On pouvait entendre les machines chanter cette musique que Nina ne pouvait plus supporter. Celle qui lui rappelait que la mort pouvait à tout moment frapper. Les paroles des médecins n’étaient plus qu’un écho lointain. Elle se refusait de renoncer, de le laisser s’en aller. Il était encore bien là et Nina voulait en profiter. Passer le plus de temps possible avec ce père qu’elle ne cessera jamais d’aimer. Elle lui serrait la main comme si c’était la dernière fois. Jamais sa tendre Nina ne l’abandonnera. Son père percevait chez elle cette petite lueur qu’il pensait ne plus jamais revoir. L’étoile semblait presque à nouveau briller et il souriait tendrement à sa petite fille adorée. Le regard inquisiteur de celui qui s’était toujours montré protecteur. Mais son père ne posa aucune question à sa poupée qui savait si réservée. Elle était à la fois si forte et si fragile Nina. Elle était cette rivière calme aux milliers de secrets. Ce bel oiseau aux ailes brisées par les regrets. Cette femme qui s’était reforgée dans la glace pour survivre dans ce monde toujours plus infâme. À la beauté froide et au cœur de marbre. Mais l’homme pouvait apercevoir cette flamme que seul l’amour pouvait raviver. L’hiver semblait se dissiper. Nina redevenait doucement cet astre autour duquel on aimait tant graviter. Jon priait pour que ses vœux soient exaucés. Il la regarda s’en aller après ce baiser qui lui ferait presque oublier ce cancer qui continuait de le ronger. Ô comme il pouvait l’aimer, sa petite poupée. Il aimerait tant que rien ne puisse à nouveau les séparer.
Le cygne se retourna et son sourire s’évapora. Nina enfila son manteau d’inquiétudes qu’elle avait délaissé avant d’entrer. La gorge nouée par ce chagrin qui désirait l’opprimer. Mais la blonde tentait de marcher sans s’effondrer. Avec pour seul but de rejoindre celui qui l’attendait. Celui qu’elle aimait. Cahal était venu l’accompagner. Épauler comme il pouvait cette femme pour qui son cœur s’était embrasé. Et tout ce qu’elle voulait Nina, c’étaient ses bras. Se laisser envelopper par la chaleur de son aimé. Cette simple idée lui donna assez de force pour tout surmonter, même ce corridor qui semblait ne jamais se terminer. Elle marchait, les mains croisées, tout en laissant ses opales s’égarer. Et puis il y a cette silhouette au loin qu’elle pense reconnaître. Cette ombre de son passé que la belle avait presque oublié. Ce père qui avait vu sa fille sombrer. Le visage de Nancy vint violemment se coller sur l’écran de sa rétine. Apparition qui broya sa poitrine. Éternelle culpabilité pour châtiment. Elle n’a pas pu sauver son enfant. Cette danseuse que Nina avait prise sous son aile. Cette demoiselle qui voulait jouer les camées pour le contrarier. Pour détruire ce père qu’elle s’était évertuée à détester. Elle pouvait encore entendre le rire de sa petite protégée. L'apercevoir encore danser, sans jamais s'arrêter. La passion d'une vie qui s'était violemment terminée. Nancy n’était plus qu’une pierre tombale à la gravure défraîchie et aux fleurs fanées. « Bonjour Max. » Il y avait de la douceur dans sa voix. Elle était émue Nina. « Je suis contente de te voir. » Ses lèvres s’étirèrent timidement. « Que fais-tu ici ? » Son visage lui donna l'impression de remonter dans le temps. Cet homme pour qui la belle s'était inquiétée si souvent. Elle aurait aimé le revoir dans d’autres circonstances. Ils ne s’étaient pas revus depuis des années. Depuis que sa vie s’était écroulée. « Rien de grave j’espère. »
l’angoisse qui l’ronge. l’écrase. l’ralenti. il a pas envie l’max. pas envie d’entrer dans ce putain d’hopital. pas envie d’marcher dans les couloirs blancs. pas envie d’sentir la présence d’la mort qui guette. tout ça lui fout la frousse au bide. pourtant, il a prit l’habitude d’la croisé, la faucheuse. tous les jours qu’il la voit. au coin d’une rue. dans un appartement pourri. dans un club mal famé. partout. des fois, y s’demande si c’est pas lui qu’elle suit. ou qu’elle veut. ça l’étonnerait pas l’max. derrière lui y’a qu’des cadavres. les corps s’empilent partout où il va. malédiction qu’on lui a jeté. condamné à faire face à c’qu’il redoute. parce que lui, l’ange d’la mort, il a pas envie d’le rencontré. y flippe de c’qu’il pourrait lui faire. et du pouvoir qu’il aurait sur lui. certain qu’il lui fera vivre l’enfer. pire qu’ici, sur terre. ouais, y préfère trimballer sa carcasse sur cette foutue planète l’plus longtemps possible. même si ça veut dire enterrer tout ceux qui lui sont proches. même si ça veut dire terminer sa vie seul. la solitude ça peut pas être pire qu’les abîmes…
il frissonne, sent l’air glacial qui siffle présence invisible qui s’manifeste la grande faucheuse est là. non loin du gouffre, elle attend.
