liaisons dangereuses. (warston)

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{ liaisons dangereuses }
crédit/ tumblr ♛  w/ @nikolaï Warren

C’est l’amour qui les maintient hors de l’eau. C’est l’amour qui les aide à nager encore parmi les flots. Mais c’est aussi tout cet amour qui rend la situation encore plus douloureuse à supporter, pour elle, pour lui. Tout est comme amplifié dans le cœur d’Isabella. Chaque fois qu’il ne la comprend pas, chaque fois qu’elle a cette sensation de lui faire du mal. Ils se font du mal. Ce n’est pas censé être cela, l’amour, du moins ce n’est pas cette vision qu’elle en a. Ce n’est pas pour ressentir toute cette pression qu’elle a voulu être avec Nikolaï. Leur relation se fragilise, elle devient de plus en plus difficile. Chaque fois qu’ils se retrouvent dans cette incompréhension, ils s’éloignent un peu plus l’un de l’autre sans se rendre compte. Elle, en tout cas, ne s’en rend pas compte, alors même qu’elle sent que c’est de plus en plus compliqué, pour elle, de tout supporter. Jusqu’au moment où elle n’y arrivera plus, jusqu’au moment où elle arrivera au bout de ses limites. Il les frôle de plus en plus, Nikolaï, dans des mots qui sonnent comme une provocation. Il ne semble pas ravi qu’elle refuse de lui dire ce que Luke a pu lui confier, mais comment pourrait-elle faire autrement ? Il le hait si fort que tout ce qu’il pourra entendre, il le jugera. Il le transformera pour montrer combien cet homme est un monstre sans foi ni loi. - Tu ne vas pas prétendre que tu t’inquiètes pour lui.? déclare-t-elle comme si c’était une aberration. Comme si c’était évident. Parce que cela l’est, évident, qu’il se fiche complètement de ce qui peut arriver à Luke. S’il s’en préoccupait réellement, il n’aurait pas si mal pris un appel de sa part de seulement quelques minutes. La dispute prend de l’ampleur alors qu’elle commence à se dévoiler, Isa. À donner un aperçu de tout ce qui peut bien la pousser à agir comme elle le fait. C’est comme si elle n’avait pas d’autre choix, comme si elle devait être là. Comme si elle le devait à son ex, pour tout ce qu’elle a pu lui faire.

Parce que ressentir la souffrance,
c’est comme normal pour toi,
bien plus que l’infliger aux autres comme tu l’as fait avec lui.

Les prunelles posées sur Nikolaï, assis sur le lit, elle le surplombe alors qu’elle sent son cœur se serrer devant ses propos. Elle détourne la tête sans savoir ce qu’elle peut répondre à de tels mots. - Non... Juste pour moi. laisse-t-elle échapper, la gorge nouée. C’est bien cela, le problème. Elle n’a pensé qu’à elle. Qu’à eux, peut-être. Mais à rien d’autre. Elle n’a pas pensé à toutes les personnes qu’elle a privé d’un emploi, elle n’a pas pensé à tous ceux qui ont été éclaboussés par ce qui se passait. Elle n’a pas pensé à l’homme qui avait certes fait des erreurs, mais qui l’aimait. C’est la première fois de sa vie qu’elle n’a pensé qu’à elle, Isabella. Pour une femme qui a toujours fait passer les autres avant elle-même, c’est loin d’être facile, de se dire chaque jour combien elle a été égoïste. Elle n’est pas certaine d’être capable de se le pardonner un jour alors si... si elle peut tenter d’aider l’homme à qui elle a fait le plus de mal, elle le fait. Elle l’aurait certainement fait même si elle n’avait pas ressenti une chose pareille, mais c’est encore plus instinctif. C’est comme un besoin. Oui, peut-être, peut-être que tu as besoin de renouer avec Luke mais pas pour les raisons qu’il pense, pas pour te remettre avec lui. Et Nikolaï aura beau dire tout ce qu’il voudra, c’est toujours ce qu’elle éprouvera. – Il le sait ! Et il l’a fait, il m’a présenté ses excuses. Mais je ne suis pas seulement une « victime » dans cette histoire. Elle ne supporte pas qu’il lui trouve toujours des excuses. Des raisons. Des explications pour justifier tout ce qu’elle a pu faire.

Parce qu’il te l’a dit,
ton père, que tu n’étais pas une victime,
il te l’a dit,
que la souffrance, tu la mérites,

il te l’a dit,

et tu l’as cru pour le restant de ta vie.

