do you remember ? - peyton

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{ do you remember ? }
crédit/ tumblr ☾ w/@peyton cooper

Elle n’en pouvait plus. Encore. Elle n’en pouvait plus. De cette distance. Pourtant cela ne faisait pas bien longtemps qu’elle l’avait retrouvée, Arya, qu’elle l’avait retrouvée, et lui avait fait comprendre à quel point son absence lui avait fait mal. Mais là, encore, comme une drogue, comme un besoin, elle voulait ses bras, elle voulait s’y blottir. Parce qu’elle avait besoin de parler, parce qu’elle avait besoin de pleurer. Sa patronne toujours aussi folle, l’impression d’être un simple objet. Et si dans le passé c’était par l’indifférence qu’elle tentait de combattre ce genre de démons à qui elle devait se vendre pour survivre, aujourd’hui, elle n’en pouvait tout simplement plus de faire semblant. Pleurer dans les bras d’une amie. Écouter ses conseils, sentir son amour et sa chaleur, c’était tout ce dont elle avait besoin. Sentir sa chaleur et lui expliquer. Sentir son étreinte et lui parler d’evie. Et lui parler de Lilith, même. Et lui parler de tout. De tout ce qui avait un poids sur son coeur. De tout ce qui lui faisait mal. Pour être enfin bien. Parce que dans les bras d’Arya, elle se savait bien. Heureuse. Au sein d’un véritable amour. Arya, c’était celle qui l’avait sauvée, après tout.
Et elle avait encore besoin d’être sauvée. De son coeur qui pleurait silencieusement.
t’avais qu’une seule envie, la retrouver. Tu ne savais pas exactement dans quelle partie de l’hôpital elle était, mais tu la voulais. et alors qu’elle passait près d’une chambre ouverte, il y eu comme un vide dans son coeur, et un trou dans le temps. Comme si tout s’arrêtait, un visage qui lui était familier revenait en sa mémoire, une femme qui l’avait nourrie alors qu’elle mourait de faim. Une femme qui l’avait aidée, et qui avait l’air d’une patiente. t’aurais pu passer ton chemin. Tu voulais voir Arya après tout. Mais cette femme, elle t’avait sauvée, elle aussi. Elle t’avait nourrie, quand tu mendiais. Elle t’avait souri, quand tu cherchais du réconfort. Et aujourd’hui, elle se trouvait dans une chambre, peut-être mal en point. Et cela te fit si mal que tu ne pus t’en empêcher. Tu passas la porte, doucement. elle ne savait pas si elle en avait le droit, Venus. Elle ne savait même pas si la malade se souvenait d’elle. Elle n’était rien, après tout. Juste une sans abris qu’elle avait aidée. Pourquoi s’en souviendrait-elle ? Pourquoi aurait-elle pris la peine de se souvenir de son visage ?
Alors ce fut avec hésitation et lenteur qu’elle laissa son corps entrer dans la pièce, le regard de la belle braqué sur elle. Elle souffla un je peux ? avant de s’approcher, le regard qui se faisait triste en trouvant le visage d’une si belle femme coincé dans cet hôpital. je... ne sais pas si vous vous souvenez de moi... mais... je... je passais et je n’ai pas pu m’empêcher de... de venir vous voir. elle était assez proche pour la toucher, sans oser le faire. Elle la regardait, l’impression de la déranger qui n’arrêtait pas d’affluer dans son esprit. vous... vous m’avez sauvée... il y a un an. Vous m’avez sauvée, et... je sais que je vous ai déjà remerciée, mais je ne pourrais jamais vous remercier assez. Alors... merci encore. elle s’inclina, ses cheveux tombant par dessus son visage, avant de demander est-ce que je peux vous demander... pourquoi vous êtes ici ? elle espérait que ce n’était rien de grave. Elle espérait aussi pouvoir l’aider. Voulait à tout prix la voir sourire. Encore. Comme dans ses souvenirs.
Parce qu’elle était si belle, avec ce sourire.

clipped wings, i was a broken thing, had a voice, had a voice but i could not sing. -- @venus dawson