le flic grogne, remonte le col de sa veste, chasse le froid qui s'immisce. il a même le réflexe de s’retourner, d’vérifier si y’a personne derrière lui. mirage qu’sa parano crée. rien qui l’suit à part c’qu’il s’imagine. dans sa poche, il vient prendre une garo qu’il place entre ses lips. briquet qui l’allume. fumée qui par dans ses poumons. soulagement éphémère. ça lui fait gagner du temps. l’empêche d’rentrer dans l’endroit qu’il redoute. lui donne une excuse d’rester dans l’froid bien qu’il s’y sente plus aussi à l’aise. l’impression qu’on l’observe le quitte pas. son angoisse qui s’transforme en paranoïa. alors la tige s’consumme plus vite que prévu. maintenant, il a envie d’rentrer dans l’mouroir pour s’y réfugier. pour fuir ses illusions qu’il se crée. une dernière dose de nicotine et l’mégot vient s’écraser sous sa chaussure. et l’flic fonce sans attendre vers l’hôpital. soupir de soulagement quand il entre au chaud. y s’met en marche, tête baissée sans faire gaffe à c’qui l’entoure. ne la relève que lorsqu’il entend son prénom. ses rétines qui s’pose sur un ombre d’son passé. sur l’fantôme d’un vieux souvenir. nina. moment d’doute. pas certain qu’elle soit bien réelle. « nina? » qu’il bredouille, sans trop savoir s’il fait face à mirage ou à la réalité. mais la blonde s’arrête pas, continue d’causer. max a des flash d’son passé qui défilent. l’visage d’sa gosse et d’son sourire qu’le temps arrive pas à effacer. douleur soudaine. voilà qu’sa gamine lui manque. qu’il aimerait la revoir danser. l’espoir que la blonde lui dise qu’sa fille progresse toujours autant, qu’elle a un bel avenir dans c’milieu. la réalité est différente. moins douce que ça. « c’est marrant, j’te pensais disparu. ou loin d’ici. » sourire aux lèvres. mélange d’amertume et de tristesse. ça lui a fait un truc d’plus la voir. elle avait été précieuse pour nancy, pour lui. médiateur entre une fille rebelle et son père désespéré. quand les deux s’comprenaient pas, y’avait toujours nina pour les aider. rien qu’pour ça, max la respectait. pis elle a disparu, comme ça, sans qu’il sache pourquoi. l’flic a pas cherché à comprendre non plus. pas son genre d’courir après les autres. « moi ça va. ma mère moins. c’pour elle qu’j’suis là. » elle a la santé fragile, la mère. les séjours à l’hôpital sont réguliers. et ses visites aussi. forcé d’y venir pour la soutenir. l’bon fils qu’il est. « et toi? t’es là pour toi ou pour quelqu’un d‘autre? » qu’il lui demande encore incertain du vrai ou du faux.
Si Nina n’était pas aussi réservée, elle le prendrait dans ses bras, ce père que la vie avait mortifié. Cet ami que la blonde avait abandonné en même temps que cette vie qui lui était maintenant interdit. Ce rêve à jamais meurtri. Nina le dévisage et lui sourit. Tout lui rappelle sa petite Nancy, sur ce visage un brin vieillit. Il a cette phrase qui vient la raidir, la culpabilité qui vient l’anéantir. Max évoque cette vérité que son cœur peine à supporter. « Tu ne crois pas si bien dire... » Phrase soupirée entre des lèvres trop serrées. Elle le regarde comme le reflet de cette vie emplit d’espoir, mais Nina a déjà traversé le miroir. Coincée dans cette autre dimension où le cygne est enfermé. Malédiction qui transforma l’oiseau en une rose que les hommes rêvaient de posséder. Jusqu’au jour où le corbeau vint l’arracher de cette fatalité. Lui redonnant ses ailes et l’envie d'aimer.
Elle peut voir sur son visage que quelque chose à changé. Quelque chose que son ancienne amie n’arrive pas à déchiffrer. Comme si la mort de Nancy n’était pas la seule épreuve qu’il dut apprendre à surmonter. Tout lui revient en tête. Tout ce mal-être que le moineau tentait de panser. D’oublier, à travers ces rails qu’elle aimait tant sniffer. La blancheur de ses plumes que le cygne essayait de préserver. Les soirées passées avec Max à la chercher. À l’arracher de ce monde qui désirait l’abîmer. À essayer de recoller les morceaux avec son père. Que Nancy ne se brûle pas les ailes. S’il y a bien une personne pour qui Nina voudrait un jour à nouveau danser, c’est pour sa petite protégée. Mais la belle s’inquiète pour lui. Se demandant ce qu’il peut bien faire ici. La rose reste sans rien dire. Elle le noie dans son océan, dans ce regard qui se veut réconfortant. C’est un pas soulagement que la blonde ressent, mais plutôt un sentiment une fois de plus de partager avec le policier ce lien qu’elle ne pourra jamais briser. Comme l’oiseau blanc s’en voulait de l’avoir laissé. Max était comme elle, un mutilé qui garde le silence. Rongé par la souffrance. Elle ne sait pas encore Nina, que son ancien allié voudrait briser le cou de son corbeau. « Je vois que nous partageons tous les deux le même fardeau. » Une fois de plus. « Mon père est malade. » Elle n’a pas envie d’en parler. De s’étendre sur ce sujet qui pourrait la briser. Il suffit de la regarder pour voir à quel point la fleur est épuisée.
