Sujet: (hot) remember me. (jabanna) Ven 9 Aoû - 7:41
le deuil a différentes étapes, celui d'une relation ne fait pas exception. le déni, celui qui a duré le moins longtemps chez le zombie. non ce n'est pas terminé, même si elle est devenue une inconnue. il se souviendra, ça reviendra, il n'y a pas d'autres solutions. la colère de ne pas se rappeler, la haine contre tous les acteurs de cet accident, il s'est détesté, il a abattu ses poings pour extérioriser, parfois contre lui-même comme un fou bon à enfermer. juste pour ressentir encore un peu. la résignation face à son esprit qui ne fonctionne plus bien. c'est comme ça, elle refera sûrement sa vie avec un autre homme puisqu'il est incapable d'avoir des souvenirs. il a laissé passer son unique chance pour un coup de sang. le marchandage, il est le premier à dire que ça ne sert à rien de regretter, qu'on pourrait bien refaire le monde avec des si. et pourtant. il s'est retourné le cerveau en pensant à ce qu'il aurait pu faire ou non pour changer la finalité. la réalité c'est qu'ils étaient sûrement foutus avant l'air, nécrosés de l'intérieur, il ne peut rien y faire, elle non plus. deux carcasses trop esquintées pour aimer. la dernière étape est l'acception, la sérénité qui vient chatouiller ses membres tendus en permanence. encore un coup de ce satané destin pour se venger du mal que jabez a pu causer autour de lui. il accepte, mais ça ne l'empêche pas d'être devenu un zombie errant, aussi pâle que les morts eux-mêmes. il est hanté par ses démons, hanté par ce gouffre dans ce mémoire. il tourne en rond dans la chambre improvisée malgré les sermons d'alyah, malgré son corps qui le fait encore souffrir à chaque pas. il tourne comme une toupie qui finira par s'écraser au sol après avoir perdu cet équilibre si fragile. il lui manque quelque chose, quelqu'un, seulement il ne sait pas qui, pourquoi, comment. il a regardé des photos, lu des messages, observé les traces bleutées qui n'appartiennent pas à l'accident. le néant des souvenirs. il ne lui reste que ce foulard jeté dans un coin de la pièce après la phase de colère. dernier espoir, il met toutes les chances de son côté. installé face à son ordinateur il ouvre la page du salon de tatouage où elle pose fièrement devant, son instagram sur une seconde page, le foulard dans une main qu'il renifle plusieurs fois. il faut que ça marche. une odeur puissante et fleurie à la fois, un sous-ton d'italie, la haine envers cara qu'il a deviné, les séances de tatouages, les cheveux couleur de feu, les nuits fauves,.. c'est là, les souvenirs toquent à l'entrée du cerveau, il n'a jamais été aussi proche. "amor mio", il se souvient de surnom qui n'existe qu'entre eux, comme un hommage à son pays natal. dernière inspiration, la porte de son cerveau est défoncé, tout est là, à sa place, les nuits fauves, le goût de ses lèvres qu'il réclame déjà. comme si rien ne s'était passé. les adieux devant l'hôpital n'étaient que factices. il est un peu plus vivant à nouveau, prêt à combattre l'agonie de son corps pour sortir de l'appartement en trombe devant le regard étonné de sa famille. tant pis s'il doit se défoncer les muscles tel un forrest gump des temps modernes, tant pis si son souffle doit exploser au même titre que son corps. il se souvient. il a ce sentiment d'urgence de rattraper ces derniers jours perdus, d'hurler à la mort qu'elle ne l'a pas eu parce qu'il a trouvé comme refaire battre son coeur dans un ultime coup de pied. il court, il grimace, il souffre, mais il a le sourire scotché aux lèvres. il veut la retrouver pour de bon, confirmer qu'il n'a pas sombré dans la folie, toucher sa peau pour frissonner à s'en faire mal, comme avant. il bouscule les passants sur son passage quand il arrive devant ce salon de tatouage. inutile de toquer à la porte, il sait qui il est, pourquoi ses pas le mènent ici instinctivement, cet appartement qu'il n'aurait jamais du quitter. sa course est pourtant