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 Go to Hell (Carmin)

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Message Sujet: Go to Hell (Carmin)   Go to Hell (Carmin) Empty Mar 29 Sep - 22:28

Go to Hell
For Heaven's sake

@Carmin Fletcher


Un dimanche d’été indien, lunettes de Soleil noires devant le regard contrarié, la vieille Ford garée tout près de la vieille bâtisse. Une cigarette encore vissée au coin des lèvres pincées, la nicotine incapable de calmer les nerfs exceptionnellement à vifs. Les bourdons sonnèrent trois fois d’affilée pour les trois heures de l’après-midi : de toute évidence, Ambroise avait très largement loupé l’office du jour. Voilà près de vingt ans qu’il manquait la messe, exception faite des mariages, des baptêmes ou des enterrements, piètre pratiquant catholique qu’il était. Son père parfois également, mais sa mère au grand jamais.

Combien ?! Il avait manqué de s’étouffer. Sa mère, sa précieuse et indispensable mère, sa mère adorée, sa mère douce, aimante, tolérante et altruiste, sa mère si naïve de temps à autres. Si naïve, mais incroyablement naïve !

Méfie-toi, avait-il dit, plusieurs fois, à chaque fois, après chaque office célébrée par le prêtre de pacotille. Il était plus dur qu’elle Ambroise, il pensait que l’âme sale ne se nettoyait jamais si facilement, que l’être pourri jusqu’à la moelle le resterait quelle que soit la candeur apparente de son sourire. Il était patient, tolérant, mais observateur et souvent bon juge. Entêté aussi. Méfie-toi : avait-il répété encore, le fils protecteur et inquiet.

Elle ne s’était pas méfiée et voilà qu’à présent la somme était à son sens astronomique. L’éternel optimiste, l’infiniment patient était furieux.

Il y avait trois personnes : rien que trois personnes au monde tout entier auxquelles on ne touchait pas, ni physiquement, ni mentalement, ni moralement – jamais, même pas en rêve, même pas pour un coup d’essai, jamais. C’était pour rénover l’autel, avait-il expliqué. La communauté tombait à l’abandon, avait-il sans doute geint jusqu’à ce que la paroissienne fonde de compassion. Les reliques étaient dans un état lamentable, elle leur serait d’un soutien indispensable. Le Bon Dieu le lui rendrait, avait-il probablement promis, le religieux dont Ambroise doutait rien que de la seule ordination.

Lui avait expliqué sans honte qu’il le connaissait depuis si longtemps. Qu’il était l’un des rares à avoir de lui à la fois toute sa méfiance et son dégoût. C’était viscéral.

Fletcher représentait à lui seul les sept péchés capitaux.

La scène se déroulait pourtant dans un cadre tout à fait charmant, le gazon était tondu à la perfection, les graviers étaient d’un blanc immaculé, ici et là quelques fleurs rosâtres, le tout formant un mignon abri protégé de tout ce que la grosse pomme pouvait grouiller. Charmant vraiment. Ah l’ironie !

« Bonjour Mon Père », la salutation ironique claqua aussi fort que toute sa rancœur à travers l’après-midi ensoleillée. La voix dégoulinante d’une moquerie amère, hélant sans aucun respect l’homme à la blondeur angélique qui abandonnait à l’instant seulement la petite église. L’ordure n’était pas sotte, et c’était là l’une des seules qualités que l’urgentiste acceptait de lui reconnaitre : il le reconnaitrait sans difficulté. Toujours ils s’étaient suivis, gamins du même âge d’abord, toujours ils s’étaient retrouvés. Comme une mauvaise herbe qui reviendrait sans cesse, comme un chewing-gum collé avec acharnement sous la semelle. Du chiendent. Sans honte aucune. « Quand vous plumez vos honnêtes paroissiens, Mon Père, combien gardez-vous pour engraisser vos propres fesses ? »
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Message Sujet: Re: Go to Hell (Carmin)   Go to Hell (Carmin) Empty Mer 30 Sep - 13:39

For the love of god, will you bite your tongue
Before we make you swallow it
I'm begging you to spare me the pleasure of your company ( Bring me the Horizon → For Heaven's sake ) •••C'était assez rare qu'il officie la messe du dimanche. Toujours présent pour prêter main forte, pour jeter un regard droit et froid sur l'assemblée, Carmin ne manquait pas l'officine hebdomadaire, jamais. Mais il n'était pas réellement prêtre. Ses condisciples l'avaient oublié, oui, mais quelque part, ils savaient. Que savaient-ils? Eux-mêmes ne le savaient. Dans cette confusion sur l'ordre consacré du Padre Fletcher, Carmin avait écopé de nombreuses tâches. Mais son sacerdoce était rarement consacré à la messe. C'était comme s'ils avaient convenus silencieusement que les autres tâches lui revenaient sans peine, mais que ça... ça c'était au-dessus. Mais ce dimanche-là, le Père Damian était malade. Et les autres frères de l'Eglise étaient soit en voyage, soit occupés sur d'autres paroisses. Une fois n'est pas coutume, on sollicita le toujours présent Carmin pour remplacer le malade.

