keep my head from going under. (isabella)

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crédit/ tumblr ♛  w/ @Joy Stevenson

C’est avec une certaine tendresse qu’elle a découvert les quelques mots, brefs, concis, mais directs de Joy la veille. Une invitation au restaurant, simple, légère, mais qui a suffi à lui rappeler, la promesse qu’elle s’était fixée. Elle n’a pas besoin de l’inviter, ni pour dîner, ni pour quoi que ce soit, mais surtout pas pour la remercier. Ce qu’elle a fait pour elle, relevait davantage de l’instinct, de la solidarité évidente entre deux êtres humains, qu’un véritable service dans l’attente d’un merci. Mais Joy, si adorable et jeune soit-elle, semble être aussi une femme plus qu’obstinée. Déterminée dans ses choix, elle l’a prouvé ce soir. Alors c’est sans contester que la latina a accepté sa proposition, pour développer un peu plus cette nouvelle relation. Elles ne sont pas amies, ne se connaissent pas encore très bien, mais Isabella a la sensation que les choses sont assez fluides entre elles. Qu’elles se font par elles-mêmes. Peut-être aussi que t'en as besoin, besoin de te changer les idées. Besoin d’une nouvelle amitié. Besoin d’oublier, tous ces liens envolés. L’esprit tourné, comme trop souvent en ce moment, sur son ex et cette enquête, elle est tellement inquiète. Tellement morte de peur. Mais c’est Nikolaï qui lui a fait promettre de ne pas rester seule. Ne pas se laisser atteindre par la solitude, ne pas se laisser attendre surtout par la souffrance. Alors accepter de voir Joy, Joy ce rayon de soleil, c’est peut-être un bon pas que tu fais. Le premier depuis une éternité. Encore sous l’effet des substances chimiques récemment avalées, la belle torturée arrive détendue jusqu’au restaurant, plus qu’elle ne l’est en réalité. Le sourire aux lèvres, elle retrouve sa nouvelle amie, lumineuse installée à une table qui l’attend déjà. – Coucou ma belle. la salue-t-elle, la voix douce, le regard encore plus. Elle s'assoit en face d’elle avec grâce, croisant les jambes délicatement, avant de relever son regard ébène sur la belle. – Hum, je t’avoue que ton invitation tombait à pic. elle confie, à demi-mots, le mal-être qui l’habite. Plus facilement qu’elle ne l’aurait cru. Peut-être parce que tu t’es sentie tout de suite liée à celle qu’elle a sauvé de ce que t’as toi-même vécu. Peut-être parce qu’elle n’est encore une inconnue. Peut-être parce que t’as besoin de quelqu’un qui ne te demandera pas, comment t’as pu oser quitter Nikolaï. Peut-être parce que t’as besoin de quelqu’un qui te fera juste retrouver le sourire, de sa lumière venir t’éblouir. – Mais toi, comment vas-tu ? demande-t-elle, le regard soudain soucieux. Elle s’inquiète de savoir si elle a eu des nouvelles de cet homme si vicieux. Ou si la jolie rose est libre, de tranquillement s’épanouir.

