First encunter in a world full of untrustworthy people [Sybil]

Dans l’intimité de sa chambre, entre ses draps, elle ouvre son vieil ordinateur portable. Il ronronne comme un vieux chat et sur ses jambes, il souffle sa chaleur. Elle laisse ses yeux se balader sur l’écran et sur la photo qui se trouve en arrière-plan. Sa gorge se serre lentement, une famille soudée, souriante –pour la plupart- … et sans elle. Elle sait que son choix de devenir une autre personne n’a pas plu à son père et à une de ses sœur mais les voir comme ça … Ca fait toujours un choc. Parfois, elle se dit qu’elle n’aurait jamais dû naître ainsi, elle n’aurait pas causé tant de chagrin à sa mère. C’est ce qu’elle s’est dit le fameux jour où … Qu’importe, tout cela n’est qu’un passé noir de désespoir. Un passé vertigineux qui met à mal la jeune blondinette. Ses pensées s’effacent lorsqu’elle ouvre d’un clic de souris le monde virtuel qu’est internet. Elle s’enfonce dans ces 0 et ces 1 jusqu’à faire apparaître son site internet. Un site sans photo mais chacun peut comprendre ce que c’est.

Elle clic sur le panneau d’administrateurs, enlève les messages les plus graveleux, les plus dégueulasses avant de voir que quelqu’un lui a envoyé un message privé. Son regard se fige sur ce petit un qui clignote gaiement tandis que son corps se refroidi à la pensée de ce que cela pourrait être. La femme inspire profondément et ouvre finalement ce message. Message incongru avec ces couleurs, ces smileys. Surprise est le mot juste. Personne, jamais sur ce site n’avait fait un tel message. C’était poétique, écrit avec une plume douce, de haute qualité et probablement un peu pompeux. Emilyana, pour une des rares fois, sourit et lit avec plaisir. Cet homme lui demande de l’accompagner à une soirée mondaine. Il avait entendu parler d’elle par une de ses connaissances et il avait envie de la rencontrer. Artiste incompris de la plupart des gens, il préférait être accompagné de différentes façons et s’amusaient de la tête de ses comparses argentées. Il lui demandait de répondre rapidement à ce message.

Pour une fois, Emilyana n’a pas hésité. Si, elle a hésité sur sa plume. Comment allait-elle répondre à cette verve poétique ? Tout simplement en utilisant la sienne même si elle n’a pas les mêmes formes ou les mêmes couleurs. Elle lève la tête vers le plafond jauni par les années, entoure une mèche de ses cheveux sur un doigt avant de commencer à taper une réponse qu’elle estime assez riche pour prouver qu’elle n’est pas une bête escort-girl et qu’elle a, un minimum de savoir vivre et d’élégance. Il faut croire que l’homme attendait avec impatience sa réponse car quelques minutes plus tard à peine, elle avait de nouveau un message. Ils ont ainsi conversé pendant un moment avant de se mettre d’accord sur un prix, où se retrouver et sur le fait qu’il devait lui fournir la tenue de soirée. Emilyana a éteint son ordinateur avant de s’enfoncer dans les draps pour laisser Morphée envahir son esprit, son âme et son corps.

Quelques jours plus tard, elle sonne à l’interphone d’un immense immeuble dans le quartier huppé du Queens. Fait de verre et d’acier, il semble la regarder de haut, se moquer d’elle. Un petit grésillement et une voix grave lui répond. Elle rentre et monte à l’aide d’un ascenseur au dernier étage de ce bâtiment où l’homme l’attend. Il fait entrer Emilyana à l’intérieur de son immense loft aux couleurs éclectique mais décoré avec goût. L’homme est guilleret, elle a un bon feeling. Ils discutent un peu avant qu’il ne lui propose plusieurs tenues toutes plus somptueuses les unes que les autres. Elle se décide pour une magnifique robe rouge qui laisse dénuder ses frêles épaules. Elle l’emporte à la salle de bain où elle l’admire encore avant de l’enfiler délicatement. L’adage dit que les vêtements rendent beaux les gens, elle se dit que c’est vrai. Elle sourit dans le miroir. Elle se maquille légèrement et lève ses cheveux dans un chignon. Elle enfile ensuite des escarpins à haut talons. Elle tourne sur elle-même, un sourire aux lèvres avant de retourner vers l’homme qui s’était habillé d’un drôle de smoking mais au final, ça va avec le personnage.