Ses mots étaient justes. Frappants et cruels envers les mortels qui n'écoutaient pas les diktats de la Bible, Carmin se faisait intolérant. Il avait tenu un sermon plus long que celui de ses collègues les semaines passées. Mais l'assistance était subjuguée par son charisme. En fin de cérémonie, la mère Marshall vint poser un billet dans la caisse destinée aux aumônes. Carmin la vit faire et un sourire malveillant emplit son âme. S'approchant d'elle, il posa une main paternelle sur son épaule afin d'attirer son attention sur lui. Tout sourire, elle ne pouvait être plus heureuse. Choisie par le prêtre dans toute l'assemblée pour une petite discussion, elle avait déjà son aura bien ouverte à la manipulation qui allait suivre. La pêcheresse parlait et félicitait le grand art de parole de Carmin, louant son aisance verbale. Carmin la réprimanda en lui disant qu'il ne fallait pas être fier de nos capacités et encore moins s'en orgueillir. La dame baissa son visage, gênée. Alors, il changea de ton, s'excusant de l'avoir fait se sentir mal. Il cherchait juste à éviter le compliment qui le ferait pencher vers le pêché. Elle était confuse, s'excusait d'ainsi le provoquer, elle ne voulait pas être un objet négatif dans la foi d'un aussi bon homme que lui. Et là... là, elle lui offrit le terrain dont il avait besoin. Il secoua la tête et marmonna "Hélas, nous ne sommes jamais aussi bons que nous le souhaiterions. Nous avons tous des failles, même nous." La curiosité exacerbée par ce prêtre qui feignait d'avoir un lourd fardeau à porter, la pauvre femme pouvait-elle faire autrement que s'enquérir de ce qui n'allait pas? Carmin refusa de parler, craignant d'avoir l'air de se plaindre ou de demander la pitié des paroissiens. Mais elle insistait. Alors, il expliqua d'un ton qu'il cherchait à garder solennel, que l'Eglise était dans un piteux état. Que les fonds manquaient et que les prêtres faiblissaient à les récolter. La paroisse ne pouvait plus entretenir ses reliques et ils devraient sûrement les transférer à une Eglise plus fortunée. La douleur que cela lui provoquait d'énoncer ces mensonges devant son ouaille était parfaitement jouée. Un vrai acteur de drame shakespearien, le surjeu en moins. La mère d'Ambroise fit un gros chèque à Carmin et elle partit, la conscience tranquille.

Dans la cour du presbytère, le blond arrosait les plantes. Les voix alentours ne le dérangeaient jamais dans ses pensées intérieures. Satisffait de tout ce qu'il avait arraché aux comptes en banque de ses fidèles, il regrettait de ne pas être sur l'estrade du sermon plus souvent. Peut-être était-il temps de changer cela? Bien que préoccupé par la somme d'agrent accumulée ce matin-là, il aperçut une silhouette de l'autre côté du muret des jardins. Ambroise. Un courant d'animosité électrique parcourut l'homme d'Eglise. La cigarette au bec, le Doc' comme son ennemi aimait l'appeler, avançait lentement vers l'entrée des lieux. Plutôt que d'aller à sa rencontre, Carmin tourna le dos à la porte des jardins et se remit à couper les feuilles endommagées, prenant plaisir à en couper certaines saines aussi. C'était ce qu'il faisait de tout temps : il éradiquait la vermine et s'amusait à amputer les gens biens de quelques éléments encore valeureux aussi. La voix d'Ambroise claqua assez rapidement. Feignant l'étonnement, Carmin se retourna pour lui faire face. "Bonjour mon fils." répondit-il sur le même ton.

Ambroise était certes ironique mais l'ironie était toute ailleurs. Au final, le gardien de la morale, c'était lui, Carmin. Lui qui était la vermine incarnée tandis qu'Ambroise était un homme foncièrement bon. La question de l'ancien camarade de classe était ouvertement agressive. Carmin ne bougeait pas. Froid, il analysait celui qui n'avait jamais été son ami et se demandait s'il oserait en venir aux mains ici? Dans la rue, nul doute qu'Ambroise n'hésiterait pas à mettre un coup de poing à l'escroc qui avait volé sa maman. Sèchement, Carmin lui dit "Tu t'inquiètes pour ta maman, Doc'?" Le venin agitait les veines du démon en soutane. Il savait qu'il était en train d'attiser une bête féroce chez Ambroise mais c'était d'autant plus jouissif. Car là, devant Carmin, Ambroise révélait un autre visage, un visage inconnu de la plus grande partie. "Tracasse Doc', je m'occupe bien de ta petite maman." Le ton était calme et posé. Mais les mots avaient quelque chose d'obscène malgré la froideur du personnage. Parce que justement, cette froideur donnait des frissons dans le dos. Et sa façon de dire le mot "maman" semblait révéler un complexe d'Oedipe chez son interlocuteur, comme s'il accusait Ambroise d'exagérer uniquement ... parce qu'il aimait sa maman d'un peu trop près.
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Message Sujet: Re: Go to Hell (Carmin)   Go to Hell (Carmin) Empty Jeu 1 Oct - 22:55

Il n’avait jamais arraché les ailes des mouches pour leur interdire à jamais de repartir, il ne s’était jamais esclaffé en mettant le feu à la queue des chats errants ou en arrachant celle des lézards, même enfant, même à l’âge stupide de l’adolescence. Ce sont des idiots, les adultes lui avaient-ils expliqué face à des actes bêtes et méchants que lui n’avait jamais compris. Ambroise avait toujours eu un grand cœur et une sensibilité authentique, s’évertuait à toujours se scandaliser devant la cruauté dont ses congénères étaient capables parfois, à garder pourtant une confiance indestructible en l’être humain, à toujours faire de son mieux pour aider son prochain. Il exécrait le mensonge et les tromperies, l’hypocrisie et le charlatanisme, abhorrait les abus de pouvoir et les esprits manipulateurs, avait en abomination l’égoïsme et la barbarie sous toutes ses formes. L’ancien camarade, le blond aux airs soi disant aussi vertueux que séraphiques, condensait tout ce qui était susceptible de déplaire à l’urgentiste devenu adulte et resté très droit dans ses bottes. Il était cruel, il en était certain. Il le sentait : il sentait souvent bien les choses, devinait sans preuve. Il était cruel : mais pas idiot, donc sournois et perfide, faux mais tout en discrétion. Qui qu’il soit, le simple fait d’avoir subtilisé – ça n’était pas un don généreux de la part de sa mère, c’était du vol, à un niveau pareil – quoi que ce soit à sa famille suffisait à lui donner la rage. Sans user de la force aucunement, juste à l’aide de quelques prouesses verbales que sa mère continuait de louanger ce matin encore – et c’était sans doute pire encore, comme manière de procéder.

