SAVE THE QUEENS
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
(02.06.2023) STQ FÊTE SES 5 ANS HAPPY BDAY !
Le Deal du moment :
Jeux, jouets et Lego : le deuxième à ...
Voir le deal

Partagez

 

 [FB] (ézéchiel&sybil) humanité.

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : 1, 2  Suivant
Invité;

Invité
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


avatar




[FB] (ézéchiel&sybil) humanité.  Empty
Message Sujet: [FB] (ézéchiel&sybil) humanité.    [FB] (ézéchiel&sybil) humanité.  Empty Mer 22 Mai - 12:05

humanité
ézéchiel & sybil

« Sous les pluies d'étoiles, nous attendons l'éclipse. Au gré des morts-vivants, des clones sous emballages, que s'ouvre l'océan, d'où viendra le naufrage. J'entends le chant des morts, les cris de l'inhumain, dans les mégalopoles, tu recherches un jardin. Du fond des cathédrales, le chant des minarets, fils de Dieu, fils de pute, rien ne peut te sauver. Dans les foudres des cieux, dieu a le diable au corps sur des armées de pieux, les armées de la mort. »
New York, fin novembre 2015.
Les paupières balbutient, s’inclinent sous la lumière brûlante d’un jour où le froid règne en maître. Les pensées coagulent, fragmentées, incertaines, essoufflées elles aussi. Sa jambe bouge. Un fourmillement indistinct naît à la pointe de ses pieds, enlace sa cheville tremblante, remonte le galbe amaigri du mollet albâtre. La mort au creux du ventre, les sensations sont confuses. Elles appartiennent à une réalité qui n’existe plus, affranchie par la douleur et la fureur de l’agonie. Le silence devrait être là, partout, tout autour. Il est à l’intérieur d’elle, tonitruant et sourd. Pourquoi n’est-il pas autour ? L’ombre grandit. La conscience s’affole. Les ongles grattent le sol par petits mouvements circulaires, comme le font les rats avec la pourriture. Les informations se multiplient. Les klaxons. Les voix. La vie. Des êtres qui murmurent, s’impatientent sur la voierie. Son odorat est saturé. Il a été tant habitué aux contours aseptisés d’une cellule sans lumière qu’il peine à reconnaître l’âcre mélange de graillon, d’essence et de pneu qui crisse sur le bitume refroidi par l’hiver. Elle ouvre les yeux encore. Rien n’est très clair. Tout est confus. Son œil droit tuméfié l’empêche de distinguer tout à fait le sommet de l’immeuble au pied duquel elle a perdu connaissance. Des briques empilées pour toucher un ciel sans nuage. Un ciel … Un ciel. La fracture béante, à l’intérieur de son crâne, se rouvre grande. Les entrelacs d’une folie gangrénée s’exposent. Le ciel. Il ne devrait pas être là. Le ciel. Il n’existe pas. Dans son monde il n’y avait que du noir. Du noir et sa voix pour mélodie. Sa voix si grave, si suave. Le seul phare dans une obscurité souffreteuse et humide. Le myocarde s’affole dans sa poitrine. Le ciel. L’adrénaline serpente le long des nerfs, pourlèche les plaies à vif que l’air glacé vient réveiller. Elle feule sous le jour qui s’éteint au front de ses yeux clairs, refuse la lumière, aspire à la poussière. Le néant est partout, partout. Sauf dans ce ciel. Ce ciel qui est là, alors qu’il ne devrait pas. Ce ciel qui la rappelle alors qu’elle veut demeurer là.

Ses jambes la supportent à peine. L’impasse la recrache, estropiée et vacillante, sur la rue passante. Il n’y a personne. Il y a trop de monde. Chaque silhouette est un spectre vomissant un goudron épais et liquoreux, qui coule sur le sol gelé pour mieux l’empêcher d’avancer. La drogue pulse à ses tempes. La douleur aussi. Cette douleur devenue si coutumière qu’elle lui donne la sensation étrange d’être entre deux eaux en permanence. Un pied sous terre, l’autre dans les airs. Suppôt d’un Satan sans visage ressurgit des tréfonds de l’enfer. Les os se fissurent à chaque pas, l’allure se décompose. C’est le temps qui s’appuie sur ses épaules et cherche à la rattraper avant l’heure, pour lui rappeler son statut d’esclave à la merci des heures, des minutes, de chaque seconde. Elle voûte le dos, courbe l’échine. Posture d’un animal qui est resté recroquevillé trop longtemps pour savoir se relever tête haute. On l’interpelle. On lui parle. On cherche à l’approcher. Elle ne comprend pas grand-chose. Que des mots qui se perdent dans le néant de sa conscience. Des mots qui n’ont pas son timbre. Des mots qu’elle ne doit pas écouter ou entendre. Des épithètes imaginaires façonnée par l’instinct pour qu’elle survive encore dans le noir où il l’a abandonnée. Ils ne devraient pas être là. Ce ne sont que des subterfuges. Des fantômes. Une femme, les paumes à plat dans le vide, fait des mouvements d’apaisement. Les mêmes que ceux que l’on réserve à un animal blessé, acculé dans le noir. Elle s’approche. Un pas. Deux pas. Sa main se pose sur son avant-bras. La pression est infime. Elle lui arrache un gémissement de douleur, un cri qui raisonne comme une complainte jusqu’au fond de sa cage thoracique. La compassion des spectateurs enserre sa douleur, la rend insupportable. Dans un soubresaut, la pression de la main de cette inconnue sur sa chair morte l’ancre dans le réel, lui murmure que le ciel, les êtres, la vie, tout est bel et bien là. Ces êtres qu’elle a hurlés, rêvés. Ces êtres qu’elle pensait ne jamais distinguer. Ces êtres qui avaient perdu dans sa conscience leur forme, leur odeur, leur texture. Ces êtres que la solitude avait broyé. S’en est trop. Elle vacille, réagit avec violence. Sa main aux phalanges démises fend l’air, frappe et repousse la femme qui s’est avancée.
« Ne … ne me touchez pas. »
Le son de sa propre voix parachève l’élan. Elle ne le reconnaît pas. Elle ne sait plus ce qu’elle est, ni ce qu’elle croit. Ce qui tient du réel, ou ce qui ne l’est pas. Ils sont tous des menaces, agglutinés en masse autour d’elle. Ils sont venus dévorer sa chair et ronger ses os, démettre les nerfs qui ne tiennent déjà plus en place. Elle veut s’enfuir, courir. Courir une dernière fois pour leur échapper à tous. Mais la faiblesse de son corps la rattrape. C’est une chaîne, ferrée à ses chevilles nues. Son épaule se heurte à quelque chose. Cela n’a pas la rigidité d’un mur ou d’un sol. C’est un dos, une autre épaule. Un être en marge, posté là par hasard, en travers de son chemin et de sa fuite. Un gémissement de douleur ponctue la rencontre. Sybil perd l’équilibre. Les jambes flanchent. Une poigne de fer se referme autour d’un pan du veston de cuir, le marque de ses ongles. Cette poigne, c’est la sienne. Une main très blanche, une main de cadavre, aux phalanges bleuies par les coups, qui se fige et ne le libère pas. Elle sent à peine le bitume glacé rencontrer des parcelles de sa peau nue. Elle n’a rien sur le dos, juste une tunique sale, déchirée, sanguinolentes, partiellement collée aux plaies pas encore entièrement cicatrisées. La prunelle de son œil gauche s’ouvre en grand, le traque dans ce jour qu’elle ne reconnaît pas. Son visage ne ressemble à rien. Son visage pourrait être n’importe qui. Mais elle le scrute, sans savoir pourquoi. Elle le scrute sans ciller, sa poigne imprimant des pressions à intervalles réguliers. Son corps tremble si fort, de froid, de peur, d’hilarité aussi. Une hilarité qui remonte au bord de ses lèvres et se déverse dans un rire inquiétant, où grincent les marques d’une folie ancrée jusque dans les nerfs.
« Tout est brisé … »
Ce constat la fait rire. Un rire douloureux et terrible, qui fait retomber le silence sur les chuchotements alentours. Sa main vacante se relève, semble d’une lourdeur écrasante. Dans un mouvement éthéré, elle effleure la joue de ce visage inconnu. Cet anonyme, venu du fond des âges. Cela pourrait être lui, oui, cela pourrait.
« Tu es mort toi aussi … Mort … Mort … »
Elle répète le mot, encore et encore, et encore, comme une comptine, en riant, en tremblant, en pleurant. Des larmes asséchées sur ses joues creusées par une maigreur maladive. Celle des cadavres qui s’inclinent face à l’ombre de la nuit, l'humanité ravagée par l'agonie.

