Tedby ♦ Nul ami tel qu'un frère ; nul ennemi comme un frère

Teddy avait de la rancoeur en lui, c'était palpable, dans l'atmosphère. Il avait de la colère en lui. Et Toby se sentit soudainement plein de regrets, de ne pas avoir fait les choses plus doucement. Il avait suivi son père, en Italie, après un certain chantage affectif. Toby avait tout fait pour garder contact avec son frère, il était même venu à New York une ou deux fois, pour l'anniversaire de Teddy. Mais il semblerait que celui-ci soit trop en colère pour s'en souvenir. "Je comprends, tu étais petit. Je sais que tu l'as pris comme ça, mais je ne t'ai pas abandonné, j'ai toujours tout fait pour qu'on reste en contact. C'est vrai, je n'ai pas pu revenir souvent, faute de moyens, mais j'ai toujours tout fait pour être présent quand ça n'allait pas, ne serait que par téléphone." déclara-t-il. Et c'était vrai. Pas un jour n'était passé sans que Toby ne pense à Teddy. "Puis, tu m'as rejeté, ce que tu continues à faire..." déclara-t-il. Bon, d'accord, c'était un peu moche de dire cela à présent, mais c'était la réalité. Teddy ne voulait pas lui pardonner ce qu'il avait pris pour un abandon, et des deux, c'était bien son petit-frère qui refusait toujours sa main tendue et de le revoir. Mais aussi leur mère. Elle avait refusé de lui payer des billets pour New-York, tant qu'il ne laisserait pas tomber son idée de devenir prêtre. Et avec son faible revenu, c'était impossible seul.

"J'ai eu l'appel, j'ai eu la vocation. C'était pas un choix facile, mais c'était une évidence. Et je n'ai jamais mis une croix sur vous." répondit simplement Toby. "Tu peux pas dire ça, pas comme si je vous avais rejeté! Certes, j'ai choisi une vie auprès de Dieu, mais j'ai toujours voulu veiller sur vous. Tu as décidé que tu ne voulais plus que je veille sur toi." déclara le jeune abbé, toujours de façon très calme. Il ne voulait pas crier sur Teddy, ce n'était pas le but. Il n'était pas le seul à penser comme ça? Et oui, leur mère... "Maman exagère. Elle en voulait à notre père de m'avoir tiré jusqu'en Italie avec lui. C'est tout. Je ne sais pas ce qu'elle te raconte encore, mais elle a bien des fois refusé de me laisser te parler." déclara-t-il ensuite, poussant un soupire. Le trentenaire ne voulait pas mettre la faute sur leur génitrice, mais si elle n'avait pas mis de bâtons dans les roues, tout aurait été plus simple, plus doux. Teddy aurait compris, et il aurait apprivoisé l'idée que, même loin, Toby l'aimait, pensait à lui et désirait le voir. Mais notre abbé était aussi fautif.. Les années avaient passé, et il n'avait jamais réussi à faire un pas suffisant en direction de son petit-frère pour relier.

J'écoute les « excuses » de mon ainé. Toujours été présent, par téléphone, ça m'avait fait une belle jambe, en ce temps là, qu'il soit là par téléphone. J'avais besoin de lui près de moi, pas à des milliers de kilomètres. A un moment, le téléphone n'avait plus suffit, puis il avait été endoctriné. Et, oui, je l'ai rejeté ensuite. Choisir une divinité plutôt que sa famille, c'est un choix que je n'ai pas et ne comprends toujours pas. « Maman souffre de ton « appel » comme tu dis. Et elle avait bien raison de lui en vouloir, au paternel. Comme j'ai toutes les raisons de t'en vouloir à toi. » Il n'est même plus un frère, le « père » Toby. Il n'a pas pensé à sa famille. La vocation. Elle a bon dos. Comment on peut avoir la vocation d'être prêtre ? Ce n'est même pas un travail. La rancoeur me ronge, peut-être influence-t-elle mon avis sur son « boulot », mais c'est plus fort que moi. Il faut que je morde. Je mords pour me défendre, maintenant. Je ne suis plus le petit frère sans défense qui avait besoin de son grand frère. Il a bien fallu que ça change, de toute manière.

