you stole my heart. (quinn&cassey)

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{ Got a secret, can you keep it ? }
crédit/ tumblr ☆ w/@Arya Warren

La revoilà, la gêne sur son doux minois. Comme si sa mère lui disait là quelque chose de saugrenu, quelque chose même de tordu. Mais cette femme est si âgée, c’est la seule relation entre elles que Cassey pourrait envisager. Ou peut-être une amitié, une amitié peu ordinaire, certes. Seulement elle ne serait pas si embarrassée, Arya, si ce n’était que cela. Elle n’aurait pas cette mine déconfite sur le visage, si ce n’était que cela. Intuition confirmée, quelques secondes plus tard, et le monde cesse de tourner. On se fréquente. Elles se fréquentent. Sa fille, Arya, fréquente cette femme. Elle la fixe, soudain, le regard beaucoup plus sérieux. Étonnamment sérieux quand on connaît l’antiquaire. Elle essaie de déceler dans ses prunelles le signe d’une plaisanterie, une blague qu’elle peut lui faire. Mais ce qu’elle voit dans les yeux de sa fille ne la rassure pas. L’inquiète encore bien davantage. Elle a cette lueur intense, comme si elle lui demande silencieusement de la comprendre. De comprendre enfin. Et elle comprend, Cassey. Elle comprend, et elle n’en revient pas. – Mais… c’est une femme. Constat idiot, remarque involontaire, sous l’effet de sa surprise. Arya n’a jamais témoigné une quelconque attirance envers une fille… Elles ont tellement souvent parlé de garçons, toutes les deux, qu’elle n’arrive pas à y croire. Mais, en vérité, ce n’est pas ce qui la trouble le plus. Elle se fiche qu’Arya soit en couple avec une fille, un garçon. C’est autre chose qui la fait réagir. Autre chose qui risque de la faire bondir. – Attends, laisse-moi… Laisse-moi encaisser. Elle prend une profonde inspiration. Mais elle n’attend guère plus longtemps. – Tu te poses des questions sur tes envies, c’est ça ? Tu es peut-être intéressée par les filles, ça arrive, ça n'a rien de dramatique. Mais… Quinn ? Une femme qui a au moins le double de son âge ? Une femme… bordel, plus âgée qu’elle ? – Mais… Chérie, elle a quel âge, cette femme ? C’est plus une question rhétorique, pour la faire réagir, qu’une véritable demande. Elle ne peut pas… elle ne peut pas envisager ce qu’elle est en train d’entendre.

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— @cassey warren

Et boum. Il ne suffit que de quelques secondes pour que Cassey comprenne, pour que Cassey réalise la vraie nature de leur relation. Et elle se sent soulagée, Arya. Elle se sent soulagée de voir qu’elle n’a pas eu besoin de développer pour que sa mère ne comprenne, comme toujours. Pour que sa mère puisse lire en elle, dans ses yeux, dans son regard. T’es soulagée, mais t’as peur en même temps, Arya. Parce qu’elle est ta mère, tu sais qu’elle te soutiendra, quoi qu’il arrive. Tu sais qu’elle t’aimera toujours. Mais elle risque de ne pas comprendre. Elle risque de ne pas comprendre ce que tu ne sais toi-même pas expliquer. Sa première réaction tire tout de même un sourire à l’étudiante. Quinn est une femme, oui, et elle n’a jamais été attirée par une femme, c’est vrai. Elle n’a jamais été attirée par une femme et c’est même tout le contraire, elle est ce genre de fille qui joue de ses charmes avec les garçons, Arya. Mais elle n’est plus la même. Elle est bien obligée de constater qu’elle n’est plus cette même jeune femme qu’elle était, à Los Angeles. - Oui, c’est une femme, je sais… Affalée sous les questions de sa mère, elle ne trouve même pas le temps de répondre quoi que ce soit, Arya. Parce qu’elle ne sait même pas quoi dire. Elle n’est pas intéressée par les femmes. Elle n’a jamais regardé une femme. C’est juste arrivé. C’est simplement arrivé. - C’est une femme, et je sais qu’elle est bien plus âgée que moi. Qu’elle souffle, laissant déjà venir le mais… - Mais après ce que j’ai vécu à Los Angeles… Enfin, avec David, tu sais… Évoquer son nom lui fait toujours mal. Penser à lui détruit toujours son cœur. Même des mois après. Et si elle n’est jamais entrée dans les détails avec Cassey, sa mère sait qu’elle a énormément souffert. Beaucoup trop. - Je n’ai juste pas envie de me prendre la tête avec quoi que ce soit… C’est ce que tu as toujours voulu faire, Arya. Oublier. Oublier par tous les moyens. Mais peut-être que désormais, tout est bien plus compliqué que cela. Tout est bien plus fort que cela.