Il y a ce silence qui vient les envelopper. Nina qui tente de mettre des mots sur ce qu’elle arrive si difficilement à exprimer. « Je vais la voir, tu sais. » Nancy. Cette tombe que le cygne continue de fleurir. Les souvenirs toujours plus faciles à accepter, cette page que la belle commence à tourner. Dans ses yeux, les vestiges de ces larmes qui ont déjà trop coulé. Nina ne les a jamais oubliés, ces deux oiseaux qu’elle aurait tant aimé réconcilier.
distance froide, rancoeur qui surgit quand les rétines s’posent sur la blonde. la surprise qui laisse place à l’amertume qu’il contrôle pas. ça sort comme ça, sans qu’il s’en rende compte. lui-même se surprend à l’être. la blâme pour sa disparition sans s’dire qu’il a lui aussi prit la fuite. qu’il a pas su donner d’nouvelles, ni même chercher à en avoir. fossé qu’il a laissé grandir sans rien faire. la belle lui rappelait trop d’choses. trop d’souvenirs. trop d’souffrance. lui rappelait ses échecs et leurs conséquences. lui-même n’sait pas s’il aurait pu la regarder sans la voir elle --nancy--, sans s’souvenir d’son visage qui le hante encore. alors peut-être bien qu’l’oiseau a bien fait d’s’éloigner. et sûrement qu’max a fait c’qu’il fallait en la laissant partir. besoin nécessaire pour faire l’deuil. mal être qui ronge son être. soudaine impression qu’les morts le dévisagent de là où ils sont. impression qui l’paralyse. y sait plus trop si ça vient d’l’endroit ou d’elle et les souvenirs qu’elle brasse. étrange sentiment que de s’retrouver face à c’visage du passé. nina a pas perdu d’sa douceur, ni d’son réconfort. ça lui rappelle l’visage tendre d’sa gosse avant qu’la drogue l'abîme de trop. il pourrait s’sentir bien s’il était pas tant perturbé par tout c’qu’il ressent. y pensait jamais la revoir et pourtant, elle est là face à lui comme si elle était jamais partie, à lui parler comme avant, à s’inquiéter pour lui, comme avant. sauf qu’les choses sont plus pareilles depuis longtemps. qu’cinq ans d’vie se sont écoulés entre la mort d’nancy et maintenant. cinq putain d’années. ça laisse l’temps aux gens d’changés. d’sombrer. et l’max il a plongé tout droit dans les méandres d’sa noirceur. a embrassé l’animosité qui l’ronge depuis tant d’années. une bête qu’il est devenu. la férocité qu’il arrive même plus à calmer. y pourrait l'effrayer l’cygne s’il s’montrait sous c’nouveau jour. la faire fuir une nouvelle fois. silence. les deux s’regardent. max trouve pas les mots, trop occupé à vouloir faire taire c’qui s’passe dans sa caboche. bordel incessant d’son esprit qui lui file la migraine. « je suis désolé… pour ton père. » qu’il lui lâche baissant l’regard dans l’espoir qu’ses mots rendre leur fardeau commun moins lourd. y sait c’que c’est d’vivre avec la maladie au quotidien. y connait l’poids d’la mort qui menace d’sévir tous les jours. nouveau silence. plus long, plus lourd qu’les précédents. et puis viennent les mots d’la belle qui frappe l’ours d’plein fouet. violent retour à la réalité. un déchirement dans l’silence d’mort qui règne autour d’eux. l’max sent qu’ça touche la corde sensible, l’sujet qui blesse. il affiche un sourire forcé pour cacher la douleur. « les fleurs blanches, c’toi j’suppose? » qu’il lui demande, alors. il était persuadé qu’ça venait d’son ex femme. « j’pensais qu’t’avais tiré un trait sur tout ça, d’puis l’temps. » pas d’amertume cette fois. aucuns reproches dans sa voix, rien que d’la surprise. y s’était dit qu’elle était passé à autre chose, ou qu’elle avait prétendu l’faire. comme lui, au fond. « j’veux dire, ça fait cinq ans, la vie continue. » qu’il lâche comme si la sienne ne s’était pas stopper depuis. comme si lui avait pu avancer.