Il n’était pas violent non plus, Ambroise. Boxait de temps à autres, ne se dégageait pas suffisamment de créneaux pour pratiquer plus régulièrement à son goût, mais boxait néanmoins pour se défouler, laisser couler la colère accumulée silencieusement, garder au calme les nerfs toujours bien sages. Il n’était pas violent : ne sortait les poings qu’en cas d’extrême nécessité, retenait très longtemps les vulgarités, surveillait son langage, gardait son calme bien assez longtemps pour prendre le temps du choix du vocabulaire et de la tournure des phrases... Aussi tout naturellement l’interrompit-il du tac au tac : « Va te faire foutre Fletcher » Là c’était différent. Son sourire narquois à lui avait le don de lui donner de l’urticaire.

Il détestait tout de lui : son air toujours si assuré, ses crocs beaucoup trop blancs pour lui donner un air véritablement honnête, sa façon de se tenir si droit, sa tenue toujours bien soignée alors qu’il puait jusqu’aux confins de son être, sa voix agaçante et soporifique. Et plus encore la facilité qu’il avait eu pour comprendre à quoi lui faisait allusion en venant le fusiller du regard sur son terrain de jeu paroissial. Il ne feignait même pas ni la douceur, ni la gratitude, ni l’ignorance. L’ordure attaquait droit et fort pile poil là où il lui donnait envie de lui envoyer son poing dans sa la figure sans réflexion préalable. Il garda pourtant une distance assez raisonnable, lui-même assez effronté et entêté pour n’avoir jamais eu peur de lui – et la colère bouillonnait trop férocement là au fond de son ventre pour que ce soit le cas présentement –, mais il n’avait ni envie de détailler ses traits putrides à la loupe, ni de céder à la tentation grandiose de lui en coller une de toutes ses forces. Il serait trop satisfait, le grand malade. « Je t’en prie titi, commence par t’occuper de la tienne. »  La sienne justement avait sans doute loupé deux ou trois étapes. Un taré pareil pouvait peut-être naître tel quel, force était de constater que les années n’allaient pas pour l’arranger. Il recracha tout droit une volute de fumée de la cigarette à peine entamée, l’empêcha de répliquer quoi que ce soit si toutefois ça avait été sa volonté : « C’est mal ce que tu fais, c’est du vol. Mais t’en as rien à faire, pas vrai ? » Captain obvious. Rien que pour sa réaction. Avoir des arguments pour protéger les siens s'il admettait bêtement.
Oh gentil petit docteur, toujours si naïf face à l’imagination sans borne des grands méchants tout autour... !
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Message Sujet: Re: Go to Hell (Carmin)   Go to Hell (Carmin) Empty Ven 2 Oct - 14:39

For the love of god, will you bite your tongue
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I'm begging you to spare me the pleasure of your company ( Bring me the Horizon → For Heaven's sake ) •••Comment leur inimité s'était-elle déclenché? Difficile à dire. Carmin avait un jour réalisé qu'Ambroise faisait partie des garçons qui l'irritaient. Il avait des souvenirs très lointain, d'une école de gardiennage, les maternelles, où les deux jouaient dans le bac à sable ensemble. Etait-ce avec Ambroise qu'il avait construit cet énorme chateau de sable que deux enfants de cinq ans n'auraient jamais pu faire seuls? Il avait refoulé ces souvenirs. Tout comme le souvenir qu'il avait de lui en train de lui souffler de la poussière au visage quand bien même le môme lui criait d'arrêter. Ils auraient pu être amis... dans une autre vie. Une vie où le vice n'aurait pas pris possession de l'âme du sacristain. Ou une vie où l'homme de la santé ne se serait pas tant attaché à la moralité. Quoiqu'il en soit, aujourd'hui, leur monde n'était pas le même. Ambroise avait une mère qui se permettait de donner aux pauvres et Carmin manipulait pour qu'elle fasse acte d'une générosité qu'elle n'avait pas prévue. Dans l'esprit de Carmin, il n'y avait pas de blanc ou de noir. Le manichéisme n'avaient pas sa place chez lui. Mais le monde n'était pas pour autant coloré. Chez Carmin, tout était noir.

La réponse sèche et spontanée d'Ambroise amusa Carmin. "Quel langage. Ta mère sait que c'est avec cette bouche-là que tu l'embrasses? " Il avait le don d'irriter les plus sages. Carmin retenait tellement son caractère antipathique pendant qu'il prétendait être un sage prêtre qui respectait humblement son prochain, qu'il exultait de pouvoir se montrer sous son vrai jour : antipathique. La grossièreté ne faisait plus partie de ses armes. Cela faisait un moment qu'il l'avait troquée contre des atouts plus incisifs. Ses paroles pouvaient être tranchantes et sa façon d'être détonante.  Ambroise était visiblement venu pour faire comprendre à son ennemi qu'il jouait sur un terrain interdit. On ne touche pas aux mamans, n'est-ce pas?  Mais en déclarant aussi ouvertement que sa mère était un sujet qui le hérissait, Ambroise venait de déclarer la chasse ouverte!

