ils sont les mêmes. La froideur en apparence, ils sont dotés de la raison qui manque encore à leurs cadets ; les responsabilités qu’ils connaissent depuis qu’ils sont nés. Lui, car il est l’aîné, celui qui sait depuis trop longtemps la couronne qui l’attendait. Elle, car elle est la fille unique, celle qui a dû s’imposer, celle qui a dû faire ses preuves, plus que chacun de ses frères, celle qui a dû aussi plus d’une fois jouer les conciliatrices entre les tempéraments trop opposés. Oui, ils sont d’un calme implacable, une force silencieuse mais non moins dangereuse. Comme ils le prouvent, en cet instant, à évoquer les desseins meurtriers dans ce parc empli d’enfants empreins de vie. Car ils se rejoignent, sur ce point aussi, les faiblesses masquées qui les animent. Alix, elle a été attaquée dans son point le plus sensible, le cœur qu’on lui a arraché en même temps que sa fille. Et Gregor…

Gregor…

C’est peut-être elle,
sa plus grande faiblesse.

La louve observe ce grand frère qui a si souvent soigné ses plaies ; celui qui l’a encouragée à apprendre à se battre pour que personne ne lui fasse de mal. Celui qui, dans toute sa beauté paradoxale, a été présent pour elle chaque fois que c’est arrivé quand même. Il est encore là, encore, toujours, prêt à tout sacrifier pour elle ; prêt à tout pour elle.

Si je pouvais te dire,
combien je peux t’aimer,
si tu pouvais imaginer,
comme tu me raccroches à la vie.

Assurément le premier homme de sa vie, sûrement le dernier aussi. Elle tient bien trop à lui pour le pousser à de tels sacrifices. Des sacrifices qu’il est prêt à subir. Malgré tout, quoi qu’il lui en coûte, pour elle. Alix, elle ne peut pas accepter une chose pareille. Pas seulement pour tout ce qu’il pourrait perdre ; mais également, parce qu’il n’est pas cet homme. Il est contre la violence, Gregor, même bien plus qu’elle. Si elle est prête à se laisser engloutir par les ténèbres, l’écorchée refuse de l’y entraîner avec elle. – Je sais que tu es là. Mais je refuse que tu te retrouves dans une situation compliquée… avec les autres mais, aussi, avec toi-même. elle lui confie, la voix à peine audible. Elle, est prête à tous les sacrifices. Elle a déjà tout perdu, comme il a si bien dit. Mais ce n’est pas son cas à lui ; elle ne veut pas lui gâcher la vie. Ou pire, que son âme, définitivement, s’assombrisse.  Les prunelles noires posées sur son aîné, la fille Ferreira se sent néanmoins soulagée ; soulagée qu’il sache, soulagée qu’il porte avec elle ce secret. Qu’il taise la vérité au reste de la famille, c’est déjà bien assez. À sa question, elle affiche un sourire fêlé. « À part le sien, tu veux dire ? » Lui, maître de l’enfer rival au leur ; lui, le premier homme qui a fait battre son cœur. Elle a du mal à imaginer qu’il puisse avoir accepté qu’on tue sa fille. Mais tout vient de lui, de la haine qui les anime, derrière tous les sentiments enfouis. «  Ça vient d’eux, j’en suis certaine. J’ignore seulement qui a décidé, qui a exécuté. » elle laisse échapper dans un soupir.
Et peu importe de qui il s’agit,
Alix,
elle lui ôtera la vie.

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{ à bout portant }
crédit/ tumblr ☾ w/@Alix Romani

De l'ombre et de la lumière
L'un d'entre nous désespère
Je suis ton point de repère
Celui que ton coeur préfère.

