the better part of every bit of beating heart. (isabella)

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{ the better part of every
bit of beating heart }
crédit/ tumblr ♛  w/@Peyton Cooper

Quand Peyton lui a tout avoué, il y a quelque chose en elle qui s’est brisé. Comme une plaie, jamais cicatrisée, qui s’est brusquement rouverte devant l’annonce de sa petite sœur. Il y a beaucoup de choses qu’elle peut supporter, Isabella. Elle a encaissé de nombreuses épreuves et, aujourd’hui encore, elle vit toujours avec certaines douleurs. Mais que sa sœur soit en danger, c’est la pire chose qu’elle aurait pu imaginer. La maladie, elle est la pire chose que peut vivre leur famille. Comme une fatalité dont ils ne sauraient se détacher. Elle a pris leur mère, leur frère. Et, maintenant, c’est le cœur de Peyton qui est rongé. Celui de sa sœur par la même occasion, parce qu’ils ont toujours battu à l’unisson. Elle a senti tout son être se fracturer, Isa. Mais elle n’a pas craqué, car elle se devait d’être là. Elle se devait d’être présente pour sa cadette, l’épauler au maximum. Être ce soutien dont elle avait besoin, pas une personne que Peyton aurait envie de protéger. Isabella a bien conscience que la jeune femme redoutait de lui apprendre pour sa maladie. Peut-être même qu’elle a pu culpabiliser de créer un nouveau tourment dans leur famille. Dans leur vie qui avait à peine retrouvé un semblant d’équilibre. Mais elle n’est pas responsable, Peyton. Elle n’est pas coupable, elle est la première victime de ce qui arrive. Son aînée ne veut surtout pas faillir à son rôle, celui d’être là pour elle, à défaut de pouvoir vivre cette maladie à sa place. À défaut d’avoir pu l’en protéger, elle peut seulement veiller sur celle qu’elle aime plus que tout au monde. Comme elle l’a toujours fait. Elle se doute que sa sœur ne veut pas la voir la traiter différemment. Mais elle ne saurait pas faire autrement. L’instinct protecteur sur-développé avec les siens, elle ne le ressent que davantage avec Peyton depuis sa naissance. Elle a envie, elle a besoin d’être à ses côtés. C’est peut-être aussi le seul moyen dont elle dispose pour survivre à ce qui est en train d’arriver. Elle se concentre sur sa petite sœur, parce que c’est elle qui est malade, parce que c’est elle qui doit passer en priorité. Mais peut-être aussi qu’elle en a trop besoin, pour ne pas succomber. Pour ne pas s’effondrer suite à cette annonce, ne pas laisser la peur de la perdre la ronger à petits feux. Elle n’a pas craqué quand elle l’a appris, Isa. Même pas quand elle en a parlé avec Nikolaï. Elle tient le cap et encaisse, elle oublie sa détresse. Pour ne se concentrer que sur l’essentiel… Peyton.

Peyton, elle est comme les ailes que tu n’as pas,
Elle est celle qui fait vivre ton cœur aux éclats,
Que le sien s’arrête, tu ne le tolérerais pas.

Mais, Peyton, elle fait comme si tout allait bien. Comme si elle allait bien. Son aînée ne sait pas si c’est pour la rassurer, elle, ou bien pour elle-même. Elle connaît trop bien la petite brune pour ne pas deviner, qu’elle a bien trop peur de perdre sa liberté. Mais il y a des choses qui changent, son corps qui change. Elle n’est plus apte à poursuivre la vie qu’elle avait avant que tout bascule. Elle doit accepter ces changements. Éviter de reproduire les erreurs de leur mère pour vivre plus longtemps. Le simple fait d’envisager le contraire lui retourne l’estomac, à Isa. Et elle y pense souvent. Tout le temps. En ce moment même, alors qu’elle travaille sur les opérations promotionnelles autour de leurs créations, elle le fait mécaniquement. Toutes ses pensées sont tournées sur la petite tête à quelques mètres. Celle qui, soudain, se relève de son bureau pour se précipiter jusqu’au sien… en courant. – Peyton, doucement… souffle-t-elle, incapable de s’en empêcher. Elle est vigilante au moindre de ses gestes, certainement un peu trop, elle le sait. Mais elle veut s’assurer que sa sœur ne prenne pas le moindre risque. Les opales encore fixées droit sur elle, la Latina finit par consentir à baisser la tête vers la feuille qu’elle tient entre les doigts. – Oh, c’est sublime... affirme-t-elle, sincèrement admirative. Elles vont aller loin toutes les deux. À condition que tout aille bien pour elles deux. À condition que Peyton ne finisse pas par avoir des envies de meurtre.

