Remise en question [PV Cappucine]

Carson, un ami de mon père. Il a eu le courage de prendre soin de moi alors que je plongeais littéralement dans le gouffre. Je n’avais plus rien pour m’accrocher. Presque plus rien. J’avais toujours les arts. La littérature et la musique. La première fois que j’ai vu cet homme, il était au pied des marches de l’Église Je l’ai tout de suite su que c’était quelqu'un de bien. Mon père lui a souvent demandé de l’aide, du soutient étant, maintenant parent monoparental. Il avait du mal, j’en avais conscience, mais je me taisais voyant tout l’amour et la dévotion de mon père qui essayait de rendre ma vie meilleure.

Pourtant, mon père ne pouvait pas me protéger de tout.

« Wilhelm, ne vois pas ton physique comme un cauchemar, mais comme un avantage, une force que tu as. Qui t’a forgé. Ta mère t’a toujours encouragé de te voir autrement que ce que tu entends…Je t’en prie, cesse de cultiver cette haine envers toi-même.»

Le Curé Carson m'avait donné la force de passer au travers depuis l’adolescence et j'ai pu me ressourcer dans son église. Il avait raison. Je sentais un bien fou dans cet endroit. Je pouvais même sentir présence de ma mère ici...

Donc, dès que j’avais du temps libre, j'aidais le Curé Carson avec l’entretien. Elle avait prit de l'âge et je n'avais pas de difficulté pour faire quelques réparations, du nettoyage ou du bénévolat pour offrir les repas.

« Wilhelm, j'aimerais te parler de quelque chose. »

« Qu'est-ce qu'il y a, mon père ? »

«Je ne voulais pas t'en parler tout de suite, mais il ne faut pas passer cela sous silence... »

« De quoi vous parlez ? »

« De ta colère, mon fils. La mort de ta mère. Il ne faut pas vivre avec ce mal en nous. Cela ne créer que des maux qui te fait du mal encore aujourd'hui. Tu n’en as jamais parler. Ton père me dit que tu te renfermes et... »

«Non, je ne veux pas parler de cela... »

Je ne voulais pas en parler, car moi-même je n’aimais pas ce que je voyais. J'avais toujours cette image dans ma tête. Ma mère étendu au sol. Ce sang…Le bout de son revolver sur ma tempe d’enfant…

Non, c’était le passé. Je préférais me concentrer à mes diverses tâches passant de l'église à la boutique. J’avais le plaisir de voir des clients et de faire des petits concerts dans ce petit bar de New York, en soirée. Je tentais d’avoir une vie normale, mais je ne pouvais pas arrêter de penser à tout ce qui plane au-dessus de ma tête.  :

« Mon père... Pourquoi même des hommes de Dieu peuvent agir avec autant de haine ? Vous savez ce dont quoi je parle... Tous ces gens qui me ressemblent, qui sont maltraités, juste parce qu'ils ont une différence. Ce sont des chrétiens qui osent agir de la sorte. Pourquoi ? Je ne saisis pas, mon père ! Dieu ne dit pas que nous sommes tous nés égaux...?Alors, pourquoi agir contre ces principes en son honneur ? Je ne comprends pas ce désir de détruire tout ce qu'on ne peut pas expliquer, ce qui est différent des autres. Je n'ai pas envie de vivre dans la peur... Je me demande même si je ne devrais pas combattre au côté du mal pour me faire respecter, si personne ne me respecte. »

« Et tu engendras le mal, mon fils ? Le mal contre le mal, finira toujours par le mal. La paix, le respect ne se sont jamais conquis par la peur. Le respect est dans la confiance, l'amour, l'entraide entre nos pairs. Je suis sincèrement désolé que ces gens qui ont agir de la sorte contre toi Wilhelm, crois-moi. J'ai tenté de les raisonner... Je sens que tu ne te considères pas comme un humain, mais n'agis comme eux pour te faire respecter. Reste toi-même. Tu as toujours ta place dans ce monde et auprès de Dieu... Essaie de faire la paix avec toi-même pour commencer… »

La paix avec moi-même…Comment faire la paix avec moi-même alors que j’ignore par où commencer…? Rencontre matinal qui m’avait fait réfléchir…

Je refusais de m’écrouler, par contre. Je ne voulais pas me morfondre alors que j’ai pu m’en sortir, contrairement à certains qui n’ont pas pu supporter cette intimidation et qui ont décidé d’en finir…

J’avais à peine renversé la pancarte devant la porte de ma boutique indiquant que nous venions d'ouvrir. Encore une matinée qui avait passé en flèche sous mon nez…

Tranquille, seul…je me permettais de m’asseoir dans le fond de ma boutique regardant tout autour. Ma guitare à mes côtés, je m’étais laissé tenter…et ainsi jouer un morceau.