Je ne nie même pas le fait que notre mère ait pu l'empêcher de me parler, ou caché des courrier. C'est probablement vrai mais... « De toute manière, qu'est-ce que ça aurait changé, qu'elle te laisse me parler ? Elle devait avoir peur que tu m'entraines dans ta secte et qu'elle finisse toute seule ». Je ne peux pas lui en vouloir pour ça. Elle a déjà tellement souffert. Pourtant, elle aime Toby, évidemment, mais elle a tellement souffert, son cœur a été brisé par ce déchirement. Je resterai rangé à ses côtés, parce que je suis son seul allié, dans toute cette histoire.

"Teddy, arrête!" s'exclame finalement le trentenaire, se levant de sa chaise, face aux mots virulents de son petit-frère. Cela lui fait terriblement mal, car il n'a jamais rien fait de condamnable. Ce que Teddy lui reproche, c'est d'avoir fait sa vie, tout bonnement. D'être parti de son côté. "On se passe à côté, depuis des années. Mais je suis là, maintenant, je suis là, on vit au même endroit.... C'est complètement stupide! D'accord, c'était peut-être un mauvais choix de partir, de ton point de vue, mais j'étais jeune, moi aussi. J'avait dix-sept ans... Et tu serais venu avec nous, si maman avait été d'accord. Je me suis retrouvée complètement partagé entre maman et papa, c'était pas facile. Papa n'allait pas bien, je ne voulais pas qu'il parte tout seul." explique-t-il. En Italie, il n'a jamais eu le confort que Teddy a continué d'avoir à Londres. Ce n'était pas du tout le même niveau de vie... Il avait fait des concessions. Sans doute serait-il revenu, s'il n'était pas entré au séminaire.
"Ca aurait changé qu'on serait peut-être restés plus proches. Et arrête de dire n'importe quoi, ce n'est pas un secte! Respecte au moins mes croyances!" s'exclame-t-il, sur un ton un peu plus énervé qu'auparavant. Et son corps est tendu. Son visage est de plus en plus pâle. Il commence à voir flou, Toby, mais il n'en laisse rien paraître, tout comme il retient les larmes qui se forment aux creux de ses yeux.

Je l'observe alors qu'il se redresse comme un diable de sa boite. Il était jeune en ce temps là, évidemment, et moi ? Je l'étais encore plus. J'avais du mal à comprendre pourquoi il était parti. Et les coup de fil ou les lettres avaient fini par ne plus être suffisantes. Je m'en fous pas mal que le paternel n'aille pas bien en ce temps-là. Un père, ça pense à sa famille, pas à son cul. Egoïste, le padre. « S'il était si mal, il n'avait qu'à rester près de nous. Pas la peine de se barrer à des milliers de kilomètres » Fuir, c'est très « Fleming » ça, tiens. Je tiens bien plus de ma mère que de mon père, contrairement à Toby. « Tu serais resté, tu n'aurais probablement pas été enrôlé dans cette secte ou qu'importe comment tu l'appelles. » Pour moi, c'est une secte. Ses croyances ont bon dos. Les croyances, c'est éphémère, comme une relation avec une femme. C'est exactement pareil. Un jour, Toby voudra autre chose que juste ses « croyances ». Et ce jour là, ce jour là... Bref.

Il s'énerve, finalement, mon aîné, pas parce que je parle de l'abandon, non, parce que je parle de sa secte. Je ricane, tellement c'est stupide, comme réaction. Il confirme ce que je pense depuis longtemps. Il a des priorités. Et moi et ma mère n'en faisons plus partie. Et bien que j'essaye de faire comme si ça ne m'atteignait pas, ce n'est pas le cas. Bordel, ça fait mal de se sentir moins important que... que n'importe qui, en fait, pour son frère. Ca fait tellement mal que je préfère rester éloigné de lui. La ville est assez grande pour qu'on ne se croise pas. Nous n'habitons même pas dans le même quartier. Pourtant il revenait, Toby, à chaque fois, comme pour me torturer et me rappeler le passé et ma situation. Ouais. Il peut s'énerver, le prêtre, s'il le veut, mais ses croyances, je me les fous au cul. « On aurait pas été plus proches, non. Maman m'a protégé, et elle a eu raison. Elle peut au moins être fière d'un de ses fils. » Penser à ma mère me fait mal au cœur, à chaque fois, car je sais que le sien est brisé. Ça me rend dingue de savoir qu'un fils peut faire autant de mal à sa mère... Et à son frère. C'est mon instinct de la défendre, de chercher à la protéger à mon tour. Parce que, à mes yeux, elle est tout ce qu'il me reste, et la seule sur qui ne peux réellement compter. Les autres m'ont abandonné à un moment ou à un autre, après avoir souffert de leur départ, je leur ai fermé la porte. « Tu devrais te rasseoir, tu es pâle, mon père ». Mon père. La bonne blague.