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Il y a comme quelque chose qui s’est arrêté. Dans son cerveau, quelque chose qui s’est brutalement stoppé. C’est la même information dans son esprit qui se répète et s’entête. La même information qui revient obstinément. Elle a du mal à croire aux révélations qu’elle entend. Du mal à encaisser ce que sa fille lui confie avec tant de sincérité. C’est son regard, transperçant de vérité, qui la laisse à penser… que c’est peut-être bien vrai. Les premières réactions lui échappent, maladroites, inadéquates peut-être. Mais c’est le choc qui la fait parler, et ce besoin d’assimiler. Elle essaie seulement de réaliser ce qu’Arya vient de lui confier. – Tu le sais, oui… Bien sûr que tu le sais. dit-elle en secouant la tête, comme pour réfuter sa réaction inopinée. Elle essaie de se reprendre, Cassey. Elle essaie de retrouver un semblant de raison malgré les mots qui continuent de se répéter dans son esprit. Mais ceux qui suivent ne risquent que de davantage la secouer. Elle sait, Arya. Elle sait à quel point… Quinn est âgée. Bien plus âgé qu’elle. Bien plus âgée qu’elles, même. Ou peut-être qu’elle exagère. Peut-être que, dans son esprit embrumé, la quadragénaire est soudain devenue septuagénaire. Cassey, toujours dans les extrêmes. Mais elle a la clairvoyance de garder ses pensées pour elle, alors que sa fille évoque ses anciennes douleurs. Alors qu’elle évoque ce premier amour, qui lui a brisé le cœur. Sa mère se mordille la lèvre inférieure, la laissant terminer, comme si elle comprenait… avant de lâcher. – Tu as dû avaler plus de fumée qu’on le croyait. C’est sa seule explication. C’est la seule explication qu’elle peut trouver, là, tout de suite. Elle ne comprend pas sinon comment sa fille, son bébé, pourrait soudainement avoir une… relation avec une femme qui a plus du double de son âge, et lui dire simplement qu’elle n’a plus envie de se prendre la tête. Non, elle ne comprend pas, Cassey. – Arya, bon sang, elle pourrait être ta mère… Non, pardon, elle pourrait être ma mère. Elle exagère, Cassey, elle ne s’en rend même pas compte. Trop excessive, elle est surtout trop bouleversée. Bien plus que ses répliques peuvent le laisser présager. Sa main qu’elle passe fébrilement dans sa chevelure, la jeune femme essaie de retrouver contenance. Une nouvelle inspiration, avant qu’elle ne lance. – Tu comprends bien que, si tu n’as pas envie de te prendre la tête, sortir avec une femme de… cet âge, c’est la dernière chose à faire ? Tu réalises quand même que ses attentes ne sont sûrement pas les mêmes que celles d’une fille de ton âge ? Et elle réagit comme elle déteste réagir. Comme une mère inquiète, une mère trop sectaire, une mère comme les autres. – Tu ne t’imagines même pas à quel point tu risques de « te prendre la tête » si tu continues… cette relation avec elle.