La fatigue lancinante qui lui donnerait presque envie de se laisser abattre. Cet endroit de malheur, dans lequel elle est obligée de revenir, encore et encore, qui lui donnerait presque envie de se laisser mourir. Parce qu’à quoi bon vivre, si elle doit vivre comme une morte ? A quoi bon persister, si elle doit renoncer à ce qu’elle est ? Il n’y a rien de pire, pour toi, Peyton, que cette saleté qui vit en toi. Que cette foutu maladie. Ce cœur incapable de fonctionner correctement. Incapable de suivre le rythme effréné qu’est sa vie. Rien de plus douloureux pour un oiseau libre, combattant les chaines, que de se retrouver limiter par son corps. Par son cœur. Les dernières années de sa vie, balayées du revers de la main par la maladie. Dans l’incapacité de voyager, désormais. L’incapacité de continuer cette vie de nomade qui lui correspondait tant. Parce que t’as eu besoin de t’émanciper, pour te trouver, après la mort de ton frère. Parce que t’as eu besoin de partir, pour oublier combien tu souffrais, Peyton. Et cette voyageuse, cette vadrouilleuse, incapable de se poser, est devenue la femme qu’elle est. Que reste-t-il, si on lui enlève son essence ?
Question fatale. Question à laquelle il est de plus en plus difficile de répondre. Et l’hôpital. Toujours cet hôpital qu’elle déteste tant. Cet endroit qui lui rappelle constamment la mort. Mort de sa mère. Mort de son frère. Cet endroit qui lui rappelle perpétuellement qu’elle sera peut-être bien la prochaine. Coincée dans cette chambre, dans l’attente de résultats. Coincée dans cette chambre, le souffle saccadé. Forcée de constater qu’elle fatigue, chaque fois qu’elle doit se rendre à l’hôpital. Forcée de constater que ta maladie ne s’arrange pas, Peyton. Que t’es condamnée. Eternellement condamnée. Elle n’a pourtant pas d’autre choix, pour préserver un minimum les apparences. Pour ne pas être accusée de se laisser mourir. Pour ne pas trop alarmer sa sœur et les médecins.
L’attente semble interminable. Elle angoisserait presque, de se trouver bloquée ici. Comme attachait à ce lit, à cette chambre, à cet endroit. Et alors qu’elle attend, assise sur ce lit, un visage passe le pas de la porte. Pas une infirmière. Pas un médecin. Mais bien un visage familier, doux visage, comme une petite étoile scintillante dans cet endroit morose. Un visage qu’elle reconnait et qui semble, par surprise, la reconnaître aussi. - Bonjour. Oui, je… Je me souviens de vous… Comment l’oublier, cette petite sans abri du coin de la rue. Cette jeune femme, presque du même âge qu’elle. Cette jeune femme qui aurait pu être elle, si elle n’avait pas eu la chance d’avoir une grande sœur comme Isabella. - Vous n’avez pas à me remercier… Ce n’était pas grand-chose, mais… Je suis heureuse d’avoir pu vous aider… Et tu vois bien qu’elle a l’air différente, aujourd’hui, Peyton. Tu vois qu’elle n’est plus dans ce même état, celui dans lequel tu l’as rencontrée, dans la rue. T’espères qu’elle va bien, qu’elle va mieux, qu’elle a pu avancer. Puis sa question se fait entendre. Question délicate. Question difficile. - J’attends des résultats. Rien de grave. Faible sourire, parce qu’elle se plait à le croire. Parce que c’est plus facile à dire. Plus facile à dire que son cœur ne sait pas fonctionner. Surtout pas face à une si jolie inconnue.

(c) calaveras.

