parasite

traits de caractère / Le regard tourné vers elle, le regard tourné vers lui. Ils sont deux à se pavaner devant elle, comme deux modèles qu’elle ne souhaite jamais suivre, qu’elle ne désire pas. Deux pour la devancer, deux pour lui délaisser les désirs d’une famille trop conservatrice, tandis qu’elle rage dans sa chambre, qu’elle hurle dans son esprit, sans jamais laisser le moindre bruit traverser ses lèvres. Et pourtant, là, elle la tient, elle la possède finalement. revanche, vengeance, pour une vie échangée. Elle ne veut pas de cet amour-là, elle ne veut pas de cette vie-là, ne veut pas être enfermée pendant que l’autre jouit de ses privilèges. Et il y a le sourire d’une peste qui nait sur ses lippes, tandis que sa voix se porte vers sa maternelle, promesse d’une vérité bien trop dérangeante pour l’étincelle de la famille. Et elle souffle, un soupir, une parole, et une preuve. La photo, les images, une décadence dans la famille. Une sœur bafouée, une aînée attrapée dans les vilains filets parentaux, alors qu’enfin, elle récupère le contrôle, laisse adama sur la touche, et devance cette dernière avec un rictus infâme. La survie, qui coule dans ses veines, la tricherie, qui se faufile dans sa gorge, et le vice qui s’installe doucement, tandis qu’elle est remerciée par une mère aimante, qu’elle est récompensée par la fortune qui revenait à la grande. Qu’elle se prélasse enfin, son lit pour refuge, son esprit pour évasion, et ses pensées qui divaguent. La musique en fond, et la voix qui porte, elle chante pour oublier que cette vie ne lui va pas, que cette existence ne lui plait pas, qu’une autre passion demeure en elle, qu’une autre chaleur vit en son sein. Une simple pensée, vers cette femme d’un autre univers, déchue de son luxe, et pourtant bien plus incroyable que tous, que toutes. Une pensée soudaine pour cette muse, un sourire cachant les joues d’un rose parfait, tandis qu’elle se glisse plus loin encore dans sa couette, pour s’abandonner au plaisir d’un rêve éphémère, au désir d’une rencontre imaginaire, à l’amour qui frappe à la porte, comme si un tel sentiment pouvait exister. et pourtant, le feu se propage, et pourtant, l’âme chavire. Il y a le plaisir, il y a la douceur, le chant d’une mélodie pour camoufler la preuve d’un acte inavoué, d’une occupation trop salie par deux parents incapables de comprendre. Il ne lui faut pas longtemps, un soupir de bonheur envahissant l’espace confiné de sa couette et de son visage en chaleur, avant de ressortir de sous sa cachette, remettant son pantalon en place, pour garder son vice impuni, son crime indétecté.
Elle n’a plus qu’à se faufiler, embrasser les joues de sa maternelle, embrasser le front de son paternel, pour s’envoler au loin, sachant que son statut lui autorise bien plus qu’à d’autres. Elle attend d’être hors de vue, elle attend de ne plus voir la maison se dresser comme une reine derrière elle, et se met alors à courir, libérant les derniers instants sauvages qu’elle cache depuis si longtemps. Elle n’est plus la même, se livre à une course folle contre le vent, contre le temps, pour rejoindre le pays de ses rêves, le bar qui l’accueille, le micro qui lui permet de s’évader, encore plus.
La touche de bonheur qui la fait frémir, alors que sa voix enchanteresse se propage, qu’on l’applaudit après chaque chanson, et que le sourire vibre sur ses lèvres, comme dans tout son corps.

Elle est deux. Séparée entre les attentes d’une famille difficilement appréciable, et les espoirs d’une gamine bientôt adulte. Elle est deux, ne rêve que de s’exprimer, ne rêve que de s’épanouir, que de devenir celle qu’elle attend d’être depuis si longtemps. De prendre la place tant estimée de ses frangins, ceux qui dominent par leur âge, ceux qu’elle ne supporte pas, qu’elle dénigre facilement. Elle ne rêve que de s’enfuir, sans pouvoir se détacher des chaînes invisibles qu’elle a aux pieds, qui l’enferment dans cette vie qu’elle appréhende, qu’elle rejette, celle de la parfaite enfant, de la parfaite héritière, de la petite danseuse chérie, qui obéit et rend ses parents fiers.
Elle est deux, et peu de monde connait la seconde.

