i'm paralyzed. (trejan)

◐ ◐ ◐ 
{ I'm paralyzed }
crédit/ tumblr ☾ w/@Trejan Ferreira

Le cœur lacéré, broyé depuis son décès, il continue de le piller ; il continue de le bousiller en des milliers de débris éclatés. Trejan, il est en train de la torturer. Il fait bouillir en elle le myocarde glacé depuis que Flora n’est plus, il le fait réagir alors qu’il paraissait avoir disparu. La colère, annonciatrice de la haine qui, lentement, la submerge ; elle se diffuse dans ses veines ; avec elle, les envies vengeresses. Mais aussi la rancœur, la souffrance, ce mal-être contre ce frère ; ce frère qui ne fait preuve d’aucune compassion ; aucune émotion. Comme si c’était à lui, là tout de suite, d’être en colère contre le monde entier. Trejan, il a mal choisi son moment pour débuter à retardement sa crise d’adolescence. Il fait face à une Alix bien moins patiente et à l’écoute que celle qu’il connaît ; à une femme endeuillée ; une mère qui a la sensation que sa vie entière n’a plus de raison de subsister ; une louve à fleur de peau, blessée, paralysée par l’agonie qui est en train de la tuer. Le seul mérite qu’il ait, peut-être, c’est de l’avoir réveillée.

Trejan, t’as conscience de la douleur que ça peut être,
de la perdre, de perdre ton bébé, de perdre l’être qui t’est le plus cher ?
t’as conscience que je suis bousillée,
t’as conscience que t’es en train de me torturer,
la seule putain de fois,
où j’ose avoir besoin de toi ?

Totalement sortie de son calme faussement apparent, d’une torpeur qui arrive à son échéance, la princesse Ferreira réagit, à cause de lui, ou peut-être grâce à lui. – Putain mais tu te fous de moi ? Elle ne sait pas ce qui est le pire, Alix. Qu’il puisse parler ainsi de sa fille, sa fille, bordel ; sa propre nièce. L’enfant qu’elle avait et qui lui a été enlevée, l’enfant dont elle a reçu les morceaux pillés dans une putain de boîte il y a quelques jours à peine. Ou qu’il ose, en plus, prétendre qu’elle ait pu le pousser à rejoindre les affaires familiales. S’il y en a une, toute sa vie, qui a essayé de l’en éloigner, c’est elle ; et il le sait. – Je ne t’ai jamais poussé à faire quoi que ce soit ! Je te signale que j’avais quitté tout ça ! J’ai jamais voulu ça pour toi, moi ! Il pouvait faire comme elle ; s’en éloigner, fuir. Seulement il n’en a pas été capable, et peut-être qu’elle en est tout aussi incapable. Elle a bien fini par se relancer dans la mafia… jusqu’à en perdre Flora. La fille Ferreira n’a jamais eu peur de prendre ses responsabilités ; ni même d’endosser sa culpabilité. Mais qu’il ne lui dise pas, non, qu’il mène cette vie à cause d’elle. Elle refuse d’entendre une chose pareille après avoir passé tellement d’heures à tenter de l’attirer vers le monde d’en-haut, loin des ténèbres, loin de cet enfer. Aussi meurtrie qu’écorchée vive, elle le fixe, les prunelles assombries, alors qu’il choisit de prendre la fuite. – Tu sais quoi, t’as raison, casse-toi ! Si tu crois que j’ai besoin de ta crise d’adolescence en ce moment, je m’en tape royalement ! Qu’il s’en aille ; qu’il s’éloigne ; comme il le fait si bien.

Alix, elle avait juste besoin de soutien,
juste besoin de son frangin.

Peut-être qu’elle ne sait pas le dire, peut-être qu’elle a du mal à exprimer tout ce qu’elle peut ressentir. Mais c’est elle, en ce moment, qui souffre le martyre. Elle en a assez d’être compréhensive, assez de faire attention à ce qu’il peut ressentir. Il veut être traité comme un adulte, Trejan, mais il n’est qu’un gamin. Un gamin qui lui fait bien plus de mal que de bien.

il en a marre de tout trejan, la crise existentielle en retard, pas au bon moment, mais bordel y'a pas que vous qui êtes torturés, y'a pas que vous qui êtes entrain d'avoir les deux pieds dans la merde a espérer pouvoir les retirer d'un mouvement de jambe rapide. vérité qu'il n'avouera pas?  il n'aime pas vraiment ezio et le cache pas forcément super bien, il le trouve trop différent de sa sœur pour que les deux correspondent à l'autre, il a bien l'impression que lui, il torture plus alix que tu le fais a l'instant même trejan, parce-que t'es le roi pour foutre la faute sur la gueule des autres, mais tu peux simplement pas le voir, sans raisons, alors c'est comme ça. (ou peut-être qu'il t'as pris la seule personne qui s'est toujours intéressée a toi et que ça, tu veux pas l'accepter) comme si c'est obligé qu'on finisse toujours par te laisser de côté, en premier la famille, puis camille qui s'est bien foutue de ta gueule quand t'étais encore ce gamin de lycée et maintenant alix qui t'balance a la mer, des poids aux pieds et qui espère que tu vas réussir a garder la tête de l'eau. mais peu importe ce que tu fais, dans tout les scénarios tu finis par retrouver les poissons. alors oui, tu l'aimes pas, parce qu'il t'a volé la seule personne qui t'aimais vraiment.

dans la fièvre des métros new-yorkais,
j'ondule en espérant me sentir vivre,
quand d'un coin du regard,
le mal tu ravives.