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C’était presque un miracle. Qu’elle se souvienne d’elle. C’était presque un miracle. Parce qu’elle n’était rien, Venus. Elle n’était personne, ni à l’instant ni avant. Elle n’était qu’une sans abris, elle n’était qu’une ancienne sans abris, sans aucune importance. Elle n’était rien, et cette magnifique jeune femme qui l’avait sauvée se souvenait d’elle, c’était un miracle. c’est vrai ? Je... pourtant je n’étais... rien. Mais ça me fait plaisir, merci... merci beaucoup. et dans la suite, elle se mit à la remercier de l’avoir sauvée, parce que sans elle, elle serait sûrement morte de faim. Elle eut un petit sourire lorsque la belle lui répondit que ce n’était rien. elle ne pouvait pas comprendre, si elle n’était pas sans abris. Elle ne pouvait pas comprendre, et pourtant elle l’avait aidée. Cette femme avait un coeur en or, et tu n’entrevoyais que la surface. ce n’est pas grave si vous pensez ainsi... pour vous, ce n’était peut être rien, mais... vous m’avez sauvée la vie. Sans vous, je serais sûrement morte. Alors... ce n’est pas rien, c’est même beaucoup. elle s’approcha alors d’elle, tout en voulant la toucher. Comme pour la remercier. La toucher, comme pour lui apporter du soutien lors de sa question suivante. et tu le voyais bien sur son visage, qu’elle n’était pas bien. Tu le voyais bien. Qu’elle était angoissée. Tu le voyais, et tu ne pouvais juste pas résister. Ton instinct te criait de lui venir en aide, ton instinct traduisait l’expression de son visage. vous savez... elle s’approcha encore, venant se mettre juste à côté d’elle, osant finalement lui prendre les mains. je peux rester avec vous... pour vous rassurer... et elle la regarda droit dans les yeux. comment pouvais tu résister ? Elle avait peut être l’air bien, mais tu sentais son angoisse, sa peine. Comment pouvais tu résister ? Tu ne pouvais pas. Tout simplement. Parce que tu étais capable de cette empathie, parce qu’elle t’avait sauvée et que c’était peut être à toi de la sauver, désormais. Peut être que c’était à toi, de l’aider. De lui faire se sentir bien, de la rassurer, de lui montrer qu’elle n’était pas seule dans une epreuve potentiellement difficile. je suis là... et instinctivement, elle finit par l’enlacer. C’était une proximité pourtant tellement forte pour une inconnue, mais elle ne pouvait tout simplement pas passer à côté. Et dans ses bras, la serrant, comprenant que son coeur avait besoin d’aide, elle lui dit finalement je m’appelle Venus, au fait. comme si elles se rencontraient aujourd’hui. Mais c’était aussi une promesse de se revoir plus tard. Elle lui donnait son nom, en espérant qu’elle la revoit un jour. Pour être à ses côtés. La soutenir, si la réponse des médecins venait à lui faire peur.

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Elle est douce, presque irréelle, certainement bien trop abîmée par la vie qu’elle a été obligée de mener. Sans-abri, si jeune, livrée à la violence des rues, la précarité, le froid. Une vie qui aurait pu être la sienne, si sa grande sœur n’avait pas pris les choses en mains. Si elle ne s’était pas comportée comme une mère. Tu le sais, Peyton, t’as eu de la chance qu’elle soit là, à la mort de ta mère. T’as eu de la chance qu’elle soit là, lorsque ton père a disparu. T’es devenue une jeune femme forte, indépendante, débrouillarde, capable de partir seule faire le tour du monde. Et c’est grâce à elle. Uniquement grâce à elle. Cette jolie inconnue n’a pas eu la même chance, elle n’a pas été sauvée, alors c’est sans aucune hésitation qu’elle s’est précipitée pour lui venir en aide. Pour lui offrir un peu de nourriture. Tu te souviens d’elle, comme elle se souvient de toi. Tu te souviens d’elle, et ses paroles te touchent en plein cœur parce que tu sens sa reconnaissante. Tu sens à quel point tu as pu l’aider. - Vous n’étiez pas rien. Vous n’êtes pas rien. Et je suis heureuse d’avoir pu vous aider, vraiment. Sourire sur les lèvres, les yeux de biches plongés dans les siens, le mot morte résonne dans son esprit. Morte. Ce qu’elle serait sans elle et elle ne peut s’y résoudre, Peyton. Elle donne. Elle donne ce qu’elle peut, parce qu’elle n’a besoin de rien. Ayant pris pour habitude de vivre modestement, au cours de ses différents voyages. Une douceur qu’elle lui a apportée, rendue aujourd’hui par cette brune. Et plus encore. Bien plus encore que ce qu’elle aurait pu imaginer, Peyton. Pas le temps de dire un mot. Pas le temps de comprendre. Elle se retrouve dans les bras de cette inconnue, en quelques secondes seulement. Et t’es surprise, Peyton. Parce que t’es pas habituée à ça. Parce que tu ne la connais pas et qu’elle semble vouloir t’aider. Parce qu’elle semble capter ta détresse, bien plus que tu ne l’imagines. - Heu… Je… Merci… Elle reste sans voix. Elle reste sans voix, sans bouger, plusieurs secondes, avant de finalement relaxer ses muscles, relâcher ses membres. Profitant de la tendresse cette peluche, tendresse qu’elle n’a pas demandée mais qui se présente à elle, comme un ange tombé du ciel. - Moi c’est Peyton. Peut-être qu’on peut se tutoyer. Qu’elle souffle, finalement, faible rire s’échappant d’elle. Parce qu’elle l’a prise dans ses bras. Parce qu’elles ont possiblement le même âge. Parce que cela est bien plus naturel. Autant que cela peut l’être, dans une telle situation. Autant que cela peut l’être, lorsqu’elle se trouve dans cet endroit. L’endroit de tous tes cauchemars, l’endroit qui ne ressort que le désespoir.

