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 anamnèse (emile)

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Message Sujet: anamnèse (emile)   anamnèse (emile) Empty Jeu 14 Fév - 15:55

anamnèse
dix ans de fuite. oui, ça s’appelle bien une fuite, une esquive.
dix ans que t’évites les quartiers et les coins que vous aviez pu fréquenter quand vous ne formiez qu’une petite bande, quand vous trainiez tous encore ensemble avant que tout dérape, avant que tu ne sois jetée comme une malpropre et traitée comme une catin. après tout, t’étais qu’une meuf enceinte arriviste, qu’une meuf qui avait tout prévu pour empocher le pactole. c’est ce qu’on t’a dit, c’est ce qu’elle t’a dit avant de te claquer la porte au nez. avant que les deux garçons ne t’abandonnent. enfoirés de sartier.
dix ans que tu leur laisses tout ça, que tu les laisses encore avoir un impact sur comment tu vis ta vie. et il faut que ça arrive encore une fois. il faut qu’un deuxième se pointe ici, sur ce qui ne leur appartient pas, sur ce qui t’appartient, sur ce que t’as construit en te relevant, en te reconstruisant.
depuis de longues minutes, depuis que ton regard s’est posé sur lui, que ton corps s’est figé, c’est avec tellement d’émotions contradictoires que tu l’observes, perchée comme un rapace sur sa branche qui observe sa future proie tandis que tu te tiens devant l’un des balcons de l’étage. tes mains tenant la barrière, tu pourrais avoir la posture de la reine observant ses sujets, observant son futur condamné à mort. mais non. cpas ça que tu ressens ou du moins pas que ça. t’as les battements du coeur un peu plus affolés quand tes yeux se posent à côté de lui par crainte de voir ton bourreau revenir ici alors qu’il a été interdit d’accès. heureusement pour toi, pas l’ombre du grand-frère alors tu te reconcentres sur le petit. mais c’est pas mieux. c’est moins fort mais tu ressens autant de choses, autant de rancoeur que de nostalgie, autant de haine que d’un mélange pas clair. allez, dégage mini sartier. repars d’où tu viens. pensée forte, une prière chuchotée pour un des dieux dont tu ne crois absolument pas.  en vain, c’est un de tes serveurs qui pose un nouveau verre devant lui, qui te bouche la vue une microseconde avant de te redonner matière à contempler. et c’est comme ça encore de longues minutes avant que tes mains lâchent la rambarde, que tu te détournes, que tu tournes le dos au gamin qui te l’a tourné dix ans plus tôt.
un détournement mais juste pour approcher, juste pour t’assurer qu’il n’est pas un mirage, qu’un mec qui lui ressemble. après tout, dix ans c’est long. en dix ans, les corps changent. les gens changent. tout comme tu as changé, comme tu n’es plus la même. il est de nouveau de retour dans ton champ de vision après des pas, une descente d’escalier, maintenant que vous êtes sur le même étage, maintenant que t’es qu’à quelques mètres de lui.
emile ? c’est ta voix peu sûre d’elle, de toi, qui porte un peu plus forte que la musique autour de vous, c’est ta voix tout aussi froide que surprise qui fait le chemin jusqu’à lui. toi même, tu ne sais si c’est une bonne ou une mauvaise surprise de le voir là. parce que t’as l’impression de repartir presque deux mois en arrière quand t’es tombée sur l’un des autres membres de la famille qui a contribué à briser ta vie dix ans en arrière. t’es bien là à te demander ce que tu as fait pour que ça arrive, là à demander ce qu’il s’est passé pour que les sartier reviennent dans ta vie tous en même temps. il ne manquerait plus que la salope de soeur pour t’achever. t’as été tentée de rebrousser chemin, de faire comme si tu ne l’avais pas vu dans son coin, à boire seul, à ruminer (?) seul.
et pourtant, tes pas t’ont mené jusqu’à lui, jusqu’à cette énième personne qui t’a tourné le dos dix ans plus tôt. t’es conne nana. t’es stupide de t’infliger cela, mais t’as l’habitude à présenter non ? tu ne devrais pas laisser parler ton coeur, laisser ton instinct reprendre le dessus. parce que tu l’aimais bien le petit sartier. parce que t’espères pas qu’il soit là car son frère lui a demandé pour une raison x ou y.. parce qu’il comptait pour toi, même du haut de tes dix-sept ans alors qu’il n’en avait que treize ou quatorze. c’est ça, c’était qu’un gamin à l’époque. mais toi, aussi t’étais qu’une gamine. qu’une putain de gamine qu’ils ont laissé, enceinte et seule, que ce soit ismaël, sa soeur et lui. toi, emile sartier. t’es de la même graine qu’eux. lui que tu pensais si différent. lui que tes yeux rencontrent les siens quand il tourne le regard vers toi.
@emile sartier anamnèse (emile) 3227196488
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Message Sujet: Re: anamnèse (emile)   anamnèse (emile) Empty Dim 17 Fév - 17:02


Ça a le même goût que le regret, mais c’est quelque chose de plus amer. Comme un mauvais rêve dont on peine à se réveiller. Comme le voile d’un souvenir qui plane sur toi en permanence, ou l’ombre d’un doute qui ne s’est jamais évaporé. Debout face à la devanture nue de la boîte, les remords que t’as accumulés ces dernières années pèsent sur tes épaules voûtées. Les yeux vers le ciel noir de jais, t’aspires une dernière bouffée de ta cigarette, l'esprit aspiré par les démons qui t'assaillent. La fumée qui s’échappe de tes lèvres rejoint l’éden céleste, te laissant à ta gravité plus sombre et mélancolique. Minuit sonne alors que tu rejoins la musique pulsante. T’as l’impression de jouer à la roulette russe avec tes sentiments Emile, parce que tu sais que tu ne devrais pas être ici. Tu fais le dos rond, pas très fier de toi, babines retroussées et phalanges contractées autour ce nouveau verre. Il sent le whisky trop bon marché mais dissipe tes doutes. Grâce à lui tu ne penses plus et tu moques de ces quelques regards indiscrets que l'on te glisse à la dérobée.

La voix qui résonne derrière toi t’assaille et te submerge d’un tsunami d’émotions contraires. Elle te ramène à tes quatorze ans, parce que les dix dernières années passées n’ont pas effacé le souvenir de Nana. Sa présence est gravée dans ta mémoire, si bien que tu peux encore ressentir la paume de sa main se poser sur tes plaies, pour adoucir tes maux. D’une gorgée, tu termines le verre que tu apportais à tes lèvres et tu cherches de tes opales acier ses pupilles félines, prêtent à te bondir dessus.  Nana. J'savais pas que tu bossais là. Le timbre avec lequel t'uses de ton mensonge est étonnamment persuasif. Tu savais qu’elle gère ce bar parce que tu l’as demandé et on te l’a appris. Parce que tu es comme ça Emile, tu es lâche et pour confronter tes plus grandes peurs t’as besoin d’être au fond du trou. Parce que c’est plus facile d’esquisser une histoire par écrit que de la vivre soi-même. Parce que lorsque tu choisis ton scénario, tu choisis aussi le dénouement, et dans ton histoire elle reste quelque part proche de toi. D’un sourire feint, tu désignes d’un doigt le siège à côté de toi. Je t’en prie, viens me tenir compagnie. Le souvenir entêtant de Nana à ses seize ans tourne en boucle dans ta tête. Elle est jolie et elle l’a toujours été. Mais la femme qui se tient devant toi n’as plus rien de la jeune fille qu’t’as connu. Ses longs cheveux ébènes ont laissé place à un carré encadrant son visage. Ses traits sont les mêmes, mais ils sont plus fins et plus marqués. Ils expriment une fatigue ôpiniatre, mais clament également une maturité envoûtante, qui lui sied à merveille. T’es partie. La voix que tu voulais assurée, digne du masque de l’homme que tu prétends être vacille et met à mal tous les mensonges que tu t’es ressassé ces dix dernières années. Tu souris trop être sincère, Emile. C’est le genre d’illusion qui remplace une moue peinée et honteuse. Tu lui en veux qu'elle t’ait abandonné quand t’étais qu’un môme. Elle t’a lâché quand t'as perdu Ismaël. Pourtant t’as bien essayé de lui demander de t’accompagner en prison pour visiter ton frère, parce que tu savais qu’elle avec toi tu le rendrais heureux et ta visite serait moins pénible. Mais elle s’est évaporée, et tu ne l’as pas recherché. J’pensais que tu m’appréciais assez pour rester à mes côtés quand il est parti en taule. Le silence s’imprègne de plomb. Il est lourd de sens et de conséquences. T’appréhendes c’que tu vas lui dire, mais tu crains surtout sa colère, parce que Nana c'est un feu ardent qui brûle par son nimbe. Pourtant t’es en colère toi aussi, t’as le regard fuyant, parce que t’assumes rien. Tu marmonnes des excuses dans ton verre vide, enveloppées par le bruit d’une musique trop forte. T’as pas le moral à rire Emile, mais tu ne l’as pas non plus à pleurer.