Le passé et le présent se mélangent. Les aiguilles du temps dansent ensemble. Ses yeux te paraissent étrangement noirs. Il y a ce froid qui vous sépare. Tu ne le reconnais pas. Ça te brise le cœur Nina. Conséquence de tes années absences. De toutes vos souffrances. De ces plaies encore béantes. T’entends juste ce silence trop criant. Tu voudrais que tout soit comme avant. Recroiser son regard brillant. Tes pensées s’égarent, rien qu’un instant. Tu repenses à ces soirées passées à parler, à vous écouter. Jamais d’ambiguïté, rien qu’un profond respect et une amitié édifiée dans les sillons de cette famille brisée. Nancy, c’était ta protégée. Cette petite sœur à jamais gravée dans ton cœur. Il t’arrive parfois encore d’aller lui parler. Comme si le marbre pouvait te répondre. Mais c’était toujours mieux que de parler à une ombre. La mort a frappé trop fort. À emporté avec elle votre trésor. Tu ne pourras plus jamais la voir danser. Ses pointes, tu les as gardées. Retrouvées dans son casier entre deux sachets de poudre immaculée. T’as l’impression de porter malheur, la fleur. T’as l’impression qu’il t’évite ce fichu bonheur. Il n’y a que l’Irlande pour t’insuffler un peu d’espoir. Les bras de ton roi qui te donnent la force d’y croire.
Nina le regarde, tente de déchiffrer ce presque étranger. Elle le sent, quelque chose a changé. Il s’est laissé tacher par l’encre de la rancœur. Par la noirceur d’un esprit vengeur. La colère dissimulée sous ce masque fragile. La bête avide de faire ployer le crime. Quitte à devenir un meurtrier. Attention Max, tu pourrais devenir celui que tu t’étais promis d'enfermer. Le cygne se raccroche à la douceur qu’il tente d’insuffler. L’ours ne voudrait pas l’apeurer. « Je suis désolée pour ta mère aussi. J’espère que ce n’est rien de grave... » Ils échangent des politesses pour essayer de diluer ce malaise qui continue de les broyer. Il y a ces sourires maladroits, cette brèche qui vous éloigne. Tu penses pouvoir la réparer, mais c’est un gouffre qui est sur le point de vous déchirer. Tu n’imagines pas un instant pouvoir être la femme de celui qu’il s’est juré de faire crever. Ce fichu corbeau qu’il rêve de faire tomber. La faiblesse tant convoitée par le chasseur assoiffé.
Elle a cette phrase qui vient l’ébranler. Faire reluire sa fibre paternelle dans le fond de ses yeux. Qui fait une fois de plus résonner ce silence autour d’eux. Nina acquiesce d’un simple mouvement de tête. Les mots manquent et la douleur vous guette. Mais les paroles du brun viennent la transpercer. Pas le temps de sortir ses épines pour se protéger. Dans son regard, plus que l’incompréhension. « Arrête Max, pas avec moi. » C’est presque de l’autorité dans sa voix. « Tu n’as pas le droit de me dire ça. » Cette douceur qu’il ne pourra pas contrer. Ta meilleure arme devant son désarroi. Elle avance Nina. Le cygne déploie ses ailes et traverse le vide qui les sépare. « Cinq ans, ce sont les années que j’ai passé à la pleurer. Pas un jour ne s’est passé sans qu’elle ne me manque ta fille. » Il y a des blessures qu’on aimerait oublier pour ne plus souffrir. Nancy, elle préfère la chérir. « Tes lèvres pourront me sortir toutes les banalités derrière lesquelles tu tentes vainement de te rassurer, tout ce que je vois, c’est le père que tu étais et que tu resteras. » C'est pas la mort qui t'enlèvera ça. Les mots sont doux et fermes. Comme ses rétines qu’elle vient de planter. « L’ami que j’ai tenté de consoler, celui que je n’aurais pas dû délaisser. » Puis son océan se met à trembler et son cœur se met à saigner de sincérité. « Pardonne moi Max. »