(c) calaveras.

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ses mots résonnaient dans sa tête, résonnaient dans son cœur, se répétaient encore... comme si elle venait de dire une bêtise, un mensonge, une vérité qui n'était qu’erronée selon elle. parce que venus avait été rien. elle n'avait pas rien été, mais elle avait été ce rien qui se glissait dans les conversations de ceux qui étaient au dessus. elle avait été ce rien, d'une classe sociale qui valait bien mieux qu'elle, et c'était bien trop compliqué de contredire ce qu'elle avait si souvent entendu. comme si le simple fait de l'avoir réentendu, encore et encore, avait transformé cet affreux mensonge en vérité. on lui avait ouvert les yeux... et pourtant.
pourtant, en face de toi, il y avait quelqu'un qui ne t'avait jamais vue ainsi, qui t'avait toujours considérée telle que tu étais réellement un être humain. elle n'était pas la seule, arya aussi avait su trouver en toi quelque chose que les autres ne savaient pas voir, une part d'humanité. mais arya, c'était différent. arya, elle était ton amie. elle, cette femme, elle n'était qu'une inconnue avec un cœur aussi gros que possible. c'est gentil... un soupir, doux soupir. un sourire, tendre sourire. merci... qu'elle lança, avant de se précipiter dans ses bras. pas pour calmer le palpitant qui se confortait dans l'idée d'avoir enfin quelqu'un d'autre à qui se confier, mais pour calmer la peine qu'elle savait lire en cette fille. en cette femme. elle le voyait. elle le sentait. dans ses yeux, sur son visage, son expression, sa voix. elle n'était pas là pour une visite de courtoisie, l'hôpital lui faisait peur. l'hôpital, ou le médecin. ou ce qui pouvait potentiellement lui être annoncé.
on aurait pu croire que la rue t'aurait rendue plus dur, venus. on aurait pu croire que tu te forgerais un caractère, un instinct de survie basé sur la méfiance, pour ne pas te faire avoir, encore. pour ne pas subir, encore. mais si tu avais fait des choses que tu regrettais pour t'en sortir, comme vendre cette virginité qui faisait partie de toi, tu avais eu de la chance d'avoir ta soeur. celle qui t'avait protégée du mieux qu'elle avait pu. celle qui t'avait laissée sa miche de pain, quand tu avais trop faim, celle qui t'avait serrée contre elle, la nuit. celle qui t'avait toujours protégée, qui s'était même donnée pour arriver à te donner une meilleure vie. alors non, tu n'avais pas la dureté attendue. tu étais douce. tu étais comme une éponge, à ressentir, à absorber les sentiments de chacun. tu étais comme une peluche, à rechercher le contact, la chaleur. tu étais empathique. d'une façon si pure... de rien... ça va aller... quelques mots qui lui traversèrent l'esprit, ceux que son aînée répétait lors des nuits les plus froides, lorsqu'elle se collait contre elle, pour tenter de récupérer un peu de sa chaleur.
chaleur qu'elle voulait distribuer, à présent. et contre cette jolie patiente, elle put entendre son prénom. c'est très joli... et oui... je... enfin... si vous voulez... si tu veux. elle avait un peu de mal. après tout, elle avait été dans une position théoriquement inférieure, cela lui faisait un peu bizarre. mais la confortait aussi dans l'idée que peyton était quelqu'un de bien. je vais attendre avec toi... d'accord ? et pas seulement parce que tu m'as sauvée... mais... parce que tu es triste... et que si je peux au moins t'aider à essuyer ces larmes... alors... être avec toi n'aura pas été en vain.
elle était douce, venus.
bien trop.
mais tu le voyais. elle le méritait. elle méritait même plus. tellement plus. cette héroïne d'un autre temps...