Je me vante rarement, mais j’étais capable de dire que j’ai les oreilles très développés. Très jeune, mon père m’avait fait découvrir la musique. Reconnaître les notes, les sons que chaque instruments pouvaient dégagés lorsqu’on les touchent, et qu’ils chantent. Le moindre bruit, le moindre son qui détonne, j’arrive à le démasquer.

Cela peut rendre quelqu’un parano, mais cette capacité m’avait souvent permis de prévoir une rencontre ou une confrontation. Anticiper quel genre de personne aurais-je en face de part sa démarche, l’énergie qui en dégageait. Percevoir son intention, la volonté de se présenter à moi.

Pour de bonnes ou de mauvaises raisons…Oui, je pouvais me préparer d’avance. Sourire ou former mes poings pour me défendre. Tout découle de là…De ce que je ressens, ce que cette personne s’attend de moi.

Des pas doux, délicat. Une timidité dans son approche, ne voulant pas me déranger. Féminin, de toute évidence…Calme, même si je pouvais ressentir un léger stress ne sachant pas si elle devait s’avancer encore ou rester dans cette position devant moi.

Une nouvelle venue. C’était la première fois que j’entendais ces pas entrer dans ma boutique…

Mais son visage ne m’était pas inconnue. Un sourire léger arrêtant ma mélodie d’un coup. Un accord qui disparaissait dans les airs…

“ Mademoiselle Maning…?” disais-je doucement, redressant ma guitare contre moi.

Oui, c’était bien elle. Cette musicienne dont j’avais eu l’honneur de rencontrer lors d’un banquet. Engagés tous les deux pour créer une belle ambiance au courant de cette soirée, nous l’avions terminés ensemble dans une improvisation de plus agréable accompagnés de d’autres invités qui avaient encore le coeur à la fête.

Je me levais, sans attendre plus longtemps. Je déposais ma guitare sur son socle…mettant mes mains dans mes poches. Et oui, ma timidité revenait au galop.

“ Et bien, je…je dois quand même m’occuper de ma boutique et…et de mes clientes…Content de vous revoir…Bienvenue chez moi.”

Je n’avais pas pu m’empêcher de la regarder retenant mon attention sur cet étui. Passionné oblige…Je reconnaissais l’instrument qui s’y trouvait.

“ Je…je suis un musicien comme un autre…maîtrisant mon instrument…mais, vous…vous semblez avoir des ennuis.” disais-je en pointant son étui…

Comme je l’avais dit, j’avais de la difficulté avec les compliments. J’ai toujours cette impression qu’un coup de masse va suivre, comme si je ne pouvais pas croire que cela pouvait m’être attribué n’ayant aucune, aucune confiance. Triste à dire, mais c’est instinctif chez moi. Ayant souvent reçus des insultes, des moqueries, difficile pour moi de recevoir et prendre, mais surtout accepter. Souvent tendance de remettre le compliment sur les épaules d’un autre qui a contribué au projet, voir même la qualité de l’objet, de l’instrument dont je dispose ou simplement retourner les fleurs par un compliment en retour.

Une question de confiance: confiance aux autres et moi-même.

Je travaille là-dessus depuis fort longtemps pour laisser passer quelques exceptions, des failles afin de m’ouvrir peu à peu. Avoir une aisance, une fierté, un tonus plus approprié que celui de l’être timide qui espère s’agencer avec les murs pour disparaître.

Quand il s’agit de ma boutique, par contre, c’est indéniable. Un immense sourire sur mon visage. Le sentiment du travail accompli. D’avoir rendu cet endroit attrayant, intrigant permettant aux clients d’être à l’aise et parcourir les rangées en quête de trésors.