@Nana Sforza anamnèse (emile) 3227196488
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Message Sujet: Re: anamnèse (emile)   anamnèse (emile) Empty Lun 18 Fév - 13:41

ce sont tes pas qui t’ont amené à lui tandis que ta conscience te criait de fuir, de la même manière que ta première retrouvaille avec l’autre sartier. aucun des deux n’est bon, aucun des deux n’a quelque chose de bon à t’apporter. ils ne sont que le reflet d’une histoire qui se termine mal, dans le chagrin, dans une douleur insurmontable, celle que tu n’as jamais passé. ils font tous deux partir d’un passé qui devait rester comme tel. les fantôme, tu n’as pas besoin qu’ils deviennent encore plus réels.
ce sont tes yeux qui rencontrent les siens, ce sont eux qui découvrent l’homme qu’il est devenu, évidemment bien loin du gamin qu’il était dix ans plus tôt. petit haussement de sourcil de ta part, tu ne sais pas si tu dois le croire. tu ne sais rien, plus rien. ni comment te comporter, à te demander si tu ne dois pas interdire le club à tous les sartier de la ville. ta conscience serait plus tranquille, ta personne moins mise à rude épreuve. tu bouges pas quand il t’invite à t’asseoir à côté de lui. certainement pas. de toute façon, tu ne peux pas, ton corps est figé sur place, debout à côté de lui. c’est lui qui t’envoie ? et bordel, t’espères pas. de toute manière, vous n’avez plus rien à vous dire, l’autre sartier toi, t’as plus rien à lui dire. plus envie de le voir. pas plus envie qu’il continue à écorcher ta mémoire, ton corps et ton organe battant, qu’il fasse de nouveau partie de ta vie. ce n’était qu’une interlude, vous deux. qu’un instant pour pouvoir repartir à ta vie d’avant. c’est pas doux, tes mots, c’est absolument pas un timbre qui lui souhaite la bienvenue. t’as pas besoin de préciser plus que ça parce qu’il serait complètement con de ne pas savoir de qui tu parles.
t’aurais pu te laisser amadouer par lui, par l’animal doué pour tromper son monde. tu les connaissais ces personnes là, parce qu’elles étaient presque comme toi. douces et bonnes à l’extérieur, mignonnes comme un chaton de quelques mois alors qu’à l’intérieur ce n’était que stratégie et rancoeur. ah qu’elle était bien faite la nature, qui voudrait un truc moche à la naissance ? qui voudrait aimer une chose horrible ? ce n’était qu’un stratège pour attendrir, pour t’attendrir, cette voix qui vacille légèrement, la sienne, dans ce reproche. t’es partie.. ouais. parce qu’on ne m’a pas laissé le choix.. c’est ce que t’aurais aimé répondre, c’est que la nana, la nannina proche du petit-frère aurait fait et répondu pour le consoler, comme après des coups donnés par son père, quand t’étais là pour le rassurer, quand tu pouvais être là pour eux deux. mais c’est sa dernière phrase qui brise le semblant de compassion et du retour de la nana d’avant. ce sont tes sourcils qui se froncent, ta mâchoire qui se crispe tandis que dans tes yeux danse flamme, la dangereuse, la ombreuse. putain, vous êtes forts. que tu balances, dans un ricanement jaune, dans un crachement dédaigneux, ta tête que tu hoches à plusieurs reprises. c’est évidemment pas un compliment, c’est une putain de constatation. ils sont pareils, totalement du même genre. après tout, ils sont du même sang, créés par les mêmes connards de parents, à quoi aurais-tu pu t’attendre d’autre d’eux ? et de lui ? c’était une blague, une énorme que tu te prenais en pleine gueule. vous êtes tellement forts pour retourner la situation à votre avantage chez les sartier. c’est hallucinant, dégueulasse, ça te prend aux tripes, au coeur. il t’avait fait le même coup l’autre. t’accusant comme si tu étais la fautive. alors qut'es la victime dans toute cette histoire, la fille insultée d'être une fille facile, arriviste, qu'une pauvre gamine.
et ça pourrait te faire doucement t'émouvoir ses yeux fuyants, ses mots incompréhensibles face à son verre, si la colère ne grondait pas à toi autant que le chagrin constant. ça pourrait te toucher la faiblesse que tu ressentais en lui si la force de ses mots n’équivalaient pas à un uppercut. encore un. jpensais que tu m’appréciais assez pour prendre de mes nouvelles quand il m’a quitté comme ça. quasiment mot pour mot, tu reprends sa phrase, l’adaptant à ta propre situation, à ce que tu estimes être la vérité. pour toi, c’est évident qu’il sait de quoi tu parles, comme ça, enceinte de son lâche de frère, capable de te laisser toute seule et de ne pas assumer. et encore, tu pourrais tant dire de choses.
t’étais où quand j’avais bsoin de toi, emile ?
t’étais où quand jme suis retrouvée toute seule et grosse ?
t’étais où quand elle est morte ? ta nièce, hein ?
t’étais où toi, hein ? pas là et loin. beaucoup trop loin. c’est l’image d’un homme de dos que tu visualises quand tu le regardes, quand tu les regarde, son frère et lui.
@emile sartier anamnèse (emile) 3227196488
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Message Sujet: Re: anamnèse (emile)   anamnèse (emile) Empty Sam 23 Fév - 20:38


L’air de la pièce te devient très vite irrespirable par le réveil de ce chagrin sourd longtemps endormi. Tu ne t’attendais pas à ce que Nana te saute dans les bras en te revoyant. Pourtant quelques brides de souvenir te retiennent à elle, comme de précieux fragments rémanents d’un temps usé par l'absence. Tu te souviens de ces nuits où ils vous arrivaient parfois de réécrire les scénarios de vos vies. Pour ces moments, gamin, et pour beaucoup d'autres, t'as envie de comprendre ce qu'il s'est passé dix ans en arrière. « c’est lui qui t’envoie ? » un rictus narquois t’échappe et tu ne peux t’empêcher de mesurer l’intensité avec laquelle elle pèse ses mots. Et le pire c’est que tu sais qu’elle à raison. Ton choix de bar pour te saouler n'est pas innocent puisque ismaël t'a un jour glissé qu'elle y travaillait. Jusqu'à ce jour tu t'étais presque juré de ne jamais aller la voir, de peur d'être de nouveau abandonné. Je suis venu tout seul. J'ai grandi, au cas où tu ne l'avais pas remarqué. Le sarcasme avec lequel tu t'appliques à répondre te protège l'espace d'un instant. Nana a cessé d'exister dans la vie de la famille Sartier du jour au lendemain, sans plus de complications. Disparue des mémoires comme si elle n'avait jamais existé. Une simple copine de passage, c'est ce qu'on te répétait à longueur de journée. Mais à tes yeux, elle était plus ça. Pourtant, la colère avec laquelle elle s’exprime brouille le portrait de Nana que tu t’étais gravé dans ta tête. Le souvenir de la nannina que tu essaies de te remémorer est entouré de vide. Comme un flou autour d'un prénom, où son existence aurait été minimisée à un simple passage hâtif dans ta vie. Elle était cette personnalité volcanique et solaire au bras d’Ismaël. Tu la revois si bien user de sa douceur et sa fibre maternelle sur toi. En sa présence, tu ne craignais pas d'être le gamin sensible que tu es Emile. « putain, vous êtes forts. » Tes prunelles bleues la regardent sans la voir, l’esprit ailleurs, à rechercher votre passé commun. « vous êtes tellement forts pour retourner la situation à votre avantage chez les sartier. » La simple évocation de ton nom te fait serrer les dents. Le spectre de ta famille vous entoure aujourd’hui encore de ses bras glacés, et au fond de toi tu sais Emile que son autorité n’est pas le seul obstacle qui t’éloigne de Nana. mais qu'est-ce que tu racontes, Nana ? Je sais que tu n’as jamais pu sentir ma famille, mais quand même. Tu savais dans quoi tu t'engageais en baisant mon frère. Agacé et irrité, tu fais tinter ton verre en cristal à présent vide de tes dix doigts impatients. Ce simple geste te permet d'extérioriser la houle d'émotions qui fait rage en toi. Ton visage n'en exprime pourtant rien, et c'est armé d'un sourire en coin que tu t'apprêtes à affronter l'ouragan Nana. Ce sont de nouvelles facettes que tu découvres chez elle, comme si tu ne l’avais jamais réellement connu. Son caractère est plus agressif et elle semble se défendre de façon instinctive contre ta présence. Et pourtant, tu ne comprends pas Emile, et son visage impassible ne t’aide pas à comprendre. La colère qu'elle manifeste te semble injustifiée voire disproportionnée face à la peine que tu continues de ressentir quotidiennement au simple souvenir de son nom. « jpensais que tu m’appréciais assez pour prendre de mes nouvelles quand il m’a quitté comme ça. » tu arques un sourcil alors qu’un rire mauvais s’échappe de ta gorge. Tu toises cette femme devant toi qui t’était autrefois aussi précieuse qu’une sœur. « Comme ça», comme quoi Nana ? Comme une gamine égocentrique ? C'était trop dur d’assumer quand ismaël est partit purger sa peine ? Parce que tu voulais pas être mêlée aux Sartier ? Tes mots coincés au creux de tes lèvres sonnent faux. La foudre qui tonne en toi te pousse dans tes retranchements. « t’étais où toi, hein ? » Je suis resté où tu m’as planté. T’as jamais rien demandé d'autre qu'un peu de reconnaissance. Un peu d'attention qu'elle est la seule à t’avoir apporté. Mais putain Nana, tu sais que je suis l'oiseau de mauvais augure de la famille. Arrête-toi donc une seconde de me mentir et reconnais que t’as merdé. Des abandons consécutifs que tu as vécu, t'as rapidement compris que le silence peut être interprété comme le plus grand des mépris. Il laisse l’esprit comme seul interprète de l'absence de nouvelles. Ce manque de confrontation à une situation dont tu n'étais pas maître t'a consumé à petit feu, si bien que tu as commencé à te remettre en question, toi, le gamin trop doux et trop accommodant. Les questions ont laissé place à des affirmations qui se sont substituées à de réelles explications.