Les mots de Teddy se font de plus en plus violents, et Toby a la tête qui tourne à force de les entendre. C'est pire que si son frère était en train de lui donner des coups directement au visage. Enrôlé dans cette secte? Mais qu'est-ce qu'il raconte? Il a fait un choix éclairé... Certes, le fait de se retrouver en Italie a précipité son choix, mais il y pensait depuis l'adolescence. D'ailleurs, enfant, il avait décidé de lui-même d'aller au catéchisme, de recevoir les sacrements. Sa mère s'en était inquiété, mais elle voyait que cela le rendait meilleur, qu'il était un enfant doux, gentil, serviable, altruiste. Alors que pouvait-elle lui interdire? Sans doute l'aurait-elle fait si elle avait su que, quelques années plus tard, ses croyances l'aurait poussée à le détester. Les larmes se forment aux bords de ses yeux alors qu'il écoute les paroles tranchantes, telles des sabres sur la gorge, de son interlocuteur.
Et vlan! Le coup de grâce. Maman est au moins fière de l'un de ses fils. Elle m'a protégée.
De Toby. De Toby, ce frère qui avait toujours tout fait pour Teddy. Il avait été comme un papa de substitution... Et sans doute que le petit garçonnet avait fini par trop l'idéaliser. C'était la jalousie qui le rongeait, c'était certain. Il ne voulait pas laisser son frère aux autres. Peut-être aurait-ce été le même topo si Toby s'était marié et avait quitté la ville avec une épouse et des enfants. Il retient ses larmes, serre ses poings. Cette fois, il est trop touché pour se taire. Il est énervé d'être la cible de tant d'injustice, d'être dépeint comme un monstre qu'il n'est pas. Il n'a jamais abandonné personne.
"Ah oui, vraiment?" Demande-t-il, cette fois avec colère. "Alors pourquoi l'as-tu laissée seule à Londres pour venir ici, à tant de kilomètres ? Cette fois les appels et les lettres sont suffisantes?" Il pousse un large soupire, tentant de se calmer, mais la tension ne fait que monter. "Ah oui, c'est vrai, toi, t'as le droit de faire des choix et t'as le droit de faire ta vie." réplique-t-il. Car oui, ce n'était pas différent... Leur mère ne se déplaçait que rarement à New-York...
Et alors qu'il prononce ses mots, Toby se sent faiblir, son coeur bat très fort, il a les mains moites. Mais il n'y fait rien praître, face au ton insolent et sarcastique de son frère, qui utilité la dénomination d'un prêtre, comme s'il s'agissait d'une insulte.

C'est rare de voir Toby en colère. Mais il semblerait que cette fois, j'y sois arrivé. Je ne retire vraiment aucune satisfaction à le voir si en colère, plutôt du dépit. Il ne comprend pas, le prêtre Fleming. Il ne comprend même pas ce qui se passe dans la tête de son propre petit frère, comment il pouvait décemment aider des inconnus ? Ses questions sont légitimes, toutefois, et je lui réponds, sans détour. « Parce qu'elle m'y a encouragé, qu'elle voulait que je réussisse, que j'ai un vrai travail. Elle a économisé pendant des années pour pouvoir me payer ma première année ici. Et je bosse chaque jour pour pouvoir la rembourser et qu'elle ait une retraite paisible. » J'espère même la voir bientôt déménager sur ce continent, pour pouvoir être plus proche d'elle et m'occuper d'elle en cas de besoin. Elle commence à avoir la santé fragile, maman, et je suis parfaitement capable de m'occuper d'elle. « Et non, les appels et les lettres ne sont pas suffisantes, c'est pour cette raison qu'elle finira par s'installer ici incessamment sous peu. » Enfin... J'espère. Et plutôt tôt que tard, d'ailleurs, de préférence. Il n'y a de toute manière rien de comparable avec ce qu'il s'est passé avec Toby.

Et même si la discussion est houleuse, les propos durs, le médecin grogne avant d'insister. « Assieds-toi, bordel. C'est censé être fier comme ça un prêtre ? T'es pas en plein péché d'orgueil là, Toby ? » lâche le médecin sur les nerfs. Surtout qu'il voit Merlin tourner autour du prêtre en grognant doucement et en aboyant, comme s'il sentait les émotions du curé.

