you're happier, aren't you? (lukeo #1)

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{ you're happier, aren't you? }
crédit/ tumblr ✰ w/ @Tadeo Wilson

il se tourne d'un côté, regarde le plafond sans vraiment réussir à dormir. il s'tourne de l'autre côté, cette fois-ci c'est la fenêtre qu'il observe. il fait mauvais dans l'obscurité. un mélange de la pluie, de l'orage. il voit pas les étoiles, ni la lune, tout est derrière de nombreux nuages grisâtres. il craque, prend son portable pour regarder l'heure. bordel, trois heures du matin. ce gros décalage est en train de le rendre dingue, ça l'empêche d'être productif. il n'arrive pas à peindre, se retrouve avec le syndrome de la page blanche dès qu'il essai et c'est en train d'être mauvais pour le peu de personnes qui désintéresse à ses oeuvre et qui acceptent de les acheter pour une maudite somme. tout ça parce que y'a plus rien qui va.

sohan est dans sa tête, sans cesse. la dernière confrontation est sûrement la plus difficile qu'il a eu, il se sent complètement vide, ne sait pas trop comment agir. il devrait lui envoyer un message, il devrait l'appeler et lui dire de venir, qu'il s'en fiche, qu'il veut juste être avec lui. mais encore une fois, il ose pas, ne le f'ra pas. parce que c'est à cause de lui, non ? c'est lui qui est parti, au final. trois heures et demi. faut qu'il dorme. junior lui montre l'exemple depuis deux bonnes heures, au pied du lit, son chien est limite en train de ronfler. et merde, tant pis, il ferme les yeux. ça va bien finir par arriver, non ? du moins c'est ce qu'il pense, avant que son chien se réveille parce que y'a la porte qui s'est ouverte. luke sait très bien qui peut bien être son invité surprise, il s'décale du lit pour laisser un peu d'place, et il fait bien parce que quelques minutes suivent, et le matelas s'enfonce un peu plus. « tu veux un câlin ? » humeur un peu taquin, mais pas moins sérieux. tad chez lui aussi tard, ça suffit pour l'inquiéter.

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{ you're happier, aren't you? }
crédit/ tumblr ✰ w/ @luke rothschild

les heures défilent. lentement. la chambre à peine éclairée d’une clarté nocturne perturbée par la grisaille, t’entends l'orage tonner. ça t'crispe un peu, mais t'essaies de pas y porter trop d'attention. à la place, tu te tournes, te retournes dans tes draps. morphée ne veut pas d’toi, comme bien d’autres fois. il te laisse là, avec tes pensées bien trop nombreuses, bousculées à te ruiner les tempes. t’as cette impression de ne jamais avoir la tête vide. toujours pleine, jusqu’à l’implosion -ça t’a jamais servi à rien, de compter les moutons. alors tu laisses ton dos retomber lourdement contre ton matelas, parcours le plafond immaculé de tes prunelles émeraudes dans un soupire. parfois, elle t’angoisse, cette solitude. pourtant tu l’as voulu. tu vois pas comment tu pourrais vivre avec quelqu’un, à temps plein. t’as trop besoin de ton intimité, t’as trop de choses à cacher. môme continuellement divisé, à t’faire triturer tes lippes avec nervosité. et toujours les mêmes sujets qui te tiennent éveillé, toujours ce manque que tu ne pourras jamais combler. tu finis par tirer sur les draps, poses tes pieds nus sur le parquet. et sans trop y réfléchir, t’enfiles un t-shirt, un jogging. rien aux pieds, parce que tu vas pas bien loin, de toute façon; juste à la porte d’à côté. comme un refuge, dont t’as le double des clés. tu traverses ton loft, sans laisser ton regard trop traîner. et bien vite, tu te retrouves devant la porte de son entrée. celle de luke. voisin depuis quatre années, devenu point d’ancrage dans ta vie déglinguée. y en a pas tant que ça, des personnes avec lesquelles tu t’autoriserais autant de proximité, au point de t’sentir chez toi, quand t’es chez elles. mais luke, il a quelque chose de rassurant, qui apaise aussitôt l’palpitant. tu lui fais confiance, indéniablement. tu sais pas trop pourquoi, mais même sans trop lui en dire, t’as l’impression qu’il te comprend. que jamais il ne te jugera, sur ce que t’es, sur ce que tu parais, ou même sur c’que tu seras. et t’en avais besoin. t’avais juste besoin de quelqu’un comme lui dans ta vie. tu ouvres donc la porte, comme s’il s’agissait de la tienne. tu traverses le séjour, et tu t’poses aucune question. parce que c’est ça, son don. il t’fait oublier la bienséance, le fait qu’débarquer comme ça, quand on y réfléchit bien, c’est un peu bizarre, c’est pas très poli. t’en as rien à faire; au final, luke, c’est un peu un genre de semi-colocataire. alors en quelques enjambées, tu t’retrouves dans sa chambre. et tu t’écrases sur le lit, littéralement, tes bras venant instinctivement se nouer sous l’oreiller, que luke semble t’avoir intentionnellement laissé. « tu veux un câlin ? » tu tournes la tête vers lui, tes prunelles cherchant à accrocher les siennes malgré l’obscurité, alors qu’un léger sourire vient étirer le coin d’tes lippes. ça ne t'étonne pas tant que ça, c'ton taquin qu'il emploie. « toi tu veux ? » tu souffles doucement, sourcil arqué. et tu écartes exagérément ton bras, comme une invitation grossière qui t'fait légèrement pouffer. tu fais mine d'en rire. pourtant tu mentirais, si tu disais que t'allais bien, et que tu n'en avais aucunement besoin. alors ton sourire, bien vite, il fane un peu sur tes lèvres. « désolé, je t'ai réveillé ? » tu l'interroges, tout bas. parce que tu l'as bien senti, qu'il s'était décalé. et tu n'sais pas si comme toi, le sommeil lui a été refusé, ou si c'est bien toi qui l'en a tiré.