Titi. Un surnom qui ne lui allait plus depuis des années. Il était aujourd'hui devenu gros minet bien plus que Titi le zozio. Il n'avait du canari que la blondeur et le bec méprisant. Mais Carmin savait utiliser chaque phrase à son avantage. "Hn hn, An-an, pas possible. Ma maman est comblée. Je n'accorde du temps qu'aux dames qui sont déprimées. Probablement que c'est toi qui devrait passer plus de temps avec ta mère. " Et voilà. L'odieux avait frappé. Les confessions étaient évidemment secrètes. Et il avait pris soin de ne pas mentionner qu'il avait eu quelque rapport négatif sur le fils de sa généreuse donatrice. Mais en parlant ainsi, il reportait la culpabilité sur Ambroise. Carmin était doué pour faire plâner des doutes qui étaient horribles à soutenir. Mais en reprochant à un homme aussi occupé qu'Ambroise d'être un fils absent, il savait qu'il mettait le doigt sur un élément qui pouvait blesser. Comme seule défense, Ambroise attaquait à son tour. Après tout, il était venu pour ça, non? Carmin souleva un sourcil, décidant ensuite de ne pas répondre à ses accusations. "T'es dans un lieu saint. Exhorter les fumées de Satan ici, c'est la meilleure manière de te faire exclure l'accès à notre Eglise. " L'ôpital se moquait de la charité. Combien de fois Carmin n'en avait pas grillé une dans cette cour? Mais la menace était réelle. Que penserait sa mère en voyant sur la liste des indésirables, le nom de son fils. Carmin imaginait la scène et y voyait un tableau très intéressant. Peut-être aurait-il dû éviter de l'avertir et juste le punir. "J'ai horreur de devoir être déplaisant avec une brebis égarée mais si tu es venu pour m'insulter uniquement, c'est fait. Tu peux rentrer chez toi. " Voilà. Voilà sa force. Imperméable aux autres. N'importe quelle insulte, n'importe quel mot... rien ne l'affectait. Il n'avait pas de faiblesse. Et c'était là sûrement sa plus grande faiblesse : n'avoir rien à quoi ou qui se raccrocher. Mais cela le rendait très puissant tout le reste du temps. Car sa peau est faite d'écailles ou la boue ruisselle et le poison de leur haine se cale, sans atteindre la peau déjà pourrie du Fletcher.   
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Message Sujet: Re: Go to Hell (Carmin)   Go to Hell (Carmin) Empty Lun 5 Oct - 21:45

L’immondice était irritant, comme une base forte plutôt qu’un acide lambda d’ailleurs, il s’immisçait lentement mais sûrement et ni les œillères ni toute la concentration du monde ne suffisaient à faire abstraction. Impossible de l’ignorer, lui la seule exception dans un monde perpétuellement calme. Il était le caillou dans la chaussure impossible à retirer, aussi plus Ambroise s’appliquait-il à simplement ignorer ses piques, plus Fletcher l’agaçait. Le bonhomme était impressionnant : il se disait, Ambroise, qu’il avait atteint avec lui le summum de l’horripilation – et puis finalement non, ça continuait d’empirer. Il était comme increvable.

Le rusé avait également toujours lu rapidement en lui, et c’était là sans doute l’un des motifs qui poussaient à Ambroise à toujours le détester si vite et de tout son être.  C’était viscéral. Il savait toujours piquer pile-poil de façon à le pousser à deux doigts de sortir de ses gonds. Avec lui il avait un mal de chien à glisser les mêmes barrières mentales qu’avec le reste du commun des mortels, c’était un comble mais l’autre était suffisamment observateur pour garder une longueur d’avance sur lui. Et Ambroise n’était ni bon perdant, ni du genre à se repentir, borné qu’il était. Alors simplement à deux reprises sous ses lunettes noires leva t-il un regard aussi agacé qu’enflammé au ciel (un ciel parfait, d’un bleu turquoise sans tache).  

« Tu ne sais pas de quoi tu parles », il coupa très net à son savant exposé, le ton soudain plus calme mais claquant sans appel aucun. Pas de menace dans la voix cette fois : rien que le rebond de sa stupide assurance. Il n’en changerait pas d’avis. Evidemment la dernière fois qu’elle avait eu cet air épuisé ou bouleversé au confessionnal, sa mère, la sage et fervente paroissienne : il s’était fait poignarder. Un coup très net et très sec dans l’abdomen, aussi rapide que quasi-suffisant pour le vider de tout son sang par le trou béant dans le ventre.  Ca avait été comme lui arracher les entrailles à elle, ça avait été les pires heures de toute son existence, à la génitrice si aimante : tout allait bien maintenant, oui mais il fallait du temps pour remettre les émotions en place, adoucir la peur panique. Ca n’avait eu aucun sens, mais quand bien même, elle s’était appliquée à en trouver un peut-être : il travaillait trop, il était fatigué, il n’avait pas les idées en place alors il manquait de prudence, de toute façon il n’en avait jamais rien fait qu’à sa tête. Elle ne savait pas conjuguer rien qu’avec l’absurdité des choses... Et quant à lui, il était vrai qu’il travaillait toujours en décousu. Préférait vivre la nuit et s’apaiser le jour, était bien forcé de ne pas pouvoir honorer tous les déjeuners du dimanche – c’était chacun son tour, avec les collègues. Il faisait franchement de son mieux et elle, peut-être, aurait voulu profiter toujours plus de son unique enfant devenu grand un peu malgré elle. Mais tout de même : il faisait de son mieux, veillait toujours elle-même de loin. Et aussi hésita-t-il à suggérer très fort à Fletcher de se mêler de ses affaires, mais c’aurait été dit moins poliment que cela sous le coup de l’agacement, et par définition la mauvaise herbe venait toujours à pousser là où on ne voulait surtout pas d’elle. Il se contenta donc d’éluder très simplement qu’il n’avait pas la moindre idée de ce qu’il racontait, il entendait oui mais cela ne faisait pas de lui ni une oreille attentive ni un bon analyste. Il ponctua son unique réponse tout droit d’un nuage de goudrons, la cigarette encore brûlante coincée entre ses lèvres puis ses doigts habitués. Arqua un sourcil perplexe, afficha l’instant d’après un rictus amusé : « Mes excuses Votre Sainteté, je n’avais pas la prétention d’invoquer le Diable en grillant ma clope. Il inspira à nouveau sans quitter du regard les prunelles courroucées du prêtre de pacotille, éclata brièvement d’un rire jaune en laissant échapper la fumée, encore. Je ne voudrais surtout pas louper votre harangue grandiose dimanche prochain. » Plus tard il réfléchirait, peut-être, pas nécessairement. Il était fier et borné, et avec lui logiquement provocateur puisqu’il aurait préféré mourir la bouche ouverte plutôt que d’avoir à lui demander quoi que ce soit. Ca aurait été plus simple de simplement lui coller son poing en visant tout droit le nez : et déjà Ambroise se félicitait d’avoir été bien plus civilisé que cela. Fletcher ne méritait, à son sens, pas mieux. Surtout pas quand il bernait clairement sa mère, une fois de plus.

