Start again. {ft Alejandro}

Une vie sociale n’était pas la passion de tout le monde, certaines personnes vivaient très bien de façon solitaire, certaines n’avaient pas le choix et d’autres se donnaient un genre. La solitude n’allait pas à tout le monde, il fallait prendre conscience qu’être seul était un mode de vie. Avoir la tranquillité, pouvoir mener sa vie en totale indépendance, ne dépendre de rien, ni de personne était les principaux avantages de la solitude.

Mais les inconvénients étaient qu’en cas de soucis, il n’y avait personne pour vous donner un coup de main, personne pour vous attendre le soir ou pour prendre de vos nouvelles quand vous étiez malade. Puis finir par crever dans l’indifférence générale, les plus solitaires crevaient seuls et pouvaient rester des jours, des mois sans qu’on ne découvre leurs cadavres.

Un état de putréfaction qu’il ne voulait pas atteindre, pourtant c’était un solitaire, mais son homme était présent. Son roc est sa force, la seule personne dont il avait besoin finalement. Mais c’était son trésor, sa perle qu’il ne partageait à personne. Une attention vite détournée sur les autres, sur le nouveau venu. Peu d’informations sur ce dernier, juste le nécessaire. La vie des autres ne l’intéressait pas, n’avait pas d’importance.


La conversation qui dériva sur lui, un sourire qui apparut sur les traits du visage d’Alejandro. Oh crois-moi quand tu sors de taule, tu as le temps de faire pas mal de conneries. Une affirmation soutenue par une personne autour de la table, racontant son gosse conçu après sa sortie à cause justement de cette sortie fêtée un peu trop joyeusement avec beaucoup trop d’alcool.

L’un d’eux affirma même que Joe avait peut-être un gosse sans le savoir. Au moins Alejandro n’avait jamais eu à craindre ça, le même homme depuis toujours, des retrouvailles fêtées toujours dans les mêmes draps et aucun risque de voir un marmot pointer son nez au bout de neuf mois. Avantage ou inconvénient selon le point de vue, inconvénient certainement pour son fiancé, avantage pour lui.

Pourtant il s’était surpris à considérer Ella comme sa fille, malgré son absence totale d’amour pour les mioches. Une surprise, un amour profond et pourtant aucune envie de l’exprimer ici. Préférant plonger ses lèvres dans son verre, boire le délicieux breuvage contenu dans le verre cachant son sourire amusé dans ce dernier. Il devait bien admettre que le nouveau avait une bonne répartie, quelques points de caractère commun avec lui.


Mais ses collègues n’étaient pas des lapins pris dans des phares, la grosse majorité était des hommes transformés en bête après la prison. Des hommes et des femmes qui savaient reconnaître l’hypocrisie de la vie et des gens. Mais la situation restait calme pour le moment, un simple juron traversa la tablée avant qu’une autre se lance dans une histoire à dormir debout.

Regardant sa nouvelle recrue, Alejandro prit la parole après une gorgée de son verre. Ils ne sont pas dupes tu sais ? La plupart sont pires que toi et on peut être connus une vie bien pire. L’ironie ils connaissent, si tu tiens à ta gueule ne pousse pas trop. Les bagarres entre eux ? Alejandro s’en foutait tant qu’elle n’avait pas lieu sur leurs lieux de travail et que le boulot était fait, la vie de ses salariées ne le regardait pas.

@JOE BECKFORD

Être curieux sur la vie privée de ses salariés n’était pas son genre, parce qu’il s’en moquait totalement, mais aussi parce qu’il ne voulait pas dévoiler la sienne. Personne en dehors de son meilleur ami et associé ne connaissait sa vie intime au sein du garage, les salarié.es avaient découvert l’existence de sa sœur lorsque cette dernière était venue bosser au garage, avant ils n’en n’avaient jamais entendus parler et ne savait même pas son prénom.

D’ailleurs certains ignoraient encore qu’elle était sa sœur, Alejandro ne le disant pas et les employé.es ne s’appelant pas forcément par leur nom de famille. Mais on ne touchait pas à la gamine, la règle avait été fixé dès le départ et respecter par tous. Alejandro n’était pas violent, mais il pouvait clairement le devenir si l’on touchait aux rares personnes qu’il aimait.

Mais là n’était pas le sujet, les personnes autour de la table lui offrant un spectacle plus amusant en suggérant que le nouveau avait un ou une môme quelque part. Ce qui n’avait pas l’air de le ravir, un point de vue que partageait Alejandro également peu friand des gosses dont heureusement son homosexualité le protégeait. Parce que sauf miracle, son homme ne pouvait pas tomber enceinte.