deux petits pas vers la droite.
à peine sur ses pattes, marchant, courant comme une petite folle, adorant la vie, la croquant à pleine dents, elle est cette petite, cette gamine attirée par les mouvements sveltes, la souplesses des femmes en tutus, et la beauté d’une musique projetée dans le corps. elle a le cœur qui bat plus fort, quand elle les voit. elle a l’âme qui s’émerveille quand elle sent ses bras, ses jambes bouger en rythme. Et le sourire d’une mère aimante, qui attrape ses mains, qui l’empêche de tomber, qui jouit de cette relation privilégiée, de ce bébé magique, qui ne cesse de lui dire qu’elle l’aime. Et le regard d’un père fier, de voir en cette enfant la parfaite suite. Deux jumeaux qui le suivent, une dernière qui le fascine. Une famille parfaite, l’héritier, la studieuse, et l’artiste. Une vie parfaite, elle est l’aboutissement d’un rêve, elle est la fin d’un cauchemar…
elle est un mensonge outrageux.
Parce que les années passent. Et que l’un s’en va, et que l’autre s’accroche. Parents qui perdent leur fils, trop pris par ses désirs, trop pris par ses envies. Il rejette l’autorité, il rejette la famille, il rejette tout le monde, en apparence. Parce que les années passent, et que l’une s’attache, et que l’autre fuit. Parents qui regardent leur première fille s’épuiser au travail, pour rattraper les fautes d’un frère honteux. Et les années qui passent… personne ne voit comme le sourire de la dernière est tâche dans un bonheur illusoire. Personne ne voit comme le regard de khion s’abat telle une massue sur cette famille divisée. Personne. Parce qu’elle continue à danser, petite princesse. Parce qu’elle laisse sa passion devenir sa vie, et que son bonheur est important pour deux parents qui pensent avoir perdu leur fils dans les abîmes des désirs les plus abominables. Et la danse qui s’enjaille, et les parents qui s’attachent. Une vie toute tracée, qui bien vite l’effraie. Une vie toute tracée, qui devient mauvais rêve. La passion, elle disparaît, la corvée, elle apparaît.
Tout a commencé par deux petits pas vers la droite.

ces grands yeux qui la regardent.
Toute sa vie, on la regarde. Toute son existence, elle est filmée. Les sourires, famille fière. Les applaudissement, merveille dans son élément. Adulée, adorée, parfaite petite enfant chérie qui se plait à embrasser la joue de son père quand il reçoit des invités. Il peut s’en vanter, il a une fille adorable, qui le remplit de joie, en tout temps, en toute heure. Et sa mère, qui ne cesse de l’admirer, quand elle patine sur le sol, laisse ses mouvements lui apporter de l’espoir. La beauté, dans la famille, la beauté, dans cette maison. Elle est comme la fleur, au milieu du champ. Tout le monde la remarque, mais les deux mauvaises herbes ne savent pas se tenir, et se doivent de la rabaisser, saletés. L’un boude souvent, il n’approuve pas toute cette attention, se sent sûrement délaissé, comment pourrait-il l’aimer. Elle apporte les plus grandes joies, et s’amuse pour rendre les parents heureux, quand il doit se taire, se laisser faire, et détester cette vie qui s’impose à lui. L’autre la déteste, c’est inné, comme un caractère, comme un appendice. Elle est là, l’aînée, la regarde, de haut. La déteste, tout bas, et le lui fait savoir. Un regard hautain, pourtant, elle aurait pu être aimée. Un regard hautain, pourtant, elle ne s’en défile pas. Et peut-être que par ses yeux, il y a l’impression que c’est elle, khion, qui apporte la discorde. Pourtant, comme le dit l’adage, la bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe. Et seule la neige de son prénom peut correspondre à une telle blancheur.
Alors, elle les affronte.
ces grands yeux qui la regardent.

cette perfection qui ne se dément pas.
Contrairement à d’autres. Parce que dans cette vie de famille si soudée, si belle, il y a une guerre qui naît, la bataille pour la bienveillance. Le crapaud contre la colombe, et les soupirs éternels face à cette petite bête verte cherchant toujours à sauter plus haut que l’oiseau majestueux. Comme une promesse faite à elle-même, elle se sent meilleure, se voit meilleure que sa grade sœur. Comme une promesse faite envers elle, elle veut la battre, le démontrer. Prouver qu’elle est l’enfant chérie. Digne de l’amour de ses parents. Digne de la vie qu’ils veulent pour elle. elle est un masque, véritable mélodrame, dans lequel elle s’engouffre, alors qu’elle rêve d’en sortir. elle est un masque, qu’elle porte sur elle, un faux sourire, pour cette vie, et ce besoin maladif d’en finir avec celle qui lui oppose son ombre. Et pourtant, rêve fallacieux, elle voudrait bien lui accorder l’attention parentale, pour aller s’exhiber comme elle. elle l’envie, khion. Elle l’envie, sa sœur. Un secret qui reste caché, alors qu’elle se démène pour la détruire. Il n’en faut pas beaucoup, son espièglerie bien trop développée pour se faire prendre. Il n’en faut pas beaucoup, quelques clichés, elle l’observe, elle l’espionne, elle se permet de prendre des photos d’une de ses soirées déjantées. De quoi saliver, de quoi savourer, images parlant d’elles-mêmes, tandis que bien vite, c’est maman qui les obtient. Et il y a la fureur. Et il y a son sourire. Reine de la maisonnée, princesse qui défend son titre, elle vire doucement sa grande sœur, revêt le diadème de la famille.
Mais elle ne l’est pas, en vérité.
cette perfection qui ne se dément pas.