@nana sforza anamnèse (emile) 3227196488
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Message Sujet: Re: anamnèse (emile)   anamnèse (emile) Empty Lun 25 Fév - 0:32

le soulagement que tu ressens est immense, il n’est pas là. c’en sont même tes membres qui tremblent un peu moins, les battements de ton coeur qui ralentissent et ton corps qui se défige. seulement de quelque peu. parce que rien n’est fini. rien n’est jamais fini dans ta vie nana. parce qu’il reste toujours un sartier en jeu. comme toujours, ils sont là. même sans le vouloir, ils persistent comme une mauvaise herbe dans ton jardin pas si joli, comme des vermines impossible à déloger. je vois ça. c’est un chuchotement, ta voix bien trop prisonnière, trop coincée au fond de ta gorge. ça te touche, bien plus que tu le montres à l’extérieur. emile sartier a changé. le petit garçon que tu prenais dans tes bras pour le réconforter n’est plus, comme tu n’es plus cette adolescente qui le protégeait, le faisait rire pour lui faire oublier les tracas et les merdes de sa vie, son merdique et enfoiré de père. deux personnes bien différentes s’affrontent aujourd’hui. et tu n’aurais jamais pensé que ce soit le cas un jour quand t’étais encore qu’une ado de seize et dix-sept ans. qu’un jour, bien des années destructrices plus tard, t’affronterais le gamin.
et il est fort, bien trop fort à ce jour. dévastateur par ses mots. « mais qu'est-ce que tu racontes, Nana ? Je sais que tu n’as jamais pu sentir ma famille, mais quand même. Tu savais dans quoi tu t'engageais en baisant mon frère.» ça te martèle, ça te transperce de toute part, cette rancoeur dans sa voix. il vient titiller et s’amuser de tes blessures toujours ouvertes depuis tant d’années. parce que toi, tu croyais que c'était plus que ça entre son frère et toi, plus que de la baise. et c’est ton masque fabriqué de toute pièce depuis dix ans qui s'effrite face à lui. simplement le temps de quelques secondes. juste le temps de te trahir face à lui. encore face à un foutu sartier, bravo nana. c’est la grimace qui déforme tes traits, le chagrin qui s’impose au fond de tes yeux, face à son putain de sourire en coin carnassier. le même que son enfoiré de frère. ce sourire qui sait ce qu’il fait, qui sait qu’il frappe et fait mal.
et il revient, le masque, le traître, que tu replaces sur toi, quand la maîtrise de tes émotions est revenue. tu tentes, de renvoyer la balle. il n’était pas là non plus quand il t’a quitté, quand ils t’ont claqué la porte au nez, un bébé en route dans le bide.
mais c’est l’avalanche. la graduation des attaques, des mots transformés en armes. « « Comme ça», comme quoi Nana ? Comme une gamine égocentrique ? C'était trop dur d’assumer quand ismaël est partit purger sa peine ? Parce que tu voulais pas être mêlée aux Sartier ?» ce sont les armes qui viennent te transpercer la peau. le si doux emile n’est plus de ce monde ou ne l’est plus pour toi. comme il te fait bouillir. comme il provoque en toi une ébullition, un excès d’émotions. tu pourrais avoir le poing facile comme contre son grand-frère mais c’est emile. et emile, tu ne peux juste pas. même en te traînant dans la boue, tu ne pourrais pas porter ses coups sur lui, pour lui dire de la fermer, de dégager d’ici. je n’étais pas au courant de sa peine. que tu craches sincèrement entre tes dents serrées, ton corps qui se mouve enfin. c’est pas vers la chaise à côté de lui que tu vas, c’est sa table que tu contournes pour finalement te poster devant lui, de l’autre côté du morceau de bois. je t’interdis de parler de choses que tu ne connais pas, sartier. la voix froide, bien plus craintive que celle qui gronde, qui hurle.
« Je suis resté où tu m’as planté.» et est-ce que tu les as déjà imaginé, ces retrouvailles ? vos retrouvailles ? est-ce que tu as déjà imaginé retombé sur emile un jour ? la question ne devrait même pas être posée. c’est une évidence, pour toi. elle devrait plutôt questionner sur le temps, se poser dans le temps long. parce que la réponse est tellement différente en fonction de celui-ci, en fonction des années qui se sont écoulées et qui vous ont éloigné.
les premiers jours qui ont suivi le fracas de ton coeur au sol causé par la rupture par procuration, par la lâcheté du garçon que tu aimais, par le fait que tu réalisais que tu allais être seule dans cette épreuve, à élever seule un bébé dont tu ne pouvais te résoudre à retirer de ton ventre avant qu’il ne soit trop tard, tu y as pensé. trop fort, à emile, au jeune garçon. t’as imaginé que les ténèbres qui commençaient déjà à t’engloutir à cette époque allaient bientôt se dissiper. qu’une mauvaise blague était en court, que l’erreur serait reconnue et que le pardon serait demandé. en vain, conneries. t’as imaginé un petit garçon frappant à ta porte, te cherchant, te réclamant. t’as imaginé le croiser au coin d’une rue, que ton gros ventre rentrerait pas accident contre son corps frêle mais solide, commençant à s’endurcir dans le fond, par les années de coups et de violence. t’as imaginé tant de scénarios, tant de rêves irréalisables. des putains conneries d’une pauvre et stupide gamine. tes plus grosses erreurs, en commençant par eux, ismaël, emile.
puis les mois ont passé. puis t’as été déchirée par la perte. la mort de ton bébé t’a perdu. tu t’es perdue, une partie de toi est morte. ou, c’est plutôt la dernière partie de toi qui est morte, rejoignant celle que les sartier ont prise, sans honte, sans coeur pour juste une gamine perdue, affolée.
et alors, tu n’y as plus pensé, à vos retrouvailles. tu les as même fui, rejeté, tenté de les éloigner de ta pensée. t’en as même été jusqu’à les craindre, pour tout un tas de raisons, pour ta propre survie.
parce qu’aujourd’hui, t’es ce que t’es à cause d’eux, d’une aussi bonne manière que d’une mauvaise. celle que l’on appelle la sirène : à la voix merveilleusement mortelle et l’apparence incroyablement létale. tu détruis autant qu’ils t’ont détruit. toi même, tu te détruis à petit feu.
« Mais putain Nana, tu sais que je suis l'oiseau de mauvais augure de la famille. Arrête-toi donc une seconde de me mentir et reconnais que t’as merdé.» et c’est ton corps qui se penche au-dessus de la table. toi arrête tes conneries du vilain petit canard. comment emile ? quand il a envoyé ta soeur pour me quitter ? et tu le sais bien, comme tu sais bien pourquoi mon coeur il l’a fait. ce sont tes coudes qui s’y appuient sur la table collante pour approcher ton visage du sien, tes yeux démontés, enflammés par la flemme colérique, des ténèbres, par la rancoeur, par la douleur, l’appel à l’aide bien trop longtemps enfoui au fond de toi.  alors, encore une fois, dernière chance emile ta tête qui se penche à tes mots, t'es prête à le foutre à la porte de ton club comme tu l'as fait pour son frère. t’étais où quand ils ont enterré mon bébé, hein ? tu sais, ta soi-disante nièce... tu te souviens maintenant ? tu chuchotes la voix brisée, tes yeux ancrés dans les siens comme le rapace qui ne lâchera plus sa cible. tu te souviens emile ? ou t’es déjà trop bourré ? ou t’es tout autant égocentrique et sans cœur que les autres enfoirés ? ton doigt que t’as appuyé plusieurs fois contre ta poitrine à l’évocation de mon bébé, parce qu’il ne restera que le tien, personne d’autre le mérite, encore moins son père, tu viens l’appuyer contre la sienne de poitrine, contre son cœur où ton ongle appuie.
@emile sartier anamnèse (emile) 3227196488
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Message Sujet: Re: anamnèse (emile)   anamnèse (emile) Empty Dim 10 Mar - 1:08