Pouvait-il comprendre ce qu'elle ressentait? Pouvait-il s'imaginer ce qu'elle traversait ? Lors de leur tendre jeunesse, Alix avait failli se blesser gravement. Tombée d'un vélo qui avait déraillé quelques secondes avant que la voiture qui venait en sens contraire ne puisse la happer au passage, Gregor avait vu sa vie défiler devant ses yeux. Se souvenait-elle seulement de cet événement? Peut-être pas. Elle était encore si jeune, si fragile. Loin de l'Alix qu'elle était désormais : une femme. Les faiblesses s'étaient muées en flammes dans le regard noir de la dame. Les flammes vengeresses d'une mère qu'on avait dépossédée de son plus grand trésor. Et si Gregor semblait ne pas devoir s'en mêler, pour son bien à lui, sa soeur oubliait un élément crucial : il était impliqué malgré lui. Qu'il le veuille ou non, la gamine était de son sang aussi.

La nuit, les cendres de la petite vole
Dans ton esprit, elles se collent
Le souvenir d'un sourire
Celui avant de mourir.

Un songe irréel
Un songe mortel
Car tu n'as rien vu
Mais avec elle, tu as perdu.

Leur débat n'en est pas un. Alix essaie de le repousser pour le protéger et il sourit faiblement. Ce n'est pas son rôle à elle de le protéger. C'est à lui d'être là pour eux, eux trois. Les Ferreiras sont désormais sa responsabilité. Il sait qu'ils lui en voudront d'avoir soutenu ce projet fou de vengeance. Mais il est maître de ses actes. Il est maître de sa manière de voir les choses. Et en ce moment, la sécurité des autres importe bien peu devant la souffrance de sa soeur. Et cette souffrance... il sait que les mots ne pourront pas l'apaiser.  " Alix, si je te laissais seule dans tes desseins, tu t'imagines bien que je ne serais pas en accord avec moi-même. " Le dilemme est complexe. Car elle n'a pas entièrement tort. S'aventurer dans cette histoire avec Alix c'est se mettre Javier à dos, c'est certain. Mais Greg écoute son coeur. Et s'il veut être totalement juste, il sait qu'il ne peut laisser sa soeur seule dans ce pétrin. Car s'il lui arrivait quelque chose, il démarrerait ensuite sa propre vendetta. Alors autant y être déjà maintenant, et s'assurer qu'elle ne craigne rien. Tout pour toi, tout.

La question est vide de sens, évidemment qu'ils connaissent un prénom. Mais Gregor a du mal à croire que ça soit vraiment lui. Au-delà de leur rivalité, ils ont toujours été amis. L'idylle entre lui et Alix a mis un coup dans cette amitié distante. Mais malgré cela, ils n'ont jamais pu devenir des étrangers. Si bien que Greg a du mal à croire...  " Est-on vraiment sûr que ça soit lui?  " Question ridicule. Mais il ne peut pas s'empêcher de la poser. Greg ne veut pas le défendre mais il se doit d'être fidèle à lui-même : trop bon que pour croire au mal. Pourtant une gamine est six pieds sous terre aujourd'hui et ça, c'est la preuve que le mal existe.  " Tu as engagé quelqu'un pour enquêter? " Prendre des précautions, ne pas tirer dans la foule sans savoir qui est l'homme à abattre. Gregor veut y aller doucement. Il sait qu'il ne changera pas les plans de sa soeur. Mais s'il peut au moins éviter un bain de sang répété, il tente le tout pour le tout.  " Je connais quelqu'un. En vérité, il est déjà sur le coup mais j'attends ton aval pour lui permettre de fouiller et d'aller creuser là où la décence ne le permettrait pas.  " Les enquêtes faites par la mafia, ce n'est jamais joli. Et tous deux le savent. Quand on fouine, on peut découvrir bien plus que ce que l'on cherche, on peut se faire du mal. Mais Gregor sait. Il sait que le reste compte bien peu par rapport à la vérité.

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{ à bout portant }
crédit/ tumblr ☾ w/@Gregor Ferreira

Peut-être que tu savais,
peut-être que tu l’a su à la seconde même,
où tu as deviné sa présence derrière toi,
Gregor, il est toujours là,
quelque part,
avec toi.
Plus encore qu’à ses cadets, c’est lui qu’elle aurait dû le mieux protéger de ses sombres secrets. Il est devenu le détenteur de la couronne Ferreira, l’héritier de l’empire familial. Qu’elle, puisse se perdre dans ses envies vengeresses est déjà un immense risque. Mais que le maître des jeux décide d’abattre ses propres cartes dans cette poursuite assassine, c’est l’affront ultime. Dernière limite entre les deux clans, la contre-offensive sera impossible à éviter. Plus de retour en arrière possible, c’est la guerre qu’il déclarerait.

