temptation (arthur)

Une cigarette grille doucement dans ta main droite, un livre dans ta main gauche. Ta tête oscille machinalement en rythme avec la musique, un peu trop forte pour la petite mamie qui te sert de voisine. Elle finit par cogner dans le mur avec son balais, tu roules des yeux. Il faudrait qu’elle change de gag, ça commence à devenir redondant. Prise dans ta lecture, tu décompresses un peu. Tu n’as pas arrêté de la journée, ça se sent que tout le monde prépare en douceur l’arrivée de Noël. La librairie où tu travailles n’est, bien évidemment pas, exclue. Un peu de calme ne te fait pas de mal avant de plonger, cette nuit, de nouveau dans le bain de foule new-yorkais. Ce soir, comme très souvent ces derniers temps, tu sors. Pas avec n’importe qui. Un mec que tu n’as même jamais vu. Tu ne connais même pas son prénom. Sa voix. Tu n’as entendu que ça de lui. Ce n’est pas tout à fait la vérité. Ses mots. Il y a plus d’un mois de ça, pendant ta pause à ton Starbucks, tu es tombé sur un tumblr qui t’a mis dans tout tes états. Des paroles de chansons. Tu as bloqué dessus. Une puis deux, et ainsi de suite. Tu n’en pouvais plus de découvrir ces rimes, tu es rapidement arrivé à la conclusion que, qui que soit l’auteur, il avait des doigts de fées. Inconditionnellement. En grande curieuse que tu es, tu as cherché à en savoir plus. Un mail en entraîne un autre, vous avez vraiment beaucoup discuté. Puis, ce fameux coup de fil. Il vit aussi sur New-York. C’était la chance qui te souriait, littéralement. Presque sur un coup de tête, vous décidez de vous rencontrer. Tu as des frissons rien que de repenser à sa voix. Tu ne peux pas t’empêcher de te l’imaginer, bien qu’une question te taraude : et si c’était un thon ? Très vite, tu t’échappes de ta lecture, bercée par le flot de tes pensées. Non, un thon ne peut pas écrire d’aussi belles paroles. Tu te gifle mentalement. Tu n’as pas le droit de penser comme ça. Tu es en couple maintenant et même si tu as l’impression d’être au régime sec, tu dois te comporter comme tel. Tu as essayé de nouveau de négocier pour avoir le droit de coucher ailleurs ~~de temps en temps~~ mais ça a terminé en dispute, encore. Tu sens qu’il ne va pas faire long feu, celui-là. Ta soif de liberté dévore tout, l’envie de faire ce qu’il te plaît dépasse tout. Soudain, ton portable vibre et te ramène à la réalité. Tes yeux s’écarquillent et tu réalise que tu vas être en retard. Te changer, te maquiller, te préparer. Pas de temps à perdre. Tu vérifies ta tenue avant de partir, tu es parfaite.

Ce bar lounge n’est pas forcément dans ta liste de tes lieux favoris mais ton inconnu a tenu à ce que ce soit ici. Tu entres et cale tes long cheveux clairs d’un côté de ton cou. Petit sourire, tu avance et observe le lieu. C’est beau, raffiné. Tu as bien fait de choisir des talons. Habituellement, tu ne les choisis pas parce que tu finis souvent en vrac mais quelque chose te dit que ce n’est pas ce soir. Le bar est moins peuplé que le reste de la salle. Tu t'installes sur un haut tabouret et croise tes jambes. Tu regarde autour de toi, cette petite excitation au ventre. Tu as hâte, c'est étrange. Le barman t'interpelle. « Un cosmo, s'il vous plaît. » Une valeur sûre. Tu sors ton téléphone et compose un message à son attention.

becx a écrit:

"habit de velours, ventre de son" proverbe français.

Ton sourire se fait quelque peu malicieux. Les seules indications qu'il a pour te trouver. Va-t-il réussir ? En soit, rien de compliqué mais il va peut-être jouer le jeu. Ton verre arrive mais tu attends le parolier pour pouvoir le savourer avec lui. Tu fais jouer doucement le verre entre tes doigts, le regard perdu à regarder les serveurs travailler. Tu l'attends, pas très patiemment.