politesses qu’ils s’échangent. prétendent ne pas ressentir la distance, ni les regrets. font comme si tout allait bien. comme s’ils avaient su avancer après tout ça. faut pas montrer qu’le temps s’est arrêter quand elle est morte. faut pas faire voir qu’derrière les faux semblants, y’a d’la souffrance, d’la douleur, d’la rage, des regrets. pas question d’montrer les blessures. l’max laisse rien paraître. utilise la distance et l’malaise pour s’protéger. mur invisible derrière lequel il peut s’terrer. pense qu’la blonde a pas remarqué qu’il avait changé. pense pouvoir esquiver l’sujet qui le brûle. pense l’esquiver elle aussi. mais l’fantôme d’nancy est jamais bien loin d’lui. ombre qui rampe sur les murs à ses côtés. qui lui rend visite quand il est au plus bas. qui le hante à chaque instants pour lui rappeler c’qu’il a perdu. alors voilà qu’elle s’impose dans la conversation. qu’elle devient la troisième personne. et l’max s’ferme, utilise des banalités comme rempart contre c’qu’il ressent. pas montrer ce qui s’passe dans sa caboche. faire comme si l’spectre d’sa gosse était pas là. effacer sa présence invisible pour pas qu’ses failles s’révèlent. en vain. la belle réagit aussitôt. comme une balle, elle file dans les airs, sifflante. ça surprend l’max. y s’attendait pas à ce qu’elle réagisse d’la sorte. ses mots qui viennent briser la distance. s’approcher d’un peu plus près. venir frapper de plein fouet l’palpitant qui vit entre ses côtes. de ses yeux océan, elle appuie ses propos. laisse paraître l’émotion. rend tout ça plus difficile à entendre. l’max sait pas quoi dire. l’écoute juste. accepte tout ce qu’il entend. reçoit tout comme s’il était assez fort pour encaisser. c’est d’sa fille dont elle parle. et de c’qu’elle a ressenti à sa disparition. et ça l’touche plus qu’il l’aurait cru. y prend conscience qu’elle souffre elle aussi. qu’sa mort a laissé des traces chez la rose. qu’elle est pas si différente d’lui. et puis, elle s’excuse de pas avoir su être là pour lui quand il le fallait. ça fait baisser la tête au max qui s’concentre sur ses godasses. fuit l’océan qui s’trouble. refuse d’faire voir la tristesse qu’il ressent. il fuit, encore et toujours. préfère pas qu’ses doutes s’voient. « j’ai pas été là pour toi non plus. » qu’il avoue, à son tour. si elle, elle a pas su être présente, lui l’a pas été non plus. tout le monde qu’il a fuit. a mit d’la distance avec tout ceux liés d’trop près à nancy. s’est seulement rapproché d’ses ennemies. d’ceux qu’il tient responsable de ses échecs. « pour personne qu’j’ai été là. ni pour toi, ni pour elle. alors si quelqu’un doit s’faire pardonner, c’moi. » voilà qu’le max parle avec son pessimisme habituel. l’père blessé qui apparaît derrière tout ça. l’écorché vif qui refait surface. plus la peine d'se rassurer derrière les politesses vides de sens. « j’suis ni un bon père, ni un bon ami. c’était p’t’être mieux pour toi d’t’éloigner. » ça fait mal d’le dire. ça fait mal d’l’entendre l’dire. vérité qui l’blesse. la culpabilité qui gangrène sa carcasse, qui l’rend fou petit à petit. l’max s’voit pas plonger. y s’laisse faire. veut toucher l’fond avec toute la violence possible. a l’espoir qu’ça lui fera retrouver sa nancy. et l’débarrassera du mal qui l’empoisonne.
Tu n'es pas la seule à avoir changée. Il y a des cicatrices sur vous que personne ne pourra effacer. Depuis la mort de Nancy, tout s’est effondré. Tu n’es plus ce cygne que Max a connu, t’es plus que le vestige d’un temps révolu. Cet ange déchu que tout le monde a abandonné, si ce n’est le corbeau meurtrier. Il t’a redonné vie, entre ses plumes ensanglantées. Ce ne sont pas les macchabées derrière lui qui pourront t’effrayer. Même la mort semble sourire, en regardant les oiseaux s’aimer.
Plus de politesse ni aucune banalité, Nina écrase ce mur derrière lequel Max tente de se retrancher. Elle s’approche de lui en déversant tout ce qu’il redoutait. Il détourne les yeux pour ne pas contempler son reflet. Ce chagrin qu’il ne pensait pas partager, qu’il préférait encore noyer. Nina évoque sa fille et leurs cœurs se mettent à trembler. Sans prononcer son nom, mais tout ce qu’elle représentait. Ce que Nancy représentera à tout jamais. Comme si t’avais pu l’oublier, cette gamine que tu as tant aimée. Tu souffres toujours autant, elle te manque à chaque instant. Tu portes sur tes ailes le poids de ce destin brisé. La responsabilité d’une vie gâchée.
