j'ai besoin que mon cœur se lâche avant que mon cœur ne lâche.

il va mal. enfin. le mot est trop grand, mais robin est dans cette mauvaise période. très égoïste, il n'a pas envie de tomber seul. c'est là qu'il gère mal la situation. ella n'a rien demandé. ella et lui sont amis. mais... robin en profite un peu, non ?
si. clairement.
il a déjà consommé la moitié de son salaire dans toutes ses petites merdes. il a assez de drogue pour les prochaines semaines, s'il n'en abuse pas. il est là, avec ses merdes dans un coin de ce sac qu'il se coltine. là, avec un pack de bières, et une bouteille de vodka, pour ne pas arriver les mains vides. même si c'est souvent lui, qui offre plus qu'il ne reçoit. ça ne le dérange pas, pas avec ella. deux âmes similaires, et pourtant, des histoires bien différentes. quand l'une est heureuse, quand l'une retrouve la paix, alors que l'autre fonctionne au ralentis sans cesse. à avancer, avant de reculer, de se casser la gueule. elle a raison, il devrait la lâcher. mais il ne sait pas le faire. silène est marqué dans sa peau, dans son âme, elle est là partout. et il n'est plus en mesure de faire correctement un choix, désormais. alors, sait-on jamais. peut-être qu'elle va l'aider ce soir, le guider, qu'il prenne ce téléphone portable et qu'il envoie chier cette femme pour de bon. ça lui ferait drôlement du bien. mais il n'en est pas encore capable. pas maintenant.
quelques coups, la porte s'ouvre, le sourire éphémère se glisse alors qu'il fait exactement comme chez lui. robin pose la bouteille sur la table trop propre à son goût. il sort toutes les merdes qu'il a pris pour eux, pour ce soir. lui, il n'a plus envie de se mettre de limite. c'est trop tard. il a besoin de ça, besoin de vivre, besoin d'entraîner quelqu'un dans sa chute visiblement. c'est mal, mauvais, méchant. mais tant pis, c'est ainsi. on oublie nos compagnons ce soir. genre. c'est négociable. c'est toi et moi ella. et le sourire se dessine un peu plus sur les lèvres, prouvant qu'il n'est pas là que pour des bonnes choses. mais tant pis. elle tient à lui, et dans un sens, lui aussi il tient à elle. il aimerait qu'elle l'aide. qu'elle lui apprenne, qu'elle lui montre comment on fait pour oublier, comment on fait pour se laisser tomber sans avoir peur de se faire trop mal au dos, trop mal partout.
il s'installe sur le sol, son dos contre l'assise du canapé. une bouteille de bière qu'il ouvre, d'abord pour elle, en suite pour lui. la vodka, c'est pour après, c'est pour quand ils commenceront des choses un peu plus durs. tu viens ? il lui désigne la place, à côté de lui, et dès qu'elle s'installe, robin vient passer son bras autour de ses épaules pour l'attirer contre lui. ce soir, on est invincible. tu parles. ils ne sont rien du tout. ce soir, il a le coeur en miette, quand elle, elle apprend à aimer à nouveau.

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{ j'ai besoin que mon cœur se lâche,
avant que mon cœur ne lâch}
crédit/ tumblr ☾ w/@Robin Mccoy

C'est l'histoire d'une fille,
une fille devenue équilibriste,
elle avance sur un fil,
avec cette grâce un peu morbide,
cette attraction pour le vide,
cette peur de tomber mais aussi,
cette envie de se prouver,
qu'elle peut maîtriser,
elle peut contrôler,
tant qu'elle ne se laisse pas chuter.

Cette fille, elle n'a jamais décidé d'être funambule ; c'est juste une môme perdue ; juste une vie qui l'a déchue. Destin funeste, il coule dans ses veines, il la menace depuis qu'elle a eu le malheur de naître, dans ce monde qui ne voulait pas d'elle. L'âme ténébreuse, moins encore qu'elle n'est écorchée, flirte en permanence avec le danger. Avec les limites de cette vie qui l'a beaucoup trop secouée. Comme une manière de lui faire un bras d'honneur, lui montrer qu'elle n'a même pas peur. Comme une manière de croire qu'elle a le contrôle quand elle ne maîtrise rien, juste un semblant de stabilité, tout juste retrouvé, dans les bras de l'être aimé. Comme une manière, en cherchant la mort, de frôler enfin la vie.

Cette fille, c'est Ella,
Ella, reine des ravages,
Ella, le bel orage,
Ella, accro au mal.

Les pulsions autodestructrices qui l'animent, elle n'arrive pas à dire non à son amie. Plus que le manque de la poudreuse, c'est l'envie de se faire souffrir qui l'envahit. Le besoin de le retrouver, à tout prix, Robin. Mauvaise influence qu'elle ne devrait pas s'infliger mais un ami, un vrai. Même quand plus personne n'aurait voulu d'elle, Robin, il n'a jamais été bien loin. Robin, il lui a toujours tenu la main. Alors c'est sans hésiter qu'elle le fait venir chez elle, les idées ombrageuses plein la tête. Le minois plus apaisé, pourtant, des tourments épargnés, l'écorchée vive part ouvrir la porte à son obscur allié, le même sourire partagé ; sourire chimère, un peu amer, pourtant sincère. - Salut toi. elle le salue sans lui demander comment il va. Elle sait, Ella, qu'il va mal. Si ce n'était pas le cas, peut-être qu'il ne serait pas là. La carcasse abîmée investit l'appartement qu'il connaît par cœur, elle le laisse faire comme chez lui ; les iris intéressés par les cartes que le magicien a décidé de sortir.

Et comme un chant qui l'envoûterait,
il arrive à l'attirer,
et la camée,
elle se laisse hypnotiser.

Elle s'installe, avec lui, au pied du canapé quand il évoque l'amour ; l'amour auquel il ne veut plus songer pour quelques heures. La sirène toujours dans la peau du désespéré, comme elle ne peut pas oublier, jamais réellement, celui qui détient son cœur.   - Tu fais pas les choses à moitié. elle rétorque, en guise de réponse. Robin, il n'aimerait pas l'entendre dire qu'elle ne veut pas oublier son ange gardien. Robin, il n'a aucune envie de la présence, même chimérique, de celui qui veille sur elle ; celui qui la garde dans la lumière. Robin, il veut juste qu'elle s'enfonce avec lui dans les ténèbres. Et, Ella, elle le laisse faire. Son bras contre son corps trop frêle, elle le laisse faire. La main qui attrape la bouteille de bière, elle le fixe avec ce sourire qui n'en est pas un. - C'est un truc qu'il me dit, lui aussi.

Lui, que tu n'aimerais peut-être pas,
pour m'ôter un peu à toi,
lui, qui ne t'aimerait sûrement pas,
pour me pousser à m'faire du mal,
lui, l'astre solaire,
mais je suis avec toi ce soir, Robin,
toi et nos ténèbres;
toi et moi, jusqu'en enfer.