cette chanson dans sa tête.
Elle est d’une douceur. C’est comme un rêve. Elle est d’une gentillesse. C’est comme un rêve.
elle est son petit secret, elle est son petit tourment, celle qui vient s’ancrer dans ses pensées les plus osées, celle qui vient la sauver d’une vie bien trop morne. Elle est comme un mystère, elle est comme un bonheur, le joyau qui vient la tirer d’un monde à part. et avec elle, elle est la seconde, celle qui se cache sous son masque de guerre, celle qui se cache sous ses mensonges amèrs. Cette femme, c’est sa chanson secrète, celle qu’elle peut répéter sans cesse sous la douche, quand personne n’est à la maison. Quand personne n’arpente la demeure. Elle est la mélodie de ses rêves, qui vient englober ses nuits. Elle est la chaleur sous ses draps, elle est l’incendie dans son lit, elle est le battement de son cœur, celle qui la rassure, lui prouve qu’elle en a encore un. Peau d’ébène qui reflète sa beauté, visage charmant, ses yeux qui viennent s’apposer en son âme. Elle sait qu’elle n’a pas le droit, que l’amour n’est qu’un joli nom pour des histoires inventées, pour la fiction. Et pourtant, elle se laissa tenter, il y a cette envie, cette attirance qu’elle réfrène. Il y a cette musique, celle qui vient chanter pour elle. il y a cette sensation, l’impression de se soulever au dessus de tout, et de disparaître dans une parenthèse à part, quand elle est là. cette femme, cette merveille. Elle ne sait plus résister, khion. Elle ne sait plus s’en passer. Un appel qui a tout commencé, un travail, l’espionnage d’une aînée trop présente. Et puis un nouvel appel. Et un autre. Bien vite, elle s’est appropriée ce beau rêve, et désormais, elle n’espère plus que toucher ses lèvres, toucher son cœur, toucher son âme. à cette femme qui envahit son cœur. Qui l’empêche de penser au malheur, son futur prince charmant qui viendra un jour. à cette femme, qui effrite ses lèvres, à force de l’appeler dans son sommeil, de se laisser avoir par son sourire, de rêver de caresser ses beaux cheveux crépis, de se laisser porter par le souffle de son être, sa chaleur contre sa peau.
elle ne sait plus s’en passer.
De cette belle aurora.
cette chanson dans sa tête.

les applaudissements d’un mensonge.
Quand le ciel s’assombrit, c’est le masque qui tombe. Quand la nuit arrive, c’est la ville qui l’accueille. Princesse adorée aux pouvoirs incertains, elle peut sortir, parfois, a le droit de vivre pleinement, tant que jamais elle ne se laisse avoir par ses frasques, comme sa sœur avant elle. et quand le couvre-feu devient nécessaire, elle s’évade en cachette, retrouvant alors les pulsions des autres adolescents, et laisse ses pensées envahir son esprit, tandis que le voile se découvre, et qu’elle vit enfin. Qu’elle se laisse aller. Et la dualité se forme, elle prend vie. Elle arrive au bar, elle arrive habillée pour l’occasion, le sourire aux lèvres, le rêve qui s’éveille. Et il y a sa voix, et il y a son cœur. Il y a la mélodie qui pulse dans ses veines. Elle laisse sa passion devenir sa raison d’être, et oublie son mensonge, le temps d’un instant. Il n’y a plus rien, plus qu’elle et le micro, plus qu’elle et la chanson, plus qu’elle et son sourire. Elle se perd totalement, oublie ses habitudes, oublie ses joyaux, pour ne retrouver que son monde, celui qu’elle se forge doucement, à petits feux, à coups de notes et d’émotions. Elle ne les ressent peut-être pas toutes, elle s’en cache sûrement aussi, ne voulant pas fondre en larmes. Et pourtant, elle reste capable de les donner, de les créer, de les faire passer. Tel un oiseau en cage, aussi dorée soit-elle, son chant est bien plus beau quand les barreaux s’effacent. Quand le monde est devant elle, et qu’en un tour d’ailes, elle peut disparaître dans la nuit, s’envoler dans ses rêves, laisser son autre vie attachée à son lit pour que ses talents percent.
Et puis tout s’arrête.
Retour à la réalité, le mensonge qui la prend à la gorge.
L’instant de magie qui s’envole, mais elle qui reste à terre. son masque l'attend. sa cage la réclame.
Elle n'est que fausse.
et ne les mérite pas.
les applaudissements d’un mensonge.