Fausses excuses. Elle l'y a encouragé? Ah oui? Alors pourquoi n'a-t-elle jamais encouragé son fils aîné dans ce cas? Le plus petit avait le droit de partir à l'autre du monde pour trouver sa voie et se créer une vie viable, mais pas le plus grand? Il ne comprend plus rien, Toby. Et depuis quand sa mère veut-elle quitter le confort de leur ancienne maison à Londres pour venir vivre à New-York. Lui, elle n'avait jamais voulu le rejoindre en Italie. Pour le coup, Toby peut dire qu'il ressent un peu de jalousie vis-à-vis de son petit-frère. Car, en fin de compte, il a perdu son père et sa mère. Son père, il lui parle de temps en temps, mais c'est très rare, malgré tout. Sa mère, elle lui fait des vents à chaque message. Elle ne répond qu'aux fêtes... Et encore, à Noël, elle se contente de lui répondre un message sarcastique pour lui signifier qu'il doit avoir du travail, au lieu de papoter.
"Elle va venir quand?" demande-t-il, presque sur un air de défi. "Parce que ça fait quelques années quand même là...C'est pas comme si elle en avait quelque chose à foutre de ses fils une fois partis. A moins que ce soit en effet la retraite paisible qui l'intéresse... Un médecin aux Etats-Unis, ça peut rapidement devenir une poule aux oeufs d'or non? A part si maman est devenue une harpie, je sais que tu mens..." ajoute-t-il ensuite, sur un ton virulent. C'est bas. Méchant. Mais plus il y repense, plus il croit que Teddy ment. C'est certain, c'est juste pour se donner bonne conscience, parce que maman lui a payé tout ce qu'il faut et qu'il ne veut pas passer pour un mauvais fils. Et leur mère n'était qu'une manipulatrice dans l'histoire. Ou vive-versa. Toby ne pensait pas, en venant voir son frère, qu'il se trouverait si mal. Il a envie de vomir, il tremble. Son visage déjà pâle se décompose.

Mais pour le coup, il a raison, Teddy, notre prêtre fait le fier. Mais au-delà de l'orgueil, c'est surtout le choc, les émotions qui l'empêchaient de s'asseoir. Parce qu'il était blessé, terriblement blessé. "Oui, je..." commence-t-il, le ton un peu adouci. Il regarde Teddy un moment, puis le chien, Merlin, qui s'approche de lui comme s'il sentait sa faiblesse. Puis, sans crier gare, il s'effondre, brutalement. Son corps émet un son étouffé en heurtant le sol, tandis que le trentenaire perd connaissance.

L'air de défi qu'adopte Toby me fait froncer les sourcils. Quand. Je n'en sais rien quand. Bientôt, j'espère, bordel. Et les paroles s'enchainent, les accusations contre ma mère. Comment ose-t-il dire qu'elle s'en foutait de nous ? Qu'elle me considère comme une tirelire ? Sérieusement ? « Parle de maman sur un autre ton. Elle a tout fait pour moi, sans arrière pensée, et elle aurait fait pareil pour toi, si tu n'étais pas entré dans cette foutue secte. » Le ton monte de plus en plus, j'en ai conscience, et pourtant, je ne peux pas m'arrêter. S'en prendre à ma mère, c'est le pire qu'on puisse faire, encore plus venant de mon frère. Peut-être que je m'emporte en disant qu'elle va bientôt venir, mais pourquoi rester à Londres, toute seule ? Ses amies sont moins importantes que son fils, non ? Je lui en reparlerai. Mais là, j'ai un autre chat à fouetter. Merlin devint vraiment bruyant, de plus en plus fébrile, son regard fixé sur le prêtre.

