black wave.

traits de caractère / femme avec un mauvais fond, mais c'est une image qu'elle ne cherche pas à cacher. irina elle assume toujours le venin craché, estime qu'elle n'a pas à rougir de sa poigne de fer. trop d'ego sous l'apparence hautaine, trop de débit de paroles malgré l'accent soviétique, trop de crépitations sous les tempes, pas assez de sang-froid. Elle s'est élevée dans la douleur, carne marquée au fer rouge qu'elle a encaissée sans broncher. elle ne voit que ses rêves de grandeur, agissant comme une reine pour un trône qu'elle convoite sans avoir la possibilité de l'atteindre réellement. irina elle se fiche d'écraser les autres avec la pointe de son talon si ça peut l’élever un peu plus haut. dangereux animal auquel on ne peut pas vraiment faire confiance, elle est pourtant loyale jusqu'au bout de ses ongles manucurés. difficile à cerner, elle a eu le temps d'ériger de nombreuses barricades pour masquer les traumatismes endormis. dans un monde où les apparences sont les seules à compter, irina veut être considérée comme la meilleure, la moins faible.

Au beau milieu de la Russie, un échange d'argent sale, une prostituée et son client. Un oubli, la passion qui consume les coeurs, bousille les corps, ou l'inverse. amour interdit entre une femme-objet et un homme d'affaires, la belle et la bête perdus dans la chaleur humaine. neuf mois plus tard, dans ce taudis qui lui sert de logement, irina vient au monde. gamine rejetée dès les premiers instants de son existence, erreur sur laquelle les yeux se ferment. les traits de son visage attisent le souvenir d'un père absent jusqu'à empêcher l'amour maternel de naitre. elle a un destin tout tracé. une enfant de prostituée ne peut que suivre le même chemin. irina passe de bras en bras, couvée par des femmes maternelles qui tentent de chérir l'interdit, la môme qui aurait du être abandonné dès sa naissance. neuf ans avant que le couperet ne tombe. neuf ans, une vente conclue comme on se débarrasse d'un objet pour mieux la cacher. oublier la présence douloureuse d'une enfant qui n'a pas demandée à venir dans ce monde pendant que la mère se tue dans les bras de nouveaux hommes.

Elle n'existe pas Irina, pas réellement. Pas encore. Elle patiente dans l'ombre en attendant le moment où son corps sera assez mûr pour plaire aux hommes. Maquilles-toi plus, tu sembleras majeure. Ça lui coupe le souffle quand elle devine les silhouettes féminines aller et venir, s'oublier pour ne pas mourir. Une banalité pour le commun des mortels, trafic humain qui se chuchote et force les paupières à se baisser. ce sera l'une des meilleures que le bourreau lâche en pointant du menton la russe d'à peine quinze ans. il a raison, parce que la prostitution coule dans ses veines, qu'elle est condamnée à finir pute. à côté du proxénète, un second animal. Jeremiah, poigne ferme qui l'a extirpée de ce monde pour la plonger dans un nouveau peut-être encore plus sombre. mais elle s'en fiche irina, elle n'a d'yeux que pour son sauveur.

Le lieu, le pays, la langue qu'elle peine à comprendre. Rien ne lui plait dans cette existence qu'elle s'est contentée d'accepter. Brebis égarée entre les crocs du loup. En pensant échapper à son destin féroce, elle a plongé tête la première dans un nouveau réseau. Dans les yeux de Jeremiah elle n'a vu qu'un appétit sourd, des abus en tous genres jusqu'à faire pointer la vie sous le nombril de la brune. Le portrait craché de sa propre mère, elle enfante dans le plus grand des secrets pour continuer son travail. Quelque chose s'est déchiré en elle ce jour-là, quand elle a offert Adriel à son père comme le plus beau des cadeaux. Ça l'a rendue plus dure, plus féroce, le myocarde glacé par cette relation à sens unique. Elle a grandi Irina en se découvrant une soif de pouvoir jusque-là étouffée par ses peurs de gamine. C'est maintenant elle qui tire les ficelles, articule les jeunes filles perdues comme elle auparavant. Plus de pitié, plus de clémence, mais la promesse sourde qu'un jour elle se vengera de la plus cruelle des façons.