Alejandro ne suivait pas vraiment la conversation, mais il se permit de faire une suggestion au nouveau dont la réponse le fit sourire. Tant mieux. Un éclat de rire franchit la barrière de ses lèvres à la remarque de son interlocuteur sur le fait de perdre son boulot. Je ne vire pas pour ça. Fais ton taff parfaitement, apporte pas d’emmerdes au garage et tu le garderas.

Son éclat de rire ayant attiré la curiosité des autres, il s’expliqua brièvement. Je m’en branle que vous vous tapiez sur la gueule chaque jour tant que vous faites le boulot ensuite. Idem vous pouvez boire, fumer ou consommer ou faire partie d’un gang je m’en moque, mais pas de ça dans mon garage. Je ne veux pas ces crevards de flics chez moi. Clairement savoir qu’un membre de son personnel faisait partie d’un gang ou consommait des substances illicites lui importaient peu.

Tant qu’il ne planquait pas sa came au garage ou qu’il ne faisait pas venir les autres membres devant. Le garage était une zone neutre et s’il fallait se faire comprendre par la violence, il n’allait absolument pas hésiter. Donc Joe n’allait pas perdre son job pour ça, mais si la cavalerie arrivait à cause de lui, oui.

Ne rajoutant rien de plus, il laissa son personnel prendre la parole après ses propos expliquant les rares règles du garage avec plus de mots. Iels avaient compris les règles et les respectaient, malgré que les mama du groupe n’approuvent pas la conduite de certain.es. Comme le prouvaient les tapes derrière la tête que recevait certain.es ce soir. Les relations entre eux variaient, certains groupes se formaient naturellement.

A voir où allait se placer Joe, s’il se plaçait dans un groupe. L’homme avait un côté loup solitaire alors peut-être qu’il allait adopter le même comportement qu’Al, à savoir faire son boulot puis partir. Rejoindre son homme dans son cas et faire sa petite vie, peut-être que Joe avait quelqu’un qui l’attendait également chaque soir.

@JOE BECKFORD

Les bagarres, la perte de contrôle que ce soit de soi-même ou de la situation n’étaient pas le genre d’évènement qui lui arrivait. Certes comme n’importe qui, il ressentait de la colère et comme n’importe qui ses poings avaient rencontré la mâchoire d’autres personnes. La prison étant un immense ring où seuls les plus forts s’en sortaient.

Servir de pute ou de souffre-douleur n’avait jamais été son but, deux situations qu’il avait réussi à éviter en montrant les muscles, en inspirant la crainte et le respect au sein de la prison. Le solitaire qui ne sortait quasiment jamais de sa cellule, celui qui observait les autres sans réagir aux choses qui ne le regardait pas. Pas le profil du bon samaritain qui aidait ses codétenus les plus faibles, c’était la loi de la jungle ou plutôt la loi de la vie en prison.

Les plus forts régnaient et les faibles subissaient, la vieille rengaine du lion qui dévorait la frêle gazelle. Un monde violent qu’il ne refusait pas au sein de son garage tant que le boulot était fait, parce qu’il n’était pas crédule. Les personnes bossant pour lui n’étaient pas des enfants de chœur, félins aux dents longues qui croquaient les frêles brebis sans la moindre hésitation.

L’étonnement de Joe le ramena au moment présent, à quoi s’attendait-il ? La réponse se trouvait sur son visage, un air surpris ornant ses traits. Je ne suis pas ton conseiller de probation, ni l’un de ses crevards de flics. Tu fais le boulot parfaitement c’est tout ce que je demande, ce que tu fais avant ou après ne me regardes pas et d’ailleurs je m’en branle.

Une forte envie de fumer une cigarette le titillait, mais il préféra résister pour entendre les propos des autres. D’ailleurs l’un des gars n’hésita pas à affirmer son appartenance à l’un des gangs du coin, poussant une autre à affirmer également le sien qui bien entendu était l’ennemi de l’autre faisant rapidement monter le ton. Ce qu’ignora superbement Al qui se concentra sur le nouveau.

Les deux-là sont rivaux hors de mon garage, ils ne viennent pas faire leurs affaires près de mon domaine, ils ne recrutent pas au sein du garage pendant le boulot, c’est tout ce que je demande. Et le garage ou les environs du garage ne sont pas le QG de ton gang si tu fais partie d’un gang, je ne suis pas non plus baby-sitters. Et clairement la présence de nombreux membres de gang près de chez lui attirerait trop l’attention.