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Joy, elle porte si bien son nom. Joy, elle a constamment le sourire aux lèvres, en dépit de toutes les désillusions. Celles qui s’entrevoient à peine, pour celle qui commence tout juste à la connaître, celles qu’elle semble avec tant de force vouloir faire disparaître. Elle est cette fille aux allures angéliques, aux sourires emplis de malice. Cette fille qui paraît, presque, invincible. Elle ne la connaît pas depuis si longtemps pour savoir ce qu’il en est réellement. Mais chaque fois qu’elle la voit, Isabella, elle sent son cœur se réchauffer. Joy, elle est comme un rayon de soleil venu l’illuminer. Et elle a bien besoin de lumière en ce moment, l’écorchée. Plus seulement en proie à ses tourments habituels, elle se retrouve à devoir subir une nouvelle peine de cœur. Et la peur, aussi, à cause de l’enquête dont lui a parlé celui qui détient toujours son cœur. L’esprit submergé par toutes ses angoisses, elle a besoin de souffler, besoin de respirer. C’est en elle, la princesse aux cheveux d’or qu’elle a choisi de trouver cette alliée. Celle qui lui fera du bien, assurément, celle dont elle a besoin. Devant sa question, la latina ne peut qu’acquiescer, d’un petit signe de la tête qui ne suffit sûrement pas à faire comprendre tout ce qui peut la tourmenter. – Et besoin de voir une amie. confie-t-elle, presque intimidée de l’avouer à voix haute. Car elle n’a pas l’habitude de livrer ses sentiments, Isabella, elle ne parle que rarement de ses états d’âme. La solitude la rend plus fébrile, peut-être que les anxiolytiques aussi. Mais, avant toute chose, c’est sur son amie qu’elle veut se focaliser. Sur elle et tout ce qui peut lui arriver. – Est-ce que… tu l’as revu ? demande-t-elle, la voix douce, prudente, face à un sujet délicat. Elle devine, plus qu’elle ne sait, que Joy n’a pas forcément envie d’en parler. Comme elle, a dû deviner que c’est bien la question qui la préoccupait. Car elle ne peut pas s’empêcher de s’inquiéter, Isa, c’est une seconde nature pour celle qui l’a toujours fait. Pourtant,  ce dîner, il est fait avant tout pour décompresser. Il suffit de voir le sourire plein d’entrain sur le visage de la poupée. Sourire qui lui revient à elle aussi, comme, naturel. Toujours avec elle. Une lueur amusée revient éclairer, un peu, les deux yeux noirs de la belle. – Hum, je ne sais pas si j’aurais vraiment la place pour autant de choses. L’appétit pourtant bien présent, d’ordinaire, ne l’est pas tant que cela en ce moment. Mais elle veut faire honneur à son amie, elle veut lui montrer qu’elle est touchée par son invitation. Le serveur arrive pour leur proposer la carte ainsi qu’un apéritif. La latina choisit une coupe de vin blanc, puis reporte sur Joy toute son attention. – Je te remercie encore pour ton invitation… tu sais que tu étais loin d’y être obligée. elle croit utile de préciser, malgré sa reconnaissance. Car, plus que le restaurant et tout le reste, ce dont elle a besoin, c’est d’une présence… sa présence à elle.