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— @cassey warren

Elle ne pouvait pas s’attendre à autre chose, Arya. Elle ne pouvait pas s’attendre à ce que Cassey réagisse avec le sourire. A ce qu’elle comprenne parfaitement ce qui unit Arya à Quinn. Il y avait ce besoin, en elle, de s’approcher de la souffrance. De s’approcher de ce qui fait mal. Mais comment expliquer cela à sa mère. Comment mettre des mots là-dessus. D’autant plus que, la situation a changé, désormais. Forcée de constater qu’elle éprouve désormais de l’affection pour elle. Que le jeu s’est transformé en relation. Que l’attraction s’est transformée en attachement. Tu peux comprendre, que ta mère ne comprenne pas, Arya. Tu peux comprendre, qu’elle se laisse guider par ses premiers ressentis. Mais elle ne veut pas que Cassey soit méchante. Et, assurément, elle exagère, comme toujours. Elle exagère, en affirmant que la brune pourrait être sa mère, alors qu’elles n’ont qu’une petite dizaine d’années de différence. - Maman, s’il te plait. Qu’elle répond, pour indiquer qu’elle ne veut pas entrer sur ce terrain-là. Qu’elle répond, un peu protectrice, malgré elle. Ecoutant les paroles suivantes de sa mère, elle acquiesce d’un signe de tête. Elle acquiesce parce qu’elle sait que Quinn est loin d’être la simplicité incarnée. Parce qu’elle sait que ce n’est pas la femme la plus insouciante qui soit. - Mais on ne sort pas ensemble. Je ne suis pas en couple avec elle. Je n’ai pas envie d’être en couple avec qui que ce soit. Elle baisse la garde, elle révèle ce qu’elle ressent au plus profond de son cœur. - Seulement, on passe des bons moments toutes les deux, ça me fait du bien et… Je n’en demande pas plus. T’as surtout pas envie de plus, Arya. T’as pas envie de t’engager. T’as pas envie de faire de belles promesses qui, assurément, te feront souffrir. - Je l’apprécie, elle est attachante. Pour ne pas dire qu’elle est attachée, elle.

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Comment aurait-elle pu, Cassey, comment aurait-elle pu réagir autrement ? Il y a tout son monde qui s’effondre. Tous les espoirs, les attentes, les rêves qu’elle a pour sa fille qui disparaissent, pour laisser apparaître cette image d’elle et Quinn enlacées. Cette image d’elle et Quinn, tellement plus âgée. Elle n’arrive pas à encaisser, elle n’arrive pas à évacuer. Elle est tellement déstabilisée par cette annonce qu’elle parle sans réfléchir en lâchant tout ce qu’elle pense. Tout ce qu’elle lui dit, de son instinct le plus primaire. La protéger, lui ordonne son instinct maternel. La protéger d’une relation qui ne restera certainement pas aussi simple et sans prise de tête qu’Arya ne veut bien le croire. Ses mains glissent contre son visage, fébrilement, comme pour retrouver contenance. Elle essaie d’écouter de toute son attention sa fille et ses confidences. L’écouter, elle, plutôt que toutes ces peurs qui, déjà, la submergent. Elle ne sort pas avec cette femme, alors… alors, quoi ? Elle se contente de coucher avec elle. Les paupières de l’antiquaire se ferment douloureusement, comme hantée par les démons. – Bon sang, Arya, tu ne peux pas te contenter de quelqu’un de ton âge ? Ou juste, quelqu’un qui n’est pas plus âgé que ta mère ? Elle est ouverte, Cassey. Vraiment, elle pourrait accepter énormément de choses pour sa fille. Car Arya, elle est l’amour de sa vie. Mais elle ne peut pas la laisser gâcher la sienne, elle ne peut pas… accepter une chose pareille. Les prunelles se détournent, incapable de la regarder. Elle a la gorge nouée, la peur qui vient la torturer. – Tu n’as aucune idée de ce dans quoi tu t’engages... Mais elle, elle anticipe déjà. Elle, elle le voit déjà. Elle les voit déjà, les sentiments naissants, dans son regard transperçant. Dans sa manière de la protéger ou, même, dans le ton qu’elle avait, quand c’était à elle qu’elle parlait. Elle voit tout cela, Cassey, elle le voit sûrement même bien plus que sa fille. – Je suis désolée Arya, je… Je m’inquiète pour toi. avoue-t-elle enfin, la voix faible sous l’émotion, relevant son regard dans le sien. Elle a mal au cœur, Cassey. Mal de se dire qu’elle lui refuse sa compréhension, son soutien.