Pour vivre heureux, vivions cacher comme dirait le dicton. Un principe qu’Alejandro appliquait dans sa vie perso et pro évitant pas mal d’emmerdes. Aucune envie de retourner derrière les barreaux surtout que vu son casier, ce serait pour de bon cette fois. Et prendre perpet serait insupportable pour lui, son couple et sa liberté étaient des choses précieuses. Respecte les rares règes et tout se passera bien, évite la taule aussi parce que je ne te promettrais pas une place à ton retour. Ta place serait sûrement reprise et je ne vais pas virer la personne pour tes beaux yeux.

Les places au sein de garages étaient chères, trouver un boulot en sortant de prison était quasi impossible donc quand les gens avaient appris que le garage recrutait sans ouvrir les dossiers judiciaires, les candidatures avaient été nombreuses. Et elles étaient encore nombreuses, plusieurs par jour pour être exact, la joie de vivre dans un pays hypocrite et puritain.

@JOE BECKFORD

Parler de ses peines de prison n’était pas l’une de ses passions, pas par honte, mais par manque d’intérêt. Ce n’était pas un événement glorieux, pas le genre de discussion que l’on pouvait avoir au cours d’un verre puis les gens s’en moquaient complètement de son parcours criminel. Cela n’apportait rien à la conversation e les choses ne pouvaient pas être modifiées.

Le casier judiciaire de ses employées ne l’intéressait pas, sauf s’il s’agissait de violeurs ou de pédophiles. S’attaquer à des enfants était un acte immonde même pour lui, pourtant l’horreur ne lui faisait pas peur et son seuil de tolérance vis-à-vis des actes criminels était plus haut que la moyenne.

Le crime, les braquages et tous autres délits n’avaient aucune importance, tuée quelqu’un ne le choquait pas, chacun devait mourir un jour ou l’autre après tout. Mais les viols ou la pédophilie sur des gosses lui retournaient l’estomac. Pourtant il ne portait aucune affection aux mioches, ces derniers ne servaient à rien, mais aucun gosse ne méritait de subir ce genre de chose.

Son avis lui était propre et il ne le partageait pas avec ses employées. Parlant très peu avec eux, pourtant les questions le concernant devaient être nombreuses. Sa sœur en faisait peut-être les frais quoiqu’elle ait son caractère et iels se faisaient certainement remballer facilement. La curiosité était humaine et vouloir en savoir toujours plus sur son patron était presque naturel.

Mais il cultivait le secret sur sa vie privée ou sur ses pensées ce qui l’avait poussé à créer des règles de vie très simple ce qui surprit le nouveau. Encore une fois, je ne suis pas l’un de ses chiens ou ton conseiller de probation. C’est quoi son nom au tien ? Il viendra certainement au garage. Ces derniers voulaient faire croire qu’iel aidait les ex-taulards, ce n’était que des conneries. Des vraies fouines qui ne respectaient pas la notion de vie privée voire détruisaient toutes les chances de l’ancien taulard si sa tête du détenu ne leur revenait pas.

Ce qui n’était pas une surprise vu qu’iels travaillent pour la justice, une justice corrompue par le fric la plupart du temps. La conversation dévia sur la difficulté de trouver du travail après la prison, une difficulté qu’avait bien connue Alejandro. Les gens sont cons et quand tu mens, ça peut être ton agent de probation qui te balance. Mais les places sont chères effectivement surtout dans ce quartier de la ville.

Le Queens n’était pas connu pour être un quartier riche avec une multitude d’offres d’emploi, c’était même le contraire. Bien entendu, il y avait également des gens aisés, mais la grosse majorité des habitants avaient des soucis de frics et aucune couverture santé. Le garage en offrait une à tous les salariés, un gros avantage pour certains comme Miranda et ses cinq mioches tous de père différent.

Ce qu’Alejandro ne comprenait pas, enfin il ne comprenait déjà pas l’intérêt de faire des enfants. Perdu dans ses réflexions, il n’écouta pas la conversation à table, mais releva sa tête en entendant son prénom. Je n’écoutais pas, vous avez dit quoi comme horreur sur mon compte ? Le ton était taquin, ce n’était pas comme s’il en avait quelque chose à faire après tout.

@JOE BECKFORD Désolé. Ce n'est pas top comme réponse.