Elle l’écoute pointer du doigt la culpabilité qui continue de l’envenimer. La fleur se tord presque de douleur en l’entendant parler. Elle ne supporte pas de le voir ainsi, cet homme qu’elle a toujours considéré comme ami. Sa dernière phrase la fait presque suffoquer. Pétrifie le cygne déjà blessé. Il y a cette larme qui vient couler, violer son teint de poupée. Alors Nina le prend dans ses bras, sans lui laisser le choix. L’entourer de sa douceur en espérant l’apaiser. Calmer l’éternel écorché. « Arrête de dire n’importe quoi. » Sa voix se veut aussi tendre que son étreinte. Le silence s'installe une nouvelle, fois. Nina, on ne sait jamais quand sa réserve va s’envoler. Quand elle laisse sa spontanéité l’emporter. « Tu as fait tout ce qui était en ton pouvoir afin de l’aider. J’en connais plus d’un qui aurait facilement abandonné. » Mais Nancy ne voulait pas être sauvée. La neige l’avait déjà emportée, bien avant que son corps sans vie soit retrouvé. « Je n’ai jamais voulu m’éloigner de toi. » La blonde essaye de raccommoder ce que les années ont tenté de déchirer. Tu n'as pas l’attention de le laisser filer. De laisser votre amitié s’essouffler. « J’avais juste trop honte de ce que je suis devenue, j’ai tout perdu. » Les mots lui écorchent presque les lèvres. Il ne sait rien de ce qui lui est arrivée. Que le cygne ne pourra certainement plus danser. Elle n’a jamais eu la force de lui avouer, toujours la peur au ventre de se sentir juger. De n'être à ses yeux que l’une de ces prostituées qu’il doit écrouer. Alors la fleur a préféré l’éviter, jouer de ses pétales pour le préserver de cette vérité qu’il ne pourrait supporter. Mais la vie va tout faire pour vous séparer. Mettre sur votre chemin cette rivalité que tu ne pourras détourner. Tes sentiments t’obligeront à prendre la défense de celui que ton ami s’est juré de tuer. Oh Cahal, pour toi, Nina est prête à tout sacrifier.
La fleur le relâche et laisse à nouveau respirer. « J’aimerais te parler, mais pas ici. » Loin de cet endroit maudit. « Tu pourrais venir chez moi un soir. Je te ferais à dîner, comme avant. » Elle lui sourit tendrement. L’espoir semble chanter à travers le vent. « Je dois y aller, quelqu’un m’attend. Tu t’apprêtais à rejoindre la sortie ? »
comme il est difficile pour lui d’prétendre, d’faire comme si l’absence d’sa fille le brûlait pas tous les jours. comme s’il était assez fort pour avancer sans elle, pour vivre sans elle. comme si sa disparition l’avait pas changer. comme s’il était pas devenu l’ombre d’lui-même. tellement difficile d’faire semblant qu’il arrive même pas à duper nina. qu’il a beau s’planquer derrière sa façade rocheuse, la blonde y voit bien les fissures. elle voit qu’ça se déchire au fil des minutes, au fil des mots échangés. il suffit d’un rien pour qu’le masque tombe. et la belle, elle tape en plein dans l’mille. brise tout c’qu’il tente d’entretenir. la distance qu’elle réduit et les mots qui s’montrent tranchants tant ils sont criant d’vérité. alors l’max lutte pas, lâche c’qu’il dit toujours. d’sa putain d’faute qu’la gosse est morte. d’sa putain d’faute s’il a pas su entretenir une relation avec ceux qui étaient encore là pour lui. d’sa putain faute tout ça. père d’merde. mari d’merde. ami d’merde. flic d’merde. pas foutu d’assurer, pas foutu d’être bon pour quelque chose. autour d’lui y’a qu’la mort. qu’les cadavres qu’il empile tout seul. peut-être bien qu’c’est mieux qu’la blonde s’éloigne. faudrait pas qu’il s’retrouve avec sa mort sur la conscience. y sait pas s’il encaisserait plus. le regard fuyant. veut pas qu’on l’voit faiblir. fuit toujours. bon qu’à ça l’flic, fuir. mais là y peut pas. sans s’rendre compte la belle vient d’le prendre au piège. dans ses bras qu’elle le prend. d’sa douceur, elle l’enrobe. l’empêche de s’échapper à nouveau dans les ténèbres qui l’appellent trop souvent. l’max est prit d’cours. d’la tendresse, il en a pas souvent. s’laisse pas non plus approcher. veut pas qu’on l’touche par peur d’ressentir. et pourtant, l’étreinte d’la blonde le réchauffe, l’englobe dans quelque chose qu’il devrait s’autoriser à vivre plus souvent. ses mains qu’il vient poser délicatement dans l’dos d’la blonde. la sert pas contre lui pour autant. s’contente d’écouter les mots qu’il n’entend jamais. d’habitude, c’est ses mots à lui qui s’répètent dans sa tête, des mots qu’il finit par croire. mais là, c’est nina et sa douceur qui viennent se heurter aux regrets, à sa haine. et la rose est une amie, alors l’max fait l’effort d’écouter c’qu’elle lui dit, y croire c’est autre chose. « t’pourras m’dire tout c’que t’veux, ça changera pas l’fait qu’j’aurai dû faire ça avant… quand elle avait b’soin d’moi. pas quand c’était trop tard. » qu’il lâche tandis qu’elle le retient toujours prisonnier d’ses ailes. les regrets qui parlent. l’père brisé qui s’exprime. l’écorché connaît ses fautes mais a dû mal à les accepter malgré tous les mots doux qu’elle peut lui dire. sait même pas si un jour il pourra vivre avec c’qui l’empoisonne. y’a des jours où il peine à s’regarder dans l’miroir tellement y s’déteste. les ailes du cygne qui s’ouvrent, le libère d’son emprise et la chaleur qui s’évapore. l’retour d’la glace. mais la blonde garde sa douceur. lui dit qu’elle voudrait lui parler ailleurs qu’ici. l’max peut qu’approuver. d’un signe d’la tête il répond à son invitation. faire comme avant, c’est sûrement d’ça qu’il a besoin. peut-être qu’ça pourrait l’aider à se sentir mieux. « ouais, pas envie d’rester là plus longtemps. » pour sa mère qu’il était venu, mais s’voit pas aller la voir après ça. veut pas faire face à c’qui l’attend. à la mort plus ou moins proche. à ce cadavre qui va rejoindre les autres. ils tournent les talons, partent vers la sortie. et l’max reprend la conversation: « autour d’moi y m’reste plus grand monde, j’veux pas qu’les années détruisent l’peu qui nous reste. » qu’il lui dit, sincère et adoucit par les mots échangés. l’espoir d’pouvoir partager son fardeau avec quelqu’un dans sa voix. espoir qu’il va vite voir partir en fumée. espoir qui va s’éteindre quand il saura qu’le corbeau qu’il veut descendre s’est emparé du coeur d’celle avec qui il veut recollé les morceaux.
