belladonna. (lais)

traits de caractère / jadis gamine enjouée, soif de croquer la vie à pleines dents, le cœur empli d’innocence pour une vie qui s’en retrouve totalement dénuée. perdue, sans repères, sans stabilité dans sa vie privée, elle demeure, professionnellement, ambitieuse, talentueuse et déterminée. elle parle, beaucoup trop, comme pour combler le silence, pour combler le vide de sa propre existence, futile. les paroles qui s’échappent de ses lèvres attisent la méfiance parce qu’elle est menteuse hors pair, prétend, façonne, invente à sa guise, imprégnée d’impuretés posées sur sa destinée. une trajectoire diamétralement opposée, sa véritable nature balayée par cette poupée, conçue, inventée de toutes pièces, articulée comme le monde le voulait, qui ne sait plus vivre avec spontanéité. sournoise autant que fragile, les coups rendus par derrière d’un cœur sans aucune protection, d’une âme en péril.

Quarante-deux jours.
Quarante-deux jours sans contact avec le monde, l’univers qui continue de tourner, s’agiter, de s’illuminer, sûrement, sans elle. Sans elle, ici. Sans elle, enfermée. Contre ou avec sa volonté, elle ne sait plus, n’a jamais vraiment su. Peut-être que c’était la chose, la seule qu’il lui fallait, pour pouvoir tout arrêter avant de finir complètement bousillée.


Quarante-deux jours.
Quarante-deux jours, elle regarde par la fenêtre, le soleil qui s’éteint peu à peu pour laisser place à une belle nuit d’été. Les songes qui se glissent dans son esprit, accompagne la lune, elle pense à l’avant. à cette enfance, celle qu’elle n’a jamais eue. à cette enfance sans père, homme marié, disait sa mère. L’enfance, loin de l’innocence, les billets qui manquaient au foyer et une mère trop ambitieuse, de grandes aspirations pour sa fille. Lais, treize ans, jetée en pâture aux directeurs de castings.  Le sourire espiègle, le charme enjôleur, elle sait déjà jouer la comédie, apprend les scriptes avec facilité et oublie de s’interroger sur ce qu’elle désire réellement.


Quarante-deux jours.
Quarante-deux jours, quarante-deux soirées passées sans écumer les clubs les plus huppés de new-york. Sans se libérer de ses chaînes, de cette pression constante imposée par sa mère pour en faire plus, toujours plus. Imposée par les standards d’une société, qui hurlent, combien il est simple de se retrouver oublié. Imposée par les vautours, les charognes qui jouissent des erreurs commises par une enfant star devenue jeune actrice, donnant le ton aux tabloïds. Les frasques et les excès, les études négligées au profit de sa recherche perpétuelle de notoriété. Elle s’engouffre, trop profondément dans les abysses du succès. Une soirée, puis des rencontres, les festivités qui soudainement ne sont plus assez exaltées. Et une pilule. Une, comme descente aux enfers. Une, comme marqueur d’un nouveau temps. Ecstasy.


Quarante-deux jours.
Quarante-deux jours, le manque n’est plus aussi puissant qu’au jour un. La douleur des membres et du cœur s’évapore peu à peu, laissant une place de choix à ce vide. Pire encore que la douleur. Pire encore que toutes les souffrances, pour elle, habituée à l’agitation, à une vie passionnée. Le vide, l’absence de sentiments, l’absence de réalité. La carrière compromise à cause de sa bêtise, à cause d’une pilule de trop, à cause d’une putain d’overdose. Une mère devenue agent, qui efface l’amour au profit de l’argent. Rien de réel, dans cette vie construite d’artifices. Lais n’a pas sa place, Lais n’est que ce que le monde désirait voir, Lais n’est que l’image édulcorée d’une jeunesse étoilée trop vite brisée.


Quarante-deux jours.
Quarante-deux jours en cure de désintoxication, et une fatale réalité,
elle ne sait pas qui elle est.