C’est encore le cas aujourd’hui. C’est encore le cas pour son ex-mari. Et peut-être pour tout ce qui peut lui arriver de pire. Elle croira encore qu’elle le mérite, elle croira encore qu’elle est fautive. Elle croira toujours que cette noirceur vient d’elle, et de personne d’autre. Ce n’est pas seulement son corps qui a été souillé, il y a des années. C’est son âme qui a été écorchée, abîmée, brisée. L’âme de l’enfant qu’elle était, pas même encore construite, mais déjà détruite. Et tout cela, Luke n’en est qu’une démonstration. Une simple démonstration de tous ses propres démons. Des démons avec lesquels elle vivait bien avant de le rencontrer, bien avant de les rencontrer tous les deux. Une souffrance qui ne dépend pas d’eux, mais qui vit depuis si longtemps, en elle, à l’intérieur. Les opales détournées, devant des paroles qui restent sans réponse, la belle ne sait plus comment calmer les choses. Peut-être qu’une distance s’impose. Elle ne sait pas, elle ne sait plus rien. Encore moins ce dont elle a besoin. Elle entend seulement le ressenti de Nikolaï, pas satisfait de la situation. Elle ne lui convient pas. Elle ne lui convient pas. – Mais tu n’y arrives pas. conclue-t-elle, comme une fatalité. Effrayée. La peur l’envahit devant le tournant qu’est en train de prendre leur conversation. Elle glisse ses mains contre son visage, comme, si tout était en train de lui échapper. Comme si elle n’avait plus la force de s’accrocher. – Non… Non, je suppose que non. lui accorde-t-elle, sans pour autant avoir une meilleure idée de ce qu’elle est censée dire. De ce qu’ils sont censés dire… ou faire. La gorge de plus en plus serrée, le cœur encore plus retourné, elle se sent paumée. Bouleversée. – Je suis désolée si je t’en demande trop, je… Je ne sais même plus quoi en penser, peut-être que c’est toi qui as raison, ou peut-être que non, je ne sais plus... Pour la première fois de sa vie, elle ne sait pas quoi penser, Isa. Parce qu’elle a toujours écouté son seul instinct, mais qu’elle se retrouve confrontée à celui, si opposé, de l’homme qu’elle aime. Et elle ne sait pas comment elle est censée réagir, elle aimerait que quelqu’un lui dise. L’impression d’être une gamine incapable de savoir comment gérer sa propre relation amoureuse, c’est la première fois qu’elle éprouve une chose pareille. Tout ce dont elle a conscience, c’est qu’elle ne veut pas le perdre… mais peut-être que c’est déjà trop tard.

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{ liaisons dangereuses }
crédit/ tumblr ♛  w/ @nikolaï Warren

De plus en plus fissuré, leur amour risque à tout moment de se briser. Ne plus tenir à cause de tout ce qu’ils lui infligent. Tout ce qu’elle leur inflige. C’est, comme si, ils étaient au bord d’un précipice. Qu’à tout moment, ils risquaient de tomber, mais qu’ils ne trouvaient plus la force de s’accrocher. Plus la force de se raccrocher l’un à l’autre. Tous les murs qu’ils ont bâti, toute cette relation qu’ils ont mis des mois à construire, tout est en train de s’effilocher. Tout est en train de partir en fumée, là, comme ça. Subitement, sans prévenir, parce qu’ils étaient si heureux ensemble. Isabella, elle a connu le bonheur comme jamais avant, avec lui. Mais elle découvre le revers de la médaille, devant toute cette douleur qui l’assaille. Toutes ces souffrances qu’ils vivent, juste, à force de trop s’aimer. Trop mal s’aimer. Tout cet amour trop fort, il est en train de leur échapper.

Et c’est toi qui as tout engendré,
c’est toi qui a tout gâché,

parce que tu gâches toujours tout, Isabella.

Toutes les relations, de quelques mois, brisées trop vite, à cause du mal qu’elle n’arrive pas à dire. De toutes ces plaies sans cicatrices. Tous ces ténèbres dans lesquels elle vit. Elle l’a connu, tant de fois, Isabella. Qu’elle ne devrait pas être surprise du tournant que prend leur relation. Elle ne devrait pas être surprise que leur couple se retrouve en perdition. C’est bien elle, la responsable, comme toujours la seule coupable. Mais elle pensait que ce serait différent avec Nikolaï. Elle y croyait, vraiment, plus qu’elle ne l’a jamais espéré avec personne avant lui. Pas même, justement, avec son ex-mari. Elle croyait que ce serait différent, parce que lui est différent. Parce qu’il a su ouvrir chacun des cadenas autour de son cœur, petit à petit, comme personne n’y était arrivé avant lui. Il a su devenir l’homme de sa vie. Celui avec lequel, pour la première fois, elle parvenait à imaginer la partager jusqu’à la fin. Il a su être cet homme dont elle a besoin. Éperdument besoin, elle qui n’avait jamais donné véritablement son cœur, il a su s’en emparer.

Mais tu as l’impression qu’il est en train de se déchirer,
ce cœur si fragile, déjà ébréché,
qui commence à douloureusement s’émietter.