@Nina Wahlberg pardon pour le temps de réponse biennnn trop long
Tu sais que rien ne pourra apaiser cette culpabilité qui continue de le ronger. Max s’est tout seul condamné à la perpétuité. Enfermé dans cette prison qu’il ne souhaite pas quitter. L’esprit gangréné par tous ces actes manqués. Comme si le fantôme de Nancy n’était jamais loin, pour à chaque fois, le noyer à nouveau dans son chagrin. Ce ne sont pas tes bras qui pourront y changer quoi que ce soit. Tu le sais que trop bien Nina. Et ce ne sont pas non plus tes mots qui auront le pouvoir de calmer cet orphelin. Tu veux simplement lui montrer que maintenant, tu es là. Tu ne rajoutes rien. Tu l’englobes avec toute ta douceur, tu le serres fort contre ton cœur. Car Max et toi, vous partagez cette même douleur.
Il y a ce sourire qui ne la quitte pas lorsque le brun accepte sa proposition. Mais qui s’efface timidement lorsqu’elle repense aux douloureuses confessions. À ces secrets qui peut-être, les sépareront. Mais Nina ne sait pas mentir, et encore moins à cet ami qu’elle n’oserait jamais trahir. T’as juste honte de ce que tu es devenue. Elle est bien loin la femme qu'il avait connu. Max ne sait pas que Nina a disparu. Il ne sait pas, que tu portes le nom de cette fleur qui se glisse entre les draps. Que tu as donné ton cœur à celui qui n’en possède pas. Tu ne sais pas que ton monde va encore une fois s’écrouler. Ton innocence va bientôt s’envoler, entre ses griffes acérées. Mais à cet instant, tu te laisses bercer par ta naïveté. Par cette douce mélodie d’espoir qui te donne presque l’envie de danser.
Leurs semelles chantent sur le chemin de la sortie, pour tenter d’échapper à cet endroit maudit. Loin de la mort et de ces corps presque refroidis. Elle a le regard brillant lorsqu’il parle d’avenir. De ces années qui leurs restent encore à vivre. « Maintenant que je t’ai retrouvé, compte sur moi pour ne plus jamais te lâcher. » Ses lèvres se retroussent en même temps que ses doigts entourent instinctivement son bras. « On va rattraper le temps perdu. » La voix douce et assurée, la fleur l’accompagne jusqu'au parvis de l'entrée. « Tu peux m’appeler quand tu veux et... » Et c’est comme si Max était pétrifié. Ses iris s’assombrissent, tuméfiés par une colère qu’elle peut presque discerner. Alors tu te retournes vers l’ombre qu’il continue de dévisager. Tu suffoques lorsque tes yeux se noient dans ceux de ton aimé. Il a ce regard un brin vaniteux, que même la mort entre ses lèvres ne peut atténuer. Tes opales valsent dangereusement entre les deux. « Je dois y aller, n’oublie pas de m’appeler... S’il te plait. » Derniers mots chuchotés à son oreille. Tes plumes le délaissent alors que ton regard, encore, le blesse. Tu marches quelques pas en arrière sans lâcher son reflet, comme pour le rassurer. Comme pour lui dire de ne pas t’abandonner.