il la regarde, et ne garde pourtant pas une once d'humanité, quand en toi trejan, on t'aurais offert le monde sur le bout des doigts. peut-être le seul ange sorti des berceaux ferreira. mais ça semble terminé tout ce beau dessin, le temps d'un instant, les couleurs du pinceau se sont évaporés, offrant une œuvre noire et blanche, sans âme. et tu t'en voudras après trejan, on le sait tous. parce-que t'agis parfois sans réfléchir. il ne relève même pas la phrase de sa sœur, soufflera un instant comme un enfant agacé qu'il est dans le fond, en vérité si alix viendrait à lui foutre une claque maintenant.. il l'aurait amplement mérité. et il semble tiquer un instant, la regarder en soufflant du nez, se retenant de lui rire a la gueule, avant de dire simplement "donc tu m'as pas poussée? alors pourquoi quand j'étais pas dans tout ça, vous me mettiez tous de côté aux repas de famille?" un foutu paria qu'il était avant, n'ayant même pas une once de considération par les plus vieux, et ça brise l'âme et la confiance en soi d'un gamin a qui on veut offrir le monde sombre, parce qu'en étant jamais considéré, on ne se sens pas tant primordial.
et la fuite qui est prise comme option, pour ne pas dégénérer encore plus, alors qu'il est presque au devant de la porte ce seront les mots de sa soeur qui feront virer les cadrans du orange au rouge lave. alors qu'il gueulera presque dans la maison "allez tous vous faire foutre. j'voulais te parler et passer du temps avec toi et t'es toujours obligée d'me faire ces foutues morales. t'es pas ma foutue mère alix." c'est la partie conne du cerveau de trejan qui parle, la partie connard de lui qui a pris le dessus, quand sa partie gentille est attaquée, ça a toujours été ça son moyen de défense, et elle doit bien le savoir, qu'il ne pense pas un seul de ces mots là, mais sous l'énervement ils fusent bêtement, quitte a tout briser.
à ce moment tu préfères limite prendre la place de flora. si seulement ça pouvait tout arranger.

◐ ◐ ◐ 
{ I'm paralyzed }
crédit/ tumblr ☾ w/@Trejan Ferreira

Elle se souvient, Alix, quand il était encore tout petit. Trejan, le petit dernier, le bébé de la famille. Elle le fixait de ses grandes prunelles attendries, du haut de ses  quatre ans seulement, mais certaines visions restent indélébiles. Lui, si minuscule, si frêle ; lui qui a grandi mais qu’elle verra toujours comme un bambin. Trejan, il possède la parcelle la mieux cachée de son cœur. Il a un accès direct à sa tendresse, à son côté… maternel. Avant de devenir mère avec Flora, elle avait déjà développé cet instinct-là. Elle l’avait fait, avec Trejan. Alors, peut-être que son esprit aussi meurtri que son cœur agonisé est en train d’opérer à un drôle de transfert ; mais elle a la sensation d’avoir toujours été la même avec son petit frère. Toujours un brin trop moralisatrice, toujours beaucoup trop protectrice, mais malgré tout cette oreille attentive. Attentive, la louve le croyait, mais elle s’est probablement trompée. Le cœur erroné, elle pensait être suffisamment à son écoute, alors qu’il est vraisemblablement empli de cette rage inattendue.  Une colère bien réelle, une douleur qui paraît sortir du plus profond de son être. Trejan, pour la première fois depuis longtemps, se livre à cœur ouvert. Mais elle n’est pas en état pour l’entendre. Elle n’est plus en état, Alix, elle est trop brisée ; comme si plus rien en elle ne savait correctement fonctionner. Elle n’entend pas les plaintes, les souffrances du môme écorché. Elle n’entend que l’ingratitude et la mauvaise foi de l’adolescent qui vient la malmener alors que la vie se charge déjà trop bien de la torturer.

Et tu voudrais lui dire,
lui dire qu’il a toujours fait partie de cette famille,
que, peut-être, vous l’avez mis à l’écart,
mais c’était sans le vouloir,
sûrement pour le protéger,
parce que vous l’aimez,

toi, tu l’aimes d’un amour infini,
plus que tu ne tiens à ta propre vie.

Peut-être que, dans d’autres circonstances, c’est ce qu’elle aurait fait. Peut-être qu’elle aurait tâché de lui parler mais, surtout, de l’écouter. De comprendre cette douleur jusqu’à présent reniée. Mais, ce soir, elle est à fleur de peau, Alix. Écorchée vive, elle tient sur un équilibre trop fragile pour endosser le rôle de la grande sœur attentive. À ce moment, elle atteint ses limites. Elle veut seulement que ça s’arrête, seulement que lui, il arrête. Elle lui donne raison quand elle ferait mieux de lui expliquer combien il a tort ; tort de croire qu’il doit laisser l’acide familial le ronger. Mais elle ne serait même plus bien placée, Alix, car même elle, y a tout sacrifié. Elle croyait être sortie de cet enfer, elle croyait avoir pris une indépendance loin de ces histoires criminelles. Alors qu’elle est toujours aussi atteinte, parce que le mal, il coule dans ses veines. Elle ne quitte pas son petit frère de ses pupilles noires, alors qu’il hurle, alors qu’il crie toute sa haine à l’égard de cette famille. Il va réveiller Ezio, sans doute, le pousser à s’interroger ; comme si elle avait besoin de ça, aussi. Silencieuse, face aux mots d’une cruauté qui lui lacère le cœur, elle le regarde partir sans broncher. Elle a l’impression que c’est elle qui va s’effondrer. La porte refermée, elle balance le cristal dans un élan de rage pour éviter de craquer. La colère, elle est bien plus facile à maîtriser que cette détresse.

Mais ses mots ne cessent de se répéter dans ta tête,

tu sais que tu n’es pas sa mère, Alix,
tu n’es plus la mère de personne.