@Ézéchiel Lachance
(c) DΛNDELION
Revenir en haut Aller en bas
Invité;

Invité
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


avatar




[FB] (ézéchiel&sybil) humanité.  Empty
Message Sujet: Re: [FB] (ézéchiel&sybil) humanité.    [FB] (ézéchiel&sybil) humanité.  Empty Mer 22 Mai - 16:50

fin novembre 2015.
il a erré tel un fantôme, toute l’année durant. après la mort de son père, le temps s’est écoulée au compte gouttes. les secondes se transformant en minutes, puis en heures interminables. les jours devenant des semaines, puis des mois qui n’en finissaient jamais. il s’est laissé happé par la peur, il s’est fait foudroyer par la tristesse et a laissé la colère s’immiscer petit à petit dans chacune de ses veines. il a refusait les témoignages de bienveillance, à envoyer balader les bikers priant pour l’âme du chef de famille. il n’y a que sa mère, qui pu avoir grâce à ses yeux. la pleureuse, à jamais vêtue de noir. c’est avec amertume qu’il a accepté le poste qu’on lui confiait, vice-président qui siégera aux côtés de la fille nouvellement reine, parce que les rois chez les Hells tombent comme des mouches. ce n’est que pour honorer le souvenir de monsieur Lachance qu’il a gardé le dos droit face aux membres du club, c’est pour ne montrer aucune faiblesse qu’il a refusé d’assister à l’enterrement.
onze mois après, c’est le regret qui le ronge. il le sent, se balader sous son épiderme, se mêler à la haine pour remplir son cœur d’un dégoût aux effluves de vendetta. parce qu’il n’en croit pas les mots qu’on lui balançait, il ne voit pas l’accident, il ne perçoit que la préméditation d’un meurtre orgueilleux. ce sont ses pensées qui l’accablent, ce sont elles qui lui foutent des œillères et l’empêchent de voir l’animation qui se créait non loin de lui. c’est d’un pas trop décidé qu’il avance, pressé de retrouver sa bécane pour s’aérer l’esprit. on le bouscule, il n’y prête pas attention. mais une main s’accroche à sa veste, l’obligeant à dévier de sa trajectoire, et la force d’un corps sans vie l’entraîne malgré lui genoux au sol.
c’est à cet instant qu’il ouvre enfin les yeux sur le monde, tombant nez à nez avec une jeune femme à moitié nue. il ne parvient plus à bouger l’homme, la poigne de fer lui enserrant le veston y est pour quelque chose. autant que la scène où on le veut acteur. sa bouche s’entrouvre, sans qu’il ne parvienne à articuler la moindre syllabe. en moins de dix secondes il a déjà pris conscience des ecchymoses recouvrant le corps de la jeune femme. il a observé ses traits, s’est demandé combien de coups avait-elle pu recevoir. lui, si habitué à les donner plus qu’à les compter. c’est elle, qui parlera la premier. Tout est brisé … un rire secoue son corps entier, ézéchiel ne bouge. Tu es mort toi aussi … Mort … Mort … leurs peau glacées se rencontre, et il serre les dents malgré lui. puis très vite, trop vite se sont les spectateurs qui l’oppresse. ce n’est pas à elle qui l’adressera ses premiers mots. vous avez que ça à foutre ! c’est de la haine qui leur crache au visage, à tous, les uns après les autres. certains sont même en train de dégainer leurs portables, ce n’est pas pour appeler une ambulance. bande de charognards. qu’il siffle, au même rythme il se débrouille pour se débarrasser de son cuir, c’est le corps de l’inconnue qu’il désire couvrir. avec maladresse, son corps entier tremblant d’une rage qui ne lui appartient pas. elle pleure, est secouée de spasmes et il ne peut se résigner à lâcher prise. maintenant littéralement assis sur le bitume, il la tient contre lui. a-t-il réellement le choix alors qu’elle ne l’a toujours pas lâché. il t’a pas raté ce fils de pute, qu’il marmonne plus pour lui même. il se surprend à imaginer les traits du bourreau, se demande ce qu’il trouve grisant. il se questionne sur lui-même, sans le vouloir. parce que bourreau, reste son métier à plein temps. il fouille dans la poche de sa veste, sans la moindre douceur, il en sort son téléphone qu’il plaque aussitôt à son oreille après avoir composé le 911. (...) j’suis sur park avenue, entre la 46eme et la 47eme rue, une femme, j’crois qu’elle s’est fait agressée, (...) non, elle peut pas bouger non, putain de connard, ouais, ouais, ok (...) il raccroche, écrase même son mobile contre le trottoir tant la patience lui fait défaut. des secours arrivent... moins de cinq minutes, ok ? qu’il balance, ses iris bleus rencontrent enfin celle de la victime. sa main à lui, s’est calée derrière sa nuque, tout ce qu’il ne souhaite pas, c’est qu’elle perde connaissance, alors il gardera ses pupilles ancrés aux siennes.
Revenir en haut Aller en bas
Invité;

Invité
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


avatar




[FB] (ézéchiel&sybil) humanité.  Empty
Message Sujet: Re: [FB] (ézéchiel&sybil) humanité.    [FB] (ézéchiel&sybil) humanité.  Empty Ven 24 Mai - 11:22

humanité
ézéchiel & sybil

« Sous les pluies d'étoiles, nous attendons l'éclipse. Au gré des morts-vivants, des clones sous emballages, que s'ouvre l'océan, d'où viendra le naufrage. J'entends le chant des morts, les cris de l'inhumain, dans les mégalopoles, tu recherches un jardin. Du fond des cathédrales, le chant des minarets, fils de Dieu, fils de pute, rien ne peut te sauver. Dans les foudres des cieux, dieu a le diable au corps sur des armées de pieux, les armées de la mort. »
Harmonie dissonante au fond des tempes. Dichotomie d’un rêve aux ramifications entièrement pourries. Elle s’arrime à son regard comme l’on harponne l’élan intrépide du voyageur pour l’empêcher de quitter le rivage. Ses doigts continuent de marquer une mesure sur sa veste, musique abrupte, notes d’une souffrance qui pulse à l’intérieur de ses veines. Le fil qui la raccroche à la réalité est si ténu. C’est un fil d’Ariane qu’il ne faut jamais lâcher, au risque de se perdre dans le labyrinthe de la folie. La folie se rit d’elle, elle caresse ses membres, enlace les barrières brisées pour les bercer contre son sein irascible. Ce serait si doux de cesser de lutter, de fermer les yeux pour ne plus jamais avoir à les rouvrir. Il n’y aurait plus de confusion alors, entre ce qui est, entre ce qui fut. Ce qui devrait être aussi. Elle ne devrait pas être là.  Ce n’est pas ce qui était écrit pour elle, marqué au fer rouge sur sa peau blanche. Elle se souvient de ce que l’on éprouve lorsque le métal chauffé à blanc rencontre la candeur de la peau. Cela vacille après cela, cela vacille. Elle tremble si fort. Les pensées se mélangent, elle n’est plus capable de faire la différence. Seule demeure une évidence gravée en lettres capitales au fond de sa conscience : elle ne devrait pas être là. Elle a réussi à lui échapper. Ou alors l’a-t-il laissée s’enfuir ? Est-ce une partie supplémentaire de son plan malade pour parachever de la briser ? Mais elle l’est déjà. Il n’y plus rien à recueillir. Plus rien à façonner. Plus rien de beau dans cette monstrueuse chair qu’elle arbore et que les anonymes alentours traquent de leurs regards. Une curiosité de charognard. Oui, de charognard. Le mot qu’il emploie est bien trouvé. Il lui fait arborer un sourire contrit, qui tient plus du réflexe et de l’aigreur que de la spontanéité. Viles charognes aux bras levés, venues asseoir leurs curiosités sur les meurtrissures putréfiées de son corps. C’est peut-être cela qu’il souhaitait. Lui. Son géôlier à la voix de velours. Une humiliation supplémentaire. La dernière, pour poser l’ultime pierre sur l’édifice créé.

