One more night, one more day, one more smile on your face - Suileabhan

J'ai la gorge nouée, je n'en peux plus de pleurer autant. Je dois me ressaisir et faire bonne figure mais c'est trop difficile. Je n'arrive plus à me contrôler. Les larmes coulent toutes seules, je ne les retiens plus. Je n'en ai plus la force. Suile est là pour moi, il me soutient, ses caresses m'apaisent. Mais ce n'est toujours pas suffisant pour me calmer. Je me sens rassurée par ses promesses, bien que je sois incapable d'en prendre conscience. La dernière fois où j'ai été si faible, c'était à la mort de Jenny. Mon coeur si fragile ne mérite pas de souffrir autant en si peu de temps. Je devrais relativiser, voir le bon côté des choses. Suite à cette discussion, nous allons pouvoir reprendre notre relation doucement mais surement. Il va y avoir des accrocs sans doute, des maladresses très certainement mais l'envie d'être proches est toujours là. Pour lui comme pour moi. La seule différence, c'est que de mon côté, je vais devoir faire beaucoup plus d'efforts afin de ne pas montrer mes sentiments. Pour que Suile croit que les choses s'arrangent à ce niveau là.

Je sais que c'est impossible de mon côté et c'est ce qui me rend si triste. Jamais je ne pourrais cesser de l'aimer. Il est encré si profondément dans ma peau, dans mon corps et dans mon âme que je ne peux plus me défaire de lui. Certains pourraient qualifier cette situation de toxique. Mais moi c'est tout ce que je veux. Il est mon oxygène, mon bonheur repose uniquement sur le sien. Je ne peux pas faire autrement, je dois me montrer forte et surmonter cette épreuve. S'il savait à quel point sa présence, son soutien et ses caresses me sont chers ! Puis ces petits baisers que je sens sur le haut de mon crâne, j'en apprécie chaque seconde. C'est réconfortant, ça me donne l'illusion futile qu'il tient à moi autant que moi. "J'espère oui." Je respire son parfum, je m'enivre de son odeur masculine. Je sens que je dois rompre notre embrassade, que je dois lui prouver que je vais bien. L'envie n'y est pas, je suis si bien dans ses bras que je veux que ça dure encore. Juste un peu.

"Je suis désolée.. Je ne voulais pas que tu me vois comme ça." Et c'est tout ce que je peux dire pour excuser mon comportement. Il est compréhensif Suile, je sais qu'il ne me tiendra pas rigueur pour ma crise de larmes. Ça doit même le rendre triste pour moi de me voir dans cet état là. Je m'écarte un peu et essuie mes yeux avec mes mains. Mauvaise idée, j'ai du mascara plein les mains. "Merde. Je.. je vais me nettoyer dans la salle de bain." Je me lève et quitte entièrement ses bras, le coeur gros. Je ne fais pas de bruit en quittant la pièce pour ne pas réveiller les enfants qui dorment déjà à point fermé. Je me regarde une demi seconde dans le miroir avant de détourner le regard. Depuis que j'ai maigri, j'ai énormément de mal à me regarder en face. Avec les yeux rouges et bouffies, des cernes de panda à cause du maquillage, je fais encore plus peine à voir. Je me nettoie à l'eau, autant que possible puis m'essuie à une serviette qui, elle aussi, porte l'odeur de Suile. Je dois rentrer chez moi pour ne pas craquer une nouvelle fois. Je retourne au salon, honteuse de mon apparence autant que par ma réaction. "Je pense qu'il vaut mieux que je rentre.. pour me reposer." Le quitter est la dernière chose que je souhaite faire mais je n'ai pas le choix. Rester plus longtemps serait de la torture pour nous deux.

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Suile est prévenant, il fait tout pour que je me sente bien. Rassurée. Je sais qu'il me soutient, qu'il veut que j'aille bien et qu'il fera les efforts nécessaires pour que mon sourire retrouve sa place sur mon visage. Sa réaction est juste parfaite. Il ne fait aucun faux pas, il agit à l'instinct et ça marche. Je me sens bien dans ses bras. C'est le plus bel endroit sur terre. Je ne peux malheureusement pas y rester. C'est une torture de le quitter, mais après tout ce qu'on s'est dit, c'est la meilleure chose à faire. On a tous les deux besoin de temps. De digérer cette conversation et qu'elle fasse son petit bonhomme de chemin dans nos têtes. Je suis incapable de prédire l'avenir, je ne sais donc pas comment je vais me sentir dans les prochains jours ni même si j'arriverais à surmonter ma peine de coeur. Ce qui est certain en revanche, c'est que je me battrais pour y arriver. Rien que pour retrouver la complicité qu'on avait réussi à instaurer entre nous.

"Merci. Pour tout." Il m'aide à enfiler ma veste, je passe une manche après l'autre et ferme la tirette qui m'aidera à me protéger du froid le temps de rejoindre mon appartement. Je ne vis pas loin, heureusement. Je ne l'ai pas senti jusque là, mais je suis exténuée. La sieste que j'ai faite dans l'après-midi n'a pas suffi à me remettre sur pieds. Je subis encore le décalage horaire et je sais d'avance que je ne serais pas du tout productive demain matin. Si j'arrive à trouver le sommeil après la conversation qu'on vient d'avoir, je pourrais m'estimer heureuse. Je quitte mon beau-frère en bon terme, avec une belle perspective d'avenir pour nous. Pas tout à fait celle que j'espère, au fond de mon coeur, mais je vais devoir m'en contenter. C'est la seule chose à faire après tout. Je me tourne vers lui et tente de sourire aussi naturellement que possible. "Appelle moi, si tu as besoin d'aide avec les petits. Ou autre chose." Il le sait mais j'ai envie de le répéter quand même, pour qu'il ne me ménage pas. J'ai besoin de leur contact. Aussi paradoxal que cela paraisse, c'est le seul moyen pour que je guérisse.

Je m'avance d'un pas timide et baisse un court instant les yeux sur mes doigts qui se sont emmêlés par nervosité. C'est bizarre de ressentir une telle gêne à l'idée de l'embrasser pour lui dire au revoir. C'est pourtant quelque chose d'anodin entre deux personnes proches. Pour nous ça a une autre signification et je veux être celle qui fait le premier pas cette fois. Pour lui prouver que j'arrive déjà à maîtriser mes sentiments. Et qu'il n'y a rien d'étrange à montrer notre affection de la sorte. "Bonne nuit Suile." Je pose ma main sur son bras et me dresse sur les pointes de pieds pour déposer un baiser sur sa joue. Ce n'est pas grand chose et pourtant j'ai des fourmillements qui me parcourent le corps. Ça ne se remarque pas heureusement, je ne veux pas qu'il voit ce que j'éprouve outre mesure. Je ferme deux secondes les yeux en savourant le mélange de douceur de sa joue et de rugosité de sa barbe. Je dois m'éloigner maintenant, sauf que je n'y arrive pas. Je reste comme bloquée contre lui. Alors pour ne pas éveiller ses soupçons, j'enroule un bras autour de son cou pour enchaîner avec un câlin. Histoire de gagner quelques secondes supplémentaires pour me ressaisir et ne pas faire une connerie que je pourrais bien vite regretter.

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