come a little closer (bass)

et voilà qu'elle revenait; la fâcheuse tendance à s'épuiser le cœur trop vite. les yeux perdus au ciel, l'esprit vaguant contre les nuages. mina avait sa propre façon de prendre la fuite. elle se défaisait lentement de l'ennui quotidien en courant après les couleurs qui jaillissaient derrière la fenêtre. elle ne prêtait attention qu'aux pensées qui torturaient délicatement son crâne. le reste n'était qu'un vulgaire décor, un ensemble fade qui ne l'avait jamais fait vibrer. l'univers lycée et les hypocrisies collantes lui rouillait l'esprit, alimentant son envie brûlante de vouloir éclore ailleurs. elle est un peu coincée, ici, mina. de toute façon, c'est jamais assez grand pour elle, il lui faudrait un palace, de quoi étendre ses craintes entièrement.
alors sonne sa libération et mina se transforme en étincellement. balayées, la paresse, la lassitude et la nonchalance. elle se pare du même éclat que celui des étoiles et s'échappe rapidement. l'air extérieur lui explose au visage, propageant une sensation de frais à l'intérieur. dès qu'elle se sauvait du bâtiment, des ailes nouvelles dévoraient son dos. une raison plus précise justifiait un tel scintillement. elle savait quoi, qui l'attendait dehors, et ne pouvait même pas freiner les feux d'artifices dans sa poitrine. elle avait ces airs d'enfant, ceux qu'elle se tuait à éviter à tout prix. alors avant de se présenter comme un bourgeon qui frétille au contact de n'importe qu'elle émotion, elle trouva son visage dans une glace et le referma un peu. pour paraître quelqu'un d'autre, encore une fois.
et elle le trouva, sans trop de problèmes, trahissant qu'elle s'était peut-être appliquée à apprendre sa silhouette par cœur. les coins de ses lèvres se sensibilisent rapidement, taquinés. la démarche la plus naturelle possible, pour faire semblant de ne pas être prête à s'enterrer sous la fascination de son cœur. ses lèvres rosées s'échouent sur la joue du garçon qu'elle ne se lasse jamais d'attendre. « bass. » c'est court, c'est doux. de temps à autres, mina s'amuse à épeler sebastian, pour le taquiner et faire froncer ses sourcils. mina s'amuse. mais s'attache très vite quand il s'agit de bass. parce qu'il y a ses yeux, sa voix, ses mots, et qu'elle n'arrive pas bien à choisir ce qu'elle préfère. elle ne sait rien de ce qui lui brouille la tête quand il est là, et tente de ne pas s'y perdre. « où est-ce qu'on va? » demanda t-elle innocemment, usant d'un rictus presque tendre. elle croisa ses bras, ravie d'avoir retrouvé de la lumière. « on devrait y aller toute suite, avant qu'elles se mettent toutes à te regarder. » ajouta mina en haussant les sourcils. malice peignant son visage, elle ne quitta pas les yeux de son interlocuteur une seul seconde. elle aurait voulu s'y loger un peu plus longtemps, confortable dans la sécurité qu'ils lui procuraient. elle aurait voulu un peu de cette éternité qu'ils semblaient lui promettre.

fréquenter bass c'était frôler les sentiments amoureux. il y avait les insectes dans le ventre, les couleurs dans les yeux et les frissons sous la peau. mais il y avait aussi cette barrière, un rien invisible mais suffisant pour établir une distance. elle essaie de pas y penser, mina. de profiter simplement de ses yeux sur elle et de faire comme si il n'y avait que ça d'important. elle a besoin de l'obscurité qu'il lui apporte, rien que pour contraster avec ses éclats à elle. elle aimerait lui donner toute la lumière du monde, pour un instant peut-être, puisque le ''pour toujours'' s'effrite.
ses lèvres se font brièvement sentir, et mina aurait pu s'embraser. la surprise dévore ses organes sans qu'elle n'ait pu en profiter. évidemment, le battant s'enflamme secrètement et elle le regarde comme on regarde la lune. bass c'est son échappatoire préférée. la brûlure du cœur est un peu brève mais elle lui apporte tout le confort du monde – et elle lui sera toujours reconnaissante pour ça. pour les regards, les lèvres discrètes. « mh, j'en suis pas si sûre. » répondit-elle finalement avant de s'égarer dans ses iris. elle espère qu'on la jalouse un peu, de toute façon. ça serait juste normal. bass a le visage du garçon dont on conseille de se méfier, et son attitude avec mina traduisait du privilège – elle aurait pu s'en venter, si c'était sa façon de faire. à la place, elle se laissait étouffer par les battements bruyants de sa poitrine.
adhérant à sa proposition d'un léger signe de tête laissant tout de même transparaître sa réjouissance, elle vint s'asseoir à l'arrière de la moto. elle enfila un casque, consciente que bass ne l'aurait peut-être pas laissée monter sans. quand celui-ci la rejoignit, elle noua ses bras autour de sa taille et rapprocha son corps du sien. poser sa tête contre son épaule lui permettait de pouvoir aspirer ses effluves d'un peu plus près. mina se sentait un peu royale en quittant l'établissement, et elle aurait aimé faire comme ça à chaque fois. le vent qui porte le véhicule, bass tout contre. elle se laisse porter, et il aurait pu l'emmener n'importe où, elle se serait accrochée à lui de la même façon. elle a peur, des fois, d'avoir trop ces airs de gamine. c'est pour ça qu'elle a l'habitude de profiter en silence. d'aimer muette. elle attend le bon moment pour murmurer.
elle reconnaît brièvement la fête foraine après plusieurs minutes à s'harmoniser au vent. le cœur prudent, elle attend que le véhicule soit à l'arrêt et qu'elle puisse se débarrasser du casque pour parler. « dis, t'en as pas marre de venir ici? » préfère t-elle s'assurer. (il va s'ennuyer, il travaille là, ça se trouve il a même pas envie d'être là, ça se trouve, ça se trouve) ses yeux se perdent sur les silhouettes des attractions au loin. « dis-moi si ça t'embête. » ajoute t-elle en le regardant de nouveau, pétillante. mina descendit de la moto et attrapa timidement – non, lentement, délicatement – la main de bass, glissant ses doigts contre les siens. « j'ai un peu peur des attractions qui vont vite. y'a des gens qui sont morts comme ça. sauf si m'assure que je vais pas mourir, je peux peut-être essayer pour toi. » elle semblait sérieuse, dans son monologue de survie. mais ses yeux étaient pleins d'étoiles – elle était heureuse d'être là. heureuse d'être avec lui. un peu trop scintillante, impatiente d'être consumée par les lumières.