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Il y a cette douceur, il y a cette tendresse, tellement magique qu’elle semble presque tombée du ciel. Cette tendresse qu’elle n’aurait pas pu imaginer, lorsqu’elle a découvert cette brune au coin d’une rue. Parce qu’elle se demande comment il est possible d’être si douce avec une vie si dure. Elle en est persuadée, elle ne serait pas la même, aujourd’hui, si Isabella n’avait pas fait tout son possible pour prendre le rôle de parent. Pour l’élever, elle, lorsqu’elle n’était qu’une toute petite fille à la merci du monde. Et malgré ça, comparée à Venus, t’es loin d’être aussi douce, aussi tendre. T’es loin de la guimauve qu’elle semble être, toi qui arbore bien plus facilement l’humour que les émotions, qui n’accroche jamais ton cœur à qui que ce soit, incapable d’imaginer construire quelque chose sur le long terme. Elle se laisse pourtant approchée, l’artiste, peut-être parce qu’elle traverse un moment de faiblesse bien plus grand que ce qu’elle accepte d’admettre, que ce qu’elle veut bien imaginer. Parce que tout ce qui porte atteinte à sa liberté, à son désir de vivre, n’est qu’un coup de poignard. En plein cœur. Dans ce cœur qui ne daigne pas fonctionner. Qui ne fait que lutter pour battre quelques secondes de plus, à chaque instant. Cœur qui se retrouve touché par les paroles, si bienveillantes, de l’inconnue qui la tient dans ses bras. De l’inconnue qui t’enveloppe d’amour, comme si elle cherchait à oublier ce qui t’attends, cette inévitable fatalité qui ne fera que te déchirer. Mais t’as pas envie de lui infliger ça. T’as pas envie d’infliger ce triste spectacle à qui que ce soit. La cruelle vérité te poussant à admettre que ta vie n’est plus celle qu’elle a été, celle que tu as connue. - Oh… C’est vraiment gentil, mais tu n’es pas obligée… Elles ne se connaissent pas, toutes les deux, il n’y a aucune raison pour qu’elle reste. Aucune raison pour qu’elle affronte des problèmes qui ne la concerne pas, elle qui semble se trouver en parfaite santé. - Je vais bien. Et tu sais, j’ai l’habitude. Qu’elle dévoile, sans vraiment s’en rendre compte. Révélant que ce qui l’amène ici est tout sauf un problème passager. Tout sauf quelque chose qui peut se régler, qui peut s’effacer. T’aimerais, pourtant. T’aimerais pouvoir faire disparaître cette détresse, Peyton. Mais c’est impossible, tu le sais, bien que tu sois incapable de te faire une raison.