je vois ça son soulagement te fait frissonner. La tension diminue, mais l’air reste chargé d'électricité pour preuve que l’orage se rapproche. tu la regardes de tes yeux explorateurs. C’est une nouvelle femme aux mille facettes que tu découvres sous sa nouvelle identité, en dépit de l’agitation dans ta tête. Nana est envoûtante. Nana est énigmatique, elle t'ensorcelle par sa présence charismatique. Elle use de ses charmes pour t’apaiser, les gestes chorégraphiés répétant inlassablement l'hypocrite mascarade de son absence. Cependant, la tromperie s’épuise. L’entracte sonne et détend les crocs acérés qu’elle te montre, sous lesquels tu perçois l’ébauche de l’un de tes souvenirs. Mais les mots que tu choisis ne sont pas les bons. La langue de vipère que tu uses envenime des paroles déjà fielleuses. je t’interdis de parler de choses que tu ne connais pas, sartier. Nana a raison, et tu le sais émile. Tu t’écoeures dans le fond, parce que tu es bloqué dans ce cliché de l’adulescent paumé, à la peine de coeur qu’il pense insurmontable. Tu l'amplifies par ta candeur parce que tu ne te préoccupes pas des êtres gravitants dans cette infinité qui t’entoure. L’enfance que tu as vécue a prédéterminée ton caractère, tes actions et tes relations. Le gâtisme de ta mère, les coups de ton père, l’enveloppe protectrice d’Ismaël, les œillères que tu as préféré garder de peur de ne pas trouver ta place, de ne rien trouver d’autre que ce que tu connaissais déjà. Un milieu où, à défaut de te faire remarquer par ta présence, tu brillais par l’intelligence avec laquelle tu montais tes coups pour emmerder ton monde aseptisé par l’argent. toi arrête tes conneries du vilain petit canard. comment emile ? quand il a envoyé ta soeur pour me quitter ? et tu le sais bien, comme tu sais bien pourquoi mon coeur il l’a fait. Qu’est-ce-qu’elle a juliette ? réfléchis une seconde. Réfléchis nana, t’as eu dix ans pour réfléchir. Pourquoi aurait-il envoyé Juliette pour rompre avec toi à ma place ? tes mots sortent sans ambivalence, assurés par ce que tu avances, assuré de ce que tu connais, les idées stérilisées par la nécrose familiale. Parce que quand bien même Ismaël te savait proche de Nana, il te sait loyal et droit et t’aurais fait ce qu’il te demande. Et t’aime ismaël. tu pourrais crever pour ton frère, et tu ne pourrais pas expliquer pourquoi. Vous avez ce lien, encore intact malgré les années mais dans le fond t’as cette boule de haine naissante. C’est une nouvelle fois toi le soucis, émile. Si tu avais été présent pour elle, les choses auraient été différentes. Tu blesses les personnes que tu aimes, toutes ces personnes qui te portent dans leur estime ; comme la Nana qui se penche vers toi, les yeux brûlant de fièvre. Tu es dévoré par sa beauté magnétique. Elle est devenue ce mélange d’amour et de tristesse, cette frénésie qui l’habite, ce masque d'acier impénétrable. Ce n’est plus la nana que tu connais qui se tient devant toi, mais un double, un clône. alors, encore une fois, dernière chance émile la simple évocation de ton prénom te fait frissonner. Son aura s’est assombrie par la tension qu’elle émane à quelques centimètres de ton visage. Elle fend ta carapace déjà bien abîmée par les années. Ton poing s’accroche un peu plus à ton verre, seul mécanisme de défense face à la tempête qui fait rage entre vous, en elle, en toi. t’étais où quand ils ont enterré mon bébé, hein ? tu sais, ta soi-disante nièce... tu te souviens maintenant ? La violence de ses mots et la surprise te coupe le souffle un instant. Les deux mains sur la table, tu te redresses lentement, le regard hagard. Ton monde s’écroule et dans ta tête ça s’agite, trop anxieux de d’avouer que t’as tord, et que tu ramasses à la pelle les conneries d’une famille que tu ne veux plus reconnaître. Tu ne sais pas si c’est ton verre de trop et le whisky qui te fait halluciner. Une rage sourde bouillonne dans ta tête. Tu crispes les dents et refermes tes poings, ces même mains qui s'abattent sur la table parce que tu as bu émile, et tu n’es plus toi même. tu mens que tu siffles entre tes dents, la colère assombrissant tes yeux pourtant si bleu. pas toi Nana. je t’en prie ne me mens pas. Elle fabule. Elle déconne. Elle invente des conneries pour te faire douter émile. S’il y avait eu un bébé ismaël t’en aurait parlé. Elle t’aurait appelé à l’aide et tu aurais accouru pour l’aider. Jamais tu n’aurais laissé un héritier sartier seul. C’est à ton tour de protéger la plus jeune. J’savais pas. Les émotions qui t’habitent sont contraires mais se rencontrent plus virulentes que jamais. On te prête souvent l’image d’un manipulateur émile. Être silencieux, isolé depuis très jeune dans ton coin. Mais ce recul que tu avais, t’as réussi à en faire une force. Effacé, délaissé, seul, tous les adjectifs sont bons pour décrire le privilège que t’as donné cette position. mais à apprendre par toi-même, tu as commencé à catégoriser tes rencontres où leurs capacités à faire te faire du bien ou du mal prédéterminé leurs classes. J’savais pas que tu répètes tête baissée. Tu as mal vécu l’abandon de Nana, mais jamais tu ne t’es mis à sa place. Et tu ne sais pas comment tu aurais réagi dans sa position. Parce que tout n'est jamais ni blanc, ni noir. Ce sont toutes ces couleurs et ces demi-teintes de vos photographies de vie qui apportent la finesse d’un grain pour un moment unique. Il te manque ces nuances. Et la furie qui te remue les tripes t’offre une accalmie sous le tumulte et le fracas, où les astres s’alignent. Les pièces du casse-tête s’emboîtent et s'éclaircissent. Tu te remémores les sourires à la dérobée des Sartier, équivoquent au regard mélancolique de Constance et aux les lèvres retroussées de ton père. Tu prends conscience de ta connerie. il savait pas que tu lui craches à la gueule. Tu te sens irradié par la présence nocive des sartier dans ta vie. Tu changerais bien de nom parfois s’il n’y avait pas ismaël à tes côtés. mais tout te ramène à lui. tout le temps. T’arrives pas à t’excuser auprès de nana. Les mots ne viennent pas, les excuses que tu veux lui gueuler ne sorte pas. Des mots te viennent: captive, affront, lynchage, humiliation, tout ce qu’elle aurait endurée pour rester à vos côtés. T’aurais été captive. que tu sors d’entre tes dents toujours serrées T’as quitté la fête à temps. ta voix se fait plus calme. Acre et râpeuse mais perdue dans les méandres de ton esprit. Je veux la voir que tes prunelles azur braquées vers Nana supplient.
tu peux la laisser toi aussi partir.
Nana.
parce que vous ne la méritez pas. ni toi, ni ton frère ou ton connard de père.
et elle pourra enfin vivre.




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Message Sujet: Re: anamnèse (emile)   anamnèse (emile) Empty Lun 11 Mar - 15:15

ses mots te font mal, te blessent à te prendre pour une idiote. tes dix années, tu les as vu passer, tu les as senti. oubliant le bourreau pour ne plus penser qu'à ta fille, jusqu'à que tout te revienne en pleine gueule. t'avais rien demandé, certainement pas leur retour, en personne, dans ta vie. les fantômes te hantent te suffisant amplement. tante domande... le ricanement mauvais dans ta langue maternelle. dangereuse, ce sont tes doigts qui viennent frôler sa joue, qui la caresse avec une douceur piquante. mais, c'est ce que vous faîtes, non ? vous les sartier... ta main que tu poses contre, comme une mère cajolant son enfant. ça n'a rien de tel. c'est le démon qui frôle son âme, la sirène qui sourit ironiquement, comme si tu te foutais de son ignorance, de l'émile encore trop jeune pour comprendre les histoires d'adultes, les vérités qui sont pourtant sous ses yeux mais qu'il continue naïvement d'ignorer. déléguer les choses, remplacer aussi facilement vos jouets lorsque ça ne vous convient plus, la lâcheté, l'abandon, la méchanceté, se sentir supérieur aux autres… jpensais que tu n'étais pas comme ça.que tu énumères dans un souffle, le regard dans le sien. les yeux chasseurs du rapace qui se mettent à dévier, étudiant les traits de l'homme qu'il est devenu. beau, séduisant, exemple et reflet de la beauté des sartier. et à côté de tes mots, il a tant d'autres choses, tant d'autres arguments à exploiter. tant de réponses que tu n'as pas en main, pas connaissance. du jour au lendemain, vous n’étiez plus là. plus aucune réponse, plus aucun appel. il n'etait plus là, tu n'étais plus là. voilà les conclusions dix ans plus tard. tu finis simplement par dire plutôt que de parler de juliette, de ce qu'elle a pu te dire, te faire croire aussi facilement à une gamine apeurée par ce qu'elle venait d'apprendre. c'est vrai, toi aussi tu aurais pu t'accrocher un peu plus. tu aurais dû te battre. mais aujourd'hui, après ces dernières révélations, tu te rends compte qu'elle aurait été ingagnable, cette bataille. une cause perdue pour un homme qui n'en avait que faire. pour un gamin perdue entre des mains bien trop fortes. alors tu le lâches comme ils t'ont lâché, ta main que tu recules de son visage, maintiens en l’air, coude contre la table. tête penchée jusqu'alors, que tu redresses, lui posant cette question bien trop existentielle pour toi, bien trop importante pour lui renvoyer toutes ses accusations. il était où émile ce jour où on t'a claqué la porte au nez, où quand t'as vu ton ventre grossir, où quand t'as continué de hurler quand le cercueil bien trop petit est descendu en terre.