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Une amitié n’arrive pas si facilement dans la vie d’Isabella. Comme rares sont les personnes qui peuvent s’immiscer si vite dans son cœur branlant. Peut-être est-ce dû à la manière dont elles se sont rencontrées mais, avec Joy, elle s’est tout de suite sentie liée. Comme un besoin de veiller sur elle, la protéger, peut-être parce qu’elle a eu l’impression l’espace de quelques secondes de voir en elle son propre reflet. Cette fille perdue, chamboulée par ce qui lui arrive, mais qui ne se voit pas comme une victime. Si quelqu’un avait assisté aux abus infligés par son père alors qu’elle n’était qu’une enfant, comme elle est arrivée pour Joy dans un tel moment… elle aurait certainement réagi de la même façon. Elle aurait amoindri l’horreur de sa situation. La ténébreuse ne peut pas s’empêcher de s’inquiéter pour celle qui arbore pourtant un si joli sourire. S’inquiéter, s’en rapprocher, jusqu’à devenir sans s’en rendre compte son amie. Et, elle aussi, considère le petit bout de femme comme une amie. Parce qu’elle est de ces êtres lumineux qui attirent ton intérêt. De ces personnes dotées de la clarté dont tu n’as jamais été dotée. De ces personnes qui, d’un sourire, viennent éclairer toutes les ombres dans ta vie. La jeune femme paraît, presque, surprise. Comme si elle ne savait pas ce qu’elle avait fait pour mériter ce rôle dans sa vie. Mais elle n’a pas besoin de faire beaucoup, Joy, elle a seulement fait honneur à son nom. Un peu de bonheur qu’elle éparpille comme une traînée de poudre, la pétillante, sur son passage sans s’en rendre compte. – C’est gentil. J’ai… un peu de mal. À discuter. À parler de mes états d’âme, en fait. elle lui avoue, comme pour lui expliquer. Comme pour se justifier de la tristesse qu’elle n’arrive pas à partager. Un comble pour une femme spécialisée dans l’art de la communication, elle ne sait pas parler. Mais elle est bien plus capable d’écouter. C’est ce que tu fais encore de mieux, écouter. Écouter les malheurs des autres pour mieux oublier tes songes tourmentés. Être là pour les autres à défaut d’accepter tes pensées torturées. Et c’est ce qu’elle veut faire, pour Joy. Elle a besoin de s’assurer qu’elle va bien malgré ce qu’elle a vécu. Que son agresseur n’est pas revenu. La jeune femme est soulagée d’apprendre que ce n’est pas le cas. – Et toi… tu n’as pas changé d’avis ? elle essaie, tout de même, en sachant sa demande perdue d’avance. Elle ne peut pas l’obliger à parler de son agresseur quand elle-même n’a jamais été capable d’aller voir la police. Ni même de se confier à sa propre famille. Sa petite protégée lui avoue qu’elle avait envie de la voir, mais dans un autre contexte. Comme si elle redoutait qu’elle ne garde que ce souvenir d’elle. Comme si elle voulait qu’elle sache, qu’elle est tant d’autres choses qu’elle ignore encore. Un tendre sourire vient étirer les lèvres pourpres de la beauté latine. Elle observe les lieux un instant, un brin pensive, en entendant les paroles de son amie, puis voit arriver le serveur avec leur apéritif. – Je suis contente de te voir aussi. lui confie-t-elle, une fois qu’elles se retrouvent toutes les deux. Elle aurait voulu lui dire qu’elle n’était pas obligée de l’emmener dans un lieu aussi luxueux, mais elle aurait eu peur de la froisser. Alors saisissant avec grâce, la coupe entre ses doigts délicats, elle trinque avec Joy. – À ce déjeuner. Et à tous les prochains. déclare-t-elle avant de goûter le vin, avant de se redresser subitement, comme si elle se souvenait de quelque chose. Elle ouvre son sac à main pour y récupérer ce qu’elle recherche. – Au fait, j’ai reçu cette invitation pour une exposition. Je me suis dit qu’elle t’intéresserait peut-être. dit-elle en glissant les deux billets sur la table dans sa direction. Elle, n’a pas vraiment le cœur à y aller, trop bousillé. Joy sera certainement bien plus heureuse qu’elle d’y assister.

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Les opales plantées dans celles de son amie, elle la contemple sans un mot, le regard qui suffit. Comme si, silencieusement, Joy lui faisait comprendre qu’elle devinait parfaitement le mal-être qu’elle peut ressentir. Peut-être parce qu’elle l’a déjà éprouvé, elle aussi. Véritable lumière, dans les ténèbres de la tourmentée, la jeune femme semble bien plus intime avec la souffrance qu’elle ne le laisse entrevoir. Cela, t’en as conscience, Isabella, parce que t’es comme elles. Vous êtes pareilles. Si différentes en apparence, pourtant bien plus similaires. Elles ont appris à taire la douleur, l’enfouir au plus profond de leur cœur. La latine la cache derrière sa douceur, Joy derrière sa bonne humeur. Ce sourire qui paraît à toute épreuve. Toujours dans le silence, Isa la remercie intérieurement, de simplement la comprendre. Sans la questionner, sans tenter de satisfaire sa curiosité. C’est précisément de cette manière qu’elle gagne de plus en plus sa confiance. Parce que t’es comme ça, Isa. Si on se rapproche trop de toi, tu t’éloignes. Tu prends peur, tu t’en vas. Mais, si on te laisse venir à ton rythme, tu apprends tout doucement à t’ouvrir.