Et Gregor, il le sait.

Il le sait car il a toujours eu un coup d’avance sur tout. Il a toujours été le plus réfléchi, le plus mature. Pas seulement grâce à sa position d’aîné, c’est quelque chose qui émane de lui, quelque chose qui lui est ancré. Sa petite sœur, aussi fusionnelle soit leur relation, refuse de lui imposer une légitimité qui n’est plus la sienne. Mais devant la détermination de son aîné, elle fait preuve de faiblesse.

Car sa présence t’a toujours rassurée,
son soutien prêt à t’épauler,
tu t’es toujours sentie bien plus forte avec lui à tes côtés.

Le chaos qui commence à submerger son esprit est aussitôt balayé, de quelques paroles prononcées. De tout cet amour inconsidéré. Elle le contemple, Alix, les prunelles empreintes de toute l’affection et la reconnaissance qu’il est le seul à faire jaillir dans ses iris. Elle le contemple avec la dévotion qu’il a toujours pu lire dans les orbes de sa petite sœur. Incapable de lui expliquer avec des mots tout ce qu’elle éprouve, là, tout de suite. Il y a seulement ses doigts frêles qui viennent chercher sa main. Un contact, anodin, on pourrait croire, entre deux frangins, face au chagrin. Mais c’est la chaleur qu’elle ne va plus chercher nulle part, Alix.
C’est l’amour qu’elle a chassé de sa mémoire.

Avec lui, ton cœur bat encore,
Avec lui, tu existes encore.

D’un lourd soupir, face aux rires enfantins qui continuent de fouetter son âme anéantie, elle expire la souffrance qu’elle réprime. Refuse, à tout prix, de craquer, pas seulement face à lui. C’est pour elle-même qu’elle ne peut pas se donner le droit de céder à sa douleur, Alix. Il serait hors de question de faiblir, pas tant qu’elle n’aura pas accompli ses quêtes assassines. Soulagée d’évacuer les tourments qui l’envahissent, le visage de la féline reste stoïque. Impassible, alors qu’elle évoque, l’ancien amour qui l’a trahie. Pas nécessairement, d’après Gregor. Il semble aussi dérouté qu’elle mais possède toujours, bien mieux qu’elle, une foi dont elle a privé son cœur. « C’est à l’encontre de ses principes. Mais on ne sait plus vraiment qui il est. » elle, en tout cas, ne sait plus. L’amour déchu qu’elle a fui, définitivement, quand elle s’est engagée auprès d’un autre que lui. Le regard sombre se pose quelques instants sur les mômes qui continuent de s’amuser, puis se tourne définitivement vers le frère tant aimé. D’un petit hochement négatif de la tête, elle répond à sa demande et s’apprête à lui confier qu’elle s’est seulement risquée à s’aventurer jusqu’au territoire ennemi jusqu’à présent. Mais ce sont ses paroles suivantes qui la font taire et, en vérité, la bouleversent. Plus que de raison. Car l’âme ténébreuse comprend que Gregor, il avait embrassé sa soif de vendetta, avant même d’en avoir la confirmation. Elle mordille sa lèvre inférieure, prise de l’émotion qu’elle peine tant à étouffer ; c’est bien plus difficile quand elle la prend ainsi au dépourvu ; bien plus difficile quand elle émane de lui. « Gregor… » elle souffle, juste avant de se rapprocher de lui pour se blottir dans ses bras. Quelques brèves secondes, pas trop longtemps, car elle ignore combien de temps elle tiendra. Combien de temps elle pourra supporter d’être enveloppée de son amour sans se laisser enfin aller. Sans craquer. « J’ai tellement besoin de toi. » elle avoue, dans un murmure. Les mots presque inaudibles qu’il ne sera jamais que le seul à entendre de sa voix. Elle se recule lentement avant de risquer de s’effondrer en larmes. « Tu sais que tu as toute ma confiance. » elle conclue en signe d’acceptation.