arrêtée quand il ouvre la porte sur le désastre de la pièce. des bouteilles vides jonchent le sol, la plupart sont brisées, des mouchoirs éparpillés un peu partout. ce n'est rien ça, ce qui l'inquiète c'est l'absence d'anna et les boites oranges dispersées sur le parquet servant autrefois de lit improvisé aux deux fauves. le verre l'entaille par endroits quand il agit comme une tornade pour la retrouver, jusqu'à ouvrir la porte de la salle de bain et cette baignoire qui a servie de confessionnal pour eux juste avant le drame. elle est là, prête à s'endormir, le visage trop pâle, le regard ailleurs. « non non non.. » il ne peut pas vivre un nouveau drame, il refuse de la perdre alors qu'il se rappelle de tout. ni maintenant, ni jamais. c'est les yeux agrandit par la panique qu'il se précipite sur son corps nu à moitié inconscient dans l'eau devenue froide. sans poser de questions il la soulève pour la porter jusqu'aux toilettes trônant juste à côté de la baignoire. comme lors de la soirée trop arrosées il attrape sa tignasse d'une main, la force à vomir à l'aide de ses doigts de l'autre. « me lâche pas, je t'en supplie.. » un zombie peut aimer, un zombie peut même ressentir la peau oppressante de perdre l'être aimé, celle qui vient embuer ses paupières quand il s'assoit au sol pour la tirer contre lui une fois le contenu de son estomac vidé du poison des médicaments sûrement doublés avec de l'alcool. pas besoin de serviettes pour la réchauffer, les mains encrées viennent frictionner sa peau blafarde pour lui redonner de la vie. il s'acharne, oublie sa propre douleur pour se concentrer sur elle malgré les larmes qui ruissellent plus franchement cette fois, les lèvres toutes proches de l'oreille italienne. « je suis là amor, je me souviens. maintenant c'est à ton tour de te sortir les doigts du cul pour qu'on dévore la vie ensemble, t'as compris ? » c'est une nouvelle façon pour lui d'extérioriser sa rage, donner toute son âme pour en sauver une seule. qu'est-ce qu'il est si elle n'est plus là ? rien qu'un mort-vivant allongé sur un chemin de fer attendant patiemment qu'un train vienne le percuter. il ne veut pas de ça lui, il veut vivre, qu'elle ouvre ses yeux sur le monde pour qu'ils le dominent ensembles, main dans la main. si un jour la vie t'arrache à moi si tu meurs que tu sois loin de moi peu m'importe si tu m'aimes car moi je mourrai aussi
«Au bout de combien de temps oublie-t-on l'odeur de celui qui vous a aimée ? Et quand cesse-t-on d'aimer à son tour ? Qu'on me tende un sablier.» anna gavalda
Les jours n'en sont plus vraiment, tu restes là dans ton appartement à regarder le ballet des astres se passant le relais te plongeant totalement dans le noir ou dans la pénombre par moments. Tu ne sens plus de battements dans ta poitrine, les derniers t'étant étés offert dans les bras d'un tatoué, d'un infirmier. C'était bref, presque incapable à déceler. Puis ça c'est éteint de nouveau, comme un néon fatigué après s'être battu trop longtemps pour rayonner. Tu ne rayonnes plus 'lisa, tu n'es plus rien. Qu'une carcasse agonisante, qu'une paire de bras écorchés de la rage t'ayant animée plus tôt. T'as un tas de cendres encore fumantes depuis les derniers mots qu'il t'a adressé, ceux que t'as pas réussi à encaisser. Le fuir, comme s'il était le choléra. Et si c'était toi la maladie, la bactérie décimant les nations. Vivre à ton tour? T'es bien incapable de vivre depuis que t'as tourné les talons cette fameuse nuit. T'es incapable de respirer sans que ce soit douloureux, de mettre un pied devant l'autre sans que tu n'ai envie de t'effondrer. Abandonner, ça te paraît bien. Légitime après tout ce que t'as enduré. T'en as marre de toutes ces conneries, t'iras trouver la mort vu qu'elle ne semble pas décidée à venir te faucher préférant lorgner sur ceux qui te sont chers. Tu la laisseras pas faire, pas cette fois. C'est toi qu'elle emmènera, comme ça ils seront hors de danger. Pas vrai?