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— @cassey warren

La nouvelle ne passe définitivement pas. La nouvelle ne passe pas auprès de Cassey. Et si elle ne s'imaginait pas lui mentir, elle ne s'attendait pas non plus à ce qu'elle puisse comprendre. Après tout, la situation est beaucoup trop étrange, beaucoup trop particulière pour que qui que ce soit puisse comprendre. Peut-être qu'au fond, tu ne comprends pas toi-même, Arya. Peut-être que tu ne comprends pas toi-même ce que tu ressens pour elle. Et à quel point tes sentiments évoluent de jours en jours. Il ne pourrait en être autrement, avec une femme aussi attachante que Quinn. Il ne pourrait en être autrement avec quelqu'un qui lui donne tant. Et elle se surprend à donner, de plus en plus, elle aussi. Elle se surprend à se préoccuper d'elle, prendre soin d'elle, comme elle n'aurait jamais pu le faire au début de leur relation. - Tu penses que c'est quelque chose que j'ai décidé ? C'est arrivé, c'est tout. Je ne me suis pas réveillée un matin en me disant que j'avais envie d'essayer les femmes. Loin d'elle cette idée. Elle n'est pas homosexuelle, Arya. Elle n'est pas non plus bisexuelle. Son histoire avec Quinn s'est imposée d'elle-même. Et elle garde le contrôle, elle en est persuadée. Sans voir que tu ne contrôles peut-être plus rien. Plus rien du tout. - Écoute maman, je sais que c'est difficile pour toi de comprendre. Et je ne te demande pas de le faire. Mais je ne suis pas mariée, hein... Donc ne t'inquiète pas... C'est tout ce qu'elle redoute, au fond. De devoir mettre des mots sur sa relation. De devoir s'investir pleinement. Se donner à quelqu'un. Parce que t'es beaucoup trop dévouée, lorsque tu aimes, Arya. Parce que t'es capable de donner tout ton être. Toute ton âme. - Tu ne vas quand même pas me faire le numéro de la mère chiante... Qu'elle tente, pour détendre l'atmosphère, petit sourire sur les lèvres. Elle n'a pas envie de bouleverser cet équilibre précaire avec sa mère. Elle n'a pas envie de perdre cette relation qu'elles apprennent à reconstruire. Elle s'est confiée à elle, aujourd'hui, parce qu'elle lui fait confiance. Parce qu'il n'y a personne d'autre qu'elle, à qui elle s'imaginait parler librement de Quinn.

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C’est tellement inattendu, tellement violent. Elle n’aurait jamais imaginé qu’Arya puisse être intéressée par une femme, une femme aussi âgée, une femme qui pourrait bien être sa mère. C’est déstabilisant, c’est rageant. C’est à se demander ce qu’elle a fait de travers, pour que sa fille puisse avoir une envie pareille. Et, au-delà de cette relation qu’elle entretient, c’est la passivité d’Arya qu’elle comprend le moins. Comme si ce n’était pas si grave, comme si ce n’était rien. Comme si elle ne venait pas de lui avouer avoir une aventure avec une femme qui a plus du double de son âge. Non, elle n’arrive pas à s’en remettre, Cassey. L’information se répète en boucle en elle alors que, fébrilement, elle secoue la tête de gauche à droite. Comme pour réfuter les mots de sa fille, comme pour effacer l’image qu’elle a dans son esprit. Mais elle replonge tout de suite son regard dans le sien quand Arya lui affirme qu’elle ne lui demande pas de comprendre. – Donc, tu te fiches de ce que je peux en penser ? Et il y a la colère qui transparaît. Mais, plus profonde encore, la douleur d’être mise devant le fait accompli. Elle n’a pas son mot à dire, clairement. Comme si elle avait perdu son rôle de mère, subitement, comme si elles n’étaient pas si proches, si fusionnelles. Comme si ce qu’elle ressentait n’avait aucune importance, tant il n’y a que sa relation qui lui importe. C’est tout ce flot d’émotions tortueuses qui la poussent à réagir comme le suggère la petite blonde, précisément. – En fait, je n’ai le droit de rien dire si je comprends bien ? Évidemment, je ne l’aurais même pas su si je ne vous avais pas surprises dans les bras l’une de l’autre. conclue-t-elle, la voix amère. C’est ce qui lui fait le plus de mal, se dire qu’elle n’a même pas eu l’envie, le besoin, d’en parler avec elle. Qu’il lui arrivait un truc pareil et que… elle n’en a rien su jusqu’à le découvrir par hasard. Elle aurait presque envie de partir. Quitter la chambre, quitter l’hôpital, au plus vite. Mais elle ne peut pas se détacher de sa fille. Il n’y a que ses prunelles qui se détournent d’elle, comme si elle lui faisait la tête. Elle réagit certainement de manière puérile, Cassey. Mais, là tout de suite, elle se sent juste trahie. Trahie par sa propre fille.