Malgré les nombreuses attentions, je suis toujours très reconnaissant d’entendre de tels propos. Ceux de Mademoiselle Maning était encore plus touchantes et appréciés étant une musicienne.

“ C’est l’effet voulu. Je…souhaitais rendre cet endroit agréable afin que des passionnés comme des amateurs de musique puissent prendre plaisir à découvrir divers genres que plusieurs artistes proposent. La prochaine étape serait une salle…pour la relève.” disais-je sans y penser dévoilant déjà mon projet futur en ces lieux.

Acheter le local voisin pour agrandir et offrir la chance à des jeunes ou moins jeunes de se faire voir par des soirées “Open Mic”. Chose que j’aurais bien aimé avoir comme possibilité, jadis.

Je scrutait la forme de son étui. Un violon, de toute évidence. Probablement le même qu’elle avait entre les mains lors de la soirée bénéfice, mais possible qu’elle en avait plusieurs…

Une corde ? Une simple corde brisée. Oui, je pourrais rire, me moquer, mais ce n’était aucunement mon intention. Aucunement. On peut se dire musicien et ne pas lire les notes. Avoir un talent fou pour composer, mais ne pas savoir écrire la musique.

Chacun ses talents qu’on peut, ainsi partager et s’entraider.

Alors, bien sûr que j’allais l’aider et réparer son violon mal en point. Je m’approchais d’elle afin de l’inviter à me suivre:

“ Sans aucun problème, c’est mon travail…Venez, suivez-moi, je vous en prie.”

Allais-je osé la faire entrer dans mon atelier…?

Et bien oui, j’ouvrais la porte lui dévoilant l’endroit reclus de la boutique. Un peu bordélique, mais il y avait un certain ordre. Mes outils, les instruments endommagés étaient bien classés. Quelques papiers, gobelets de vieux café et mon cendrier remplis étaient ce qui pouvaient la déranger. Autrement, la pièce était quand même intéressante. Étant l’endroit où je me retrouvais tous les jours, j’avais aménager afin d'être bien: de vieux meubles dont un long divan, des chaises, une table à café, vieilles lampes vintage, quelques cadres illustrant mes idoles ou des vieilles affiches des années 50 disposés sur le mur en brique et ainsi qu’un tourne disque qui jouait sans cesse. Un bon vieux blues retentissait à notre entré.

Bref, un antre d’époque cachant diverses âmes musicales ne demandant qu’être réparé. Ils attendaient mon aide. J’avais, justement, le corps d’une guitare étendue sur ma table de travail. Elle était écorchée près du manche…

Je l’invitais à entrer d’abord avant de suivre et me placer près d’elle…redoutant un peu son impression.

"Est-ce que vous…vous me permettez de voir le patient blessé, svp?" disais-je à la blague, pourtant, je considérais les instruments de musique comme des êtres vivants dont j’avais le devoir de prendre soin.

Offrir une chance à ceux qui n’ont pas les moyens. Bien des talents inondent nos rues, notre ville, j’irais jusqu’à dire; ce bas monde. Malheureusement, tous n’ont pas la magie du hasard ou bien du fric pour être reconnu. Une pincée de la salière s’en sortent et font les planches du show bizness. Arrivent à créer des albums, des videoclips ou une capsule web pour attirer l’attention, obtenir le respect de la communauté artistique en allant chercher un trophée.

Pour ensuite, passer dans le “blender” du vedettariat et se mouler aux critères, aux exigences que cette “clique” obligent à tous ceux qui ont franchissent leur porte. Quand on mélange le tout, on voit une couleur homogène, terne et sans goût.

Oui, j’avais une très mauvaise opinion de ce monde matérialiste, préfabriqué et trompeur des stars. Faisant croire à un monde de rêve à des jeunes innocents, qui, finalement, aspirer toute leur authenticité et nous offre des compositions redondant et ennuyant.

Pourtant, bien des amateurs de musique acceptent de se prêter aux jeux en suivants leur idoles et achètent tout ce qu’ils touchent, et prônent devenant, ainsi lui-même un produit.