« Tu peux rentrer chez toi. » « Tu n’as pas répondu à ma question », il enchaina très rapidement malgré l’envie immense d’effectivement rentrer chez lui en espérant ne plus jamais, jamais croiser le détestable personnage. Il savait pourtant pertinemment qu’il mentirait, ne répondrait pas, rirait ou menacerait, envenimerait dans tous les cas. Et pourtant le brun était venu pour ça. « C’est une somme astronomique et j’aimerais savoir où va tout cet argent. Tu ne vas pas aussi me reprocher de m’inquiéter pour ma mère, si ? »
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Message Sujet: Re: Go to Hell (Carmin)   Go to Hell (Carmin) Empty Mar 6 Oct - 13:37

For the love of god, will you bite your tongue
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I'm begging you to spare me the pleasure of your company ( Bring me the Horizon → For Heaven's sake ) •••Pourquoi le poison aime-t-il toujours s'infiltrer dans les corps sains? C'est comme s'il y avait un plus grand plaisir, une plus grande réussite à pervertir un fruit en pleine santé que l'un déjà pourri. Quel challenge de provoquer le courroux d'un homme qui est colérique? L'égo de Carmin jouait évidemment dans ce tableau pervers. Pousser Ambroise à bout, c'était aussi une victoire personnelle, au-delà de son attraction pour le pêché en général. Et Ambroise, cet homme respectable, avait une faille. Carmin se demandait, avec fierté, si cette faille c'était sa mère ou si c'était Carmin lui-même. Car en vérité, le blond n'avait jamais vu son camarade perdre pied comme il le faisait devant lui. Et pour être cent pour cent honnête, Carmin devait admettre qu'Ambroise lui courrait sur le haricot aussi. Toute cette vertu, cela sonnait faux aux yeux de l'ecclésiaste.

Le brun tenta de faire taire son ennemi et Carmin jubila. Il cernait sans difficultés le ton sec qu'avait employé son interlocuteur. Dommage que tu ne t'abandonnes pas à me frapper Rose Ambre, dommage... La pensée fugace dans l'esprit du prêtre délinquant, le souvenir de l'ancien surnom du doc lui revint à l'esprit. Plus tard, il en userait plus tard. Il regrettait juste de ne pas parvenir à l'exaspérer assez pour que son visiteur faute le premier. Au lieu de le provoquer, Carmin haussa les épaules dans une indifférence encore plus cassante. Car il l'accompagna d'un dédain verbal qui voulait tout dire "Si tu le dis. " Ne savait-il pas de quoi il parlait? Lui? L'oreille attentive de la mama? Celui à qui elle venait de verser des dollars à profusion? Ne savait-il pas ses plus noirs secrets, ses plus douloureux regrets?

Carmin cherchait à pousser Ambroise hors de lui mais aussi à le renvoyer chez lui. Il n'avait rien à faire ici. Et il commençait à déranger le prêtre qui jusque là, jardinait tranquillement. Le blond prit un sécateur qui reposait sur la terre près des rosiers et extirpa une épine d'une des tiges. Seulement, Ambroise n'avait pas dit son dernier mot. Le sarcasme qu'il avait employé pour défier le prêtre en continuant de tirer sur sa cigarette serait puni. "Tu ne rateras rien, tu n'es pas convié. " Il leva les yeux sur celui qui se croyait fin et accompagna son regard de sa main gantée qui tenait le sécateur. La cisaille attrapa le filtre qui était déjà fort court et coupa le bout brûlant de la cigarette qui pendait aux lèvres de l'indésirable. Il aurait pu blesser Ambroise mais évidemment, il s'en fichait. Adroit, il l'était assez que pour éviter une catastrophe. Ce qu'il cherchait, c'était uniquement à faire comprendre à celui qui avait parcouru les cours de récré avec lui qu'il ferait mieux d'arrêter de tirer le Diable par la queue.

Et quand Carmin céda en le chassant sans plus de détour, l'opposant revint à la charge. " Grandis un peu." Il n'avait pas répondu à sa question. Carmin avait envie de mimer un enfant qui geignait en se frottant les yeux mais il ne se serait pas abaissé à jouer tel rôle, pas même pour insulter le gamin en face de lui. "L'argent me sert à me payer des putes, t'es content? " Carmin le regardait sans broncher. Pour peu, son ton décidé pouvait laisser croire qu'il était sérieux. Il laissa sa fausse confession traîner un instant avant de hausser le ton. " Pourquoi tu viens fourrer ton nez dans les affaires de l'Eglise? Si t'es pas content, pose tes questions à ta mamounette. Elle sait très bien pourquoi elle a fait sa donation. Ou quoi? " Carmin le regardait avec des étincelles dans les yeux. Il fit un pas en direction du fils indigné, inversant les rôles et prétendant être choqué du comportement d'Ambroise. " Tu penses ta mère naïve? Tu insinues qu'elle est idiote et qu'on l'a escroquée ?" Il était talentueux. Il aurait fait une excellente carrière dans le théâtre ou dans l'improvisation. N'importe qui aurait cru à cette scène, à ce prêtre qui en refusant la critique, se fâchait qu'on accuse une de ses paroissiennes d'avoir été escroquée. N'importe qui... sauf Ambroise. Mais Carmin aurait-il même dit la vérité, Ambroise ne l'aurait tout de même pas cru, si?    
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Message Sujet: Re: Go to Hell (Carmin)   Go to Hell (Carmin) Empty Mar 6 Oct - 14:49

« Doucement, tu vas te blesser » Le geste avait été sec et rapide, et lui fut suffisamment lent pour n’avoir aucun mouvement de recul, rien qu’une échappée de l’objet de la discorde sous l’effet de la surprise (plus un outil de provocation qu’une véritable addiction, la cigarette). Il n’était pas suffisamment masochiste pour regretter le fait de ne pas avoir été blessé, à peine effleuré et encore : mais cela lui aurait fait une belle excuse pour répliquer, au nom d’une légitime défense hypocrite. Le religieux qui n’avait d’angélique que la couleur capillaire était habile, et c’était bien dommage. Alors il resta nonchalant, Ambroise, et fourra la main soudain tout à fait libre dans la poche de son jean. Le tout en lui souhaitant très très fort de ne pas être à jour de ses vaccinations, de se piquer sur l’un de ses foutus rosiers, d’attraper le tétanos et d’agoniser dans d’atroces souffrances.