Il s’insurge, son solide rempart. La cruauté des mots crachés plus qu’ils ne sont prononcés. Elle aimerait lui dire que c’est inutile, qu’il n’y a plus rien à protéger.  Son visage ne lui rappelle rien mais il se grave, quelque part, dans sa conscience. Elle se concentre sur les détails qui le cisèlent, qui font de lui un être à part quand ils pourraient tous êtres semblables, tout autour. Il gigote un peu, a cet élan protecteur de façade en déposant son veston de cuir sur la nudité exposée de sa peau. C’est ce qui déclenche son hilarité sans doute, sans qu’elle ne puisse la contrôler. Il n’y a plus de pudeur à camoufler, plus d’innocence à masquer. Elle aimerait le lui dire aussi, le lui hurler. Mais les mots se sclérosent à l’intérieur de l’aridité de sa bouche. Elle ne parle plus depuis longtemps. Des heures, des semaines, des mois … des années. Au bout d’un moment elle n’a plus été en mesure de faire de décompte. Les seuls sont qui sortaient de ses lèvres étaient des hurlements. Et quand il n’y a plus eu de voix pour crier, les sons sont demeurés enfouis, tout à l’intérieur. Le monde s’est disloqué à l’intérieur de son crâne. Alors les mots s’éraillent. L’articulation est fragile. Elle tremble si fort que l’on croirait qu’elle pourrait se répandre d’un seul coup comme poussière, là, entre ses bras qui la maintiennent encore.
« Non … Non … Pas eux … Non … »
La négation multiple s’éraille comme une complainte. Pas les secours, non, non, non. Pas eux. Elle le supplie, dans un appel déchirant et sans fard. Pas les secours. Plus d’aiguilles, de scalpels et de substances. Plus de mains sur ses chairs dissoutes. Plus de regards pour l’analyser et la contraindre. Plus rien, plus rien. Juste le silence et le vide. Demeurer là, sur la tiédeur de son corps anonyme pour y disparaître. Rejoindre le néant où elle aurait dû renaître. Mais il n’écoute pas. Il n’entend pas. Dans la foule, il y a quelqu’un qui délaisse le prisme de l’écran de son smartphone pour entonner, comme une évidence :
« Putain, c’est Sybil Farquharson ! L’agent du FBI qui a disparu l’an dernier ! Celle sur l’affaire de l’Avorteur ! »
Sa pupille déjà agrandie par la drogue dans son organisme s’épanouit plus encore. Elle n’a plus entendu quelqu’un prononcer son nom de famille depuis si longtemps … Et son pseudonyme à lui … A lui. L’Avorteur sans visage, sans image. Dont elle a été le témoin privilégié de l’ouvrage, pendant un temps trop long pour être mesuré. Sa paupière balbutie, s’aimante à celles de son inconnu de passage. L’ironie du sort, qui voulut qu’un voyou de haut vol se retrouva à maintenir sur le seuil de l’existence une défenseuse déchue d’une justice corrompue. Quand la nouvelle se sera répandue, ils débarqueront tous dans leurs uniformes austères, brandissant leurs badges clinquants et tapageurs. Sera-t-il toujours là alors, pour la maintenir ? Sera-t-il là pour demeurer le phare dans son sillage ?
« Ne … Pars … »
Les mots se perdent dans le froid de l’hiver. Le poult se fragilise, glisse dans la torpeur. Ne pars pas, aurait-elle voulu dire. Reste-là, avec moi. Accompagne-moi jusqu’au bout, puisque tu as su me trouver, sans même le désirer. Les paupières s’inclinent. L’ombre grandit au-devant de ses paupières. Il sera peut-être trop tard lorsqu’ils arriveront. La chance pourrait bien tourner, lui sourire enfin. La respiration devient paresseuse à son tour, et juste avant de perdre connaissance, pour la première fois depuis deux ans, Sybil est apaisée. Pour la première fois, elle peut s’en aller sans hurler.

@Ézéchiel Lachance
(c) DΛNDELION
Revenir en haut Aller en bas
Invité;

Invité
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


avatar




[FB] (ézéchiel&sybil) humanité.  Empty
Message Sujet: Re: [FB] (ézéchiel&sybil) humanité.    [FB] (ézéchiel&sybil) humanité.  Empty Sam 25 Mai - 10:30

Non … Non … Pas eux … Non … pour la connaître par coeur, il sait que c’est la terreur qui inonde les pupilles de la jeune femme. habituellement, quand il est en mesure de la lire si distinctement c’est bien car il en est la première cause. mais pas ici, pas aujourd’hui. tout se passe dans son cerveau à elle, dans les jours, semaines, mois, qu’elle vient de passer. la terreur est à l’origine même des marques qui ornent son épiderme. il le sent ézéchiel, à tel point qu’il ne parvient plus à bouger, à tel point qu’il balbutie des mots incompréhensibles, qui se perdent au milieu de la voix d’un homme. Putain, c’est Sybil Farquharson ! L’agent du FBI qui a disparu l’an dernier ! Celle sur l’affaire de l’Avorteur ! c’est con corps entier qui se fige sous les mots, jusqu’à sa respiration qui s’en retrouve altérée. son regard se pose sur l’homme trop excité, puis sur l’inconnue, deux fois de suite. il espère que celui-ci hallucine, qu’elle n’est pas ce qu’il prétend. que rien ne la rapproche de près ou de loin a des uniformes et des badges puant l’arrogance. mais les langues se délient, les curieux pianotent sur leurs téléphones, s’exclament de stupeur, d’autres sont enjoués, dégainant encore plus vite leurs appareils photos pour capturer l’instant. ézéchiel lui, n’a d’yeux que pour la brune entre ses bras, qu’il questionne du regard malgré lui. ils ne sont plus que deux, les mots qui s’échappent d’entre ses lèvres abîmées, puis elle perd connaissance. le motard se retrouve démuni, les minutes passent beaucoup trop vite, les sirènes de l’ambulance se font entendre, et quand il redresse la tête ils sont déjà deux autour d’elle, la lui arrachant littéralement des bras. je viens. qu’il affirme en se redressant, vous êtes de la famille ? il arque un sourcil, ouais, si ça peut aider., il est déjà à l’arrière, assis à côté du brancard. il n’y a que le bip incessant de l’électrocardiogramme pour le rassurer dans ses choix.
(...)
plus de trois heures se sont écoulées quand un médecin accepte enfin de lui adresser la parole. il a arpenté un seul couloir, de long en large, refusant de s’éloigner de la dernière porte par laquelle cette dénommée Sybil avait disparu. il a éteint son téléphone, refusant par ce biais tout les appels intempestifs qui lui demanderait des explications s’il avouait se trouver à l’hôpital. c’est bon ? vous m’laissez entrer maintenant ? l’homme en blouse blanche se retrouve coincé entre le mur et le blond qui vient d’y appuyer sa main. elle dort encore, elle est sous sédatifs, et, j’en ai rien à foutre que vous soyez stupide au point d’lui filer des drogues alors qu’elle était déjà camée jusqu’à l’os, j’veux juste rentrer dans cette chambre, c’est ok ? qu’il le coupe vous êtes de la famille ? il ricane, son mari, ou un truc du genre, c’est ok maintenant ? c’est plus par crainte que le médecin accepte, et qu’ézéchiel se retrouve assis sur une chaise inconfortable à côté du lit de la belle au bois dormant.
il n’a de cesse de l’observer.
il s’imprègne de ses traits.
il sait à présent, qu’il ne l’oubliera jamais.
dans le creux de son ventre se mélange l’inquiétude et la curiosité, c’est avec grand mal qu’il appréhende le premier sentiment.
il n’a pas l’habitude, de se montrer serviable. il n’a pas l’âme d’un hero, c’est le rôle du vilain qui lui a toujours fait de l’œil. quand il s’attarde sur les hématomes, il se rend compte qu’il a laissé les mêmes sur des corps masculin. quand il s’arrête sur sa joue, qu’il se remémore son œil injecter de sang, il se dit qu’il a déjà fait pire. alors, il ne comprend pas, ce qu’il fou là. les mains posées sur ses genoux, le cœur battant, attendant avec trop d’impatience qu’un de ses doigts se mettent à bouger.
qui êtes vous ? la voix rauque, d’un homme en costard le fait sortir de ses pensées. il se lève ézéchiel, pas du tout impressionné par celui qui sort déjà son badge. et vous, vous êtes qui ? inspecteur casse burne, premier du nom. l’homme balance son nom, mais il ne le retient pas, il n’écoute pas, en quoi puis-je vous aider ? qu’il demande sourcils froncés et dents serrées, son mari ? c’est étrange, elle ne m’avait jamais parlé de vous. de vous non plus, si ça peut vous rassurer. il voudrait en rajouter une couche, pour qu’il se sente de trop monsieur le flic, qu’il foute le camp et laisse la dame se reposer tranquillement, mais il se tait quand il la voit bouger. quand il l’entend respirer un peu plus fort et ouvrir un œil, puis le deuxième.
Revenir en haut Aller en bas
Invité;

Invité
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


avatar




[FB] (ézéchiel&sybil) humanité.  Empty
Message Sujet: Re: [FB] (ézéchiel&sybil) humanité.    [FB] (ézéchiel&sybil) humanité.  Empty Lun 27 Mai - 17:35

