i'm no good ((opax))

les clopes, il les enchaînent. une, puis deux, puis trois. fume comme si c’était ses dernières. tourne devant la porte de l’immeuble retardant le moment d’y entrer. s’demande pourquoi il est venu. pourquoi il a accepté l’invitation d’cette fille. sûrement qu’les verres qu’il avait dans l’sang ont rendu la décision plus simple à prendre. au départ, il voulait pas venir, lui. promettre à la gosse qu’il viendrait sans pour autant s’ramener. sauf qu’il a accepté. et qu’maintenant, il s’voit pas faire demi-tour. lui même s’demande pourquoi. c’est quoi qui l’pousse à vouloir monter chez elle. il lui doit rien à cette fille. et elle lui doit rien non plus. y pensait même pas qu’elle le rappellerait. sa carte, il lui a filé quand elle était à l'hôpital sans s’douter qu’elle prendrait ça au sérieux. mais voilà, avec elle, il a été l’bon flic pas celui qui s’marre quand les voyous prennent perpet’. pas non plus celui qui aime foutre ses phalanges dans les mâchoires des mecs assez cons pour l’chauffer. non, avec elle, il a fait son job. et pour une fois, il l’a bien fait. alors c’est peut-être ça qui l’pousse à répondre à l’appelle. à venir jusqu’à chez elle. il sait pas c’qu’il y trouvera. ça s’trouve, c’est une camée. peut-être même qu’elle deal. ça serait l’comble.
le mégot qui s’écrase sur le sol. cette fois, il arrête de tourner et file jusqu’à l’immeuble avant qu’il change d’avis. il entre, grimpe les escaliers et trouve l’étage. manque plus qu’à trouver la bonne porte. dans le couloir, il marche en traînant presque les pieds. regarde les portes à la recherche du bon numéro. espère ne pas trouver la bonne porte ou s’il la trouve qu’on lui dise qu’il s’est gouré, qu’la fille habite plus là. ça lui donnerait une bonne excuse de reprendre son rôle de bad cop. il passe devant la porte du présumé appart. il la fixe, reste là à hésiter encore et encore. il s’dit qu’il peut toujours faire demi tour et faire comme s’il était jamais venu. plus facile à dire qu’à faire. son bon côté -celui qu’il cherche à cacher- l’en empêche. alors il frappe à la porte. se met à espérer qu’elle est pas là ou qu’elle veuille pas lui ouvrir. si elle avait changé d’avis, il lui en voudrait même pas. il la comprendrait même. elle serait pas la première à le fuir. elles finissent toutes par prendre la fuite, de toute façon. lui il s'y est fait.

et puis, la poignée qui s'tourne,
et l'temps qui s'fige.
plus d'demi tour possible.
elle est là, face à lui.