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{ the better part of every
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crédit/ tumblr ♛  w/@Peyton Cooper

L’étincelle de lumière, la lueur de vie dans le cœur. C’est ce qu’elle aime le plus chez sa sœur. Et, même temps, ce qui lui fait le plus peur. Depuis toujours, elle lui fait peur, Peyton. Elle lui faisait peur quand elle réclamait les manèges les plus dingues des parcs d’attractions. Elle lui faisait peur quand elle voulait faire un élevage d’animaux plus inquiétants les uns que les autres. Elle lui faisait peur quand elle partait à l’autre bout du monde. Faire dieu sait quoi, avec dieu sait qui, pour dieu sait combien de temps. Elle lui a toujours fait peur, parce qu’elle est différente, elle. Elle n’a pas cette même flamme qui brille dans les prunelles. Elle n’a pas cette soif de vivre, au contraire, elle a si longtemps tu ses propres envies. Elle s’est souvent contentée de survivre là où sa petite sœur a choisi la vie. C’est autant une sublime qualité, quelque chose qu’elle ne peut qu’admirer, mais aussi qui ne cessera jamais de l’inquiéter. C’est pire encore avec l’annonce de ses soucis de santé. Comme si, désormais, elle avait une bonne raison d’être aussi effrayée. Comme si, subitement, Peyton pouvait réellement se mettre en danger. Elle connaît tant sa sœur, Isa, qu’elle redoute ses réactions autant que sa maladie. Elle redoute de la voir balancer tous les traitements, toutes les prérogatives de son médecin, sous prétexte qu’elle ne veut rien changer à sa vie. Elle redoute de la voir la mettre en danger, sa vie, sa précieuse vie.

Tu redoutes de la perdre,
C’est bien ce qui te fait si peur,
Plus peur que tout le reste.

C’est pour cette raison que, sans pouvoir s’en empêcher, elle veille sur elle. Constamment, elle garde un œil sur elle. Qu’elles soient en train de se promener, de partager un déjeuner, ou même de travailler. Elle serait la mère la plus protectrice au monde si elle avait des enfants. Mais Peyton, elle est son seul bébé. Quand elle la voit accourir, naturellement, spontanément, c’est tout aussi instinctivement que la Latina lui demande de faire attention. Remarque qui ne plaît pas à sa cadette, elle lui demande vite de se taire. Mais comment pourrait-elle se concentrer uniquement sur leur boulot, lorsqu’elle est en présence de celle qu’elle veut à tout prix protéger ? – Je me concentrerai toujours sur toi. lui rappelle-t-elle, presque comme une mère. C’est ce qu’elle a longtemps été pour elle, peut-être ce qu’elle sera toujours un peu. Mais ces derniers temps, leurs relations avaient eu tendance à se rééquilibrer. Elles redevenaient des sœurs en toute équité. Seulement elle ne peut pas faire autrement, Isa, bien qu’elle essaie. Ses pupilles se posent enfin sur la création de la belle, plutôt impressionnée, comme toujours avec elle. – Tu es une véritable artiste. lui dit-elle, avec toute la sincérité du monde, alors que ses opales quittent le dessin pour se relever vers sa petite sœur. À son tour, elle tourne vers elle l’écran de son ordinateur. – Et cela, qu’en penses-tu ? Ce sont les prochains flyers destinés à faire connaître leurs noms. Elle compte déjà en envoyer, en donner, partout. Mais elle a besoin de l’approbation de sa cadette. Car, malgré tout, Peyton reste ce qu’elle a toujours été pour elle… Une source d’inspiration.

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crédit/ tumblr ♛  w/@Peyton Cooper