Elle lui a offert littéralement son cœur parce que, pour la première fois de son existence, elle a senti que quelqu’un pourrait en prendre soin. Que quelqu’un pourrait panser ses plaies, celles qu’elle lui a confiées, à lui, seulement à lui. Lui, qui sait tout ce qu’elle a subi. Lui, qui sait tout ce qu’elle s’inflige. Il la connaît, Nikolaï, il la connaît vraiment. Pas celle que voient les autres, la femme douce, prévenante, qui protège ceux qu’elle aime éperdument. Il a vu l’âme en peine, vulnérable, en proie à ses démons. Constamment, tout le temps. Il a vu la fragilité derrière la force, la souffrance derrière la tendresse. Il a sondé, littéralement, son âme de ses grands yeux océans et de son cœur si grand. Alors, oui, elle pensait que ce serait différent. Elle espérait que, enfin, ce serait différent. Pour toutes ces raisons qu’elle n’a jamais regretté, tout le mal qu’elle a fait. – Je ne pourrais jamais regretter d’être avec toi. lui répond-elle dans un murmure, ce qu’il devrait déjà savoir. Ce qu’elle lui a tant de fois fait entrevoir. Mais tout l’amour du monde ne suffit pas. Toutes les tentatives pour se rassurer l’un l’autre pas davantage. Car si elle essaie fébrilement de le faire, c’est lui bientôt qui s’y risque en voulant lui ouvrir les yeux sur leur passé. Lui rappeler qu’elle n’avait pas à subir tout ce que Luke lui a infligé. Tout ce que ton père t’a infligé. Elle se sent de plus en plus mal, Isa, et peu à peu elle redoute l’issue fatale. Le visage qu’elle détourne, quand il lui assure, qu’elle l’est pas la cause de tous les malheurs. Comme si c’était précisément ce qu’elle pensait, comme s’il venait sans le savoir de poser le doigt sur la douleur, en ce moment même et toujours dans son cœur.

Tu te fais du mal,

tu te fais du mal depuis toujours,
mais t’en fais pour la première fois à votre amour,
à ton amour,

à Nikolaï.

Ne lui vient aucune réponse à ses paroles. Comme si elle sentait que c’était déjà trop tard, trop tard pour le rattraper. Qu’il lui a déjà échappé. C’est le cas, elle s’en rend compte, Isa, quand elle l’entend lui avouer qu’il en a assez. C’est l’émotion qui vient à la submerger. Lui couper toute possibilité de parler, comme si elle venait de se faire renverser. Tout ce qui est en train de se passer, c’est en train de lentement la tuer. Il en a assez… assez de la situation, assez de leur relation. Assez de leur amour, assez d’elle. Assez d’elle. C’est comme si elle vivait la scène de l’extérieur, Isa. Comme s’il y avait une partie d’elle qui était là, en train de souffrir le martyr à l’idée de le perdre. Et l’autre, un peu plus loin, qui se souvient comment tout a commencé. Comment cette dispute a commencé. Si elle n’avait pas pris cet appel… rien ne serait arrivé. Ou peut-être que l’échéance arrivait, peut-être que cela aurait été un autre soir, une autre raison, une autre incompréhension. Mais la même issue. Celle qu’il laisse sous-entendre, brutalement. Ou peut-être qu’il ne le fait pas si brutalement, peut-être que peu importe la manière dont il l’aurait dit, elle l’aurait vécu comme un ouragan. Dévastée, elle le contemple, les yeux brillants. Alors qu’elle se demande comment ils auraient pu en arriver à une telle situation… alors qu’il s’aiment, bon sang, ils s’aiment éperdument. Comment il peut lui dire qu’il ne peut plus continuer comme ça, alors qu’il y a quelques minutes à peine, il lui affirmait qu’elle était toujours trop loin de lui. Alors qu’elle lui disait, elle, combien elle ne peut pas se passer de lui.

Tu n’arrives pas à y croire,

Comme si c’était impossible,
que votre couple se brise.

Mais c’est bien en train de se passer. C’est bien ce qu’il est en train de lui énoncer. Isa, elle reste sans voix, une ou deux secondes seulement. Mais de celles qui paraissent durer beaucoup plus longtemps. De celles où tout pourrait se jouer. Mais que c’est toujours le pire qui finit par gagner. – Je… je vais aller chez Peyton. Elle n’attend pas sa réponse. Parce qu’elle craquera, si elle attend. Elle coulera, si elle l’entend. Elle se détourne pour quitter la chambre, pour prendre la direction de son dressing. Et elle ne sait pas si c’est en réalisant qu’elle était tranquillement prête à se coucher il y a quelques minutes seulement, sans se douter un instant que tout allait brusquement s’arrêter. Ou c’est peut-être en voyant le dressing qu’il a construit entièrement, juste pour elle. Juste pour qu’elle se sente chez elle. Mais les larmes commencent à couler, dès lors qu’elle se retrouve seule dans cette pièce la porte bien fermée. Elle pleure, sans un bruit, de se dire que… c’est fini. Isabella et Nikolaï, c’est fini. Ses paupières qui se ferment, elle prend une profonde inspiration au bout de quelques minutes. Besoin de reprendre son souffle, à défaut de récupérer son cœur en miettes. Elle essuie les perles salées sur son visage mouillé avant de s’habiller rapidement, optant pour les premiers vêtements à sa portée pour quitter la maison au plus vite. Elle ne veut pas rester ici une seconde de plus, elle veut juste… elle veut juste partir.