A force de côtoyer des patients dans ma salle d'attente, Merlin a développé son instinct déjà bien présent. Il n'est pas rare qu'il me prévienne d'une crise ou d'un incident en aboyant, exactement comme en cet instant. Et deux secondes passent... Toby s'écroule au sol. Un juron s'échappe de mes lèvres alors que je me lève pour m'agenouiller à ses côtés afin de vérifier qu'il respirait tout en prenant son pouls. « T'es sérieux, Toby ? » Je grogne, je râle, j'interpelle le vendeur de hamburger pour qu'il m'amène une bouteille d'eau alors que Merlin lape soigneusement le visage du prêtre. Une marque d'affection envers mon frère. Je le laisse faire, plus concentré sur la respiration et les battements de cœur du curé. Heureusement, il est vivant. Il est juste sacrément faible. Bordel. Je verse de l'eau dans ma main avant d'humidifier le visage du prêtre, puis lui tapoter doucement la joue, jusqu'à ce qu'il ouvre les yeux. « Pas faim ? Et mon cul, c'est du poulet, Toby? Tu peux te lever ? » Tout en posant la question, je l'aide déjà à se mettre debout en le soutenant. Voilà à quoi servent toutes ces heures de sport. Entre autre.

Elle aurait fait la même chose. Cette phrase retentit dans son esprit. Il n'y croit pas. Elle ne l'aurait pas renié de la sorte, elle aurait fait des efforts, car il en avait fait. Elle ne l'aurait pas empêché de parler à Teddy par orgueil ou parce qu'elle était en froid avec leur géniteur. C'est la première fois que cela lui arrive: il a l'impression, d'un coup, que c'est lui qui a été abandonné, malgré ce que raconte Teddy. L'enfant qu'il était à l'époque s'était senti fragilisé, laissé par son grand-frère. A présent, ils avaient grandi, et la blessure n'était pas refermée.

Les mots se suivent, violents, méchants même. Et la tension devient palpable, brûlante. Merlin aboie, encore et encore, grogne, s'approche de Toby, comme pour appuyer les mots de son maître. Mais Toby n'a pas le temps de réfléchir, il tremble, sa pâleur devient intense, atteignant son paroxysme et, subitement, tout devient noir. Baigné dans l'obscurité, il ne sait dire combien de temps il est resté dans cet état, au sol, alors qu'il ouvre doucement les yeux. C'est le toucher contre sa joue de Teddy qui l'éveille. Le chien lui lèche le visage, quant à lui.
"J'ai l'estomac complètement retourné... J'ai pas envie de manger." finit-il par souffler, naturellement, comme une évidence, avant de se mettre sur ses jambes, s'appuyant sur le jeune médecin. "Je t'aime, tu sais, mon bébé Teddy..." ajoute-t-il, encore un peu dans les vapes, passant une main sur la joue de son interlocuteur, la lui pinçant, comme on le ferait pour un petit enfant.

Il gît au sol, Toby, et ça ne me fait pas rien, même si je ne le montre pas. Je reste professionnel, le médecin a prit la relève, accompagné de son vaillant compagnon à quatre pattes, qui cherche à réveiller le patient évanoui. Mais je rage, je gronde, je râle, parce qu'il fait n'importe quoi, le prêtre, et ça m'énerve. On ne fait pas de malaise pour rien. L'estomac retourné. Pas envie de manger. Bien sûr. « Tu vas manger, que tu le veuilles ou non ». Je lui annonce ça sur un ton qui ne laisse pas place à la discussion. Je le gaverais comme une oie si besoin. Ou j'avais une menace bien pire encore, dans mon stock. Je grommelle à nouveau tout en l'aidant à se relever avant de noter qu'en plus, il est en plein délire. Son bébé. Sérieusement ?

« Lâche-moi, Toby ». Je gronde, vraiment pas amusé de son comportement. Je ne suis plus un bébé depuis longtemps. Et il a perdu le droit de se comporter comme ça avec moi depuis aussi. « Je te ramène chez moi et tu vas manger. »A nouveau, mon ton est sans appel et je prends déjà le chemin de chez moi, à quelques dizaines de mètres de là, suivi de près par Merlin qui tourne autour de nous, inquiet. Je n'avais pas projeté un jour inviter Toby chez moi, et techniquement, ce n'est pas le cas, j'agis juste en tant que médecin responsable.

Une fois arrivés à destination, je le lâche dans le canapé et me rends dans la cuisine ouverte, le gardant donc à l'oeil. Cela dit, il est sous la surveillance de Merlin, qui reste proche du prêtre. « Ton dernier vrai repas remonte à quand ? » Et je ne parle pas des beignets, bien sûr.

» “Un frère est un ami donné par la nature.” - Cassey
» l'alcool est notre ennemi, fuir serait lâche. (cémen)
» on dit qu'le temps détruit mais l'temps n'est pas notre ennemi (enzo)
» comme un rat (sarai)
» comme des enfants.