humanité
ézéchiel & sybil

« Sous les pluies d'étoiles, nous attendons l'éclipse. Au gré des morts-vivants, des clones sous emballages, que s'ouvre l'océan, d'où viendra le naufrage. J'entends le chant des morts, les cris de l'inhumain, dans les mégalopoles, tu recherches un jardin. Du fond des cathédrales, le chant des minarets, fils de Dieu, fils de pute, rien ne peut te sauver. Dans les foudres des cieux, dieu a le diable au corps sur des armées de pieux, les armées de la mort. »
Il tourne, tourne, le carrousel de l’existence. Les éclats de voix, les camaïeux de couleurs vives qui se réverbèrent au gré des lumières. Il vacille, vacille, le foutu manège. Sous ses prunelles absentes et ses attachements éphémères. Elle s’agrippe pourtant, au veston de cuir. La seule étoffe sensible sous les doigts qui tremblent. L’inconscience la prend. C’est délicat, c’est presque doux. Les gyrophares entonnent leur musique répétitive. On se rapproche, on accule. La curiosité exsangue, au bord d’une scène que l’on ne voit d’habitude que dans les fictions sordides. Blouses blanches au dehors, détermination dans le regard. Les gestes sont mécaniques, appris par cœur. La précipitation est de façade. Dans l’ambulance, ils ont vu pire que ça. Des grands brûlés. Des mecs aux gueules fracassées après des collisions éméchées. Des enfants aux faciès désincarnés. La mort, de près, de loin, dans toutes ses parures, ils la connaissent pour l’avoir fréquentée depuis leurs premières classes. C’est leur métier après tout. Médecin, ambulancier. Leur pain quotidien. Mais la plupart du temps, les blessures qu’ils pansent tiennent de l’incident. De ce fracas imprévisible entre une âme et le métal, deux âmes entre elles pourquoi pas. L’homme est une créature si fragile après tout, il ne suffit pas de grand-chose pour le briser. Cette fois-ci c’est différent toutefois. Une femme s’est approchée de sa silhouette pour tâter son pouls, placer un masque à oxygène sur ses narines. Sybil a repris connaissance quand ils l’ont soulevée sur le brancard. Les yeux grands ouverts, elle a senti les os geindre sous l’enveloppe de chair. La douleur a irradié de la pointe du pied jusqu’à l’aine, des côtes jusqu’au bout des doigts. Elle s’est tordue de douleur. Ils ont compris, très vite. La femme, toute précautionneuse, s’est employée à soulever un peu sa tunique pour recenser les dégâts. Entièrement captivée, elle n’a pas tellement bronché lorsque celui qui tenait la femme a dit qu’il viendrait. Il n’est pas de la famille, c’est une évidence. Mais elle n’a rien dit, elle l’a laissé monter.
« Tenez-lui la main. La gauche, celle dont les phalanges ne sont pas démises. Tenez-la bien fort. » a-t-elle murmuré à l’intention de l’homme, une forme de compassion au fond du timbre. Que ce soit lui ou quelqu’un d’autre, il fallait bien quelqu’un. Quelqu’un qui n’a rien demandé. Après cela elle continue son recensement pendant qu’un autre injecte un tranquillisant pour la faire dormir une bonne fois. « On note … Des contusions multiples sur les bras, les jambes … Lacérations profondes mais anciennes de l’abdomen, brûlures au troisième degré éparses, anciennes elles-aussi, sur les côtes, les épaules … » Elle s’arrête un peu, parce que le recensement est interminable. Elle a des haut-le-cœur, de dénombrer toute cette horreur. Ce travail méticuleux, qui s’ancre dans la chair au passé, au présent, et demeurera au futur. « … Je reprends. Notez des fractures probables des côtes, les phalanges démises de la main droite, une fragilité due à une vieille fracture au niveau de la jambe gauche, un manque d’hydratation et de réactivité des pupilles face à la lumière ... Merde … Elle n’a pas pu faire ça toute seule … C’est forcément quelqu’un d’autre … Un grand malade. »
(…)
Hank était derrière son bureau au FBI lorsque son téléphone sonna. Il regardait pensivement une photo de son épouse, et de ses deux garçons. Il ne pensait pas à eux. Il songeait à ces nouvelles recrues à l’orgueil démesuré qui prendraient un jour sa place dans le fauteuil de cuir. Il songeait aux plus anciennes, dont les problèmes l’empêchaient parfois de fermer l’œil au cœur de la nuit. Il pensait, comme la plupart du temps. Comme chaque jour de sa sinueuse existence d’agent chevronné et retranché derrière un grand bureau plein sud, avec vue. La vue, c’est la dernière place que l’on occupe avant de devoir tirer sa révérence au FBI, tout le monde le sait. Surtout lui. Il n’ignore pas les murmures dans les couloirs. Ces volontés de le voir partir. Il n’est pas encore prêt à tirer sa révérence toutefois, ça non. C’était une journée d’hiver comme une autre. Avec ses aléas, ses tracas, ses angoisses. Alors quand il décrocha le combiné, il ne s’attendait pas à apprendre qu’elle avait refait surface. Il l’avait déjà tuée, dans sa tête. Fait le deuil de cette protégée au génie trop assuré pour que cela ne lui retombe pas dessus. S’il avait dû avoir une fille, ça aurait été elle, sans doute. Avec ses grands yeux d’une clarté obscure, et sa détermination de fauve. Ils n’avaient pas enterré le cercueil d’ébène déjà prêt pour y déposer son corps, mais c’était tout comme. Au fil des semaines, des mois écoulés, son souvenir était devenu moins prégnant, et la pensée qu’elle puisse être toujours en vie les avait quittés. Comme d’autres femmes, ils finiraient par la retrouver pourrissante, quelque part. Un autre trophée de l’Avorteur. Alors au téléphone, Hank se statufia, entièrement interdit. Il n’y crut pas d’abord, puis il dû se rendre à l’évidence. Elle avait survécu. La première. La dernière sans doute. L’erreur commise par l’Avorteur. L’erreur ou bien le pion supplémentaire, déplacé sur son échiquier de sociopathe. De son écriture calligraphique, il inscrivit l’adresse de l’hôpital, comme par mécanisme. Il dû faire un tour avant de s’y rendre. Un tour, juste un tour.
(…)
Hank pousse la porte de la chambre. Il a arpenté les couloirs, fait subir des interrogatoires aux infirmières qui ont bien sûr d’autres chat à fouetter. Mais c’est un agent du FBI qui a refait surface. Ça n’est pas n’importe qui. Toute la cavalerie est là, à sillonner les couloirs. Cela met les hommes et femmes en blouse sous pression. Une pression qui monte en mélopée dans les nerfs du presque sexagénaire engoncé dans son costume. Il fait les cents pas, ne parvient pas à se résoudre à entrer. On l’a prévenu : elle n’est plus celle qu’il connaissait. Elle est entièrement brisée, façonnée par d’autres mains pour la rendre à la folie furieuse. Le médecin référent le lui a dit : « On ne sait pas comment elle réagira en se réveillant … On ne sait pas. Il faut attendre. Attendre qu’elle refasse surface. Ce sera un choc supplémentaire qu’elle n’encaissera peut-être pas. ». A la fin, Hank se décide enfin à entrer dans la chambre. Il a ses mains dans les poches de son pantalon. Son allure est d’un pragmatisme contrôlé. La distinguer là, sous la clarté du jour, étendue sur un lit d’hôpital est un choc qu’il peine à encaisser en tant qu’homme. L’agent, lui, demeure quant à lui hermétique. Il ne peut détacher le regard de sa silhouette endormie. Ils ont sanglé ses poignets et ses chevilles au lit, pour ne pas qu’elle arrache sa perfusion sans un accès de terreur sans doute, en se réveillant sans savoir où elle se trouve. Si réellement elle a subi des sévices de la part de l’Avorteur, ça n’est peut-être pas l’idée du siècle de la part du médecin que de la rendre captive encore, d’une façon quelconque. Il lui en touchera deux mots. Plus tard. Pour l’heure son attention se resserre sur la seule autre présence dans la pièce. On l’a prévenu aussi. Pour cet homme sorti de nulle part. Qui était là où il n’aurait pas dû être. Il semble avoir la tête dure, et l’esprit solide.
« Qui êtes-vous ? » demande-t-il de sa voix claire. Un calme professionnel, qui se heurte à une spontanéité moins contrôlée, plus sur la défensive. « Hank Jefferson. Je suis le directeur adjoint du FBI. Son mari ? C’est étrange, elle ne m’avait jamais parlé de vous. Et je connaissais son fiancé … le vrai. Il n’avait pas votre … Stature. » Il le taquine un peu, du bout des lèvres. Il ne peut pas s’en empêcher. Cela dit il n’a pas le cœur à lui tirer les vers du nez. Pas maintenant. « Vous savez comme moi que vous, et elle, n’avez strictement aucun lien. Vous étiez là c’est tout. Ça aurait pu être n’importe qui. Mais c’est sur vous qu’elle est tombée. Appelez ça le hasard, ou la fatalité. Je ne suis pas certain qu’elle croira encore à toutes ces sornettes après ce qu’elle a traversé. Ce qui m’intrigue toutefois, c’est votre présence ici, maintenant. Vous auriez pu partir, mais vous êtes resté. Pourquoi ? Vous ne lui devez rien, et elle non plus. Pourquoi perdre votre temps plutôt que de retrouver votre liberté ? »
Pendant ce temps, Sybil a ouvert les yeux. Un œil, puis deux. Le temps compté à rebours derrière ses paupières closes. La lumière a irradié et rencontré le froid de ses iris. Une sensation de déjà-vu l’étreint, comme dans la ruelle. Les sédatifs rendent les émotions très troubles, les pensées éminemment laborieuses. Elle revient, le corps traîné sur le rivage de la conscience, charriée par l’écume d’idées confuses. Le plafond est blanc, si blanc. Il y a des aspérités, des tâches d’humidité, tant de clarté toutefois … Tant de clarté. Les battements de cœur sont réguliers. A chaque pulsation, une mesure, une tonalité. Elle inspire par les narines, sent des tiraillements au niveau de ses côtes bandées. Elle veut les toucher. Toucher sa peau du bout des doigts, sentir la matérialité de sa présence et de son propre corps pour y croire. Mais lorsqu’elle veut soulever son bras, les sangles font de la résistance. Elle est attachée, attachée … Les battements s’accélèrent sur le moniteur. Elle se met à gesticuler, dans un instinct farouche. La panique grimpe, pourlèche les plaies béantes.
« Qu’est-ce que … »
Sa voix s’éraille, s’étouffe. Un râle s’éprend de ses côtes, gonfle ses poumons. Tout son visage se cisèle d’une hargne farouche et bestiale. Elle bouge de plus en plus, affole le moniteur, dérange les plaies bandées. Elle tire, tire. Sa voix éteinte explose dans une complainte aigüe.
« NON ! Détachez moi ! Pas ça ! Noooon ! »
Elle crie, se débat, de plus en plus fort. Tire sur les sangles à s’en briser les poignets, bat des jambes, à en affoler l’habitacle. Hank s’est précipité vers elle. Quand elle l’a vu, elle ne l’a pas reconnu. Elle n’a vu qu’un corps. Un corps d’homme sans visage, se ruant vers elle. Un homme inconnu, qui aurait pu être lui … Oui lui, son tortionnaire. Il a la même taille. La même stature. Comme la plupart des hommes. La plupart à part lui … Lui. Qui était là pour la maintenir contre lui, qui n’est plus là à présent … Il l’a abandonnée lui aussi. Alors la folie explose. Un hurlement étouffé se répercute contre les quatre murs. Il fait reculer Hank, qui ne s’attendait pas du tout à une telle réaction de sa part. Désœuvré par la peine qu’il éprouve, il demeure interdit. Se recule par instinct, pour ne pas la blesser davantage.
« Laissez-moi … Allez vous-en … Nooooon ! »
D’effroi, de stupeur, Hank n’essaie pas de la canaliser. Il intime à l’homme présent à ses côtés de rester là le temps qu’il prévient des infirmières, de la surveiller, comme si réellement elle pouvait s’enfuir. Il empreinte la porte derrière lui, hèle des infirmières. Pendant ce temps là Sybil se débat contre les spectres invisibles qui l’assaillent, dans sa tête. Ses yeux s’ouvrent grands, à un moment donné. Elle le croise du regard. Juste un regard. Les cris se taisent, s’étouffent au fond de la gorge. Elle le reconnaît. Pas lui. Pas lui. Ses yeux surtout. Oui ses yeux, si clairs. Si clairs, pour la pénombre de ses pensées. Elle ne dit rien, entièrement mutique. Mais elle le regarde. Elle le regarde sans discontinuer, incapable de demeurer immobile. Elle bouge les mains, les jambes. Elle rêve qu’il lui retire ses sangles et soit capable de l’entendre, quand aucun mot ne parvient à franchir la barrière de ses lèvres closes.