@arthur simons temptation (arthur) 1747131343

I've been watching you For some time. Can't stop staring At those oceans eyes. Burning cities And napalm skies. // becca and arthur -- ☽☾

des sourires satisfaits d'une mélodie murement anticipée et calculée. ça sonne faux et routinier. du déjà vu sanglant. il cumule les mensonges et les paroles désavouée d'un être sur le bord de la rupture. arthur est dans la merde jusqu'au coup. de l'argent qu'il doit de toute part aux contrats qui se font rares. ça marchait bien pourtant. y a de ça quelques semaines seulement. avant que sa gueule ne fasse la une du journal locale, avant que son nom ne soit salis par les actes commis. arnaqueur qu'on disait de lui. ils n'avaient pas forcément tords. touchaient du doigt cette brève vérité bien plus complexe qu'il n'y paraissait. au fond, ce que les gens pensent, ça te fais ni chaud ni froid. c'est pour les affaires que t'es rempli d'effrois. derrière la large vitre du studio d'enregistrement, arthur écoute et est bien loin à la fois. dans les méandres d'un esprit de nouveau torturé par ses propres choix. que faire. où voguer. simplement se tirer. des tonnes de questions alors qu'il ne semble pas avoir la solution. et il remet toujours tout au lendemain. comme à chaque fois. pas prêt d'assumer le moindre de ses actes. futilités qui l'absorbent mais le dévorent jamais.
et l'alarme du téléphone,
elle te rappelle à l'ordre.
vautré sur son fauteuil, il fronce les sourcils arthur, attrape le portable dans le fond de la poche de son jean. contemple l'écran qui lui sonne un rendez vous anticipé à ne pas oublier. aussitôt, il remet l'objet du délit dans sa poche, relève ses yeux bleutés vers la vitre et appuie sur le bouton, avançant son visage pour parler dans le micro à sa portée. on arrête là pour aujourd'hui. on s'revoit dans trois jours. ça lui titille le fond de la gorge de lui balancer qu'elle n'a rien du chanteuse, encore moins d'une charmeuse. que de son talent, il n'en fera rien. comme toutes les autres. comme toutes les naïves effrontées qui passe la porte de son bureau échoué. sans un regard de plus, arthur se lève et sort de la pièce. sa voiture l'attend juste en bas de l'immeuble, sagement. des jours entiers qu'il pense à cette rencontre, au son de sa voix. simple méfait dont il a eu le droit tandis que tout le reste, reste dans le domaine de l'imagination. une excitation bizarre qui envahit son échine, comme un jeu malsain. comme si enfin, il allait toucher du doigt ce bout de destin. la vie est étrange parfois. faites de vagues qui s'échouent et repartent. il saisit les occasions. parfois, elles sont rares, parfois elles s'accumulent à ses pieds. mais il ne sait jamais de quoi demain sera fait. le but cuisant de sa vie : ne rien prédire, juste anticiper. comme avec esmee. comme avec tout le reste. la seule personne qu'il n'avait pas calculé, c'était abi. abi et leurs conneries. dans un recoin de son esprit.
ancrée à jamais,
malgré les supplices d'un myocarde qu'il aimerait l'oublier.
il ne met pas longtemps à arriver au lieu de rencontre. un bar qu'il ne connait que trop bien pour y avoir passer d'innombrables soirées. mais c'est aussi un lieu de tranquillité. pour une fois, arthur y va sans trop savoir ce qui se cache derrière la porte. la curiosité plein le nez, il remet en place le col de son long manteau, jette le mégot de sa clope dans une flaque dos. une inspiration, puis une deuxième. étrange comme il se sent tout à coup anxieux. anxieux face à l'inconnue qui l'attend. celle qui a lu ses écrits les plus intimes, percée à jour son patronyme. et tandis que ses yeux scrutes l'horizon, tourne le dos au lieu, cherchant un point d'accroche dans le paysage qui se fait peu à peu la malle, derrière les dernières lueurs du soleil, son portable se remet à sonner. il tapote sa poche, le prend en main et en lit les quelques mots illuminés. un fin rictus étire les trais de son visage avant qu'il ne souche légèrement la tête de gauche à droite, poussant enfin les portes du bar. ça sent la liqueur de framboise et le cuir. ça sent la chaleur des ampoules et la réglisse. tout en marchant vers le bar, arthur tire sur les extrémités de son manteau, l'enlève tout entier. il étouffe déjà et ce n'est qu'à quelques centimètres du bar qu'il trouve enfin la victime de ses innombrables nuits à parler. elle est de dos mais ses longs cheveux blonds sur le côté, dévoilent la couleur de ses fringues. un instant qu'il reste planter à arthur, avant d'enfin s'avancer, avant d'enfin se poser. à ses côtés. sur le tabouret fraichement gardé. les coudes plantés sur le bois vernis, arthur tourne ses pupilles bleutées vers la succube installée. ça fait bizarre d'te voir en vrai. un sourire discret qui étire ses babines. il l'avait imaginé un nombre de fois incalculables. mais jamais avec les traits d'une blonde des blés.

