when the stars go blue. (arya)

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{ when the stars go blue }
crédit/ tumblr ☾ w/@Arya Warren

Elle coule. Elle coule, Ella, sans plus pouvoir tenir debout. Le corps chancelant, l’âme vaporeuse, noyée dans ses tourments, elle ne sent plus capable d’avancer du tout. Comme si chaque pas devenait de plus en plus dur, au même titre que chaque jour qui passe devient une plus grande torture. Elle n’y arrive plus, l’écorchée vive, elle est trop secouée. Ce ne sont pas seulement les spasmes qui viennent la submerger, c’est tout le vide incontrôlé. Tout ce manque est en train de la ronger. Ella, elle se sent consumer. Brûlée de l’intérieur, bousillée au plus profond de son cœur. La drogue comme seul rempart, la came comme exutoire. Sans elle, tu n’as plus rien. Sans elle, tu n’es plus rien. Tu la veux, Ella, tu la veux tellement ; si puissamment ; ardemment. Tu la veux au point de consacrer ta vie à sa substance, tu la veux au point de préférer la mort à son absence. Elle supplierait l’inconnue de l’aider, lui donner la seule chose qui, à cet instant, l’apaiserait. Mais elle n’a plus la force de l’affronter, comme elle n’a pas celle de la repousser. Une main autour de sa taille affinée, amaigrie ces dernières semaines, l’ange gardien l’incite à reprendre leur trajet. Les yeux mi-clos, la carcasse tremblante se laisse porter, plus qu’elle n’est véritablement en train de marcher.

Il y a quelque chose, en elle, qui te pousse à avancer,
qui te pousse à continuer.

Elles sont si près que la tourmentée peut humer les fragrances sucrées de la sauveuse comme elle doit reconnaître, elle, les effluves de ses excès. Les senteurs se mêlent alors qu’elle l’entraîne, encore, toujours, un peu plus loin. Toujours trop loin. Même pas la force de demander, Ella, où elle veut ainsi l’emmener. Elle se laisse seulement guider, jusqu’à atterrir devant un immeuble dans lequel elle n’aurait jamais les moyens d’habiter. Sauf si l’une des pauvres victimes de la sulfureuse venait à lui payer. Et elle pourrait être l’une de tes victimes, elle aussi. L’inconnue, si douce, si gentille. T’as décelé sa lumière à la seconde même où l’ange a vu tes ténèbres. Elle pourrait profiter d’elle sans même qu’elle ne réalise, trop préoccupée de vouloir la soutenir. Mais l’âme en perdition n’y songe pas alors qu’elle passe le pas de la première porte, puis de la seconde. Celle qui mène à son intérieur. – Et maintenant… il se passe quoi ? elle demande, tentant de retrouver une certaine contenance. Mais elle a toujours froid, Ella. Elle a toujours mal, Ella. – T’as pas… des médocs que tu pourrais me passer ? Elle se doute qu’elle n’aura pas la poudre blanche tant espérée. Mais, peut-être, qu’elle aura au moins quelque chose pour l’apaiser. Parce qu’il y a que le vice qui t’apaise ; que l’horreur dans laquelle tu te complais. Tu vois pas, sinon, comment tu supporteras une nuit entière avec ce manque qu’est en train de te tuer.

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{ when the stars go blue }
crédit/ tumblr ☾ w/@Arya Warren

Le dernier espoir qu’elle avait, celui d’obtenir un sursis dans la torture qu’elle est en train de vivre, vient de partir en fumée. L’âme en perdition aurait dû s’attendre à un refus ; pourtant, elle est irrémédiablement déçue. C’est même pire encore, c’est le désespoir qui l’agrippe encore un peu plus. Le manque est intense, violent ; trop violent pour qu’elle puisse le supporter toute une nuit durant. Tu ne peut pas arrêter la cocaïne, Ella. Pas si vite, pas comme ça. C’est trop brutal pour ta carcasse en demande. C’est trop douloureux d’éprouver un tel manque. Son corps est en attente d’une dose salvatrice qui pourra apaiser juste quelques heures son agonie. Mais la princesse refuse. La princesse refuse et croit qu’elle saura la sauver juste en étant gentille.
Et elle la plonge, encore davantage, dans les abîmes.
L’écorchée vive se laisse entraîner jusqu’à la chambre, elle se laisse même tomber sur le lit. Allongée sur les draps frais et parfumés, la ténébreuse ferme ses paupières éreintées. Trop occupée qu’elle est, seulement, à se forcer à respirer. Quand elle entend la proposition de l’ange blond, elle est presque surprise, mais encore trop occupée à tenter de survivre pour beaucoup réagir. – C’est pas de ça dont j’ai besoin. elle murmure simplement, la voix qui chevrote malgré elle. Elle est loin, la sulfureuse, la reine des ténèbres.

Il n’y a qu’une âme en peine,
un corps un pleine détresse,
une môme plus bas que terre.

Ella, elle ravale sa salive, alors qu’elle relève ses pupilles éteintes vers celles de la sauveuse inconsciente. Elle la contemple, quelques brèves secondes, en se demandant quelles sont ses motivations. Elle ne saisit pas pourquoi une fille comme elle peut vouloir l’aider, comment elle peut avoir pris la peine de la ramasser. Elle croirait même à une arrière-pensée, Ella, si la gamine angélique n’avait pas l’air aussi préoccupée. – J’sais pas ce que t’as en tête. elle fait remarquer, la voix encore fébrile, mais ses opales toujours plongées dans les doux iris. – Je sais pas si je suis ta bonne action de la semaine, ou un un défi que tu t’es lancée… elle parle, Ella, elle parle pour oublier combien elle est en manque. Combien chaque seconde qui passe est une torture incommensurable. Combien elle souffre le martyr, la tourmentée, juste en continuant de respirer. – Mais t’arriveras pas à me sauver. qu’elle conclue, comme un aveu évident et nécessaire à la fois. Comme une manière de la mettre en garde contre elle,
elle et ses dérives,
elle et sa folie,
elle et ses enfers infinis.
Tu le sais, toi, elle n’a aucune chance de te sauver. C’est elle, si elle tente à s’y risquer, qui finira par s’abîmer. C’est elle qui se fera contaminer par le poison que tu es.