apocalypses now 2.0

01/ Il était une fois un ado qu’en avait rien à foutre de rien. De que dalle. Toi. Enfin presque, il y a avait bien quelque chose pour faire battre ton palpitant de cruche de lycéen. Lui. Qui en avait à faire de tout Qui avait envie de vivre, et qui en a infusé le goût sur tes lèvres. Tu t’es envolé, poussé vers le haut. Trop haut vers le soleil, la peau qui brûle, les rétines qui crament, c’est peut-être pour ça que t’as rien vu arriver. 02/ T’as rien vu parce que c’était beau. A deux envers et contre tout, les majeur en l’air, en fuite de ce Maine pourri, et sa demande en mariage clichée au coeur d’une marche des fiertés où t’avais même pas envie d’aller. C’était peut-être pas malin, mais ces sourires à tomber par terre non plus, et toi avec lui, encore moins. 03/ La chute fut brutale. Vous avez tiré sur l’élastique jusqu’à ce qu’il casse. Pas à cause des engueulades et des bleus sur ta peau. Mais parce que c’était trop, toute le temps. Trop vous, trop fort. Trop d’alcool. Trop de drogues. Trop de vitesse. Jusqu’à ce que les néons des villes ne soient plus visibles. Jusqu’à ce que les deux roues glissent sur une flaque d’huile. Jusqu’à ce bruit dégueulasse. Camion 1 - Humain 0. 04/ T’es tombé. T’as fuis, tout, tout ce que tu connaissais jusque-là. T’as essayé de sauver ta peau en oubliant, en détruisant tout en oi qui pouvait te le rappeler, vivant ou mort. Sauf que quelque part, t’es mort aussi, dévoré par l’ogre de la culpabilité. Qui engendre la honte. Qui engendre la colère. Qui engendre le monstre. Et t’as vrillé à ton tour, noyé dans le goudron, envoyé par le fond. C’est la rage qui a tout remplacé en toi, contre tout le monde, parce que c’est plus simple que de te détester. 05/ t’en as trouvés d’autres à ton image, nourris par la haine, la souffrance, et les psychotropes. vous avez foutu le feu au monde, arrosé à l’essence de vos âmes pourries. serrés les uns contre les autres pour vous réconforter, même si c’était inavouable. 06/ Ta nouvelle violence s’est frayée un chemin jusqu’à ton compte en banque. De fight club en fight club, t’as fini par en récupérer un, et y instaurer des paris. Pour plus de fric, pour plus de sang. Pour avoir ta dose à porté de main, parce que tu es devenu addict aux os qui craquent. Ta madeleine de Proust en quelque sorte. 07/ Et puis il y a eu elle. Un ange perdu dans les entrailles de l’enfer. Enfin t’y a cru, trop longtemps. C’était une lumière dans ta merde, une lumière qui te regardait aussi en retour. Et tu t’y es accroché. Y avait une règle cependant. Que personne ne tombe amoureux, parce que c’était la dernière chose dont tu te sentais la force. T’en avais d’autres à côté, et elle aussi. C’était du sexe, mais aussi tout le reste. Les pieds gelés de madame sur tes cuisse devant une série netflix, ses bons petite soins quand tu rentrais la gueule démontées à la maison, les matinées au pieu avec la flemme d’en sortir et pourtant à refaire le monde, et oups le voyage à Vegas qui ajoute encore une ligne à ton livret de famille, et merde. Mais c’est pas grave, c’est drôle, en s’en fout, t’façon on restera toujours ensemble, qu’elle disait. C’est ton coeur à toi qui a fini par s’attaché au sien qui s’envolait toujours vers d’autres draps. T’as rien dit parce que tu voulais pas qu’elle parte. T’as enduré parce qu’elle y trouvait son compte dans votre relation flouée, et qu’elle finissait toujours par revenir. Jusqu’à ce qu’elle revienne de moins en moins. Et vous deux aussi, ça a finit par s’embourber dans ta noirceur. 08/ ton monde de pacotille s’est liquéfié. parce que personne ne se complaît dans le sordide et la haine très longtemps, sauf toi peut-être. les cavaliers disparaissent les uns après les autres, les liens s’entre-croisent trop fort, le monde est beaucoup trop petit. et tu t’poses en trou noir qui broie ceux en orbite. alors c’est tout, c’est fini, toi aussi tu jette l’éponge, quelque part. de toute façon, t’as dépassé la limite. 9/ T’as détruit son mec, son amant, t’as jamais su comment le nommer dans ton cerveau tortueux. Mais t’as fini par le détruire, ce type chez qui elle revenait plus souvent que chez toi. Le sous-sol de ton fight-club, la morphine dans ton sang, la rage dans tes nerfs et une fugue dissociative. Tu t’souviens toujours pas, t’en as pas envie. Y a d’autres trucs que t’as tendance à oublier récemment. T’en ai pas sorti indemne non plus, et ton crâne contre le béton, une fois de trop, l’hôpital à peine visité, fallait prier pour qu’il n’y ait aucune séquelle. Et elle qui a fait le seul choix qui s’imposait, qui miroitait depuis le tout début de cette relation boiteuse. Il y a “fin” qui s’est affiché quelque part, sans soleil couchant. 10/ tu t’es quasi retrouvé à la rue, seul avec ton berger allemand plus habitué que toi à pioncer sur le trottoir. et ça a été au tour su seul qui restait de s’faire la malle. le vide qui s’ouvre sous tes pieds. alors t’es remonté jusqu’au queens à sa suite. kizuki, il ne restait plus que lui. il n’y a jamais eu que lui pour rester contre vents et marées, contre toi, contre l’horreur que tu as fait déferler sur son corps. tu t’détestes peut-être plus que jamais, mais t’es trop égoïste pour l’épargner. tu lui dois tout mais tu vas encore réclamer son attention. et tu vas encore prier pour qu’il te sauve, ou qu’il t’achève.