pas que des belles histoires. | with arya.

31st October 2019: 7 P.M
tu t'es levé depuis cinq heures déjà, t'as fait ta routine, manger, regarder la télé et pas grand chose d'autre. ce soir tu travailles, enfin comme quasi tout les soirs presque, ton patron c'est le cliché du gars qui a de la thune, un cigare dans la main, et un rhum inconnu qui coûte des milles et des cents dans l'autre. mais c'est pas un mauvais gars, il a "le cœur sur la main", il te file pas dix-mille dollars pour avoir fait deux cocktails, mais tu restes très bien payé pour ton travail, puis t'es pas dans une boite de merde, c'est un truc bien fréquenté et l'accès y est assez restreint. t'as un costume qu'on t'as fourni pour l'boulot, le genre de tenue que t'aurais jamais pu vraiment te payer, puis ça t'fais avoir l'air d'un manchot, d'un pingouin un animal dans l'genre. t'es jamais réellement libre de tes mouvements, alors a chaque fois que tu te retrouves derrière le bar, comme ce soir tu prends juste le veston et la veste tu la laisses dans le vestiaire des employés. et te voilà dans ton lieu de travail, t'y es bien même si la musique tambourine et te brise les tympans a petit feu, tu as enfin trouvé quelque chose pour sortir la tête de l'eau sans avoir l'aide de ta sœur et d'son mari friqué aux as. t'entends les portes qui s'ouvrent, et là l'alcool va couler, parce-que tant qu'ils ont l'argent et que les videurs n'expulsent pas ces gens là, on leur donne tout ce qu'ils veulent. tu commences a servir les cocktails, t'as appris a faire flair bartending, en gros tu fais l'jongleur des temps modernes aux bouteilles d'alcools pour espérer des pourboires. tu poses ton regard sur la blonde face à toi, tu la connais bien arya, alors tu te penches doucement sur le bar vers elle avant de dire simplement
"arya, si t'es là juste pour boire, c'est pas moi qui donnera tes verres."
t'as le droit de trouver qu'un client est trop amoché et que de l'alcool serait mauvais, alors si elle te demande une boisson alcoolisée, tu lui sortiras du soda ou un cocktail sans alcool. et rien de plus.

- with our fears we
face the mirror reflecting
what makes us suffer -

— @darell hines

L’esprit égaré, le cœur ravagé. Les sentiments se bousculent et les pensées se mélangent. Elle ne sait plus. Au fond, peut-être qu’elle n’a jamais su. Elle se sent mal, et c’est ancré en elle. Mal-être accroché comme une sangsue, petite blonde déchirée. Peur de tout et incapable de montrer quoi que ce soit. Elle est comme cela, Arya. Comme cela depuis des mois, désormais. La souffrance qui règne, qui trône dans son cœur, à force d’être abandonnée. La maladie qui s’est emparée d’elle, maladie mentale, boulimie comme seul remède pour extraire cette souffrance. Et les tourments. Les tourments, entre ce géniteur. Ce père, qui n’en a jamais été un. Ce père, qui a pris la fuite avant même qu’elle ne vienne au monde. La laissant seule, elle, avec sa mère. Les laissant, elles, livrées au monde cruel. Les aléas de la vie, les soucis financiers de sa mère, l’entraînant dans les pires combines, vers les pires monstres, pour lui offrir le meilleur. Mais que reste-t-il, aujourd’hui, de tout ça ? Une gamine brisée, une mère endettée, des vies en danger. T’as juste besoin de te brûler, Arya. Juste besoin de côtoyer d’autres souffrances. De t’imprégner de l’ambiance maussade des bars. Ce que tu caches derrière ton visage de poupée, derrière l’apparence d’une princesse. Elle n’a pas envie de voir qui que ce soit. Elle n’a pas envie de voir qui que ce soit qui pourrait compter. Pour qui elle, elle pourrait compter. Parce qu’elle le sait, ils finiront tous par s’en aller. Ils finiront tous par se détourner. A quoi bon essayer, à quoi bon créer, à quoi bon s’évertuer à aimer. Amour, il n’y a plus. L’attachement est banni. Seul le jeu est de mise. Et elle enchaîne les vers, au comptoir. Elle les enchaîne tous. Jusqu’à ce qu’elle le voit, lui. Darell. Barman rencontré à ce même bar, avec qui elle a sympathisé, quelques fois. Quelques sourires, douces paroles, complicité naissante. - Pour qui est-ce que tu me prends, Darell ? Elle garde cette grâce en toute circonstance. Même alors qu’elle est mal. Même alors qu’elle pense à tout, et aussi à lui. Son ex petit-ami. Celui qui l’a trahi, abandonné, il y a un douze mois déjà. Tout surgit et ressurgit. - Je peux boire sans avoir envie de me saouler, tu sais. T’as juste l’envie d’épancher tes peines, Arya. De te nourrir de celles des autres. De te nourrir des âmes autour de toi.

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— @darell hines

Agacée. Elle est agacée. Parce qu’elle ne supporte pas d’être traitée comme il est en train de le faire, Darell. Elle ne supporte pas d’être traitée comme une gamine, comme une ex tolarde ou pire encore comme une ivrogne. Elle a juste envie d’oublier, juste besoin d’extérioriser. Et ce soir, peut-être que la seule manière qu’elle a trouvé de le faire, c’est se rendre dans ce bar. Parce qu’elle n’a pas envie que qui que ce soit puisse la voir dans cet état. Elle n’a pas envie de s’épancher sur ses malheurs au près de qui que ce soit. C’est pourtant exactement ce qu’il la pousse à faire. C’est exactement ce qu’il souhaite retirer d’elle, des confessions, des aveux, une souffrance libérée. Mais ce n’est tellement pas toi, ça, Arya. Tu ne sais pas parler. Tu ne sais plus parler. T’as eu le cœur bien trop brisé. Soupirant, elle le suit tout de même jusque dans la réserve. Le laissant refermer la porte juste derrière eux. - Ah oui ? Mes charmes ne fonctionnent pas ? Qu’elle lâche, un peu déçue, en lui offrant son regard de biche. Mais il gâche tout. Il gâche tout avec son monologue paternel. Parce qu’elle n’a pas envie de cela, Arya. Elle n’a pas besoin de cela. Juste de quelqu’un qui pourrait lui faire tout oublier. Mais ce n’est pas ce que tu devrais retenir, Arya. Tu devrais juste voir qu’il tient à toi. Tu devrais juste voir qu’il veut ton bien. Elle est pourtant incapable de faire preuve d’une telle lucidité, parce qu’elle a le cœur fermé, la poupée. Son esprit est bloqué, et il n’y a pas de bonne manière de la faire parler. Il n’y a pas de bonne manière de l’aider. Ce n’est que lorsqu’il s’assoit, qu’elle ose un pas vers lui. S’avançant pour venir s’installe sur lui, sur ses genoux, en reprenant la parole. - Ouais, t’es un vieux con. Mais je t’aime bien quand même. Petit sourire, malicieux, un brin sincère. Petit sourire qu’elle lui offre, juste pour signaler qu’elle ne souhaite pas entrer en guerre avec lui. - Ne gâche pas tout, s’il te plait… Son regard ne se décroche pas du sien, et elle aimerait qu’il comprenne. Elle aimerait qu’il comprenne, juste par son regard, qu’elle n’a pas envie de s’effondrer. Qu’elle n’a pas envie d’y penser.