Ce n’est pas ce que je souhaite promouvoir, à mon tour. Non, je souhaite montrer le véritable plaisir de composer, de jouer et ainsi présenter au public.

Cette idée de salle de spectacle. Une petite pièce intimiste qui permettrait à ces jeunes de ma communauté à se dévoiler, sortir de leur cocon et recevoir le succès qui leur sont dû. J’avais la salle, j’avais les moyens, et la motivation. Il me manquait seulement l’autorisation de la ville. Ce qui n’était pas gagné.

Alors, de l’avoir dit à voix haute à Mademoiselle Maning m’avait moi-même surpris, m’affichant rarement de la sorte, avec spontanéité.

Il était trop tard pour me rétracter la voyant intéressée par mes propos. Cela était, quand même, rassurant de voir son enthousiasme. Étant musicienne elle-même, elle devait comprendre la difficulté de l’ascension et de la reconnaissance.

“ Et bien…” disais avant de me racler la gorge. Ma main blanche passait rapidement dans ma chevelure ébène par réflexe et timidité.

“ J’ai…j’aimerais offrir une petite salle de spectacle pour les jeunes de la communauté. Pour qu’ils puissent jouer, se dévoiler et être fier d’eux. Une place sécuritaire ou ils éviteront de se laisser berner par des recruteurs de gang de rue. Se trouver une passion. Un intérêt autre que la rue…”

Je devrais être fier de cela, plutôt que me cacher le visage et jouer avec le premier vinyle que j’avais trouvé. Je le tapotais afin de m’occuper les mains; ce qui me rendait encore plus ridicule…

Heureusement, ce violon était la clé de me sortir de la honte et me permettre de détourner l’attention. Reprendre le sujet principale et la véritable raison de sa présence.

Alors que j’avançais pour prendre l’étui, je la sentais hésitante de me le confier. Cela me rendait soudainement malaisé, reprenant la posture du timide.

Pourtant, c’était la chose que je savais le mieux faire. J’avais décidé, très jeune, que la musique ferait partie de moi. De m’y consacrer, comme un homme d’Église pour notre Seigneur.

Cela dit, je la comprenais. Confier son instrument est de céder une partie de soi, de permettre quelqu’un d’autre de lire notre être, notre histoire.

À ces mots, cette confidence, je la rejoignais totalement, reprenant sur moi. Lui offrant un doux sourire.

“ Rassurez-vous, j’ai un profond respect pour les instruments de musique et comprend tout à fait leur importance, leur nécessité…J’en prendrais soin comme si c’était le mien…”

Je ne pouvais pas être plus sincère. Une des rares occasions ou j’étais confiant, capable de reconnaître mon talent, mes capacités.

Délicatement, je prenais l’étui et me rendait sur ma table de travail. Je prenais soin de me sécher les mains à l’aide d’une lingette avant d’ouvrir l’étui.

Silence…

Je changeais de regard, étant concentré et professionnel, fixant l’instrument avec attention.

J’avais bien entendu sa réplique humoristique, pourtant, j’avais toujours mes yeux rivés sur son violon, que je sortais doucement de l’étui. Je le touchais avec minutie, le scrutant sous tout ces angles.

“ Et bien, ma chère…j’ai vue bien des patients comme le vôtre, et je dois avouer que celui-ci, à priori, n’a seulement perdu qu’une couette de sa chevelure…Donnez-mois quelques minutes, un beau balayage et elle sera, de nouveau, étincelante…”

Je sortais de mon personnage afin de lui sourire:

“ C’est juste une corde…tout simplement. Je vais en remettre une sans problème….Je..je ne sais pas si vous voulez vous asseoir ou allez dans la boutique faire le tour pendant que je la répare…?”

C’est un grand projet. Une initiative un peu démesuré de ma part, certes, mais j’y tenais. Je voulais vraiment le concrétiser y ayant penser depuis longtemps. Si longtemps…

Je voyais ces jeunes qui étaient perdues, ne sachant aucunement où se diriger. Où aller pour concrétiser leur souhait, leur futur. Je leur donnais quelques outils venant dans ma boutique pour écouter quelques vinyles, leur donner des cours gratuits d’instruments, mais je voyais bien que ce n’était pas suffisant. Ils grandissent et ils abandonnent n’ayant rien pour poursuivre leur rêve musical. C’était vraiment éprouvant de passer par des agences ou des compagnies de disques pour faire entendre leur potentiel qu’ils préfèrent abandonner et se remettre aux divers gangs de rues.