La réalité était qu’il était foncièrement trop bon pour souhaiter du mal pour de vrai à qui que ce soit, même à Carmin Fletcher, lui qui lui hérissait l’épiderme rien qu’en prononçant un mot ou deux et lui donnait envie depuis presque trente ans maintenant de lui faire bouffer l’intégralité d’un bac à sable. Et ça, pour le coup, il en aurait été capable. Mais pas de le faire souffrir pour de bon et rester là les bras ballants à observer ou fermer les yeux.

Un instant, il redevint tout à fait sérieux. Posa la question à laquelle sa mère n’avait pas su répondre très précisément. Sophie, persuadée d’avoir de n’avoir rien fait d’autre qu’une bonne action, embêtée et bien forcée de reconnaître que peut-être mari et fils avaient raison quand ils disaient que ça n’était pas normal qu’il ait accepté une telle somme (pour des reliques ? une histoire d’autel un brin abimé ? vraiment, c’était colossal) d’elle seule sans même se soucier que cela ne la mette pas dans le rouge. Quelque chose clochait dans l’histoire, Marshall père, s’il n’était pas avare pour un dollar lui non plus, commençait à le penser également. Elle faisait ce qu’elle voulait de leur argent, vraiment. Ambroise était suffisamment grand et autonome pour ne pas se mêler de ce qui ne le regardait pas, à savoir leur compte en banque. Non, il était beaucoup plus inquiet du fait que Fletcher ait pu mettre la main sur elle toute entière et abuser de son âme parfois beaucoup trop pure pour qu’elle sache se protéger. La question était sérieuse. Il haussa des épaules désinvoltes, les interrogations étaient véritables et à son sens n’avait rien d’immature – il n’empêche qu’il hésita tout de même à produire une imitation tout à fait puérile de son interlocuteur (gnagnagna-grandis-un-peu) puis se ravisa et se contenta d’attendre la suite. « Ah non voyons, tu as fait vœu de chasteté » La réponse ne lui convenait pas, il avait donné la sienne très spontanément. En réalité il pouvait bien aller aux putes si cela lui chantait : d’abord cela n’aurait pas étonné l’urgentiste le moins du monde, et ensuite ce ne serait pas le premier manquement à ses principes, pas vrai ? La vie de Fletcher, ses habitudes et sales manies, il s’en contre-fichait. Pourvu qu’ils restent très, très loin, sa gueule d’ange et lui. « Elle est naïve. Pas idiote mais certainement naïve, et surtout bien trop bonne pour quelqu’un comme toi. » Ni à l’une, ni à l’autre, il n’avait rien à cacher. Sa mère se savait elle-même naïve et trop facilement influençable, c’était un fait, la contrepartie à sa générosité sans limite. Et Fletcher savait tout le mal qu’il pensait de lui. Si ce dernier savait anticiper les faits et gestes d’Ambroise, lui-même était l’une des rares personnes à ne pas s’être fait duper. Jamais. Il poursuivit sans élever le ton : « Je m’inquiète du bien-être physique et matériel de mes concitoyens, elle avant tout mais ma mère ne doit pas être la seule de tes paroissiens à boire tes sages paroles. Tu ne te soucies pas de ne pas les mettre dans le rouge, ça m’interpelle. » La réponse ne venant pas tout à fait spontanément, il replia tranquillement les lunettes de Soleil pour les accrocher à sa chemise, poursuivit tranquillement par un simple constat : « En tous cas ce n’est pas l’empathie qui t’étouffe ». Qualité qu’ils auraient dû partager tous les deux, mais visiblement, le jour de la distribution de certaines vertus comme la compassion, Fletcher s’était trompé de file. « Tu pourrais simplement me répondre pour que je te laisse très vite retourner à tes plantes vertes. Je sais combien tu raffoles de mes visites surprises, mais figure-toi que je n’ai pas plus envie que ça de te faire la conversation encore longtemps. »
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Message Sujet: Re: Go to Hell (Carmin)   Go to Hell (Carmin) Empty Mar 6 Oct - 15:28

For the love of god, will you bite your tongue
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I'm begging you to spare me the pleasure of your company ( Bring me the Horizon → For Heaven's sake ) •••C'était mal connaître le sacristain que de s'imaginer qu'il ne calculait pas tous ses gestes. Il savait être spontané et imprévu mais derrière chaque mouvement, chaque parole qu'il n'avait pas anticipée dix minutes auparavant, il avait des tonnes de scénarios prêts à seconder ses vices. Parce que le mal n'oeuvre pas sans être préparé. Derrière ce coup de sécateur indolent, il y avait une excuse parfaite du prêtre qui fait la morale à un paroissien qui n'a rien compris au christianisme. Et derrière les questions persistantes du fils bafoués, il y avait bien plus que des paroles pour servir sa cause. Pourtant, dans un premier temps, Carmin préférait jouer le coupable en refusant de répondre. S'il venait à étaler ses cartes et plans trop rapidement, il aurait l'air suspect. Alors que si il parvenait à tout amener adroitement, il jubilerait et sa crédibilité en serait accrue.