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Être douce, gentille... ce n’était pas une obligation, jamais. Pas dans son cas, en tout cas. Pas dans le cas d’une ancienne sans abris qui avait dû faire face aux pires calomnies. Qui avait dû saccager son corps des membres les plus abjects des plus pervers des passants, pour un peu d’argent. Qui avait dû se contenter du pain rassis retrouvé dans les poubelles pour ne pas mourir de faim. Qui avait dû se blottir contre sa sœur et les bennes à ordures pour un peu plus de chaleur. Qui avait dû voir toute sa vie partir en fumée le jour où elles avaient, sa sœur et elle, perdu leur foyer, leur monde. on aurait pu accepter la dureté de ton caractère, si tu en étais capable. mais elle ne pouvait pas. Elle ne pouvait pas et l’empathie faisait partie d’elle. Alors elle restait. Elle restait auprès de Peyton qui semblait au plus mal. Elle restait auprès de Peyton, non pour une dette impayée, mais par simple bonté. on est jamais obligée. Mais ce n’est pas une raison pour te laisser. et elle la gardait dans ses bras. Elle outrepassait très clairement chaque limite potentiellement imposée. Elle outrepassait clairement chaque droit dont elle disposait. mais son air triste était comme une souffrance de trop, pour toi. Parce que tu sentais qu’elle avait peur malgré ce qu’elle te disait. Parce que tu sentais qu’elle pourrait flancher, à l’annonce des résultats. Parce que tu ne voulais pas qu’elle soit seule dans un moment comme celui-ci. Et que tu ne voyais personne venant l’accompagner. Tu étais la seule personne qui pouvait l’aider. La seule personne qui pouvait être avec elle, en cet instant précis. Et qu’elle t’ait sauvée n’y était pour rien. Même si cela te confortait dans l’idée qu’elle ne méritait pas cette attente interminable, ni cette présence abominable en ces lieux de malheurs. pourtant, elles ne se connaissaient pas. Peyton l’avait sauvée une fois, lui avait permis de vivre au moins un jour de plus. Mais elle n’était jamais revenue, parce qu’elles étaient étrangères l’une à l’autre. Parce que même si le coeur de cette femme avait voulu l’aider encore de nombreuses fois tu étais sure que c’était le cas, car elle semblait l’avoir sur la main, son coeur, elle ne l’avait jamais retrouvée. Ni ne l’avait cherchée. peut être que si, en fait... peut être qu’elle t’avait cherchée, mais tu en doutais. Elle était bonne, mais de là à chercher une sans abris dans la ville ? Tu ne savais pas, tu supposais. Et cela t’allait très bien, elle t’avait tout de même sauvée. elles étaient étrangères. Venus n’avait pas à faire ça. Venus pouvait bien repartir à la recherche d’arya, et la demoiselle ne pourrait le lui reprocher. Mais dans ses yeux, elle voyait la peur, Venus. Dans ses yeux, elle voyait la peur. Il n’en fallait pas plus. Elle restait.
Elle restait, et les mots suivants de Peyton vinrent lui crever le coeur. parce que tu te rendais compte que ce n’était pas la première fois qu’elle venait ici. Parce que tu te rendais compte qu’elle avait sûrement un problème bien plus grave que tu ne l’avais envisagé. Et cela te brisait le coeur. De la voir ainsi. Comme résolue à affronter une vérité dont elle ne pouvait pas s’échapper. Sauf qu’il était hors de question qu’elle l’affronte seule, cette vérité. raison de plus pour que je reste ! Désolée, c’est non négociable. elle sourit avant de prendre sa main et de la serrer dans la sienne, alors qu’elle sentait combien Peyton semblait mal. Comme si elle abandonnait. Tout. Son espoir. Ses rêves.
Et c’était à elle de lui redonner espoir. comme elle avait fait pour toi.
C’était à elle. Et elle le ferait. Une promesse faite à elle-même. Une promesse silencieuse faite à Peyton.