Leur famille n’a jamais été banale. Elle n’a jamais été, ce qu’on peut appeler, normale. Ils ont grandi les uns avec les autres, sans la présence d’un véritable père. Avec l’absence, trop prématurée, de leur mère. Ils ont grandi sans toutes les règles, celles des familles traditionnelles. Faisant de chacun d’eux, des esprits libres, plus ou moins libres, mais avec leur propre vision du monde qui les entoure et de la vie. Ils ont créé leurs règles à eux. Le petit frère dont la santé préoccupait les siens, le grand frère rebelle au grand cœur, l’insouciance rafraîchissante de la petite sœur… Et elle. Elle, qui s’est davantage adaptée à cette famille, finalement, que le contraire. Elle qui a pris le seul rôle qu’elle était en droit de prendre, celui de la grande sœur. L’aînée, celle qui avait toutes les responsabilités. Peu de privilèges, si ce n’est celui d’être écoutée. Et encore que. Ils n’en ont tous fait qu’à leur tête lorsqu’ils ont pris leur indépendance. Et c’est elle, en fin de compte, qui s’est sentie laissée pour compte. Elle qui, à force de s’accrocher à cette famille, n’a plus su ce qu’elle était sans eux. Elle a mis longtemps à se trouver, peut-être même qu’elle n’y est pas totalement arrivée. Mais c’est auprès des siens qu’elle se sent le plus à sa place. Auprès de Peyton qu’elle sait qu’est sa place. C’est plus vrai encore depuis qu’elle a appris pour sa maladie. C’est comme si, soudainement, elle était redevenue à ses yeux cette petite fille. Celle qu’elle devait protéger de tout, envers et contre tout. Elles n’en sont plus là, désormais. Et pourtant, devant une nouvelle épreuve lancée par la vie, c’est naturellement que chacune reprend son rôle. Elle, celui de la grande sœur qui s’inquiète. Peyton, celle de la cadette qui s’entête. Devant ses paroles, la Latina secoue la tête négativement. Elle sait que sa petite sœur ne veut pas être traitée comme une infirme, elle sait qu’elle voudrait qu’elle se comporte normalement. Mais elle la connaît aussi trop bien pour croire qu’Isabella en soit capable. – Je peux parfaitement faire les deux. Tout faire à la fois, elle peut bien y arriver. Ce n’est pas comme si elle n’avait jamais dû se dédoubler. Comme une seconde nature pour Isa. Elles réussiront, toutes les deux, elle n’en doute pas. C’est le fait de ne rien pouvoir faire pour elle, au fond, qui lui fait le plus peur. C’est le fait d’être impuissante devant l’état de sa cadette qui peut la tuer à petits feux. Veiller sur elle, en réalité, c’est tout ce qu’elle peut faire. Elle en a besoin, même si elle essaie d’atténuer, pour le bien-être de la petite tête à ses côtés. Ses opales la quittent enfin pour observer son travail d’artiste, avant qu’elle ne lui adresse un sourire admiratif. Elle n’est pas À son tour, elle montre ce qu’elle a pu faire, vite touchée par l’enthousiasme de la brunette. Elle a tenté d’allier leurs deux personnalités et, à en croire la réaction de Peyton, elle y est arrivée. – Et tu penses que cela pourrait plaire à tes amis hippies ? elle lui demande, pour la taquiner. Et peut-être aussi parce que c’est sa manière de s’excuser. Elle sait qu’elle peut parfois être un peu surprotectrice avec elle… Mais Peyton, elle est tout ce qui lui reste. L’une des seules personnes qui lui restent.

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crédit/ tumblr ♛  w/@Peyton Cooper

Il y a eu quelque chose d’instinctif dans leur famille. Les rôles que chacun a pris, ils ne les ont pas réellement choisis. Isabella, elle n’a pas choisi. Elle n’a pas demandé à être l’aînée, peut-être même que parfois elle aurait aimé que ce soit différent. Ne pas avoir toutes ces responsabilités alors qu’elle n’était elle-même encore qu’une enfant. Mais elle a pris cette place naturellement, parce qu’elle était la plus grande, parce qu’ils comptaient sur elle. Parce qu’ils avaient besoin d’elle. Personne ne se serait occupé d’eux, si elle ne l’avait pas fait. Tout lui revenait, à elle, tout pesait sur ses frêles épaules d’adolescente qui a grandi un peu trop vite. Et, jamais, elle n’a cherché à s’en dérober. Ils sont sa famille, ce qu’elle a de plus précieux dans la vie. Elle serait incapable de le regretter, ou même d’agir autrement. Sa manière d’être avec ses frères et sœur, elle est devenue son tempérament. C’est devenu ce qu’elle est. C’est certainement pour cette raison que, face à la maladie de sa petite sœur, elle retrouve tout de suite ses instincts protecteurs. Au plus grand damne de Peyton. Et tu te rends compte, en l’écoutant, que ton attitude ne lui fait pas de bien. Que ce n’est pas ce dont elle a besoin. Elle n’a pas besoin de le dire clairement, tu le devines instinctivement. Parce qu’elle est ta sœur, Peyton, tu la connais par coeur. Silencieuse, la Latina la laisse parler, se contente d’écouter. Mais elle ne sait pas vraiment si elle est bien capable d’y arriver. Elle ne peut pas faire comme si de rien n’était, comme si rien n’avait changé. - Je me préoccupe simplement de toi, Peyton. Je ne veux pas que ton état de santé empire... Elle l’a vu avec leur mère, elle ne le supporterait pas avec elle. Non, elle ne supporterait pas de la perdre, pas elle. La vérité, c’est que tu es terrorisée. Tu ne vis plus qu’à moitié depuis que tu sais. Tu ne t’en remettrais pas si tu la perdais... mais tu ne lui dis pas. Ses prunelles posées quelques secondes dans celles de leurs jumelles, Isabella finit par détourner la tête, reportant son attention sur les flyers qu’elle a réalisés. C’est plus facile de changer de sujet. Un faible sourire sur les lèvres devant le rire de sa cadette, elle reprend d’une voix qui se veut plus légère. - C’est parfait dans ce cas. Je passerai demain chez l’imprimeur, puis on pourra commencer à les distribuer. Et, tout doucement, leur entreprise prend forme, comme elles l’espéraient. Elle en est fière, Isa, mais bien moins encore que d’avoir sa sœur à ses côtés.