Et Joy, elle semble l’avoir compris.

Elle semble l’avoir comprise.

Comme un lien invisible qui s’est naturellement créé. Leur relation n’est pas poussée, elle n’est pas forcée. Elle devient de plus en plus forte, de plus en plus vraie. Le sourire qui revient sur les lèvres de la belle, elle trinque avec Joy à cette nouvelle amitié. Puis, comme pour la consolider davantage, elle lui offre ces deux billets pour une exposition d’art. La jeune fille semble touchée, presque gênée, prête à refuser. – J’en reçois souvent, ne t’en fais pas… Si elle manque cette expo, elle ira à la suivante. À moins que son moral demeure toujours aussi branlant. Car c’est bien là l’une des raisons qui l’ont poussée à lui faire le cadeau pour cet événement. Joy, elle en profiterait bien mieux qu’elle. Parce que t’as le cœur trop brisé, l’esprit trop surmené. L’âme, surtout, trop tourmentée, pour savoir en profiter. Prenant une brève inspiration, Isabella finit par ajouter, peut-être de plus en plus à l’aise auprès de la jolie blonde. – Je t’assure, prends-les. Et elle commence, tout doucement, à se confier. – Je n’ai pas la tête à sortir en ce moment, je pense à mon… ex et… beaucoup trop de choses… tu en profiteras bien mieux que moi.

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Il n’y a peut-être rien au monde qui la rend plus heureuse que le sourire de ceux qu’elle aime. Et celui de Joy, il illumine, il enchante, il embaume l’atmosphère. Elle paraît sincèrement touchée par une attention qui reste si peu, pour Isabella, qui voudrait lui donner encore bien davantage. Mais le doux sourire vient répondre à celui, radieux, de son amie, alors que la conversation se poursuit. C’est, contre toute attente, l’âme en peine qui se confie, avec bien plus de facilités qu’elle n’en a l’habitude. Elle s’ouvre à la jeune fille, peut-être parce que depuis leur rencontre, elle se sent inexorablement liée à elle ; en phase avec celle qui, comme elle, est capable de fermer les yeux sur ses démons, sans pour autant être capable de s’en débarrasser complètement. Celle qui, malignement, vient lui proposer de se changer les idées à ses côtés, grâce à cette exposition à laquelle elles pourraient se retrouver. La proposition va droit au cœur de la plus âgée des deux femmes, touchée qu’elle veuille partager cet instant avec elle alors qu’elle doit avoir des dizaines d’amis qui pourraient l’accompagner. – Ce serait avec plaisir… à condition que tu ne trouves vraiment pas de meilleure compagnie que la mienne. prend-elle la peine de préciser, mais c’est sa manière d’accepter. Elle serait ravie de partager avec elle un autre moment. Et, peut-être que la blonde lumineuse a raison, peut-être que cela ne pourrait lui faire que du bien. Peut-être surtout qu’elle pourrait lui faire du bien. Elle est si souriante, si bienveillante, Joy, qu’elle pourrait te faire sourire en toutes circonstances. Elle pourrait te faire du bien en dépit de toutes tes souffrances. C’est précisément la raison pour laquelle elle parvient à se livrer un peu plus à elle en lui confiant, les détails gardés précieusement pour elle jusqu’à présent. – En réalité, je ne suis plus sûre de savoir où j’en suis… c’est moi qui suis partie mais… il est policier et mène cette enquête en ce moment… Ses explications sont floues, empreintes d’hésitation, alors qu’elle se perd dans ses émotions. Mais, sans s’en rendre compte, elle ouvre son cœur cadenassé à Joy sur tout ce qu’elle ressent. – Il se met en danger et… je sais que je ne devrais plus me mêler de sa vie, mais je n’arrête pas de penser à lui. À lui. À tout ce qu’il pourrait subir. À ce que tu ressentirais, aussi, si tu le perdais… alors même que, en réalité, tu l’as perdu le jour même où tu as décidé de l’abandonner.