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{ you're happier, aren't you? }
crédit/ tumblr ✰ w/ @Tadeo Wilson

luke est déstabilisé, luke est mort de peur. en temps normal, la solitude, il adore ça. il a toujours eu ce besoin de ne penser qu'à lui et pas aux autres, de se retrouver. il a toujours aimé penser qu'il pouvait se lever tard dans la nuit juste pour peindre. juste pour faire ce qu'il aime sans qu'il emmerde la personne qui partage son lit, parce qu'il peut faire du bruit, parce qu'il a pas besoin d'ouvrir les fenêtres pour aérer à cause de l'odeur. il est libre. alors pourquoi luke ne se sent pas totalement à l'aise avec sa propre personne ? c'est mentir, de dire qu'il ne regarde pas sans-cesse son téléphone dans l'espoir de recevoir un message, mentir de dire qu'il ne se perd pas sur le facebook de sohan, qu'il tape quelques mots pour les effacer dans la minute qui suit. le problème dans toute cette histoire, c'est lui, luke. c'est à cause de lui que leur relation a pris une aussi grande proportion. la faute, elle est de violet. il a paniqué, il a pas voulu souffrir alors luke s'est tout simplement protégé. pourtant il aurait pas dû. mais il n'a pas grand monde pour lui expliquer des bases, des normes. il peut pas compter sur ses parents pour qu'ils puissent offrir à leur unique enfant des précieux conseils. sohan lui est tombé sur la tronche alors qu'il était, encore à l'époque, persuadé qu'il n'aimait que les femmes. il est même certain que quoi qu'il arrive, il n'y aura que sohan. il en vient à avoir envie de pleurer, regrettant les mots qu'il a sorti. peut-être que le pire, c'est qu'il en était conscient. c'est juste... sa façon à lui de se protéger. maintenant, toute cette merde l'empêche de fermer l'oeil. maintenant, il en vient à tourner, encore et encore, dans ce lit vide. il en oublie son odeur. et luke... luke est dans un tel état qu'il a simplement envie de pleurer. ce sentiment de vide en lui, ça lui donne envie de pleurer. l'orage gronde, mais la porte s'ouvre. et d'un coup, il n'est plus seul dans le lit. cette odeur aussi, il l'a connaît par coeur. et luke, il avait juste besoin de ça à l'heure actuel. il en a juste besoin. il n'y a que tad pour lui apporter ce sentiment de sereinement. « j'dirais pas non. » l'humour taquin qu'il a réussi à avoir quelques secondes plus tôt s'efface rapidement. sa voix se casse, et il se rend compte luke qu'il est vraiment dans un état... un état où il n'arrive tout simplement plus à essayer de remonter. il se noie, tout simplement. « j'arrive pas à dormir... et toi ? » il tend la main pour tenter d'allumer la lampe de chevet, mais il en a finalement ni l'envie, ni le courage. eux deux, dans l'obscurité, c'est bien mieux. et junior, qui prend sa place entre leurs deux corps. et finalement, il se sent presque bien, comme ça. parce que tad, c'est juste une part importante, sa part à lui.

