one way or another (isabella)

parce qu'isabella n'abandonne pas, parce qu'elle reste devant elle, sloan en vient à baisser la garde - rien qu'un instant. et ce serait si facile d'agripper la mince couche d'espoir qui l'assaille, si facile de ne jamais vouloir s'en détacher. sauf que cette sournoise expectance n'est que tromperie et artifice, elle finit toujours par se transformer en une désillusion destructrice. c'est pour cette raison qu'elle se blinde sloan, qu'elle tient tout ceux qui l'approche à distance. son coeur fané ne pourrait pas supporter une déception de plus, elle en est certaine. "la vie peut aussi prendre un autre tournant si nous le désirons, sloan." elle se relève sloan, se détache du mur qui la soutenait pour mieux faire face à isabella. affichant un sourire dépourvu de toute joie, elle secoue la tête une fois de plus. à chaque phrase que sa vieille amie prononce, le faussé qui sépare leur vie se creuse un peu plus. elle, elle est emballée par le monde qui l'entoure et les possibilités qu'il lui offre. sloan - d'un autre côté - ne se montre que résignée face à l'enfer qu'est devenu son existence. "si tu le dis, c'est que ça doit être vrai." ça doit être vrai pour toi. pour ta vie. ça ne l'est certainement pas pour sloan qui n'a fait qu'essayer pour fatalement échouer. elle le sait : elle n'est pas faite de ce bois là, pas de celui qui réussit. "au cas où tu décides de changer d’avis et nous laisser une chance." la carte de visite tendue, les secondes s'égrènent sans qu'un mouvement ne soit fait. sloan fixe intensément le bout de carton où le numéro de téléphone d'isabella est inscrit, indécise. son instinct premier est bien évidemment de refuser, à quoi bon après tout ? elle finira sûrement par la jeter de toute manière. cela-dit, par égard pour elle, elle s'en empare expéditivement. la coinçant dans sa poche - entre le paquet de cigarette bien entamé et son permis de conduire d'une utilité discutable - elle force un sourire. isabella est enthousiaste et c'est une chose aussi rare que précieuse - surtout pour quelqu'un qui a évolué dans les sphères difficiles des familles dysfonctionnelles - alors, sloan ne sera pas celle qui l'en privera. pas ce soir. cela étant, elle ne veut pas pour autant lui donner de faux espoirs. ce ne serait pas plus judicieux. "je te promets rien." résolue, elle affiche un visage fermé. je t'appellerai sûrement pas isabella, j'vais pas te faire croire le contraire. rien ne sert de lui faire croire monts et merveilles pour ensuite la lâcher, elle n'a que trop personnellement connue ça. "bon écoutes, c'est pas tout ça mais je dois rentrer." rentrer où, elle ne le sait pas mais elle s'éloigne tout de même. cette conversation, c'était pas ce à quoi elle s'attendait et surtout, c'était beaucoup. beaucoup trop. "hum... salut." sans un regard de plus, elle tourne hasardeusement au coin d'une rue - l'air déterminé. la dernière chose qu'elle souhaite, c'est qu'isabella sache qu'elle est sans abris. ce serait bien trop humiliant, même pour sa fierté piétinée.