Sans détour, Carmin parla des femmes de basse vertu, exposant un secret qui était on ne peut plus faux. Ambroise ne pouvait gober ce mensonge et pourtant, venant du prêtre, cela aurait été plausible. Mais Carmin n'aimait pas payer pour des choses qu'il pouvait obtenir sans trop de mal. Les prostituées ne recevaient sa visite que lorsqu'il était d'humeur taquine. Alors il enfilait sa longue robe noire et prétendait venir sauver leur âme. Elles riaient de lui jusqu'à ce qu'il rie d'elles. Rira bien qui rira en dernier... Il aimait beaucoup cet adage. Mais Ambroise, lui, n'était aucunement d'humeur à rire.  " Et toi, tu as visiblement fait le voeu d'être chiant jusqu'au bout. " Mais le chien avait trouvé un os qu'il ne lâcherait pas. Devant la réticence - calculée - de Carmin à répondre à la grande inquisition, Ambroise insistait encore plus.  " Tout le monde est trop bon pour moi, je ne suis qu'un homme, un pêcheur, je le sais. " Il exultait de jouer ainsi le pieu prêtre qui endossait une cape d'humilité. Il était impossible de ne pas donner la réplique à Ambroise, c'était probablement là la chose la plus plaisante de sa journée. Il voyait la fin de cet échange arriver et il se réjouissait d'abattre sa carte maîtresse devant celui qui n'avait de cesse de l'attaquer.  " Dans le rouge? " Carmin était pour la première fois réellement supris par les propos de son interlocuteur.  " Quelle drôle d'idée. On ne donne pas plus que ce qu'on a. " Il était foncièrement choqué par l'information. Jamais il ne viendrait à l'esprit d'un gredin comme lui que quelqu'un puisse se saigner par acte de charité. Il avait bien manipulé les choses pour que dame Marshall fasse un beau chèque mais il était réellement ignorant du fait qu'elle s'était mise la corde au cou. Ou alors, était-ce un stratagème d'Ambroise pour voir s'il pouvait le déstabiliser? Le jeu devenait de plus en plus intéressant.

" Et apparemment, l'intelligence dont tu t'abreuves n'est destinée qu'à ton domaine de prédilection. Tu sais faire preuve de jugeote en dehors du domaine de la médecine ou ça marche comment? " Carmin le dévisageait, l'expression agressive sur le visage. Lassé des sous-entendus d'Ambroise, il incarnait le parfait prêtre venu à bout de ses réserves de patience. Ambroise ne démordait pas.  " Mais qu'est-ce que tu t'imagines? Que l'argent va où? " Carmin croisa les bras sur sa poitrine. L'envie d'une cigarette le démangeait fortement mais devant Ambroise, c'était interdit. Il attendit la réponse avant de lui lâcher plein de dédain.  " Ta mère nous a fait un chèque. Un chèque. Pas un don en cash. Un chèque. " Il parlait comme s'il parlait à un débile. En prenant soin de décomposer le mot chè-que à chaque fois.  " Si je l'endossais à mon nom, cela se verrait. Il va dans les comptes de l'Eglise et il va aider à la restauration de la façade, à l'entretien des monuments et des reliques ainsi que probablement aider le financement de l'aile aux pauvres. " De son air supérieur courroucé, Carmin toisait son adversaire. Aussi difficile à croire que cela soit, il venait de dire la vérité. Il avait juste omis de préciser que grâce à Sophie, toutes les donations pécuniaires faites dans la petite boîte de l'Eglise seraient redirigées vers des causes moins reluisantes. La mère d'Ambroise avait fait un grand geste pour la paroisse mais pas que. En redressant aussi fort la barre, elle permettait que le marché noir afflue d'une toute autre manière.  "Est-ce suffisant ou ton empathie et toi voulez voir le carnet des comptes de la paroisse? " Il jubilait, oui, il jubilait. L'extorsion avait été une aubaine mais à côté de ce moment-ci, l'argent valait bien peu.
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Message Sujet: Re: Go to Hell (Carmin)   Go to Hell (Carmin) Empty Mar 6 Oct - 16:38

« Venant de ta part, je prends franchement ça comme un compliment » La réplique savante l’avait fait soudain éclater de rire : quand le premier était bien plus rusé que lui (ça tuait Ambroise de l’admettre mais force était de constater qu'il était lui trop candide pour espérer rivaliser dans le domaine), lui-même ne pouvait plus compter que sur son entêtement sans borne. Plus il agaçait Fletcher, mieux il se sentirait en repartant : c’eût été trop vexant de simplement tourner les talons à la fois sans avoir obtenu la moindre réponse, et à la fois en ayant laissé glisser chacun de ses mots sans qu’aucun n’atteigne le religieux de pacotille. Il n’allait pas jusqu’à dire que la situation commençait à se retourner : mais il se doutait que les traits agacés de Fletcher étaient un peu plus que de la simple comédie (il était doué, le bougre) et lui, tête de pioche véritable, finissait par trouver quelque chose d’amusant à la situation. « Tu es un modèle d’humilité pour nous tous » Sa voix était inondée d’ironie quand l’autre était tout à fait dégoulinant de mensonge. Franchement, c’était ridicule : si le blond était authentiquement pieux, alors le brun voulait bien se changer en femme. D’ailleurs, la piété ne lui allait pas au teint. Ne collait pas avec tout ce qu’il avait toujours connu de Tybalt jadis, ne collait pas avec tout ce que le voyou transpirait de mauvaises intentions. Il parut ensuite surpris pour de vrai : « Tu n’as pas l’air d’imaginer ce que certains pourraient faire par acte de charité... Tu observes mal tes braves auditeurs. » Tu observes mal et tu parles beaucoup trop bien : l’un comme l’autre, ils le savaient. Il avait cette aura bien particulière, Carmin, à laquelle lui était curieusement toujours resté parfaitement insensible. Il parlait si bien qu’il pourrait presser jusqu’à la dernière goutte sans pitié aucune quiconque serait sagement rangé à ses côtés : là Ambroise ne faisait que des suppositions, car le rusé ne laissait pas de traces de ses méfaits, mais il en aurait mis sa main à couper.