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crédit/ tumblr ♛  w/@Peyton Cooper

La peur au ventre. L’angoisse la taraude, elle la submerge, chaque fois qu’elle y pense. Chaque fois qu’il vient à son esprit le nom de sa sœur, elle est envahie par toute cette peur. Toutes ces peurs qu’elle a souvent refoulées, celle de se retrouver abandonnée. Celle de perdre une fois encore un membre de sa famille. Elle ne s’en remettrait pas, Isabella. Elle ne s’en remettrait pas, pas encore une fois. Son cœur n’y survivrait pas. Mais c’est peut-être égoïste de se focaliser sur ses propres inquiétudes, c’est peut-être précisément pour cette raison que Peyton ne lui a pas tout dit tout de suite. Elle vit l’annonce de sa maladie comme si c’était elle qui l’avait, pire encore que si c’était elle qui la subissait. Elle aurait préféré être à sa place. La savoir à l’abri ou, au moins, avoir un semblant de contrôle sur tout ce qui se passe. Mais elle se retrouve une nouvelle fois témoin involontaire de la souffrance qu’elle ne peut pas soigner, la maladie sur laquelle elle n’a aucune emprise.

Et ça te tue, Isa,
ça te tue d’être incapable de protéger ta petite sœur,
ça te tue d’être incapable de veiller sur elle.

Mais Peyton, elle est si différente d’elle. C’est différemment aussi qu’elle vit tout ce qui arrive. Elle lui fait comprendre, avec la douceur qui leur est propre, que ce n’est pas ce dont elle a envie. Pas ce dont elle a besoin, en ce moment, dans sa vie. J’ai besoin de vivre ma vie. Comme si elle l’en empêchait, comme si elle l’en retenait. Ce sont aussi les mots qu’elle a prononcés, quand elle est partie à l’autre bout du monde. Ce sont les mots qu’elle prononce chaque fois qu’elle la prive de ses besoins les plus profonds. Forcée d’encaisser le coup de ce constat, la latina ne sait que lui répondre. Le cœur serré, elle détourne ses prunelles en silence. Je ne pourrais pas faire autrement, Isa. Cette fois, sa gorge vient se nouer, des larmes qu’elle s’interdirait à tout prix de verser. Elle se mord la lèvre inférieure, violemment, fébrilement.

Et toi, tu ne pourrais pas faire autrement que t’inquiéter pour elle,
tu ne pourrais pas faire autrement que veiller sur elle,
tu ne pourrais pas faire autrement, que…

s a n s e l l e

La jeune femme prend quelques instants, le temps de reprendre contenance. Son visage qu’elle tourne à nouveau vers sa cadette, elle la contemple, tentant d’effacer la douleur dans ses prunelles. Loin d’elle, la volonté de la faire culpabiliser. Loin d’elle, la volonté de l’étouffer. – Je suis désolée. Je ne veux pas te… brimer. Je ne veux pas t’empêcher d’être ce que tu as toujours été. Mais elle l’aime. Elle l’aime tellement. Tellement plus que n’importe quoi au monde. C’est bien plus fort qu’elle, bien plus puissant, bien plus violent que toute la volonté de l’univers. La si maîtrisée Isabella, elle perd toute sa raison, tout son bon sens, quand il s’agit de son sang. – J’ai peur Peyton… J’ai peur, parce que précisément, je te connais. Je sais que tu voudrais vivre ta vie comme si rien n’avait changé. Sauf qu’elle ne peut pas… elle ne doit pas. Mais elle le fera, elle le fera quand même. Et ça la terrorise, Isabella. Ça la paralyse.