l'ange torturé change, son visage se déforme par la colère, l'attaque du chien blessé qui se rebelle. ca tfout un coup au coeur, t'as jamais vu cela. jamais vu cette expression sur son visage, sur son corps, ses poings se refermant, sa colère te transperçant, mettant tes sens en alerte. c'est l'image de son frère que t'as devant les yeux, la douloureuse impression de voir son sosie, un ange infecté par le virus d'une flèche noire envoyée des ténèbres. alors, c'est le mouvement de ton corps qui suit le sien, par défense, par préparation de l'offensive. il se redresse pour que tu te tiennes droite, debout, face à lui, séparée par la table collante. pas toi Nana. je t'en pris ne me mens pas. qu'il crache fortement, la puissance te foudroyant, colère et douleur qui ressortent. c'est toujours la même chose. toujours toi la menteuse, celle qui aurait tout fait pour rester, pour le garder. ca te fait toujours mal, t'ecorches la gueule car c'est dans ce même genre que sa soeur t'a claqué la porte au nez, t'a condamné. est-ce que j'en ai l'air ? souffrance et orage dans la voix, les sourcils froncés. t'aimerais tellement mentir, que toute cette histoire ne soit qu'une invention. pour que ton âme soit en paix. que ton coeur rebatte normalement. est-ce que je jouerais avec ça, émile ? ce prénom qui te fait presque autant mal que celui de son frère sur lequel tu insistes, tu le craches, peinée, déçue, colérique. à quoi ça t'avancerait...
j’savais pas qu'il souffle, les émotions se rencontrant, comme le froid et le chaud lors d'un orage, dans le regard. et tu ne sais quoi penser. comment réagir face à cet état d'âme. au émile qui semble, le temps de quelques instants, se fendiller, redevenir l'émile que tu as connu.. la nana de cette autre vie, l'ancienne, pousse la nouvelle. elle souhaiterait s'imposer, consoler l'homme comme un renvoi dans le passé. l'adolescente prenant dans ses bras le gamin larmoyant, souffrant, apeuré. mais tu ne peux pas, nana. se sont tes pieds qui refusent de bouger, ton corps qui refuse de baisser sa garde, de se défiger, la petite-fille qui te hante qui te chuchote de ne pas bouger. il n'a pas été là. il ment. comme il te reproche de le faire.j'savais pas. à nouveau alors que sa tête se baisse, menteur, encore une fois tandis que tu ne bouges pas. ton corps souhaiterait se rebeller, le lui criait, parce que tu ne crois plus en aucun sartier. tu n'as plus envie de leur laisser le bénéfice du doute. ils ne l'ont pas fait pour toi. il ne l'a pas fait pour toi, émile.
ne le défend pas. c'est ton regard qui parle quand il relève le sien sur toi. il n'y a pas le droit, comme tu n'as pas eu le droit, à leur soutien, au sien.  il le sait. ca fait quatre ans qu'il le sait, au moins depuis sa sortie. demande lui. ce serait presque un ordre sorti de tes lèvres. qu'il voit, l'entende par lui-même du concerné. quatre ans qu'il a appris qu'il était potentiellement père. quatre années sans pour autant faire l'effort de venir voir si elle allait bien, sa gamine, ton bébé. tu n'y crois toujours pas à son discours qu'il a osé te sortir. tu ne crois plus en rien. quatre ans donc que ce bébé ne mérite toujours pas de reconnaissance, d'être connu par son frère apparemment. ce n'était pas sa priorité, il faut croire. il est moche ce sourire que tu lances, nana. ironie mêlée d'une tristesse, d’une colère sourde qui se nourrit de toi. c'est comme ça que t'as fini par tout comprendre. vous deux, ismaël et toi, ça n’aller seulement que dans un sens. le tiens vers lui, contre le sien allant à l'opposé. fuyant vers une autre, te remplaçant sans aucune difficulté. vous deux, émile et toi, c'était pareil. sans son frère, le garçon ne t'aurait pas suivi. tu étais conne nana, toujours encore aujourd'hui. aveuglée, tu t'es perdue toi-même sur le chemin. tu devrais le virer de là, appeler tes vigiles pour qu'ils le foutent dehors comme ils l'ont fait ce soir là. violence et coups en moins, tu n'aurais permis aucun coup sur lui, souvenir de son père violent, héritage de la nana de l'époque, cachée mais bien encore présente dans le fond. et sa voix se fait plus calme au jeune homme, comme s'il en arrivait à une conclusion, comme s'il t'enviait. regard pénétrant, regard de deux chiens maltraités et blessés qui se jaugent ou se comprennent. tu ne sais pas. tu ne sais rien de qui il est aujourd'hui. émile, il n'est plus le même. qu'est-ce qu’ils t'ont fait ? son père. sa mère. sa soeur. ismaël lui-même. ils t'ont bousillé hein ? toi aussi... une interrogation qui te terrorise parce qu'elle te renvoie l'écho de ta vie. c'est l'image même de ta personne. t'as été abîmée. abîmée par un mec que tu aimais et qui t'a oublié. vous a ignoré. abîmée par une famille qui t'a insulté, fait passer pour une fille que tu n'étais pas. t'as été insoutenue. attaquée par ton bébé qui n'aurait d'après eux aucunement mérité la reconnaissance de l'existence. envoyée aux oubliettes, vos corps ont été lâchées et oubliées dans les prisons souterraines de leur empire. ils ont réussi ? à faire de lui un homme qu'il n'aurait pas dû être. ne me dis pas que ses coups, de l'homme lâche, ont continué, que ses poings se fracassant sur ton visage juvénile ont réussi à faire de toi le fils qu'il voulait modeler. ne me dis pas que tu es devenu une pâle copie de ton frère, de ta soeur. émile était l'ange, le bon gamin, celui qui, détonnant bien trop par rapport au reste de la famille, avait gagné ton attachement. ton amour fraternel, ta protection et ton réconfort. aurais-tu été captive toi aussi ? ca n'aurait pas été le cas. t'aurais peut-être posé bien trop de problèmes. question d'influence sur le fils, question d'image, tu n'en sais rien. de par cette manière, tu n'étais pas captive. de par l'autre, la douleur des pertes, d'avoir été bafouée, tu le resteras toujours dans le fond, captive de cette famille. car c'était bien trop tard. t’as été marquée sur ton corps. cimetière d'un corps qui a enfanté, tu n'en gardes que très peu de traces dans l'apparence. tu pourrais en être heureuse mais ce n'est pas le cas. t'aimerais avoir les cicatrices pour te flageller bien plus encore. c'est juste à l'intérieur de toi. tu le crois, que ton ventre ne donne pas la vie et ne le fera jamais. l'intérieur de ton corps est plus bien mesquin que cela, bien plus tortueux, il fait croire à la vie avant de la reprendre. t'as été marquée dans ton âme avec l'impossibilité pour toi de passer à autre chose. trop brisée pour le faire, trop enchaînée à un passé continuant de te terroriser, de te perdre. et sa dernière phrase te prend de court, te fait reculer d’un pas. qu’est-ce que tu veux voir émile ? une vieille photo d'écho ? une tombe ? un ptit cadavre où il ne doit rester que des os aujourd'hui ? ta voix faiblit, tes yeux s'embrument. ou c'est autre chose que tu veux voir ? car tu n'as rien d'autre à lui montrer, autre que ça, autre que ce sujet. y a plus rien de toi, autre qu'une grande mascarade.
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Message Sujet: Re: anamnèse (emile)   anamnèse (emile) Empty Sam 23 Mar - 2:17