@Ézéchiel Lachance
(c) DΛNDELION
Revenir en haut Aller en bas
Invité;

Invité
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


avatar




[FB] (ézéchiel&sybil) humanité.  Empty
Message Sujet: Re: [FB] (ézéchiel&sybil) humanité.    [FB] (ézéchiel&sybil) humanité.  Empty Mer 29 Mai - 5:47

il ne devrait pas être là ézéchiel et il le sait. à se construire une légitimité qui ne lui appartient pas. il aurait du prendre le large une fois les secours intervenus, retourner à sa journée banale, effacer cet épisode de son esprit. ça aurait été la meilleure chose à faire pour lui, pour elle aussi sans aucun doute. car il n’a rien du bon samaritain, il était au mauvais endroit, au mauvais moment. mais il mentirait, s’il disaient que les yeux émeraudes ne l’avaient pas ébranlé. lui, qui n’est pas à même de ressentir la moindre empathie s’est retrouvé chamboulé en un regard, en un froissement de peau. et quand elle lui a demandé, à demie-consciente de ne pas s’en aller, il n’a pu se résigner à l’abandonner sur le brancard. il s’est retrouvé à lui tenir la main dans cette putain d’ambulance. et maintenant, il a la tête haute face à monsieur Hank Jefferson, putain de directeur adjoint de ce putain de FBI. tout ce qui lui fallait, se retrouver coincé dans une chambre entre deux flics, qui le coffreraient volontiers s’ils savaient la moitié des choses qui lui collaient au cul. qui l’enfermeraient à vie, s’ils pouvaient lire les vieilles traces de sang sur ses phalanges abîmées par les chocs. un autre que lui aurait pris ses jambes à son cou, le blond ne bouge pas, écoute les interrogation de l’homme. son fiancé ? le vrai ? ... et où est-il ? qu’il demande, pourquoi n’a-t-il pas accouru à son chevet, comme vous, pourquoi j’suis le seul à me soucier d’elle depuis des heures ? hank continue à parler, ézéchiel lève les yeux au ciel, j’en ai rien à foutre de votre badge, de votre statut au sein du bureau fédéral. j’suis là, parce que c’est mon droit. il continue dans son mensonge, n’en démord pas car il n’a aucune confiance en ces types qui ne font actes de présence que lorsque la situation devient intéressantes. c’est la jeune femme qui retrouve ses esprits qui a toute son attention. il n’a pas le temps de réagir, ni lui, ni l’ancien collègue, qu’elle aperçoit trop vite qu’on l’a attaché à ce lit. le moniteur cardiaque s’emballe au même rythme que son coeur, elle se débat, ses jambes, ses bras bougent de façon désordonné. ézéchiel reste interdit de longues secondes. la peur qui habite ses trait quelques heures auparavant vient de refaire surface en trombe. quand hank se précipite vers elle, c’est de pire en pire, elle s’époumone. s’agite avec une telle force que le lit entier semble bouger, il prend peur l’homme, il demande au motard de se tenir tranquille et lui observe Sybil avant de s’avancer doucement vers elle. nouvelles caresses de leurs regards. il sait qu’elle le reconnaît, il a réussit à s’approcher assez près pour poser sa paume contre son poignet. j’vais te detacher, mais, reste calme, qu’il murmure sans même s’en rendre compte. ce sont ses pieds qu’il libère en premier, dans le couloir il entend l’agitation qu’elle a provoqué, il sait qu’ils vont tous rentrer en force dans cette chambre et foutre en l’air le peu d’accalmie qu’il parvient à lui offrir. puis c’est le poignet droit qu’il détache, et enfin le gauche, sa main vient se poser de nouveau sur son bras. ce sont ses yeux qui lui parlent, ça va aller, j’peux pas le promettre, mais ça va aller, je partirai pas maintenant. pas tant que j’serai pas sûr et certains qu’ils ne jouent plus aux cons avec toi. c’est bon, t’es libre, mais vaut mieux rester allongée là, tranquillement. il murmure encore, de rappelle l’état des traumatismes listés par l’ambulancière, ça lui fait froid dans le dos. ça ne devrait pas. l’insensibilité ne devrait pas le quitter. ses doigts viennent jusqu’à sa main valide, il la serré avec conviction. comme pour lui montrer qu’il est bien réel. trois minutes, c’est le temps qu’ils leurs auront laissé avant de s’engouffrer à cinq dans la chambre, quatre soignants et ce fameux hank. vous l’avez détaché, vous l’avez détaché, mais vous êtes complètement malade ! qu’un des infirmiers, médecin, qu’importe lui hurle tout en s’approchant pour remettre les liens. la main d’ezechiel se pose sur le torse de l’homme, il le repousse avec une force mal calculée puisqu’il manque de tomber, j’vous interdit, ne serait-ce qu’une seconde repenser à l’attacher à ce lit, il menace, de ses yeux glacials, elle est en état de choc, et vous avez pas trouvé meilleure idée. c’est pour son bien, elle pourrait de blesser, vous blesser, elle ne sait plus où elle est. le réel, l’irréel, tout se mélange. ils blablatent tous, arrêtez de lui administrer vos merdes, et peut-être qu’elle retrouvera ses esprits plus rapidement. elle pourra pas s’faire plus de mal que ce qu’elle a déjà subit, qu’il grogne ézéchiel, comme un loup protégeant les siens. ils ne l’approcheront pas sans subir une morsure féroce. qui que vous soyez, vous n’avez aucun droit d’être là. le FBI parle, j’ai l’air d’en avoir quelque chose à faire ? il a toujours la main de la femme dans la sienne, il ne l’a pas lâché, et s’ils étaient intelligents, il ne le ferait pas sortir de cette chambre. ils attendraient le temps qu’il lui faudra, à elle. c’est ce qu’il compte faire le Hells, qu’importe le temps qu’il passera à son chevet.
Revenir en haut Aller en bas
Invité;

Invité
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


avatar




[FB] (ézéchiel&sybil) humanité.  Empty
Message Sujet: Re: [FB] (ézéchiel&sybil) humanité.    [FB] (ézéchiel&sybil) humanité.  Empty Jeu 30 Mai - 10:57

humanité
ézéchiel & sybil

« Sous les pluies d'étoiles, nous attendons l'éclipse. Au gré des morts-vivants, des clones sous emballages, que s'ouvre l'océan, d'où viendra le naufrage. J'entends le chant des morts, les cris de l'inhumain, dans les mégalopoles, tu recherches un jardin. Du fond des cathédrales, le chant des minarets, fils de Dieu, fils de pute, rien ne peut te sauver. Dans les foudres des cieux, dieu a le diable au corps sur des armées de pieux, les armées de la mort. »
A l’ombre des murmures en fond sonore, les pensées s’épanouissent en corolle. Des pétales qui se déploient dans le crâne, des épines qui griffent et arrachent la conscience. La douleur est douce, attendrie par l’écoulement des antalgiques qui courent dans ses veines et s’allient aux caresses de la morphine. Elle n’a pas mal. Le mal est ailleurs que dans les muscles, les os, les nerfs. Il se niche en dessous, dans ce désarroi qu’elle éprouve à se retrouver face au mur blanchâtre. Elle décompte les tâches d’humidité qui mordent le crépit, y distingue les contours fantasmés d’un animal imaginaire. Comme l’enfant qui traque des créatures dans les cotonneux nuages un après-midi d’été, elle s’accorde cet intervalle d’immobilisme, de calme avant la tempête. Cela ne dure que quelques seconde, le temps que les voix prennent une toute autre texture, qu’il n’y ait plus qu’elles, elles toutes ensembles. La leur, la sienne. Timbres venus du fond des âges pour lui rappeler l’antagonisme d’une existence passée qui n’existe plus. Sa respiration se saccade, elle cherche à laper cet air aseptisé qui les entoure. Les côtes sont douloureuses lorsqu’elles se gonflent.