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— @cassey warren

Ce qu’elle redoutait le plus est en train de se produire. Elle se torture l’esprit, à cause de sa relation avec Quinn. C’est tout ce qu’elle souhaitait éviter, tout ce qu’elle a toujours souhaité éviter. Et peut-être que Cassey a raison, peut-être que c’était à prévoir, en fréquentant une femme de son âge. Seulement, Quinn, elle ne lui a jamais rien demandé. Ni belles paroles, ni grandes promesses. Elle ne lui a jamais demandé plus que ce qu’elle accepte de lui donner. Que ce qu’elle est capable de lui donner. Au fond, tu ne sais pas si cela lui convient, Arya. Parce qu’elle n’a jamais rien dit. Rien, à part te prouver combien elle tient à toi. Alors peut-être qu’elle s’en contente, ou peut-être qu’elle ne dit rien pour te garder, mais dans les deux cas, tu n’es pas prête à autre chose. Et aujourd’hui, c’est bien Cassey, qui la pousse à se remettre en question. Qui la pousse à se questionner toute seule sur un potentiel avenir avec la brune. - Je n’ai jamais dit ça ! Mais j’ai la sensation que tu te projettes ! Alors que moi je ne vois pas plus loin ! Il est peut-être là, justement, le problème. Elle ne voit rien, Arya. Ni qu’elle s’attache, ni qu’elle perd peu à peu le contrôle qu’elle désire tant, ni même que Quinn pourrait avoir besoin d’elle bien plus qu’elle ne l’imagine. - Tu n’aurais pas su quoi ? Que je vois une femme de temps en temps ? Je ne te cache rien, puisque je t’ai dit la vérité tout de suite. Si je ne te l’ai pas présenté, c’est parce que c’est elle qui n’est pas vraiment intégrée à ma vie, c’est tout. Elle est comme une petite bulle, Quinn. Une bulle qui ne touche ni sa famille, ni ses amis, ni même sa vie d’avant. Une bulle loin de tout, et dans laquelle elle se sent bien, elle doit bien l’avouer. Et c’est pourtant sans ménagement, que tu la tiens à l’écart, Arya. Sans ménagement, que tu lui laisses cette place qui n’en est pas vraiment une. Sans titre, sans nom, cette relation en point d’interrogation ou en points de suspension.

