gangsta party. (moïse)

tu sais pas depuis combien de temps vous êtes là, devant l’écran, les yeux explosés par les couleurs de l’écran. des heures sans aucun doute, des heures durant lesquelles vous n’avez pas posé les manettes une seule seconde, des heures où la voix de ta mère s’est fait de plus en plus lointaine, et où vos cris et vos rires ont emplis le salon. c’est une partie de NBA qui vous tient en haleine, les points de marques avec facilité, d’autres fois avec difficulté, mais c’est toi qui mène moïse. c’est pas son domaine de prédilection à Biggie, mais c’est le plus coriace des adversaires. jamais en mesure d’abandonner, même le cul dans la merde. ton frère il a de la hargne même pour des jeux à la con, c’est ce qui fait que vous êtes incapables de décrocher. eh les gars, ça vous dit pas de nous emmener en soirée ? elles sont deux ce soir, ta soeur et sa soit disant nouvelle meilleures copines. c’était un repas de famille, qui a dégénéré en partie de PlayStation pendant que les poupées se racontaient les derniers potins en date. oh casey, j’te parle là ! toi tu ricanes quand il perd de sa concentration, les pouces agiles, tu ne cesses d’enchaîner les points et t’es certain de le mettre à terre dans peu de temps. biggie, tu veux pas nous emmener dans ta bagnole ? c’est qu’elle insiste la gamine, allez steuplait. ok. qu’il répond, ce con. la partie se met en pause, et tes yeux s’écarquillent. oh, tu fais quoi là ?! j’étais en train de gagner de toute façon. j’etais en train de gagner de toute façon, que tu l’imites, jetant au même temps la manette sur la table basse. t’as un coup d’œil sévère pour ta soeur, un autre pour sa pote, le dernier pour Biggie. t’es sérieux là ?! on décolle dans deux minutes. t’es qu’un connard, tu l’sais ça ? que tu lances en te levant d’un bond, la gamine qui te sert de soeur te regarde haut en bas. euh, par contre, tu viens pas fringuer comme ça momo. tu serres les mâchoires, d’un coup d’épaule tu pousses le gars que t’appelles frère dans tes bons jours.
t’es côté passager, les deux gamines à l’arrière et t’as enfilé un foutu jean qui t’as laissée les sourcils froncés depuis hein une demie-heure. c’est où votre soirée de merde encore là ? à l’autre bout de NY ou quoi ?! que tu craches, mécontent. tout ce qu’elles voulaient c’était d’arriver dans la Camaro de Biggie, parce qu’elle fait toujours son petit effet sa bagnole. plus bichonnée que n’importe quelle meuf sur cette terre. ca va, c’est juste là-bas, à l’angle. tu nous déposes bien en évidence d’vant Biggie, ok ? chose demandée, aussitôt faite, c’est le sourire aux lèvres et le cul trop découverts qu’elles sortent de la caisse, qu’elles tapent la bise à des mecs aux mains baladeuses, mais qu’elles vous attendent tout de même. Casey gare bébé en lieu sûr, et vous sortez à votre tour. t’as cru que j’avais envie de venir dans ce genre de soirée, vous m’faites chier. la soirée s’annonce longue, trop longue, encore plus lorsqu’elles commencent a vous présenter à des blancs becs que vous dépassez tout les deux d’une tête.

c’est ta frangine j’te signale, alors casse pas les couilles. tu ne fais que te renfrogner un peu plus sous les paroles de biggie. tu sais bien dans le fond, il a raison, il n'y est pour rien. vous êtes autant fautif l'un que l'autre, de ne jamais savoir dire non à temps. de toujours laisser passer les choses même quand vos envies vont parfaitement à l'encontre. c'est ta frangine, et t'as pas appris à refuser. à peine à l'entrée de la boite que t'as la sensation que vous collez pas au registre, trop bronzé pour ce genre de soirée, pourtant on vous laisse entrer. c’est là d’dans qu’elle traîne, maintenant ? t'es comme casey, tu regardes autour de toi, les yeux qui se plissent, les sourcils qui se froncent et un frisson de dégout te courrant l'échine lorsque la musique parvient à tes oreilles. faut croire, j'savais que ce serait pas notre came. que tu craches tes yeux s'accrochant au déhanché d'une poupée trop blonde pour toi. ou peut-être que si, que tu ricanes en frappant le bras de ton frère pour qu'il ne perde rien du spectacle. arrête de tirer la gueule, c’est moi qui régale. tu hausses les épaules, te tournant légèrement vers lui un sourcil arqué ok. j'espère qu'ils ont du bon rhum. que tu lances, te dirigeant déjà jusqu'au bar, tu commandes pour vous deux, t'attends sagement que biggie sorte les billets de sa poche, et quand les verres arrivent tu ne tardes pas à les faire cogner l'un contre l'autre avant d'en boire une gorgée. tu crois qu'on va tenir combien de temps ? ici ? c'est presque une lueur de défi qui brille dans le fond de tes yeux. combien de temps avant qu'on se fasse jeter dehors casey ? avant qu'un de nous deux ne s'embrouille avec un de ces mecs trop bien sappé ? avant que nos paroles dépassent nos pensées ? avant qu'ils ne se rendent compte qu'on est pas si fréquentables ? c'est comme si tout ça été écrit d'avance, vous n'avez jamais su vous tenir, c'est sans doute pour cette raison que vous ne sortez pas dans ce genre d'endroit. adossé au bar, tu n'as de cesses d'observer la foule, puis c'est de nouveau sur ton ami que tu poses le regard. dis moi que t'as les clefs de ta caisse biggie ? que tu demandes presque inquiet, parce que tu les as perdu de vue les deux gamines, juste un instant, peut-être dix minutes finalement et y'a un mauvais pressentiment qui te prends au bide.