Hank continue son interrogatoire. Les forces de l’âge et de l’expérience lui ont appris à reconnaître quelqu’un qui ment, quelqu’un qui se dissimule. Il était reconnu pour être doué pour cela, autrefois. Il a mis sous les barreaux des hommes, des femmes. Il a déjà tué, sans y prendre réellement plaisir mais parce que les circonstances l’exigeaient. Il sait distinguer les leurres que l’on met en place. Il sait tout cela, à s’en épuiser. Et ce matin, éreinté par la douleur, il n’a pas envie de le charcuter. De rajouter un nom à la liste de tous ceux qu’il doit déjà surveiller. La peine est trop lourde à supporter. Le mal qui le ronge, et la culpabilité aussi. Elle ne devrait pas être là. Il aurait sans doute été préférable pour elle qu’elle ne le soit pas. Même lui le sait, c’est une évidence. Il le sait parce qu’il a vu d’autres agents sombrer avant elle, et les maux qu’ils avaient eu à subir n’atteignaient pas la perversion de ce qu’elle a enduré elle. Ce n’est pas comme être prisonnier de guerre et se faire torturer pour des informations capitales. L’Avorteur n’avait rien à obtenir d’elle. Rien si ce n’est la reddition de sa nature. Une torture animale et gratuite, pour le plaisir de nourrir une perversion malade. On ne revient pas de cela. On demeure en arrière, à la marge, entre deux cris, quand le monde autour de vous continue de tourner. C’est ce qui s’est passé après sa disparition. Ils ont tous retrouvé la monotonie de leur quotidien. Ils ont choyé de nouvelles habitudes. Alors quand l’homme l’interroge sur ce fiancé absent, Hank est soucieux. Il masse l’arrière de sa nuque. Henry n’est pas là, c’est vrai. Ils ne l’ont pas encore prévenu, plus pour la préserver elle que lui. Mais il finira par savoir. Il finira par accourir en oubliant de retirer son alliance, d’avoir cette décence envers elle qu’il a prématurément décidé d’abandonner en baisant sa collègue de bureau quelques semaines seulement après l’annonce de sa disparition. Leur couple battait de l’aile c’est vrai. Il a refait sa vie. Il s’est marié, a mis sa femme enceinte. Tout cela dans un intervalle éminemment court qu’Hank ne pourra sans doute jamais lui pardonner.
« Il viendra … Plus tard. Quant à votre soi-disant « droit », je serais tenté de prendre votre identité pour vérifier sa légitimité. »
Le combat est entièrement stérile, il le sait. Il s’enlise, s’enlise, s’enlise, dans ce mensonge qu’il croit bon de nourrir. Hank ne lui en veut pas. La vérité, c’est qu’il lui est plutôt reconnaissant d’être là. Lui qui ignore ce qu’elle a été, qui ne pourra être le témoin que de ce qu’elle sera. Il lui faudra peut-être quelqu’un ainsi. Inconsciemment, c’est peut-être pour cela qu’elle l’a choisi lui. Pour avoir un rempart auquel se raccrocher en refaisant surface. Pour tolérer ceux qui l’ont abandonné à la mort pendant des mois.

Le souffle altéré par la panique, la débâcle de ses gestes est digne d’un animal fou, prêt à mordre, prêt à rugir. Les sursauts du moniteur ne font que ponctuer la rage, cet instinct en souffrance qui demeure vivace malgré tout. Survivre, survivre, survivre. C’est ce qu’elle a fait pendant des jours, des semaines, des mois. Elle a tout fait pour cela … Tout ce qu’il lui a demandé. Du plus terrible au plus dégradant, passant de l’humiliation à la terreur. Elle a appris pour cela un langage qu’elle n’aurait jamais cru savoir parler un jour, et contre lequel elle se débattait autrefois, badge en main, brandit comme une arme d’ultime défense. Les cris éraillés qui émanent de sa gorge se répercutent contre les murs, affolent les infirmières au dehors, et Hank plus encore. L’ébauche d’une accalmie s’éprend de son corps lorsqu’elle le distingue, qu’il dit avoir l’intention de la détacher. Elle le croit … Elle le croit. Troublée, entre deux eaux. Parce qu’il a ses yeux. Les mêmes yeux clairs, comme de l’eau. Les mêmes yeux que son bourreau, que son tendre sauveur. Il était les deux, les deux à la fois. L’âpreté de la lame, la douceur du métal. Les deux pour la maintenir à la marge et étirer l’agonie comme un fil sans fin. Il a les mêmes yeux oui … La seule partie de son visage qu’elle n’ait jamais distingué.
« … Quand est-on ? … »
La question est abrupte, sur le souffle de la tourmente. Elle replie d’emblée ses jambes qu’il vient de libérer, les ramène contre ses côtes. Position fœtale, position animale. Celle qu’elle gardait dans le noir, pour se tenir chaud. Cela ne fonctionnait pas toujours. Elle aimerait retrouver le coin de mur où elle avait l’habitude de dormir. Cet angle intime et circonscrit, où un filet d’air passait en continu entre les pierres, où elle entendait les notes d’un piano venu d’un autre temps, d’un autre âge. Plus calme, cela ne dure que quelques secondes, le temps que les infirmières accourent en trombe. Trop de bruit, trop de fracas, Sybil recule sur le lit, se replie plus encore. Son front se pose sur ses genoux, elle enserre sa tête de son avant-bras, celui où la main est plâtrée. L’autre repose à côté, abandonnée. Le contact s’opère, elle ne le repousse pas. Au contraire, ses doigts se referment autour des siens. Ils reconnaissent la texture de sa peau, de ses phalanges. Cette même main que dans l’ambulance. La même oui, la même, qu’elle serre, sur laquelle s’imprime le poids de ses craintes. Elle demeure dissimulée, derrière sa silhouette, derrière cette défense qu’il lui offre sans contrepartie, sans fard. Mais les éclats de voix sont agressifs. Ils martèlent son crâne qui n’a plus l’habitude du bruit, des cliquetis de la vie. Son corps entièrement recroquevillé se balance un peu, d’avant en arrière. Il fait geindre le lit. Mouvement des nerfs qui lâchent, de la raison qui flanche.
« Nos merdes comme vous dites, c’est ce qui permet de la maintenir en vie et de l’empêcher de souffrir ! Elle est droguée jusqu’à l’os, il faut qu’on la maintienne attachée pour le moment où elle éprouvera les effets de manque. Ça peut survenir n’importe quand. Elle sera incontrôlable à ce moment-là. Vous devez nous laisser faire notre travail ! Se défend l’une des infirmières, qui tente de contourner le corps de l’homme pour s’approcher de Sybil. En vain.
- Qui que vous soyez, vous n’avez aucun droit d’être là. Affirme à son tour un agent du FBI, entré dans la chambre alors qu’il était jusqu’à présent en poste de surveillance à l’extérieur.
- Laissez-le. Les coupe Hank d’un ton sec. Laissez-le, il finira par se lasser de lui-même et partir. En attendant, elle est calme en sa présence, c’est ce qui compte. Pour le temps que cela durera … Profitons-en.
- Mais monsieur les heures de visites vont bientôt se terminer, il ne peut pas rester ici cette nuit …
- Laissez-le. Faites le nécessaire … Nous devons … »
Mais il s’interrompt, parce qu’une sorte de murmure, de comptine, s’élève lentement dans la pièce. Il vient de Sybil, qui au gré des balancements légers de son corps, articule des mots insensés, des syllabes avortées. Des mots crus, des mots nus. Des mots décousus, prononcés dans sa tête, échoués sur sa langue.
Pourriture. Pourriture. Rat … Le petit rat. Pas vraiment là. Pourriture … Qui es-tu ? Es-tu vraiment là ? Non … Non. Il n’y a que toi … Que toi. Tu n’es plus là … Tout est mort … Mort. Pourri … Pourri.
Une forme d’hilarité secoue sa cage thoracique. Elle serre la main sous ses doigts plus fort. C’est impossible. C’est forcément l’un de ses tours pour la torturer. Un moyen de la faire saigner. Mais elle sait à présent distinguer ce qui est vrai. Elle sait le reconnaître à travers les visages qui l’entourent. Une scène façonnée par lui pour parachever de la briser, encore, et encore, et encore. Elle n’est pas libre. Ils ne sont pas vraiment là. Des images, juste des images. De la poussière sous les doigts. Elle rit, elle rit encore. Un rire où le sarcasme se conjugue à l’aigreur et suscite un sentiment de malaise profond dans les personnes présentes, surtout la petite infirmière novice qui accompagne sa supérieure, et pensait juste avoir à changer une perfusion.
« Je sais que c’est toi … Ils ne sont pas vraiment là n’est-ce pas ? Tu ne m’auras pas … Non, pas cette fois … Je sais que c’est toi … Pourriture. »
Elle ne s’adresse à personne en particulier. Le dialogue est interne, cloisonné à l’intérieur de sa tête. Pourtant à un moment donné, elle relève sa tête, plante son regard au loin dans celui de Hank. Elle ne le voit pas, elle ne le voit pas vraiment. Mais l’assertion est lancée, comme une lame que l’on plonge au fond des entrailles pour mieux vous éventrer.
« Tu m’as abandonnée là-bas … Tu m’as laissée crever. Pourriture … Pourriture … Tu ne m’auras pas cette fois … Non tu ne m’auras pas … »
La rage est aveuglante, irrépressible. Elle monte comme une vague, des pieds à la tête. Elle fait enfler ses instincts de prédateur, une cruauté qui s’est acérée dans la douleur. Oubliant momentanément les meurtrissures et les faiblesses de son corps, elle se lève, se hisse sur ses jambes. Elle libère la main qui la maintenait dans l’accalmie, attrape la première chose qui traîne, à proximité. La perche de la perfusion, en l’occurrence. Cette même perfusion qu’elle arrache de son bras, cette barre de métal qu’elle empoigne comme une arme pour la projeter vers ces images qui n’existent pas. Après cela tout est indistinct, tout est flou. Elle a senti des mains puissantes l’empoigner pour la maîtriser. Les cris, dans un tourbillons d’injonctives. Les siens, les leurs. Et puis plus rien. La morsure de l’aiguille. Le vide … le vide. Et l’infirmière essoufflée à celui qui souhaitait rester :
« Vous êtes toujours sûr de ne pas vouloir partir ? Ce sera pire … Pire cette nuit. Et après aussi. »
Pour Hank, la peine est trop lourde. Il ne peut plus rester, la regarder, la voir. Même endormie. Alors après avoir donné ses directives, il quitte la pièce, promet qu’il repassera dès le lendemain, et les jours suivants jusqu’à ce qu’elle puisse sortir. Il sait qu’il doit prévenir ses proches, sa famille. Une tâche qu’il incomberait volontiers à quelqu’un d’autre. La peine est trop lourde. Il a des nausées. Il veut partir. Disparaître derrière la culpabilité et la peine qui l’étreint. Elle n’est plus là, Sybil. Celle qu’il aimait comme sa propre fille. Celle qu’il avait l’habitude de protéger. Elle n’est plus là, morte quelque part, sous les coups d’un fou de plus recraché par cette terre furieuse. Elle n’est plus là, et il doit se rendre à l’évidence : non, elle ne reviendra peut-être pas.