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C’est injuste. L’attitude d’Arya, ses paroles, ses réactions avec elle… Tout est injuste. Elle a l’impression qu’elle vient de lui mettre une bombe entre les mains, sauf qu’elle ne peut rien en faire. Ni s’en débarrasser, ni la balancer, ni même la faire exploser. Elle ne peut rien faire d’autre qu’accepter, encaisser l’idée que sa fille ait décidé d’avoir une relation avec une femme encore plus âgée qu’elle. Parce qu’elle ne se rend pas compte, Arya. Elle ne se rend pas compte combien c’est déstabilisant pour sa mère. Combien cela la pousse à se poser des questions, à s’interroger sur son éducation. Sur ce qu’elle a pu faire elle-même, de travers, pour la pousser à se tourner vers une quadragénaire. Peut-être qu’elle n’a pas agi suffisamment comme une mère, peut-être que… à trop copiner avec elle, elle l’a privée de cette sécurité, ces besoins qu’ont tous les enfants. Ils sont d’ordinaire satisfaits par leurs parents. Mais avec un père absent, et une mère aussi décalée, peut-être qu’Arya a juste… un manque à combler. Elle ne sait pas, Cassey, elle ne sait plus quoi penser, ni quoi dire. Elle n’a, de toute manière, pas la sensation qu’elle puisse avoir un quelconque mot à dire. – Je suis ta mère, évidemment que je me projette ! C’est dingue, comme elle a l’air déconnectée de la réalité. Pourtant, elle la connaît. Elle connaît sa mère, elle connaît son tempérament extrême. Elle sait que, là tout de suite, Cassey est déjà en train de l’imaginer mariée à cette femme. Ou peut-être que non. Peut-être qu’elle ne veut juste pas voir ce qui paraît déjà clair aux yeux de celle qui l’a mise au monde. Il suffit d’entendre ses paroles pour le réaliser. Fébrilement, l’antiquaire secoue la tête, comme nerveuse, elle se terre dans le silence. Un silence qui ne lui ressemble pas. – D’accord… D’accord. qu’elle lance, simplement, comme pour mettre un terme à la conversation. Parce qu’elle ne voit pas ce qu’elle pourrait ajouter d’autre, Cassey. Et ça la rend dingue de se retrouver dans une telle situation avec elle, avec sa fille. Elle qu’elle considère d’ordinaire comme son âme sœur, mais elles ne semblent pas se comprendre, pas comprendre ce que chacune peut avoir sur le cœur. Elle se sent mal, elle se sent inquiète. Elle a peur pour elle mais, au fond, que peut-elle dire ou faire ?

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— @cassey warren

Cette terrible incompréhension lui crève le cœur. Ce n’est pas ce qu’elle souhaitait. Elle ne voulait pas que sa relation avec Quinn ne vienne compliquer quoi que ce soit. Encore moins celle avec sa propre mère. Elle ne voulait pas que sa relation avec Quinn soit compliquée, tout simplement. Et c’est peut-être aussi pour cette raison qu’elle garde le secret. Pour cette raison qu’elle s’évertue à fuir tout engagement avec la quadragénaire. Tu ne veux pas souffrir, Arya. Tu ne veux pas être dépendante de quelqu’un. Tu ne veux pas te laisser briser par quelqu’un, une fois de plus. Tu ne veux pas te retrouver abandonner par quelqu’un, une fois de trop. Tu ne veux pas avoir la sensation de ne pas être assez bien, à nouveau. C’est tout ce qu’elle évite, en ne donnant à Quinn qu’une faible importance dans sa vie. Avec la faible lueur, au fond de son cœur, qui lui murmure toujours que la brune ne mérite pas cela. Avec l’intuition, chaque fois qu’elle sent son regard sur elle, qu’elle ne provoquera jamais ces horribles impressions en elle. Elle chasse pourtant cette voix, à chaque fois, parce que c’est beaucoup plus simple de cette façon. Plus simple, sauf si elle doit se disputer avec Cassey. Plus simple, sauf si elle doit remettre en question la fusion à peine retrouvée. - Maman… Qu’elle lâche finalement, attrapant ses mains, face à ce silence glaciale. - Je ne veux pas que tu ressentes ça… Parce que ça n’en vaut vraiment pas la peine… Ce n’est après tout qu’une relation sans nom. Qu’un faible attachement pour une histoire qui n’est pas faite pour dépasser le secret. - La vérité, c’est que je ne fais plus confiance. A personne. Que ce soit elle ou quelqu’un d’autre, c’est la même chose. Alors ce n’est pas demain la veille que je te présenterais quelqu’un. Et elle a mal, de devoir se livrer. Mal, de devoir mettre des mots sur sa souffrance. Mais elle sent bien qu’elle y est obligée. Elle sent bien qu’elle y est obligée pour ne pas que Cassey soit dans tous ses états. Le sentiment amer qui reste au coin de la gorge. Et au fond, peut-être que c’est justement parce que cette relation avec Quinn est vouée à l’échec, que tu te laisses autant aller à ses côtés.