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(02.06.2023) STQ FÊTE SES 5 ANS HAPPY BDAY !

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 anamnèse (emile)

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Message Sujet: Re: anamnèse (emile)   anamnèse (emile) - Page 2 Empty Lun 13 Mai - 23:51

t’avais que treize ans, emile. pantin. j’avais que seize ans. pantin. une vie que tu pensais pouvoir contrôler de la manière que tu souhaitais. une existence que tu commençais à prendre, différente de ta vie italienne. t’étais tombée dans un autre monde. t’avais rencontré ces aussi bonnes que mauvaises personnes. celles t’entrainant où t’avais cherché à aller. d’une stupide crise d’ado existentielle. c’était beau. c’était excitant de se rebeller, de montrer ton désaccord. tu voulais rentrer en italie, nana. tu voulais retrouver ta vie, ton soleil milanais, tes amis de toujours.
et t’étais tombée dedans. comme une alcoolique commençant à enchaîner les verres. un verre de temps en temps. puis dans des jours rapprochés. ça t’enivrait. l’unique verre par jour devenait le premier de la journée. celui d’une grande tournée que tu te payais toute seule. l’image devient aujourd’hui bien plus vraie. horrible plus les souvenirs te percutaient. plus ils refusaient de te laisser tranquille. lui, eux. cette famille qui t’avait fait basculer. je ne sais pas si tu étais la bonne et je ne sais pas ce qu’on attendait de toi mais pour moi tu étais la sœur que je n’ai pas eu. et dans l’étreinte que tu échanges avec lui, dans ce corps bien différent de celui que tu avais tant l’habitude de serrer contre toi que tu enlaces, tu t’accroches. à ses mots qui trop rares. à ses vieux souvenirs. à ceux qui avaient constitué quelque chose de merveilleux dans le passé. c’était beau, emile et toi. différent d’ismaël et toi. l’un, comme un frère, fragile, délicat et florissant. l’autre déjà bien trop brutal, dangereux et dégueulant dsentiments trop forts. pour toi. trompeur. je n’ai pas tant changé. tu t’en apercevras peut-être. et peut être qu'un jour tu me pardonneras. les corps décalés et reculés, les visages revenus l’un en face de l’autre. t’aimerais te précipiter et pouvoir lui dire que c’est le cas, que le pardon, il l’a déjà. mais c’est trop dur et bien trop tôt pour ça. est-ce que tu n’es pas qu’un mirage, emile ? là au milieu du désert, est-ce qu’il ne te fait pas espérer alors que la soif t’assaille ? est-ce que tu ne le fais pas espérer un avenir différent, une amitié fragilisée à tenter de rattraper ? jsais pas si je serais là demain, emile. et toi ? jsais pas si je penserais à toi, emile. et toi ? jsais pas si je tenterais de renouer le contact. et toi ? c'est trop dur, les espoirs qui chutent. c’est peut-être encore qu’une mascarade. qu’un jeu entre vous. qu’une hypocrisie pure et dure, comme dans ces cas où l’on croise une ancienne connaissance. prendre des nouvelles des uns et des autres, donner l’idée de se refaire une bouffe avant de se quitter. et c’est oublié, volontaire ou involontaire. et nous ? j’espère que tu me pardonneras aussi. cque t’as jamais su faire pour toi. te pardonner pour tout. pour ne pas avoir insisté. pour ne pas t’être accrochée. pour l’avoir tué. excuse-moi. c’était idiot de te poser cette question. fragile, nana, t’es qu’un champ de ruines. qu’est-ce que tu pouvais en savoir ? le sourire qui se veut rassurant, faible comme la faiblesse de ton coeur, tu te retournes pour rejoindre le bureau. tu savais même pas que t’étais l’oncle d’un bébé mort né. qu’une pauvre tombe porte ton nom de famille à côté du mien. tu pouvais pas savoir. c’est qu’un puzzle. il lui manque des pièces, comme il te manque les tiennes. et tu sais même pas si emile est le partenaire idéal. tu ne sais pas si t’es prête pour tout cela. même si d’autres étaient là, au fond, t’as toujours été seule, nana. une mort et toi. un fantôme doux enfantin et un spectre terrible. vous deux. mia et toi avant tout.  
et dans cette pièce, c’est le spectre qui s’ouvre à un autre des fantômes. celui du passé. celui à l’aura trop clair. ce sont tes bras que tu croises contre toi, signe de protection. la carapace déjà trop ouverte pour emile, tes murs tremblent alors que t’as les yeux sur lui. pas sur cette photo. c’est la crainte. celle de ne pas être habituée. t’aurais été une mère formidable, nana. une mère, une amie, une soeur. pas ça. pas lui. pas encore. pas ce mot, emile. la première titulature, t'es loin de ça. ta mère, l'est formidable. pas toi. t’es au bord de l’excès. de tout, absolument tout. prête à exploser de toutes les manières possibles. de chagrin, de colère, de dégoût, de mélancolie. ça va t’exploser à la gueule emile. le danger, qut’es, celui que t’es devenue. comme tu l’as déjà été. pour moi. tais toi, jveux pas te blesser. le regard perdu sur la photo. ça traîne sur les courbes, le flou d’une échographie vieille de tant d’années maintenant. dernier vestige connu matériel de ce que tu as perdu. le reste, c’est en toi. ça coule, vit, se nourrit de toi comme une infection. ça te bouffe le coeur. te bouffe l’humanité. qu’est-ce qu’il restera de toi nana ? j’ai pas été capable de lui donner la vie. alors non, nana, t’aurais pas été une bonne mère. t’as déjà failli à la première étape. t’as échoué devant la ligne d’arrivée, les genoux se cramant sur le bitume dans la chute. les gravillons venant se mêler à la peau déchiquetée, à l'hémoglobine coulant le long de tes jambes nues et marquant à jamais le sol comme dans une scène de crime. ta scène de crime. ta meilleure nana. ta plus tragique. la seule que t’es jamais vraiment eu. seule et unique. comme cette histoire qu’tu pensais avoir eu, que t’as toujours gardé au fond de toi. enfermée à double tour dans la malle de tes plus terribles histoires, de ton passé. plus jamais ça.