Je me battais sans cesse contre ces recruteurs qui menaient ces jeunes directement en Enfers, leur promettant confrontation, violence et mort à petit feu. Je refusais de les laisser mener la barque. De leur permettre de renflouer leur groupe et les mener directement vers un avenir des plus horribles. Je tenais donc à leur offrir une alternative. Une porte de sortie à cette avenir toute tracé. Une chance d’être vu, mais surtout écouté. Un spectacle, des évènements musicaux qui les permettraient de vivre l’expérience d’un grand concert. Voir leur parents ou même de pures inconnues les applaudirent. Il n’y a pas drogue plus intense qu’un public qui vous applaudissent, qui vous donne cet énergie de persévérer, de continuer à jouer, à créer.

C’est ce que je tenais à faire et ainsi éliminer la menace de ces vautours des rues. Je me mettais, peut-être sur leur liste noire, mais c’était secondaire pour moi. Je préférais nettement de voir des jeunes sourires que des jeunes effrayés ou pire, convertis à cette mentalité noyée dans la violence.

Alors, non, je n’avais pas honte de le dire à Mademoiselle Maning. Au contraire, j’avais, chose rare, une fierté de lui en faire part. Entre musicien, nous pouvons que comprendre la force que la musique peut avoir sur l’être humaine. Une force qui nous anime et fait de nous ce que nous sommes…

Pourtant, j’affichais, comme toujours, ce visage timide ayant divulgué, aussi aisément, un de mes secrets.

“ Je suis que d’accord avec vous. La musique a tellement apporté de bien pour moi, que je n’en suis que reconnaissant. C’est pourquoi je tiens tant à le partager avec plus de gens possible, dont les jeunes…Si je peux en aider juste un…ce sera mission accomplie.”

J’étais très touché par son intérêt et l’enthousiasme qu’elle avait envers mon projet. Déjà d’offrir son aide était tellement énorme que cela me faisait sourire, faisant apparaître mes petites dents blanches, dont j’avais bien du mal à afficher.

“ Oh, et bien, je…Dès que…dès que j’aurais suffisamment d’argent et l’autorisation de la ville. J’ai pu…mettre un dépôt sur le local, mais je dois encore attendre les nouvelles du maire…”

Je détestais tout ce qui est politique, mais je me devais me soumettre à eux, à tout cette paperasse afin d’avoir l’obtention de mon projet. Je me faisais discret, certes, ayant des soucis avec la justice, mais j’espérais avoir un certain pardon dans ma volonté de faire une différence dans mon quartier, envers les jeunes.

Pour le moment, je me devais d’attendre et continuer mon travail de tous les jours: vendre des vinyles et réparer des instruments. Non, ce n’était pas très rentables, mais c’était tout ce dont j’étais capable de faire et j’en…j’en étais fier.

Ainsi, je regardais le cas du violon de Mademoiselle Maning. Plus de peur que de mal, il ne s’agissait que d’une corde brisée. Je me devais simplement de la changer et la l’accordé. Seulement, cette fois-ci, la cliente se trouvait sous mon nez et tenait à rester dans la pièce.

C’était bien la première fois que je travaillais sous le regard d’une cliente. Oui, c’était gênant, mais je lui avais, pourtant, proposer de rester. Seulement, habituellement, ils préfèrent tous de parcourir ma boutique.

“ Euh, non… Je vous…Je vous en prie, vous pouvez vous asseoir. De toute façon, ce ne serait pas très long…” disais-je en pointant un de mes divans dans la pièce.

Aussitôt, je me retrouvais derrière mon plan de travail et déposais l’instrument dans un socle approprié afin de le maintenant en place pendant mon “opération”.

Une fois installée en douceur, je commençais déjà à retirer la corde cassée. Concentré, je sentais, quand même, le besoin d’interagir avec elle.

“ Vous…vous faites souvent des contrats de prestation pour des organismes ? ”