sur ton vieux fauteuil en cuir, tu sens naître d’étranges impressions. c’est comme un pressentiment qui t’habite, soudain. celui de te jeter dans la gueule du lion et de ne pas pouvoir en sortir, emprisonnée. cet homme avec qui tu parles depuis plus d’un mois, tu sais que c’est un risque. tu le sais très mais pourtant, tu as accepté de le voir. ce n’est rien de plus qu’un jeu pour toi, tu joues avec le feu. la liberté t’aveugle, tu n’écoutes que ton bon-vouloir. ton couple bat déjà de l’aile. il suffirait d’un geste de travers pour que tout vole en éclat. tu es une gamine incorrigible. tu t’es préparée, l’enlumineur brillant subtilement sur tes pommettes. tu ne veux pas t’avouer que, inconsciemment, tu espères faire mouche.

tu découvres l’endroit du rendez-vous, perchée sur tes escarpins. lieu que n’a pas réellement l’habitude de fréquenter. tu as tes adresses et celle-ci n’en fait pas parti. pas encore. c’est beau. vraiment. raffiné, l’endroit commence à doucement se remplir. assise au bar, tu réserves un tabouret pour le parolier, celui qui doit te rejoindre. un fin sourire étire tes lèvres. blond, brun ? tu as hâte de mettre un visage et un nom sur la présence qui accapare tes nuits bien trop régulièrement ces derniers temps. il doit te trouver pour ça, avant tout. tu composes ce message, tu sais qu’il te trouvera. le serveur t’amène ta consommation, que tu patiente d’entamer. tu réajuste ton blazer, encore sur tes épaules. tu brûles d’impatience plus les secondes passent, la symphonie des serveurs te lasse. tu es bien trop préoccupée par ton inconnu. tes ongles commencent à pianoter le comptoir quand soudain, tu sens une présence sur ta droite. lèvre légèrement mordue avant de tourner la tête, tes iris azurs se posent sur l’homme à tes côtés. seigneur. tu inspires discrètement entre tes lèvres, légèrement entrouvertes. tu l’observes avant d’esquisser un léger sourire. il a cette beauté sauvage. brute. animale. celle qui te fait délirer. tu te doutais qu’il allait avoir un air d’artiste déchu, écorché par la vie mais très loin d’avoir un charme comme le sien. tournée vers le bar, tu finis par t’orienter vers lui, genoux non loin de son dos. la proximité est divine, naturelle. pas un instant tu ne ressens le besoin de t’éloigner. tu n’étouffe pas, au contraire. ton regard fini par croiser le sien. il a de beau yeux clairs, comme les tiens. il finit par parler. tu hausses un sourcil, malicieuse. « je suis certaine, qu’au fond, tu avais envie de savoir à quoi je ressemblais. » après tout, votre relation aurait très bien continuer virtuellement et finir comme elle avait commencer. deux âmes qui se croisent et qui finissent par s’éloigner. tu viens à te demander pourquoi vous vous êtes rencontrez. tu finiras par lui poser la question, si ce n’est pas lui qui le fait avant toi. tu interpelles le serveur, doucement. tu es calme en apparence mais tu pétilles, tu sens que cette rencontre va être stimulante. « tu veux boire quelque chose, j’imagine ? » tu approches ton verre près de toi tandis que le serveur arrive, prenant la commande du joli blond. une fois qu’il s’éclipse, tu reportes ton attention sur lui. « alors ? » éternel sourire en coin. « est-ce que tu vas finir par me lâcher ton prénom ? » ça y est, c’est parti. tu le taquines. il peut rester ton inconnu mais la curiosité te chatouille. c’est plus fort que toi. il n’a jamais voulu te dire son prénom et toi non plus. « j’aimerais mettre un nom sur la tête de l’homme qui m’a donné plusieurs nuits blanches. » c’est fin, tu ne révèles pas publiquement qu’il compose des textes à couper le souffle mais tu le complimentes, malgré tout. tu te redresses légèrement, ne perdant pas le jeune homme du regard. tu ne va pas tarder à faire tomber ce blazer, c’est évident.

@arthur simons temptation (arthur) 4113627247