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Des petites étoiles, des grains de sables, des pupilles perdues, des voyageurs ou des âmes en peine, une foule de personnes croisées au cours d’une vie encore si courte. Une multitude de carcasses rencontrées et abandonnées, au détour d’une ruelle, sur le quai d’une gare ou sur le sable bordant la mer. Des rencontres et des au revoir, elle n’en a que trop connus, Peyton. Enormément, tout au long de ses aventures, tout au long de cette vie un peu trop folle. Et la vérité, triste, c’est que peu de ces visages ont réellement marqué son esprit. Peu, trop peu. Mais Venus, elle, elle est encore gravée. Peut-être à cause de sa situation beaucoup trop douloureuse, peut-être à cause de sa détresse, peut-être à cause de son grand regard triste. Son visage ne s’est pas effacé, et le revoir aujourd’hui la ramène des mois auparavant. Tu te revois, toi, tout fraîchement de retour à New-York après des années d’absence, et elle. Elle, ce crève-cœur. Cette fille qui n’avait rien, cette fille dont le regard poignant s’est jeté sur toi, comme pour te demander cette aide d’un jour. Ce souvenir de toujours. Et les rôles sont inversés, aujourd’hui. Volontairement ou non, elle rend cette aide, elle tend la main à son tour, promulgue une chaleur inégalable dans cet endroit plus froid que la glace. Un ange, dans cet endroit de malheur. - Je vois. Doux rire qui s’échappe de ses lèvres, le premier depuis qu’elle est arrivée ici. Le premier depuis de longues minutes déjà. - Tu es très têtue. Qu’elle reprend, malicieusement, sa main installée confortablement dans la sienne, et la peur qu’elle parviendrait presque à chasser. Le désespoir qu’elle parviendrait presque à chasser. Grâce à cette fille, grâce à Venus. Parce qu’elle est concentrée sur elle, désormais. Concentrée sur l’image qu’elle se faisait d’elle et celle dont elle dispose aujourd’hui. T’as envie d’en savoir plus sur elle, Peyton. Envie de savoir ce qu’elle est devenue. Envie de savoir si elle s’est sortie de cette vie sombre dans laquelle elle était. Elle semble différente mais toujours animée par cette même vulnérabilité. - Je… Dis-moi… Est-ce que tu vas mieux… ? Elle n’est peut-être pas la plus adroite, pour lui demander si elle vit toujours dans la rue. Si elle dort toujours dans la rue. Si elle est toujours amenée à quémander pour se nourrir. Et elle espère que non, elle espère que ce n’est plus le cas, parce qu’elle mérite bien mieux que cela.

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crédit/ tumblr ☾ w/@peyton cooper

une lueur… l’espoir. Une lueur… la vie. une lueur… celle qu’elle lui donna, quelques mois auparavant. Celle qu’elle voulait lui rendre, désormais. Venus, elle ne voulait que lui donner la chaleur d’une douce lumière, que lui faire oublier les horreurs qui pouvaient la conduire dans ce lieu de malheur. Venus, elle ne voulait pas voir de regard triste, sur le visage de peyton. Mais un sourire chaleureux, celui qu’elle parvint à faire afficher. absolument. dit-elle, fière. Fière, parce que le sourire était présent. Fière, parce qu’elle n’était peut-être pas qu’une moins que rien. fière, parce qu’elle pouvait rendre la chaleur qu’on lui avait un jour donnée, qu’elle lui avait donnée. Elle. parce que dans un passé qui semblait si proche, c’était elle. elle, et son grand cœur, elle, et sa belle âme, qui était venue à ton secours. Elle, qui avait su voir en tes yeux l’aide que tu ne savais demander. L’aide que tu désirais pourtant. Rien qu’un peu. Et tu n’avais pas eu ce peu, mais bien plus, de la part d’une inconnue, à l’époque. de la part d’une inconnue, encore aujourd’hui.
et pourtant, elle était là. présente. Pour elle. main dans la main. Pour elle. regard chaleureux. Pour elle. inconnue qui l’avait aidée, inconnue dans le besoin, et chaleur à partager.
Elle ne voulait qu’oublier sa mine triste. Elle ne voulait que la confondre avec le bonheur. Chose si difficile, avec cette pièce, cette salle. Chose si difficile mais pas impossible.
Et cette question.
cette question, venus. Cette question, qui aurait sûrement requis un mensonge, pour éviter de saccager les espoirs de peyton. parce qu’elle s’en sortait mieux. Mais que ce n’était pas parfait. oui. rien n’était parfait. Mais le luxe l’indifférait. Elle ne l’avait jamais eu, ne le voulait pas. Ne désirait qu’un toit, qu’elle avait désormais. Qu’un toit, sous lequel elle pouvait s’abriter, quand il n’y avait pas ces besoins pressants et incessants de se réfugier dans les bras de sa tête blonde adorée. oui, je vais mieux, merci. vérité mensongère, parce qu’elle restait objet de convoitise, dans le seul but de parvenir à une campagne gagnée. Parce qu’elle restait la misérable qu’on avait engagée, sans expérience, pour montrer à tous la bonté, pour dévoiler combien la future mairesse pouvait avoir le cœur sur la main, la main près du cœur, et le sourire aux lèvres. je… je ne sais pas comment, mais… j’ai… un travail… ce n’est pas la prostitution hein… je ne suis plus obligée de me donner… mais savait-elle seulement ? une question qui ne te venait pas à l’esprit, celle qui s’interrogeait sur ce que peyton savait de toi. Et la prostitution n’en faisait pas partie. je… je peux enfin aider… je n’ai… je ne sais pas encore tout faire, je n’ai pas d’expérience, mais… mais je peux aider… et j’ai… j’ai assez pour un petit toit… tout ce qu’il me fallait. et, main serrant la sienne, elle la regarda dans les yeux. et c’est grâce à toi… car sans toi, je serais morte… je n’aurais pas pu… travailler. Et revivre. un sourire. merci. un sourire encore plus grand, alors que sa tête se posait doucement contre celle de peyton. j’espère que… je ne te déçois pas, quand même… parce qu’elle n’était qu’au bas de l’échelle…
Parce qu’elle voulait la rendre fière.
Elle, cette sauveuse. Cette belle âme.