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{ you're happier, aren't you? }
crédit/ tumblr ✰ w/ @luke rothschild

ton corps allongé sur les draps, tes muscles relâchés. t’as toujours été un môme, tadeo. malgré tes costards bien repassés, malgré les « monsieur wilson » un peu trop respectueusement prononcés. t’as la joue enfoncée dans l’oreiller, tes prunelles qui s’agitent dans l’obscurité pour y distinguer ses traits. il est plus vieux que toi, luke. ça se voit -peut-être même plus que ça ne le devrait. une différence de six années, et quelques unes de plus que certains se plaisent à imaginer, à la vue de sa barbe mal taillée que toi, tu n’as encore jamais porté. mais cet écart, il ne t’a jamais dérangé. ça ne change pas tant que ça, qu’il soit fraîchement trentenaire. ou alors si. peut-être qu’autrement, il n’aurait pas ce quelque chose que tu trouves si apaisant. t’en sais rien. c’que tu sais seulement, c’est que t’es bien, là. bien mieux que tu l’étais chez toi. « j'dirais pas non. » sa voix se brise et tes sourcils se froncent, aussitôt. détresse dans les prunelles azures qui t’frappe à vive allure, et les mots qui filent comme un ricochet. « ça va pas ? » t’attends pas. tu demandes ça, d’ta mine inquiète, te redresses sur tes coudes avec une certaine maladresse. et tu les distingues assez mal, ses opales, pourtant tu ne les lâches pas, du peu que t’en vois. l’océan qui frappe sur tes émeraudes en de violentes vagues, te fait doucement pincer ta lippe. il est important pour toi, luke. bien trop pour que tu puisses manquer le moindre signe qui puisse vouloir dire qu'il ne va pas bien. « j'arrive pas à dormir... et toi ? » tu restes silencieux, quelques instants. t’aperçois vaguement sa main s’tendre pour approcher la lampe de chevet, en arrière plan, avant de finalement y renoncer. et tu ne relèves pas. ça te convient bien, comme ça. « moi non plus. » tu lâches finalement. t'ajoutes rien -mais luke, il sait. y a plus grand chose qu'tu puisses lui cacher. la seule homosexualité que tu n'as plus avoué depuis des années, et le reste, t'as fini par le lui dévoiler. ton frère, ton statut que t'as jamais voulu. il te connaît; presque sur le bout des doigts. il doit se douter que ça ne va pas. mais tu fais mine que si. ça va. ou du moins, ça ira. après tout, c'est pas la première fois. mais luke, c'est différent. parce que c'est lui. et que ça te paraîtra toujours plus important. seulement, alors qu'tu entrouvres à peine les lèvres, tu sens le matelas s'enfoncer au niveau de tes pieds. alors tu jettes un regard en arrière, cherches junior des prunelles -tu te doutes bien que c'est lui, et le sentir s'écraser entre vous t'fait légèrement pouffer. à peine, parce que t'es un peu préoccupé. tu finis par te redresser, assis sur les draps, amènes ta paume sur le flanc de son chien, dont tu t'es pris d'affection comme s'il s'agissait du tien. et tu le caresses distraitement, tes opales retrouvant bien vite la mine de luke. « qu’est-ce que t’as ? » tu souffles à peine, d'une voix mal assurée. t'as pas envie de le déranger. par ta présence, par tes questions. tes doigts libres qui passent brièvement dans tes boucles indisciplinées, avant d'accrocher l'ourlet de ton jogging. t'as ce réflexe de toucher à tout, comme un môme un peu trop agité avant d'aller s'coucher. à t'demander si tu pourras ne serait-ce que somnoler avant qu'un réveil ne se mette à sonner.