Elle met le doigt où ça fait mal nana. En dix longues années, elle a eu le temps de cerner le jeu auquel ta famille joue depuis des années, ce même passe-temps auquel tu tentes de ne pas prendre part. Tout n’est que manipulations et autres moyens permettant d’arriver aux fins requises. Monde de faux semblants étriqués où l’image prédomine les émois et sentiments de jeunes gamins à qui tout sourit. Petits anges choyés par les merveilleuses joies d’un budget illimité, bien redressés par la peur constante d’entacher le nom d’un empire grandissant. Tu ne trouves rien à redire aux défauts qu’elle vous reproche, qu’elle te reproche. Elle sait que t’es pas vraiment de la famille Nana, qu'elle se limite à Ismaël et à ta mère, mais elle vise juste et en plein cœur. Elle broie tous les espoirs que t'as encore de te différencier des autres en te mettant dans la même case. Parce qu’elle ne pensait pas si bien dire, tu n’étais pas comme ça avant. Les valeurs morales et les convictions que tu prétendais défendre prenaient le dessus sur ton comportement. Tu vis la situation comme une insulte. La chaleur de sa main contre la tienne te brûle par l’hypocrisie du geste. Chaque mots qu’elle t’assène, se traduit par un vocabulaire qui t’irait forcément mieux. Dans le fond, t’es peut-être un peu tout ça à la fois, émile, un manipulateur suffisamment égoïste, agissant pour ses propres intérêts. Mais ce qu'elle oublie Nana, c'est que t'as pas eu le choix d'être comme ça.C'est un passe-temps périlleux, auquel tu joue depuis que tu es en âge de représenter ta famille.  du jour au lendemain, vous n’étiez plus là. plus aucune réponse, plus aucun appel. il n'était plus là, tu n'étais plus là. voilà les conclusions dix ans plus tard. la conversation se répète. Inlassable mouvement cyclique des questions qui tournent en boucle dans ta tête, demandes pressantes, gravées au fer rouge dans un coin de ta mémoire. Bien sûr que si, tu étais là. Bien sûr que tu voulais être présent auprès de nana, émile, si seulement tu avais une petite idée de ce qui se passait. J'aurais aimé être présent pour toi. et tu lui concède au moins ça. Les différents morceaux s’assemblent, commencent à s’emboîter les uns aux autres. Elle est partie Nana, et elle est partie loin de toi, non pas par pur égoïsme, mais par manque de choix, par manque de solutions. Parce qu’elle détonnait sur votre ravissante photo famille. Parce qu’isma était trop jeune et trop con. J'étais au courant de rien. tu baisses la tête, trop honteux de ce que t'avances. Nana te piques à vif sur toutes ces choses que tu tentes péniblement de garder au fond de toi depuis des années. Ton esprit s'échauffe, brouillé par cette houle d’émotions réveillant tes démons intérieurs, remuant un douloureux passé que t’avais appris à relativiser. Il y a toujours pire que moi. Estimes-toi chanceux Émile. tu parles ! Mensonges sournois, artifices charmeurs de serpents, histoire pour endormir les douleurs trop présentes et trop oppressantes passées. Mais j'peux pas revenir en arrière. et t'es toujours sous le choc de l'annonce. il le sait. ca fait quatre ans qu'il le sait, au moins depuis sa sortie. demande lui. elle ne ment pas, pourtant ses paroles ressembles à d'autres mensonges. Encore et toujours, tu as l’impression que ta vie est bercée par des contes illusoires. Combien de fois as-tu vu Ismaël en quatre ans ? Combien de fois aurait-il pu t’en parler. Tu sais que ce n’est pas le genre de nouvelles que l’on lance entre trois futilités ” au fait, j’ai failli être père” et encore t'es même pas sûr de toi. Est-ce le bon mot, “faillir” ? Ou bien est-il plus respectable d’utiliser une forme plus conventionnelle, “j’ai été père” ? L’ignorance dans laquelle demeure cet enfant est une trahison, un nouveau coup bas pour Nana, dont le tabou flottant par-dessus son prénom ne cesse de prendre de l'ampleur et se pare de sens. La cicatrice s’est rouverte et en parler ne fait que remuer de douloureux souvenirs, mais aussi une tragique perte Les cadavres du passés resteront une fois encore dans les abîmes de vos luxueuses vies. ce n'était pas sa priorité, il faut croire. il m'a rien dit. C'est pas le genre de nouvelles que l'on partage dans la famille. que tu lâches en grinçant des dents, sans réfléchir.  T'es devenu un fantôme pour les Sartier. Tu parviens aisément à t’imaginer à la place de ton frère, comme à la place de ton ancienne amie. Qui peut lui en vouloir ? De faire passer sa vie présente avant l’encombrant fantôme d’un passé pénible à regarder ? Ismaël a été affecté à retardement, mais Nana a vécu avec cette disparition et a encaissé des dégâts incommensurables que tu ne serais en mesure d’imaginer. ils t'ont bousillé hein ? tu la regardes avec de grands yeux. Quelques gouttes de sueur commencent à perler sur ton front. Ton cerveau doit être en train de surchauffer à l’heure qu’il est. Tu n’as pas choisi d’être captif, émile. Tu es né en prison et tu as vécu la moitié de ta vie en détention. ils ont réussi ? Ton visage perd toute expression, et tu n'y exprime plus rien, à l'image du désarroi qui a prit part dans ton esprit. Tu ne penses plus. Tu ne veux pas te rappeler, tu ne veux pas te souvenir, tu ne veux plus rien. Tu ne te souviens plus à quel moment tout a commencé. Tu ne te souviens plus non plus pourquoi est-ce que tout a commencé. Tu gardes en particulier l'image d'une soirée. Tu es arrivé au mauvais endroit au mauvais moment. Ton père, les traits tirés, la mine fatiguée et des valises sous les yeux avait le regard trouble. L’odeur du scotch qu’il tenait du bout des doigts te revient en mémoire de temps en temps. Ce verre qu’il était prêt à lâcher ou à te lancer à la tête. La violence a commencé par un harcèlement psychologique. Une douleur invisible. Elle a commencé par ces expressions inoffensives, des “tu peux faire mieux”, sans trop de sens. Puis, elle est devenu un peu plus importante, si bien que tu t’es déjà demandé si ces insultes récurrentes étaient une forme d’affection malsaine. Tu as commencé à t'identifier au travers d’injures plus ou moins justifiée. Tu as été un petit con, un petit merdeux, puis tu es devenu un connard, un incapable et un traître à ton nom. Tu en as entendu des choses terribles, émile. Des choses qu’un enfant ne devrait jamais entendre. Des Je te déteste émile. ou d’autres Comment ma si merveilleuse femme a-t-elle pu enfanter un monstre ?, le but étant de te faire perdre pied, que tu comprennes que tu n'avais aucune valeur à ses yeux et aux yeux du reste de la famille, voire au reste du monde. Peu de personnes ont entendu les horreurs que l'on t'a craché au visage. Tu as grandis en pensant que tu avais un problème. Dans ta fratrie t’es le seul à avoir attisé la colère de ton père, alors que tu n'avais jamais fait de vagues. Jules et Juliette étaient totalement préservés des insultes. Et Ismaël l'a prise pour lui, pour te protéger, comme une rage sourde. Mais jamais devant eux. Jamais Juliette n'aurait entendus tes pleurs. Parce qu'on ne veut pas qu'un petit garçon pleure. Il lui est demandé d'être fort et viril. On a refusé d’admettre que tu avais une sensibilité peut-être plus visibles que celles des autres. On a refusé que tu sois différent, que tu ne sois pas fait pour un monde où l’argent prend le contrôle des idées. On t’a refusé à être qui tu es. Tu n’étais qu’une tapette, une tafiole, un dérangé, un illuminé. Qui voudrait d’une incapable fleur bleue comme partenaire ? Il a levé une première fois la main quand tu ne relevait plus les insultes qu'il s'acharnait à te balancer. Mais tu te souviens plus particulièrement de ces fois où ton frère était en prison. Ton père t'estimait en âge de te défendre. Seul. Il s'est jeté sur toi, les yeux noir, révulsés par la colère. Nez cassé, lèvres coupées, oeil tuméfié, tu te rappelles avoir espéré ne plus voir la lumière du jour. En dix ans, t’as aussi eu le droit à des coups de ceinture, aux verres lancés au visage pour peu qu'une cicatrice lui permette de renier ton nom. On pense souvent, et à tort, que la maltraitance est seulement physique, à base d'ecchymoses, de fractures et de coupures. Mais elle fait bien plus de dégâts qu’elle n’y paraît.  Comment se construire lorsque l'on est victime des maltraitances d’un être que l’on pensait aimer ? Comment grandir lorsque l'on est persuadé d'être un problème ambulant, une tare pour sa famille ? Tu te détestes Émile. Tu te détestes physiquement, mentalement, moralement. Ça ne t'a jamais amené rien de bon d’être un gentil garçon, et ces coups ils t'ont forgé. Ils t'ont marqué. Alors non. Elle ne sait pas ce que c'est, Nana, parce qu'elle n’a vu que les coups et les claques. Elle n'a vu que la partie émergé du supplice. Elle n'a vu que ce qu'il voulait bien laissé entrevoir. Ils ont réussi quoi nana ? Ta voix se fait plus rauque et pressante. Tu te rapproches d'elle à mesure que tes yeux sondent les siens, pour lui tenir tête. Pour lui montrer que t'es toujours le même bon gamin, sérieux et doux comme un coeur, mais que t'as monté une façade. C'est ce qui t'as tenu en vie quand ton salopard de père a cru que t'as compris la leçon, que t'avais enfin les épaules pour faire carrière à ses côtés. On m'a répété toute mon adolescence que je n’étais qu'une merde, qu'un moins que rien. Tu fulmines et bouillonnes de rage, si bien que tu ne te vois pas empoigner le bras de nana, que tu serres doucement dans ta main. Tu ne lui fais pas mal, mais tu maintiens cette pression. Tu es déconnecté, plus maître de ce que tu fais. Tu ne lui fais pas mal, tu lui signifies seulement que tu es là. Tu théâtralises tes gestes et ta présence. T'es un dégénéré, émile. T'as peur que je sois devenu comme mon père et Ismaël, c'est ça ? et elle sait que tu l'aimes ton frère, tu donnerais tout pour être comme lui. Ton emprise se relâche, et c'est dans tes bras que tu la serre. Une étreinte chaude et sincère qui vaut mieux que des mots. Et tu te rassieds sur la chaise la plus proche, la tête enfouie dans tes mains, elles mêmes agrippées à tes cheveux. T’es plutôt bon acteur Émile. Les conneries de ton père auront au moins fait sortir quelque chose de bon pour toi. C'est ça que tu veux voir nana ? Les abysses de mon âme? Ce que je suis devenu? Un pur produit Sartier ? Un connard sans fond comme le père de ta fille ? L'homme que tu pensais être tien pour toujours ? Ou c'est plutôt le gamin qui pleure, écorché à vif qui te fais te sentir pleine ? et ta rage joint la sienne, s’incommodant de tristesse, de doutes et de regrets. Un cocktail d'émotions contraires presque trop difficiles à supporter. qu’est-ce que tu veux voir émile ? une vieille photo d'écho ? une tombe ? un ptit cadavre où il ne doit rester que des os aujourd'hui ? ou c'est autre chose que tu veux voir ? Les grands yeux de Nana s’embrument, et cette douleur que tu avais tant du mal à imager prend tout son sens. Tu regrettes instantanément la tournure de la conversation. La violence avec laquelle les mots ont été lancé, sous prétexte de justifier un comportement plutôt bancal et des erreurs de jeunesses ayant ôté deux vies. Tu ne sais même pas ce que tu voulais demander. Tu n’en sais rien parce que tu n’arrives pas à l’imaginer cette petite. Tu ne distingues qu’une ombre, et la simple image qui te vient en tête de ce qu’aurait été ta nièce te prend aux tripes et te donne envie de vomir. A moins que ce ne soit les relents de tes verres de trop que t’avales sans broncher qui ne commence à faire effet. J'imagine que tu as gardé... quelque chose c'est ta voix qui se brise, ta sensibilité reprenant le dessus de ce masque abjecte que tu ne veux plus porter. C'est la seule chose que tu peux articuler.