Tout ce que tu touches de la pulpe de tes doigts finit par mourir, ou se briser. Tes mains sont sales, portent le sang de tes ennemis ayant contribué à ce revirement de ta vie. Lorsque tu t'es permise d'ouvrir ton cœur à nouveau après avoir rassemblé ton maigre courage dans tes mains gauches, celui-ci s'est retrouvé écrasé sous la pression de l'ouragan Cara. Ouragan contre lequel tu t'es déchaînée à ton tour, enchaînant les coups défonçant tes phalanges proximales n'ayant que faire de la douleur. Tu te demandes s'il s'est senti fier, lorsqu'il a enfin pu admirer ta rage en action pour la première fois. Contempler tes pupilles noircies par la rage, tes traits déformés par la colère. Lionne ne se laissant pas faire, montrant les crocs pour défendre ce qui était sien pour mieux l'abandonner. Pour mieux punir peut-être. La honte, la déception que ça t'as infligé que de te retrouver confrontée à ce genre de situations lors de votre tout premier rendez-vous, dès votre tout premier acte de normalité. Comme si c'était impossible pour vous, que d'être normaux. Que de filer un amour parfait, un truc bienveillant. Vous êtes trop abîmés, trop compliqués. C'est ce que t'essayais de te convaincre intérieurement, en te le répétant religieusement comme pour l'inscrire au fer rouge dans tes chaires. Que c'était voué à l'échec, pas une histoire faite pour être vécue à la lumière du jour. T'es partie, en lui intimant de t'oublier dans un murmure perdu au vent. Si t'avais su, vraiment su que le destin se retournerait contre toi dans un retour de flammes des plus dévastateurs. A ton tour d'être punie 'lisa, à ton tour de souffrir si fort que tu ne ressens plus rien sauf ce désir de te faire du mal plus que tout. De confirmer cette amnésie, sortir de sa vie une bonne fois pour toutes. Lui rendre son quotidien, dont tu ne fais plus partie.
Tu seras forte, pour la dernière fois ce soir. Tu t'es décidée sur la manière que t'allais utiliser après t'être longuement questionnée sur la façon par laquelle tu t'enlèverais la vie. Savoir si t'allais te trancher les veines pour te vider de ton sang, si tu passerais une corde autour de ton cou gracile pour venir t'y balancer. Te jeter sous les roues d'une voiture, sauter du haut d'un immeuble pour venir t'écraser dans un choc sourd. Te mettre un calibre entre les lèvres pour laisser ta matière grise agonisante tapisser les murs de ton appartement, ou bien opter pour la fameuse électrocution dans la baignoire venant griller chacun de tes organes. Rien de tout ça, tu te contenteras d'une bonne overdose old fashionned way. Tu tiens pas trop à donner trop de boulot à ceux qui nettoieront ton bordel derrière toi, alors autant ne leurs laisser qu'un corps intacte et inanimé, ayant succombé aux substances dans son organisme. Presque de façon paisible, sans bruits. Tu bois, beaucoup comme depuis une semaine maintenant. Sept longs jours d'agonie. Le liquide anisé coule à flots, tout comme ces pilules bleutées que tu te mets à avaler comme des bonbons. Laissant dans ton sillage de nombreux tubes orangés vidés de leurs contenus. Ton corps est chancelant, tu titubes jusqu'à ta salle de bain où la lumière vive vient brûler tes yeux rougit. Tu ôtes les vêtements couvrant ta peau, les plies soigneusement pour venir les ranger sur le bord du marbre où ton alliance repose encore. T'adresses un dernier regard sur cette relique de ce qui te semble être une vie passée à des années lumières de l'instant où tu te trouves à présent. Pas de sourire triste, juste tes opales dénouées de sentiments venant quitter l'anneau doré pour se reposer sur la baignoire venant accueillir ton corps dénudé rapidement recouvert d'eau chaude à la teinte rosée du sang ayant rouillé sur tes avants bras déchirés.