@Ézéchiel Lachance [FB] (ézéchiel&sybil) humanité.  3227196488
(c) DΛNDELION
Revenir en haut Aller en bas
Invité;

Invité
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


avatar




[FB] (ézéchiel&sybil) humanité.  Empty
Message Sujet: Re: [FB] (ézéchiel&sybil) humanité.    [FB] (ézéchiel&sybil) humanité.  Empty Sam 1 Juin - 5:56

il est en territoire ennemi ézéchiel, même s'il le sait pertinemment. il refuse de foutre un pied hors de cette chambre. ce sont sur lui que tout les regards sont braqués, sur lui que les infirmières hurlent et passent leurs nerfs. il reste droit, imperturbable. il n'écoute qu'à moitié ce que le personnel soignant tente de lui faire comprendre. tout est déjà bien clair dans sa tête, ce n'est pas eux qui l'aideront à aller mieux, peut-être même que personne ne le pourra jamais. ce n'est pas l'empathie qui envahit ses neurones, c'est l’instinct de protection qui s’exacerbe. il n'a été élevé que pour terminer chien de garde, maintenant que son père n'est plus c'est à lui qu'incombe le rôle auprès des siens. ce rôle qui lui colle si bien à la peau, ce rôle qui n'en est plus un, qui est devenu sa véritable nature. animal enragé, assoiffé, du sang plein les canines. il le leur fait comprendre, par des regards brûlants, des gestes virulents, qu'ils ne l'approcheront plus. contre toute attente, c'est monsieur hank qui s'interpose, c'est lui qui accepte le premier la présence du blond. ce qu'il ne sait pas, c'est qu'ézéchiel ne se lassera pas et sera fidèle au poste quoi qu'il advienne. puis tout s'enchaine trop vite, les yeux se concentrent sur la femme qui semble perdre l'esprit. des mots s'échappent d'entre ses lèvres, ils n'ont aucun sens et tous la regarde, attendant le point de non-retour. elle l'atteint dans une hilarité qui pourrait en faire fuir plus d'un. elle s'arrâche la perfusion, ne parle plus mais hurle, ézéchiel a fait un pas en arrière lorsqu'elle s'est saisit de la perche en métal pour la balancer vers ce qui semblait la terroriser. il n'a pas le temps de s'interposer dans des hommes vêtus de blanc se précipite sur le corps de la brune, il n'a pas le temps de réagir quand on lui injecte de force un calmant qui lui fait perdre connaissance en moins de cinq secondes. et bien qu'elle semble tout de suite apaisé, là, allongée et les yeux fermés. il a le coeur qui bat la chamade. un à un les individus quittent la chambre, tous, sauf lui qui récupère sa place sur la seule chaise présente.
il la regardera de longues minutes, peut-être même une heure entière sans détourner les yeux. il surveillera sa respiration, il fera les cent pas dans la pièce qu'il trouvera trop vite minuscule. il n'en sortira que deux fois, la première pour passer un coup de téléphone à saraï et lui expliquer qu'il ne serait pas là ce soir, ni demain dans la matinée. la deuxième, pour s'octroyer le droit de manger un morceau, ses yeux rivés sur l'écran de son téléphone, faisant défiler des articles atroces sur les sévices de celui qu'ils ont appelé l'avorteur et duquel elle serait la dernière victime. il s'endormira à même cette foutue chaise, se réveillera à chaque bruits lui paraissant suspect. au petit matin, il se réveillera sous les caresses du regard de la jeune femme, il tentera de lui parler, de tout et de rien. il lui adressera des sourires trop sincères, dénigrera l'équipe médicale pour lui soutirer les prémisse d'un sourire. puis après vingt quatre heures complète à son chevet, après l'avoir vu avaler quelques miettes de repas, il partira. seulement pour quelques heures.
ce n'est que le soir du troisième jour qu'il arpente de nouveau les couloirs de l'hopital. il s'est changé, à troqué ses fringues puant contre un t-shirt couleur prune prété gentiment par saraï. un t-shirt de femme dans lequel il se sent oppressé. ça se ressent sur les traits de son visage. les mains dans les poches, il avance jusqu'à la chambre d'où des bruits suspects s'échappent et l'interpellent. quand il passe la porte, il retient un rire, les infirmières se battent littéralement pour la faire manger. l'assiette vole, puis la fourchette. les femmes supplient sybil qui refuse absolument tout. si elle vous dit qu'elle n'a pas faim. il lâche, haussant les épaules. elle ne mange rien depuis que vous êtes parti. il grimace, s'avance jusqu'au lit et s'y pose en équilibre. son regard détaillant la brune, elle a repri un semblant de couleur, n'a plus l'air de cadavre sorti de la morgue. on se parle aujourd'hui ? qu'il lui demande avec douceur.
Revenir en haut Aller en bas
Invité;

Invité
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


avatar




[FB] (ézéchiel&sybil) humanité.  Empty
Message Sujet: Re: [FB] (ézéchiel&sybil) humanité.    [FB] (ézéchiel&sybil) humanité.  Empty Lun 10 Juin - 14:46

humanité
ézéchiel & sybil

« Sous les pluies d'étoiles, nous attendons l'éclipse. Au gré des morts-vivants, des clones sous emballages, que s'ouvre l'océan, d'où viendra le naufrage. J'entends le chant des morts, les cris de l'inhumain, dans les mégalopoles, tu recherches un jardin. Du fond des cathédrales, le chant des minarets, fils de Dieu, fils de pute, rien ne peut te sauver. Dans les foudres des cieux, dieu a le diable au corps sur des armées de pieux, les armées de la mort. »
La folie chevillée au corps, viciée dans l’âme qui s’essouffle, se saccade, s’éprend. C’est comme tomber dans le vide, une chute qui n’en finit plus, un gouffre qui s’ouvre et ne peut plus se refermer. Et elle tombe Sybil, elle tombe. Poupée de cire aux ailes estropiées, poupée de son aux axes désincarnés. Il n’y a nulle part où se fracasser sous les aspérités opaques du noir qui l’englue. Goudron épais, goudron brûlant. Il enlace les chevilles et les enferre à une réalité incongrue, où se mélange ce qui est, ce qui fut, ce qui devrait être et ce qui ne l’est pas. Elle ne ressent rien mais elle s’accroche, griffe les parois invisibles de cet abîme qui l’étreint. Elle se souvient de ses aspirations au passé, de ses espoirs au futur. Des êtres qu’elle a cru savoir aimer. De tous ceux auquel elle ne pardonnera jamais. Ses rêves charrient des souvenirs qui ont engorgé tout. Il est là, tout autour. Maître impénétrable de tous les secrets que renferment sa nature. Il lui murmure des comptines pour lui rappeler qu’il ne partira pas. Qu’il s’est gravé sur chaque fibre de son être. Marque ineffable. Pacte de sang et de larmes. Alors elle s’éveille Sybil. Elle se débat, elle hurle, elle crie, elle agonise. Elle martèle ces spectres qui veulent la maintenir en vie, qui mordent sa chair avec des aiguilles, qui emmaillotent les cicatrices comme des nouveaux nés qui hurlent. La déchirure de sa carcasse se fait dans des crises atroces. Le manque de lui. Le manque d’elle. Il n’est plus là lorsqu’elle rouvre les yeux, que ses iris traquent le clair-obscur des siennes, n’importe où, quelque part.
Il a ses yeux, clairs comme de l’eau
Lustrale immensité derrière laquelle elle rêverait de pouvoir se planquer.