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— @max craven

Son visage. Son visage en tête. Son visage ancré dans son esprit. Celui qu’elle ne peut effacer. Celui qu’elle ne peut oublier. Il l’a sauvé, Max Craven. Il lui a sauvé la vie, lorsqu’elle s’est retrouvée éclatée contre le bitume du Queens. Il lui a sauvé la vie, alors que son esprit divaguait, son corps lâchait. L’agression. L’agression subit, deux semaines plus tôt, alors qu’elle trainait dans un endroit où elle n’avait pas sa place. Tu te laissais encore porter par tes pires instincts, Opale. T’étais guidée par tes vices, guidée par tes démons, toujours présents autour de toi. T’attirant sans cesse dans les abysses, dans la noirceur qui est tienne. Parce que c’est de cette façon qu’elle fonctionne, la camgirl. Essentiellement dirigée par cette putain de maladie. Par sa folie grandissante. Par sa folie accablante. Et ce traitement qu’elle ne prend pas, qu’elle ne prend que partiellement, depuis la mort de ses parents. Depuis l’incendie qui a ravagé sa famille. L’incendie qui a détruit sa vie. Elle n’a jamais été sauvée, Opale. Poupée écorchée, douceur brisée. Elle n’a jamais été sauvée, jusqu’à lui. Ce flic, arrivé au bon moment, arrivé avant qu’elle ne parte définitivement. T’as vu la mort, t’as vu la mort, mais lui, il est apparu telle une divinité. Il est apparu pour t’empêcher de sombrer. Il lui a sauvé la vie, mais il n’a pas pu la sauver des conséquences. De cette amnésie partielle qui la ravage, due à l’agression beaucoup trop violente. Cette violence qu’elle sent encore sur elle. Cette violence qui la surcharge encore beaucoup trop. Et son souvenir à lui, cette carte qu’il lui a laissée, l’envie de le remercier. L’envie de le revoir, en vrai. Maintenant qu’elle est consciente, maintenant qu’elle est éveillée, enfin libérée de cette chambre aseptisée. Elle l’attend, chez elle, bien décidée à le remercier. Elle l’attend, chez elle, parce qu’elle ne se sent pas capable de sortir. Tu sens la mauvaise passe t’assaillir, Opale. Tu sens l’angoisse, les douleurs, la peur. Tu préfères le voir ici, sur un terrain qui est le tien. Elle est anxieuse, pour une raison qu’elle ignore. Elle a cette petite appréhension, de revoir son sauveur. Et le moment arrive. Le moment arrive finalement, lorsqu’elle entend frapper à sa porte. - Bonjour… Qu’elle lâche, ouvrant la porte. C’est étrange. Tellement étrange de le voir là, réellement, sous ses yeux. Lui qui était comme un mirage. - Entrez et… Merci d’être venu. Elle se décale pour le laisser passer, doux sourire aux lèvres, avant de refermer la porte derrière lui. Il est mal à l’aise, tout comme elle. Et à la fois, elle est heureuse qu’il soit là. Tu sais pas pourquoi t’as l’impression d’être liée à lui, Opale. Peut-être parce que t’es en vie grâce à lui. Mais tu sens ce lien presque impossible à décrire.

l’temps est long avant qu’sa porte s’ouvre. les secondes qui s’écoulent lentement. et les pensées d’max qui s’entre choquent. cacophonie assourdissante. sifflement insupportable qui lui perce le crâne. il sait toujours pas pourquoi il s’est ramené ici. la question s’pose toujours. elle tourne en boucle dans sa caboche. un putain de disque raillé. il secoue la tête. chasse tout ça. tente de rester concentré sur l’moment présent. sur la poignée qui s’tourne enfin. sur la porte qui s’ouvre ensuite. et sur l’visage de la gosse qu’il voit. c’est marrant qu’il se dit, il a pas oublié ses yeux, ni l’reste d’ailleurs. lui qui pensait plus pouvoir la reconnaître. lui qui s’était dit qu’il pourrait la confondre avec les autres. il s’était bien gourré, un visage comme le sien s’oublie pas.
elle le salue. l’ambiance est étrange. y’en a pas un des deux qui s’sent à l’aise. max est trop sauvage pour savoir comment agir. à force d’fréquenter la rue, il a perdu les bonnes manières. avec les femmes c’est pire. trop brutal, parfois ça met mal à l'aise. ou ça effraie. reste toujours le mimétisme pour s’en sortir. « bonjour. » qu’il marmonne dans sa barbe. elle l’invite à entrer. il s’exécute. entre dans l’appartement. son regard s’balade sur le décors. il s’permet d’être curieux. d’inspecter. habitude de flic. peut pas s’en empêcher. moyen comme un autre d’regarder si y’a rien d’suspect. on est jamais trop prudent. jamais trop parano dans c’métier. tour d’inspection terminé, il s’retourne vers elle préférant pas s’aventurer plus loin dans la tanière. condé mais pas dénué d’bonnes manières. il s’permettrait pas d’aller plus loin avant qu’elle l’invite à l’faire. « t’sens pas obligé d’être aussi polie avec moi. » qu’il lui lâche avec son tact naturel. y’a qu’les ripoux qui doivent lui parler comme ça. qu’ceux avec qui il veut pas d’familiarité. à priori, opale a pas grand chose d’une grande criminelle. peut-être qu’elle cache bien son jeu, ouais. en attendant il en sait rien. il va s’en tenir aux apparences. léger silence. faut combler. trouver quelques chose qui lui fera oublier l’silence gênant. « t’es sortie d’puis longtemps? » pas besoin d’préciser d’quoi il parle. tous les deux savent. l'hôpital. après tout c’est ça qui les a réunit. pis c’est aussi pour ça qu’il est là. drôle d’façon d’rencontrer quelqu’un. seul moyen pour max d’faire des connaissances. y’a plus qu’son métier pour l’mettre sur la route des autres. sans ça, ça ferait longtemps qu’il serait qu’un reclus d’la société.

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— @max craven

Elle aurait pu se contenter d’un merci. Un merci prononcé, soufflé, dans cette chambre d’hôpital. Elle aurait pu se contenter d’une gratitude pensée et non dévoilée. Elle aurait pu se contenter de peu, mais cela aurait signifié qu’elle ne rêverait jamais son visage. Idée douloureuse, perdue dans les méandres de son esprit. Idée douloureuse, parce que son visage s’est installé dans sa tête comme un fantôme errant tout près de son âme. Il est différent, Max. Il est différent, pour toi, Opale. Peut-être parce que tu l’as rencontré trop près du précipice, au bord du gouffre. Peut-être parce qu’il est venu te ramener à la vie, lorsque la mort s’apprêtait à te cueillir. Il est différent. Et cette envie de le voir est certainement malsaine. Déplacée. Dérangée. Mais c’est ce qu’elle est, Opale. L’instabilité incarnée. Le visage de poupée rongée par un cœur fané. Et lui, lui, il n’a pas l’air beaucoup plus sain. Il n’a pas l’air beaucoup plus stable. Noirceur se dégageant de son être. Le visage sombre et les traits tirés. T’as l’impression qu’il a son lot de malheur, Opale. L’impression qu’il renferme son lot de souffrances, lui aussi. Ce qu’elle voit, c’est un homme presque renfermé, replié sur ses démons intérieurs. Et étrangement, cela ne la rebute pas. Acquiesçant à ses premières paroles, elle esquisse un faible sourire en répondant beaucoup plus naturellement. - Je te fais un café ? Puisqu’il refuse les politesse, elle sera beaucoup plus familière. Beaucoup plus libre. Beaucoup plus elle. Parce qu’elle n’a aucune limite, Opale. Aucune règle. Si ce n’est celles que lui infligent sa maladie, reine de sa vie.
Se dirigeant déjà vers la cuisine, la question du brun la frappe en plein fouet. Retour sur ce qui s’est passé. Retour sur l’agression qui a tout débuté, entre eux. Est-ce qu’il sait, seulement, quel calvaire tu es en train de traverser ? Oscillant entre l’absence de souvenirs et les douleurs intérieures. - Un peu moins de deux semaines. Qu’elle répond, sans franchement le regarder. Images de l’agression encore fixés dans son subconscient. - J’avoue que je ne suis pas vraiment trop sortie depuis. Parce qu’il y a l’angoisse. Parce qu’il y a la maladie. Les douleurs dans la jambe. Et l’évidence. L’évidence qu’elle se mettra en danger de nouveau, bien trop rapidement. L’évidence que ce qui est arrivé devait arriver, et arrivera certainement encore. C’est à l’intérieur de toi, Opale. C’est à l’intérieur de toi, tu ne sais pas comment fonctionner. Comment fonctionner correctement, normalement, comme tous les autres gens.

elle a refermée la porte. a laissée derrière elle l’dernier espoir d’max d’fuir. le voilà enfermé dans l’antre d’la belle. ou plutôt, c’est elle qui est enfermée avec lui. après tout, c’est lui l’animal. lui la brute. celui qu’elle ferait mieux d’craindre au lieu d’l’invité chez elle. celui qu’elle regarderait même pas si elle le croisait l’soir. elle l’sait pas, elle. elle connait rien d’sa vie. et encore moins de c’qui l’anime. d’ses démons qui l’pousse à s’montrer brutal, à faire sortir l’animosité qu’il cache plus. c’est pas un tendre l’max. du moins, ça l’est plus depuis longtemps. depuis qu’il a laissé son métier l’corrompre. lui faire oublier qu’c’était quelqu’un d’bien avant. la barbarie comme exutoir. exorciser l’mal par le mal. tout ça, la belle n’en sait rien. tout c’qu’elle a en tête, c’est l’visage d’un flic qui l’a empêché d’voir la mort d’trop près. peut-être qu’si elle voyait l’vrai max, les choses seraient différentes. et ils seraient pas là tous les deux à s’faire face.

mais elle sait rien, la douce.
et c’est mieux comme ça.
tant mieux pour lui,
tant pis pour elle.

la gosse met pas longtemps à comprendre. la familiarité vient tout d’suite. l’flic préfère. ça l’fait s’sentir plus à l’aise d’un coup. libéré des formalités. moins inconfortable dans ces lieux qu’il connait pas. ses traits s’détendent. moins figé l’max. « ouais, j'veux bien. » qu’il lui répond direct. sûrement qu’il aurait préféré la compagnie d’son alliée, l’alcool mais il en dit rien. bien trop désagréable quand il boit. vaut mieux éviter. la brune file dans sa cuisine et max qui lui parle d’son agression. ravive les mauvais souvenirs sans l’savoir. maladroit qu’il est, l’animal. y s’rend pas compte tout d’suite. faut attendre qu’elle réponde pour qu’il s’dise qu’il aurait dû la fermer. il a toujours été comme ça, lui, toujours à parler des sujets qui fâchent. incapable d’parler d’autre chose que du mal qui l’entoure. certainement parce qu’y’a qu’ça autour d’lui. qu’le mal et c’qu’il détruit. « y’a personne qui pourrait t’tenir compagnie? » qu’il interroge s’avançant un peu plus. son rôle d’flicard qu’il est pas foutu d’quitter. poser des questions. en apprendre plus. trouver des indices. comme si la belle était suspecté d’quelque chose. quelques pas d’plus jusqu’à la cuisine. elle le regarde pas. le fuit déjà du regard. « des amis, un p’tit copain? » pas conscient qu’il parle à la gosse comme il parle à tous ceux qu’ils croisent. et s’mêle de c’qui l’regarde pas. c’est pas pour un meurtre qu’elle l’a fait venir. encore moins pour qu’il lui rappelle ses angoisses. pas fino, l’max. y ferait mieux d’lui parler d’autre chose. ou d’au moins lui demander si ça va. d’se montrer humain et laisser son sale boulot d’côté. ça ferait du bien à la brune, et peut-être même à lui aussi.

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— @max craven

Atmosphère blafarde. Les démons de l’un, les démons de l’autre, pèsent dans l’appartement. Les cadavres qu’ils trainent, respectivement, et ce qui en découle. Il est brusque, Max. Il est renfermé, comme éteint. Une carcasse qu’il traine dans ce monde, dans cet univers qui ne semble pas fait pour lui. Un sentiment qu’elle ne peut que comprendre. Un sentiment qui s’imprègne d’elle depuis des années, maintenant. Depuis qu’elle est tombée dans cette maladie qui la différencie des autres, qui la différencie du monde. Tu te sens différente depuis tellement d’années, Opale. Tu te sens à l’écart depuis tellement d’années, que t’as finalement sombré dans la folie. Que tu t’es mise à penser que la différence, c’était les autres, et pas toi. Et t’as peur. Terrifiée à l’idée que les autres puissent voir cette tâche noire en toi. Ce qui est difficile à voir à l’œil nu, ce qui est difficile à voir lorsqu’elle est dans un bon jour, lorsqu’elle dégage cette douceur particulière qui peut être la sienne. Comme aujourd’hui. Comme avec lui. Influencée également par son faible état, conséquence de l’agression. Il voit ce qu’il y a de plus calme, ce qu’il y a de plus posé, en elle. Loin des crises d’hystérie, loin des idées sombres et du poids de la dépression, loin de l’exubérance exacerbée. Mais la maladie, c’est aussi ce qui fait de toit ce que tu es, Opale. Et t’as peur que les cachets viennent faire taire ton naturel. T’as peur de finir éteinte, toi aussi, comme tous les malades. Comme toutes les personnes privées de leurs sens. Acquiesçant d’un signe de tête, elle enclenche la machine à café, attrapant une tasse pour lui, et une pour elle. Mais les paroles suivantes du brun retentissent dans ses oreilles. Amis. Petit-ami. Elle n’a que l’un des deux. Elle n’a que de rares vrais amis. Ceux qui savent. Ceux qui savent tout d’elle et qui l’aiment quand même. Rares, parce que depuis que t’es devenue orpheline, depuis que t’as perdu ta famille dans les flammes. - Des amis, oui. Qu’elle lâche, en souriant. Sans approfondir son autre question. Au fond, l’amour, c’est beaucoup trop compliqué. Beaucoup trop difficile pour une femme comme elle. Malade. En proie à la folie. Qui accepterait d’être avec une femme comme toi, Opale ? Qui accepterait de voir sa vie bouleversée à jamais ? Parce qu’elle est instable. Parce qu’elle est dangereuse. Parce qu’elle est néfaste pour quiconque voudrait l’approcher. Elle remplie la tasse de café qu’elle apporte finalement à Max, l’incitant à s’asseoir sur le canapé. - Et je ne peux pas les réquisitionner à chaque instant. Son regard de chat se plonge dans celui de Max, quelques secondes seulement, avant de s’installer à ses côtés. Et c’est rapidement, qu’elle reprend la parole. - Je voulais te remercier, de m’avoir aidé l’autre soir. Et… D’être venu à l’hôpital, aussi. Il ne le réalise peut-être pas, mais il a fait beaucoup pour elle. Il a fait énormément. T’as pas l’habitude, Opale. T’as pas l’habitude qu’on en fasse autant pour toi. Habituée à te battre, à te débattre pour t’en sortir, pour avancer.

maladroit l’max. incapable d’bien faire avec la poupée. lui parle comme si elle était rien d’autres qu’un suspect. coupable d’quelque chose qu’elle a même pas fait. un manche, c’est tout c’qu’il est. pour parler aux femmes, il a jamais su l’faire. trop souvent brutal. trop souvent cash. ça plait pas. et des fois si. mais l’plus souvent, il les voient fuir. y cherche pas vraiment à les retenir non plus. faut dire qu’sa relation avec les femmes est compliqué. par moment il les aiment trop au point d’en être accro, d’s’oublier et d’en devenir esclave. et puis, parfois, il les hait, leur crache sa rage, leur vomit sa fureur à la gueule pour pas montrer qu’certaines l’ont broyé. plus facile d’montrer les crocs que d’dire qu’il a l’coeur en miette. y veut pas leur offrir c’plaisir. mais opale, elle est rien d’tout ça. c’pas une de ces sorcières qui l’a brisé. son amertume elle l’a mérite pas. elle a tout d’une colombe à qui on a voulu coupé les ailes. un oiseau brisé par la violence des hommes. une âme qu’on a voulu voir s’éteindre. la douce lui semble bien différente. sûrement qu’son âge aide. il s’imagine qu’on a plus souvent voulu la heurter qu’l’inverse. probablement qu’il s’fait des idées fausses. et qu’cette fille à son lot d’malheurs et d’regrets qu’elle trimballe comme un boulet au pieds. sauf qu’elle lui montre pas. comme lui s’garde bien d’montrer son animosité. on peut pas en dire autant d’son manque de tact…
la môme lui répond. elle sourit mais reste vague. approfondit pas plus la discussion. l’max y comprend qu’le sujet l’regarde pas. ou lui plait pas. y s’contente d’hocher la tête et d’reprendre sa mine fermée. la suit du regard jusqu’au canapé où elle l’invite à s’asseoir. la carcasse qui s’installe. garde une distance avec elle. marque de l’ambiance froide qui règne entre eux. la brune reprend vite la parole. brise le silence qui venait d’s’installer. l’remercie d’lui avoir sauver la peau. d’être venu jusqu’à l’hôpital. voilà qu’le flic s’sent plus à l’aise dans sa prison d’chair. les compliments, la gentillesse et tout ces trucs-là, c’pas son truc. surtout quand tout c’qu’il a fait bien, c’est d’faire son taf. « c’pour ça qu’tu m’as fais v’nir? t’pouvais l'faire au téléphone. » y s’ferme un peu plus à la douceur. laisse paraître qu’la glace. l’flic détourne le regard. fuit les yeux félin d’la douce. cherche dans ses poches son paquet d’clopes. « j’ai fais qu’mon boulot, pas d’quoi recevoir une médaille. » qu’il lui dit, les mains toujours en recherche d’ses tubes. fuir, il a besoin d’ça, là. mais il peut pas. coincé dans la tanière d’la poupée. y lui reste qu’ses cancéreuses. ses alliés d’longue date. « j’peux? » qu’il lui demande une fois l’paquet trouvé. les bonnes manières qui restent malgré la froideur dont il fait preuve. si seulement il savait comment s’comporter. comment recevoir un peu d’gratitude sans s’montrer glacial. ça lui ferait pas d’mal d’se dire qu’il est pas bon qu’à érafler les affreux d’la rue. qu’il peut faire l’bien quand il veut. qu'le sale flic en lui a pas buté l'bon.

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— @max craven

Peut-être qu’elle ne sait pas comment se comporter, elle non plus. Peut-être qu’elle ne sait pas comment agir, avec les gens, avec le monde. Peut-être qu’elle s’est plongée dans la folie, sur le cours de sa vie. Peut-être qu’elle s’est éloignée de tout ce qui pouvait la ramener à la normalité, à la réalité. Parce qu’elle a perdu tout contact avec la fille qu’elle aurait pu être, sans sa maladie. Sans la perte tragique de sa famille. Alors elle n’est certainement pas mieux que lui, pas mieux que Max. Elle n’est certainement pas plus facile à vivre, pas plus douce, pas plus saine, la seule différence, c’est cette gueule d’ange qui est la sienne. Et c’est sûrement pire, au fond, parce que t’as l’air inoffensive, Opale. T’as l’air inoffensive alors que t’es le pire des dangers. Alors que tu peux entraîner n’importe qui dans les abysses les plus profondes. Tu pourrais embraser les flammes de l’enfer, rien qu’en un claquement de doigts. Lui, il est différent. Il a ce côté toxique, cet aura néfaste, et pourtant cette connexion étrange qui grandit un peu plus entre eux. En elle. Cette connexion qu’elle ne peut pas nier, qu’elle ne veut pas nier, Opale. Parce que t’aimes ça. Inconsciemment t’aimes ça. T’aimes ce que tu ressens lorsqu’il est là. La sensation de lui devoir ta vie. - Au téléphone ? Qu’elle lâche, simplement, un sourire au coin des lèvres. Un coup de téléphone n’aurait pas suffi, elle le sait. Un coup de téléphone n’est pas assez pour lui témoigner sa gratitude. Mais tu vois bien qu’il n’en a rien à faire, de ta gratitude, Opale. Tu sens bien qu’il fait ce métier machinalement, pas comme une passion, pas avec dévotion. - Ce n’est pas quelque chose qu’on dit au téléphone. Et puis… Je voulais te voir, en étant consciente. Elle voulait le voir, en étant consciente. En étant animée, réanimée. Parce qu’il n’était qu’un ange noir, l’ange de ses rêves, trônant au-dessus de sa vie. Au-dessus de son être. Acquiesçant d’un signe de tête, elle reprend néanmoins la parole, au sujet des cigarettes. - Tu m’en donnes une ? Partager ce poison avec lui, baisser les armes, parce qu’ils sont tous les deux dans ce monde différent. Ce monde qui ne ressemble en rien à celui des autres. Et ce n’est peut-être la meilleur des choses à faire, et ce n’est peut-être parce qu’il y a de mieux pour elle, mais elle n’a pourtant envie de rien d’autre.

y’a quelque chose qui va pas dans son être. une noirceur qui l’grignote, l’rend d’plus en plus sauvage. la bête qui prend l’dessus sur l’homme. et ça s’voit. ça s’ressent quand il est avec les autres. y s’montre distant, froid et parfois agressif. c’est comme s’il l’contrôlait pas. comme si ça finissait par surgir comme ça dans les moments où ça devrait pas. là, la gosse l’remercie juste. s’montre plus douce que lui, plus tendre qu’la plupart des gens qui lui cause. ça devrait lui faire plaisir, l’faire au moins décroché un sourir, mais non. l’max il s’recroqueville sur lui-même. rentre dans sa foutue carapace et sort les épines. c’est comme s’il devenait hermétique à tout ça. aux sentiments, ‘fin à ceux qui font du bien. ceux qui pourraient lui faire retrouver un brin d’humanité. ceux qui l’aideraient à s’sentir plus vivant. seulement pas sûr qu’il en est envie. pas sûr qu’ressentir quelque chose l’intéresse. lui il croit plus en rien, plus en rien d’bon, en tout cas. trop souvent confronter à la violence des autres. trop peu souvent fait face à la tendresse. et ça l'bouffe, la noirceur, la souffrance à tel point qu'il en oublie l'bien. ça l’rend aveugle à tout c’qui pourrait l’faire revenir du bon côté. ça l'ferme à c'qui pourrait lui faire voir les choses d'une autre manière. alors c’est pour ça qu’il est si cash, si distant avec la belle. y veut pas d’sa gentillesse, y veut pas s’dire que c’qu’il a fait c’était héroïque. veut pas s'penser héro d'quiconque. préfère s’dire qu’il a fait son boulot comme il doit l’faire. et qu’on devrait pas lui offrir d’remerciements pour si peu. sauf qu’si lui pense comme ça, opale, elle, elle voit pas les choses d’la même manière. et elle s’gêne pas pour lui dire. va même jusqu’à lui dire qu’elle voulait l’voir, consciente. l’max peut pas s’empêcher d’rire doucement, s'détend un peu. la douce devait pas s’attendre à un tel bonhomme. « t’dois pas être déçue. » lâche ça sans qu’la phrase est grand intérêt. l'sarcasme pour défense. d’sa poche, il sort son paquet d’indus, demande l’autorisation avant d’en prendre une. autorisation acceptée. y tend l’paquet à la belle qui se sert puis lui ensuite. un léger silence qui s'installe, juste l'temps pour lui d'regarder la belle un instant. d'tenter d'déchiffrer c'qui s'passe derrière ses yeux d'félin. arrête aussi vite qu'il s'rappelle qu'il est pas doué pour ça. sort plutôt son briquet. « j’vais être honnête: j’pensais pas qu’t’m’appellerais. » qu’il dit, la clope au bec et l’zippo qui allume les deux tubes. l’ton d’sa voix qui donne l’impression qu’il est étonné. ou déçu, on sait pas trop. mais au fond, son appelle l’a surpris. il s’était déjà fait à l’idée qu’elle jeterait sa carte au fond d’une poubelle. qu’elle ferait comme s’ils s’étaient jamais croisés. et même que l’max aurait comprit. c’est pas pour les louanges des jolies filles qu’il fait c’métier.

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— @max craven

Si elle n’était pas aussi cassée, elle partirait certainement en courant, face à l’aigreur du flic. Elle s’en irait certainement, si elle n’avait pas l’esprit aussi torturée. Parce qu’en étant honnête, il n’inspire rien de bon, Max. Il n’inspire rien de positif, rien de lumineux. Il ne semble pas pouvoir lui apporter quoi que ce soit qui lui fasse du bien. Et cela lui plait. Contre toute attente, cela lui plait. Parce qu’au fond, t’es comme lui, Opale. T’as rien de bon à donner. T’as rien de bon à offrir à qui que ce soit. Alors peut-être qu’il est plus simple de s’approcher de personnes aussi sombres que toi. De s’approcher de ceux qu’elle ne pourra pas briser. De ceux qu’elle ne peut pas abîmer. Parce que chez Max, il n’y a plus rien qui puisse se casser. Plus aucune lueur de vie dans son regard. Plus aucun espoir de sympathie dans ses paroles. Et il le sait. Il le réalise lui-même, puisqu’il ironise la situation en affirmant qu’elle ne doit pas être déçue. Tu ne sais pas si tu l’es, Opale. Tu ne t’attendais pas à un saint. Tu ne t’attendais pas à grand-chose, en réalité, parce que t’as appris depuis bien longtemps que tu ne devais rien attendre de la vie. - Je ne le suis pas, non. Qu’elle lâche en riant, juste avant d’attraper la cigarette qu’il lui tend. L’addiction pour défoncer ses poumons. L’addiction pour oublier qu’il y a autre chose. - Toi par contre, tu sembles l’être ? T’es déçu parce que je t’ai appelé ? Son ton est calme, sans aucune animosité. Elle se contente simplement de discuter, de fumer. Elle tente de le cerner, de voir ce qui se cache derrière la bête. Il peut y aller, Opale. T’as déjà tout vécu, ce n’est pas lui qui viendra te faire de mal. - T’as l’habitude de donner ton numéro à toutes les jeunes femmes en détresse que tu ramasses sur le chemin ? Elle cherche à savoir si elle est la seule. La seule à avoir ce privilège. La seule ayant la chance de bénéficier de ce privilège, de ce cadeau empoisonné. Et t’es prête à le prendre, ce poison dans tes veines, Opale. T’es prête à l’ingérer, parce qu’il ne pourra pas être pire que ce qui te fait déjà souffrir. Il ne peut pas être pire que toi. Que tes putains de démons.