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Message Sujet: Re: anamnèse (emile)   anamnèse (emile) Empty Mar 2 Avr - 15:28

ce n’était pas de cette manière que ta soirée devait se dérouler. pas de cette façon que ta vie devait prendre un autre tournant. montagnes russes, ton existence n’était faite que de ça et tu ne savais absolument pas pourquoi maintenant. pourquoi là. pourquoi après onze ans, tout se remettait à partir en vrille. comme si le film venait de se remettre en route. ismaël. puis émile. il ne manquait plus que la méchante reine en personne, celle qui t’avait claqué la porte au nez sans estime, sans sentiment, la vie bouleversée, l’enfant de son frère dans le bide. et les retrouvailles avec le plus petit des frères étaient un supplice pour toi. une claque en pleine gueule. un pied qui se posait sur ton dos pour t’empêcher de te relever. alors que dans le fond, tu n'essayais même pas. ça faisait bien trop longtemps que tu avais abandonné. au même titre que vous aviez été forcés de vous éloigner, émile et toi. J'aurais aimé être présent pour toi. et tu ne sais pas si tu dois y croire. car nana, tu ne crois plus en rien. tu ne crois plus en aucun mot des membres de la famille sartier. tu te l’es interdit. ils t’ont fait bien trop mal. ils t’ont fait croire tellement de choses, ismaël et émile. mais tu n’étais pas là. ça ne sonne même plus comme un reproche à ce stade de la conversation. c’est simplement un constat. un terrible. personne n'était là. seulement tes parents. une insuffisance immense pour ton chagrin et la perte que tu as vécu. J'étais au courant de rien. sa tête qui baisse, presque la honte dans le regard, tu ne sais pas, tu ne sais plus. t’as envie d’y croire. la conscience qui te hurle qu’il dit vrai. que ses gestes, ses réactions ne trompent pas. émile ne savait pas, nana. mets toi ça dans le crâne. accepte la vérité. sa réalité. Mais j'peux pas revenir en arrière. et c’est avec un sourire triste que tu lui réponds en premier. j’aimerais tellement que tout soit différent, mais personne ne peut. confession cruelle, bien trop profonde qui dans le fond dit bien plus que tes quelques mots. c’est une fatalité alors qu’en réalité, toi, nana, t’es coincée en arrière, dans le passé. l’esprit et le corps séparés dans deux temps différents. le premier dans un temps regretté, le second en cet instant désabusé. revenir réellement en arrière, dire que t’aimerais. il y a tant de choses qui seraient modifiées. ils seraient les premières personnes remplacées, éloignées de ta vie. ismaël ne serait qu’un adolescent croisé à plusieurs reprises dans certaines soirées de votre jeunesse. émile ne serait que le frère de celui-ci, sans peut-être avoir l’occasion de l’avoir rencontré. c’était qu’un gamin le émile. quatorze ans et déjà toute la fragilité à porter sur ses frêles épaules. quatorze ans, tu n'aurais jamais croisé sa route. ainsi, tu n’aurais pas été là pour lui. tes bras de jeune adolescente n’auraient pas entouré son corps abîmé par la cruauté de son paternel, secoué des soubresauts de son chagrin. ainsi, tu ne l’aurais jamais aimé émile. tu n’en n’aurais jamais aimé aucun. et peut-être, tu ne serais pas la même nana. peut-être, tu mènerais une toute autre existence. meilleure, pareille ou plus cruelle, tu ne sais pas.  
et si trop ancrés, ces personnes qui ont compté pour toi, dans les profondeurs de ton existence, il ne serait question que de mia. tu modifierais le cours de ta vie, au risque de la bouleverser ou de modifier celles des autres pour elle. tu serais l’égoïste, nana. juste pour avoir la possibilité de sentir son corps chaud contre ta poitrine. juste pour avoir la possibilité d’entendre et sentir son coeur battre contre le tien. juste pour avoir la possibilité de lui dire que tu l’aimes. plus que tout. et que ce n’est pas grave si vous êtes que toutes les deux. mia, tu l’aurais aimé pour deux. pour trois, pour quatre. pour mille. pour ismaël. pour toi, émile. pour vous. et qu’importe qu’elle soit rejetée par eux. tu aurais été là. pour tout dire, si elle avait été là aujourd’hui, tu ne saurais si tu les aurais laissé la voir. six ans pour se manifester, c’est trop long. onze ans encore plus. ils ne méritaient rien d'elle, que le regret de ne pas avoir vécu les neuf mois, que le regret d'avoir l'impression d'arrivé trop tard. il m'a rien dit. C'est pas le genre de nouvelles que l'on partage dans la famille. T'es devenu un fantôme pour les Sartier. t’es morte pour lui, pour eux, nana, tu le savais déjà. ça, ou une honte. t’es plus qu’un fantôme au final nana. t’es celle que l’on tente d’oublier, celle que l’on a tenté de faire taire. succès déverrouillée. j’en attendais pas moins de vous, d'eux, émile. c’est facile d'éclipser ce qui dérange. j'étais pas la bonne. lsourire ironique, les mots te manquent alors que tu voudrais dire tant de choses. les mots s’accumulent dans ta bouche car t’aimerais tout lui reprocher. t'aimerais reprocher les mots de sa soeur, l'abandon, les attaques et mensonges de son frère, son absence à lui. émile, il serait ta cible idéale. ton souffre douleur parfait. c’est sur lui que t’aimerais déverser toute ta rancœur, toute cette souffrance accumulée année après année. c’est par lui que t’aimerais les atteindre. atteindre son frère. mais tu ne peux pas. parce que c’est lui, émile. parce que ça coule au fond de toi, dans ton sang, ces souvenirs, l’amour presque maternelle que tu lui as toujours porté, simplement tari pendant des années dans une boite que tu as toujours refusé d’ouvrir. parce que la peur te prend malgré toi, parce que ses mots rejoignent à la perfection tes craintes. Ils ont réussi quoi nana ? On m'a répété toute mon adolescence que je n’étais qu'une merde, qu'un moins que rien. sa voix rauque te transperce, sa colère danse devant toi, sa main s’enroule autour de ton bras. surprenante. tu sais que tu n’en n’es pas une émile. T'as peur que je sois devenu comme mon père et Ismaël, c'est ça ? ses gestes te prennent de court. aux premiers abords, tu ne sais pas bien ce que ça te fait, ses bras qui t’enrourent, la chaleur humaine qui réchauffe la nana morte de l’intérieur en même temps que sa fille, avoir contre toi ce corps changé mais qui provient de la même personnage qu'il y a onze ans. il y a tant d'émotions, des complémentaires et contradictoires. celles qui pourraient te faire péter les plombs, t'enfuir en courant. mais, ce sont finalement tes bras qui se referment sur lui dans cette étreinte qui te ramène en arrière. bien différent aujourd’hui, tu n’es pas celle qui réconforte le petit garçon triste. tu n’es même pas sûre de qui réconforte l’autre ou si c’est une question de réconfort. c'est juste ça. une étreinte sans mot. une étreinte réparatrice ou qui te fait tellement de mal. c'est le rappel de tout ce que tu as raté. de tout ce que tu as perdu. de ce qui vous a été enlevé. tellement... un souffle trop silencieux venu tout droit de ton cœur malmené, une peur véridique, un aveu comme tu n’as plus l’habitude d’en faire. tu as peur de ça, nana. émile, il a toujours été différent. bien trop doux pour cette famille volcanique. bien trop doux même pour toi. et dans le fond de ses yeux, dans sa gestuelle, ce corps qui s’éloigne de toi, reprend sa place sur la chaise pour attraper sa tête entre ses mains, sa souffrance remplit tes pores. elle t'explose au visage, reflet de la tienne. C'est ça que tu veux voir nana ? Les abysses de mon âme? Ce que je suis devenu? Un pur produit Sartier ? Un connard sans fond comme le père de ta fille ? L'homme que tu pensais être tien pour toujours ? Ou c'est plutôt le gamin qui pleure, écorché à vif qui te fais te sentir pleine ? et t’es déjà plus là, nana. même si la référence à son frère te broie, elle a déjà disparu la femme à la rancœur, celle prête à reprocher tous tes maux, toutes les fautes des autres à émile. parce que tu les collectionnes, d’habitude, les âmes esseulées, les brisées, celles qui te laissent voir que tu n’es pas seule sur terre à souffrir. voir l’enfer dans les yeux des autres est ce qu’il y avait de plus beau. mais le voir dans les yeux d’émile est ce qu’il y avait de plus affreux. l’entendre de sa voix est le plus terrible. alors tu t’approches, t’accroupis à côté de sa chaise. tu sais que j’ai toujours été de ton côté par le passé. j’ai jamais voulu que tu sois une autre personne que tu n’es pas ou que tu ne seras jamais. c’est à ton tour de poser une main sur son bras. je ne collectionnerai pas la tienne d’âme, émile. pas comme celle des autres. jla soignerai pas mais je l’accompagnerai, seulement s’il le faut. pour pas qu’il soit seul, comme tu l’as été. comme tu as toujours l’impression d’être. perdue avec une fille morte qui revient dans la discussion. J'imagine que tu as gardé... quelque chose ton regard se détourne un instant, cachant tes yeux brillants, il se pose sur le sol. j’ai tout détruit, émile... c’était trop dur à supporter, c’est toujours trop dur à vivre. le cri du cœur dans un souffle, la confession regard dans le regard, les yeux aux lueurs trop vraies qui répondent aux autres. t’as changé, nana. la fille bien trop forte n’est plus de ce monde depuis que tu es passée entre les mains de sa famille. il s’est passé exactement le contraire de ce que le père sartier a toujours voulu pour lui, faire de son fils un homme fort, moins sensible. ça a presque marché pour lui et t'aimerais savoir ce qu'il s'est passé pour qu'il en arrive à ce point. ça a totalement marché pour ton cas. ils ont fait de toi quelqu’un de briser sans lever la main sur toi. quelqu’un au double visage. tu continues de jouer la forte, celle que tu as toujours été alors que dans le fond, t’es rien de tout cela. t’es forte pour donner l’illusion, c’est sûr. mais nana, t’es à terre depuis bien trop longtemps. enracinée, fondue avec le sol condamnée au chagrin.  j’ai plus qu’une photo de ma dernière échographie ici… elle est dans mon bureau. tu veux la voir ? t'as plus rien d'elle, que le souvenir, le savoir qu'elle est morte. tout ce qui a pu rester de ta tornade destructrice a été conservé par tes parents dans un endroit que t'ignores, dans un lieu que tu refuses de savoir. dis non. dis oui. ne me tourne pas le dos toi aussi. les mots sont hésitants. ce ne serait que rajouter bien plus de douleur à vos vies.
car c’est toujours la même qui te fracasse quand tu poses les yeux sur cette petite chose qui n'a pas survécu. que ton corps a tué. que tu as tué.
@emile sartier anamnèse (emile) 3227196488
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Message Sujet: Re: anamnèse (emile)   anamnèse (emile) Empty Dim 21 Avr - 15:39


