dans l'univers/

traits de caractère / elle se laisse porter par les vagues de sa vie. mais rêve de mieux. c'est pas une fatalité, si papa a abandonné. c'est pas une fatalité si maman fait que de la merde. boo c'est pas un cafard, elle peut être mieux que ça. pas d'argent pour les études, mais la fac c'est rempli de salaud aussi ; boo elle vit la vraie vie. boo, elle se débrouille avec ce qu'elle a. elle est pas bête. elle a du devenir une adulte sans passer par la crise d'adolescence. alors elle sait comment faire pour pas mourir de faim. même si des fois, ça veut dire gauler des trucs dans les superettes. le principal c'est de rester debout après tout. elle vit sa vie, parfois boo se rappelle qu'elle a que la vingtaine et qu'elle aussi elle a le droit d'être fatiguée, d'être jeune. et même si son meilleur exemple c'est son frère et qu'elle sait que vince c'est pas un saint, pour elle c'est lui qui est le plus fort. elle l'a toujours dit.

ta clope coincée entre les lèvres, ton bonnet enfoncé sur tes cheveux blonds, accoudée contre le muret qui faisait face à la salle de boxe, tu trépignais. les larmes dans les coins de tes yeux étaient emplis de rage. de colère. de honte. et de tristesse aussi. tu reniflais un bon coup avant de passer le pas de la porte. personne à l'entrée. tu t'enfonçais pour suivre d'où venait le bruit. un claquement sourd et répété. de dos, les cheveux ras, un débardeur qui avait du être blanc au début des années quatre-vingt-dix, transpirant, il tapait de tout son saoul sur le sac de boxe. tu le regardais, tu le détaillais même. les muscles qui se crispaient. les gouttes de sueur le long de sa nuque qui allaient disparaitre sous le tissu. tu déglutis un bon coup, pour te sortir de ton hypnose, au moment où il se retourne. - c'est fermé, le club est ouvert de neuf heures à vingt-deux heures, il dit. tu secoues la tête. - je sais, je voudrais juste m'inscrire. il passe son avant-bras sur son front et se rapproche de toi. l'odeur de transpiration vient chatouiller tes narines. - j'm'occupe pas de ça. reviens demain. il te dévisages à son tour, de haut en bas. - sans vouloir t'offenser, t'as pas la carrure pour faire de la boxe. tu ricanes. - sans vouloir t'offenser, vas te faire foutre. il retire ses gants et les jette dans un coin. - pourquoi tu veux faire de la boxe ? les larmes reviennent inonder tes yeux, mais elles ne couleront pas. tu ouvres ta veste, remontes ton pull et lui présente ton flanc tuméfié. - quand je sors du taff, il est tard et il fait toujours nuit. j'veux pas que ça se reproduise, tu te contentes d'expliquer. il regarde et tu te sens un peu honteuse à nouveau. comme la nuit où t'es rentrée chez toi et que t'as pleuré, recroquevillée dans ta douche pendant plus d'une heure. le lendemain, t'avais trop mal quand tu marchais et tu tenais à peine debout de toute façon. t'avais évité ton frère jusqu'à ce que tu puisses marcher normalement à nouveau. tu t'étais fait porté pâle au diner pendant une semaine et t'étais pas sortie de chez toi, le moindre bruit te faisant sursauter. non, ça n'arriverait plus. t'étais pas une gamine, tu l'avais jamais été. t'avais toujours été plus forte ça. tu te ferais pas avoir comme ça une deuxième fois. et puis le prochain qui essayait de te toucher, il s'en souviendrait. la vérité c'est que t'avais pas l'argent pour t'inscrire à la salle de boxe, mais peut-être que tu pourrais avoir un crédit, un truc, n'importe quoi. comme si ce mec avait lu dans tes yeux, il dit - si t'arrives à être là tous les soirs à minuit, je t'entrainerai. si t'es pas là un soir, on arrête. il se baisse pour remettre ses gants et retourne taper dans le sac. tu hoches la tête. tu seras là, dès demain.