clipped wings, i was a broken thing, had a voice, had a voice but i could not sing. -- @venus dawson

Elle est beaucoup trop touchante, cette petite âme abandonnée, méprisée par la vie alors qu’elle ne demandait qu’à exister. Elle est beaucoup trop touchante, cette petite perle à choyer, aujourd’hui capable de subvenir à ses propres besoins, aujourd’hui sortie de la rue. Une nouvelle qui lui réchauffe le cœur, qui l’aide même à penser à autre chose qu’à ce qui l’attend, à autre chose qu’aux problèmes qu’elle cherche à tout prix à fuir. Venus n’est plus à la rue, elle a un travail, un logement et il n’y a rien de plus important, à cet instant précis. Et pourtant, il y a cette révélation qui s’insère dans son esprit, qui agresse ses tympans. La prostitution. L’horreur de la prostitution. Et tu ne peux imaginer ce qu’elle a été obligé d’affronter, Venus, durant toute sa vie, Peyton. Tu ne peux imaginer la douleur qu’elle doit certainement ressentir au fond d’elle. Et tu t’en veux, un peu, de ne pas avoir été capable d’en faire plus. De t’être contentée d’un minimum alors que t’aurais pu réellement lui tendre la main. Mais elle n’était qu’une inconnue, à ses yeux. Elle n’était qu’une inconnue et elle n’a pas pensé un seul instant, qu’elle pouvait vraiment lui venir en aide. Peut-être que son égoïsme a encore frappé. Peut-être qu’elle a détourné le regard, comme elle sait si bien le faire, comme elle l’a toujours fait. C’est ta façon à toi de survivre, Peyton. Ta façon à toi de ne pas t’effondrer. - Oh, Venus, je… Je suis tellement heureuse pour toi, que tu puisses travailler et avoir ton propre logement… Sourire sincère, extrêmement sincère, et elle ne cherche pas davantage à entrer sur le terrain de la prostitution parce qu’elle imagine sans mal combien l’aborder est difficile pour elle. - Et je suis certaine que tu t’en sors très bien. Qu’est-ce que tu fais comme travail ? Elle semble volontaire, déterminée à s’en sortir, et c’est tout ce qui doit faire d’elle une employée parfaite.
Sa main serrant la sienne, elle se laisse bouleverser par les paroles suivantes de sa nouvelle amie. Bouleverser par des paroles qui ne sont pourtant pas totalement vraies. Elle n’a rien fait, pour elle. Elle n’a rien fait de si extraordinaire et elle ne mérite absolument pas toute l’affection et l’admiration que Venus semble lui porter. D’une douce voix, elle reprend la parole. - Ce n’est pas grâce à moi, pas du tout… C’est toi et toi seule, tu es forte et tu as su t’en sortir. Le sourire lumineux qui persiste alors qu’elle la regarde et répète, encore une fois. - Je suis vraiment heureuse pour toi. C’est rare, parce que tu n’es pas du genre à t’attacher, Peyton. Pas du genre à t’accrocher. Les âmes défilent dans ta vie sans que tu n’y prêtes jamais vraiment attention. Mais tu es heureuse pour elle, vraiment.

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