ce sont les mots chuchotés qui peine à faire le chemin. une fatalité racontée à quiconque évoquant cette partie de ta vie. nana, tu l’as tué. nana, vous ne l’avez pas tué. erreur fatale de la nature. juste mère nature contre toi. et j’ai pas été capable d’être là pour toi. promis, à jamais. tu te souviens emile ? le chuchotement porté contre ton oreille alors que jte tenais contre moi ? c’était encore après l’un de ces moments où ton père se transformait en démon. t’étais qu’un gamin et je jouais la femme alors quj’étais pas si âgée que ça. je jouais la grande alors quj’étais rien de plus que toi. je jouais ce rôle de mère alors que j'étais promise à la tragédie. je jouais la forte alors qu’au fond, jcommençais à sombrer. c’était là, déjà mon bide.
c’était là, déjà implanté en toi dans un putain de déni de grossesse. elle était là, le début de ta déchéance, nana. c’était caché, prêt à t’exploser à la gueule dans une surprise dramatique. mauvais thriller. mélodrame. de ces films où l’on sait qu’il n’y a aucune issue heureuse. un d’entre eux porte ton prénom, n.a.n.n.i.n.a. bestseller. on rit. on pleure. on croit. on désespère. on meurt.
la nature fane autour de toi. la vie tombe par toi, pour toi.
ils me dégoûtent tous craché. promis. accusateur. simplement un accord. t’as rien à répondre. quoi dire d’autre qu’envenimer la chose ? ils t’ont fait chialer à te faire gerber. ils t’ont brisé à te faire tomber en lambeau. j'veux pas te mêler à ça, mais j'veux pas que tu sois à jamais un dommage collatéral dans notre ombre. la rage dans la voix, jamais tu ne l'as vu comme ça. de quoi tu parles emile exactement ? c’est un peu trop tard pour ça non ? tu es le reflet noir sur le sol. plus qu’une ombre du queens, tu erres comme tant d’autres. croisant les souffrances, les confrontant, les comparant. tu erres dans l’espoir de n’être plus seule. t’envenimes. entraînes dans ta chute les plus saines. les plus belles de toutes. c’est pas une question d’aller mieux. tu n’iras jamais mieux, nana. tu ne seras jamais heureuse, condamnée à être sisyphe. tu roules ta pierre sur la pente, forces sur sur tes membres pour atteindre un sommet que tu n’atteindras jamais.
éternel. funeste condamnation.  
t'as pas besoin de nous. encore moins de moi. mais j'veux me racheter. ça sonne comme une promesse, te fout la nausée. c’est bon. c’est mauvais. tu ne sais pas comment la prendre. emile, vous me replongez dans les ténèbres. même toi. le petit garçon devenu grand et pourtant toujours le même. t’avais réussi, presque, à te relever, à ta manière. sans eux. grâce à sarai, à shabh, aux mcgrath.
et pourtant, t’étais toujours enchaînée à eux.
ton frère n’serait pas content. un rire, sans joie, presque trop méchamment. pas pour emile. juste pour cette perspective. juste pour son frère. il dure pas. se perd dans les méandres de la réalité. il y a rien de drôle là-dedans. il n’y a plus rien de drôle dans ta vie. tes rires sonnent faux la plupart du temps. imperceptible aux autres. aux communs. à ceux qui ne te connaissent pas assez. est-ce qu’emile tu me connais encore ? tu penses pas car toi-même, plus tu le regardes, plus t’as l’impression de ne plus le reconnaître. c’est lui sans être lui. c’est toi sans être toi. onze ans vous ayant séparé qui ont fait de vous de nouveaux êtres. peut-être en bon, pour lui.
mais toi nana, t’es loin d’être bonne. t’as pas à te racheter emile. les yeux sur les siens, les larmes qui effleurent tes cils recourbés, les épaules qui se haussent en récupérant la photo. à nouveau enfermée dans le tiroir, de retour conserver dans le placard de ton cauchemar. c’est ma vie, emile, pas la tienne. c’est moi, pas toi. il n’y a rien que tu puisses faire. il n’y a rien que tu pourrais faire parce que t’as pas à te faire pardonner, de rien.
c’est toi. c’est lui. c’est eux. pas emile. je te demande rien. ce serait plutôt à toi de le faire. qu’est-ce que tu pourrais demander de toute manière ? il n’y a rien. plus rien. il n’y a jamais rien eu. qu’une ellipse. que des rêves pleins de désillusions. qu’un amour à sens unique. qu’un amour fraternel à double sens trop fragile. une mort bousillant tout sur son passage. fatale. ce serait plutôt à moi de le faire. il est où le mais que tu voudrais lancer nana ? est-ce que tu l’entends venir, emile ?
pourtant, il résiste. persiste. s’éclipse. disparaît par peur. par réconfort. ne me laisse pas toute seule, s'il te plaît. jvois que tu t’es bien débrouillé sans moi. pas un reproche, un soulagement qui surpasse presque la peur, la rancoeur de la perte, de l’abandon fictive et irréelle que tu t’es imaginée.
c’est bien. ça te rassure. t’es plus le petit garçon mais qu’es-tu devenu ? qu'est-ce que je peux faire ? un souffle, le dessous de tes yeux que tu essuies.

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