i'm just curious. (al)

Les oreilles qui grésillent, les pensées qui s’embrument et le regard résolument coincé vers le plafond. Il y a les basses qui te parviennent encore, gravées dans ta mémoire après avoir trop fait vriller tes tympans. La fête de la musique, tu l’avais vue comme une façon de te changer les idées, de bousculer ton quotidien pour oublier la date tragique qu’est le vingt-et-unième jour de juin. Et au final, t’as croisé Deborah et ça t’a chamboulé bien plus que tu ne voudrais l’admettre. Peut-être qu’elle a volé un instant qui devait être important. Ou peut-être que finalement, t’étais juste content de la voir et de passer du temps avec elle. Malgré les regards froids et l’aspect involontaire de ces retrouvailles. Mais au final ça t’a empêché de t’évader et de penser à autre chose. Les pensées noires t’ont rattrapé, heurté de plein fouet. Et tu te retrouves là, à ruminer, incapable de faire quoi que ce soit d’autre. T’as pourtant bien une idée de comment t’en sortir. Alors t’attrapes ta veste et tu t’arraches. Loin de chez toi. Ou peut-être pas tant que ça. Les mains enfoncées profondément dans tes poches, la tête rentrée dans les épaules, tu lances des regards un peu effrayés autour de toi alors que t’avances à la recherche de quelqu’un. Pas n’importe qui, et pourtant, t’as pas de visage particulier à l’esprit. Il te faut juste un vendeur de poudre, un vendeur d’herbe. Bref, t’en sais trop rien. Juste un vendeur de rêves. Tu t’en veux d’avoir l’air si perdu ; une cible parfaite pour les gens mal intentionnés. Et pourtant, t’as pas de meilleures intentions que la plupart des gens que tu croises dans cette rue. T’as juste envie de t’évader, pour ne plus penser à rien et découvrir un univers de sensations nouvelles. Loin des tracas qui t’agitent la tête. « Salut. T’es un vendeur ? » Tu demandes ça directement alors que tu t’approches d’un gars, sans chercher à mettre les formes. Un peu trop direct, tu regrettes d’avoir parlé si vite. Mais c’est la hâte qui a pris le pas sur la raison, alors tu fais ce que tu peux pour gérer ça, même si ce n’est pas bien facile.