Les minutes défilent. Le temps passe à une vitesse presque surnaturelle face à Nana. Nana et sa présence incendiaire. Nana et ses cicatrices pansées par les secrets. Nana et son aura. Tu cherches dans vos mots crachés ces vérités muettes comme dernières traces de vos souvenirs. En dix années, ce n’est pas tant son départ qui t’a affecté, mais c’est plutôt la façon dont elle a disparue. Qu’elle ait mit du cœur à la simple idée de partir t’as retourné l’estomac. C’était ces longues journées à attendre de ses nouvelles, à espérer qu’elle revienne sans savoir quand ce serait possible. A ne pas savoir si ça l'était. Deuil d’une relation passagère, aux sentiments fugaces et contradictoires. Les souvenirs que tu portes en toi te collent encore à l’échine. Elle t’a marqué Nana, d’une empreinte brûlante et olfactive. Sa force d’âme sensorielle, affective voire addictive. Tu n’aurais même pas la prétention de clamer que tu l’as perdu. Tu ne la possédais pas. C’est sa lumière et sa douceur qui sont parties. C’est ce qu’elle portait en elle, une partie de ce qui te manquait qui a disparu. Une partie d’humanité que t’as cherché à combler par la suite et pour laquelle tu as passé une partie de ta vie à te bercer d'innombrables illusions, émile. Des illusions pour embellir une réalité bien morne, où les jours, les mois puis les années étaient plus belles ainsi. Plus simple à comprendre et à appréhender, une forme de déni avec lequel tu as su vivre et survivre. D’un oeil curieux et aiguisé tu t’es forgé une réalité tout autre, à observer silencieusement des rapports feutrés et cachés. Conscience scellée, muséification des relations qui t'échappent. C’est avec une patience dingue qu’elle détruit une à une ces illusions, nana. Elle redessine une nouvelle factualité que tu commences à apercevoir. Ses contours se font plus nets et plus aiguisés. Les fantômes de ces souvenirs faussés s’éloignent, te confrontant aux actions passées, et aux regrets accumulés. mais tu n’étais pas là. ses mots sont justes. Où étais-tu émile ces dernières années ? C'est pas comme si tu m'avais laissé le choix, Nana. J'avais treize ans. Qu’est-ce que tu avais de si important à faire pour ne pas te soucier des personnes que tu aimais ? Tu avais treize ans quand elle est partie Nana. Treize ans, des choix bancals et une certaine gêne qui te poursuivait, à constamment t’excuser d’être présent et de vivre. A ne pas oser prendre la place qui te revient de droit. Où étais-tu émile lorsque Nana avait un ventre rond, lorsqu’elle devait très certainement avoir peur. Peur du regard des autres, peur de ta famille. j’aimerais tellement que tout soit différent, mais personne ne peut. ses mots sonnent comme une maxime. Tu prends conscience du mal que vous lui avez apporté. Je l’aimerais aussi. mais tous les mots que tu pourrais lui souffler ne pourrait en aucun cas réparer ce qui s’est brisé. ce que vous lui avez volé. Une chance de vivre normalement et convenablement. Toi, ton frère, ta soeur. Avec vos egos surdimensionnés, et votre nom qui racle la gorge. Oiseaux de mauvais augures, signant de vos mains salies de trop mauvais présages. Nana était un trophée. Ou peut-être qu’elle ne l’était pas assez justement, et sa trop petite importance l’a coulée. Ecartée de votre chemin d’un seul mouvement. Dommage collatéral d’un amour de jeunesse.  Ravage d’une nuit. Erreur de sa vie. j’en attendais pas moins de vous, d'eux, émile. c’est facile d'éclipser ce qui dérange. j'étais pas la bonne. le sourire qu’elle esquisse est d’une maîtrise parfaitement contrôlée. Elle semble répéter mot pour mot un texte appris par coeur. Mécaniques de défenses, gestuelle automatisée.  Il te fait froid dans le dos, te retourne l’estomac, à tel point que l’image de ta propre nana semble beaucoup trop lointaine et abîmée pour pouvoir t’en rappeler. A l’image de ces vieilles photos où les pigments se mélangent et les traits s’épaississent, jusqu’à ce que les silhouettes jusqu’alors nettes se pare d’un flou énigmatique et troublant. C’est ce même trouble qui flotte au-dessus de vous. Retrouvailles de deux anciens amis qui n’en ont pas l’air. Vos lignes de vie ont dévié jusqu’à se séparer définitivement, trop lointaines pour se rapprocher, trop différentes pour vous retrouver. Vous n’êtes peut-être alors que deux inconnus se rencontrant. Découvrant des similitudes de parcours, des brides d’histoires comparable, les esprits corrompus par ces gangrènes familiales. Je ne sais pas si tu étais la bonne. que tu avances et te risques à parler. Et je ne sais pas ce qu’on attendait de toi. Tes idées n’ont plus de sens, trop intenses et décousues pour pouvoir être mises bout à bout. Tu ne te risquerais même pas à imaginer quels délicieuses décisions ton père soutenait pour ismaël qui porte sur ses épaules une grande partie de l’héritage. Mais pour moi tu étais la sœur que je n’ai pas eu. Et tu n’évoques pas plus ismaël ou juliette ou encore ambrose, parce que c’est l’intensité du regard de nana qui te transperce qui te rappelle sa douceur. C’est son tellement qu’elle souffle comme un râle presque inaudible qui te ramène dans votre moment. Si discret que tu jurerais presque qu’il était le propre souffle de tes pensées. Pensées ravageuses ou véritable détresse, c'est le Émile gamin qui aimerait refaire surface. Le Émile effacé et silencieux qu’elle savait apprécier. Tu es toujours cette même personne aujourd'hui mais c'est un gamin sur la défensive, tout dans le contrôle se tenant à ses côtés. Une âme presque bousillée par les années, qui se souvient de ses mains sur tes bleus ou de ses mots pour tes maux. Souvenirs que tu enlaces d’une étreinte certainement trop maladroite mais transpirante de sincérité. Des gestes à l’encontre des paroles que tu choisis pour la blesser, seul moyen de lui énoncer ses torts et tes regrets. Ta conscience décapitée accumulant les fausses notes et les ravages irréparables. tu sais que j’ai toujours été de ton côté par le passé. j’ai jamais voulu que tu sois une autre personne que tu n’es pas ou que tu ne seras jamais. elle est presque trop douce pour l’enflure que tu viens d’être. Ou bien celle que tu as été, tu lui laisses le choix. Elle se cache derrière mille et unes facette Nana, mais tu la retrouves dans quelques gestes, dans quelques intonations suppliantes. Son naturel transperce la pièce. Son regard te laisse une brûlure indélébile. Sa main sur ton bras pèse des tonnes et te projette dix années en arrière. Tu te dégages doucement de son geste immérité. Ton regard se braque sur elle, détaillant les nuances de ses iris. Je sais, Nana. et pour la première fois depuis un temps infini, tu respires enfin. D’une grande bouffée d’air et d’espoirs. Je n’ai pas tant changé. Tu t’en apercevras peut-être. Un jour. Dernière bouteille à la mer comme derniers espoirs enfin avoués. Mais c’est presque une supplication que tu te surprends à geindre. Une envie de l’accompagner. Qu’elle accepte une forme de rédemption. Et peut être qu'un jour tu me pardonneras, comme tu viens toi-même d'oublier dix ans de rancœur en quelques minutes. Tu t’arrêtes de parler, émile, et c'est le silence qui te répond. Ces milliers de mots coincés dans ta gorge deviennent l’unique preuve persistante de tes échecs passés. Ils ont encore le goût du bonheur et son emprunt de ces rires trop forts et peut être un peu idiot. De ces traits d'amour que tu ne lui as jamais récité. Sanctuaire d'une mémoire saturée par les sentiments. Saturée par les échecs. Saturée par les abandons. Tu n'as jamais eu à cacher ta nature profonde devant elle. Elle t'a ouvert des bras pour le gamin brisé que tu étais et elle le fait encore ici. Elle a encore la patience de panser vos lésions, quand tu lui rappelles l’un des plus grands drames de sa vie. Et le seul fait d'imaginer, une seule seconde, et assez égoïstement qu’elle aurait pu garder quelque chose de cette vie perdue dans les méandres de son esprit te files la nausée. j’ai tout détruit, émile... c’était trop dur à supporter, c’est toujours trop dur à vivre. dernière supplication. Un appel à l’aide que tu accuses et auquel tu réponds. Gauchement, et lourdement. Mais tu l’entends et lui prends la main. L’esprit vif et clair. Le coeur ouvert. Excuse-moi. C’était idiot de te poser cette question. mais elle enchaîne j’ai plus qu’une photo de ma dernière échographie ici… elle est dans mon bureau. tu veux la voir ? tu hoches la tête. Encore fou d'imaginer qu'elle n'a jamais été bien loin toute ces années. Qu'elle était presque à tes côtés, à se cacher de ton père ou ta soeur te rend malade. Tu prends conscience à quel point tu es resté enfermé trop longtemps et à quel point tu es naïf et influençable. A croire tout ce qu'on t'a dit. A acquiescer et à t'exécuter trop facilement. Elle est partie pour se protéger. Pour la protéger, et pour tenter de se reconstruire. Et tu peux partir émile. La laisser tranquille à tout jamais, et ne plus lui imposer ta présence et le poids de tes regrets. Tu pourrais clôturer ce terrible aparté rouvrant des plaies enfin refermées. Disparaître à nouveau, la laisser vivre sa vie et te jurer ne plus te mettre en travers de son chemin. Mais tu hoches la tête, incapable de l’abandonner à nouveau. Incapable de franchir la porte du club et de porter le poids de tes erreurs. Alors tu te lèves, tu la suis. Chaque pas semble alourdir le poids d’un passé trop ancré pour être oublié. Incertain d’avoir fait une seule bonne décision dans ta vie. C'est en pénétrant dans son bureau que tu prends conscience de l'ampleur de son travail. De la gamine un folle et excessive, s’est transformée une puissante femme d'affaire. Une matriarche reconstituant une famille perdue, un amour volé. Et c’est tremblant d'excitation, de peur et surtout de rage que tes yeux se posent sur une photo abstraite. L’unique existence d’une vie fauchée, d’une honte dissimulée. T’aurais été une mère formidable, nana. Une mère, une amie, une soeur. que t’articules difficilement, non pas pour raviver des souvenirs trop pénibles, mais c’est parce qu’elle l’aurait été. Comme tu l’as déjà été. Pour moi Les yeux te piquent et le remous de tes émotions personnelles s’agite et noie tout tes espoirs. Tu n’as jamais autant détesté ton père et ta soeur qu’en ce moment même. Ils me dégoûtent tous comme seule et unique promesse que tu peux lui faire. J'veux pas te mêler à ça, mais j'veux pas que tu sois à jamais un dommage collatéral dans notre ombre. D’une rage sourde et pesante, décuplée par l'absence et les incompréhensions. Le sentiment d’avoir été dérobé de ce qui ne t'appartenait même pas. T'as pas besoin de nous. Encore moins de moi. Mais j'veux me racheter. et je t'en fais la promesse, nana. Ils ne peuvent pas s'en tirer comme ça.

@nana sforza anamnèse (emile) 3227196488
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