Il s’agaçait. Il aurait juré qu’il était enfin en train de s’agacer, quand lui d’entrée de jeu était passé à deux doigts de lui coller la figure dans l’herbe parfaitement tondue jusqu’à s’assurer que ses nerfs soient parfaitement détendus. Puéril mais efficace, probablement... Mais pas autant que de le sentir d’impatienter là, suffisamment proche de lui pour qu’il ait tout le loisir de détailler les traits de sa gueule d’ange se durcissant pour de vrai. Il n’y avait pas de raison que les choses ne soient amusantes que pour un seul des deux enfants, n’est-ce pas ?

Le savant discours il l’écouta tout droit dans les yeux, abandonna la poche de sa main pour bien gentiment croiser les bras par-dessus sa chemise, laissa glisser sans trop de difficultés les phrases scandées avec brio. Il nota que le tempo était en train d’accélérer, d’irritation ou d’excitation, peut-être un peu des deux. « En dehors des urgences tu sais c’est compliqué pour moi. Action puis réaction, c’est cassé je répare et encore ça ne fonctionne pas systématiquement. Mais je ne réfléchis pas plus loin, je ne sais pas bien voir au-delà du bout de mon nez. » Il eut un rictus moqueur, absolument insensible aux prunelles assassines : « J’imaginais que peut-être tu avais trouvé un malin subterfuge pour t’en mettre plein les poches mais tu as raison, c’est absolument infaillible. Je capitule. » Les Hommes de foi, il les respectait sans aucune hésitation. Les Hommes tout court, il leur devait le respect, pourvu qu’il soit mutuel, de façon tout à fait naturelle. Fletcher, il avait du mal à le considérer en tant que l’un ou l’autre. Nouveau sourire en coin : « Je rêve ou tu commences déjà à t’impatienter, Fletcher ? Je suis déçu... Ou bien j’ai mis le doigt sur l’une de tes fourberies ? Ne te vexe pas mon grand, tu sais pourtant combien tu es prévisible. »
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Message Sujet: Re: Go to Hell (Carmin)   Go to Hell (Carmin) Empty Mar 6 Oct - 18:11

For the love of god, will you bite your tongue
Before we make you swallow it
I'm begging you to spare me the pleasure of your company ( Bring me the Horizon → For Heaven's sake )Contre toute attente, Ambroise explosa de rire. C'était totalement incompréhensible pour Carmin. Lors de son intervention audacieuse au sécateur, le doc' avait répondu par une absence de réaction impressionnante. Et là, alors que les mots de Carmin n'avaient rien de drôle, il explosait en rires. C'était à se demander à quoi il carburait. "Tu te drogues pour survivre dans le monde de la médecine?" Mais n'en demeurait pas moins le souci du compliment. Probablement une pique destinée à agacer son auditeur. Et cela marchait quelque peu. " Faudra que tu révises ta notion de "chiant". Dans le monde réel, ça n'a rien d'un compliment. " Carmin n'était pas idiot. Il savait très bien que cette phrase était destinée à souligner leurs différences. Ambroise ne pouvait se distinguer plus de son ex-camarade. Alors ce qui apparaissait telle une critique ne pouvait être pris que comme son contraire. Ils étaient tous deux des opposés, les extrêmes d'un magnet qui se repoussent inlassablement. Et plus on les force à se rejoindre, plus leurs champs magnétiques sont puissants. C'était dans leur nature.

Sa remarque sur l'humilité tomba à l'eau. Carmin s'amusa à faire une petite révérence, comme s'il acceptait son compliment au premier degré. Aucun des deux ne pouvait croire à cette comédie. Mais Carmin était obligé de la jouer à la perfection quoiqu'il en soit... c'était sa vie. Mais le médecin n'en restait pas là. Il avait encore des éléments à rajouter et il ne s'en privait pas. Alors le prêtre lui répondit froidement " Tu en sais des choses sur ma manière d'exercer mon sacerdoce. D'abord je n'entends pas bien les confessions de ta mère, maintenant j'observe mal mes auditeurs... quel sens n'ai-je pas bafoué? Vas-tu m'accuser de mal les toucher ou de ne pas les avoir senti de près pour déceler qu'ils puaient la pauvreté ou la charité? " Carmin aimait jouer avec les mots, avec les sens. C'était trop facile. Et bien qu'il chassait Ambroise de son jardin, il aimait cette joute verbale. Elle était vivifiante, elle lui rappelait son amour du conflit.

Le prêtre attaqua plus personnellement le médecin et ce dernier utilisa le même genre de défense que son attaquant précédemment. Il se moquait de lui. Deux diables qui se souriaient dans la cour de l'Eglise. " C'est ça, capitule donc et retourne à tes patients. Tu sais, ceux qui s'esquissent dans l'encadrement de la vision périphérique de ton nez. " Ce n'était pas sa meilleure mais il ne cherchait plus à briller, il attendait juste qu'Ambroise déguerpisse maintenant qu'il lui avait montré qu'il avait tort. Mais le bon monsieur ne semblait pas pressé de partir. Carmin devait lui accorder cela, il était décidément imprévisible aujourd'hui. " Tu es pénible. Contrairement à toi, je me réjouis que notre échange s'écourte. Si tu veux y voir une raison derrière et t'attarder, fais donc chaton. " Carmin s'assit sur le muret dans lequel étaient plantés les rosiers et regarda son rival en souriant d'un air narquois. " Tu te sens seul? Tu as besoin de compagnie? C'est pour ça que tu es venu me voir? " Il feignait grossièrement d'être à l'écoute de celui qu'il ironisait. Et non content de sa façon de gérer les choses, il ajouta. "Tu sais, il y a des gens dans ta famille qui se réjouiraient que tu ailles geindre dans leurs jupes plutôt que dans la mienne. Mais évidemment, si tu me préfères moi, je ne te chasse pas.  " Des flammes brillaient dans ses yeux tandis qu'il lui parlait avec cette petite voix forcée de compassion totalement surjouée. •••
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