Ils arrivent dans une immense demeure où des invités tous plus élégants les uns que les autres se saluent poliment, avec un baisemain pour les femmes. Elle est au bras de cet homme que tous regardent un peu bizarrement. Elle lit sur leurs lèvres les pensées qui les animent et ce dit que ce monde est, définitivement, hypocrite car l’une des personnes qui le critiquait le plus arrive vers lui et le nomme « ami ». Elle est regardée comme une bête de foire, ils savent tous que cet homme est toujours accompagné d’escort-girl à ce genre de soirée. Elle est observée, reluquée, désapprouvé du regard, un sourire narquois sur le visage des femmes. Elle reste avec cet homme pendant un très long moment mais elle s’ennuie. Le seul rayon de soleil c’est l’artiste qui dit ce qu’il pense, qui est dans son monde. Il la quitte pour aller voir quelqu’un et elle lui annonce qu’elle sera dans un coin de la pièce. Elle le laisse partir, attrape une coupe de champagne sur le passage d’un serveur, le gratifie d’un « merci » hésitant. Elle s’installe sur une chaise le long d’un mur, croise les jambes et regarde un monde qu’elle n’a jamais connu et qu’elle ne connaitra jamais parler ensemble, rire ensemble, être hypocrite ensemble. Elle trempe ses lèvres dans un champagne hors de prix et reste silencieuse après tout, n’est-elle pas une potiche pour un artiste ? Car même sympathique, il veut être clinquant aux yeux des autres, elle le sait et quoi de mieux que de l’emmener elle ? Elle pousse un léger soupire.


[HRP : Voici la robe d'Emilyana : hClick ]

can make a heart open Like how a single word can make a heart open.  I might only have one match, but I can make an explosion. And all those things I didn't say, wrecking balls inside my brain, I will scream them loud tonight, can you hear my voice this time.

Les mondanités, encore et toujours. Elle avait l’impression d’avoir passé sa vie dans ce genre de soirées, Sybil. Et si d’ordinaire elle parvenait à être à l’aise, à sourire, à être simplement la fille parfaite que ses parents voulaient qu’elle soit, c’était beaucoup plus difficile aujourd’hui. Parce qu’elle n’était plus cette fille parfaite. Elle n’avait plus de quoi les rendre fière, c’était terminé tout cela. Et même si elle parvenait à faire bonne figure, à chaque fois que les amis de se parents venaient lui parler de ses études de médecine, son cœur se serrait au fond d’elle. Elle avait tué un homme. Elle avait tué un de ses patients, et même si cela était accidentel, elle en était la seule et unique responsable. Et cela, elle ne pourrait jamais se le pardonner. Elle ne pourrait jamais s’ôter de l’esprit qu’elle était une meurtrière, qu’elle ne méritait pas d’être médecin parce qu’elle n’en serait jamais une bonne. Et elle était seule, totalement seule avec ce mal-être. Pour la simple et bonne raison qu’elle n’avait personne avec qui le partager. Elle n’avait personne en qui elle avait suffisamment confiance pour en parler. Et puis, elle était un monstre. Et, n’importe quelle personne bien-pensante la verrait comme un monstre, elle en était persuadée. Désormais, elle n’avait plus qu’à vivre avec, qu’à se laisser ronger par sa culpabilité. Et essayer de faire que personne ne s’en rende compte. Mais ce n’était pas évident, surtout ce soir, ce soir où elle avait le sentiment d’étouffée avec tout ce monde autour d’elle. Et puis, il y avait cette fille. Cette fille assise toute seule, celle qui était venu avec cet artiste. Celle dont tout le monde ce soir avait l’air de qualifier d’escort girl. Sybil n’avait pas eu l’occasion de discuter avec elle, mais, en la voyant un peu à l’écart, elle avait le sentiment que cette dernière ne se sentait pas vraiment à sa place. Et après tout, elle non plus, elle ne s’y sentait plus vraiment.  Elle s’approcha alors d’elle avant d’esquisser un petit sourire, et de lui demander gentiment. Bonsoir, vous avez besoin d’un autre verre ? Elle n’était pas très douée dans les relations humaines, Sybil. Et encore moins maintenant. Pourtant, même si il lui arrivait d’en douter, elle avait un bon fond. Un réel bon fond. Ce n'était certainement pas visible au premier abord, parce qu'elle avait toujours eu cette air froid, cette carapace qui se renforçait encore et encore. Mais c'était la manière dont elle avait été élevée, et elle était incapable de faire autrement.

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