Tu te sens bien étrangement bien. Finalement soulagée, anesthésiée. Les pilules continuent de glisser dans ta gorge accompagnée de la bouteille de sambuca qui viens s'écraser au sol alors que les forces commencent à te manquer. Ta vision commence à se brouiller, tout comme tes sens. Tu te refais le fil de ce qui t'as mené ici, de ta vie menée de façon solitaire. Ces secrets que tu n'as partagé avec personne jusqu'à la semaine dernière. Tes larmes viennent saler ton visage lorsque tu revois Pierre lâcher son dernier soupir dans tes bras alors que les ambulances arrivent enfin sur le lieu du drame. Lorsque tu revois ce médecin, t'annoncer en salle de réveil la perte de votre enfant et de ta capacité à enfanter suites à des complications intervenues pendant que tu te trouvais sur la table d'opération. Tu te rappelles de l'acharnement que tu as mis à piquer les épidermes que l'on t'offrait, déversant ta peine à grand coups de dermographes. La façon que Jabez à eu d'entrer dans ta vie pour s'y faire une place de choix, ne cessant de gagner en importance à chaque séance. Jusqu'à ce qu'il te tatoue, qu'il appose son art sur toi pendant que l'une de ses mains venait pimenter le jeu que vous aviez instauré entre vous depuis quelques mois déjà. La manière dont vos corps se sont trouvés fiévreusement pour se mélanger dans un concert de rugissements endiablés. L'amour, venant amplifier cette alchimie déchaînant déjà les sens. Ces échanges dans cette baignoire témoin de votre union naissante. Puis Cara, son venin ne manquant pas d'empoisonner ta vie pour la gangrener. Venir détruire tout ce qui était beau pour te replonger dans une spirale d'auto-destruction. Parce qu'il n'y a plus que ça pour te faire planer, comme une masochiste en demandant encore. Comme lorsque tu as quitté Jab, pour revenir lorsqu'Aly t'as contactée pour te mettre au courant de son accident. Que tu t'es dépêchée à son chevet le plus rapidement possible pour qu'il te porte le coup de grâce. « on se connait ? »
Tu ne discernes plus les formes, ni ne sent l'eau devenue froide. Tu sens ton corps glisser lentement vers le fond de la baignoire comme si elle l'y attirait. Tu te sens simplement soulevée, ça t'arrache un grognement. Pourquoi on te laisse pas te noyer en paix? Le monde tourne avec violence autour de toi, tu ne comprends rien de ce qui ce passe jusqu'à ce que ton visage ne se retrouve forcé par deux doigts venant s'insinuer dans ton œsophage pour te forcer à vomir de réflexe. Tes cheveux sont maintenus avec poigne, pendant que tu viens tousser l'acide mélange chimique présent dans ton estomac dans la porcelaine blanche. Ça te brûle, secoue ton corps de soubresauts agités. Tu craches, encore et encore les larmes venant retrouver tes yeux pour la énième fois. Pourquoi est-ce qu'on te rappelle à une vie dont tu ne veux pas? Dont tu ne veux plus? Une vie trop douloureuse à supporter, trop difficile à encaisser. Plus rien à vomir, si ce n'est un peu de sang venant se mêler à l'acide gastrique rejeté par ton corps. T'es balancée en arrière, vient t'accoler contre quelque chose de chaud. Ça t'enlaces, te frictionnes pour venir réchauffer ton épiderme frissonnant. Tu pleures, encore et encore, les vannes étant impossibles à couper. "J'veux pas... J'veux plus..." T'es en détresse, que l'on te laisse crever. Disparaître comme tu étais sensée le faire si l'on ne t'en avais pas empêché. Tu retrouves peu à peu tes esprits, la vue brouillée par les substances chimiques et les perles transparentes l'embuant. Tu crois pas à ce que tu sembles percevoir, ce n'est qu'un démon, une hallucination crée à ton cerveau pour continuer à te faire sombrer. Ce ne sont pas ses lippes encrées, pas ses yeux clairs qui transpercent ta carcasse fatiguée. "T'es pas là Jab..." impossible, arrêtes de me faire souffrir s'il te plait, cesses de me hanter. "T'es pas là..." impossible. Pas maintenant, ni jamais ça n'arrivera.
Certes tu passes comme de l'air dans un monde sans musique Dépourvu de tes nuances un peu trop spécifiques Tu nages en douleur et il est presque temps De fermer les yeux dans la mort qui t'attend