inside out (ada)

il y a les nuits qu'elle pourrait passer dans la douceur de son lit, au creux des bras de morphée. à l'abri d'un endroit calme et protecteur. il y a les nuits durant lesquelles elle s'oublie à travers les néons de couleurs, noyée sous les drogues et les liqueurs. la sagesse qui la fait fuir, quand le danger l'attire. irrémédiablement. elle s'en va courir après les erreurs. celles qui ne lui font jamais peur. le goût du risque, le flirt avec le vide. à la recherche perpétuelle de ce qui la fera vibrer, ce qui lui donnera envie d'exister. cette vie dont elle n'a pas choisi toutes les variables à la naissance, elle fait tout pour la brûler par les deux bouts. elle fait tout pour vivre plus fort, quitte à ce qu'elle dure moins longtemps. elle l'aura saigné pleinement. princesse ratée qui préfère voir le monde en grand. qui espère tomber, dans la folie des grandeurs, aux yeux des gens. les palpitations d'excitation de son coeur comme unique moteur. c'est sous adrénaline qu'elle marche, reboostée par les poudres enchanteresses qui rendent plus dingue ce qui l'entoure. le joint qu'elle consume assise sur le rebord de sa fenêtre. le regard observant le noir environnant et le tintement des étoiles illuminant déjà le ciel. la nuit sera belle, la nuit sera folle. une nuit pour oublier. une nuit pour t'oublier.
ça fait des années que ça dure. des années faites de plaisirs coupables. la route toute tracée et sans obstacle qu'elle dévie. dans l'optique de heurter les trottoirs, de s'abîmer les genoux, parce que cette réussite a une meilleure saveur. les partenaires idéaux, qu'elle s'est trouvé au détour d'un chantier, ont achevé de confirmer combien elle avait choisi d'emprunter l'itinéraire le plus palpitant. celui sur lequel on vibre, ivre de vie.
minuit a résonné depuis un temps quand elle se retrouve devant l'entrée du club. ça pue le fric à l'intérieur autant qu'à l'extérieur. et brandy ne transpire que la suie et la poussière de poudre blanche. t'es pas dupe. tu sais combien les riches ont les mêmes vices que toi. ils le cachent simplement mieux, derrière une tonne de fard. derrière une vitrine hors de prix et insoupçonnable. la démarche assurée, elle ne s'arrête pas. forte tête et emplie de confiance en son potentiel, elle se heurte à un videur. bien éduqué, elle se fait d'abord remballer. reléguée au rang des petites gens. de ceux qui n'arpentent pas les zones vip. sa dégaine fait tâche dans le décor, aux yeux de tout un chacun. sauf qu'elle ne s'avoue pas vaincue, parce qu'elle n'a pas dit son dernier mot la gamine. il semble jeune le type, tout juste arrivé et seulement quelques jours de métier dans les pattes. et elle a l'arme des plus grandes la jeune hartwell. la langue bien pendue et les regards lubriques. les lèvres étirées en un sourire qui laisse place à l'imagination. la machination est enclenchée et la ligne d'arrivée est désormais à sa portée. trois secondes, deux secondes, une seconde... et le voilà conquis. il a capitulé, il a cédé, elle a gagné. les yeux de biche ont à nouveau frappé. parce qu'ils sont rares à savoir y résister. pourtant, loin d'être ton style, toi qui les préfères plus expérimentés, tu te dévoueras pour lui offrir un souvenir. t'es pas très regardante sur la marchandise quand t'as un truc dans la tête. et après un dernier clin d'oeil, la porte laisse filtrer la silhouette aux multiples facettes. pénétrant le monde de débauche parfumé aux senteurs du dernier chanel commercialisé. les sens déjà aux aguets, les poils semi-dressés. la joueuse se sait sur un terrain qu'elle est prête à contrôler. les êtres comme de vulgaires pions qu'elle saura pousser pour servir ses intérêts. les iris vagabondent au gré des sons qui se répercutent contre les murs de l'enceinte. l'endroit est noir de monde. elle pourrait tout aussi bien en connaître les trois quarts, qu'elle ne les remarquerait même pas. le comptoir en ligne de mire, elle réclame un cocktail mêlés des alcools les plus chers. quitte à se fondre dans les lieux huppés, autant en profiter pour consommer. pour se donner l'illusion d'être eux, au moins une fois dans l'année. les pupilles brillent de mille-et-un éclats, à la recherche de ce qui l'accrochera. les crinières blondes se succèdent, sans faire de vague. jusqu'à ce qu'elle ait la sensation de rependre corps dans l'adolescence.
face à elle, le visage de son embarras d'autrefois.
face à elle, toujours la même aura.
face à elle, la sirène qui la mettait dans tous ses états.