On entend plus que tes talons claquer sur les dernières marches. Celles qu'il te reste avant de le retrouver, ce corbeau que silencieusement, tu dévisages. T’oses à peine le toucher, t’oses pas non plus l’embrasser. Tu lui lances simplement ce regard un brin perdu devant ces retrouvailles imprévues. Puis tu montes dans la Bentley en espérant qu’aucun des deux ne fera rien de déraisonné. Tu restes figée en voyant la silhouette de Cahal bouger. Tu pries pour que simplement, il vienne à tes côtés. Quelque chose dans ta poitrine se met frénétiquement à frapper. Comme si tu pouvais pressentir le danger. Tes yeux se ferment lorsque tu l'étends s'installer. Tu soupires et tu le regardes avec la fâcheuse envie de l'embrasser, mais tu te retournes vers celui que tu viens de laisser. Oh Max, si seulement la vie n'essayait pas toujours de vous séparer. Si seulement l'oiseau n'avait pas le pouvoir de briser votre amitié. Mais tu peux déjà le remarquer, Nina n'a dieu que pour cette bête que tu voudrais massacrer. Peut-être cette faiblesse que tu désirais tant trouver.
si tu pouvais être là dans une petite demie-heure, ce serait parfait chéri.
la reine avait sommé la présence de son oiseau avec cette élégance froide qui habille chacun de ses ordres. pas un mot, pas un indice sur les raisons de l'errance de sa silhouette fumée dans les couloirs fades de l'hôpital : cahal n'avait posé aucune question, n'avait exigé aucune raison. elle est la seule de ses sujets à s'octroyer le privilège de porter des secrets. et nina, elle semble s'être construite autour de tout c'qu'elle n'a jamais dit. elle est faite de silience et de ces hontes étranges qu'elle garde blotties aphones dans sa panse.
les reins appuyés contre la portière de la bentley, mcgrath patiente devant ce monstre de brique dont les entrailles sont sillonées par le cygne et des centaines d'autres volatiles. il porte le cancer entre les lippes, il nargue la mort sous les fenêtres de ceux qui cherchent à la semer. il n'pense pas un seul instant à ceux qui souffrent dans ces draps, parce que d'ses serres aiguisées, il les a traîné là. et soudain les portes s'ouvrent sur la belle et la bête à son bras. mcgrath tique, se redresse pour s'assurer du mirage qu'il croit avoir sous l'nez. la fleur a l'ennemi pendu au coude et il pollue sa démarche souveraine par sa nonchélance animale. l'irlandais ne perd pas une miette de l'échange et lorsqu'elle s'approche, lorsqu'elle revient entre ses mains, il laisse choire dans l'écume du bitume le cadavre de sa vie écourtée. la paume libre s'échoue dans le bas de son dos mais ses rétines, elles, refusent de lâcher celles de l'indésiré. les prémices d'un sourire s'inscrivent sur les babines du charognard : arroguant, joueur.
guidée par le bras de l'irlandais, nina s'engouffre dans la bentley : l'intimité des némésis restaurée par la portière qui vient d'claquer. cahal porte les griffes à sa gavroche, salue des machoîres la gueule horrifiée de l'ours qui n'a toujours pas bougé, craven. l'ombre fait le tour de la berline et prend place aux côtés de son cygne qui se libère d'un soupir. pas un mot, plus un regard. le moteur s'éveille dans un rugissement brutal et les chevaux entament le galop. ta main qui s'égare sur la cuisse de nina : elle t'appartient. et tes rétines qui s'accrochent à la silhouette dans l'rétro. à ce type qui s'éloigne mais qui de toi, n'a jamais été aussi prés.
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Sujet: Smoke and Mirror 
Ven 8 Nov - 12:30
On pouvait entendre les machines chanter cette musique que Nina ne pouvait plus supporter. Celle qui lui rappelait que la mort pouvait à tout moment frapper. Les paroles des médecins n’étaient plus qu’un écho lointain. Elle se refusait de renoncer, de le laisser s’en aller. Il était encore bien là et Nina voulait en profiter. Passer le plus de temps possible avec ce père qu’elle ne cessera jamais d’aimer. Elle lui serrait la main comme si c’était la dernière fois. Jamais sa tendre Nina ne l’abandonnera. Son père percevait chez elle cette petite lueur qu’il pensait ne plus jamais revoir. L’étoile semblait presque à nouveau briller et il souriait tendrement à sa petite fille adorée. Le regard inquisiteur de celui qui s’était toujours montré protecteur. Mais son père ne posa aucune question à sa poupée qui savait si réservée. Elle était à la fois si forte et si fragile Nina. Elle était cette rivière calme aux milliers de secrets. Ce bel oiseau aux ailes brisées par les regrets. Cette femme qui s’était reforgée dans la glace pour survivre dans ce monde toujours plus infâme. À la beauté froide et au cœur de marbre. Mais l’homme pouvait apercevoir cette flamme que seul l’amour pouvait raviver. L’hiver semblait se dissiper. Nina redevenait doucement cet astre autour duquel on aimait tant graviter. Jon priait pour que ses vœux soient exaucés. Il la regarda s’en aller après ce baiser qui lui ferait presque oublier ce cancer qui continuait de le ronger. Ô comme il pouvait l’aimer, sa petite poupée. Il aimerait tant que rien ne puisse à nouveau les séparer. 