Et même dans le pire,
je sais que tu es là,
et même dans le vide,
tu me rattraperas.

◐ ◐ ◐  
{ à bout portant }
crédit/ tumblr ☾ w/@Alix Romani

Plus loin que les ténèbres
Plus tard que dans la nuit
Lorsque sur tes lèvres
S'élève le dépit

Tu es celle que j'écoute
Celle pour qui je tue
Peu importe ce qu'il me coûte
Pour sauver ton âme perdue.

Pouvait-il croire qu'Anton était derrière ces méfaits? Greg avait appris qu'il devait tout envisager. Dans le monde dans lequel ses frères et lui avaient grandi, rien n'était jamais à exclure. Et surtout, la confiance était un défaut dont il ne fallait pas abuser. C'est pourquoi, Greg s'en était rarement affublé. La seule personne qu'il estimait digne de sa confiance, était là, là à ses côtés, à fomenter une vendetta sanguinaire. Anton? Anton avait été un ami autrefois. Puis il avait posé ses pattes sur cette petite soeur que Greg vénérait. Et c'en était fini de cette amitié, c'en était fini de tout espoir de confiance envers lui. La méfiance était devenue le mot d'ordre. Car on ne touchait pas à Alix.

Et pourtant derrière ce dégoût pour cet homme qui avait délaissé l'amitié pour se délecter de la peau nacrée de la Ferreira, il y avait encore quelque trace d'une loyauté ancienne. Greg ne pouvait tout oublier juste comme ça. Leur relation ne s'était pas éteinte. Lorsqu'ils se croisaient, ils se parlaient, ils se donnaient quelques informations et se piquaient l'égo avec quelque ironie bien placée. C'était un de ces liens emplis d'une nostalgie piquante. Et Gregor avait du mal à croire qu'Anton aurait pu trahir l'ami et l'ex-maîtresse à ce point-là.

Puis, il regardait sa soeur. Elle, elle doutait aussi. Mais elle n'excluait pas qu'il soit le responsable de ce crime. Et Greg s'imaginait perdre Alix. N'était-ce pas là la source de ses propres songes vengeurs? Alors Anton, qui avait perdu ces prunelles brunes... ne pouvait-il avoir ressenti ce même vide, ce même désespoir?

Impardonnable.
Si même tu peux le comprendre
Jamais tu ne pourrais pardonner.
Impardonnable.

« Tu as raison. Il t'a perdue et avec toi, il a tout perdu. » Le bon sens et la raison avec. Greg s'épanche, demande où elle en est dans ses recherches. Il n'osait pas lui avouer qu'il avait déjà commencé à fouiller, de crainte qu'elle ne le prenne mal. Mais il le lui confesse et des larmes semble faire briller les yeux de sa déesse. Lorsque sa voix se brise en se collant à lui, une boule se forme dans sa gorge. « Alix... » murmure-t-il dans la même émotion. Il la serre contre lui. Il ne la serre pas comme on serre les gens, gentiment mais sans coeur. Il la serre de façon à la sentir craquer sous ses bras, de façon à la sentir, là, réelle, vivante, contre lui. « Je sais. » Comment pourrait-il douter de ça? Une larme perle au coin de son oeil mais il ne bouge pas. Il ne veut pas rompre ce moment entre eux. Tant pis pour sa fierté d'homme si les enfants regardent dans sa direction. Il pose son menton sur le haut de la tête d'Alix puis le baisse pour y déposer un baiser. Ils restent là, sans bouger pendant ce qui semble durer une éternité. Le temps est suspendu dans ce besoin de s'aimer l'un l'autre. « Je t'aime Lix. » Ce n'était pas nécessaire de le dire. Et pourtant, ça sort tout seul. Il relâche son étreinte et regarde l'horizon comme s'il y voyait déjà le film des prochains jours. Est-il prêt au combat qui s'annonce? Pour elle, il est prêt à tout.