Il n’est plus là et elle le traque, sur cette folie qui dérive, qui louvoie au gré des immensités d’un gouffre qui n’en finit pas d’être creusé. Les infirmières se débattent autour de sa silhouette. Un ballet dont elle est l’étoile, filant, flirtant avec les poussières acariâtres d’une humanité exsangue. Elle n’avale rien. Elle refuse les tentatives, les propositions, les compromis que l’on réserve aux enfants, les ultimatums que l’on impose à ceux qui refusent d’entendre. Ils redoublent d’efforts pour la maintenir à cette vie qu’elle rejette avec la force des dégénérés. La reddition a déjà eu lieu, elle ne peut plus être arrachée. Les jours s’égrènent, s’effilent. Lui et ses yeux clairs. Il est revenu côtoyer les silences de ses enfers. Il la regarde. Elle l’observe en retour. Partage à sens unique, partage double. Elle ne lui parle pas mais sa présence l’apaise. Parce qu’il a ses yeux, et qu’elle ne se l’explique pas. Parce qu’il a ses yeux, alors qu’il ne devrait pas.

L’aube du troisième jour. Elle a décompté les heures, les minutes, les secondes à l’unisson des battements de son cœur sur le moniteur. Elle ne réalise pas encore. Il faudra plus de trois jours pour y parvenir. Comme d’habitude elle refuse catégoriquement la nourriture qu’on lui propose. Les infirmières la menacent comme une enfant trop gâtée. Si vous ne mangez pas, Sybil, il faudra vous rattacher. Elle leur tend presque les poignets désormais, convaincue que la docilité éphémère est la meilleure arme pour les endormir et les duper. Mais elle n’avale rien. Elle scrute avec une apathie de cadavre les gouttes qui retombent dans la perfusion reliée à ses veines. Elle s’imagine être ce fluide qui vient louvoyer à travers le sang chaud et se frayer un chemin jusqu’au cœur, jusqu’aux organes pour leur redonner vie, et faire pulser une autre mélodie que celle d’une mort lente et pernicieuse. Semblable à l’écoulement des rivières, le fluide ne s’assèche jamais. Harmonie minutée, frappant les secondes. Elle aimerait que tout s’arrête pour pouvoir descendre de ce manège entêtant et fourbe. Perdre l’équilibre si elle le désire. Disparaître sans avoir à lutter contre ceux qui s’y refusent. Une infirmière insiste pour qu’elle avale sa compote. Ses lèvres demeurent hermétiques. Elle se voit bambin dans une chaise haute, bavoir dégoulinant sur la poitrine, babillements mécontents au creux de la bouche. L’image la révulse, faut tressauter l’orgueil en souffrance. L’humiliation est telle qu’elle lui donne envie de vomir. Elle n’avale rien. L’infirmière insiste, encore. Alors la répartie cingle, projette des nuances de fraise sur la blancheur de sa tenue de travail. C’est le moment qu’il choisit pour apparaître, dans l’angle mort de sa vision fatiguée. Il échange quelques mots avec l’infirmière, comme si elle n’était pas vraiment là, comme si elle était absente. Sybil attend que la femme s’en aille. Elle laisse s’écouler les secondes, les minutes, compte à rebours en détaillant les contours de sa silhouette au pied du lit. Les émotions anéanties, ne reste sur sa peau diaphane que des impressions étouffées, des regards sans lueurs, et une tonalité de sépulcre.
« Tu ne devrais pas être là. »
Ce sont les premiers mots qu’elle prononce à son égard. Les premiers, depuis les supplications de la rue. Depuis qu’il n’a pas eu cet instinct de miséricorde qui pousse à achever une victime lorsqu’elle vous implore de le faire. Il n’a rien fait. Il est demeuré là, rempart insolite et impartial. Il l’a défendue sans réellement prendre le parti de la vaincre, l’a vaincue entièrement par cette défense qu’il a tissé autour d’elle sans totalement le vouloir.
« Et moi non plus, je ne devrais pas être là. »
Elle le toise avec plus d’intensité, inexpressive image. Désincarnée dans sa chair, dans son sang. Cela fait mal de parler, de mettre des mots. Cela fait mal d’être là, quand elle ne devrait pas.
« Garde ta pitié pour quelqu’un d’autre. »

@Ézéchiel Lachance  [FB] (ézéchiel&sybil) humanité.  3227196488
(c) DΛNDELION
Revenir en haut Aller en bas
Invité;

Invité
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


avatar




[FB] (ézéchiel&sybil) humanité.  Empty
Message Sujet: Re: [FB] (ézéchiel&sybil) humanité.    [FB] (ézéchiel&sybil) humanité.  Empty Mer 12 Juin - 14:38

il ne trouverait pas de réelle explication à son retour, ici, à son chevet.
il n'en chercherait même pas. ce n'est pas un choix, son corps entier l'y a poussé. son cerveau n'arrivant pas à sortir la jeune femme de ses pensées, ses muscles incapables de rester inactifs plus d'une seconde depuis qu'il était parti. il est revenu. juste pour voir. juste pour savoir, si elle allait bien. si elle ne s'était pas laissé mourir, comme elle le fait à présent. refusant tout bonnement toute nourriture s'approchant de sa bouche. il est assi sur le bord du lit quand il lui adresse quelques mots.
Tu ne devrais pas être là.
il ne parvient pas à dissimuler le sourire qui naît sur ses lèvres. les premiers mots qu'elle lui offre tendent à le chasser, il ne bouge pas d'un centimètre, au contraire il prend un peu plus ses aises sur ce lit médicalisé. Et moi non plus, je ne devrais pas être là. j'suis entierement d'accord avec toi. du tac au tac, il la sonde autant qu'elle le fait avec lui. ses yeux clairs plongés dans les siens, il essai de comprendre ce qu'elle peut bien chercher au fond de ses pupilles. elle ne trouvera rien, si ce n'est un tas de cendres encore fumant duquel renaitront des flammes vengeresses. Garde ta pitié pour quelqu’un d’autre. il secoue la tête amusé, il laisse son cul glissé un peu plus jusqu'à elle, jouant avec les restes de compote du bout d'une cuillère. son attention détournée complétement de la rescapée. de quelle pitié tu m'parles au juste ? il ne sait pas ce que c'est, qu'avoir pitié. c'est un sentiment qui lui a toujours échappé. il n'a jamais grimacer devant des hommes à l'article de la mort, n'a jamais accordé sa clémence à quiconque. il n'avouera jamais, que cette femme a réussi à le marquer, à le toucher. que son palpitant s'est serré lorsqu'il a imaginé les tortures ayant lacéré son corps. c'est pas mon truc, je t'assure. il cesse son jeu avec la cuillère, reporte son regard sur sybil. son sourire a disparu, il se fait observateur. s'attarde dans ses yeux pour mieux descendre jusqu'à ses mains et les perfusions qui maquillent ses bras. j'voulais juste être sûr qu'on te traite bien, quand j'suis pas dans les parages. il ne ment pas, étale sa vérité puisqu'il n'a rien à lui cacher à elle. j'crois qu'ils sont pas habitués à ce qu'on leur balance leurs quatre vérités. il hausse les épaules, descend du matelas pour faire grincer la chaise jusqu'à elle, avant de s'y laisser tomber, son pied vient contre son genoux. il donne un coup de menton en avant. j'comprends que tu veuilles pas avaler cette merde. en pleine réflexion il se frotte la joue, un burger ? ça t'ferait plus envie ? ou j'sais pas, quelque chose que tu aimais bien bouffer avant, il lui offre ses services, jusqu'à ce qu'elle le re-expédie dans sa tanière. jusqu'à ce qu'elle décide de séparer de nouveau leurs deux mondes.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé;

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -






[FB] (ézéchiel&sybil) humanité.  Empty
Message Sujet: Re: [FB] (ézéchiel&sybil) humanité.    [FB] (ézéchiel&sybil) humanité.  Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
[FB] (ézéchiel&sybil) humanité.
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 2Aller à la page : 1, 2  Suivant
 Sujets similaires
-
» (ezechiel&sybil) âmes d'automne.
» les faiblesses font l'humanité. (livia)
» demons within (ézéchiel)
» (fb) trouble in hell _ ezechiel&iskandar
» tes désirs font désordre. (ézéchiel)

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
SAVE THE QUEENS :: 
 :: boulevard of broken dreams :: versions #11 et #12 :: RPS
-
Sauter vers: